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A propos de livres...

3 octobre 2009

Darling – Jean Teulé

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Julliard – septembre 1999 – 242 pages

Pocket – avril 2000 – 242 pages

Pocket – novembre 2007 – 242 pages

Présentation de l'éditeur
Elle voulait qu'on l'appelle " Darling ". Elle y tenait ! Pour oublier les coups reçus depuis l'enfance, les rebuffades et les insultes, pour effacer les cicatrices et atténuer la morsure des cauchemars qui la hantent. Elle voulait que les autres entendent, au moins une fois dans leur existence, la voix de toutes les " Darling " du monde. Elle a rencontré Jean Teulé. Il l'a écoutée et lui a écrit ce roman.

Auteur : Né à Saint-Lô en 1953, homme aux multiples facettes, Jean Teulé a commencé par la bande dessinée, avant de se lancer dans l'univers du petit écran avec des émissions comme 'L' Assiette anglaise', aux côtés de Bernard Rapp, ou 'Nulle part ailleurs sur Canal +'. Mais c'est bel et bien l'écriture qu'il préfère. Il commence donc à publier des romans comme 'Rainbow pour Rimbaud' en 1991 - qu'il adapte ensuite au cinéma - ''Darling' en 1998, 'O'Verlaine' en 2004 ou encore 'Le Magasin des suicides' en 2007. L'année suivante, il se plonge à nouveau dans la littérature et offre 'Le Montespan', un roman historique drôle salué par la critique.

 

Mon avis : (lu en 2000 et relu en septembre 2009)

C'est une histoire dure et bouleversante. C'est une histoire vraie. Darling c’est Catherine Nicolle, elle est allée rencontrer Jean Teulé pour lui raconter sa vie. Une vie de souffrance depuis sa plus tendre enfance. Elle n’est pas aimée par ses parents, des paysans qui préfèrent ses frères, elle ne veut pas « devenir paysante » et elle rêve de d’épouser un routier. Son rêve se réalisera mais dès le jour du mariage sa vie tourne au cauchemar : son mari, Joël, dit Roméo est alcoolisé et violent, elle aura 3 enfants Kevin, Tom et Océane qui eux aussi seront des victimes. Un jour, elle coupe la corde avec laquelle Roméo venait de se pendre, et elle s’en voudra toujours de lui avoir sauvé la vie !

Malgré cette vie de martyre, Darling a une force surprenante pour rebondir et aller de l’avant.

L'auteur utilise un style assez désinvolte qui permet de prendre de la distance avec la réalité sordide et cruelle du sort de la pauvre Darling. Il intercale aussi dans le récit des extraits de ses dialogues avec Darling. A travers ses dialogues, on ressent parfaitement toute l’humanité de Jean Teulé.

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A partir de ce livre un film a été réalisé par Christine Carriere avec Marina Foïs et Guillaume Canet. Il est sortie novembre 2007. Je ne l’ai pas vu.

Extrait : (page 16)

- Maman m'a souvent accusée d'avoir déclenché la panique à cette Saint-Luc de 65. Chaque fois qu'elle était en colère, elle me le reprochait : « Tu as toujours été une emmerdeuse ! Déjà, deux heures avant ta naissance, tu as gâché la fête et fait chier le monde ! » « Toi aussi, maman, je t'ai fait comme tu dis ? » « Oui ! » qu'elle me répondait... De toute façon, moi, c'est vrai que partout où je suis passée, ça été la merde. Par exemple, la première fois où je suis allée à la messe, le curé est mort pendant le sermon ! J'étais toute petite. Je ne devais pas avoir quatre ans...

Lorsqu'elle était très jeune, quelquefois, le jeudi, pendant que les deux fils aidaient la mère aux travaux agricoles, Georges emmenait sa fille avec lui, chez des fermiers de la régions, pour y acheter des vaches. Mais comme Catherine en avait peur, ce jour-là, sur la place d'un village, son père lui dit : - Pendant que je négocie les bestiaux, toi, file à la messe. Ça ne te fera pas de mal ! Et puis quand ce sera fini, tu me rejoindras dans la bétaillère. Et il mit sa casquette pour aller discuter tandis que l'enfant se dirigeait vers l'église... Mais en revenant, Georges retrouva sa fille sur le siège du passager, buvant un Fanta orange qu'une dame lui avait offert en lui disant : « Ma pauvre petite, c'est tout de même pas de chance... »

Le père surpris dit à Catherine : - Déjà là, toi ? Tu n'es pas allée à la messe alors, désobéissante !

- Si papa, mais quand le curé m'a vu, il est mort... Alors Georges, pendant qu'elle buvait sans faire attention, lui a retourné le revers d'une main de maquignon dans la figure.

- Ça m'a cassé le goulot dans la bouche. Regarde, j'ai encore la lèvre fendue, là, à l'intérieur. De toute façon, moi, il n'y a pas un pouce de ma chair ou de mon âme qui ne porte pas la marque d'une mutilation, qui ne soit la mémoire d'une plaie, alors...

Alors, malgré l'agitation qui régnait devant l'église, Georges, enfonçant son propre mouchoir dans la bouche de sa fille pour panser la plaie du goulot et surtout ne plus l'entendre, lui déclara en démarrant : - Raconteuse d'histoires ! C'est la dernière fois que je t'emmène avec moi. T'es trop conne !

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30 septembre 2009

Le liseur – Bernhard Schlink

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Gallimard – juin 1999 – 201 pages

Folio – février 1999 – 242 pages

Quatrième de couverture
A quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de des études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Accablée par ses coaccusées, elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l'insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais. Il la revoit une fois, bien des années plus tard. Il se met alors, pour comprendre, à écrire leur histoire, et son histoire à lui, dont il dit : "Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hanna soit en quelque sorte le destin de ma génération que j'aurais moins bien su camoufler que les autres ?"

Auteur : Bernhard Schlink est né le 6 juillet 1944 à Bielefeld (Allemagne). Il étudie le droit à Heidelberg et à Berlin, et exerce comme professeur à Bonn et à Francfort. Depuis 1992, il est professeur de droit public et de philosophie du droit à l'université de Humboldt à Berlin. En 1987, il est également devenu juge au tribunal constitutionnel du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il a débuté sa carrière comme écrivain par plusieurs romans policiers, dont le premier, Brouillard sur Mannheim, en collaboration avec Walter Popp. L'un de ces romans (Die gordische Schleife) a obtenu le prix Glauser en 1989. En 1995 il publie Der Vorleser (Le liseur, publié en France en 1996), un roman partiellement autobiographique. Ce livre devient rapidement un best seller et est traduit dans 37 langues. Il a été le premier livre allemand à arriver en première position sur la liste de best-sellers publiée par le New-York Times. En 1997 il a obtenu le prix Hans Fallada, une récompense littéraire allemande et le prix Laure Bataillon, prix décerné à des œuvres traduites en Français. En 1999 il a reçu le prix de littérature du journal 'Die Welt'.

Mon avis : (lu en septembre 2009)

J'ai découvert cet auteur en lisant "Le week-end" en juin dernier. Ce nouveau livre "Le liseur" m'a bouleversée. Ce livre se lit facilement, les chapitres sont courts et le récit nous incite sans cesse à lire le suivant sans lâcher le livre...L'histoire se déroule en trois parties. La première partie a lieu à la fin des années 50, Michaël, lycéen de 15 ans rencontre par hasard Hanna, femme de 35 ans, ils deviennent amants. Pendant près de six mois, Michaël va vivre sa première passion amoureuse. A chacune de leur rencontre, Hanna demande également à Michaël de lui faire la lecture. Et une jour, brutalement, Hanna disparaît sans explication. La deuxième partie se situe sept ans plus tard, Michaël est alors étudiant en droit. Alors qu'il assiste à un procès pour crime de guerre, il découvre avec stupeur qu'Hanna fait partie des accusés. Elle est très maladroite pour se défendre et est condamnée à la prison à perpétuité. Michaël devine alors le secret d'Hanna. La dernière partie commence avec l'après procès. Quelques années plus tard Michaël renoue avec Hanna en lui envoyant des livres enregistrés sur cassettes en prison... Hanna est un personnage mystérieux et secret que l'on va découvrir peu à peu au fil des pages .

Avec ce livre l'auteur ne nous raconte pas seulement une histoire d'amour. En effet, il nous parle des sentiments de l'Allemagne qui affronte son passé et des difficultés pour une jeunesse qui doit juger et condamner la génération de leurs parents. Il nous fait réfléchir sur la responsabilité, la culpabilité, et parfois l’indifférence face aux crimes de guerre.

Ce livre est très fort et ne peut nous laisser indifférent. A lire absolument !

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Une adaptation cinématographique "the Reader" a été réalisé par Stephen Daldry avec Kate Winslet, Ralph Fiennes, David Kross. Le film est sortie en France en juillet 2009.

Extrait :

Des années plus tard, je m'avisai que ce n'avait pas été simplement à cause de sa silhouette que je n'avais pu détacher mes yeux d'elle, mais à cause de ses attitudes et de ses gestes. Je demandai à mes amies d'enfiler des bas, mais je n'avais pas envie d'expliquer pourquoi, de raconter le face-à-face entre cuisine et entrée. On croyait donc que je voulais des jarretelles et des dentelles et des fantaisies érotiques, et on me les servait en posant coquettement. Ce n'était pas cela dont je n'avais pu détacher les yeux. Il n'y avait eu chez elle aucune pose, aucune coquetterie. Et je ne me rappelle pas qu'il y en ait jamais eu. Je me rappelle que son corps, ses attitudes et ses mouvements donnaient parfois une impression de lourdeur. Non qu'elle fût lourde. On avait plutôt le sentiment qu'elle s'était comme retirée à l'intérieur de son corps, l'abandonnant à lui-même et à son propre rythme, que ne venait troubler nul ordre donné par la tête, et qu'elle avait oublié le monde extérieur. C'est cet oubli du monde qu'avaient exprimé ses attitudes et ses gestes pour enfiler ses bas. Mais là, cet oubli n'avait rien de lourd, il était fluide, gracieux, séduisant - d'une séduction qui n'est pas les seins, les fesses, les jambes, mais l'invitation à oublier le monde dans le corps.

À l'époque, je ne savais pas cela - si du moins je le sais aujourd'hui, et ne suis pas en train de me le figurer. Mais en réfléchissant alors à ce qui m'avait tant excité, l'excitation revint. Pour résoudre l'énigme, je me remémorai le face-à-face, et le recul que j'avais pris en me faisant une énigme disparut. Je revis tout comme si j'y étais, et de nouveau je ne pouvais plus en détacher les yeux.

28 septembre 2009

Ad vitam aeternam – Thierry Jonquet

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Seuil – mars 2002 – 397 pages

Points – octobre 2006 – 350 pages

Quatrième de couverture :
Anabel a vingt-cinq ans. Elle travaille dans une boutique où l'on pratique le piercing et d'autres techniques un peu plus hard core. Elle se lie d'amitié avec un étrange propriétaire de magasin de pompes funèbres. Ensemble, ils vont mettre à rude épreuve les projets de la grande Faucheuse... Thierry Jonquet frôle le fantastique pour délivrer, crescendo, un suspense haletant.

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' (1984), 'La Bête et la belle', 'Les Orpailleurs' (1993), qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Les événements dramatiques de l’été 2003 ont inspiré Thierry Jonquet qui nous offre, avec Mon vieux, un texte captivant sur l’étonnante réaction humaine devant l’adversité. 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

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Mon avis : (lu en septembre 2009)

Anabel, 25 ans, est une ancienne infirmière et une ancienne détenue. Elle travaille dans une boutique de piercing proche du canal Saint-Martin. Tous les jours, à l'heure du déjeuner, elle croise Monsieur Jacob, entrepreneur de pompes funèbres.

En parallèle, après plus de trente ans passées en prison, Ruderi est libéré. Sa victime, une femme mutilée, fait appel à un tueur professionnel, Oleg pour le suivre et se venger.

Mais nous irons de surprises en surprises car si tout tourne autour de la Mort ce livre n'est pas seulement un polar mais a aussi un côté fantastique. Je l'ai lu sans déplaisir mais certaines scènes décrites sont parfois un peu trop noire et morbide pour moi.

Extrait : (page 9)

La première fois qu'Anabel croisa Monsieur Jacob, ce fut dans le square, à quelques pas de la boutique. Elle s'y rendait souvent, à chaque pause que Brad lui octroyait. Brad était une loque. Six mois consacrés à le côtoyer l'avaient amenée à s'en convaincre. Trois semaines, trois jours, voire trois heures auraient suffi. Un médiocre qui aurait bien voulu en jeter, frimer, et se contentait d'épater toute une galerie de tocards, de barjots. Lesquels payaient ses services au prix fort, cash. Brad était impitoyable avec la clientèle, il ne faisait aucun crédit, quelle que soit la durée ou la nature de la prestation. C'est aux États-Unis – il disait « aux States » - qu'il avait appris les rudiments du métier, dans les années 70. Il ne s'appelait pas réellement Brad, mais plus prosaïquement Fernand. Dans sa branche, mieux valait porter un prénom à consonance exotique, on peut le comprendre. Le marketing a certaines exigences.

Anabel avait fait sa connaissance alors qu'il venait de subir une rupture amoureuse. Il approchait la cinquantaine et sa dulcinée en ayant vingt-cinq de moins, elle ne tenait pas à s'attarder davantage. Déprimé, meurtri dans son ego, Brad avait arrêté le body-building et se consolait au pur malt. En quelques mois, il se mit à grossir, ce qui le rendit encore plus dépressif. Il ne pouvait plus porter les tee-shirts ultra-moulants qu'il affectionnait auparavant et tentait de camoufler la débandade à l'aide de chemises amples. Il n'empêche. Sa belle gueule s'empâtait irrésistiblement, ses fesses et ses cuisses se chargeaient de cellulite. Au-delà des apparences, déjà alarmantes, plus en profondeur, son organisme gorgé de stéroïdes anabolisants, de créatine et d'hormones de croissance commençait à lui réclamer des comptes. La facture risquait d'être salée. Jour après jour, Anabel évaluait le désastre d'un regard dont elle ne cherchait même pas à dissimuler la cruauté.

Elle ne se demandait plus comment elle avait pu aboutir dans un tel cloaque. Il y a une raison à tout, le hasard n'était nullement en cause. Qui se ressemble s'assemble. Lorsqu'elle ouvrait les yeux, à l'aube, dans ces moments fugaces d'intense lucidité qui succèdent au sommeil, même le plus profond, Anabel en convenait volontiers : à tout bien considérer, chez Brad, elle était à sa juste place. Une paumée parmi les déjantés. Elle essayait juste de sauver sa peau. De rétablir un semblant de normalité dans une vie à la dérive.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

Ils_sont_votre__pouvante Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

les_orpailleurs_p Les orpailleurs  mon_vieux Mon vieux

du_pass__faisons_table_rase_p Du passé faisons table rase

27 septembre 2009

Contretemps - Charles Marie

Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book - Aux forges de Vulcain

contretemps Aux forges de Vulcain – août 2009 – 163 pages

Quatrième de couverture :

« Assis par terre dans sa chambre devant le thé au goût de vieille terre moite qu’il affectionnait, il méditait sur la meilleure façon de retrouver le disparu. Ce qu’il lui fallait, c’était une méthode. Une méthode de recherche. Comme il n’avait jamais cherché à retrouver personne auparavant, il prit pour point de départ l’agonie familière que lui infligeait la disparition quotidienne de ses clés, évaporées. Il retournait alors chaque objet de son appartement, soupçonnant des pires conspirations des recoins où il n’était pourtant jamais allé, en découvrant ainsi beaucoup de nouveaux, les retrouvant finalement, le plus souvent dans sa poche, parfois sur la porte, du coté extérieur. Il décidait alors, épuisé, de remettre ses projets à plus tard et de demeurer à l’intérieur pour le moment. Il était le genre d’homme à qui l’expérience n’apprend jamais rien. Ce qu’il savait, il le savait d’instinct ou du fait de ses lectures, mais ce que le monde tentait de lui enseigner par les événements, il l’oubliait toujours. »

Auteur : Charles Marie, né en 1980, est avocat et vit à Paris. Contretemps est son premier roman.

Mon avis : (lu en septembre 2009) 

C’est le premier livre de la Collection Littératures de la jeune maison d’édition Aux forges de Vulcain. J’ai accepté de lire ce livre que me proposait le site Blog-O-Book vraiment par curiosité car j’ai beaucoup de mal à refuser de lire un livre qu’on me propose…

Melvin est recruté anonymement pour retrouver Bruno Bar, un ami qu'il a perdu de vu. Melvin part du principe que l'on retrouve facilement que ce que l'on ne recherche pas et il part donc un peu par hasard pour Florence. Il y rencontre une très jolie femme, Lorraine qui l’invite à une soirée dans les catacombes. Une fusillade a lieu lors de cette soirée et Melvin découvre alors que deux clans s’affrontent la Banque et la Catacombe. Brutalement, il quitte Florence pour Budapest où il croit voir Bruno Bar…

Cela commence comme un vrai roman policier avec de l’action, des surprises, du fantastique aussi, mais j’ai été vite perdue dans une intrigue qui part dans tous les sens et j’ai péniblement terminé le livre sans vraiment de plaisir. J'avoue ne pas être une fan des livres fantastiques, c'est peut-être cela qui m'a empêché d'apprécier ce livre. Sinon j’ai été perturbée par la construction du livre avec des petits chapitres de quelques pages qui se succèdent les uns les autres sans passer à la page suivante. D’autre part, la typographie est un peu petite et rend fatigante la lecture.

J'ai voulu avoir un autre avis, celui de mon fils qui est un grand lecteur de livres de science-fiction et de fantastique. Il a trouvé l'intrigue et les personnages très sympa mais au milieu du livre l'histoire est un peu confuse.

Merci aux éditions Les forges de Vulcain pour cette découverte.

Extrait : (page 7 – Briser la glace)

Melvin adorait prendre le train. Et cette fois-ci ne dérogeait pas : l'idée que ce train précis, dans lequel il était depuis une heure, arriverait à Florence le lendemain matin, quoi qu'il advint ou presque, lui était particulièrement douce. C'était comme si, dans un monde d'incertitudes et de libre arbitre, les principes ployaient sous la force des rails, et le destin redevenait maître de sa vie. Il s'achetait toujours un billet de train avec le sourire de l'homme qui échappe à ses ennemis, certain d'avoir, pour quelques heures, réussi à rétablir l'inexorable au sein de sa vie. Il ne lui restait qu'à se débarrasser du costumé qui gesticulait devant lui pour en goûter pleinement l'abandon souverain.

Cet homme, dont Melvin souhaitait désespérément le départ, c'était le contrôleur, qui ne comprenait pas que l'on puisse réserver une cabine double alors que l'on était seul, dans le but, précisément, de la rester. C'était un de ces hommes qui croit à la communauté des hommes. Il aurait été plus prompt à admettre l'existence d'une femme invisible et sa présence dans la cabine que la possibilité d'homme prêt à payer deux fois plus cher pour pouvoir voyager seul. Il semblait donc décidé à rester discuter le plus longtemps possible afin de neutraliser le bénéfice de cet acte inhumain. Il fallait y mettre fin. Mais comment se débarrasser d'un humaniste ? La maladie. Tout le monde fuyait devant la maladie.

Livre lu dans le cadre du partenariat logotwitter_bigger et LOGO4_large

26 septembre 2009

La Théorie du panda – Pascal Garnier

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Présentation de l'éditeur
Grâce à ses talents de cuisinier et son charisme indolent, Gabriel - à peine débarqué dont ne sait où - tisse des liens très forts avec les habitants d'une petite ville de Bretagne : une bien belle réceptionniste d'hôtel, deux junkies au bout du rouleau et surtout José, le patron du Faro, dont la femme est à l'hôpital. pareil au panda en peluche échoué sur le comptoir du Faro, Gabriel offre sa personne et son temps à celles et ceux qui viennent à lui, plus surpris ou séduits que méfiants. Et pourtant, s'ils savaient... Une fois de plus, Pascal Garnier déploie ici tout son charme.

Biographie de l'auteur
La vie de Pascal Garnier est à elle seule toute une histoire. On retiendra surtout qu'il est une figure originale du roman contemporain. Il a élu domicile dans un petit village d'Ardèche où il peint, et écrit aussi pour la jeunesse. On ne s'étonnera pas qu'il ait reçu le Grand prix de l'Humour noir (2006). Après les Hauts du bas, l'A26 ou Comment va la douleur ? (Livre de Poche, 2008), la Théorie du panda confirme, si besoin était, son immense talent.

 

Mon avis : (lu en septembre 2009)

Gabriel arrive d'on ne sait où dans un hôtel d'une petite ville de Bretagne. Très vite il sympathise avec José le patron d'un bar-restaurant, dont l'épouse est hospitalisée, puis avec Madeleine la réceptionniste de l'hôtel. Grâce à ses talents de cuisinier, il tente de faire du bien autour de lui en aidant les autres. Qui est réellement Gabriel ? Pourquoi a-t-il atterri dans cette petite ville ? au fil des chapitres on va découvrir l'histoire passé de Gabriel. Et la fin du livre a été pour moi totalement inattendue. Ce livre est à la fois plein d'humanité, d'humour (souvent noire) et de surréalisme. Je n'ai pas totalement adhéré à l'histoire, j'ai fini le livre en ressentant un certain malaise. En conclusion je suis déçue, j'espérais mieux.

Livre déjà lu du même auteur : Lune captive dans un œil mort

Extrait : (début du livre)

Il est assis, seul au bout d'un banc. C'est un quai de gare désert où s'enchevêtrent des poutrelles métalliques sur fond d'incertitude. La gare d'une petite ville de Bretagne, enfin, celle de l'intérieur, la mer est loin, insoupçonnable, rien de pittoresque. Il flotte dans l'air une vague odeur de lisier. Une pendule propose 17h18. Tête baissée, les coudes sur les genoux, il regarde les paumes de ses mains sales. Pas vraiment sales mais poisseuses de cette sueur grise, sous les ongles surtout, celle des autres qui ont touché avant avant vous les poignées, les accoudoirs, les tablettes. Il les referme, redresse la tête. Parce que l'immobilité totale qui l'entoure semble le provoquer, il se lève, empoigne son sac de voyage, remonte le quai sur une dizaine de mètres et emprunte le passage souterrain en direction de la sortie. Il ne croise personne.

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24 septembre 2009

Le verdict du plomb – Michael Connelly

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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Robert Pépin

Présentation de l'éditeur
La situation commence à s'arranger pour l'avocat Mickey Haller blessé à la fin de La Défense Lincoln. Après deux ans de soins, il hésite encore à reprendre du service lorsqu'il se retrouve à la tête du cabinet de son ami l'avocat Jerry Vincent, assassiné. Haller hérite d'une énorme affaire, la défense de Walter Elliot, un magnat du cinéma accusé d'avoir tué son épouse et l'amant de cette dernière. Mais alors qu'il se prépare pour ce procès qui pourrait faire de lui une célébrité, il découvre que lui aussi est en danger. Entre alors en scène un Harry Bosch qui, comme à son habitude, est prêt à tout, y compris à se servir d'Haller pour arrêter le meurtrier de Jerry Vincent. Mais, les enchères montant, tous deux comprennent que malgré ce qui les sépare ils n'ont pas d'autre choix que de travailler ensemble.

Biographie de l'auteur
Né à Philadelphie, Pennsylvanie le 21 juillet 1956, c'est en lisant les romans de Raymond Chandler que Michael Connelly décide de se consacrer à l'écriture. Il étudie alors la technique de l'écriture et le journalisme à l'université de Floride où enseigne le romancier Harry Crews. Le diplôme obtenu, il se lance dans le journalisme et écrit pour les journaux Fort Lauderdale et Daytona Beach. Il s'intéresse tout particulièrement au crime et couvre 'la guerre de la drogue', période pendant laquelle la Floride connut une vague de violence inattendue. En 1986, une enquête sur les rescapés d'un crash d'avion lui vaut d'être cité pour le prix Pulitzer et de travailler pour le prestigieux Los Angeles Times. Il publie son premier roman 'Les Egouts de Los Angeles' en 1992 dont le héros tourmenté, l'inspecteur Harry Bosch, deviendra un héros récurrent dans son oeuvre. On le retrouvera entre autres dans 'L' Envol des anges' et 'Lumière morte'. Récompensé dans de nombreux pays, Connelly puise son inspiration de son expérience de journaliste, de faits divers et de sa fascination pour le rapport ambivalent de l'homme face au crime et à la justice. Après 'Los Angeles River' en 2004 et 'Deuil interdit' en 2005, il offre au public une nouvelle enquête de Bosch dans 'Echo Park' en 2007. Véritables best-sellers, les romans de Michael Connelly font de lui l'un des maîtres incontestés du roman noir. Il vit en Floride avec sa femme et sa fille.

Mon avis : (septembre 2009)

C’est premier livre que je lis de cet auteur et j’ai passé un très bon moment.

Après deux ans d’arrêt, Mickey Haller avocat, il hérite de la clientèle de son confrère Jerry Vincent qui vient d’être assassiné dans le parking de son bureau. Il recrée alors son équipe avec Lorna Taylor, son assistante et Cisco, son enquêteur, car il va devoir défendre une dizaine de jours plus tard un très gros client : Walter Elliot, magnat du cinéma. Il est accusé d’avoir tué sa femme et son amant. Il ne semble pas très impliqué dans son procès mais il n’a qu’une exigence : le procès doit avoir lieu à la date prévue. En parallèle, l'inspecteur Harry Bosch enquête sur le meurtre de Jerry Vincent.

A partir d’une intrigue qui nous tient en haleine, Michael Connelly nous parle du travail de l’avocat. Il nous donne également des détails intéressants sur le fonctionnement de la justice américaine et dénonce certains de ses travers.

Extrait : (début du livre)

« Tout le monde ment. Les flics. Les avocats. Les témoins. Les victimes. Le procès n’est que concours de mensonges. Et dans la salle d’audience, tout le monde le sait. Le juge. Les membres du jury, même eux. Tous, ils viennent au prétoire en sachant qu’on va leur mentir. Tous, ils prennent place dans le box et sont d’accord pour qu’on leur mente. L’astuce, quand on s’installe à la table de la défense, est de se montrer patient. D’attendre. Pas n’importe quel mensonge, non. Seulement celui dont on va pouvoir s’emparer et, tel le fer porté au rouge, transformer en une lame acérée. Celle dont on va pouvoir se servir pour d’un grand coup éventrer l’affaire et lui répandre les boyaux par terre. Mon boulot, c’est de forger cette lame. De l’aiguiser. Et de m’en servir sans pitié ni conscience. D’être enfin la vérité en un lieu où tout n’est que mensonges. »

22 septembre 2009

Maus : un survivant raconte - Art Spiegelman

maus1 1 - Mon père saigne l'histoire

Flammarion – janvier 1994 – 159 pages

Prix Pulitzer 1992

maus2 2 - Et c'est là que mes ennuis ont commencé

Flammarion – janvier 1994 – 135 pages

Maus L'Intégrale, Maus : un survivant raconte

Flammarion – novembre 1998 – 296 pages 

Description
Maus raconte la vie de Vladek Spiegelman, rescapé juif des camps nazis, et de son fils, auteur de bandes dessinées, qui cherche un terrain de réconciliation avec son père, sa terrifiante histoire et l'Histoire. Des portes d'Auschwitz aux trottoirs de New York se déroule en deux temps (les années 30 et les années 70) le récit d'une double survie : celle du père, mais aussi celle du fils, qui se débat pour survivre au survivant. Ici, les Nazis sont des chats et les Juifs des souris.

Auteur : Art Spiegelman est un illustrateur et auteur de bande dessinée américain, né le 15 février 1948 à Stockholm (Suède). Figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 1970-1980, il est à partir du milieu des années 1980 surtout connu pour sa bande dessinée Maus, qui lui a valu un Prix Pulitzer. C'est également un illustrateur reconnu. Il vit à New York avec sa femme, Françoise Mouly.

Mon avis : (lu en septembre 2009)

C'est un témoignage d'une force exceptionnelle. Art Spiegelman nous raconte l’histoire de son père, juif en Pologne au pire moment et rescapé d'Auschwitz. Il nous raconte aussi son histoire à lui aussi : Art, le fils, part à la recherche de la mémoire de Vladek, le père. Les relations sont difficiles entre le père et le fils, ils se chamaillent sans cesse et les deux histoires s'entremêlent habilement : les dialogues entre père et fils où Art essaie de soutirer la mémoire de Vladek et bien sûr les terribles souvenirs du père vrais moments d’Histoire. La vie de Vladek Spiegelman, marchand juif plus vrai qu'une caricature, est décrite sans complaisance. Sont présentes également, les persécutions nazies, depuis le début de la Seconde Guerre mondiale et l'invasion de la Pologne jusqu'à l'effondrement du Troisième Reich et l'immédiat après-guerre. Témoignage sur la Shoah, cette œuvre aborde la question de la survie à tout prix quand la loi est celle du plus fort, de l'antisémitisme juste après la Seconde Guerre mondiale.

Art Spiegelman a choisi de représenter les différentes nationalités par des animaux. Pour les Juifs, il a choisi une souris (Maus en allemand) c'est aussi en hommage à une célèbre Mouse américaine puisque le petit Mickey avait été mis à l'index des nazis.Les Allemands sont des chats, les Français des grenouilles, les Américains des chiens, les Polonais par des porcs. Les dessins permettent d'atténuer l'horreur que constitue ce qu'ont vécu les Juifs à l'époque, tout en exprimant le caractère sombre des événements grâce à la réalisation en noir et blanc.

Le résultat est efficace, puisque cette BD ne laisse pas indifférent, marque durablement les esprits et a un impact très puissant. C’est une œuvre très pédagogique à conseiller très vivement et à faire lire également à des ados.

Extrait :

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18 septembre 2009

Villa Amalia – Pascal Quignard

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Gallimard – mars 2006 – 297 pages

Folio – août 2007 – 300 pages

Présentation de l'éditeur
Loin devant les villas sur la digue, elle se tenait accroupie, les genoux au menton, en plein vent, sur le sable humide de la marée. Elle pouvait passer des heures devant les vagues, dans le vacarme, engloutie dans leur rythme comme dans l'étendue grise, de plus en plus bruyante et immense, de la mer.

Auteur : Né à Verneuil-sur-Avre le 23 avril 1948, après des études de philosophie, Pascal Quignard entre aux éditions Gallimard où il occupe les fonctions successives de lecteur, membre du comité de lecture et secrétaire général pour le développement éditorial. Il enseigne ensuite à l'université de Vincennes et à l'Ecole pratique des hautes études en sciences sociales. Pascal Quignard a fondé avec le président François
Mitterrand le festival d'opéra et de théâtre baroque de Versailles qu'il dirige de 1990 à 1994. Il a également présidé le Concert des Nations aux côtés de Jordi Savall. Par la suite, il démissionne de toutes ses fonctions pour se consacrer à son travail d'écrivain. En digne héritier de ses premiers maîtres, Georges Bataille ou Emmanuel Levinas, Pascal Quignard explore les correspondances entre le temps, le langage, la création et le plaisir. Auteur d'essais sur la vie des grands artistes comme celle de Georges de la Tour, il est à l'origine de nombreux textes philosophiques parmi lesquels 'Le Sexe et l'effroi' (1994) ou 'La Haine de la musique' (1996). Egalement romancier, il se fait connaître du grand public avec 'Le Salon du Wurtemberg', 'Les Escaliers de Chambord' et 'Tous les matins du monde' en 1991, adapté au cinéma par Alain Corneau. En 2002, le prix Goncourt qui couronne 'Les Ombres errantes', consacre l'ensemble d'une oeuvre esthète et érudite.

 

Mon avis : (lu en septembre 2009)

Une femme suit un homme dans la nuit. Elle le découvre embrassant une autre femme. Au même instant, elle rencontre par hasard un ancien camarade de classe, Georges, perdu de vue depuis l’enfance...
Cette femme, c’est Ann Hidden, musicienne et compositeur. Sous le choc, elle décide de quitter son compagnon qui la trompe, de vendre sa maison et de recommencer une nouvelle vie. C’est un peu comme une fuite, elle part un peu au hasard. Puis elle arrive à Ischia... petite île près de Capri, au large de Naples et découvre la villa Amalia où elle va se sentir vraiment bien. Mais ce bonheur sera éphémère…

La musique est très présente tout au long du roman, tout comme l’eau : la mer en Bretagne où vit encore sa mère, les bords de l’Yonne où habite Georges, enfin la mer Tyrrhénienne face à la villa Amalia.

J’ai du mal à décrire mon impression à la lecture de ce livre. J’ai beaucoup aimé les descriptions des différents paysages, un vrai voyage ! L’histoire est prenante et on lit facilement le livre mais ensuite j’ai été déçu par la fin de l’histoire. En effet la rupture et la découverte de la villa sont très bien mais ensuite les évènements dramatiques et le retour en France m’a embrouillé l’esprit et j’ai eu l’impression d’un soufflé qui était retombé…

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Ce livre a été adapté au cinéma dans un film réalisé par Benoît Jacquot avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois, le film est sorti en avril 2009. Je ne l’ai pas vu.

Extrait : (page 145)

Tous les amants ont peur. Elle avait terriblement peur de ne pas convenir à la maison. Elle eut peur de ne pas savoir s'y prendre en lançant les travaux. Peur d'en altérer la force. Peur de rompre un équilibre. Peur aussi d'être déçue. Peur de ne pas être aussi heureuse qu'elle pensait qu'elle allait l'être quand elle avait découvert la villa pour la première fois.

Le printemps balaya la peur. Ce furent les grands jasmins sauvages.

Ce furent les buissons de roses.

Ce furent les anémones sans nombre, aux couleurs si profondes, aux beautés de soie.

Ce furent les pavots.

Elle avait aimé nager dans la mer froide qui lui rappelait la Bretagne.

Elle aima s'épuiser dans une mer devenue plus chaude et plus ombrageuse avec le printemps. La fatigue lui procurait une espèce d'euphorie, d'extase physique difficile à décrire. La mer verte ou bleue glissait sur ses épaules, glissait sur la nuque, glissait entre ses jambes, l'enveloppait de courant et de puissance. Elle ne nageait que le crawl et songeait à rebrousser chemin que quand la fatigue la prenait. Elle se mettait alors sur le dos, rêvait, puis rentrait lentement, en restant sur le dos, ou en se tournant légèrement pour ne pas être surprise par une roche, à l'indienne.

18 septembre 2009

Le poids des secrets, Tome 4 : Wasurenagusa - Aki Shimazaki

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Leméac / Actes Sud - 8 mai 2003 – 123 pages

Actes de Sud – février 2009 - 125 pages

Présentation de l'éditeur
Après un premier mariage raté, Kenji Takahashi découvre qu'il est stérile. Accablé, il quitte la maison familiale. Seule compte encore pour lui sa nurse, Sono. Lorsqu'il fait la connaissance de Mariko, qui vit seule avec son fils Yukio, il en tombe amoureux et l'épouse contre l'avis de ses parents, qui le déshéritent. Quarante-six ans plus tard, retraité et affaibli, il recherche les traces de Sono. Au moment où il retrouve sa tombe, sur laquelle est inscrit le nom de la fleur de myosotis (wasurenagusa), il découvre le secret de ses origines et le malheur qui a frappé ses parents.

Biographie de l'auteur
D'origine japonaise, Aki Shimazaki vit à Montréal. Wasurenagusa est le quatrième volet de sa pentalogie Le Poids des secrets, qui comprend également Tsubaki, Hamaguri, Tsubame et Hotaru, prix du Gouverneur général du Canada. Wasurenagusa a reçu le prix Canada- Japon.

Mon avis : (lu en septembre 2009)

Wasurenagusa signifie myosotis (ne m’oubliez pas) en japonais. Un nouveau regard, une quatrième histoire : celle de Kenji Takahashi, le père adoptif de Yukio.

Dans ce livre l’auteur nous parle de la descendance et du mariage au Japon, en effet Kenji Takahashi appartient à une vieille japonaise, par amour, il préfèrera quitter sa famille pour se marier avec Mariko « qui est d’origine douteuse » et adopter son fils Yukio. Dans les toutes dernières pages, Kenji Takahashi découvrira également un secret sur ses origines...

Je suis toujours autant touchée par cette série de livres et j’attends avec impatience de connaître la cinquième et dernière histoire avec le tome 5 : Hotaru.

Extrait : (début du livre)

Le matin du premier dimanche de mai.

Je suis assis dans un fauteuil de bambou, installé dans l’espace entre la fenêtre et la pièce de tatamis où je me couche. Un vent frais effleure ma joue. Rin… rin… rin… Au-dessus de ma tête, le fûrin de cuivre tinte doucement. Je lève les yeux, mon regard reste immobile quelques instants.

Je tiens un livre dans une main et un signet dans l’autre. C’est un ouvrage pharmaceutique, rédigé par mon collègue, monsieur Horibe. J’en ai grand besoin pour mes recherches. J’essaie de me concentrer, mais j’ai du mal à lire. Mes yeux lisent plusieurs fois les mêmes lignes. Je ne saisis pas bien le sens du contenu. Je me demande : « Qu’est-ce qui me dérange ? »

Je regarde distraitement le signet de petites fleurs séchées. La couleur est passée. Au bout est écrit un mot en katakana : niezabudoka. Je ne connais pas ce mot d’origine russe, mais ce doit être le nom de la fleur. Il s’agit d’un souvenir envoyé récemment par Sono, qui séjourne à Harbin, en Mandchourie. Chaque fois que je vois ce signet, je pense à elle. Je la connais depuis mon enfance, elle était ma nurse quand j’avais quatre ans. Elle est maintenant dans la soixantaine.

fûrin : clochette qui tinte au vent.

katakana : écriture syllabique japonais, utilisée principalement pour les mots d’origine étrangère.

16 septembre 2009

Le poids des secrets, Tome 3 : Tsubame - Aki Shimazaki

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Actes Sud – novembre 2001 – 123 pages

Actes Sud – janvier 2008 - 118 pages

Présentation de l'éditeur
Lors du tremblement de terre de 1923, qui a dévasté la région du Kanto et entraîné plus de cent quarante mille morts, la Coréenne Yonhi Kim devient, question de survie, la Japonaise Mariko Kanazawa. A la fin de sa vie, alors qu'elle est veuve, mère d'un chimiste et grand-mère de trois petits-enfants, le mystère de sa naissance lui est dévoilé : le prêtre catholique qui l'avait recueillie dans son église lors du tremblement de terre, surnommé monsieur Tsubame, était-il l'instrument du destin qui a permis à cette hirondelle de s'élancer hors du nid ?

Biographie de l'auteur
D'origine japonaise, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis 1991. Tsubame est le troisième volet de sa pentalogie Le Poids des secrets, qui comprend également Tsubaki, Hamaguri, Wasurenagusa et Hotaru. Hamaguri a remporté le prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec, Wasurenagusa le prix Canada Japon et Hotaru le prix du Gouverneur général du Canada.

Mon avis : (lu en septembre 2009)

Tsubame signifie hirondelle en japonais. La première partie du roman commence en 1923 lors d’un tremblement de terre au Japon. Yonhi a douze ans, elle est coréenne. Pour la protéger, sa mère la confie à un orphelinat catholique avant de disparaître. Yohni est accueilli par un prêtre européen surnommé Monsieur Tsubame qui lui donnera une nouvelle identité japonaise et Yohni Kim devient Mariko Kanzawa. Toute sa vie, Mariko gardera le secret de ses origines. La seconde partie se situe 59 ans plus tard, Mariko vit avec son fils Yukio, sa femme et ses enfants. C'est donc à travers les yeux de Mariko, la mère de Yukio que l'on comprend les événements dans ce nouveau tome. L’auteur met également en lumière la manière le Japon traita la Corée et les coréens au début du siècle : invasion du pays, discriminations et massacres des travailleurs coréens.

La langue est belle, le style épuré, l’histoire est touchante, je suis toujours autant éblouie par cette série de petits livres. Je vais commencer sans tarder le tome 4 : Wasurenagusa qui est dans ma PAL.

Extrait : (début du livre)

Je lève les yeux.

Couvert de nuages épais, le ciel s’étend à l’infini. Il fait anormalement chaud et humide pour une fin d’été. C’est encore tôt le matin. Pourtant, je sens ma chemise déjà trempée de sueur.

Au-dessus de moi, un couple d’hirondelles passe rapidement. Elles vont et viennet entre le toit d’une maison et un fil électrique. Elles partiront bientôt vers un pays chaud. J’aimerais bien voyager librement comme elles.

Ma mère m’a dit une fois : « Si on pouvait renaître, j’aimerais renaître en oiseau. »

Je marche dans le petit chemin qui longe l’étang, un raccourci pour aller chez mon oncle. Je dois lui remettre des épis de maïs que ma mère vient de faire cuire à l’eau. La chaleur se propage à travers le papier journal. Mon oncle travaille à la journée sur une digue d’Arakawa où l’on construit un canal d’évacuation. Il transporte de la terre et du gravier avec une brouette. « La paye est minimale, mais c’est mieux que rien. »

En passant devant l’étang, j’aperçois des acores en pleine floraison. Je m’arrête et les regarde quelques instants. Je pense : « C’est étrange. Ces fleurs ne s’épanouissent d’habitude qu’au mois de mai ou de juin. » Il n’y a pas de vent, la surface de l’eau demeure immobile.

Après un moment, je me rappelle ce que ma mère m’a dit hier soir : « On n’a pas trouvé de rats dans la maison depuis plusieurs semaines. » Pour moi, c’était une bonne nouvelle, car le bruit des rats dérangeait notre sommeil. Pourtant, le visage de ma mère me semblait inquiet.

Je jette un caillou dans l’étang. Les ronds dans l’eau s’étendent en ondulant. Je les observe jusqu’à ce qu’ils disparaissent. Puis je continue à marcher d’un pas rapide.

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