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A propos de livres...

9 octobre 2010

Read-A-Thon, c'est terminé...

RAT_9_10_10_2010

C'est le jour J, la deuxième édition du Read-A-Thon.

Le départ sera donné à 10h00, et je partirai pour
un Marathon de 12 heures de lecture !

le_gar_on_en_pyjama_ray_ Le garçon en pyjama rayé - John Boyne  (186 pages)  (lu)

la_m_canique_du_coeur La Mécanique du Coeur - Mathias Malzieu (178 pages) (lu)

PAUSE Déjeuner

la_vie_de_ma_m_re La vie de ma mère ! - Thierry Jonquet (147 pages) (lu)

il_a_jamais_tu__personne_mon_papa Il a jamais tué personne, mon papa - Jean-Louis Fournier (143 pages) (lu)

vivement_l_avenir Vivement l'avenir - Marie-Sabine Roger (302 pages) (lu)

les_fautes_de_Lamm__Bouret Les fautes de Lammé Bouret - Jean Failler (114 pages) (lu)

les_bruines_de_Lanester Les bruines de Lanester - Jean Failler (175 pages) (lu)

lulu_femme_nue_tome1 Lulu Femme Nue 1er livre -  Étienne Davodeau (BD - 77 pages) (lu)

lulu_femme_nue_tome2 Lulu Femme Nue 2ème livre -  Étienne Davodeau (BD - 78 pages) (lu)

blue_cerise1_amos Blue cerise - Octobre : Amos - Sigrid Baffert (59 pages) (lu)

blue_cerise1_satya Blue cerise - Octobre : Satya - Jean-Michel Payet (63 pages) (lu)

blue_cerise1_violette Blue cerise - Octobre : Zik - Maryvonne Ripert (55 pages) (lu)

PAUSE Dîner

blue_cerise1_zik Blue cerise - Octobre : Violette - Cécile Roumiguière (57 pages) (lu)

un_secret Un secret - Philippe Grimbert (192 pages) (lu)

la_fille_du_docteur_Baudoin La fille du Docteur Baudouin - Marie-Aude Murail (108 pages lues /260 pages)

RAT_logo

Un grand merci à tous et toutes pour les nombreux encouragements que je reçois depuis ce matin !
Cela fait super plaisir. Et pour le moment, le RAT se passe super bien !
Le choix des livres y est certainement aussi pour beaucoup.

C'est fini pour aujourd'hui, il faudra les jours prochains que je fasse les billets de tous ces livres lus...

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8 octobre 2010

Rosa Candida – Audur Ava Ólafsdóttir

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Rosa_candida Zulma – août 2010 – 336 pages

traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson

Quatrième de couverture :
Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.

Auteur : Audur Ava Ólafsdóttir est née en 1958 à Reykjavík. Rosa candida, largement salué par la presse et la critique lors de sa parution en 2007 et deux fois primé, est traduit pour la première fois en français.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Ce livre est pour moi un vrai coup de cœur, c’est frais, c’est tendre, c’est touchant, c’est poétique.
Arnljótur est un jeune homme de 22 ans, il quitte son père et son frère jumeau autiste, avec quelques boutures de Rosa candida dans son sac-à-dos. Il part sur le continent pour restaurer une roseraie renommée laissée à l’abandon au sein d'un monastère. C’est sa mère décédée dans un accident de voiture il y a quelques années qui lui a appris à jardiner et à aimer les plantes. Après une relation d’une soirée avec Anna, il devenu « accidentellement » père d’une petite fille Flóra Sól.
Ce voyage est pour Arnljótur une façon de se retrouver, d’apprendre à se connaître. Il va faire des rencontres, en particulier le père Thomas un moine cinéphile, qui répond aux questions d’Arnljótur en lui conseillant des films…
Cette histoire est pleine de poésie, il n’y a aucune indication géographique précise mais des descriptions de paysages qui donnent au livre une atmosphère toute particulière.
J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire ce livre islandais. A découvrir sans hésiter !

Extrait : (début du livre)
Comme je vais quitter le pays et qu’il est difficile de dire quand je reviendrai, mon vieux père de soixante-dix-sept ans veut rendre notre dernier repas mémorable. Il va préparer quelque chose à partir des recettes manuscrites de maman – quelque chose qu’elle aurait pu cuisiner en pareille occasion.
« J’ai pensé, dit-il, à de l’églefin pané à la poêle et ensuite une soupe au cacao avec de la crème fouettée. » Pendant que papa essaie de trouver comment s’y prendre pour la soupe au cacao, je vais chercher mon frère à son foyer dans la vieille Saab qui va sur ses dix-huit ans. Jósef m’attend depuis un moment, planté sur le trottoir et visiblement content de me voir. Il est sapé à bloc parce que c’est ma soirée d’adieu, il porte la chemise que maman lui a achetée en dernier, violette à motifs de papillons.
Pendant que papa fait revenir l’oignon alors que les morceaux de poisson attendent, tout prêts, sur leur lit de chapelure, je vais dans la serre chercher les boutures de rosier que je vais emporter. Papa m’emboîte le pas, ciseaux à la main, pour couper de la ciboulette destinée à l’églefin et Jósef, silencieux, le suit comme son ombre. Il n’entre plus dans la serre depuis qu’il a vu les débris de verre causés par la tempête de février qui a réduit en miettes beaucoup de vitres. Il reste dehors, près de la congère, et nous suit du regard. Papa et lui portent le même gilet noisette avec des losanges jaunes.
«Ta mère mettait toujours de la ciboulette avec l’églefin », dit papa, tandis que je lui prends les ciseaux des mains et m’étire pour atteindre dans le coin de la serre la touffe toujours verte dont je lui tends une poignée. C’est moi le seul héritier de la serre de maman, comme papa me le rappelle régulièrement. Ce n’est pas qu’il s’agisse d’une culture de grande envergure comme trois cent cinquante pieds de tomate et cinquante plants de concombre qui se transmettraient de mère en fils ; il ne s’agit en fait que de roses qui poussent toutes seules, sans qu’on ait besoin de s’en occuper spécialement, et peut-être de la dizaine de plants de tomate qui restent. Papa se chargera d’arroser en mon absence.
« Je n’ai jamais été porté sur les légumes, mon petit Lobbi, c’était le dada de ta mère. Moi, je pourrais tout au plus manger une tomate par semaine. À ton avis, à la récolte, ça va donner combien de fruits par plant ?
— Tâche de les donner, alors.
— Je ne peux tout de même pas frapper à tout bout de champ chez les voisins avec mes tomates.
— Et Bogga ? »
Je dis cela tout en me doutant bien que la vieille amie de maman doit avoir les mêmes goûts que papa.
«Tu ne veux tout de même pas que j’aille toutes les semaines rendre visite à Bogga avec trois kilos de tomates. Elle insisterait pour que je reste à dîner. »
Je pressens aussitôt ce qu’il va dire ensuite.
« J’aurais voulu inviter la demoiselle et l’enfant, poursuit-il, mais va savoir si tu n’y serais pas opposé.
— Oui, j’y suis opposé. La demoiselle, comme tu dis, et moi, on n’est pas un couple et on ne l’a jamais été, même si on a un enfant ensemble. Ça a été un accident. »
J’ai déjà mis les choses au point et papa doit bien se rendre compte que l’enfant est le fruit d’un instant d’imprudence, et que ma relation avec la mère s’est limitée au quart, que dis-je, au cinquième d’une nuit.
«Ta mère n’aurait pas vu d’objection à les inviter au dernier repas. » Chaque fois que papa a besoin de donner du poids à ses paroles, il tire maman de sa tombe pour l’appeler en renfort.
Moi, je me sens tout drôle de me trouver sur le lieu même, si j’ose dire, de la procréation, en compagnie de mon vieux père et de mon demeuré de frère jumeau qui est là, juste derrière la vitre. Papa ne croit pas aux coïncidences, du moins pas quand il s’agit des événements primordiaux de l’existence, comme la naissance et la mort ; la vie ne s’allume pas, ni ne s’éteint comme ça, par hasard, dit-il. Il ne peut pas comprendre que la conception puisse résulter d’une rencontre fortuite, que l’occasion de coucher avec une femme puisse se présenter à l’improviste, pas plus qu’il ne peut comprendre que la mort puisse résulter d’une flaque d’eau ou de gravillons dans un virage, quand on peut se référer à autre chose : aux chiffres et aux calculs arithmétiques. Papa pense les choses autrement, le monde tient par des chiffres ; ils sont au cœur même de la création et on peut lire dans les dates une vérité profonde, y voir de la beauté. Ce que moi j’appelle hasard ou occasion, selon le cas, est pour papa un élément d’un système complexe. Trop de coïncidences, ça n’existe pas, une à la rigueur, mais pas trois ; pas de coïncidences en série, dit-il : l’anniversaire de maman, la date de naissance de sa petite-fille et le jour de la mort de maman, tout ça le même jour du calendrier, le sept août. Pour ma part, je ne comprends pas les calculs de papa ; d’après mon expérience, c’est justement quand on se met à escompter quelque chose de précis, que tout autre chose arrive. Je n’ai rien contre la marotte d’un électricien à la retraite à condition que ses calculs n’aient rien à voir avec ma négligence en matière de préservatifs.
« Tu n’es pas en train de filer à l’anglaise, mon petit Lobbi ?
— Non, je leur ai dit au revoir hier. » Je n’irai pas plus loin dans son sens et il change alors de conversation.
«Tu ne sais pas si ta mère avait par hasard une bonne recette de soupe au cacao ? J’ai acheté de la crème à fouetter.
— Non, mais on pourrait peut-être trouver ensemble comment faire. »

Livre 12/14 pour le Challenge du 2% littéraire 1pourcent2010

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

5 octobre 2010

En cuisine – Monica Ali

Lu dans le cadre de babelio_masse_critique

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Belfond – août 2010 – 627 pages

traduit de l'anglais par Isabelle Maillet

Quatrième de couverture :
Après l'extraordinaire succès de Sept mers et treize rivières, Monica Ali nous plonge dans le melting-pot des cuisines d'un grand restaurant londonien. Profonde, douce-amère, une œuvre ambitieuse qui dépeint les désarrois d'une société attachée à ses traditions, confrontée à un monde nouveau qu'elle ne comprend pas. Chef des cuisines de l'hôtel Imperial, un palace plus vraiment à la hauteur de sa splendeur d'antan, Gabriel I.ightfoot doit composer chaque jour avec une équipe cosmopolite et chahuteuse, une petite amie chanteuse qui se pose des questions sur leur relation et un père malade qui lui laisse des messages aussi laconiques que culpabilisants sur son répondeur. Une mort va faire voler en éclats son fragile équilibre : le corps d'un des plongeurs est retrouvé dans les sous-sols du restaurant. Une mort solitaire, anonyme, parmi ces travailleurs immigrés interchangeables. Soudain, Gabriel prend conscience que ses cuisines cachent bien des secrets : trafics en tous genres, prostitution, chantages, violence quotidienne... Surgit Lena, une fille de l'Est, mystérieusement liée à la mort du plongeur. Irrésistiblement attiré par cette femme en perdition, Gabriel va prendre une décision qui remettra en question tout ce en quoi il avait cru jusqu'ici...

Auteur : Née en 1967 à Dacca (ex-Pakistan oriental), Monica Ali a émigré en Angleterre à l'âge de trois ans. Sélectionnée par la revue Granta parmi les vingt meilleurs romanciers britanniques de la décennie avant même que son premier roman, Sept mers et treize rivières (2004), ne soit publié, finaliste du Man Booker Prize 2003, lauréate de nombreux prix, Monica Ali est devenue en moins de un an un véritable phénomène dans le paysage littéraire international. Après le recueil de nouvelles Café; Paraiso (2007), En cuisine est son deuxième roman à paraître chez Belfond. Monica Ali vit à Londres avec son mari et leurs deux enfants.

Mon avis : (lu en octobre 2010)

Ce roman a pour cadre  la cuisine d’un grand restaurant londonien, le personnage principal est le chef de cuisine Gabriel, il a été embauché il y a quelques mois pour redorer le blason de l’ancien palace, mais il avait tout planifié : un an à l’Impérial avant d’ouvrir son propre restaurant à Londres puis son mariage avec sa petite amie Charlie. Mais l'évènement qui ouvre le livre va bouleverser sa vie tranquille. Cet événement, c'est la découverte du corps de Yuri, un des employés à la plonge, dans les caves de l’établissement.

Gabriel va réaliser que pratiquement toute son équipe est constituée de clandestins qui viennent du monde entier d’Inde, d’Afrique ou des pays de l’Est de l’Europe. Il va faire la rencontre de Lena une jeune plongeuse, qui s’était installée avec Yuri dans les catacombes du restaurant. Comme elle est seule et à la rue, Gabe va l’accueillir chez lui. En parallèle, il apprend que son père va mourir d’un cancer. Sa relation avec son père n’ayant jamais été très bonne, il va faire l’effort de renouer avec lui. Mais Gabriel Lightfoot va perdre peu à peu pied, et devenir dépressif.

Malgré des descriptions parfois un peu longue, j’ai plutôt aimé ce livre qui nous plonge dans les coulisses d’un grand restaurant mais aussi dans l’univers des clandestins avec les abus et la misère dans laquelle ils sont obligés de survivre.

Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour m’avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (début du livre)
Avec le recul, il avait le sentiment que la mort de l'Ukrainien marquait le début de la débâcle. Il n'aurait pu affirmer qu'elle en était la cause, ni même que c'était une cause en soi, car les événements qui avaient suivi lui paraissaient à la fois inévitables et imprévisibles ; s'il parvenait aujourd'hui à les assembler pour former une trame susceptible de lui apporter du réconfort, il avait cependant suffisamment changé pour comprendre qu'il s'agissait juste d'une histoire à raconter, et que les histoires sont en général peu fiables. Tout n'en avait pas moins commencé, à son sens, avec la mort de l'Ukrainien puisque, dans la mesure où l'on peut dire d'une existence qu'elle prend parfois un tournant décisif, la sienne était partie en vrille dès le lendemain.

En cette matinée de la fin octobre, Gleeson, le directeur de la restauration, s'assit en face de Gabriel pour leur réunion habituelle. Il semblait avoir perdu son charme professionnel tout d'onctuosité.
«Vous êtes bien conscient que ça s'est produit sur votre secteur, dit-il. Vous en êtes conscient, n'est-ce pas ?»
C’était la première fois que Gabe voyait se lézarder la façade du personnage. Lui-même savait parfaitement que le plongeur ukrainien faisait partie de son « secteur ». Donc, qu’est-ce qui tracassait Gleeson ? Dans ce métier, tant qu’on ne connaît pas toutes les données, mieux vaut ne pas poser de questions. Gabe tapota le col du vase en cristal posé sur la table en déclarant : « Les fleurs en plastique, c’est bon pour les relais routiers et les funérariums. »

Déjà lu du même auteur :

sept_mers_et_treize_rivi_res Sept mers et treize rivières

Livre 11/14 pour le Challenge du 1% littéraire 1pourcent2010

En cuisine par Monica Ali

En cuisine

En cuisine

Monica Ali

Critiques et infos sur Babelio.com

4 octobre 2010

Read-A-Thon, J-5

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Je me suis inscrite à la deuxième édition du Read-A-Thon.
Il s'agit d'un marathon de lecture, il faut essayer de lire pendant 12 heures (mini-RAT)
ou 24 heures (Big-RAT) pour les plus courageux.

C'est prévu le week-end du 9-10 Octobre 2010 de 10h à 22h ou de 22h à 10h pour le mini-RAT de 10h à 10h pour le Big-RAT

Pour ma part, je suis inscrite au mini-RAT de 10h à 22h, je vais tenter cette expérience avec soixante-quinze autres blogo-lecteurs francophones et 304 blogo-lecteurs américains.

J'ai déjà préparé une PAL avec des livres pas trop épais pour l'occasion :

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Les années cerises - Claudie Gallais
Le voyage dans le passé - Stefan Zweig
Le garçon en pyjama rayé - John Boyne
La mécanique du cœur - Mathias Malzieu
La vie de ma mère ! - Thierry Jonquet
Une ardente patience (le facteur) - Antonio Skarmeta
A l'ouest - Olivier Adam
Il n'a jamais tué personne, mon papa - Jean-Louis Fournier
Un secret - Philippe Grimbert
Leur histoire - Dominique Mainard
Ma Nanie, - Alix de Saint-André
La fille du docteur Baudoin - Marie-Aude Murail
Une pièce montée - Blandine Le Callet
Blue cerises : Violette : L'amour basta ! - Cécile Roumiguière
Blue cerises : Amos : Cibles mouvantes - Sigrid Baffert
Blue Cerise : Zik- Octobre. l'Ange des toits de Maryvonne Rippert
Blue cerises : Satya : L'attentat de Jean-Michel Payet
A propos d'un gamin - Nick Hornby
La boîte à musique - J.M. Defromont
Un safari arctique - Jørn Riel
Le livre de Dina, tome 1 - Herbjørg Wassmo
Cosmétique de l'ennemi - Amélie Nothomb
...
Et j'ai également ma PAL normale dans laquelle je piocherai peut-être aussi...
Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent - Eric-Emmanuel Schmitt
Grandir – Sophie Fontanel
L'ange et le réservoir de liquide à freins - Alix de Saint-André

J'attends les encouragements de tous et toutes !

3 octobre 2010

Innocent - Harlan Coben

Lu dans le cadre du Baby Challenge Polar 2011
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Baby Challenge - Polar Livraddict : 6/20 déjà lus

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Pocket – mars 2007 – 517 pages

Belfond – mars 2006 – 389 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

Quatrième de couverture :
Un ami en danger
Une bagarre qui dégénère
Un accident
À vingt ans, Matt Hunter est devenu un assassin.
Treize ans plus tard, il mène enfin une vie paisible avec la femme qu’il aime, Olivia, enceinte de leur premier enfant.
Et puis, un jour, sur son portable, une vidéo d’Olivia dans une chambre d’hôtel en compagnie d’un inconnu.
Le cauchemar recommence.
Meurtres, disparitions, faux-semblants… un suspense explosif par le maître de nos nuits blanches.

Auteur : Harlan Coben est né et a grandi dans le New Jersey, où il vit avec sa femme et leurs quatre enfants. Après Ne le dis à personne... (2002), Disparu à jamais (2003), Une chance de trop (2004) et Juste un regard (2005), Innocent est son cinquième roman publié chez Belfond.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Matt est un jeune homme dont la vie bascule à 20 ans, lors d'une bagarre il tue accidentellement un jeune homme. Il va être obligé de faire quatre ans de prison à sa sortie son grand frère va l'aider à s'en sortir. Il se marie avec Olivia et fonde une famille. Mais lorsque 11 ans après, il reçoit sur son portable une photo lui montrant sa femme en compagnie d'une homme dans une chambre d'hôtel. Matt ne veut pas croire que sa femme le trompe.
En parallèle, Loren Muse, enquêtrice de la brigade criminelle, est devant le cadavre d'une bonne sœur, qui a des implants mammaires. Sœur Mary Rose était professeur dans le lycée de jeunes filles Ste Margaret, là même où Loren a été élève. Bien sûr il y a un lien entre ses deux histoires... Comme d'habitude Halan Coben construit une intrigue pleine de surprises et de rebondissements. Ses personnages sont attachants et à travers cette histoire, Halan Coben dénonce des injustices et des souffrances : il est question de pauvreté, de prostitution, d'adoption et d'adolescence. C'est un bon thriller que j'ai beaucoup de plaisir à lire.

Extrait : (début du livre)
Prologue
VOUS N’AVEZ JAMAIS EU L’INTENTION DE LE TUER.
Votre nom est Matt Hunter. Vous avez vingt ans. Vous avez grandi dans une banlieue résidentielle du New Jersey, non loin de Manhattan. Votre quartier ne paie pas de mine, mais la ville elle-même est relativement riche. Vos parents travaillent dur et vous aiment inconditionnellement. Vous êtes leur deuxième enfant. Vous avez un grand frère que vous idolâtrez et une petite soeur que vous supportez.
Comme tous les gosses du voisinage, vous vous faites du souci pour votre avenir et vous interrogez sur l’université qui va vous accepter. Vous vous appliquez, vos notes sont bonnes, mais pas extraordinaires. Vous avez une moyenne de A –. Vous n’êtes pas dans les dix premiers, mais de peu. Vous avez d’honnêtes activités parascolaires ; entre autres, vous exercez la fonction de trésorier du lycée. Vous faites partie à la fois de l’équipe de foot et de celle de basket – vous êtes assez fort pour jouer en troisième division, mais pas suffisamment pour décrocher une bourse. Vous avez légèrement tendance à la ramener et vous ne manquez pas de charme. En termes de popularité, vous vous classez juste après le peloton de tête. Quand vous vous présentez aux tests de sélection qui vont décider de votre cursus universitaire, votre conseiller d’orientation est surpris par vos bons résultats.
Vous visez l’Ivy League, mais à vrai dire vous ne faites pas le poids. Harvard et Yale vous refusent tout net. Penn et Columbia vous placent sur liste d’attente. Pour finir, vous entrez à Bowdoin, un petit établissement select de Brunswick, dans le Maine. Vous vous y sentez bien.
Les classes sont petites. Vous vous faites des amis. Vous n’avez pas de copine attitrée, sans doute
parce que vous n’en voulez pas. En deuxième année, vous intégrez l’équipe de foot en tant qu’arrière. En troisième, vous commencez le basket, et maintenant que leur joueur vedette a terminé ses études, vous avez de grandes chances de gagner de précieuses minutes de temps de jeu.
C’est là, en revenant sur le campus entre le premier et le deuxième semestre de cette troisième année de fac, que vous tuez quelqu’un.

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2 octobre 2010

Le secret du bayou - John Biguenet

Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book et Livre de Poche

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Albin Michel - mars 2008 – 407 pages

Livre de Poche – juin 2010 – 413 pages

traduction de l'anglais (États-Unis) par France Camus-Pichon

Quatrième de couverture : 
1957, côte de Louisiane. Dans le monde impitoyable des pêcheurs d'huîtres à la drague en haute mer, une flamboyante saga familiale tissée de haine, de violence, d'amour et de souffrance, aussi inexorable qu'une tragédie grecque. Fidèle à la tradition des grands romans du Sud profond aux accents faulkneriens, le superbe portrait d'une femme indomptable et farouche.

Auteur : Ecrivain résident à l'université de l'Arkansas puis à l'université du Texas, John Biguenet a publié des nouvelles, des essais et des poèmes dans de nombreuses revues (Esquire, Story, Zoetrope), ainsi que plusieurs ouvrages. Ses nouvelles, notamment, lui ont valu un O Henry Award. Président de l'American Literary Translators Association, John Biguenet enseigne actuellement à l'université Loyola de La Nouvelle-Orléans.

Mon avis : (lu en septembre 2010)
Ce livre nous raconte une histoire de rivalité entre deux familles propriétaires de parcs à huîtres en Louisiane.

D’un côté, il y a Horse Bruneau et ses trois fils, de l’autre la famille Petitjean, Félix et Mathilde, les parents et Alton et Thérèse, le fils et la fille.

Horse désire épouser Thérèse âgée de 18 ans en échange d’une dette de Félix. Mais Thérèse ne le veut pas et elle piège Horse et le tue. Les trois fils d’Horse sont convaincus que leur père a été tué par Alton et dès le soir de l’enterrement ils lui tendent une embuscade, le poignarde et le jette dans le bayou.

On découvre le monde rude et sans pitié des bayous, la vie difficile des pêcheurs d’huîtres et de crevettes. Une saga familiale à la fois dépaysante et captivante que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir.

Un grand merci à Blog-O-Book et au Livre de Poche pour m’avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (début du livre)
Le claquement sourd de la pagaie contre l’eau noire trahissait l’impatience de Horse alors que sa pirogue, invisible sous la voûte sombre des arbres de la rive, s’engageait sur le bayou des Petitjean. Mais la progression du bateau était ralentie par des racines de cyprès inondés qui raclaient sa coque étroite, et par des branches basses ployant peut-être sous le poids de gros mocassins d’eau. À cette pensée, Horse tira son couteau de l’étui et le planta dans le bois du siège près de lui.
Bien qu’il fût près de minuit, la chaleur alourdissait toujours l’air. Plus tard, juste avant l’aube, la fraîcheur s’installerait. Les dormeurs, s’éveillant sous le lent tournoiement des pales d’un ventilateur, remonteraient sur leur corps frissonnant le drap chiffonné entre leurs pieds. Les épouses s’assiéraient dans leur lit pour remettre la chemise de nuit arrachée un peu plus tôt par leur mari. Les enfants iraient se blottir dans le lit d’un frère ou d’une sœur. D’ici là, quelques heures durant, la chaleur continuerait à suinter entre les lattes du parquet des maisons, à dégouliner des aiguilles de pin. Et la main d’un homme à fendre l’air humide comme l’aileron d’un requin l’océan.
Une lueur vacilla dans la nuit encombrée de formes enchevêtrées. Elle clignota plusieurs fois tandis que la pirogue glissait au ras des troncs noirâtres bordant la rive, jaillissant parfois même des eaux du bayou. Horse savait que ce fanal était l’éclairage extérieur de Felix Petitjean. Il se rappela que pour atteindre le mouillage à l’autre bout de la clairière, il lui faudrait franchir à découvert l’appontement de son vieux rival. La pleine lune, même à peine levée, l’inquiétait.
Alors qu’il cherchait un moyen de passer inaperçu, les arbres s’espacèrent. Il distinguait la maison, en retrait à une vingtaine de mètres du bayou. Aucune lumière à l’intérieur : toute la famille devait dormir.
Horse se pencha par-dessus bord, se propulsant le long de la berge à la force du poignet là où il le pouvait, pagayant de son mieux le reste du temps. Même s’il se vantait souvent, après une ou deux bières au R&J’s, d’être à cinquante-deux ans le pêcheur d’huîtres le mieux bâti de la paroisse de Plaquemines, il regrettait d’avoir fait à la rame le trajet depuis son repaire de Bayou Dulac. Ses épaules l’élançaient, son dos commençait à lui faire mal. «Mais qu’est-ce qui m’a pris de sortir cette pirogue ?» se répétait-il.
À l’approche du ponton mal équarri, il s’agrippa à un pilotis, laissant le courant paresseux amener l’embarcation contre les pneus fixés aux traverses. Au mouillage de l’autre côté, la Mathilde semblait somnoler.
Horse se redressa un peu et chuchota dans l’obscurité.
– Therese ?
Entre les pins à l’arrière du ponton, une silhouette surgit lentement de l’ombre. Une jeune fille pieds nus et en robe légère s’avança. Horse amarra sa pirogue.
– Non, protesta Therese, dénouant l’amarre. Allons faire un tour sur le bayou.
– Mais certainement, ma chère, tes désirs sont des ordres…
Il aida Therese à descendre dans la pirogue qui tanguait dangereusement.
– … C’est pour cette raison que tu m’as fait venir en bateau ?
– Contentez-vous de nous éloigner de la maison de mon père, répliqua-t-elle depuis l’avant, sans se retourner.
D’une poussée, Horse s’orienta vers les profondeurs du bayou. La présence de Therese à bord l’enhardissait, même si la lune montait peu à peu dans le ciel. Malgré ses épaules douloureuses, il ramait énergiquement.
La puissance de ses coups de pagaie soulevait presque l’embarcation hors de l’eau.
À l’entrée du chenal, quelque cinq cents mètres plus loin, la jeune fille demanda à Horse d’amarrer le bateau. Il le fit glisser entre les roseaux, l’immobilisant dans la vase de la rive marécageuse. La poupe était entraînée par les remous, alors il jeta par-dessus bord un seau rempli de béton en guise d’ancre et noua la corde au manche robuste du couteau qu’il avait planté dans le siège.
Therese pivota sur elle-même.
– Vous croyez que ça va tenir ?
– De toute façon, on ne s’en va pas, la rassura
Horse, faisant un dernier nœud autour du manche.
Il écrasa un moustique sur son cou.

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

1 octobre 2010

Le bal des débris – Thierry Jonquet

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Fleuve Noir – 1984 – 224 pages

Mereal – 1998 – 189 pages

Librio – novembre 2000 – 126 pages

Librio – juin 2003 – 126 pages

Points – janvier 2010 – 186 pages

Quatrième de couverture :
Frédo aurait voulu être un gangster. Seulement, au lieu de manier la mitraillette devant un comptoir de banque, il pousse des chariots dans un hôpital pour vieux. Heureusement, il y a Lepointre, un vioque pas comme les autres, expert en combines et truand indécrottable. Quand une riche pensionnaire vient échouer à l'hosto, ils s'imaginent déjà des diamants plein les poches...

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' (1984), 'La Bête et la belle', 'Les Orpailleurs' (1993), qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Ainsi, 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

Mon avis : (lu en septembre 2010)

Frédo travaille dans un service de gériatrie, il pousse des chariots. Il travaille entouré de vieillards qui attendent la fin de leur vie. Chez lui, il retrouve sa compagne Jeannine qui est une militante syndicaliste pure et dure. Sa vie pépère va être bouleversée par sa rencontre avec un pensionnaire de l’hôpital Alphonse Lepointre. Ce dernier est spécialiste en combines en tout genre. Lorsqu’ils découvrent que la chambre 9 du Bâtiment Nord est gardée par des vigiles. Ils décident d’organiser le vol d’une mallette pleine de bijoux. Mais bien sûr, tout ne se passera pas comme ils l’ont imaginé…
C’est l’occasion pour Thierry Jonquet de nous décrire de façon impitoyable et sans concession le milieu des hospices de vieux qu’il connaît bien ayant été quelque temps ergothérapeute dans un service de gériatrie.

L’intrigue est pleine de rebondissement, pleine d'ironie et d'humour noir mais pas toujours  crédible… J’ai cependant lu ce livre avec plaisir, même s’il ne fait pas parti de mes préférés de Thierry Jonquet.

Extrait : (début du livre)
Tout a commencé lorsque l'ambulance du SAMU a livré au service des urgences un accidenté de la voie publique répondant au nom de Lepointre Alphonse.
C'était il y a trois mois. Je poussais mes chariots. Mon boulot, c'est de pousser des chariots. Depuis quatre ans que je travaille à l'hosto, j'ai dû faire des centaines de kilomètres avec mes chariots. Je suis un expert en chariots, de beaux chariots avec deux grosses roues à l'avant et deux petites à l'arrière. Dossier en Skaï, frein à manette. C'est pas drôle de pousser des chariots, huit heures par jour. Des chariots vers le labo, des chariots vers la radio, des chariots vers les goguenots !

Et sur mes chariots, il y a des vieux. Parce que l’hosto où je travaille est un hosto pour vieux. Quand un vieux se casse une jambe, quand il se fait renverser par un bus, ou quand il avale le pommeau de sa canne pour en finir, on l'amène dans mon hosto. Pour qu'il y crève ! En fait d'hôpital, ce serait plutôt la salle d'attente du cimetière. Depuis que je pousse mes chariots, jamais je n’ai vu quelqu’un sortir d’ici vivant, sauf pour aller dans un autre hosto, ce qui n’est pas du jeu ! Ou bien, c’est une exception, comme Lepointre Alphonse…

Les vieux arrivent en ambulance, à pied, à plat ventre, sur le dos de leur petit-neveu, et c’est parti. Direction la chambre, la visite, les rayons, la rééducation : au bout du circuit, le cercueil. En face de la grande entrée, un magasin de pompes funèbres nous rejoint la vue, de sa façade aguicheuse. Le croque-mort sourit à ses futurs clients, lorsqu’ils passent devant son échoppe. C’est un Auvergnat, le beauf’ d’un type de l’hosto.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

Ils_sont_votre__pouvante Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

les_orpailleurs_p Les orpailleurs  mon_vieux Mon vieux

du_pass__faisons_table_rase_p Du passé faisons table rase ad_vitam_aeternam_p Ad vitam aeternam

m_moire_en_cage Mémoire en cage  moloch_p Moloch  mygale_p Mygale

le_secret_du_rabin_p Le secret du rabbin  la_belle_et_la_bete_p La Belle et la Bête

30 septembre 2010

Boomerang – Tatiana de Rosnay

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Éditions Héloïse d'Ormesson – avril 2009 – 376 pages

Livre de Poche - avril 2010 - 375 pages

traduit de l'anglais par Agnès Michaux

Quatrième de couverture :
Sa sœur était sur le point de lui révéler un secret... et c'est l'accident. Elle est grièvement blessée. Seul, l'angoisse au ventre, alors qu'il attend qu'elle sorte du bloc opératoire, Antoine fait le bilan de son existence: sa femme l'a quitté, ses ados lui échappent, son métier l'ennuie et son vieux père le tyrannise. Comment en est-il arrivé là? Et surtout, quelle terrible confidence sa cadette s'apprêtait-elle à lui faire? Rattrapé par le passé, Antoine Rey vacille. Angèle, une affriolante embaumeuse, lui apportera une aide inattendue dans sa recherche de la vérité. Entre suspense, comédie et émotion, Boomerang brosse le portrait d'un homme bouleversant, qui nous fait rire et nous serre le cœur.

Auteur : Née en 1961, Tatiana de Rosnay est franco-anglaise. Elle vit à Paris avec sa famille. Journaliste, elle est l'auteur de neuf romans, dont "La Mémoire des murs" et "Elle s'appelait Sarah" (Prix Chronos, Prix des lecteurs de Corse et Prix des lecteurs-choix des libraires du Livre de Poche).

Mon avis : (lu en septembre 2010)
Pour les 40 ans de Mélanie, Antoine offre à sa sœur un week-end surprise à Noirmoutier. C’est l’île de leur enfance, ils n’y sont pas retournés depuis plus de trente ans, Mélanie avait six ans et Antoine avait dix ans. C’était le dernier été qu’ils ont passé avec leur maman, celle-ci est décédée l’année suivante à l’âge de trente-cinq ans.
Antoine est architecte, divorcé, père de trois enfants dont l’adolescence le dépasse un peu. Mélanie est éditrice et célibataire. Ce week-end à Noirmoutier va faire resurgir les souvenirs du passé. C’est pendant le voyage du retour que Mélanie, alors au volant, commence cette phrase « Antoine, il faut que je te dise quelque chose. J'y ai pensé toute la journée. La nuit dernière, à l'hôtel, tout m'est revenu. C'est à propos… »
Et c’est l’accident.
A l’hôpital, Antoine s’interroge sur la révélation que sa sœur voulait lui faire. Il va également faire connaissance avec la belle et mystérieuse Angèle qui va l’aider à avancer dans sa vie.
Antoine va mener son enquête sur le passé de sa famille tout en gérant le mieux possible sa vie professionnelle, son rôle de père, ses sentiments et ses faiblesses.
Un livre très facile à lire et que l’on ne veut pas lâcher, des personnages attachants et originaux, un livre plein d’émotion qui m’a beaucoup touchée.

Extrait : (début du livre)
La petite salle d'attente est morne. Dans un coin, un ficus aux feuilles poussiéreuses. Six fauteuils en plastique se font face sur un lino fatigué. On m'invite à m'asseoir. Je m'exécute. Mes cuisses tremblent. J'ai les mains moites et la gorge sèche. La tête me lance. Je devrais joindre notre père avant qu'il ne soit trop tard, mais je suis tétanisé. Mon téléphone reste dans la poche de mon jean. Appeler notre père ? Pour lui dire quoi ? Je n'en ai pas le courage.
La lumière est crue. Des tubes de néon barrent le plafond. Les murs sont jaunâtres, craquelés par le temps. Hébété sur mon siège, désarmé, perdu, je rêve d'une cigarette. Je dois lutter contre un haut-le-cœur. Le mauvais café et la brioche pâteuse que j'ai avalés il y a deux heures ne passent pas.
J'entends encore le crissement des pneus. Je revois l'embardée de la voiture. Ce drôle de balancement quand elle s'est brutalement déportée vers la droite pour venir heurter le rail de sécurité. Puis le cri. Son cri. Qui résonne toujours en moi.
Combien de gens ont patienté ici ? Combien ont attendu sur ce même siège d'avoir des nouvelle d'un être cher ? Je ne peux m'empêcher d'imaginer ce dont ces tristes murs ont été témoins. Les secrets qu'ils renferment. Leur mémoire. Les larmes, les cris. Le soulagement et l'espoir, aussi.
Les minutes s'égrènent. Je fixe d'un œil vide la pendule crasseuse au-dessus de la porte. Rien d'autre à faire qu'attendre.

Après une demi-heure, une infirmière entre dans la pièce. Son visage est long et chevalin. De sa blouse dépassent de maigres bras blancs.
— Monsieur Rey ?
— Oui, dis-je, le souffle court.
— Vous voudrez bien remplir ces papiers. Nous avons besoin de renseignements complémentaires. Elle me tend plusieurs feuilles et un stylo.
— Elle va bien ? tenté-je d'articuler.
Ma voix n'est qu'un faible fil prêt à se rompre. De ses yeux humides, aux cils rares, l'infirmière me lance un regard inexpressif.
— Le docteur va venir.
Elle sort. Elle a le cul plat et mou.
J'étale les feuilles sur mes genoux. Mes doigts ne m'obéissent plus.
Nom, date et lieu de naissance, statut marital, adresse, numéro de sécurité sociale, mutuelle. J'ai les mains qui tremblent tandis que j'écris :
Mélanie Rey, née le 15 août 1967 à Boulogne-Billancourt, célibataire, 49 rue de la Roquette, 75011 Paris
.
Je ne connais pas le numéro de sécurité sociale de ma sœur, ni sa mutuelle, mais je dois pouvoir les trouver dans son sac à main. Où est-il ? Je ne me souviens pas de ce qu'est devenu ce fichu sac. Mais je me rappelle parfaitement la façon dont le corps de Mélanie s'est affalé quand on l'a extraite de la carcasse. Son bras inerte qui pendait dans le vide quand on l'a déposée sur la civière. Et moi ? Pas une mèche de travers, pas un bleu. Pourtant j'étais assis à côté d'elle. Un violent frisson me secoue. Je veux croire que tout cela n'est qu'un cauchemar et que je vais me réveiller.
L'infirmière revient et m'offre un verre d'eau. Je l'avale avec difficulté. L'eau a un goût métallique. Je la remercie. Je n'ai pas le numéro de sécurité sociale de Mélanie. Elle hoche la tête, récupère les papiers et sort.
Les minutes me semblent aussi longues que des heures. La pièce est plongée dans le silence. C'est un petit hôpital dans une petite ville. Aux environs de Nantes. Je ne sais pas vraiment où. Je pue. Pas d'air conditionné. La sueur s'instille de mes aisselles jusqu'au pli de mes cuisses. L'odeur âcre et épaisse de la peur et du désespoir me submerge. Ma tête me lance toujours. Je tente de maîtriser ma respiration. Je ne tiens que quelques minutes. Puis l'atroce sensation d'oppression me gagne à nouveau.

Paris est à plus de trois heures de route. Ne devrais-je pas appeler mon père ? Ou ferais-je mieux d'attendre ? Je n'ai aucune idée de ce que le médecin va me dire. Je jette un coup d'œil à ma montre. Vingt-deux heures trente. Où se trouve notre père à cette heure ? Est-il sorti dîner ? Ou dans son bureau à regarder une chaîne du câble, avec Régine dans le salon d'à côté, probablement au téléphone ou en train de se faire les ongles ?
Je décide de patienter encore un peu. J'ai envie de parler à mon ex-femme. Le nom d'Astrid est toujours le premier qui s'impose dans les moments de détresse. Mais... Elle et Serge, à Malakoff, dans notre maison, dans notre lit, cette manie qu'il a de décrocher, même si c'est son portable à elle qui sonne. Rien que d'y penser... « Salut Antoine, ça va, mon pote ? » C'est plus que je ne peux le supporter. Alors, voilà, je ne vais pas appeler Astrid, même si j'en crève d'envie.

Je suis toujours assis dans ce cagibi étouffant à essayer de garder mon calme. À tenter de dominer la panique qui s'empare de moi. Je pense à mes enfants. Arno, dans la pleine gloire de son adolescence rebelle. Margaux, à peine quatorze ans et déjà si mystérieuse. Lucas, onze ans, gros bébé comparé aux deux autres et à leurs hormones débridées. Impossible de m'imaginer leur annonçant : « Votre tante est morte. Mélanie est morte. Ma sœur est morte. » Ces mots n'ont aucun sens. Je les repousse farouchement.
Une heure supplémentaire d'angoisse pure. Prostré, la tête entre les mains, je me concentre sur ce que j'ai à faire. Demain, c'est lundi et après ce long week-end, il y a tant d'urgences à régler. Rabagny et sa foutue crèche, un chantier que je n'aurais pas dû accepter. Lucie, l'assistante cauchemardesque que je dois me décider à virer. La situation est absurde. Comment puis-je penser à mon boulot alors que Mélanie est entre la vie et la mort ? Pourquoi Mélanie ? Pourquoi elle ? Et pas moi ? Ce voyage, c'était mon idée. Mon cadeau pour son anniversaire. Ses quarante ans qu'elle redoutait tant.
Une femme, qui doit avoir mon âge, entre dans la pièce. Elle porte une blouse verte et le drôle de petit bonnet de papier que mettent les chirurgiens au bloc. Des yeux noisette perspicaces, une chevelure courte et châtain où courent quelques mèches grises. Elle sourit. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je me lève d'un bond.
— C'était limite, monsieur Rey.
Je remarque avec effroi des taches brunes sur sa blouse. Est-ce le sang de Mélanie ?
— Votre sœur va s'en tirer.
Malgré moi, je sens mon visage qui se décompose et je fonds en larmes. Mon nez coule. Je suis gêné de pleurer devant cette femme, mais incapable de me retenir.
— Ça va aller, ne vous en faites pas, me dit le docteur.
Elle me prend fermement le bras. Ses mains sont petites et carrées. Elle m'oblige à me rasseoir et s'installe à côté de moi. Je gémis comme quand j'étais môme. Le chagrin me prend aux tripes, les sanglots sont irrépressibles.
— C'est elle qui conduisait, n'est-ce pas ? Je confirme d'un hochement de tête, en m'essuyant le nez d'un revers de main.
— Nous savons qu'elle n'était pas sous l'emprise de l'alcool. Les analyses le prouvent. Pouvez-vous m'expliquer ce qui s'est passé ?
Je m'efforce de répéter ce que j'ai déjà dit à la police et au SAMU. Ma sœur avait voulu prendre le volant pour la fin du voyage. C'était une bonne conductrice. J'avais parfaitement confiance à ses côtés.
— A-t-elle perdu connaissance ?
Sur son badge, je lis : « Docteur Bénédicte Besson ».
— Non.
À cet instant, un détail me revient. J'ai oublié de le confier aux ambulanciers pour la bonne raison que je ne m'en souviens que maintenant.
Je fixe les traits fins et bronzés du médecin. Mon visage est encore déformé par l'émotion. Je respire profondément.
— Ma sœur voulait me dire quelque chose. Elle s'est tournée vers moi. Et c'est là que tout est arrivé. La voiture a fait une embardée sur l'autoroute. Tout s'est passé si vite.
Le médecin me presse.
— Que voulait-elle vous dire ?

Mélanie. Ses mains sur le volant.
Antoine, il faut que je te dise quelque chose. J'y ai pensé toute la journée. La nuit dernière, à l'hôtel, tout m'est revenu. C'est à propos... Ses yeux. Troublés, inquiets. Puis la voiture quittant la route.

Déjà lu du même auteur :

elle_s_appelait_sarah_p Elle s'appelait Sarah

29 septembre 2010

Miss Charity – Marie-Aude Murail

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MissCharityGRAND École des Loisirs – novembre 2008 – 562 pages

Quatrième de couverture :
Charity est une fille.
Une petite fille.
Elle est comme tous les enfants : débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d'échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde.
Mais voilà, une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880, ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l'église, à la rigueur. Les adultes qui l'entourent ne font pas attention à elle, ses petites sœurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d'ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par cœur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige, avec l'espoir qu'un jour quelque chose va lui arriver...

Auteur : Marie-Aude Murail est née au Havre en 1954. Elle vit avec son mari et a trois enfants, deux garçons et une fille. Elle a commencé à écrire pour la jeunesse en 1986. Au début, ses romans étaient surtout destinés à des femmes, puis elle s'est mise à écrire pour les jeunes de 7 à 16 ans. Dans ses romans, on peut retrouver énormément de dialogues entre les personnages. Son but est de séduire ses lecteurs grâce à de l'émotion et de l'amour. Le plus souvent, dans ses livres, les histoires se passent dans des milieux urbains et les héros sont des hommes, souvent des ados, motivés par des femmes. Elle a écrit Oh boy (2000), Simple (2004), Maïté coiffure (2004), Miss Charity (2008), Papa et Maman sont dans un bateau (2009).

Mon avis : (lu en septembre 2010)
Ce livre est formidable, il raconte l'histoire de Charity, une petite fille de la bonne société anglaise née en 1880. Charity nous raconte son histoire à partir de ses cinq ans, elle est seule car comme elle nous le raconte « J’aurais dû être assise entre mes deux sœurs. Mais Prudence, ma sœur aînée, avait renoncé à vivre trois heures après être née. Quant à Mercy, venue au monde deux ans plus tard, elle n’avait pas voulu tenter l’aventure plus d’une semaine. » Ses parents ne s'occupent pas d'elle, dès sa petite enfance, c'est Tabitha, sa bonne venue d'Écosse qui s'occupe d'elle, qui lui raconte des histoires qui font peur et qui petit à petit deviendra folle. Pour ne pas sombrer dans la solitude et l'ennui, Charity va grandir, en compagnie  des animaux qu'elle recueille et qu'elle apprivoise, chacun a un nom : sa première souris sera Madame Petitpas, puis il y aura Jack son hérisson, Julius son rat noir, Peter le lapin... Elle les observe et notes ses observations. Puis c'est vers l'âge de dix ans, que Charity aura une gouvernante française, Mlle Blanche Legros, qui lui enseignera le français et qui lui fera découvrir l’aquarelle. Grâce à cela, sa vie va être transformée, Charity aime l'aquarelle et elle a du talent, elle commence donc à peindre ce qu’elle voit autour d’elle : ses animaux, des paysages... Plus tard, elle publiera son premier livre pour enfants avec ses illustrations.

Dans une Angleterre victorienne, Miss Charity raconte l’histoire romancée de Beatrix Potter, mais pas seulement... On y croise également les personnages célèbres que sont Georges Shaw et Oscar Wilde, on y retrouve des références littéraires...

Ce livre nous dévoile des personnages attachants, en particulier Charity que l'on voit peu à peu s’émanciper, gagner sa vie et son indépendance. J'y ait trouvé également de l'humour et beaucoup d'émotions. Malgré ses 562 pages, j'ai dévoré ce livre en moins de 2 jours.
Il ne faut pas oublier également que le livre en lui-même est très beau avec en particulier les nombreuses illustrations et aquarelles de Philippe Dumas.

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Extrait : (page 16)
Ma souris, baptisée par mes soins Madame Petitpas, ne resta pas enfermée dans sa cage. Je laissais souvent la porte ouverte et Madame Petitpas en profitait pour pointer son nez, moustaches auvent. Elle était incroyablement effrontée, s'aventurant sur ma main, sur mon bras, mon épaule, me chatouillant le cou, s'empêtrant dans mes cheveux. J'avais beau la nourrir raisonnablement de légumes verts et de graines pour oiseaux, elle éventrait ma poupée de son ou grignotait le haut de mes bottines. Insensible à mes gronderies, elle s'asseyait sur son derrière, la queue en rond, et faisait sa toilette avec des gestes si drôles et si gracieux qu'il était impossible de se fâcher longtemps. C'était aussi une acrobate-née et elle s'était prise de passion pour ma maison de poupée, entrant par la fenêtre, grimpant l'escalier, ressortant par une lucarne. Elle y faisait des dégâts, rongeant le minuscule mobilier et semant partout ses petites crottes boudinées. Parfois, sa tête moustachue jaillissait de la cheminée puis disparaissait brusquement dans le conduit, comme si on venait de la tirer par la queue.
A quelque temps de là, Madame Petitpas me présenta à une de ses bonnes amies, plus courte et plus dodue, Miss Tutu. Miss Tutu était d'un naturel plus calme et pouvait rester toute une matinée dans la poche de mon tablier. Mais la nuit, je les entendais toutes les deux qui trottaient et couinaient dans la nursery. « C'est une invasion ! », se lamentait Tabitha. Elle ne faisait que commencer.

Déjà lu du même auteur :

Simple Simple  papa_et_maman_sont_dans_un_bateau Papa et Maman sont dans un bateau

27 septembre 2010

L’amour est une île - Claudie Gallay

l_amour_est_une_ile Actes Sud – août 2010 – 350 pages

Quatrième de couverture :
C'est une saison singulière pour Avignon et les amoureux du théâtre : la grève des intermittents paralyse le festival. Un à un les spectacles sont annulés. Les visiteurs déambulent sous un soleil de plomb, à la recherche des rares lieux où joueront quand même quelques comédiens. Comme Mathilde, dite la Jogar : devenue célèbre depuis qu'elle a quitté Avignon, elle est enfin de retour dans cette ville où elle a grandi, et pour un rôle magnifique. L'homme qu'elle a tant aimé, et qui l'a tant aimée, Odon Schnadel, a appris sa présence par la rumeur. Lui-même vit ici en permanence, entre sa péniche sur le fleuve et le petit théâtre qu'il dirige. Cette année-là, avec sa compagnie, Odon a pris tous les risques. Il met en scène une pièce d'un auteur inconnu, mort clans des circonstances équivoques : un certain Paul Selliès dont la jeune sœur Marie - une écorchée vive - vient elle aussi d'arriver à Avignon, un peu perdue, pleine d'espérances confuses... ou de questions insidieuses. Car autour de l'œuvre de Paul Selliès plane un mystère que ces personnages dissimulent ou au contraire effleurent, parfois sans faire exprès, souvent clans la souffrance. Plongée au cœur des passions, des rêves et des mensonges, des retrouvailles sans lendemain, des bonheurs en forme de souvenirs, des amours que l'on quitte, des îles qu'on laisse derrière soi, le nouveau roman de Claudie Gallay noue et dénoue les silences d'un été lourd de secrets.

Auteur : Née en 1961, Claudie Gallay vit dans le Vaucluse. Elle a publié aux éditions du Rouergue L'Office des vivants (2000), Mon amour, ma vie (2002), Les Années cerises (2004), Seule Venise (2004, prix Folies d'encre et prix du. Salon d'Ambronay), Dans l'or du temps (2006) et Les Déferlantes (2008), qui a reçu le Prix des lectrices de Elle et fera prochainement l'objet d'une adaptation cinématographique.

Mon avis : (lu en septembre 2010)

 

Dans son nouveau livre, Claudie Gallay a quitté le Cap de La Hague, le vent et les tempêtes pour un cadre diamétralement opposé, le Festival d'Avignon en 2003 pendant l'été de la canicule. Cette année, le festival est perturbé par les grèves des intermittents du spectacle.

 

La ville est envahie par des manifestants, des comédiens ou des spectateurs qui recherchent les spectacles qui seront joués. Là vont s’affronter trois personnages. Odon Schnadel, il dirige le théâtre du Chien-Fou, et il met en scène la pièce Nuit rouge d’un auteur inconnu, Paul Selliès.Mathilde, dite la Jogar, est devenue célèbre, originaire d’Avignon, elle n’y est pas revenue depuis cinq ans. A cette époque, elle avait quitté Odon pour faire carrière. Et enfin Marie, elle est la sœur de Paul Selliès, marginale avec ses piercings, elle est venue à Avignon en stop depuis Versailles parce qu’elle a vu par hasard qu’on jouait une pièce de son frère. Elle est convaincue qu’Odon est responsable de la mort de son frère. 

 

Amour, trahison, théâtre, écrivain....voilà les ingrédients de ce roman qui se lit facilement. Les chapitres courts, des phrases simples décrivent parfaitement l’atmosphère tendue et lourde d’Avignon et les ressentis des personnages principaux et secondaires.

 

J’ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir, j’ai aimé cette atmosphère étouffante et chaude, j’ai trouvé très attachante Marie et ses blessures. Une très belle découverte !

 

 

Extrait : (début du livre)
Il fait encore nuit et le fleuve est tranquille quand Odon Schnadel sort de sa péniche. Il tient un bol à la main. C'est son premier café, noir, brûlant. Il a mal au crâne. Il glisse deux aspirines dans le bol.
La chaleur est étouffante.
Des branches flottent, cassées plus au nord et charriées, apportées là, elles se confondent avec les eaux brunes.
Les arbres souffrent, même ceux qui ont les racines dans l'eau.
Sur le pont, ça sent le vernis. Il y a des pinceaux rouges dans une boîte, un pot, des chiffons. L'odeur du vernis ajoute au mal de crâne.
Odon boit son café en regardant couler le fleuve. Quelque part sur l'île, un chien hurle.
Une lucarne grillagée est plantée dans la porte. Faible halo jaune. Quand Mathilde est partie, il s'est juré ça, la laisser briller jusqu'à ce qu'elle revienne.
Cinq ans. Les ampoules ont grillé. Il les a remplacées.
Aujourd'hui, elle est là, quelque part en ville, pour le temps du festival. Depuis des semaines, la rumeur se répand, la Jogar revient entre ses murs, elle joue Sur la route de Madison au théâtre du Minotaure.
On parle d'elle dans les journaux.
On parle d'elle partout, dans son quartier, dans la rue. On dit qu'elle dort à la Mirande, l'un des plus beaux hôtels de la ville. On dit aussi qu'elle a renié son nom en devenant la Jogar.
Odon finit son café, le bol entre les mains, les coudes au bastingage.
Big Mac le crapaud se terre dans le talus.
Un train passe.
Odon tire une cigarette du paquet, arrache le filtre avec les dents. C'est sa dernière, il froisse le paquet, le jette dans le fleuve.
Il pisse dans l'eau.
Un poisson nage à la surface. Un silure est en train de crever dans les branches, entre la péniche et la rive. Tout a soif cet été, la terre, le ciel, même le fleuve réclame sa part.
Il pose son bol, remonte le silure, le rejette vers les courants.
Jeff arrive juste après huit heures, il cale le Solex contre le saule, enjambe la barrière.
Des touffes d'orties et d'herbes vertes ont pris racine au pied de la passerelle. Un pot avec un vieux géranium, les tiges noueuses, sèches.
Jeff monte sur la péniche.
Il enlève sa casquette. Ses cheveux sont trempés par la sueur.
Il jette le journal sur la table, entre le cendrier et le bol. Il le jette toujours de la même façon, la main désinvolte. La casquette suit.
Avant, il était cantinier à la prison. Quand la prison a fermé, il a gardé les clés, un trousseau entier. Depuis deux ans, il squatte une cellule avec la vue sur l'arrière du palais des Papes. Il touche une aide de l'Etat. Il fait aussi des petits boulots comme s'occuper de la péniche et du théâtre d'Odon.
Il sort un trèfle de sa poche.
- Je l'ai trouvé sur la rive. C'est un bon présage, il dit, en montrant les quatre feuilles.
Odon s'en fout, il vient d'ouvrir le journal.
- Bon présage, tu parles...
Sur la première page, en grand titre : Avignon, état de choc !
Après une semaine de grève, la direction du festival vient de décider l'annulation de tous les spectacles in. La nouvelle tombe dans les journaux.
Ça fait des années que le malaise grandit, il fallait bien que ça éclate.
Odon est inquiet. La veille encore, par solidarité, sa compagnie n'a pas voulu jouer.
Il passe ses mains sur son visage. Sa peau est sèche. Ou c'est l'intérieur de ses mains.
Il regarde le fleuve. Le soleil éclaire la surface de reflets rouges.
Jeff range le trèfle.

 

 

 

 

 

 

 

Il choisit une pomme dans la corbeille. Il se cale contre le bastingage, racle la peau avec les dents, après il attaque la chair. Il mange aussi le trognon. Il fait comme ça depuis toujours. Il avale aussi les pépins. Il paraît qu'il y a de l'arsenic dedans. Il n'y a que la queue qu'il ne mange pas.
- On dit que ce sera un sale été, il dit. Un été pourri.
Il énumère les travaux qu'il doit faire avant l'automne, laver le pont, vidanger le groupe électrogène, réparer la table pliante. Il doit aussi évacuer les branches mortes et jeter tous les pots de peinture vides qui traînent un peu partout.
Jeff est payé pour nettoyer, vernir, empêcher que tout ne devienne un taudis.
Il n'empêche pas.
Le pont est encombré par plusieurs grands fauteuils, un divan, un siège pivotant de coiffeur, une table basse au milieu. Un auvent de canisses protège tout ça du soleil.
Un piano. Jeff glisse sa main sur les touches, ramène un mélange de poussière et de pollen. Ses doigts laissent leur empreinte, une sueur qui s'efface.
Odon tourne les pages du journal. Rubrique Spectacles. La Jogar est en photo. Dans un salon d'hôtel, en robe du soir. La chevelure épaisse, les yeux sombres. Sur ses lèvres, ce sourire qui fait dire d'elle qu'elle est arrogante.
- Elle est revenue... dit Jeff en se penchant sur son épaule.
- Ça ne te regarde pas.
Il se redresse.
- J'aime pas qu'elle soit là.
- C'est pas ton problème.
Jeff recule.
- Je m'éloigne du journal alors.
- C'est ça, éloigne-toi.
Odon referme le journal.
- Faudrait que t'arraches les orties, on va bientôt plus pouvoir sortir.
- Je vais le faire.
- Deux semaines que tu le dis, Jeff... Tu as commencé à vernir le pont aussi et t'as pas fini.
- J'arrose les fleurs déjà...
- Oui, les fleurs tu les arroses mais les orties ça s'arrache, et Monsieur Big Mac n'aime pas leur odeur.
- Parfois, on n'aime pas et puis on s'attache, dit Jeff.
Odon plaque la main sur la table, les doigts écartés.
Jeff se tait.
Avec la chaleur, les feuilles se dessèchent, elles jaunissent, crèvent. Sous l'un des hublots, le lierre se transforme en lianes.
Il remplit l'arrosoir.
Des plantes sont alignées sur une planche au-dessus du piano. Des fleurs qui poussent dans des pots en verre, on voit les racines par transparence. C'est Jeff qui les plante. Quand il n'a plus de pots, il utilise des boîtes de conserve, avec une pointe il perce des trous. Il récupère de la terre à limon dans un endroit secret de l'île.
Tout ce que Jeff plante prend racine.
Il dit, Si je plantais la mort, elle pousserait aussi.
Odon pense à Mathilde. La nuit, il s'empêchait de dormir pour la regarder. Sa bouche lourde, son corps nu sous le drap, il en parcourait tous les contours, il la couvait, la recouvrait, il aimait tout d'elle, son ventre doux, l'odeur de sa peau, son rire, ses désirs, sa voix. Quand elle est partie, elle a dit, Tu penseras à moi de temps en temps ? Il n'a pas pu répondre. Il a posé un long baiser dans ses cheveux.
Jeff arrose les plantes au-dessus du piano. Il parle du festival de l'an passé.
- D'où il était le gars qui nous aidait pour les décors, il avait un drôle d'accent ?
- Du Michigan...
Jeff le sait mais il aime entendre prononcer ce nom, Michigan.
- Oui, c'est ça, il jouait du banjo...
Il parle encore, tout seul, en arrosant la terre.

 

 

 

Livre 10/14 pour le Challenge du 1% littéraire 1pourcent2010

Déjà lu du même auteur :

lesd_ferlantes Les déferlantes Dans_l_or_du_temps Dans l'or du temps

mon_amour_ma_vie Mon amour ma vie l_office_des_vivants L'office des vivants

seule_venise_p Seule Venise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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