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A propos de livres...

24 février 2010

Le destin miraculeux d'Edgar Mint - Brady Udall

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (11/26)

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traduit de l'américain par Michel Lederer

Albin Michel – août 2001 – 545 pages

10x18 – mai 2003 – 544 pages

Présentation de l'éditeur :

A sept ans Edgar Presley Mint se fait écraser la tête par la voiture du facteur. Contre toute attente il survit. Commence alors pour Edgar une vie pleine de tribulations. Il passe deux ans à Saint-Divine, un hôpital peuplé de personnages délirants, il est ensuite envoyé dans un orphelinat puis placé dans une famille d'accueil des plus excentriques. C'est alors qu'il décide de partir à la quête du facteur.

Auteur : Né à Arizon en 1971, Brady Udall enseigne la littérature dans une université du Middle West. Révélé par son premier recueil de nouvelles, 'Lâchons les chiens', salué par une presse internationale, il est considéré comme l'un des écrivains américains les plus originaux de la jeune génération.

Mon avis : (lu en février 2010)

Edgar Mint est un garçon de sept ans, il est métis apache, sa mère est alcoolique et son père est parti. Edgar nous raconte le miracle dont il est le héros. Un jour, pour une raison qu'il ignore il se retrouve sous la jeep du facteur qui va lui écraser la tête. Miraculeusement sauvé par un jeune médecin, Edgar va faire un long séjour à l'hôpital, puis apprendra à se défendre dans un pensionnat enfin il est adopté par une famille de mormons. Edgar est un enfant attachant, il a beaucoup d'imagination, il est très observateur, il lutte pour s'en sortir. Son récit est plein de fraîcheur et de drôlerie, j'ai vraiment été touché par son histoire. Ce livre se lit vraiment facilement, les aventures rocambolesques sont racontées par cet enfant avec à la fois de l'humour mais parfois aussi de la cruauté et les dernières pages sont inattendues et magnifiques. A lire !

Extrait : (début du livre)
Si je devais ramener ma vie à un seul fait, voici ce que je dirais : j'avais sept ans quand le facteur m'a roulé sur la tête. Aucun événement n'aura été plus formateur. Mon existence chaotique, tortueuse, mon cerveau malade et ma foi en Dieu, mes empoignades avec les joies et les peines, tout cela, d'une manière ou d'une autre, découle de cet instant, où, un matin d'été, la roue arrière gauche de la jeep de la poste a écrasé ma tête d'enfant contre le gravier brûlant de la réserve apache de San Carlos.

C'était par une journée typique de juillet. A peine dix heures, déjà plus de 37°, et le monde baignait dans une lumière blanche aveuglante. Notre maison était particulièrement vulnérable à la chaleur, car, à l'inverse des autres logements sociaux qui bordaient la route, elle était recouverte de toile goudronnée – le revêtement extérieur n'avait jamais été posé – et il n'y avait ni arbres ni buissons pour faire de l'ombre. Dans le jardin de devant se dressait, squelette calciné, un vieux peuplier frappé par la foudre qui n'offrait pratiquement pas l'ombre jusqu'à ce que ma mère ait pris l'habitude d'accrocher des boîtes de bière aux branches noircies à l'aide de fil de pêche. Les centaines de canettes, auxquelles une bonne douzaine venait chaque jour s'ajouter, tintaient doucement quand la brise se levait, mais elles ne contribuaient guère à donner de la fraîcheur à la maison.

Lorsque le facteur s'arrêta ce jour-là devant chez nous, ma mère installée dans la cuisine aussi sombre qu'une grotte, expédiait son petit déjeuner (quatre boîtes de Pabst Blue Ribbon accompagnées d'un demi-bac de glaçons) cependant que grand-mère Paule, vêtue de jupe traditionnelle et de son sweat-shirt Mickey, broyait des glands sous la pergola tout en réussissant à ne pas transpirer. Moi, j'étais dehors à trainer au milieu des hautes herbes sur le bas-côté de la route ou peut-être à semer la panique dans une fourmilière – à la vérité, peu importe où j'étais et ce que je faisais.

Ce qui compte, c'est que le facteur, un petit gringalet dont les cheveux roux luisants de transpiration évoquaient la chair d'une citrouille, descendit de voiture pour aller dire un mot à ma mère. Ce qui compte aussi, c'est que pendant ce temps-là, quelque chose – Dieu seul sait quoi – me poussa à me glisser en dessous. Peut-être mon attention avait-elle été attirée par une page de catalogue ou un enjoliveur abandonné là, à moins que le rectangle d'ombre pourpre sous la jeep m'ait semblé constituer un bon endroit où m'abriter de la chaleur. Je dois pourtant m'interroger : peut-on imaginer que le petit Edgar de sept ans affligé d'une mère constamment soûle et déprimée et d'un père disparu dans la nature, sans oublier une folle de sorcière pour grand-mère, ait songé au suicide ? Peut-on imaginer qu'Edgar, sept ans et fatigué de tout, après avoir posé sa tête devant la roue, se soit contenté d'attendre ?

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (11/26)

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23 février 2010

Pico Bogue tome 1 : La vie et moi – Dominique Roques et Alexis Dormal

picobogue Dargaud – mai 2008 – 48 pages

Présentation de l'éditeur :

Moi, c'est Pico, un adorable petit rouquin, et la vie, c'est tout le reste : la petite sœur Ana Ana, les parents, Papic, Mamite, les copains, l'école, la plage, la gym, les fâcheries, les ours en peluche, la télé, Dieu, etc. La vie et moi, c'est le tas de problèmes que ça pose de s'arranger avec tout ça. Par exemple, perdre son statut de fils unique (vénéré) pour partager le terrain avec la petite sœur (une pétroleuse).

Auteurs : Dominique Roques, mère d'Alexis Dormal, est née en 1948 à Casablanca. Elle a eu deux fils, dont l'un s'est mis à dessiner. Ainsi en 2005, après s'être intéressée aux dessins de son fils, elle écrit des scénarios.

Alexis Dormal, fils de Dominique Roques, né en 1977 à Bruxelles. Plus tard, diplômé d'une école belge de réalisation cinéma/télévision, il part étudier le dessin à l'école Émile Cohl, à Lyon. Maintenant, il dessine et sa maman écrit les bulles...

Mon avis : (lu en février 2010)

Cet album nous raconte une suite de tranches de vie de Pico, un petit garçon avec une impressionnante chevelure rousse, qui n'a pas sa langue dans sa poche. Il a une petite sœur Ana Ana, des parents, des grands parents Mamite et Papic, des copains… Il est un peu turbulent, il a beaucoup de réparties et sait parfaitement tourner une situation à son avantage. Ses répliques sont d'une grande fraîcheur et ses remarques sont souvent naïves. J'attends avec impatience de pouvoir lire les 2 albums suivants.

Un vrai de coup de cœur ! A découvrir sans attendre !

Extraits :

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22 février 2010

Ocean's Songs – Olivier de Kersauzon

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Le Cherche-Midi – septembre 2008 – 252 pages

Le Cherche-Midi – septembre 2009 – 252 pages

Présentation de l'éditeur

Partant du principe que l'homme libre part pour apprendre et revient pour rendre compte, Olivier de Kersauson a décidé de raconter sa géographie maritime. Il fait le portrait de ses mers comme il pourrait dresser le portrait d'une femme. Il nous révèle, surtout, son destin singulier de skipper d'exception. Pour la première fois peut-être, dans Ocean's Songs, il se dévoile.

Auteur : Né à Bonnetable en 1944, Olivier de Kersauson est l'un des navigateurs français les plus connus au monde. Après dix années aux côtés d'Éric Tabarly, il est devenu le plus grand chasseur de records océaniques.

Mon avis : (lu en février 2010)

Olivier de Kersauson est à la fois un grand marin, une grande gueule et on le sais moins, un grand cœur. Dans son livre, il nous raconte avec beaucoup de poésies et de pudeur la mer, ses voyages, ses compétitions.

Il décrit avec beaucoup de poésie chacun des océans : Indien, Pacifique, Atlantique ainsi que la mer d'Irlande et la mer d'Iroise. Il raconte ses navigations avec Éric Tabarly, son amour pour sa Bretagne et pour la Polynésie... Il est aussi assez nostalgique... Ce livre est un très beau voyage !

En bonus dans l'édition que j'ai lu, un DVD avec un reportage de la série « Empreintes » de France 5 : Olivier de Kersauson 20000 lieues sur les mers que j'avais déjà vu à la télévision et beaucoup aimé.

Extrait : (page 66)

Ouessant, Sein, Molène, l'une des zones du monde où il y a le olus de bouées et de balises, de phares et de feux. Entre l'île de Sein, Le Four, Ouessant, la pointe Saint-Mathieu, le cap de la Chèvre, la pointe du Raz, tout n'est qu'un jardin d'épines sur une mer médiévale qui se défendrait contre les intrus. Au couchant, on dirait un orchestre des ténèbres où brille l'éclat des cuivres. Un accordéon de récifs sur lequel viennent culbuter les forts courants. C'est la mer des grandes nefs et des grandes orgues. A la limite du plateau continental, c'est alors la pointe qui s'avance. La chaussée de Sein, par exemple, où la terre s'étire du cap Sizun, comme un carnassier jusqu'au phare d'Ar-Men. Un chaussée bouillonnante. La climatologie n'est pas vraiment riante. Beaucoup de brumes, beaucoup de pluies, beaucoup de gros temps et énormément de tempêtes.

L'Iroise est une mer sanguine qui plante ses couverts dans la table. On ne rentre pas en mer d'Iroise par effraction. En plus, elle a souvent le poil hérissé. On est à 48°30' nord. Le très mauvais temps est souvent centré à 49°50', 48°51', parfois 47°. Il s'agit d'une zone météorologiquement très attaquée par les dépressions. Une zone hennissante qui ouvre son poitrail en hiver. Ici, la tempête est toujours sur le feu de la gazinière. Prête à être servie. Une zone où il ne faut jamais se fier à la pitié du ciel. C'est une zone de courant puissants. Le territoire des cailloux. Évidemment très peu empruntée par les plaisanciers. Les Anglais passent la pointe du Raz mais toujours en compulsant l'annuaire des marées. Et trois fois pour être bien certains que l'annuaire des marées. Et trois fois pour être bien certains que l'annuaire dit vrai. Il y a quinze mois, le remorqueur Abeille Bourbon a découvert un nouveau caillou parmi ces cailloux innombrables qui entourent Molène. La mer d'Iroise peut vous éborgner comme un rien. Cette mer est habitée par le vent. Naviguer dans le nord d'Ouessant par vents contre et courants de noroît prend des allures de lutte. Le passage du Fromveur est ce chenal qui passe dans le sud d'Ouessant, entre les phares de la Jument et Kéréon. Le courant approche les dix nœuds et le marnage dépasse les sept mètres en eaux vives. On embouque le Fromveur avec dix noeuds de vent, grand-voile haute. Tout va bien, la mer est belle. Soudain, le vent est à contre-courant. Vite, un ris ! Et puis il y a ces creux absolument maudits ! C'est une mer de souffrance, de pêche, de travail. Une mer qui meurtrit, blesse et mord jusqu'au sang. Donc, une mer de ressources.

Les pêcheurs ne peuvent pêcher de dix ou quinze jours par mois. Dès que la marée est au-dessus d'un coefficient de 80, pas moyen de mettre les filets. Le courant va tout emporter. Rien ne tient, rien ne résiste. La mer va tout déchiqueter.

20 février 2010

Nouveau Challenge...

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J'avais un peu oublié que je m'étais inscrite à ce nouveau challenge : Le challenge Caprice.

Il s'agit, à partir d'une liste de participants, de lire avant fin 2010, un livre que nous choisi un autre challengeur et soi-même de choisir un livre pour un autre challengeur.

Pour ma part, j'ai donc été défiée par La grande Stef pour lire « Le K » de Dino Buzatti.

Et je défie Virginie de découvrir «La femme en vert » d'Arnaldur Indridason, c'est avec ce roman policier islandais que j'ai découvert cet auteur et que je suis devenue une inconditionnelle.

Pour plus d'information, allez voir chez Cocola qui a organisé ce Challenge.

19 février 2010

Hunger Games – Suzanne Collins

Lu dans le cadre du Challenge : coeur_vs3

hunger_games Pocket Jeunesse – octobre 2009 – 382 pages

Quatrième de couverture :

Les Hunger Games ont commencé.
Le vainqueur deviendra riche et célèbre.
Les autres mourront...
Dans un futur sombre, sur les ruines des États-Unis, un jeu télévisé est créé pour contrôler le peuple par la terreur. Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette sinistre téléréalité, que tout le monde est forcé de regarder en direct. Une seule règle dans l'arène : survivre, à tout prix.
Quand sa petite soeur est appelée pour participer aux Hunger Games, Katniss n'hésite pas une seconde. Elle prend sa place, consciente du danger. À seize ans, Katniss a déjà été confrontée plusieurs fois à la mort. Chez elle, survivre est comme une seconde nature...

Auteur : Suzanne Collins est née en 1963. C'est une auteur Américaine qui a commencé sa carrière en 1991 avec des émissions de télé pour enfants. Elle est aussi l'auteur de plusieurs romans pour la jeunesse dont la trilogie Hunger Games. Un film est en préparation. Ses autres séries n'ont pas encore été traduites. Aujourd'hui elle vit dans le Connecticut avec sa famille.

Mon avis : (lu en février 2010)

Livre lu dans le cadre du Challenge Coup de cœur de la blogosphère proposé par Gawou et Clarabel.

Ce livre pour ados mais aussi pour adultes nous emmène dans un univers fantastique. Ce n'est pas le genre de lecture que j'aime vraiment mais la quasi unanimité d’avis positif m’a encouragée à le lire. J'ai été prise par l'histoire et je reconnais avoir été conquise.

L'histoire se déroule dans le futur, sur les ruines des États-Unis. Pour maintenir l'ordre et la peur sur la nouvelle nation, chaque année, 24 enfants sont tirés au sort dans les douze districts. Ils vont devoir s'affronter dans une arène jusqu'à la mort devant les caméras et les yeux du peuple. Dans le district Douze, Prim petite fille de 12 ans est tirée au sort, sa grande sœur Katniss se porte volontaire pour prendre sa place. Peeta est le garçon tiré au sort, un jour où Katniss mourrait de faim, il lui avait donné du pain. Ils vont d’abord suivre un programme d’entraînement avant d’être jeter dans l’arène…

Les personnages sont vraiment attachants, l'histoire a beaucoup de rythme, la tension est omniprésente et le lecteur est non seulement un voyeur d'une téléréalité cruelle et odieuse mais aussi un témoin d'un système injuste et révoltant.

Extrait : (début du livre)

A mon réveil, l’autre côté du lit est tout froid. Je tâtonne, je cherche la chaleur de Prim, mais je n’attrape que la grosse toile du matelas. Elle a dû faire un mauvais rêve et grimper dans le lit de maman. Normal : c’est le jour de la Moisson.

Je me dresse sur un coude. Il y a suffisamment de lumière dans la chambre à coucher pour que je les voies. Ma petite sœur Prim, pelotonnée contre ma mère, leurs joues collées l’une à l’autre. Dans son sommeil, maman paraît plus jeune, moins usée. Le visage de Prim est frais comme la rosée, aussi adorable que la primevère qui lui donne son nom. Ma mère aussi était très belle, autrefois. A ce qu’on dit.

Couché sur les genoux de Prim, protecteur, se tient le chat le plus laid du monde. Il a le nez aplati, il lui manque la moitié d’une oreille et ses yeux sont couleur de vieille courge. Prim a insisté pour le baptiser Buttercup – Bouton d’Or –, sous prétexte que son poil jaunâtre lui rappelait cette fleur. Il me déteste. En tout cas, il ne me fait pas confiance. Même si ça remonte à plusieurs années, je crois qu’il n’a pas oublié que j’ai tenté de le noyer quand Prim l’a rapporté à la maison. Un chaton famélique, au ventre ballonné, infesté de puces. Je n’avais vraiment pas besoin d’une bouche de plus à nourrir. Mais Prim a tellement supplié, pleuré, que j’ai dû céder. Il n’a pas si mal grandi. Ma mère l’a débarrassé de sa vermine, et c’est un excellent chasseur. Il lui arrive même de nous faire cadeau d’un rat. Parfois, quand je vide une prise, je jette les entrailles à Buttercup. Il a cessé de cracher dans ma direction.

Des entrailles. Pas de crachats. C’est le grand amour.

Je balance mes jambes hors du lit et me glisse dans mes bottes de chasse. Le cuir souple épouse la forme de mes pieds. J’enfile un pantalon, une chemise, je fourre ma longue natte brune dans une casquette et j’attrape ma gibecière. Sur la table, sous un bol en bois qui le protège des rats affamés et des chats, m’attend un très joli petit fromage de chèvre, enveloppé dans des feuilles de basilic. C’est mon cadeau de la part de Prim pour le jour de la Moisson. Je le range dans ma poche en me glissant dehors.

coeur_vs3 proposé par Gawou et Clarabel.

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18 février 2010

Une gourmandise – Muriel Barbery

Lu dans le cadre du challenge "A lire et à manger"

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Gallimard – août 2000 – 145 pages

Folio – janvier 2002 – 165 pages

Prix du Meilleur Livre de Littérature gourmande 2000

Présentation de l'éditeur :

C'est le plus grand critique culinaire du monde, le Pape de la gastronomie, le Messie des agapes somptueuses. Demain, il va mourir. Il le sait et il n'en a cure : aux portes de la mort, il est en quête d'une saveur qui lui trotte dans le cœur, une saveur d'enfance ou d'adolescence, un mets original et merveilleux dont il pressent qu'il vaut bien plus que tous ses festins de gourmet accompli. Alors il se souvient. Silencieusement, parfois frénétiquement, il vogue au gré des méandres de sa mémoire gustative, il plonge dans les cocottes de son enfance, il en arpente les plages et les potagers, entre campagne et parfums, odeurs et saveurs, fragrances, fumets, gibiers, viandes, poissons et premiers alcools... Il se souvient et il ne trouve pas. Pas encore.

Auteur : Née à Bayeux en 1969, avec sa prose mordante et ses personnages insolites, Muriel Barbery a fait une entrée fracassante dans le club des auteurs à succès. Agrégée et enseignante de philosophie, elle prend sa plume en 2000 pour écrire son premier roman et publie 'Une gourmandise', dans lequel un critique gastronomique à l'agonie est en quête d'un goût inconnu. Après le succès aussi fulgurant qu'inattendu de ce premier opus, Muriel Barbery sort en 2006 un second livre, 'L'Elégance du hérisson'. Elle y raconte les destins croisés d'une concierge férue de culture, d'une petite fille bourgeoise et d'un riche Japonais. Avec cette satire sociale à l'humour tendre, Muriel Barbery conquiert - essentiellement grâce au bouche à oreille - un lectorat de plus en plus grand et s'impose comme un écrivain majeur de la littérature populaire.

Mon avis : (lu en février 2010)

Après avoir adoré « L'élégance du hérisson », je me suis procurée « Une gourmandise » que j'ai depuis un an ou deux ce livre dans ma PAL perso et le challenge A lire et à manger était vraiment l'occasion de le lire. C’est l’histoire du plus grand critique culinaire du monde, au seuil de sa mort. Il cherche à se rappeler le souvenir d’une saveur oubliée au fond de sa mémoire et qu’il voudrait retrouver avant de mourir. C’est l’occasion d’un retour en arrière depuis son enfance sur ses souvenirs gustatifs. L’auteur nous fait découvrir ce vieil homme également à travers le témoignage de ses proches qui ne sont pas tendres avec lui ! Ce que j’ai préféré, ce sont les descriptions riche en vocabulaire et parfaitement évocatrices, je me suis donc délectée dans un fabuleux voyage au pays des sens.

Pour réaliser le challenge A lire et à manger, ce livre m’a donné l’embarras du choix…

Une recette presque dictée :

Extrait : (page 80)

« Il rinça soigneusement le riz thaïlandais dans une petite passoire argentée, l'égoutta, le versa dans une casserole, le recouvrit d'un volume et demi d'eau salée, couvrit, laissa cuire. Les crevettes gisaient dans un bol de faïence. Tout en conversant avec moi, essentiellement de mon article et de mes projets, il les décortiqua avec une méticulosité concentrée. Pas un instant il n'accéléra la cadence, pas un instant il ne la ralentit. La dernière petite arabesque dépouillée de la gangue protectrice, il se lava consciencieusement les mains, avec un savon qui sentait le lait. Avec la même uniformité sereine, il plaça une sauteuse en fonte sur le feu, y versa en pluie les crevettes dénudées. Adroitement, la spatule en bois les circonvenait, ne laissant aux menus croissants aucune échappatoire, les saisissant de tous côtés, les faisant valser sur le gril odorant. Puis du curry. Ni trop ni trop peu. Une poussière sensuelle embellissant de son or exotique le cuivre rosé des crustacés : l'Orient réinventé. Sel, poivre. Il égrena aux ciseaux une branche de coriandre au dessus de la poêlée. Enfin, rapidement, un bouchon de cognac, une allumette ; du récipient jaillit une longue flamme hargneuse, comme un appel ou un cri qu'on libère enfin, soupir déchaîné qui s'éteint aussi vite qu'il s'est élevé.

Sur la table de marbre patientaient une assiette de porcelaine, un verre de cristal, une argenterie superbe et une serviette de lin brodé. Dans l'assiette, il disposa soigneusement, à la cuillère en bois, la moitié des crevettes, le riz auparavant tassé dans un minuscule bol et retourné en une petite coupole joufflue surmontée d'une feuille de menthe. Dans le verre, il se versa généreusement d'un liquide de blé transparent.»

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Ma recette de Riz et crevettes au curry

ingrédients (pour 4 personnes) : 200 g de riz thaï - 16 grosses crevettes surgelées – 1 bonne cuillère à café de curry – sel – poivre – huile – persil – 2 bouchons de cognac – des feuilles de menthe (pour la déco)

Prévoir de faire décongeler les crevettes.

Faire chauffer jusqu'à ébullition de l'eau, la saler, puis y mettre le riz pendant environ 8 à 10 minutes pour le cuire.

La cuisson des crevettes doit être très rapide, sinon les crevettes seront "caoutchouteuses"...

Faire chauffer une poêle avec un peu d'huile, jetter les crevettes pour les faire dorer rapidement tout en les remuant, mettre le curry, le sel, le poivre.

Mettre le persil coupé grossièrement (n'ayant pas de coriandre fraîche comme le demande la recette, j'ai remplacé par du persil du jardin)

Au dernier moment, verser le cognac et faire flamber.

Dresser l'assiette avec le riz moulé dans un petit bol surmonté d'une feuille de menthe et les crevettes autour. A servir sans tarder.

****

Une autre recette présente dans le livre, qui m'a donnée un peu plus de liberté...

Extrait : (page 103)

«Une tarte aux pommes, pâte fine, brisée, craquante, fruits dorés, insolents sous le caramel discret des cristaux de sucre.»

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Ma recette de Tarte Tatin aux pommes

ingrédients : une pâte feuilletée prête à dérouler - des pommes – beurre – sucre – cannelle

Mettre le four à pré-chauffer à 180° (thermostat 6)

(1) Prendre un plat à tarte avec au fond du papier sulfurisé. Disposer sur le fond des petits morceaux de beurre et saupoudrer avec du sucre

(2) Éplucher et découper les pommes. Les disposer dans le fond du plat puis (3) saupoudrer de cannelle.

(4) Couvrir l'ensemble avec la pâte feuilletée, froncer le bord de la pâte et (5) tracer des traits en diagonale sur le dessus pour faire quelques ouvertures.

(6) Enfourner et laisser cuire pendant 25 minutes

(7) Démouler la tarte sur un plat de service dès la sortie du four. (8) On peut faire un caramel supplémentaire et le verser sur la tarte démoulée.

Bonne lecture et bon appétit !

Lu dans le cadre du challenge "A lire et à manger"

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17 février 2010

Les visages – Jesse Kellerman

les_visages Sonatine - octobre 2009 – 471 pages

traduction de l'anglais (États-Unis) par Julie Sibony

Présentation de l'éditeur :

Lorsque Ethan Muller, propriétaire d'une galerie, met la main sur une série de dessins d'une qualité exceptionnelle, il sait qu'il va enfin pouvoir se faire un nom dans l'univers impitoyable des marchands d'art. Leur mystérieux auteur, Victor Crack, a disparu corps et âme, après avoir vécu reclus près de quarante ans à New York dans un appartement miteux. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c'est le travail d'un génie. La mécanique se dérègle le jour où un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d'enfants victimes, des années plus tôt, d'un mystérieux tueur en série. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l'obsession. C'est le début d'une spirale infernale à l'intensité dramatique et au coup de théâtre final dignes des plus grands thrillers. Bien loin des polars calibrés habituels, Jesse Kellerman, styliste hors pair, nous offre ici un roman d'une indéniable qualité littéraire qui, doublée d'une intrigue machiavélique, place d'emblée le livre au niveau des plus grandes réussites du genre, tels Mystic River, de Dennis Lehane, ou L'Analyste, de John Katzenbach.

Auteur : Jesse Kellerman est né en 1978. Il est le fils des écrivains Jonathan et Faye Kellerman. Les Visages est son premier roman publié en France.

Mon avis : (lu en février 2010)

J’avais lu beaucoup d’avis positif sur ce livre sur la blogosphère (Amanda Meyre, Canel, Cathulu et Cuné) et lorsque je l’ai vu à la bibliothèque, je n’ai pas hésité…

Ce roman policier se déroule dans le milieu des galeries d’arts.

Ethan Muller, jeune galeriste en vogue découvre des cartons de dessins qui semblent vraiment géniaux. L’auteur de ses dessins, Victor Crack, a mystérieusement disparu après avoir vécu près de quarante ans dans un appartement misérable de New York. Ethan organise une exposition qui est un très grand succès. Lee McGrath, un flic retraité et malade, reconnait sur certains dessins les visages de jeunes enfants assassinés. Ethan veut comprendre qui est Victor Crack et pourquoi ces dessins. Il va donc mener l’enquête avec l’aide de Samantha la fille de Lee McGrath.

Régulièrement le récit est entrecoupé par des interludes qui dévoilent peu à peu les secrets d’une histoire familiale depuis 1847 jusqu’à aujourd’hui.

A travers cette histoire, on découvre un peu le milieu de l'art. L’intrigue est parfaitement construite, avec du suspens et les personnages sont attachants. En conclusion, c’est un livre qui se lit facilement et que j’ai beaucoup aimé. A lire !

Extrait : (début du livre)

Au début, je me suis mal comporté. Je ne vais pas vous mentir, alors autant jouer cartes sur table dès maintenant : si j’aimerais croire que je me suis racheté par la suite, il ne fait aucun doute que mes intentions, du moins au début, ont manqué quelque peu de noblesse. Et encore, c’est un euphémisme. Alors puisqu’il faut être honnête, soyons honnête : j’étais motivé par l’appât du gain et surtout par le narcissisme ; un sentiment de toute-puissance profondément enraciné dans mes gènes et dont je semble incapable de me débarrasser, bien qu’il me fasse parfois honte. Déformation professionnelle, j’imagine, mais aussi une des raisons qui m’ont poussé à tourner la page. « Connais-toi toi-même. »

Et merde. Je m’étais promis de faire un effort pour ne pas parler comme un sale con prétentieux. Il faut que je fasse plus roman noir ; en tout cas j’aimerais bien. Mais je ne crois pas que ce soit mon truc. D’écrire par petites phrases hachées. D’employer des métaphores graveleuses pour décrire des blondes sensuelles (mon héroïne est brune, pas spécialement du genre sensuel ; elle n’a pas les cheveux noir de jais lâchés en une crinière dégoulinante ; ils sont châtain clair et la plupart du temps pragmatiquement attachés en arrière – des queues-de-cheval soignées ou des chignons improvisés – ou bien juste coincés derrière les oreilles). Je n’y arrive pas, alors pourquoi me forcer ?

Nous n’avons chacun qu’une histoire à raconter et nous devons le faire comme ça nous vient naturellement. Je ne porte pas de flingue ; je ne suis pas coutumier des bagarres ou des courses-poursuites en voiture. Tout ce que je peux faire, c’est dire la vérité, et, en vérité, je suis peut-être bien un sale con prétentieux. Peu importe. Je n’en mourrai pas.

« C’est comme ça », ainsi qu’aime à le répéter Samantha.

Je ne suis pas tout à fait d’accord. Une maxime qui me conviendrai mieux – pour ma vie en général, mon travail et cette histoire en particulier – serait plutôt : « C’est comme ça, sauf quand c’est autrement, c'est-à-dire la plupart du temps. » Je ne connais toujours pas toute la vérité, et je doute que je la connaisse un jour.

Mais je m’emballe.

Je veux simplement dire que, ayant vécu longtemps dans un monde d’illusions, un genre de bal costumé géant où chaque phrase est soulignée de clins d’œil entendus et entourée de moult guillemets, c’est un soulagement que de pouvoir m’exprimer sincèrement. Et si ma sincérité ne sonne pas comme celle de Philip Marlowe, tant pis. C’est comme ça. Ce livre est peut-être un roman policier, mais, moi, je ne suis pas un policier. Je m’appelle Ethan Muller, j’ai 33 ans, et avant je travaillais dans l’art.

16 février 2010

Ma PAL et ma LAL

PAL_LAL 

Aproposdelivres   

 

PAL = Pile (de livres) à Lire
et LAL = Liste (de livres) à Lire ou Wish Liste

 

Ma  PAL (perso)                                                                                        Mise à jour 18/11/2012

 

Adam Olivier – On ira voir la mer

Adam Olivier – Comme les doigts de la main

Avis de tempête sur Cordouan - Jean-Pierre Alaux

 

My first Sony - Benny Barbash (traduit en français)
Bizot Véronique – Mon couronnement

Bondoux Anne-Laure - L'autre moitié de moi-même
Bucher André – Le pays qui vient de loin

 

Carrère Emmanuel – La classe de neige

Cendres Axl – Échecs et but !

Chedid Andrée – Un enfant multiple

Cusset Catherine – Le problème avec Jane

 

Defromont J.M. – La boîte à musique

Dugain Marc – Heureux comme Dieu en France

 

d'Epernoux François – Deux jours à tuer

Erre J.M. - Made in China

 

Failer Jean – Casa del Amor (policier)

 

Hamilton Hugo – Le marin de Dublin

Hayden Torey L. - Kevin le révolté

Hines Barry - Kes

Hosseini  Khaled - Mille soleils splendides
Huston Nancy - La virevolte

 

Irving John – Une veuve de papier

Ishiguro Kazuo – Lumière pâle sur les collines

 

Jaouen Hervé - Au-dessous du calvaire
Johnson Rachel - Le Diable vit à la campagne
Jonquet Thierry - Vampires

 

Lansdale Joe R. - Sur la ligne noire (policier)

Lindsay Jeff – Les démons de Dexter

 

Mainard, Dominique – Leur histoire

Malet Léo – 120 rue de la Gare (policier)

 

Mankell, Henning –  Le guerrier solitaire (policier)

Mankell, Henning – La cinquième femme (policier)
Mankell, Henning – Avant le gel  (swap)

 

Henning Mankell – Les Morts de la Saint-Jean
Henning Mankell – La Muraille invisible 


Maurier du Daphné - Mad

McCann Colum - Danseur

 

Pancol Katherine - Encore une danse

Pancol Katherine – Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi
Un homme à distance – Katherine Pancol (swap) 

Pelecanos Georges – Un jour en mai (policier)
Peters Ellis - La vierge dans la glace (policier)
Pirzâd Zoya - Le goût âpre des kakis

 

Quignard Pascal – Tous les matins du monde
Queffélec Yann - Happy Birthday Sara

 


de Saint-André Alix – Ma Nanie,

Simenon - Les Premières Enquêtes de Maigret (policier)

Skarmeta Antonio – Une ardente patience

 

Toibin Colm – Le bateau-phare de Blackwater
Troyat Henri - La neige en deuil

 

Vlérick Colette- Le brodeur de Pont-l'Abbé

 

Wassmo Herbjorg– Le livre de Dina, t1 (swap)


La chambre de la Stella - Jean-Baptiste Harang
Jean-Philippe Blondel – Passage à gué

Jésus le Dieu qui riait - Didier Decoin

Sur ma peau – Gillian Flynn

Les ombres silencieuses – Mari Jungstedt

Les aventures de Mary Lester - Jean Failler (tome 1 à 35)

Stefansson Jon Hallur - Brouillages (cadeau)

 

Avec vue sur la mer de Didier Decoin (swap)

 


Désaccords  - Bernard Friot (swap)

 

L'Heure trouble - Johan Theorin  (swap)

Le grand cahier – Agota Kristof (swap)
Dans les replis du temps – Kate Atkinson (swap)

 

Les Chroniques d'Edimbourg, Tome 1 : 44 Scotland Street - Alexander McCall Smith (swap)
Les Chroniques d'Edimbourg, Tome 2 : Edimbourg express - Alexander McCall Smith (swap)

Au bon roman – Laurence Cossé (swap)

Les coeurs fêlés  – Gayle Forman

Vous descendez ? - Nick Hornby (swap)

A marée basse - Jim Lynch

 

Galettes Saint-Michel les 30 recettes cultes (swap)

Carambar les 30 recettes cultes
Lait concentré les 30 recettes cultes
Speculoos lotus les 30 recettes cultes
Milka les 30 recettes cultes
Véritable petit beurre Lu les 30 recettes cultes
Le Vrai goût de New York ... en 50 recettes 

 

Carton jaune - Nick Hornby
Le cosmonaute - Philippe Jaenada

 

La liseuse - Paul Fournel
Une brève histoire du tracteur en Ukraine - Marina Lewycka
Catholique anonyme - Thierry Bizot
Billy-ze-Kick - Jean Vautrin
Douze femmes qui soulèvent le monde - Annick Lacroix 

Funestes carambolages - Haan Nesser

 

En un monde parfait - Laura Kasischke (swap)

Le treizième conte – Diane Setterfield (swap)

Dennis Lehane – Un pays à l'aube (swap)
Mange, prie, aime - Elizabeth Gilbert (swap)
Dalva – Jim Harrison  (swap)

 

Mystic River - Dennis Lehane

Un dernier verre avant la guerre - Dennis Lehane
Gone baby gone - Dennis Lehane

 

Retour à la grande ombre - Hakan Nesser

Le bruit et la fureur - William Faulkner

Printemps barbare - Hector Tobar (partenariat)

Gains Richard Powers (partenariat)

Les yeux au ciel - Karine Reysset (cadeau)

Smilla et l'amour de la neige - Peter Hoeg (swap) 
Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison - Arto Paasilinna (swap)

 

J'apprends l'allemand – Denis Lachaud (swap)

Mississipi - Hillary Jordan (swap)
De pierre et de cendre - Linda Newbery (swap)

Chucho - Grégoire Polet (swap)

 

Le cherche bonheur - Michael Zadoorian
Les larmes de la girafe - Alexander Mc Call Smith
Ces petites choses (Indian Palace) - Deborah Moggach

Corps et âme - Frank Conroy

 

Lorsque j'étais une oeuvre d'art - Eric-Emmanuel Schmitt 
L'homme au balcon - Sjöwall Ma et Wahlöö Per
Vous verrez le ciel ouvert - Gilbert Cesbron

La grande maison - Nicole Krauss 

Les sentinelles - Bruno Tessarech

Treize alligators - Gaetano Bolan

Les Radley - Matt Haig

  

 

PAL (bibliothèque) Mis à jour 19/08/2012

 

La souris bleue – Kate Atkinson

 

Les contes de Murboligen – Frode Grytten
Cadres noirs de Pierre Lemaitre
Le huit de Katherine Neville


Les encombrants - Marie-Sabine Roger

 

 

 

 

Ma LAL :                                                                                      Mis à jour 18/11/2012

Orgueil et Préjugés - Jane Austen

L'école des saveurs - Erica Bauermeister

This is not a love song - Jean-Philippe Blondel

Ceux qui nous sauvent - Jenna Blum

En cage - Kalisha Buckhanon

Les fleurs de lune – Jetta Carleton
Bleu de Rose - Marie Chartres

L’enfant zig-zag – David Grossman

Une enfance australienne - Sonia Hartnett

Les ciels de la baie d'Audierne, Hervé Jaouen
 

A moi pour toujours - Laura Kasischke
Ne t'inquiète pas pour moi - Alice Kuipers


Le chagrin et la grâce – Wally Lamb
La petite et le vieux - Marie-Renée Lavoie

Meurtres entre sœurs – Willa Marsh
Les Chroniques d'Edimbourg, Tome 3 : L'amour en kilt - Alexander McCall Smith 
Les Chroniques d'Edimbourg, Tome 4 : Le monde selon Bertie - Alexander McCall Smith
Les Larmes de la girafe - Alexander McCall Smith
Vague à l'âme au Botswana - Alexander McCall Smith
Le jardin des secrets - Kate Morton
Kafka sur le rivage - Haruki Murakami


Petits meurtres entre voisins - Saskia Noort

 

Les chutes - Joyce Carol Oates

Les tendres plaintes - Yoko Ogawa

 

L'Evangile selon Pilate - Eric-Emmanuel Schmitt

 

Un hiver de glace – Daniel Woodrell

Une odeur de gingembre d'Oswald Wynd

 

 

Un autre monde - Barbara Kingsolver
Délicieuses pourritures de Joyce Carol Oates
C'est ici que l'on se quitte - Jonathan Tropper
L’œuvre de Dieu, la part du Diable – John Irving



Le Chant du coyote - Colum McCann

Winter - Rick Bass
Les rues de feu - Thomas H Cook
Vendetta – RJ Ellory
James Lee Burke - La nuit la plus longue
Beach music - Pat Conroy
Bad Chili - Joe R. Lansdale

Landrot Gérard - Tout autour des Halles quand finissait la nuit
Pieds nus - Elin Hilderbrand

 


Le cheval soleil - Steinunn Sigurdardottir
Roseanna - Sjöwall Ma et Wahlöö Per
L'homme qui partit en fumée - Sjöwall Ma et Wahlöö Per


L'Appel de la rivière - Ketil Björnstad 

La fille américaine - Monika Fagerholm

Une île trop loin - Annika Thor
L'étang aux nénuphars de Annika Thor
Les profondeurs de la mer de Annika Thor

Les mains rouges - Jens Christian Grondahl

Danse avec l'ange - Åke Edwardson
Un cri si lointain - Åke Edwardson
Ombre et soleil - Åke Edwardson

Celui qui a peur du loup - Karin Fossum

Les Vivants aussi - Herbjørg Wassmo
Mon Bien aimé est à moi - Herbjørg Wassmo

Le cerveau de Kennedy – Henning Mankell

Le demi-frère - Lars Saabye Christensen

 

13 février 2010

Le club des Incorrigibles Optimistes – Jean-Michel Guenassia

Lu dans le cadre du Challenge : coeur_vs3

le_club_des_incorrigibles_optimistes Albin Michel – août 2009 – 757 pages

Prix Goncourt des lycéens 2009

Présentation de l'éditeur :
Michel Marini avait douze ans en 1959. C'était l'époque du rock'n'roll et de la guerre d'Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres. Ces hommes avaient passé le Rideau de Fer pour sauver leur peau. Ils avaient abandonné leurs amours, leur famille, trahi leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient. Ils s'étaient retrouvés à Paris dans ce club d'échecs d'arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie du jeune garçon. Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes.

Portrait de génération, reconstitution minutieuse d'une époque, chronique douce-amère d'une adolescence : Jean-Michel Guenassia réussit un premier roman étonnant tant par l'ampleur du projet que par l'authenticité qui souffle sur ces pages.

Auteur : Né à Alger en 1950, propulsé sur le devant de la scène en 2009 avec son roman 'Le Club des incorrigibles optimistes', Jean-Michel Genassia n'en est pourtant pas à son coup d'essai. En effet, avant de se distinguer avec cette peinture politique des années 1960, cet avocat de formation a travaillé comme scénariste pour la télévision et a déjà signé le polar intitulé 'Pour cent millions', paru en 1986.

Mon avis : (lu en février 2010)
Livre lu dans le cadre du Challenge Coup de cœur de la blogosphère proposé par Catherine.
J'ai mis un peu de temps à l'emprunter à la bibliothèque, peut-être un peu effrayée par son épaisseur... et pourtant une fois entamé, j'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir et de facilité en oubliant ses 760 pages.

D'octobre 1959 à l'été 1964, Michel nous raconte la vie quotidienne de sa famille et en parallèle il nous fait découvrir les membres du Club des Incorrigibles Optimistes qui se réunissent dans l'arrière salle du bistrot « Le Balto » du quartier Denfert-Rochereau. Ce sont Leonid, Pavel, Tibor, Imre, Werner, Sacha. Ils ont fuit l'Europe de l'Est en laissant là-bas leurs familles. Ils se retrouvent au Club pour parler français et disputer des parties d'échecs. Kessel et Sartre partagent également cette arrière-salle. A travers ce roman, l'auteur restitue l'époque des années soixante, avec le rock'n roll, la Guerre d'Algérie... Avec Michel nous rencontrons d'autres personnages attachants Cécile, Camille, des camarades de H IV (Lycée Henri IV)... L'histoire est vraiment prenante et intéressante, je ne me suis pas ennuyée un instant. Un livre très agréable à découvrir sans hésiter !

 

Extrait : (début du livre)

Avril 1980

Aujourd'hui, on enterre un écrivain. Comme une dernière manifestation. Une foule inattendue, silencieuse, respectueuse et anarchique bloque les rues et les boulevardsautour du cimetière Montparnasse. Combien sont-ils ? Trente mille ? Cinquante mille ? Moins ? Plus ? On a beau dire, c'est important d'avoir du monde à son enterrement. Si on lui avait dit qu'il y aurait une telle cohue, il ne l'aurait pas cru. Ça l'aurait fait rire. Cette question ne devait pas beaucoup le préoccuper. Il s'attendait à être enterré à la sauvette avec douze fidèles, pas avec les honneurs d'un Hugo ou d'un Tolstoï. Jamais dans ce demi-siècle, on n'avait vu autant de monde pour accompagner un intellectuel. À croire qu'il était indispensable ou faisait l'unanimité. Pourquoi sont-ils là, eux ? Pour ce qu'ils connaissent de lui, ils n'auraient pas dû venir. Quelle absurdité de rendre hommage à un homme qui s'est trompé sur tout ou presque, fourvoyé avec constance et a mis son talent à défendre l'indéfendable avec conviction. Ils auraient mieux fait d'aller aux obsèques de ceux qui avaient raison, qu'il avait méprisés et descendus en flammes. Pour eux, personne ne s'est déplacé.

Et si, derrière ses échecs, il y avait autre chose, d'admirable, chez ce petit homme, cette rage de forcer le destin avec son esprit, d'avancer envers et contre toute logique, de ne pas renoncer malgré la certitude de la défaite, d'assumer la contradiction d'une cause juste et d'un combat perdu d'avance, d'une lutte éternelle, toujours recommencée et sans solution. Impossible de rentrer dans le cimetière où on piétine les tombes, escalade les monuments et renverse les stèles pour s'approcher plus près et voir le cercueil. On dirait l'inhumation d'une vedette de la chanson ou d'un saint. Ce n'est pas un homme qu'on porte en terre. C'est une vieille idée qu'on ensevelit avec lui. Rien ne changera et nous le savons. Il n'y aura pas de société meilleure. On l'accepte ou on ne l'accepte pas. Ici, on a un pied dans la tombe avec nos croyances et nos illusions disparues. Une foule comme une absolution pour l'expiation des fautes commises par idéal. Pour les victimes, ça ne change rien. Il n'y aura ni excuse, ni réparation, ni inhumation de première classe. Qu'y a-t-il de pire que de faire le mal quand on voulait faire le bien ? C'est une époque révolue qu'on porte en terre. Pas facile de vivre dans un univers sans espoir.

À cet instant, on ne règle plus de comptes. On ne fait pas de bilan. On est tous égaux et on a tous tort. Je ne suis pas venu pour le penseur. Je n'ai jamais compris sa philosophie, son théâtre est indigeste et ses romans, je les ai oubliés. Je suis venu pour de vieux souvenirs. La foule m'a rappelé qui il était. On ne peut pas pleurer un héros qui a soutenu les bourreaux. Je fais demi-tour. Je l'enterrerai dans un coin de ma tête.

Il y a des quartiers mal famés qui vous renvoient dans votre passé et où il est préférable de ne pas traîner. On croit qu'on oublie parce qu'on n'y pense pas mais il ne demande qu'à revenir. J'évitais Montparnasse. Il y avait là des fantômes dont je ne savais pas quoi faire. J'en voyais un devant moi dans la contre-allée du boulevard Raspail. J'ai reconnu son pardessus inimitable en chevrons clairs, façon Humphrey Bogart années cinquante. Il y a des hommes qu'on mesure à leur façon de marcher. Pavel Cibulka, l'orthodoxe, le partisan, le roi du grand écart idéologique et des blagues à deux balles, altier et fière allure, avançait sans se presser. Je l'ai dépassé. Il avait épaissi et ne pouvait plus fermer son manteau. Ses cheveux blancs en bataille lui donnaient un air d'artiste.

– Pavel.

Il s'est arrêté, m'a détaillé. Il a cherché dans sa mémoire où il avait vu ce visage. Je devais évoquer une vague réminiscence. Il secoua la tête. Je ne lui rappelais rien.

– C'est moi… Michel. Tu te souviens ?

Il me scruta, incrédule, toujours méfiant.

– Michel ?… Le petit Michel ?

– Arrête, je suis plus grand que toi.

– Le petit Michel !… Ça fait combien de temps ?

– La dernière fois qu'on s'est vus, c'était ici, pour Sacha.

Ça fait quinze ans.

On est restés silencieux, embarrassés par nos souvenirs. On est tombés dans les bras l'un de l'autre. Il m'a serré fort contre lui.

– Je ne t'aurais pas reconnu.

– Toi, tu n'as pas changé.

– Ne te moque pas de moi. J'ai pris cent kilos. À cause des régimes.

– Je suis heureux de te revoir. Les autres ne sont pas avec toi ? Tu es venu seul ?

– Je vais au boulot, moi. Je ne suis pas retraité.

Son accent traînant de Bohême s'était fait véhément. On est allés au Sélect, une brasserie où tout le monde avait l'air de le connaître. À peine étions-nous assis, le serveur lui apportait, sans qu'il ait rien commandé, un café serré avec un pot de lait froid et prenait ma commande. Pavel s'est penché pour attraper la boîte à croissants sur la table voisine et, ravi, en a englouti trois, parlant la bouche pleine avec une infinie distinction. Pavel avait fui la Tchécoslovaquie depuis près de trente ans et vivait en France dans des conditions précaires. Il avait échappé in extremis à la purge qui avait emporté Slansky, l'ancien secrétaire général du parti communiste et Clementis, son ministre des Affaires étrangères dont il était un proche collaborateur. Ancien ambassadeur en Bulgarie, auteur d'un ouvrage de référence, La Paix de Brest-Litovsk : diplomatie et révolution, dont aucun éditeur parisien ne voulait, Pavel était gardien de nuit dans un hôtel à Saint- Germain-des-Prés où il vivait dans une petite chambre au dernier étage. Il espérait retrouver son frère aîné qui avait gagné les États-Unis à la fin de la guerre et attendait un visa qui lui était refusé à cause de son passé.

– Ils ne me donneront pas mon visa. Je ne reverrai pas mon frère.

– Je connais un attaché à l'ambassade. Je peux lui en parler.

– Ne te casse pas la tête. J'ai un dossier aussi gros que moi. Il paraît que je suis un des fondateurs du Parti communiste tchécoslovaque.

– C'est vrai ?

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de Catherine

Challenge Prix Goncourt des Lycéens
2009

 Challenge Goncourt des Lycéens
goncourt_lyceen_enna
chez Enna

11 février 2010

Ce que je sais de Vera Candida – Véronique Ovaldé

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (10/26)

ce_que_je_sais_de_Vera_Candida Éditions de l'Olivier – août 2009 – 292 pages

Présentation de l'éditeur :

Quelque part dans une Amérique du Sud imaginaire, trois femmes d'une même lignée semblent promises au même destin : enfanter une fille et ne pouvoir jamais révéler le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Elles sont toutes éprises de liberté mais enclines à la mélancolie, téméraires mais sujettes aux fatalités propres à leur sexe. Parmi elles, seule Vera Candida ose penser qu'un destin, cela se brise. Elle fuit l'île de Vatapuna dès sa quinzième année et part pour Lahomeria, où elle rêve d'une vie sans passé. Un certain Itxaga, journaliste à L'Indépendant, va grandement bouleverser cet espoir. Un ton d'une vitalité inouïe, un rythme proprement effréné et une écriture enchantée. C'est ce qu'il fallait pour donner à cette fable la portée d'une histoire universelle : l'histoire des femmes avec leurs hommes, des femmes avec leurs enfants. L'histoire de l'amour en somme, déplacée dans l'univers d'un conte tropical, où Véronique Ovaldé a rassemblé tous les thèmes - et les êtres - qui lui sont chers.

Auteur : Née en 1972, après le bac, direction l'école Estienne où Véronique Ovaldé passe un BTS édition, une façon comme une autre d'entrer dans le milieu littéraire lorsque l'on ne fait pas partie de ce cercle très fermé. Elle reprend des études de lettres par correspondance, travaille comme chef de fabrication et publie en 2000 un premier roman, 'Le Sommeil des poissons'. En 2002, elle signe, avec 'Toutes choses scintillant', une seconde œuvre remarquée. Elle publie en 2005 'Déloger l'animal', une œuvre incontournable de la rentrée littéraire. Dans son roman à la fois sombre et merveilleux 'Et mon cœur transparent' sorti en 2007, Véronique Ovaldé réussit de nouveau à créer un univers singulier.

Mon avis : (lu en février 2010)

Encore un livre que j'ai découvert ainsi que son auteur avec l'émission La Grande Librairie sur France 5. Un livre vraiment facile à lire et dépaysant. Les personnages féminins que sont Rose, Violette, Vera Candida évoluent dans une île exotique apaisante d'Amérique du sud, Vatapuna mais chacune d'elles vont subir la violence des hommes. Chacune va enfanter seule une fille tout en refusant de dire qui est le père. Après le prologue qui nous conte le retour de Vera Candida à Vatapuna, nous découvrons Rose, la prostituée de l'île, elle a 40 ans et elle décide d'arrêter ce métier et de devenir pêcheur de poisson-volant. Elle va rencontrer Jeronimo un homme plutôt détestable, va-t-elle vraiment l'aimer ? Elle va mettre au monde Violette une petite fille différente et retourner vivre dans sa cabane au bord de la plage. A l'âge de 15 ans, Violette tombe enceinte et naît alors Vera Candida. Pour rompre avec son hérédité maudite, Vera Candida fuira son île à l'âge de quinze ans pour Lahomeria. Loin de l'île, elle mettra au monde sa fille Monica Rose et rencontrera Itxaga un journaliste qui va l'aimer. Vera Candida est très attachante, elle est pleine de courage et de force pour tenter de briser la malédiction de sa famille.

J'ai trouvé cette lecture très agréable, j'ai été porté par le décor exotique de ce pays imaginaire, les personnages haut en couleurs... Un beau livre à découvrir !

Extrait : (début du livre)

PROLOGUE

Le retour de la femme jaguar

Quand on lui apprend qu’elle va mourir dans six mois, Vera Candida abandonne tout pour retourner à Vatapuna. Elle sait qu’il lui faut retrouver la petite cabane au bord de la mer, s’asseoir sur le tabouret dehors et respirer l’odeur des jacarandas mêlée à celle, plus intime, plus vivante, si vivante qu’on en sent déjà poindre la fin, celle pourrissante et douce de l’iode qui sature l’atmosphère de Vatapuna. Elle se voit déjà, les chevilles sur le bord d’une caisse, les mains croisées sur le ventre, le dos si étroitement collé aux planches qu’il en épousera la moindre écharde, le moindre noeud, le plus infime des poinçons des termites géantes.

Tout au long du voyage en minibus qui l’emmène du port de Nuatu jusqu’à Vatapuna, Vera Candida somnole en goûtant à l’avance la lenteur du temps tel qu’il passe à Vatapuna. Vera Candida sait qu’en revenant à Vatapuna, elle récupérera son horloge. Celle qui ne ment jamais, qui ne fait pas disparaître comme par un enchantement malin les heures pleines, celle qui ne dévore rien et égrène avec précision, et une impartialité réconfortante, les minutes, qu’elles soient les dernières ou qu’elles ponctuent une vie encore inestimablement longue.

Il y a longtemps de cela, Vera Candida a perdu son horloge. C’est arrivé quand elle a quitté Vatapuna vingt-quatre ans auparavant. Elle avait pris dans le sens inverse le même minibus que celui-ci – moins rouillé sans doute, moins rafistolé avec des tendeurs et du gros scotch noir, moins bringuebalant et bruyant, moins sale, la route n’était pas encore visible sous les pieds quand on soulevait le tapis de sol, les pneus étaient moins lisses, mais le chauffeur était le même, des grigris jumeaux se balançaient au rétroviseur, juste empoussiérés maintenant et plus ternes, la radio diffusait déjà une soupe inaudible et criaillante, une sorte de continu crachotement de sorcière.

Vera Candida est seule dans le minibus, elle n’a plus de bébé dans le ventre, mais quelque chose de moins étranger et de plus destructeur, et elle n’a plus quinze ans.

Terminus, gueule le chauffeur.

Vera Candida s’empare de son sac à dos, elle le glisse sur ses épaules, les sangles lui blessent la peau, elle grimace, se dit, C’est ainsi que je sais que je faiblis, le type la regarde descendre, il se penche vers elle quand elle est sur la chaussée:

Je vous connais? lance-t-il.

Elle se retourne et le fixe. Il paraît gêné. Il dit : Je croyais que je vous connaissais. Mais je vois tellement de gens.

Il fait un geste rond qui englobe la rue et les alentours déserts.

Vous ne pouvez pas me connaître, répond-elle. Elle sourit pour ne pas paraître trop abrupte. Elle sait quelle impression elle peut produire; elle a trente-neuf ans, à cet âge on sait quelle impression on produit sur ses contemporains. Elle devine le malaise du chauffeur, Vera Candida a le regard azur et féroce, ce qui coïncide mal. Elle a, depuis qu’elle est née, toujours gardé les sourcils froncés. Il y a des gens qui ne regardent jamais leur interlocuteur dans les yeux mais juste au-dessus, sur le point le plus bas du front, et ce décalage crée un trouble indéfinissable. Vera Candida a ce genre de regard, c’est comme un muscle de son visage qui serait toujours crispé, une malformation congénitale, impossible d’avoir l’air doux et attendri. Déjà minuscule, Vera Candida ne lâchait personne avec sa scrutation, elle semblait percer chacun à jour – sans que cela fût vrai d’ailleurs, Vera Candida n’avait pas ce pouvoir, elle ne faisait que fixer les gens comme l’aurait fait un bébé jaguar. Et on n’avait qu’une envie, c’était de décamper le plus vite possible.

Le chauffeur referme la porte coulissante et démarre.

Vera Candida pose son sac, elle respire l’odeur des palétuviers, la poussière de la route, le gasoil, et les effluves du matin caraïbe – le ragoût et les beignets –, elle perçoit le jacassement des télés et des radios par les fenêtres ouvertes – il doit être sept heures sept heures trente, estime-t-elle –, le ressac de la mer en arrière-plan, un chuintement discret, elle reprend son sac et traverse le village, se dirige vers la cabane qu’elle a quittée vingt-quatre ans auparavant.

Il y a un snack à la place.

Une baraque en tôle cadenassée. Vera Candida s’approche pour jeter un œil à travers la porte vitrée, les relents persistants de graillon lui rappellent l’état de son estomac, elle se sent nauséeuse, elle jure entre ses dents, Putain de putain, elle s’attendait de toute façon à ce que la cabane en bois ait été rasée, c’était couru d’avance, elle le savait, n’est-ce pas, avant d’avoir entrepris le voyage, alors pourquoi a-t-elle entrepris ce voyage, elle entrevoit des tabourets retournés sur les deux tables et un comptoir bricolé avec du bois de récupération, elle s’assoit sur son sac et reprend son souffle, elle croise ses mains devant elle, voit ses doigts se superposer les uns aux autres, elle pense à ce que charrie son sang, elle pense à son corps qui déclare peu à peu forfait, elle a la tentation de se laisser aller à un désespoir tranquille. Elle ne se sent pas si mal, elle se sent juste en proie à la fatalité.

Pssst, entend-elle.

Elle lève le nez et aperçoit sur sa gauche, à travers le grillage, une petite vieille, les doigts accrochés au fil de fer, debout dans son jardin pelé, qui lui sourit d’un sourire de nourrisson édenté.

Pssst, répète-t-elle.

Vera Candida se remet sur ses pieds et se dirige vers la vieille, soupçonnant que la voix de celle-ci ne pourra venir jusqu’à elle, elle s’approche tout près de la vieille femme qui porte des breloques brillantes autour du cou, des médailles sur-dimensionnées et des sautoirs en strass, on dirait un catcheur, elle a l’air d’avoir sorti la totalité de son coffre à bijoux et enfilé tout ce que ses cervicales peuvent encore endurer, elle a un œil morne et un œil pétillant, elle semble avoir cent-dix ans.

Vera Candida regarde les doigts de la vieille accrochés au grillage comme des griffes de serin, elle dit, Bonjour. Tu es Vera Candida, rétorque la vieille de sa toute petite voix. Elle toussote et ajoute, Ta grand-mère m’avait bien dit que tu reviendrais.

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (10/26)

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