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A propos de livres...

27 mars 2009

Dans l’or du temps - Claudie Gallay

Dans_l_or_du_temps1        Dans_l_or_du_temps

Edition du Rouergue – janvier 2006 - 320 pages

Actes Sud – février 2008 – 365 pages

Présentation de l'éditeur
Le narrateur passe l'été en famille, avec sa femme et leurs jumelles de sept ans, dans leur maison normande au bord de la mer. II rencontre par hasard Alice, une vieille dame abrupte et bienveillante à la fois, volontiers malicieuse. Il lui rend visite à plusieurs reprises et une attente semble s'installer : l'homme est en vacances, vacant pour ainsi dire, intrigué et attiré malgré lui ; Alice a des choses à raconter, qu'elle n'a jamais pu dire à personne, des souvenirs qui n'attendaient que lui pour remonter à la surface et s'énoncer. Tout commence par un voyage à New York qu'elle a effectué dans sa jeunesse, en 1941, en compagnie de son père photographe et d'André Breton. Ensemble, ils ont approché les Indiens hopi d'Arizona, dont l'art et les croyances les ont fascinés. Dans l'or du temps plonge au plus intime de ses personnages par petites touches, l'air de rien. Hommage à la figure d'André Breton et à la culture sacrée des Indiens hopi, ce magnifique roman célèbre les rencontres exceptionnelles, celles qui bouleversent l'âme et modifient le cours des existences

Biographie de l'auteur
Née en 1961, Claudie Gallay vit dans le Vaucluse. Elle a publié L'Office des vivants (2000), Mon amour ma vie (2002), Les Années cerises (2004), Seule Venise (2004, prix Folies d'encre et prix du Salon d'Annonay) et Les Déferlantes (2008)

Mon avis : (lu en mars 2009)

Je suis en train de devenir une inconditionnelle de Claudie Gallais... J'ai adoré "Les Déferlantes" et pour "Dans l'or du temps" l'effet a été le même. Ce livre m'a transporté : cette rencontre entre le narrateur et Alice est pleine de tendresse et d'émotions.

A travers une très belle rencontre entre une vieille dame et un jeune homme en quête du sens de sa vie, ce roman raconte une transmission, c’est aussi une plongée dans la culture sacrée des Indiens Hopi et un hommage littéraire à la figure d’André Breton.

La vie quotidienne d’Alice et du narrateur alterne avec les souvenirs chez les Indiens hopi. Les phrases sont courtes, les descriptions rendent l’atmosphère particulière, il se dégage du texte une certaine poésie et on est comme hypnotisé par le livre et on ne le lâche plus ! (j'ai failli plusieurs fois rater ma station de train...) Passionnant et superbe !

Le titre fait écho à l'épitaphe de la tombe d'André Breton "Je cherche l'or du temps".

Ce livre est superbement documenté, entre autres, il fait référence au livre "Soleil hopi" de Don C. Talayesva (autobiographie d’un indien hopi).

autobiographie_d_un_indien_Hopi

Extrait : "Notre maison, La Téméraire, face à la mer, à quelques kilomètres seulement au sud de Dieppe. On l’a achetée juste après la naissance des filles. Un coup de cœur, a dit Anna.

On a emprunté pour dix ans.

L’hiver, La Téméraire prend toutes les tempêtes. On ne vient jamais l’hiver. L’été seulement. Et puis quelques week-ends au printemps. On trouve des troncs d’arbres et des bouées de bateaux dans le jardin. Du sable, des planches, des cadavres de mouettes. Il faut des jours pour tout nettoyer.

Quand on est arrivés il pleuvait. J’ai arrêté la voiture au plus près de la porte. Les jumelles ont pris leurs affaires et elles sont montées directement dans leur chambre. Elles avaient été sages, tout le trajet à remplir leur cahier de vacances. Des trucs de filles. Avec des garçons, on n'aurait pas eu ça.

- Ça quoi ? A demandé Anna.

Je n'ai pas eu envie d'expliquer.

On a ouvert les volets et on a commencé à décharger.

A midi, on a mangé des sandwichs. Les filles avaient trouvé des vieux livres de Martine dans une caisse au grenier. Anna ne voulait pas qu'elles lisent ça alors les filles les lisaient en cachette, à l'école ou quand elles allaient à la bibliothèque du quartier.

L'après-midi, la pluie s'est arrêtée et Anna a emmené les jumelles à la plage. Je suis resté sur la terrasse. C'était marée basse. Les filles couraient. Elles sont allées loin jusqu'à toucher le bord de l'eau.

Quand elles sont revenues, elles avaient faim. Anna a préparé des crêpes. Les filles se sont installées dehors, sur la table blanche de la terrasse."

Extrait : "Le camion était là. Je me suis garé sur le terre-plein. L'épicier avait déjà rabattu la moitié de son auvent. Quand il m'a vu, il a bloqué son geste. Il m'a demandé si je voulais quelque chose et j'ai dit, Oui, des fraises, un kilo. Il a relevé le battant. Il a mis les fraises dans un sac. Le sac, en papier brun. Et comme les fraises étaient rouges et vraiment appétissantes, je lui ai demandé d'en rajouter une poignée.

Je suis retourné à la voiture. Un chemin de terre s'enfonçait, humide, sous le couvert des arbres. Une vieille dame s'éloignait. Elle portait un panier. Elle faisait un pas, un autre. Son panier était plein. Elle devait souvent le poser pour changer de main.

- Voulez-vous que je vous aide ? j'ai demandé en prenant le chemin derrière elle.

Elle s'est arrêtée. Elle m'a toisé moi et elle a toisé la Deux Chevaux. J'ai soulevé le panier.

- Qu'est-ce que vous avez là-dedans pour que ce soit si lourd ?

- Cinq kilos de poires à confitures, elle a dit. Plus le sucre.

Sa voix était grave. Traînante. Je l'ai suivie, une centaine de mètres sur ce chemin de terre. Plus de boue que de la terre. Elle s'est arrêtée devant un portail, une grille en fer en partie envahie par du lierre. Il n'y avait pas d'autres maisons après celle-là. Simplement le sentier qui se resserrait encore et puis les arbres.

Elle a poussé la grille."   

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25 mars 2009

La Belle maison - Franz Bartelt

la_belle_maison Le Dilettante – février 2008 - 192 pages

Présentation de l'éditeur
Les meilleures intentions du monde ont quelquefois des conséquences tragiques. Les Capouilles, seuls pauvres authentiques de la petite ville, vont pâtir des bienfaits dont les comblent les autres habitants, lesquels ne comprendront pas à temps que ce n'est pas parce qu'on n'a rien qu'on n'a rien à cacher.

Biographie de l'auteur
Franz Bartelt est né au bord de la Seine de Maupassant, a grandi au bord de la Vence de René Daumal et vit au bord de la Meuse d'Arthur Rimbaud. Sans doute est-ce pourquoi il a développé un certain respect pour l'eau qui coule, le goût de la littérature qui en découle et le regret, à mesure qu'il prend de la bouteille, de n'avoir pas vu le jour dans des régions viticoles.

Mon avis : (lu en mars 2009)

Ce livre se lit très facilement, c'est une fable sociale moqueuse et cruelle avec des personnages hauts en couleurs : le maire mégalo-maniaque, sa femme hypocondriaque, Chéchème l'épicier... C'est la chronique d'un village rurale Cons-sur-Lombe qui a les ambitions d'une grande ville.

J'ai trouvé très attachant le couple formé par Mortimer et Constance Boulu que tout le monde appelle Capouilles et qui se tiennent à l'écart de ce village qui se veut si parfait. Ils font désordre et le maire veut leurs faire une grande surprise en leur offrant "La Belle Maison" que tout le village aura rénové bénévolement.

Mais peux-t-on faire le bonheur des gens malgré eux ?

Le lecteur va découvrir ce que ne sait pas le village, Mortimer et Constance ont un secret... Ils aiment et lisent de la poésie. Ils ont même une certaine complicité avec les poètes puisqu'ils les nomment par leurs prénoms (Paul, Arthur...) "Ainsi, à l'instar de bien des humains qui savent ce qui est bon, ils recevaient les poètes à domicile, sans cérémonie, en pure amitié."

Extrait : Avec près de deux mille habitants, une place équipée de sept bancs de couleur, d’un jet d’eau et d’un abri bus pourvu d’un plan de la commune, avec également une salle des fêtes de dimensions respectables, une église remarquable pour des raisons mystérieuses, des barbecues municipaux ouverts à tous et des toilettes publiques à participation de l’usager, Cons-sur-Lombe était un village qui se donnait des airs de grande métropole sans renier ses origines céréalières que rappelaient, devant la mairie, quelques anciennes machines agricoles, désormais exposées sur des socles de béton : « Afin que nul n’en ignore », disait le maire, M. Balbe, un homme qui aurait pu être communiste, tant il avait le sens de la collectivité, mais qui s’était résigné à carriérer dans le centrisme pour faire plaisir à tout le monde, ce qui revient à peu près au même.

C’était ce qu’on appelle «un homme à idées ». Sa générosité paraissait sans limites. Ses amis le comparaient volontiers et sans rire à saint Vincent de Paul. Il n’avait pas d’ennemis car, très fort en gueule et pesant plus de cent soixante kilos, il savait se faire respecter en s’imposant à l’heure de l’apéritif comme le meilleur buveur de boissons anisées d’un canton qui, en la matière, ne comptait pourtant que des champions. Sa devise ne manquait pas d’ambition : «Toujours plus et toujours mieux qu’ailleurs. » Elle l’exposait quelquefois à des déconvenues administratives de premier ordre. Par exemple, il aurait voulu doubler la surface du terrain de football.

«Avec un terrain plus long et plus large, et des buts en proportion, nous montrerions au monde entier que les Consiens sont des fameux joueurs, qu’ils courent plus vite et plus longtemps que les châtrés des autres équipes ! »

Par mesquinerie sportive autant que par conformisme politique, les potentats du conseil général avaient fait obstacle au projet, et les footballeurs de Cons devaient se contenter d’un terrain, certes réglementaire, mais où leur talent se sentait à l’étroit.

« Sur un terrain adapté, même à six contre douze, on gagnerait ce qu’on voudrait ! », soupirait Balbe à chaque fois qu’il repensait à cette histoire. Ses compagnons de comptoir abondaient dans son sens, car on ne contrarie pas un édile qui, bien souvent et de sa poche, règle l’ensemble des tournées.

Extrait : Une des petites maisons était occupée par un couple adorable que la commune avait recueilli vingt ans auparavant, lors d’un hiver radical. On ne savait pas très bien qui ils étaient, d’où ils venaient, ni quelle inspiration miraculeuse les avait conduits jusqu’à Cons plutôt que dans un des nombreux bourgs des alentours ou à Larcheville où le Secours catholique et d’autres pourvoyaient aux besoins des plus démunis. Ils vivaient comme des clochards, sales, en loques, misérables, mais soutenus dans leur malheur par toute la population. En fait, ils ne manquaient de rien, et surtout pas de travail. La belle saison les voyait dans les jardins, la mauvaise dans la forêt ou dans les granges, à couper le bois. Ils débouchaient les éviers, rangeaient les greniers, vidaient les caves, donnaient la main à toutes sortes de nécessités du quotidien des autres. Au fil du temps, ils s’étaient rendus indispensables.

On les surnommait affectueusement les Capouilles, mais ils s’appelaient Boulu : Mortimer et Constance Boulu. Tous deux d’un calibre médiocre, petits et maigres, immensément chaussés de bottes épaisses, vêtus de dépenailles, et bien qu’on leur fît don régulièrement d’habits encore mettables, ils se complaisaient dans la négligence la plus farouche. La crasse, la barbe et la moustache gauloise se partageaient le visage de Mortimer. Sur la figure de Constance, un surcroît de crasse compensait l’absence de pilosité. Ne les aurait-on pas connus d’aussi longue date qu’on les aurait chassés à coups de bâton et en leur lançant des pierres, comme à des lépreux.

«Trop pauvres pour être fiers de se sentir propres », répétait souvent M. Balbe que les maladies quasi mortelles de sa femme vouaient au culte de l’hygiène, et même de l’asepsie.

Il les aimait sincèrement et ne ratait jamais une occasion de proclamer : « Il faut faire quelque chose pour les Capouilles ! », mais, depuis vingt ans, l’éventualité ne s’était jamais présentée de concrétiser cette aimable résolution.

24 mars 2009

La pluie, avant qu'elle tombe – Jonathan Coe

la_pluie_avant_qu_elle_tombe traduit de l'anglais par Jamila et Serge Chauvin

Gallimard – janvier 2009 – 248 pages

Présentation de l'éditeur
Rosamond vient de mourir, mais sa voix résonne encore, dans une confession enregistrée, adressée à la mystérieuse Imogen. S'appuyant sur vingt photos soigneusement choisies, elle laisse libre cours à ses souvenirs et raconte, des années quarante à aujourd'hui, l'histoire de trois générations de femmes, liées par le désir, l'enfance perdue et quelques lieux magiques. Et de son récit douloureux et intense naît une question, lancinante : y a-t-il une logique qui préside à ces existences ? Tout Jonathan Coe est là : la virtuosité de la construction, le don d'inscrire l'intime dans l'Histoire, l'obsession des coïncidences et des échos qui font osciller nos vies entre hasard et destin. Et s'il délaisse cette fois le masque de la comédie, il nous offre du même coup son roman le plus grave, le plus poignant, le plus abouti.

Biographie de l'auteur
Né en 1961 à Birmingham, Jonathan Coe est l'un des auteurs majeurs de la littérature britannique actuelle. On lui doit notamment Testament à l'anglaise, prix du Meilleur livre étranger 1996, La maison du sommeil, prix Médicis étranger 1998, et le diptyque que forment Bienvenue au club et Le Cercle fermé.

Mon avis : (lu en mars 2009)

C’est le premier livre que je lis de cet auteur et j’ai lu ce livre avec beaucoup de facilité et de plaisir. J’ai trouvé beaucoup de sensibilité dans cette histoire sur le sujet difficile du manque d’amour d’une mère pour sa fille et cela sur plusieurs générations. Le style est fluide et le faite de partir sur la description de 20 photos pour raconter l’histoire de trois générations de femmes des années quarante à nos jours est une idée très bonne et originale. J’ai été prise par l’histoire et j’ai dévoré le livre rapidement. A découvrir sans tarder !

Extrait : (page 36)
« Catharine saisit la télécommande, monta le son, et la première chose qu’elles entendirent, au bout de quelques secondes, fut un souffle de bande, suivi des claquements et crachotements d’un micro qu’on allumait et qu’on réglait, et du grattement du pied de micro en plastique sur une surface dure. Puis il y eut une toux, un raclement de gorge ; et enfin une voix, la voix qu’elles comptaient entendre, ce qui ne la rendait pas moins fantomatique. C’était la voix de Rosamond, seule dans le salon de son bungalow du Shropshire, qui parlait dans le micro quelques jours à peine avant sa mort. La voix disait :

  J’espère Imogen, que c’est toi qui m’écoutes. Je crains de ne pas pouvoir en être certaine, car tu as l’air d’avoir disparu. Mais je fais confiance au destin – et surtout à l’ingéniosité de ma nièce Gill – pour que ces enregistrements finissent par arriver jusqu’à toi.

  Je ne devrais peut-être pas m’étendre sur le sujet… mais je m’inquiète, depuis quelques années, de ne pas t’avoir vue réapparaître dans ma vie. Je suis vaguement tentée d’y voir un présage funeste, mais il est vrai que je suis portée à ce genre de pensées dans les circonstances, alors que ma propre fin est… eh bien si proche et si concrète. Je suis sûre qu’il y a une explication logique. Et même plusieurs explications logiques.»

22 mars 2009

Le Scaphandre et Le Papillon - Jean-Dominique Bauby

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Robert Laffont – mars 1997 – 139 pages

Pocket - septembre 1999 - 139 pages

Présentation de l'éditeur
À jamais statufié, muet exilé à l'intérieur de lui-même, il jette toute sa vie dans ce carnet de voyage immobile parce qu'elle va finir dans peu de temps. Après son accident cardiovasculaire, Jean-Dominique Bauby est ce mort vivant qu'un seul battement de cils rattache encore au monde et à la confidente qui déchiffre, un à un, ses derniers mots. Adieu à la vie, dont les images dansent encore devant lui. Le visage d'une femme aimée, un air populaire, une nuit blanche à Saint-Pétersbourg ou un jour incandescent dans le Nevada, un film de Fritz Lang, les petits riens et les grandes espérances. Et puisqu'il faut quitter tout cela, autant le faire sans peur, et même avec le sourire. Le journaliste qu'il était a remis sa dernière copie, inoubliable lettre adressée à un pays inconnu.

Auteur : Jean-Dominique Bauby (né en 1952 et décédé le 9 mars 1997) est un journaliste français, auteur d'un livre sur son expérience du locked-in syndrome, ou syndrome d'enfermement. Il a vécu avec Sylvie de la Rochefoucauld (présidente de Canal Jimmy)

Élevé à Paris, il grandit rue du Mont-Thabor derrière le Jardin des Tuileries dans l'ancien immeuble d'Alfred de Musset. Rédacteur en chef du magazine féminin Elle et père de deux enfants : Théophile et Céleste, Jean-Dominique Bauby est victime le vendredi 8 décembre 1995 d'un accident vasculaire cérébral qui le plonge dans le coma puis l'affecte du locked-in syndrome.

Hospitalisé à 44 ans, à l'hôpital maritime de Berck, il conserve ses capacités intellectuelles. Il continue de pouvoir mouvoir l'une de ses paupières, ce qui lui permet de communiquer. C'est lettre à lettre qu'il dicte son livre Le Scaphandre et le Papillon, publié le 6 mars 1997. Comme mentionné dans la dernière phrase de son livre, il décède peu de temps après sa sortie, le 9 mars 1997.

Mon avis : (lu en mars 1998)

C'est un récit bouleversant de courage. D’abord dans l’énergie qu’il a nécessitée pour sa rédaction, mais aussi dans le témoignage souvent ironique qu’il fournit sur cette effroyable immobilité. Ce livre est un hymne à la vie et à l'espoir. L'auteur décrit ce qu'était sa vie "avant", et ce qu'elle est maintenant, alors qu'il est atteint du "locked-in" syndrome. Ce livre est très touchant dans sa simplicité car pour lui, chaque chose, même les plus simples, sont devenues inaccessibles.
C'est un témoignage très émouvant, qui nous donne envie de profiter de la vie, "au cas où"...

En mai 2007, une adaptation au cinéma, également titrée Le Scaphandre et le Papillon, réalisée par Julian Schnabel, avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Marie-Josée Croze, Anne Consigny, Patrick Chesnais est sortie en salles.

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J'ai vu ce film qui est tout aussi bouleversant que le livre, humain, touchant, très émouvant, étonnamment drôle parfois. Le rôle de Jean-Dominique Bauby est magnifiquement interprété par Mathieu Amalric (il a d'ailleurs reçu un César pour sa prestation).

Extrait :
"Derrière le rideau de toile mitée une clarté laiteuse annonce l'approche du petit matin. J'ai mal aux talons, la tête comme une enclume, et une sorte de scaphandre qui m'enserre tout le corps. Ma chambre sort doucement de la pénombre. Je regarde en détails les photos des être chers, les dessins d'enfants, les affiches, le petit cycliste en fer-blanc envoyé par un copain la veille de Paris-Roubaix, et la potence qui surplombe le lit où je suis incrusté depuis six mois comme un bernard-l'ermite sur son rocher. Pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir où je suis et me rappeler que ma vie a basculé le vendredi 8 décembre de l'an passé (...)".

Extrait : "Le 8 juin, cela fera six mois que ma nouvelle vie a commencé. Vos lettres s'accumulent dans le placard, vos dessins sur le mur et, comme je ne peux répondre à chacun, j'ai eu l'idée de ces samizdats pour raconter mes journées, mes progrès et mes espoirs. D'abord j'ai voulu croire qu'il ne s'était rien passé. Dans l'état de semi-conscience qui suit le coma, je me voyais revenir bientôt dans le tourbillon parisien, tout juste flanqué d'une paire de cannes."
Tels étaient les premiers mots du premier courrier de la lettre de Berck qu'à la fin du printemps je décidai d'envoyer à mes amis et relations. Adressée à une soixantaine de destinataires, cette missive fit un certain bruit et répara un peu les méfaits de la rumeur. La ville, ce monstre aux cent bouches et aux mille oreilles qui ne sait rien mais dit tout, avait en effet décidé de me régler mon compte. Au café de Flore, un de ces camps de base du snobisme parisien d'où se lancent les cancans comme des pigeons voyageurs, des proches avaient entendu des piapiateurs inconnus tenir ce dialogue avec la gourmandise de vautours qui ont découvert une gazelle éventrée.
"Sais-tu que B. est transformé en légume? disait l'un. - Évidemment, je suis au courant. Un légume, oui, un légume." Le vocable "légume" devait être doux au palais de ces augures car il était revenu plusieurs fois entre deux bouchées de welsh rarebit. Quant au ton, il sous-entendait que seul un béotien pouvait ignorer que désormais je relevais davantage du commerce des primeurs que de la compagnie des hommes. Nous étions en temps de paix. On ne fusillait pas les porteurs de fausses nouvelles. Si je voulais prouver que mon potentiel intellectuel était resté supérieur à celui d'un salsifis, je ne devais compter que sur moi-même.
Ainsi est née une correspondance collective que je poursuis de mois en mois et qui me permet d'être toujours en communion avec ceux que j'aime. Mon péché d'orgueil a porté ses fruits. A part quelques irréductibles qui gardent un silence obstiné, tout le monde a compris qu'on pouvait me joindre dans mon scaphandre même s'il m'entraîne parfois aux confins de terres inexplorées.
Je reçois des lettres remarquables. On les ouvre, les déplie et les expose sous mes yeux selon un rituel qui s'est fixé avec le temps et donne à cette arrivée du courrier le caractère d'une cérémonie silencieuse et sacrée. Je lis chaque lettre moi-même scrupuleusement. Certaines ne manquent pas de gravité. Elles me parlent du sens de la vie, de la suprématie de l'âme, du mystère de chaque existence et, par un curieux phénomène de renversement des apparences, ce sont ceux avec lesquels j'avais établi les rapports les plus futiles qui serrent au plus près ces questions essentielles. Leur légèreté masquait des profondeurs. Étais-je aveugle et sourd ou bien faut-il nécessairement la lumière d'un malheur pour éclairer un homme sous son vrai jour ?"

22 mars 2009

La promesse de l'ange – Frédéric Lenoir et Violette Cabesos

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Albin Michel – mars 2004 - 496 pages

Livre de Poche – mai 2006 – 627 pages

Présentation de l'éditeur
Rocher battu par les tempêtes, lieu de cultes primitifs sanctifié par les premiers chrétiens, le Mont-Saint-Michel est loin d'avoir révélé tous ses secrets. Au début du XIe siècle, les bâtisseurs de cathédrales y érigèrent en l'honneur de l'Archange, prince des armées célestes et conducteur des âmes dans l'au-delà, une grande abbaye romane.
Mille ans plus tard, une jeune archéologue passionnée par le Moyen Âge se retrouve prisonnière d'une énigme où le passé et le présent se rejoignent étrangement.
Meurtres inexpliqués, amours périlleuses, secrets millénaires... sur le chemin du temps, de la passion, de l'absolu, la quête de Johanna la conduit inexorablement aux frontières d'un monde dont on ne revient pas indemne.
Roman initiatique, thriller métaphysique, un suspense érudit et fascinant de Violette Cabesos et Frédéric Lenoir.


Les Auteurs :

Violette Cabesos, 33 ans, est l’auteur d’un premier roman remarqué Sang comme neige aux éditions Plon (2003).

Frédéric Lenoir, 41 ans, est philosophe et écrivain. Auteur de nombreux essais et ouvrages encyclopédiques, il a dirigé entre autres L’encyclopédie des religions chez Bayard et divers ouvrages dont Mal de terre avec Hubert Reeves, au Seuil et Les Métamorphoses de Dieu chez Plon. Il est l’auteur d’un premier roman paru chez Albin Michel : Le secret, 2001 et du scénario d’une BD (La Prophétie des deux mondes, Albin Michel, 2003).

Mon avis : (lu en septembre 2008)

Le Mont Saint Michel m'a toujours fasciné. La première fois que je l'ai vu j'avais 8 ans : je n'ai jamais oublié ce jour là. La deuxième fois, j'avais 20 ans : la magie de ce lieu a été la même. Ensuite, j'ai eu la chance de travailler pour un chantier extérieur à proximité du Mont pendant 3 jours au début mai. Chaque fois que je levais les yeux de mon travail, je le voyais surgir et je ne pouvais pas m'empêcher de l'admirer... Et le soir, après le dîner, avec mes deux collègues nous arpentions en long et en large les ruelles du Mont désertes des touristes de la journée et cela jusqu'à la nuit. Ce sont des souvenirs inoubliables ! Ensuite jusqu'en 2000, j'ai habité pendant près de 4 ans à 60 km du Mont Saint Michel. Et souvent, le w-e nous venions nous y promener pendant les périodes hors-saison. Voilà pourquoi le Mont Saint Michel reste pour moi un lieu magique que j'aime beaucoup. Ce livre m'a donc passionné, il nous fait découvrir le Mont Saint Michel sous un nouvel angle, nous sommes embarqués dans un aventure incroyable entre le passé et le présent. Les personnages sont attachants et l'intrigue fort bien construite. J'ai été captivée par l'histoire et l'atmosphère étrange et mystérieuse qui caractérise si bien le Mont. La réalité historique est très intéressante et on apprend aussi beaucoup sur le métier d'archéologue.

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21 mars 2009

Falaises – Olivier Adam

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Editions de l'Olivier - août 2005 – 204 pages

Points - août 2006 - 181 pages

Présentation de l'éditeur
Etretat. Sur le balcon d'une chambre d'hôtel, un homme veille. Au bout de son regard : les falaises éclairées d'où s'est jetée sa mère, vingt ans plus tôt. Le temps d'une nuit, le narrateur déroule le film de sa vie, cherche dans sa mémoire rétive les traces de cette mère disparue. Il fouille son enfance, revient sur sa jeunesse perdue, sur son père brutal, son frère en fuite, ses années à Paris. Ce qu'il puise dans ses souvenirs : un flot d'images, de sensations, de lieux, d'apparitions. Et cette question : comment suis-je encore en vie, qui m'a sauvé ? Dans ce roman qui semble faire table rase du passé pour mieux le ranimer, Olivier Adam convoque tous les thèmes et les personnages qui lui sont chers. Ainsi rassemblés, ils donnent à Falaises un souffle et une ampleur romanesques rares.

Biographie de l'auteur
Olivier Adam est né en 1974. Il a grandi en banlieue parisienne et vit aujourd'hui à Paris. Il a publié, entre autres, A l'ouest, Poids léger (adapté au cinéma en 2004 par Jean-Pierre Améris) et Passer l'hiver (Goncourt de la Nouvelle 2004). Il écrit également pour la jeunesse et pour le cinéma.

Mon avis : (lu en mars 2009)

C’est le deuxième livre que je lis de cet auteur après "A l’ abri de rien" que j’avais beaucoup aimé. Ce roman est dur et tendre à la fois. C’est un cri de douleur du narrateur qui revient sur le drame de son enfance : le suicide de sa maman lorsqu’il avait 11 ans, puis sur ses souvenirs de jeunesse avec un père dur et indifférent, sa complicité avec son frère. On découvre aussi sa vie d'adulte avec sa femme et sa fille. Ce livre nous rappelle que la vie fluctue entre la mélancolie, la tristesse mais aussi la joie et le bonheur. Ce livre est très touchant et poétique, l’écriture est fluide, tout ceci est vraiment très beau !

Extrait : (page 48)
Dans la chambre tiède, l'air est rempli du parfum de ma fille, de l'odeur de sa mère. Je m'allonge près d'elles. Chloé grogne et je respire ses cheveux, son odeur de savon, d'eau de cassis et de lait. J'embrasse son cou, ses doigts minuscules, son épaule. Elle ouvre les yeux un instant, murmure 'papa' et se rendort aussitôt.
Il y a maintenant deux ans qu'elle est née, qu'elle est près de moi et me protège. Deux ans et j'ai souvent l'impression qu'avant ça rien n'a existé, rien n'a eu lieu, qu'à nouveau ma mémoire se ferme à double tour, et entraîne les trente années qui ont précédé dans un lieu caché de mon cerveau. Un lieu sans importance désormais.

Extrait : (page 64)
Mon frère s'est réveillé un soir et, à ma grande surprise, ce ne fut pas plus étrange et extraordinaire que des yeux qui s'ouvrent et se posent sur ce qui les entoure, les murs et la fenêtre, les arbres qui se balancent, le ciel au loin, craquelé de rouge et de bleu crème ce soir-là, les immeubles puis moi, assis dans le grand fauteuil, sous le téléviseur suspendu. Il m'a souri faiblement, a refermé les yeux un moment. Quand il les a rouverts, j'étais près de lui.
- Tu as fait semblant, hein ? T'étais pas dans le coma, en vrai ?
Il s'est tourné vers moi, pris dans les brumes. Il m'a regardé longuement, ses yeux s'appuyaient sur mon visage, sans reproche, sans ironie, sans tristesse. On y lisait juste la fatigue et la détresse. D'une voix pâteuse il m'a demandé où était maman. A l'expression de son visage, j'ai compris qu'après six semaines hors du monde il espérait de tout son cœur avoir fait un mauvais rêve.

Extrait : (page 171)
J'ai froid et le ciel s'éclaircit un peu. Au loin fraient des cargos. Sur les ponts rouillés passe infiniment mon frère et pour toujours peut-être. J'ignore s'il me manque, je crois qu'il fait partie d'une autre vie et que, depuis la mort de ma mère, j'ai appris à consentir à ce qu'il advient, à ne plus résister à rien. Je crois qu'en somme, le trou qu'elle a creusé en moi était déjà si large et profond qu'en y disparaissant il n'aura pu l'agrandir.
Je ne sais pas quand exactement mon frère surgit pour la première fois dans le flux troué de ma mémoire. Quand, au juste, il s'extrait de ces sables pour arborer un visage, une voix, une silhouette reconnaissables. Entre huit et onze ans, je crois qu'il se confond, selon les moments, soit avec moi soit avec ma mère. Pourtant, étrangement, il me semble le connaître depuis beaucoup plus longtemps que ça.

20 mars 2009

Gamines – Sylvie Testud

Gamines Fayard – aout 2006 – 301 pages

Présentation de l’éditeur

- Qu'est-ce que tu faisais dans la chambre de maman ?
- J'ai volé une photo. Une toute petite photo.
- Tu lui ressembles tellement, a dit ma sœur.
J'ai mis la photo dans la poche de mon jean. Je me suis assise dessus pendant trente ans.
- La photo est ressortie de ma poche ! J’ai dit à mes sœurs. J'ai vu l'homme de la photo !
- Qui ?
- Celui qui porte le même nom que nous, le même nom que moi. Ce n'est pas une photo, c'est un homme.
J'ai donc un père. Que dois-je faire ? Trente ans que je réponds : " Je n'ai pas de père. Je n'ai qu'une photo. " Devant les mines compatissantes, je réponds depuis trente ans : " Je n'ai pas de père, mais je m'en fiche, c'est comme ça. "

Biographie de l'auteur
Sylvie Testud est comédienne. En 2001, elle a obtenu le César du meilleur espoir féminin pour "Les Blessures assassines" et, en 2004, le César de la meilleure actrice pour "Stupeur et tremblements". Son précédent roman, Le ciel t'aidera, est paru chez Fayard en 2005.

Mon avis : (lu en mars 2007)

Ce roman de Sylvie Testud est un peu autobiographique quoi qu’elle en dise. Il raconte l’histoire de 3 sœurs Corinne 12 ans, Sybille 10 ans et Georgette 8 ans qui sont élevées par leur maman, leur papa étant parti. C’est Sybille qui raconte la vie quotidienne, les bêtises, les disputes mais aussi la solidarité entre elle et ses sœurs. Et l'ombre du "Il" qui plane au-dessus de tout cela. Le père jamais vu dont on ne parle pas. Dans le dernier tiers du livre, on retrouve Sibylle adulte, devenue actrice reconnue et une rencontre pleine d’émotion va avoir lieu avec ce père. Ce récit est plein de tendresse et d’humour. C’est très bien écrit, plein de fraîcheur, les personnages de Sibylle et ses sœurs sont très attachants. J’ai passé un très bon moment avec ce livre.

Extrait : (page 116)
Si ma mère est la seule adulte de cette église à ne pas communier, ce n'est pas parce qu'elle porte de vilaines godasses ; c'est qu'elle n'a plus le droit de manger le corps du Christ. Ma mère n'a pas droit à une hostie. Elle a divorcé. Elle est excommuniée. Voilà que je prends conscience de l'injustice dont un membre de ma famille est victime en plein dans la maison du bon Dieu ! Voilà que je me révolte tout à coup. J'ai dix ans, et je n'aime pas qu'on foute ma mère sur le banc des accusés. Il n'y en a pas d'autres dans cette assistance qui mériterait moins que ma mère ?


Extrait : (page 143)
- C'est qui, ‘il’ ?
C’est vrai, ça... C'est qui ?
'Il', normalement, c'est celui dont on ne parle pas.
Ma mère vient de gober un piment cru, on dirait. Elle est toute rouge, la bouche incendiée, elle a du mal à répondre. Le chef de notre bataillon émerge de la savane grimpante dans notre chambre. Un visage sévère. Un coup d'œil rapide aux deux petites : état d'alerte.
La question ne sera pas reformulée. Réponse ? Le troufion a pris son regard méfiant. La plus petite se place au côté de la commandante.
Silence.

Extrait : (page 169)
- Tu serais contente, toi, si maman se remariait avec lui ?
Oui, avec n'importe qui je serais ravie ! Que le premier qui passe soit béni ! Je lui ouvre mes bras ! Lui ou un autre, je m'en fiche ! Qu'elle se remarie et qu'elle soit des parents comme les autres. Aux anniversaires, je n'aurais plus à danser de slow avec elle. On n'aurait plus besoin de surveiller si elle est triste ou non. Ce ne serait plus notre faute. Ce serait sa faute à lui ! On pourrait l'accuser. Nous, on serait seulement des enfants. On s'en foutrait complètement ! Il saurait sûrement conduire. On se ferait plus klaxonner par les autres voitures. Pour lui, on aurait pas la honte. Le voisin ne nous regarderait plus de la même manière. Kader ne me ferait plus tomber. J'aurais le droit de 'faire le con' ! Les hommes, ils aiment que les enfants fassent les cons ! Je sais aussi bien que mes soeurs que c'est impossible. Notre mère n'aura jamais de mari. Notre mère n'est pas une mère à mari.

Extrait : (page 240)
Mes sous-vêtements sont éparpillés aux quatre coins de la chambre. On pourrait penser que j'ai passé une nuit torride.
J’ai passé une nuit exécrable ! Une nuit à me retourner dans mon lit. Une nuit à allumer et éteindre la loupiote ! Une nuit à chercher le sommeil sans le trouver. Une nuit à me brosser les dents après chaque cigarette, jurant que c'était la dernière.
Cette nuit, je me suis posé toutes les questions que j'ai oublié de me poser. Cette nuit, j'ai admis qu''Il' n'était pas une photo. Cette nuit, je me suis rendu compte que, si je porte son nom, c'est pour une raison : 'Il' est mon père.
J’ai donc un père. Cette découverte que je fais à l'âge de trente-quatre ans est tardive, mais de taille. Que dois-je faire ? Trente-quatre ans que je réponds : 'Je n'ai pas de père.' Devant les mines compatissantes, je réponds depuis trente-quatre ans : 'Je n'ai pas de père, mais je m'en fiche, c'est comme ça.' Affaire réglée, fin de discussion.


19 mars 2009

Le crime parfait – Frank Cottrell Boyce

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Traduit de l’anglais par Catherine Gibert

Gallimard-Jeunesse - septembre 2007 – 309 pages

Quatrième de couverture :
Depuis que leur père a claqué la porte du garage familial menacé de faillite, l'équipe Hughes se serre les coudes. Dylan, promu homme de la maison, tient le carnet de bord : pluie, pluie, pluie et encore de la pluie ! Peu de chance d'amélioration à moins que l'élégant visiteur venu mettre à l'abri d'inestimables chefs-d'œuvre dans la carrière abandonnée ne puisse résister à leurs offres commerciales. L'art, assurément, peut transformer la vie !

Auteur : Frank Cottrell Boyce est un célèbre scénariste anglais, on lui doit notamment Welcome to Sarajevo, Hilary and Jacky et 24 hour Party People. Il se destinait à la prêtrise lorsqu'il a rencontré sa femme qui se préparait à être religieuse. Ils ont maintenant sept enfants et habitent près de Liverpool.
Son premier roman, "Millions", a remporté la Carnégie Medal et figuré dans les plus prestigieuses sélections de livres. Il a également fait l'objet d'une adaptation cinématographique.

Mon avis : 5/5 (lu en mars 2009)

J’ai beaucoup aimé ce livre qui mêle humour et culture !

Dylan et sa famille habitent une station-service au bord de la faillite en Angleterre, plus exactement à  Manod, ville grise, pluvieuse et ignorée de tous. Suite à une inondation à Londres, les tableaux de la National Gallery sont mis à l’abri dans la carrière de Manod, sous la surveillance de Lester. Grâce à un quiproquo, Dylan aura accès aux peintures, puis finalement tous les habitants de la ville, à un moment ou à un autre, verront un tableau.

L’auteur s’est inspiré d’un fait divers authentique pour raconter cette histoire. Le récit se lit très facilement et est plein d’humour. Des situations cocasses, des personnages excentriques, 11 tableaux et un village qui va devenir créatif et solidaire. En effet, certains habitants après avoir vu une œuvre d’art changent leur regard sur la vie et sur les gens. Les personnages sont vraiment très attachants, souvent naïfs mais aussi sensibles.

Voici les tableaux rencontrés dans ce livre :

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La Joconde – Léonard de Vinci (1452-1519) (Le Louvre - Paris)

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La Belle Jardinière – Raphaël (1483-1520) (Le Louvre - Paris)

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Nature morte aux noix et aux oranges – Luis Meléndez (1716-1780) (The National Gallery - Londres)

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Vieille femme grotesque – Quentin Matsys (1465-1530) (The National Gallery - Londres)

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Les Parapluies – Auguste Renoir (1841-1919) (The National Gallery - Londres)

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Diptyque de Wilton environ 1395-1399 – artiste inconnu (The National Gallery - Londres)

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La Captive grecque – Henriette Browne (1829-1901) (The National Gallery - Londres)

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Les Epoux Arnolfini 1434 – Jan Van Eyck (x – 1441) (The National Gallery - Londres)

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Bain à la Grenouillère – Claude Monet (1840-1926) (The National Gallery - Londres)

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Les Ambassadeurs – Hans Holbein le Jeune (1498-1543) (The National Gallery - Londres)

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Les Tournesols – Vincent Van Gogh (1853-1890) (The National Gallery - Londres)

Un livre destiné aux enfants à partir de 11 ans, mais très distrayant et instructif pour les adultes ou "grands enfants" !

Extrait du livre :
L'Oasis automobile du parc de Snowdonia
Commune de Manod
11 février

Voitures aujourd'hui :
FORD FIESTA BLEUE : Mlle Stannard (barre chocolatée)
CAMION REMORQUE SCANIA 118 : dépanneuse de Wrexham

Temps : pluie

Remarque : Ne pas confondre huile et antigel

Mon père peut tout réparer (demandez à n'importe qui, tout le monde vous le dira). Les Toyota, les Hyundai, les Ford. Et même la microscopique Daihatsu Copen (vitesse maximale : 170 km/h) de la mère de Tom Sympa que, vu sa taille de marshmallow, on est obligé de réparer à la pince à épiler.
Mais les compétences de papa ne s'arrêtent pas aux voitures.
J'en veux pour preuve la fois où on était à Prestatyn quand Minnie a voulu se baigner et que j'ai refusé d'entrer dans l'eau parce qu'elle était trop froide. Minnie n'arrêtait pas de me seriner :
- Viens. Elle est super bonne, une fois qu'on est dedans.
Et je répondais systématiquement :
- Non.
Papa s'est levé, il est allé à la caravane et il en est revenu avec la bouilloire pleine d'eau chaude. Il a versé l'eau dans la mer et m'a dit :
- Dylan. Goûte-la. Dis-moi si ça te va ou s'il faut que j'en rajoute.
- Non, elle est bonne maintenant. Merci, p'pa, ai-je répondu.
- Tu es sûr ?
- Sûr et certain.
- Pas trop chaude ? -Non, juste bien.
- Tu n'as qu'à m'appeler si elle refroidit. Je peux toujours remettre de l'eau à chauffer.
Après quoi Minnie m'a éclaboussé et je l'ai éclaboussée, et on est restés dans l'eau jusqu'au coucher du soleil.
Papa avait réparé la mer pour moi. Ça force l'admiration.
Ma grande sœur, Marie, n'est pas entrée dans l'eau même après la réparation de papa.
- Vous n'avez donc pas idée de ce que l'eau de mer fait aux cheveux ? S’est-elle insurgée.
Et plus tard, quand on jouait au Monopoly dans la caravane, elle a sorti :
- Tu as vraiment cru qu'une malheureuse bouilloire allait réchauffer la mer d'Irlande ?
- Pas toute la mer, évidemment, ai-je répondu. Juste le petit bout où on nageait.
- Comme si ça allait marcher pour de vrai, est intervenue Minnie. Attends que je t'explique les lois de la physique...

17 mars 2009

Le dresseur d’insectes - Arni Thorarinsson

le_dresseur_d_insectes Métaillié – octobre 2008 – 345 pages

traduit de l'islandais par Eric Boury

Présentation de l'éditeur
Au lendemain de la grande fête des commerçants de Akureyri, la grande ville du Nord de l'Islande, on dénombre de nombreuses gueules de bois, quelques dépucelages, plusieurs agressions, plusieurs viols aussi. Mais une femme qui se présente sous le nom de Victoria demande à Einar, le correspondant local du Journal du soir, de se rendre immédiatement, avec la police, dans une "maison hantée" de la vieille ville: ils y découvrent le corps d'une jeune fille étranglée. Personne n'a signalé de disparition. Peu après, Einar apprend que son informatrice, entrée dans une clinique de désintoxication, a été assassinée. Fort de son expérience d'ancien alcoolique, il se fait interner pour mener son enquête. Résistant à la pression de son rédacteur en chef avide de sensationnel, il saura découvrir l'identité réelle des deux victimes, engluées dans des relations perverses, et impuissantes devant les puissances de la modernité qui transforment à marche forcée une société dans laquelle la famille a gardé toute son importance. L'auteur prend le temps de nous présenter ses personnages et leurs ressorts intimes, il nous embarque dans un monde qu'il construit avec beaucoup d'ironie et de tendresse et dont la bande-son très rock and blues, d'où est tiré le titre du livre, donne l'ambiance.

Biographie de l'auteur
Arni Thoraninsson est né en 1950 à Reykjavik, où il vit actuellement. Après un diplôme de littérature comparée à l'université de Norwich en Angleterre, il travaille pour différents grands journaux islandais. Il participe à des jurys de festivals internationaux de cinéma et a été organisateur du Festival de cinéma de Reykjavik de 1989 à 1991. Ses romans sont traduits en Allemagne et au Danemark. Il est également l'auteur de "Le Temps de la sorcière".

Mon avis : (lu en mars 2009)
C’est le second roman d’Arni Thoraninsson après "Le Temps de la Sorcière". On retrouve les personnages du premier roman : Einar, ancien alcoolique, est journaliste au Journal du Soir. Il vit à Akureyri, ville du Nord de l'Islande. Il a une perruche Snaelda, une fille Gunnsa. Et fréquente assidûment le commissaire principal Olafur Gisli.
Au nord de l’Islande, la nuit est interminable ou alors en août, le jour dure longtemps. Aussi, les commerçants de la ville organisent une grande fête et c’est l’occasion de se saouler, de se droguer, de commettre toutes sortes d’agressions, parfois de violer. Ces réjouissances attirent une foule considérable, des touristes islandais et étrangers. Durant cette période, Einar fait un reportage dans une maison qui a la réputation d’être hantée. Peu de temps après, il est contacté par une femme anonyme qui lui demande de retourner dans la maison car une jeune fille vient d’y être assassinée.
L’histoire va prendre son temps pour s’installer. Le cadre policier est presqu’un alibi pour dresser un tableau social de l’Islande. L’auteur nous décrit un pays comme les autres, et la déroute financière qui déstabilise aujourd'hui l'Islande est là pour le démontrer que l'Islande n'est pas hors du monde, qu’elle subit les mêmes violences, et qu’on y meurt aussi étrangement qu'ailleurs…
Les personnages sont attachants et le dépaysement est total.
On apprend également beaucoup sur l’Islande par exemple que les noms des hommes se terminent en –son et ceux des femmes en – dottir car dans ce pays les noms de famille sont rares et que le nom qui suit le prénom est en réalité le prénom du père ou de la mère. Ainsi on appelle Asbjörg : Asbjörg Sigrunardottir Absjörnsdottir car elle est la fille de Sigrun et d’Asbjörn et on appelle Gisli Leopoldsson, le fils de Leopold…

Ce style de policier est différent des livres ("La cité des jarres", "La femme en vert", "La voix", "L’homme du lac") d'Arnaldur Indridason, également islandais, mais j’ai pris beaucoup de plaisir et d’intérêt à le lire.

Extrait : (page : 144)
Comment vais-je me débrouiller, moi ? Voilà la question.
Et comment expliquez-vous que je me dépatouille de la Question du jour en demandant aux gens : les Islandais sont-ils dévergondés ?
Les réponses que je récolte avec August Orn dans la rue piétonne sont les suivantes :
Une jeune lycéenne de dix-huit ans : non, c'est seulement que nous aimons la vie et que nous n'avons pas honte de nous adonner au sexe.
Un homme âgé d'une cinquantaine d'années : les Islandais sont plutôt libres en ce qui concerne le sexe. Fort heureusement. Comment ferions-nous autrement ?
Une femme de plus de soixante-dix ans : cela a beaucoup changé depuis que j'étais jeune. A cette époque-là, tout était interdit. Aujourd'hui, on fait tout ce qu'on veut. Je suis incapable de dire quelle est la meilleure solution, ne connaissant d'expérience que la première.
Un jeune homme de 21 ans : les Islandais sont aussi chauds lapins que les autres. La différence, c'est peut-être qu'eux, ils osent y remédier.

Extrait : (p.163)
Qu'est-ce que ça donne si j'enlève le l et le s d'une femme toute nue et que j'ajoute un t et un a ?
N'y a-t-il donc aucune limite à ce que je suis capable de supporter de la part des gens ?
A trois heures du matin, j'arpentais toujours la salle à manger, horripilé, l'esprit torturé par cette pantalonnade ridicule. Si Victoria ou, du moins, la femme qui se présentait à moi sous cette identité, a monté toute cette mascarade afin de me ridiculiser et, du même coup, rouler la police dans la farine, quel but poursuivait-elle ?
J' ai fait défiler dans mon esprit l'historique de nos
relations, depuis son premier coup de fil jusqu'au dernier, en repensant aux moments que nous avions passés ensemble à Reykjavik et à l'infime quantité d'informations tangibles contenues dans ses propos, qui relevaient le plus souvent d'énigmes insolubles.

 

16 mars 2009

La fille de l'Irlandais - Susan Fletcher

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Plon - janvier 2006 - 310 pages

J'ai lu - mars 2008 - 318 pages

traduit de l'anglais par Marie-Claire Pasquier

Présentation de l'éditeur
Eve Green, huit ans, de père inconnu, sa mère subitement morte, se trouve renvoyée chez ses grands-parents dans un petit village du beau et sauvage pays de Galles. Un univers dur, où les mesquineries et le mépris jalonnent sa vie d'écolière. Un jour, la plus jolie fille de la classe disparaît, et le microcosme villageois se met en ébullition : enquête, soupçons, mensonges, faux témoignages, vengeance, culpabilité - à huit ans, c'est une drôle d'éducation à la vie qui lui tombe dessus. Seuls deux amis réussissent à gagner sa confiance, jusqu'au jour où l'un d'eux disparaît à son tour... Vingt ans plus tard, enceinte de son premier enfant, Eve remet en place, dans la sérénité et dans l'amour, le puzzle de sa vie ; et il en surgit ce magnifique conte d'innocence perdue, de paix et de bonheur retrouvés, de mystères résolus. Ce livre, couronné par les deux prix littéraires les plus prestigieux attribués aux premiers romans en Grande-Bretagne (le Whitbread et le Betty Trask Award), s'est déjà vendu à 200 000 exemplaires en Angleterre.

Biographie de l'auteur
Susan Fletcher est née dans les West Midlands en 1979. La fille de l'Irlandais est son premier roman.

Extrait :

"Sur une feuille blanche, ma mère a écrit : Hier soir, je suis allée sur le chemin, le sien. Mes jambes m’ont conduite là, à travers les fougères, et je me suis assise de nouveau sur la clôture. D’où viennent les taches de rousseurs ? Je lui demanderai. Les chauves-souris étaient sorties et j’ai passé près de deux heures à les regarder.

Je ne connais ni son nom de famille, ni son âge même. Mais c’est le début de quelque chose. Je suis juste au bord. Je l’écris et je le sais.

Elle avait raison, bien sûr.

Quand j’avais sept ans, il s’est passé trois choses.

Au printemps, j’ai appris à écrire mon nom en entier. Cela a pris des semaines, mais quand j’ai su enfin recopier les quinze lettres d’affilée, je les ai écrites partout – dans les livres, sur les meubles, sur mon assiette avec du Ketchup, sur mon bras avec un Bic, sur les fenêtres avec ma salive. Une fois j’ai gravé mon nom au-dessus de la plinthe dans les cabinets du rez-de-chaussée. Ma mère ne s’en est jamais aperçue, mais moi je savais qu’il était là. Je restais sur le siège, à balancer mes jambes et à admirer mon œuvre sous le lavabo. Tracée au pastel.

L’été, j’ai attrapé une insolation. J’avais passé l’après-midi dans le jardin à chercher des vers de terre. Les dalles étaient trop chaudes pour qu’on puisse marcher dessus et le toit de la remise devenait tout mou. Le soir, j’étais écarlate. Elle m’a plongée dans un bain froid et m’a badigeonnée de calamine, mais cela n’a pas suffi. Je n’ai pas pu dormir pendant trois jours. J’étais fiévreuse, grognon, et les draps collaient à mes cloques. Quinze jours plus tard, de nouvelles taches de rousseur sont apparues.

Et dix jours avant Noël, je l’ai perdue."

Mon avis : (lu en mars 2009)

Très belle histoire de cette petite fille de huit ans qui perd sa maman et qui va vivre chez ses grands-parents dans la campagne du Pays de Galles. Sa chevelure rousse ne lui attire pas que des amis, une petite fille du village va disparaître, elle-même recherche des informations sur son père…

Eve Green, enceinte, cherche à se souvenirs et à comprendre les faits qui se sont passés lorsqu’elle avait huit ans. Un récit fait avec l’œil d’un enfant de huit ans sur des histoires d’adultes. Ce livre est construit un peu comme un policier car on rassemble peu à peu les éléments de la vie d’Eve comme pour un puzzle pour comprendre les mystères qui entourent son enfance. Ce livre est très touchant tout comme Eve.

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