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A propos de livres...

15 mars 2009

Malek - Janine Boissard

Malek Fayard – octobre 2008 – 266 pages

Résumé :  Malek est un petit garçon qui ne peut compter que sur lui-même.
Très vite, le destin lui arrache son père et dépouille sa famille de ses terres et de son honneur. Il ne reste que l'école, le travail. Cent fois sujet au doute et à l'abattement, cent fois Malek fait le choix de la connaissance et de la liberté, de l'amour d'autrui et de l'amour du beau. Malek est un petit héros. Il deviendra un humaniste. Romancière de l'enfance et de l'adolescence, Janine Boissard était née pour raconter cette vie pétrie d'espoir et de volonté.
Une histoire si belle qu'elle pourrait être un conte. Et qui est pourtant une histoire vraie.

Auteur : Janine Boissard est née et a fait ses études à Paris. Très jeune, elle a choisi de se consacrer à l'écriture et publie son premier roman, "Driss", à vingt-deux ans chez René Julliard. Ce livre est signé, comme les trois suivants chez le même éditeur, de son nom de femme mariée : Janine Oriano. Toujours sous le nom d'Oriano, elle se lance dans le roman noir: "Un peu par jeu, parce que toutes les formes d'écriture m'intéressent, et aussi parce qu'on m'avait dit que c'était une façon de vivre de sa plume..." Elle est ainsi la première femme à entrer dans la fameuse "Série Noire" avec "B comme Baptiste".

En 1977, Janine Oriano reprend son nom de jeune fille pour publier aux éditions Fayard sa célèbre saga "L'Esprit de famille" (six volumes en tout, de 1977 à 1984). L'évolution de la société, les chambardements dans la famille, les problèmes de couple, ceux de l'adolescence, ceux de la femme moderne face au monde du travail sont ses thèmes favoris. En 1996, elle publie "Une Femme en blanc" (Robert Laffont), un formidable succès en librairie, traduit en Allemagne et en Italie; sans oublier la série télévisée en six épisodes, diffusée en 1997 sur France 2, avec Sandrine Bonnaire.

Également scénariste, adaptatrice, dialoguiste pour la télévision, Janine Boissard a publié à ce jour une trentaine de livres. Décorée des Palmes Académiques pour son action auprès de la jeunesse, elle vit de sa plume depuis vingt ans. L'écriture est, dit-elle, "à la fois ma passion, un métier exigeant et ma façon de respirer".

Mon avis : (lu en mars 2009)

Dans ce nouveau livre, Janine Boissard raconte l’enfance et l’adolescence du célèbre intellectuel algérien Malek Chebel. Une histoire vraie qui pourrait être un conte. Au début, il y a une famille avec Zhora la mère, Hocine le père et Tayeb le petit frère. Mais Hocine va partir pour la guerre et Zhora retourne vivre avec ses deux fils chez son père. Ce dernier va être dépossédé de ses biens et Malek et son petit frère se retrouvent pupilles de la nation. Loin de sa famille, Malek va vouloir s'en sortir et avec le soutien de plusieurs professeurs il va découvrir la littérature puis la culture. Il gravira tous les échelons l’un après l’autre et obtiendra un doctorat en psychopathologie clinique et psychanalyse et un autre en anthropologie et de sciences de la religion. Ses thèses feront l’objet de livres, lui qui très tôt, a su qu'il serait écrivain. Janine Boissard a su raconter cette belle histoire avec beaucoup de sensibilité. Un beau message d’espoir pour tous les enfants du monde.

Extrait : (page 102)
De bonnes odeurs montent de la cuisine où le dîner se prépare. La famille s'est rassemblée au salon autour de la cheminée. Malek sort fièrement son carnet.
Ses meilleurs notes sont en français et en dessin. Très bonnes en sciences, histoire et géographie, un peu moins en mathématiques. Les remarques sont élogieuses, le directeur a conclu par un 'Malek ira loin' qui l'a projeté au ciel. les oncles se transmettent gaîment le carnet, se lançant les bonnes notes à voix haute. Le visage de Zohra brille de fierté ; nul doute qu'elle se les fera répéter jusqu'à les savoir par cœur.

Extrait : (page 137)
Au fur et à mesure que se déroulaient les scènes, s'échangeaient les répliques tant de fois répétées, une chose stupéfiante s'est produite : les yeux de Malek se sont dessillés, comme après un envoûtement. Camille l'orgueilleuse, repoussant les hommes... Nora la prude, traitant les garçons de balourds, leur préférant la compagnie des filles, jouant avec ses sentiments : une même personne ! Nora-Camille ne l'a jamais aimé et ne l'aimera jamais.
C' est la fin de la pièce, la dernière rencontre entre Camille et Perdican. Elle lui annonce son intention de retourner au couvent.
- Adieu, Perdican, dit-elle sous les huées du public.
- Adieu, Nora, murmure Malek tandis que le rideau retombe.

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14 mars 2009

Salon du Livre de Paris - Exposition du "Petit Nicolas"

J'ai passé un long moment de mon samedi au Salon du Livre de Paris avec l'un de mes fils de presque 14 ans.

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C'est une très très grande librairie et j'ai pris beaucoup de plaisir à me promener de stand en stand, avec comme seule envie de feuilleter des livres, j'ai également ramassé sur les stands marques pages, cartes postales, catalogues... J'ai pu prendre dans mes mains un e-book : j'ai eu un impression de fragilité de l'appareil... et je ne me sens absolument pas prête à abandonner le livre papier avec sa couverture colorée, la douceur du papier et le plaisir de tourner les pages ! J'ai également croisé des personnalités dans les allées du salon (Alain Juppé, Jack Lang qui étaient invités à la radio séparément), j'ai pu apercevoir des écrivains (Isabelle Alonso, Bernard Werber, Patrick Graham...) qui participaient à des débats publics. Et bien sûr, beaucoup d'écrivains ou dessinateurs étaient là pour dédicacer des livres...

Mon meilleur souvenir de ce salon reste le suivant : j'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots avec un écrivain que j'ai découvert cet été et beaucoup aimé... avec son livre "Les déferlantes", Claudie Gallais. Elle est très sympathique et semblait presque gênée d'entendre tout le bien que nous (les lectrices) pensions de son livre.

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Après le Salon du Livre, nous sommes partis direction l'Hôtel de Ville voir l'Exposition du "Petit Nicolas" :

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La Mairie de Paris rend hommage au « Petit Nicolas » à l’occasion du 50ème anniversaire de sa création. L’exposition-hommage, qui a lieu du 6 mars au 7 mai, est la première exposition jamais consacrée à ce personnage créé en mars 1959 par l’écrivain René Goscinny et le dessinateur Jean-Jacques Sempé.

Côté Sempé : Environ 150 dessins originaux en noir et blanc du Petit Nicolas, agrémentés par d'imposantes photos et citations de Sempé et Goscinny, constituent le fil rouge de l'exposition.  Nicolas avec son cartable, souvent le sourire aux lèvres, suit le chemin de l'école. Nicolas se joue de ses professeurs, la plupart du temps ridiculisés. Face à ses parents, il se transforme en gamin ingénu. Dans la cour de l'école, il observe ses camarades turbulents. Les dessins sont parus dès 1959 dans Sud-Ouest Dimanche et dans le défunt magazine Pilote. L'on découvre aussi les éditions originales du Petit Nicolas publiées entre 1960 et 1964 aux éditions Denoël, ainsi que les éditions étrangères, de la République Tchèque à la Corée du Sud en passant par la Malaisie.

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Côté Goscinny : Restitués comme par magie, les outils de travail de Goscinny figurent en bonne place dans l'exposition. Sa machine à écrire, une RoyaSl Keyston rapportée des Etats-Unis dont il s'est servi pour les textes de Lucky Luke, d'Astérix et du Petit Nicolas, trône royalement. Une vieille édition du Larousse, dans laquelle il puisait pour imaginer les citations en latin d'Astérix, sied non loin de là. Un exemplaire de la revue des anciens du collège français de Buenos Aires, où Goscinny a passé toute sa scolarité, nous permet de jeter un oeil sur des illustrations de vieille dame ou de scènes de famille. Aucun doute là-dessus : l'auteur aurait aussi pu devenir dessinateur, s'il n'avait pas décidé de se consacrer exclusivement à l'écriture de scénarios dans les années 1950.

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Exposition gratuite du 6 mars au 7 mai de 10h à 19h (sauf dimanche et fêtes).

12 mars 2009

Odette Toulemonde et autres histoires - Éric-Emmanuel Schmitt

odette_toulemonde Albin Michel – novembre 2006 - 281 pages

Résumé : 'Cher monsieur Balsan, Je n'écris jamais car, si j'ai de l'orthographe, je n'ai pas de poésie. Or, il me faudrait beaucoup de poésie pour vous raconter l'importance que vous avez pour moi. En fait, je vous dois la vie. Sans vous, je me serais tuée vingt fois. Odette'. La vie a tout offert à l'écrivain Balthazar Balsan et rien à Odette Toulemonde. Pourtant, c'est elle qui est heureuse. Lui pas. Leur rencontre fortuite va bouleverser leurs existences. Huit récits, huit femmes, huit histoires d'amour. De la petite vendeuse à la milliardaire implacable, de la trentenaire désabusée à une mystérieuse princesse aux pieds nus en passant par des maris ambigus, des amants lâches et des mères en mal de filles, c'est une galerie de personnages en pleine quête du bonheur.

Auteur : Né à Sainte-Foy-lès-Lyon le 28 mars 1960, réputé pour être l'un des auteurs français les plus lus dans le monde, Eric-Emmanuel Schmitt est diplômé de l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm et agrégé de philosophie, une discipline qu'il a enseignée pendant plusieurs années. Tout bascule après l'expérience d'un voyage dans le désert du Hoggar où il rencontre la foi. Point de départ de sa carrière d'écrivain, il publie en 1991 sa première pièce, 'La Nuit de Valognes' et rencontre un succès immédiat. Le jeune dramaturge s'impose véritablement en 1993 avec 'Le Visiteur'. Cette rencontre improbable entre Freud et Dieu lui permet de remporter trois Molières en 1994. Suivent alors de nombreuses pièces dont 'Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran' ou 'Petits crimes entre ami', qui suscitent à nouveau l'adhésion du public. Certaines de ses oeuvres sont adaptées à l'étranger et transposées au cinéma, avec Jean-Paul Belmondo, Alain Delon ou encore Omar Sharif dans les rôles titres. Parallèlement, depuis 1997, Schmitt écrit des romans comme 'La Secte des égoïstes', 'L' Evangile selon Pilate' ou son 'Cycle de l'invisible', avec tout autant de réussite. En 2007 sort le film 'Odette Toulemonde' qu'il adapte lui-même d'après ses propres nouvelles. Eternel aventurier des domaines littéraires, maintes fois récompensé, Eric-Emmanuel Schmitt et son univers optimiste véhicule l'image d'un écrivain populaire, extrêmement présent sur la scène culturelle française.

Mon avis : (lu en mars 2007 et relu en mars 2009)
Ce livre rassemble 8 nouvelles, elles ont été écrites durant le tournage du film ‘Odette Toulemonde’ comme nous l'explique la Postface du livre : "Ce livre relève de l'écriture interdite. Il y a un an, on m'offrit la possibilité de réaliser un film de cinéma. Comme je dus travailler dur pour m'y préparer, apprendre à maîtriser le langage de l'image, du cadre, du son, du découpage, je fus empêché d'écrire. Ensuite, à la veille du premier tour de manivelle, on me tendit un contrat qui m'interdisait le ski et tout sport violent ; lorsque je le paraphai, on me fit comprendre qu'il serait préférable aussi que je n'écrive pas, bien que, de toute façon, je n'en aurais pas le temps. C'était trop me provoquer. Pendant le tournage et le montage, j'ai donc profité de mes rares heures inoccupées pour m'isoler de mon équipe et rédiger sur les bords de table, le matin au petit-déjeuner, le soir dans les chambres d'hôtel, ces nouvelles que j'avais en tête depuis longtemps. J'éprouvais de nouveau le bonheur d'une écriture clandestine, celle de l'adolescence : noircir des pages retrouvait le goût des plaisirs suspects. D'ordinaire, des nouvelles donnent lieu à des films. Ici, ce fut l'inverse. Non seulement mon film m'a permis de composer des nouvelles, mais lorsqu'il fut terminé, histoire de prendre une fois encore le contre-pied, je décidai d'adapter le scénario original en une nouvelle. Le film s'appelle Odette Toulemonde, la nouvelle aussi. Cependant, quiconque s'intéressant au cinéma et à la littérature et prenant connaissance des deux formes en notera surtout les différences, tant j'ai cherché à conter la même histoire en deux langages, utilisant des moyens inégaux, les mots ici, les images animés sur l'écran."

Ces huit nouvelles sont huit histoires d'amours féminines, toutes différentes et toutes touchantes. Elles se lisent facilement et même si elles ne sont pas toujours très gaies, elles laissent une impression de légèreté et de bonheur.        

‘Odette Toulemonde’ a été réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt, le film est sorti en février 2007, avec Catherine Frot, Albert Dupontel, Jacques Weber.

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Ce film est simple mais remplit d'émotions, il donne envie de croquer la vie à pleines dents, d'écouter Joséphine Baker, d'effacer les frontières qu'on trace toujours entre les gens. Catherine Frot est superbe dans ce rôle. Ce film nous montre que la vie est belle et pleine de petits bonheurs !

Extrait : Odette Toulemonde – (page 124)
On me demande de chroniquer le dernier livre de Balthazar Balsan. D'accord. Si au moins cela pouvait être vrai, si l'on était sûr que c'est le dernier, alors ce serait une bonne nouvelle ! Car je suis atterré. Du point de vue littéraire, c'est une catastrophe. Tout y est consternant, l'histoire, les personnages, le style... Se montrer aussi mauvais, mauvais avec constance, mauvais avec égalité, ça devient même une performance, c'est presque du génie. Si l'on pouvait mourir d'ennui, je serais mort hier soir. (.. .) Quand on a autant le sens des clichés, monsieur Balsan, il ne faut pas appeler ça roman, mais dictionnaire, oui dictionnaire des expressions toutes faites, dictionnaire des pensées creuses. En attendant, voilà ce que mérite votre livre... la poubelle, et vite.

Extrait : Le Faux - (page 121)
Elle repensait à son passé avec stupeur.
Comment ai-je pu croire qu'il m'aimait ? Il avait juste besoin d'une maîtresse belle, gentille et conne.
Belle, gentille et conne...
Belle, Aimée l'était. Jusqu'à la séparation, tout le monde le lui disait. Sauf elle... Car, comme tant de femmes, Aimée n'avait pas reçu la beauté qu'elle admirait. Petite, mince, avec des seins graciles, elle jalousait les géantes aux formes rondes et nourrissait un complexe dû à sa taille et à sa sveltesse. Après sa séparation, elle s'apprécia davantage et s'évalua 'beaucoup trop bien pour n'importe quel homme'.
Gentille, Aimée l'était par mésestime de soi. Fille unique d'une mère qui ne lui avoua jamais l'identité de son père et le traitait en reproche encombrant, elle ignorait le monde des hommes ; aussi, lorsqu'elle entra en qualité de secrétaire dans l'entreprise dirigée par Georges, elle ne sut pas résister à ce mâle plus âgé qu'elle qui représentait à ses yeux de vierge candide à la fois le père et l'amant. Où va se loger le romantisme ? Il lui sembla plus beau d'aimer un homme qu'elle ne pouvait épouser...

Extrait : Wanda Winnipeg – (page 12)
Parce qu'il vient d'énoncer le même cliché que son petit personnel, Wanda Winnipeg a un sourire moqueur qu'elle ne cache pas aux employés, l'air de dire «Pas très malin, votre patron, pas fichu de s'exprimer mieux que vous», puis elle pivote pour tendre sa main à baiser. Le directeur n'a pas saisi son ironie et ne s'en doutera pas car elle lui accorde la grâce de répondre.
- J'espère en effet que je ne serai pas déçue : la princesse Mathilde m'a tant vanté votre éta­blissement.
Par un mouvement réflexe des talons, entre le militaire qui salue et le danseur de tango qui remercie, le directeur accuse le coup : il vient de comprendre qu'en logeant Wanda Winnipeg, il ne reçoit pas seulement une des plus grandes fortunes mondiales mais une femme qui fréquente le gotha.
- Vous
connaissez Lorenzo Canali, naturellement ?
Du geste, elle présente son amant, un bel homme aux cheveux noirs, longs, presque cirés, qui incline la tête en offrant un demi-sourire, parfait dans le rôle du prince consort qui doit à la conscience de son rang inférieur la nécessité de se montrer plus aimable que la reine.
Puis elle s'éloigne vers sa suite, sachant très bien ce qu'on est en train de murmurer dans son sillage.

11 mars 2009

Toxic planet tome 3 : Retour de flammes – David Ratte

toxic_planet_3 Paquet – novembre 2008 – 46 pages

Présentation : Troisième volet pour Toxic Planet et David Ratte continue de pointer du doigt les errances et les comportements irresponsables des habitants de cette planète. Quoi de neuf depuis Milieu naturel, le premier tome ? La série évolue progressivement, ne se focalisant plus seulement sur l’impact écologique de certaines attitudes et sur une société qui s’est habituée à son univers pollué dans lequel l'herbe verte, le ciel bleu et le chant des oiseaux ne sont plus qu’un souvenir. La nouveauté passe désormais par le recours à des personnages qui s'invitent sur et sous la couverture des albums. Ici, un chef d’Etat occidental modeste par la taille qui ne s’embarrasse pas de principes lorsqu’il s’agit d’aller « emprunter » quelques ressources de matières à des pays dans lesquels il en reste encore un peu. Là, une petite peste, fruit de l’union d’un couple d’écolos, s’ingénie à faire tourner son instit’ en bourrique sous prétexte qu’elle ne se contente pas de leurres lorsqu’il s’agit d’évoquer les animaux.

Auteur :  David Ratte est né le 13/08/1970 à Besançon (Doubs), d'une mère franc-comtoise et d'un père guadeloupéen. Passionné de BD depius toujours, il empoigne son premier crayon vers l'âge de 2 ans et ne le lâche plus. Marié et père de deux enfants, il est installé dans le Sud de la France, à Pezenas depuis 10 ans.

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Mon avis : (lu en mars 2009)

On retrouve comme lors du Tome 1 et du Tome 2, le concept original de cette série : à force de faire tourner les usines à fond et de polluer sans réfléchir, l’homme a complètement fait disparaître la nature et tous les habitants de la terre sont obligés de porter des masques à gaz… Dans ce troisième tome, l'auteur donne un plus grand rôle à la jeune Orchidéa (la petite sœur de Sam) qui va devoir aller à l'école pour la première fois de sa vie, et va devoir affronter une de ses institutrices. On verra aussi le président des états unifiés (dont la ressemblance avec un président actuellement en fonction n’échappera à personne…) déclencher une guerre pour le pétrole contre le Kakaweit et afficher sa liaison avec une jeune chanteuse folk prénommée Lydia, qui se promène partout avec sa guitare. On retrouve également les thèmes des fast-food, des OGM, le nucléaire, la pollution... et leurs effets dévastateurs ! Tout cela est traité avec beaucoup d'ironie et d'humour noir.

À déguster sans modération, donc, avec ou sans masque à gaz…
Comme tous les albums des éditions Paquet, celui-ci à été imprimé sur du papier issu de forêts gérées durablement, avec des encres sans solvants minéraux par un imprimeur assurant la bonne gestion de ses déchets dangereux, la sécurisation du stockage des produits dangereux et la non utilisation de produits étiquetés "toxiques" dans le processus d'impression.

11 mars 2009

Aya de Yopougon tome 3 - Marguerite Abouet et Clément Oubrerie

Aya3 Gallimard Jeunesse – octobre 2007 - 128 pages

L'histoire : Arrive enfin le jour de l’élection de Miss Yopougon. Les problèmes pour les candidates sont nombreux, ainsi elles doivent d’abord passer chez Sidiki, le tailleur du village débordé. Une queue monstrueuse s’agglutine devant son étoffe. Innocent, le coiffeur lave et coupe les cheveux de ses clientes, sur un rythme d’enfer. Chez Aya, un véritable remue-ménage a lieu : la secrétaire de son père a été licenciée, faute d’une décision de son grand patron, Bonaventure Sissoko. Elle est venue accompagnée de deux enfants, qu’elle dit être ceux d’Ignace. Evidemment, la réaction de Fanta, sa femme, ne se fait pas attendre. Celle-ci s’éclipse pendant que les deux enfants jouent les siens. Les disputes se multiplient au sein de la maison. La bonne Félicité fond en larmes de peur qu’on la renvoie dans son village. La fin de la journée arrive vite et l’élection va bientôt avoir lieue. Albert, le frère d’Adjoua, se rend de nouveau sur la place du marché et retrouve Innocent. Ce dernier est travesti en femme, afin que ceux-ci puissent passer un peu de temps ensemble. La cérémonie débute enfin, ponctuée de nombreuses surprises…

Les auteurs :
Marguerite Abouet naît à Abidjan en 1971. Elle a douze ans quand ses parents l'envoient avec son grand frère "suivre de longues études" à Paris, où les héberge leur grand-oncle maternel. Après des études moins longues que prévu, elle écrit des romans qu'elle ne fait lire à aucun éditeur, tout en devenant tour à tour punk, super-nounou pour triplés, pour mamies et papis, serveuse, opératrice de saisie, puis assistante juridique dans un cabinet d'avocats. Elle vit aujourd'hui à Romainville et se consacre entièrement à l'écriture. Aya de Yopougon est la première histoire qu'elle destine à la bande dessinée. Avec une voix et un humour inédits, elle y raconte une Afrique bien vivante, loin des caricatures trop souvent répandues. En 2006, elle reçoit avec Clément Oubrerie le prix du Premier album au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême.

Clément Oubrerie naît à Paris en 1966. Après le bac, il entame des études d'art à l'école Penninghen, qu'il interrompt pour partir aux États-Unis. Il y passe deux années, exerce toutes sortes de métiers, mais finit dans un pénitencier au Nouveau-Mexique parce que sans papiers. De retour en France, il illustre des ouvrages pour la jeunesse - une quarantaine à ce jour - et co-fonde La Station, un studio d'animation avec lequel il prépare actuellement un long-métrage signé Anna Gavalda. Il trouve aussi le temps de jouer de la batterie avec un groupe de funk et de voyager, notamment en Côte d'Ivoire. Son talent singulier donne vie avec esprit et authenticité au récit de Marguerite Abouet.

 

Mon avis : (lu en mars 2009)

Après le tome 1 et le tome 2, c'est toujours avec plaisir que j'ai retrouvé Aya et ses amies à Yopougon. Le grand jour de l'élection de Miss Yopougon est arrivé. Toutes les filles se précipitent chez Inno le coiffeur. Le père d'Aya veut sauver son mariage, mais il doit aussi s'occuper des deux enfants qu'il a eu avec sa maîtresse. Le père de Bintou veut prendre une seconde épouse, la France fait toujours rêver, l'homosexualité sujet tabou s'invite dans l'histoire...

C'est frais, pétillant et joyeux et le traditionnel bonus ivoirien à la fin du livre nous raconte un peu plus de cette Afrique avec un lexique pour les expressions pittoresques, des recettes de cuisine typiques... J'attends avec impatience de pouvoir lire le tome 4 !

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Aya de Yopougon tome 1

Aya de Yopougon tome 2

 

 

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11 mars 2009

Seul dans le noir - Paul Auster

Seul_dans_le_noir Actes Sud – janvier 2009 – 324 pages

traduit de l'américain Christine Le Boeuf

Présentation de l'éditeur
"Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m'efforçant de venir à bout d'une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain." Ainsi commence le récit d'August Brill, critique littéraire à la retraite, qui, contraint à l'immobilité par un accident de voiture, s'est installé dans le Vermont, chez sa fille Miriam, laquelle ne parvient pas à guérir de la blessure que lui a infligée un divorce pourtant déjà vieux de cinq ans, et qui vient de recueillir sa propre fille, Katya, anéantie par la mort en Irak, dans des conditions atroces, d'un jeune homme avec lequel elle avait rompu, précipitant ainsi, croit-elle, le départ de ce dernier pour Bagdad... Pour échapper aux inquiétudes du présent et au poids des souvenirs, peu glorieux, qui l'assaillent dans cette maison des âmes en peine, Brill se réfugie dans des fictions diverses dont il agrémente ses innombrables insomnies. Cette nuit-là, il met en scène un monde parallèle où le 11 Septembre n'aurait pas eu lieu et où l'Amérique ne serait pas en guerre contre l'Irak mais en proie à une impitoyable guerre civile. Or, tandis que la nuit avance, imagination et réalité en viennent peu à peu à s'interpénétrer comme pour se lire et se dire l'une l'autre, pour interroger la responsabilité de l'individu vis-à-vis de sa propre existence comme vis-à-vis de l'Histoire. En plaçant ici la guerre à l'origine d'une perturbation capable d'inventer la "catastrophe" d'une fiction qui abolit les lois de la causalité, Paul Auster établit, dans cette puissante allégorie, un lien entre les désarrois de la conscience américaine contemporaine et l'infatigable et fécond questionnement qu'il poursuit quant à l'étrangeté des chemins qu'emprunte, pour advenir, l'invention romanesque.

Auteur : Né à Newark, New Jersey le 03 février 1947, figure centrale de la scène culturelle new-yorkaise, Paul Auster commence à écrire des l'âge de 13 ans pour s'imposer vingt plus tard comme une référence de la littérature post-moderne. Diplômé en arts, il se rend à Paris dans les années 1970 où il se plonge dans la littérature européenne et gagne sa vie en traduisant Sartre, Simenon ou Mallarmé. Cette expérience aura une influence considérable sur l'œuvre du jeune écrivain parfois qualifié de 'plus français des écrivains américains'. Son premier ouvrage majeure est une autobiographie, 'L' invention de la solitude', écrite aussitôt après la mort de son père. Devenu célèbre grâce à la fameuse 'Trilogie américaine' et au roman 'Moon Palace', l'écrivain y déploie ses thèmes de prédilections : le rapport en fiction et réalité, la solitude, ou en encore la quête d'identité. Auster écrit également pour le cinéma : on lui doit par exemple l'écriture du scénario de 'Smoke' en 1995 et la réalisation d'un film en 2006, adaptation de son roman 'La Vie intérieure de Martin Frost'. Écrivain aux influences multiples, juives, européennes et bien sûr américaines, Paul Auster a su conquérir le monde entier par on œuvre dense et profonde.

Mon avis : (lu en mars 2009)

C’est le premier livre que je lis de cet auteur et je me suis laissé embarquer par l’histoire et l’imagination de l’auteur. J’ai eu l’occasion de voir la présentation de son livre dans l’émission de La Grande Librairie de France 5 et l’auteur m’avait fait une très bonne impression (déjà, il parlait vraiment bien le français…)

L'auteur nous raconte les pensées d'un homme immobilisé dans son lit, durant une nuit d'insomnie. Il y a plusieurs histoires dans ce livre et l'auteur passe facilement d’une histoire à une autre et c’est parfois un peu déroutant pour le lecteur… Mais  Paul Auster est un conteur formidable avec une imagination débordante. Il aime la magie et la trouve dans le quotidien, il nous force aussi à réfléchir sur nous-mêmes et notre monde.

Il nous parle cinéma (*), il nous décrit avec beaucoup de sensibilité les rapports père, fille, petite-fille, il nous parle de la souffrance et des remords. 

Il faudra que je prenne le temps de lire d’autres de ses livres.

(*) films cités dans le livre :

La Grande Illusion (film français réalisé par Jean Renoir - 1937)

Le Voleur de bicyclette (film italien Réalisé par Vittorio De Sica - 1949)

Le monde d’Apu (film indien réalisé par Satyajit Ray – 1959)

Voyage à Tokyo (film japonais réalisé par Yasujiro Ozu - 1953)

Extrait : (page 56)
J'éteins, et me revoilà dans le noir, enfoui dans cette obscurité sans limite, si apaisante. Quelque part, au loin, j'entends passer un camion qui roule sur une route de campagne déserte. J'écoute l'air qui entre et sort de mes narines. D'après la pendulette sur ma table de nuit, que j'ai consultée avant d'éteindre, il est minuit vingt. Des heures et des heures jusqu'à l'aube, j'ai encore devant moi le plus gros de la nuit... Ca lui était bien égal, à Hawthorne. Si le Sud voulait faire sécession, disait-il, qu'on le laisse faire et bon débarras. Mystérieux, meurtri, ce monde étrange continue de tourner tandis que la guerre flambe tout autour de nous : bras tranchés en Afrique, têtes tranchées en Irak et, dans ma tête à moi, cette autre guerre, une guerre imaginaire, chez nous, l'Amérique brisée, la noble expérience finissant par mourir.

Extrait : (page 75)
Il n'y a pas qu'une seule réalité, caporal. Il existe plusieurs réalités. Il n'y pas qu'un seul monde. Il y en a plusieurs, et ils existent tous parallèlement les uns aux autres, mondes et antimondes, mondes et mondes fantômes, et chacun d'entre eux est rêvé ou imaginé ou écrit par un habitant d'un autre monde. Chaque monde est la création d'un esprit.
Voilà que vous parlez comme Tobak. Il prétendait que la guerre se déroulait dans la tête d'un homme et que si cet homme était éliminé la guerre s'arrêterait. C'est bien la chose la plus insensée que j'aie jamais entendue.
Tobak n'est sans doute pas le soldat le plus intelligent de l'armée, mais il disait vrai.
Si vous voulez que je croie une chose aussi absurde, il faudrait commencer par m'en donner une preuve.

Extrait : (page 122)
Faut-il que cela finisse ainsi ? Oui, sans doute, oui, même s'il ne serait pas difficile d'imaginer un dénouement moins brutal. Mais à quoi bon ? Mon sujet, cette nuit, c'est la guerre et, maintenant que la guerre a pénétré dans cette maison, il me semble que j'insulterais Titus et Katya si j'amortissais le coup. Paix sur la terre, bonne volonté envers les hommes. Fiel sur la terre, bonne volonté envers personne. Nous voici au cœur des choses, au cœur obscur de la nuit noire, encore quatre bonnes heures à tirer et tout espoir de dormir totalement anéanti. La seule solution, c'est d'abandonner Brick, de m'assurer qu'il aura un enterrement convenable, et d'inventer une autre histoire. Quelque chose de terre-à-terre, cette fois, qui fasse contrepoids à la machine fantastique que je viens de fabriquer. Giordano Bruno et la théorie des mondes multiples. Matière à provocation, certes, mais d'autres pierres, aussi, méritent qu'on les déterre.

7 mars 2009

Le livre des questions – Pablo Neruda

le_livre_des_questions Gallimard jeunesse - février 2008 – 180 pages

Illustré par Isidro Ferrer et traduit par Claude Couffon

Présentation : Ce recueil poétique, considéré comme le testament de Pablo Nedura, se présente sous forme de questionnement. Les thèmes sont variés : le temps qui passe, la vie, la mort, la nature, Dieu ou encore la politique. Cet ouvrage est le dernier livre écrit par le grand poète chilien du XX° siècle qui est, aujourd'hui encore, considéré comme le chantre de l'Amérique latine et des idées communistes. Sa poésie, de par sa forme particulière et certains thèmes traités, est parfois difficile d’accès. Les illustrations en noir et blanc, objets graphiques faits de collage de matériaux, sont parfaitement adaptées aux textes. Une vulgarisation de l’écriture qui trouvera écho chez des jeunes déjà très ouverts à la littérature.

L'auteur :
Né le 12 juillet 1904 à Parral au Chili, Pablo Neruda (de son vrai nom Ricardo Neftali Reyes Basoalto) est plusieurs fois consul, puis sénateur. Il reçoit le Prix national de Littérature en 1945. Entré dans la clandestinité en 1948, Prix mondial de la Paix en 1950, il revient au Chili en 1952. Prix Nobel de Littérature en 1971, il meurt à Santiago du Chili le 23 septembre 1973.

L'illustrateur :
Né en 1963, Isidro Ferrer est né à Madrid. Il fait des études de théâtre puis installe son studio graphique à Huesca. Il développe son activité dans le design éditorial, l'affiche, l'illustration, la BD, la direction artistique, le montage d'exposition et l'animation pour la télévision. L'art de Ferrer est basé sur le principe de la construction d'objets : il fabrique ses «objets graphiques» par le collage de matériaux. Il a exposé son oeuvre en Espagne, en France et en Slovaquie.

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Mon avis : (lu en mars 2009)
Je suis tombé sur ce livre à la bibliothèque, je ai trouvé belle sa couverture et son titre m'a interpellé et je l'ai ouvert... Ce livre est le dernier texte écrit par le poète chilien Pablo Neruda pour inviter petits et grands à la poésie. Ce sont 72 poèmes sous forme d'une série de questions sans réponses qui interrogent la nature, les animaux, la vie ou la mort. Ce sont des questions pratiques, drôles, souvent surréalistes et parfois angoissantes. Avec ces questions, Pablo Neruda redevient un enfant et il interroge sans cesse ce qu’il voit et entend, mais un vieil enfant, riche de ses expériences.

Chaque question fait naître des images, vagabonder l’esprit et donne envie d’imaginer des réponses ou de poser d’autres questions.

A chaque page de texte répond une page d’image, conçue par Isidro Ferrer, designer, illustrateur et graphiste madrilène, comme un collage de papiers ou d’objets. Les images n’illustrent pas littéralement le texte mais adoptent son aspect inventif en montrant des formes et des objets dont l’assemblage drôle ou étonnant apprend à les regarder autrement. Ce livre nous invite à partir dans l'imaginaire, à suivre un vent de liberté et à regarder et à penser le monde autrement...

Ce livre a été publié chez Gallimard Jeunesse, mais je pense qu'il est également destiné aux adultes. A découvrir !

Extraits : 

I

Pourquoi les énormes avions ne promènent-ils leurs petits ?

Quel est l'oiseau aux plumes jaunes qui remplit le nid de citrons ?

Pourquoi n'apprend-on aux hélicoptères à butiner sur le soleil ?

Où la pleine lune a-t-elle laissé son sac nocturne de farine ?

XIX

A-t-on compté l'or que possède le territoire du maïs ?

T'a-t-on dit que la brume est verte, à midi, en Patagonie ?

Qui chante là, au fond de l'eau, dans la lagune abandonnée ?

De quoi rit-elle, la pastèque au moment où on l'assassine ?

XX

Est-il vrai que l'ambre contient les pleurs versés par les sirènes ?

Comment s'appelle cette fleur qui vole d'un oiseau à l'autre ?

Ne vaut-il mieux jamais que tard ?

Et pourquoi le fromage a-t-il pour ses exploits choisi la France ?

7 mars 2009

Les Demeurées - Jeanne Benameur

les_demeur_es Gallimard – juin 2002 – 80 pages

Prix UNICEF 2001

Quatrième de couverture
La mère, La Varienne, c'est l'idiote du village. La petite, c'est Luce. Quelque chose en elle s'est arrêté. Pourtant, à deux, elles forment un bloc d'amour. Invincible. L'école menace cette fusion. L'institutrice, Mademoiselle Solange, veut arracher l'enfant à l'ignorance, car le savoir est obligatoire. Mais peut-on franchir indemne le seuil de ce monde ? L'art de l'épure, quintessence d'émotion, tel est le secret des Demeurées. Jeanne Benameur, en dentellière, pose les mots avec une infinie pudeur et ceux-ci viennent se nouer dans la gorge.

Auteur : Née 1952, en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur vit en France depuis l'âge de 5 ans. Elle débute sa carrière d'écrivain avec des livres de jeunesse comme 'Samira des quatre routes' ou 'Adil coeur rebelle', avant d'ouvrir son registre à la littérature pour adulte. Lauréate du prix Unicef en 2001, Jeanne Benameur se distingue sur la scène littéraire avec 'Les Demeurées', l'histoire d'une femme illettrée et de sa fille. Directrice de collection chez Actes Sud junior ainsi qu'aux éditions Thierry Magnier, l'auteur publie son autobiographie, 'Ça t'apprendra à vivre' en 1998. Influencée par ses origines culturelles, Jeanne Benameur s'inspire aussi de son expérience d'enseignante pour évoquer les thèmes de l'enfance (' Présent ?') mais aussi de la sensation et du corps (' Laver les ombres') dans un style pudique et délicat.Elle publie aussi 'Les Mains libres'.

Mon avis : (lu en mars 2009)

Les demeurées, ce sont une idiote du village et sa fille, fruit d'un contact éphémère avec un ivrogne de passage. Entre ces deux êtres d'infortune, nulle parole. Leur amour est silencieux, bâti sur leur seule présence l'une à l'autre. Leur vie recluse, solitaire, doit cependant prendre fin lorsque la petite Luce prend le chemin de l'école. Là, le monde l'attend et mademoiselle Solange, l'institutrice, est décidée à rompre l'ignorance, à faire jaillir les mots. La Varienne et sa fille vivent cette intrusion de l'extérieur comme une menace. Ensemble, elles renforceront ce lien primal, instinctif qui les unit : un amour quasi mystique, indéfectible, originel.

Le livre est petit mais l’histoire est belle et grande. C’est l’histoire d’une mère « demeurée » qui donne un amour indéfectible à sa fille Luce. Celle-ci refuse d’apprendre malgré son institutrice qui voudrait l’aider. Ce livre est bouleversant de justesse et de poésie. Les personnages de la mère, de Luce et de Mademoiselle Solange sont attachants et plein d’humanité. La fin est bouleversante et pleine d'espoir. A lire absolument !

Merci aux bloggeuses qui m'ont fait découvrir ce livre... en particulier Bellesahi et Florinette 

Extrait :

"Des mots charriés dans les veines. Les sons se hissent, trébuchent, tombent derrière la lèvre.
Abrutie.
Les eaux usées glissent du seau, éclaboussent.
La conscience est pauvre.
La main s’essuie au tablier de toile grossière.
Abrutie.
Les mots n’ont pas lieu d’être. Ils sont.

C’est le soir. Elle ferme les volets. Elle tire à elle le bois mangé, les ferrailles crues, rivées encore dieu sait comment à ce qui résiste au vent, à l’orage, à son bras las qui tire. Dans la bascule de la lumière, son cœur.
Chaque jour, un saut infime. Chaque jour, et rien.
Elle a perdu.
Elle se tourne vers le noir.
Elle va, le regard qui bute sur le monde.
Comme empesée, ses mains ont des tournures de vieille.

Sans rides, la bouche sans lumière esquissant le sourire qui s’achève dans la chair même de la joue, à l’intérieur les petits bourrelets lisses, serrés sous les canines, jusqu’au sang.
Il n’y a rien à l’intérieur de cette bouche le soir. Rien que des choses sans nom qui tentent, hagardes, la pénible venue au souffle. Rien que le silence qui pétrit et le sang et la chair. Elle reste les yeux fixes.
Abrutie."

5 mars 2009

Comme une mère – Karine Reysset

comme_une_m_re L'Olivier – mars 2008 – 178 pages

Résumé : Elles se retrouvent côté à côte dans la salle des naissances. Elles sont toutes les deux venues
seules. Pour l’une comme pour l’autre, ce jour doit signer un nouveau départ. La très jeune Emilie accouche sous X et croit pouvoir « tout recommencer à zéro », transformer son passé chaotique, un mauvais souvenir. Judith, elle, attend avec une impatience folle et une joie teintée d’inquiétude la naissance de son fils Camille, un miracle après tant d’années de grossesses déçues.
Mais, pour l’une comme pour l’autre, rien ne se passera comme prévu. Judith perd son bébé et, dans un geste de détresse, enlève de la chambre voisine l'enfant promis à l'abandon.
Dès lors, le destin de ces deux femmes est irrémédiablement lié.

L’auteur : Karine Reysset est née en 1974. Elle a grandi entre Arras, Rouen et la banlieue parisienne. Après dix ans passés à Paris, elle s'installe à Saint-Malo. Elle a travaillé durant six ans dans le secteur de l'édition avant de se consacrer pleinement à l'écriture. En 2003, elle publie son premier roman, L'Inattendue, suivi d'En douce en 2004 aux Éditions du Rouergue et de À ta place aux Éditions de l'Olivier en 2006.

Mon avis : (lu en mars 2009)

C'est le premier livre que je lis de cette auteur, et cela m'a beaucoup plu. L'auteur nous raconte l'histoire d'Émilie, jeune de 18 ans qui accouche sous X et de Judith qui accouche le même jour d'un bébé qui ne vivra pas. Cette dernière va enlever Léa, le bébé d'Émilie. L'auteur nous parle alors de l'amour maternelle. Émilie va retrouver son enfant et va essayer de lui donner un avenir grâce à l'amour qu'elle a découvert pour Léa. Judith est seule, elle va vouloir retrouver cette enfant qu'elle a aimé si fort pendant dix jours. C'est un roman simple et plein de délicatesse, avec de superbes descriptions de Saint-Malo, ville où se déroule la plus grande partie du livre, du bord de mer. C'est un livre qui se lit très facilement malgré un sujet douloureux. On est touché par ces deux femmes si fragiles, avec leurs difficultés, leurs doutes...

Extrait : Émilie (page 32)

"- Je la mets dans le lit avec vous ?

Quand Mme Blanchot arrive avec Léa dans son berceau à roulettes, je suis émue que je ne le voudrais. Je flanche carrément.

- Non, à côté, je préfère.

Je ne peux pas. L'entendre, la voir, oui, peut-être, oui, il le faut bien, mais la serrer contre moi, c'est au-dessus de mes forces. Elle risque de rester collée. Elle a beaucoup de cheveux, comme moi à la naissance. Sa peau est belle, ses traits sont fins. Ses petits poings sont fermés. Elle est beaucoup trop mignonne.

- J'ai des choses à te dire...

Ma voix s'étrangle, je ne suis pas encore prête. Il faut que je mette de l'ordre dans mes pensées, sinon ça va être de la bouillie de mots, et elle ne va rien comprendre. C'est déjà suffisamment compliqué. Je suis épuisée. De toute façon, elle dort comme un loir. Quand on sera en forme toutes les deux, on pourra discuter. J'ai juste la force de rapprocher le berceau de mon lit. Je lui attrape la main, ça vaut peut-être mieux que tous les discours. Ses doigts s'enroulent autour de mon pouce.

Elle soupire dans son sommeil. Sa poitrine se soulève. Je pose mon autre main dessus. C'est moi qui ai fait ça. Comment ai-je réussi quelque chose d'aussi parfait ? J'ai une crampe, mais je ne retire pas mon doigt. Je me mords les joues pour ne pas pleurer."

Extrait : Judith (page 36)

"Ce que j'ai appris hier, c'est que tu avais vécu cinq minutes, et que ces minutes, tu les avais passées dans mes bras. Où sont-elles ces cinq minutes ? Qui me les a volées ? Où était ton père ? S'il avait été là, je lui aurais demandé de filmer. Et il aurait accepté, même si ses yeux avaient été des trous noirs. La caméra aurait vu pour lui, se serait souvenue pour nous.

J'ai si froid. Je plonge mes mains dans les manches de mon manteau et le bout de mes doigts touche quelque chose de pelucheux. Figée dans la foule, je n'arrive plus à avancer. Comment ai-je pu oublier de te laisser sous sa protection ? Les pas qui me ramènent sont plus faciles, c'est peut-être le vent qui me pousse vers toi, mon petit garçon, mon petit flocon...

Je voulais leur confier mon gri-gri pour qu'ils le mettent au creux de ton épaule, je n'ai pas la force de te voir une nouvelle fois, mais les portes du bureau sont closes, les équipes en réunion. Je suis désemparée, incapable de m'arracher encore à ce lieu où tout commence, où tout finit.

Dans la chambre au bout du couloir, par la porte entrouverte, j'aperçois la jeune fille, celle de la salle de travail. Elle est endormie. Un nouveau-né repose dans un berceau à ses côtés. J'entre sur la pointe des pieds. Je ne peux m'empêcher de les regarder, elles sont belles, chacune à leur manière. Tableau touchant, désarmant, désolant. Le drap découvre le tatouage sur son épaule. C'est encore une enfant. Elle est plutôt jolie avec ses cheveux blond foncé, sa pâleur et ses lèvres boudeuses.

Le bébé est une vraie poupée, un chef-d'œuvre de la nature. Les lèvres bien roses, ourlées en un baiser imaginaire, les mains ouvertes à la caresse, un teint de porcelaine, un nez retroussé, des cheveux abondants couleur miel. Je passe furtivement la main sur son front, sa peau est si douce."

4 mars 2009

Paradis conjugal - Alice Ferney

Paradis_conjugal Albin Michel – août 2008 – 368 pages

Présentation de l'éditeur
Pour la énième fois, Elsa, mère de famille, 4 enfants, regarde le DVD de Chaînes conjugales, le classique de Mankiewicz. La veille, son mari l'a prévenue qu il ne rentrerait pas dans une maison où sa femme regardait en boucle depuis trois mois le même film. L'histoire de 3 amies qui en attendent une 4e. A l'instant d'embarquer pour une croisière, elles reçoivent de la retardataire, une lettre qui gâchera leur journée. Cette dernière les informe malicieusement qu'elle quitte la ville avec le mari de l'une d'entre elles, les projetant pour plusieurs heures dans l'angoisse, les soupçons, la jalousie...
Elsa regarde le film avec deux de ses aînés dont les réparties fusent, corroborant ses appréhensions les plus intimes. Les héroïnes du film lui tendent un miroir, véritable révélateur de sa situation conjugale, dans lequel elle se projette. Elle finit par céder aux larmes, à l'apitoiement, puis au désir de reconquête de ce mari qui ne revient toujours pas...
Comment un film peut être le révélateur d'une situation conjugale, comment peut-on arriver à analyser sa situation à travers une fiction, comprendre que l'amour ne se vit pas à travers les autres mais dans la réalité ? Amour, désamour, non-dits, malentendus, lassitude, désir, peur de la solitude... Alice Ferney explore avec beaucoup d'intelligence, de sensibilité et de subtilité les variations du sentiment amoureux dans le couple, comment s'inventer le pire pour renaître à l'amour.

Biographie de l'auteur
Depuis Le Ventre de la fée (1993), Alice Ferney explore avec talent ces thèmes principaux que sont la féminité, la maternité et le sentiment amoureux. Elle est l'auteur de nombreux succès : L'Elégance des veuves (1995), Grâce et dénuement (1997), La Conversation amoureuse (2000), Dans la guerre (2003) Les Autres (2006), tous parus chez Actes Sud.

Mon avis : (lu en février 2009)
Encore un livre original d'Alice Ferney, mais je ne peux pas dire que j'ai aimé ou pas aimé... J'ai lu le livre avec intérêt : ce livre nous parlent des couples installés dans le quotidien et qui n'expriment plus leur amour. Pour cela, nous suivons avec Elsa et ses deux aînés Noémie(16 ans) et Max (12 ans) une description du film « Chaînes conjugales », scènes par scènes.

Ce livre nous fait réfléchir sur nous-même, sur les apparences et la profondeur des couples... mais après avoir fini le livre, j'ai très envie de voir le film !

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Ce livre fait référence au film américain "Chaînes conjugales" de 1949, réalisé par Joseph L. Mankiewicz avec Jeanne Crain, Linda Darnell, Ann Sothern. Trois amies, Deborah Bishop, Rita Phipps et Laura May Hollingsway, embarquent pour une croisière. Mais au moment de partir, elles reçoivent une lettre d'une relation commune, Addie Ross. Celle-ci les prévient qu'elle part avec le mari de l'une d'entre elles. Mais lequel ?

Extrait : (page 16)
Elsa Platte peut encore entendre la phrase, assourdie dans sa mémoire vive, comme si elle s'était cachée sous l'eau lorsqu'il s'était mis à parler. Il ? C'était son mari qui disait : Demain soir et les soirs suivants, prépare-toi à dormir seule. Je ne rentrerai pas. Je ne rentrerai pas dans une maison où ma femme est installée devant la télévision, voit le même film depuis trois mois, ne se lève pas pour me préparer à dîner, et se couche sans me regarder ! Non décidément, l'époux n'est ce soir ni dans le sillage parfumé, ni dans la maison, le lit ou les bras d'Elsa. Elle est seule. C'est la plus triste manière d'être tranquille. Elle peut regarder le film. Elle pense que la perte de l'objet aimé détruit toute la joie de la vie.

Extrait : (page 157)
Autant qu'Elsa Platte le connût, son mari lui semblait doux, pacifique, égal d'humeur, mais peu sensible en vérité. L'un d'ailleurs expliquant l'autre, ou le facilitant : pacifique et sans humeurs parce que pas sensible justement. Non, décidément, elle avait rencontré peu d'hommes aussi intelligents et peu expressifs. Comme si toute l'intelligence se concentrait dans sa forme hypothético-déductive et délaissait le champ intérieur, humain et affectif. Elle avait épousé un cerveau. Un cerveau et un sexe ! Et face à cette unité impassible, Elsa Platte était une fontaine et une éruption. Elle avait ri, parlé et pleuré pour deux en quelque sorte.

Extrait : (page 208)
Joseph Mankiewicz s'amusait à mettre en scène la rouerie féminine, et la complicité des femmes entre elles lorsqu'il s'agit de piéger un homme qui arrange la famille. Car Sadie jouait le jeu, arrêtant juste à temps la mère qui allait faire une gaffe (ton sac est sur la table, ne le cherche pas !). Laisse jouer la petite qui sait y faire, devait penser Sadie. Lora Mae ! Elle menait une partie d'échecs, coup après coup, et cette partie-là, contre un matou séducteur habitué à ce qu'on lui cédât et vivement alléché par de naturels appâts, était facile à mener : Porter Hollingsway, pris dans les filets de l'attirance, était plus prévisible que n'importe quel joueur.

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