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A propos de livres...

25 novembre 2010

Quinze ans après, Fanfan 2 – Alexandre Jardin

Lu dans le cadre du Partenariat  Blog-O-Book et Livre de Poche

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Grasset – octobre 2009 – 353 pages

Livre de Poche – octobre 2010 – 286 pages

Quatrième de couverture :
A vingt-cinq ans, Fanfan et Alexandre s'étaient passionnément désirés. Fou de romantisme, il avait fait à sa belle une cour sans fin, lui refusant même l'acompte d'un baiser. Leur songe rose et plein d'effroi avait tourné court... Et voilà que quinze ans après, une machination orchestrée par un éditeur et un producteur avides remet en présence le couple qui inspira le roman Fanfan, incarné au cinéma par Sophie Marceau et Vincent Perez. Mais leur météo intime est à nouveau aux antipodes. Lui rêve désormais d'un amour quotidiennement réenchanté : faire de la vie domestique, érotisée avec zèle, un tremplin vers l'éternité ; elle a des bleus au coeur et se refuse à tout engagement. Triompheront-ils du cynisme de l'époque et de la conjuration des intérêts ? Guérit-on jamais d'un premier amour ?

Auteur : Né en 1965, diplômé de Sciences-politiques, Alexandre Jardin obtient en 1986 le prix du Premier roman pour Bille en tête. Deux ans plus tard, Le Zèbre est couronné par le prix Femina.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
J’ai découvert Alexandre Jardin avec Le Zèbre puis avec Fanfan, j’étais donc très curieuse de lire Fanfan 2 pour retrouver des personnages que j’avais adorés.

Malheureusement, je n’ai pas trouvé Fanfan 2 à la hauteur de l’original… J’ai eu du mal à rentrer dans le livre, j’ai été agacée par les constantes allusions au livre Fanfan, à son auteur et au film Fanfan ainsi qu’à ses acteurs (Sophie Marceau et Vincent Perez), j’ai trouvé que l’histoire n’avançait pas et je me suis plutôt ennuyée. Il y avait bien plusieurs personnages caricaturaux comme Faustine, la critique culturelle et littéraire et fausse bonne amie de Fanfan, Dizzy l’éditeur et Darius le producteur.
L’intérêt de Fanfan, c’était les nombreuses surprises tout au long du livre, pour Fanfan2, je n’ai jamais été surprise… Dommage.

Merci cependant à Blog-O-Book et au Livre de Poche pour ce partenariat.

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24 novembre 2010

Le sang des Atrides – Pierre Magnan

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Folio – mars 2000 - 245 pages

Fayard - février 2004 – 310 pages

Fayard – 1977 – 217 pages

Prix du Quai des Orfèvres en 1978

Quatrième de couverture :
Rue Prête-à-Partir, une nuit, un long cadavre vêtu d'un ensemble de sport bleu ciel orné d'un grand Gentiane en lettres jaunes attend, en leur barrant la route, les éboueurs de la ville de Digne. Jeannot Vial a été assassiné. Six mois plus tard, c'est au tour de Jules Payan. Deux hommes beaux et jeunes. Il y aura une troisième victime, puis une quatrième : la vieille Adélaïde de Champclos, qui devait connaître l'assassin. C'est bien sûr le commissaire Laviolette qui mène l'enquête.

Auteur : Pierre Magnan est un écrivain français né en 1922 à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Il est indéfectiblement attaché à la Provence, source de toute son œuvre. Il fait de rapides études au collège de sa ville natale jusqu'à douze ans. De treize à vingt ans, il est typographe dans une imprimerie locale. Appelé aux Chantiers de jeunesse pendant l'Occupation, il est réfractaire au service du travail obligatoire (STO), et rejoint le maquis à Saint-Pierre d'Allevard en Isère, avec entre autres Thyde Monnier. Il publie son premier roman, L'Aube insolite, en 1946 avec un certain succès d'estime, la critique est favorable mais le public n'adhère pas. Trois autres romans suivent sans davantage de succès. Pour vivre, il travaille alors dans une société de transports frigorifiques, où il reste vingt-sept ans, tout en continuant toutefois à écrire des romans qui ne sont pas publiés.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
J'ai eu une époque où j'ai lu beaucoup de romans de Pierre Magnan comme la Maison Assassinée, les courriers de la mort... Lorsque j'ai vu ce livre à la bibliothèque, j'étais contente de retrouver cet auteur qui sait si bien parler de la Provence à travers un roman policier très bien construit.
Le Sang des Atrides est un roman policier paru en 1976. Le titre fait référence aux Atrides, descendants d'Atrée dans la mythologie grecque et cette référence n'est explicitée que dans les toutes dernières pages du roman.
Une série de meurtres a lieu à Digne. Ils sont commis avec une fronde et des galets venant de la rivière La Bleone. Il s'agit tout d'abord du meurtre de trois jeunes hommes, puis d'une vieille dame... Je n'en dévoilerai pas plus, le lecteur découvrira dans les toutes dernières pages qui est le meurtrier et surtout son mobile.

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Ce livre a été adapté deux fois à la télévision : En 1981, avec Sam Itzkovitch comme réalisateur et en 2010, téléfilm de Bruno Gantillon avec Victor Lanoux (Laviolette), Thibault de Montalembert (Juge Chabrand), Annie Grégorio, Valeria Cavalli, Cécile Auclert, Thibaud Vaneck.

Extrait : (début du livre)
C'était une nuit du dimanche au lundi. Entre le bruit de la Bléone sur ses galets et celui du torrent des Eaux-Chaudes, aux schistes jaune d'or, Digne dormait dans le calme.
Les feux de signalisations clignotaient en pure perte. La circulation était nulle en direction de Barrême, de Malijai ou de Barcelonnette. Aucun chien n’aboyait. Les autorails colorés du CP étaient au repos dans la gare déserte.

Au-delà des boulevards éclairés, au fin fond du cirque de nuit, sur les collines noires, vers les séminaires, quartier résidentiel, une lueur furtive pointillait le chemin de quelqu’un. Mais, entre ce quelqu’un et les deux torrents qui soulignaient le silence en rabotant leur lit, il n’y avait âme qui vive : il y avait âme qui meurt.
A quatre heures, sortit de son enclos la benne municipale. Il fallut aux éboueurs une heure ponctuée de sifflements stridents, de poubelles rejetées, de broyeurs emballés, d’arrêts, de départs, de joyeuses interpellations d’un bord à l’autre de la chaussée, pour atteindre la rue Prête-à-Partir.
C’est là qu’il les attendait. Oh ! Avec patience ! Il leur barrait la route : c’était un long cadavre, contre terre, face de côté, vêtu d’un ensemble de sport bleu ciel orné d’un grand Gentiane en lettres jaunes.
Le chauffeur l’aperçut le premier, stoppa, descendit devant la benne. C’était un escogriffe à l’œil gauche fermé et au mégot pendant. Comme les deux Maghrébins, à l’arrière, sifflaient en vain pour qu’il repartît, ils vinrent aux nouvelles. Leurs lèvres épaisses esquissèrent un sourire gêné. Ils croyaient voir un ivrogne. Ils voulurent le relever. L’escogriffe étendit ses bras et mit en diagonale, devant leurs pieds, ses immenses espadrilles. Il n’avait toujours que son œil droit ouvert, tant le gênait, à perpétuité, la fumée de son mégot.
« N’y touchez pas !
- Il est malade !
- Il n’est pas malade. Il est mort !
- Comment tu sais ? »

22 novembre 2010

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [4]

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C'est le jour du rendez-vous proposé par Mallou

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

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La Ballade de Lila K - Blandine Le Callet
Dis oui, Ninon - Maud Lethielleux
La couleur des sentiments - Kathryn Stockett
Le sang des Atrides - Pierre Magnan

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Quinze ans après - Fanfan 2 - Alexandre Jardin (partenariat Blog-O-Book - Livre de Poche)

Que lirai-je cette semaine ?

Voici les livres que j'ai "prêt à lire" dans ma PAL...

Sanctuaires ardents - Katherine Mosby
La malédiction des colombes - Louise Erdrich
Le cimetière des bateaux sans nom - Arturo Pérez-Reverte

Composition française - Mona Ouzouf (partenariat Livraddict - Folio)


Bonne semaine et à lundi prochain !

21 novembre 2010

La couleur des sentiments – Kathryn Stockett

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Jacqueline Chambon Editions - septembre 2010 – 525 pages

traduction de l'anglais (États-Unis) par Pierre Girard

Quatrième de couverture :
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. Passionnant, drôle, émouvant, La Couleur des sentiments a conquis l'Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.

Auteur : Kathryn Stockett a grandi à Jackson. Elle vit actuellement à Atlanta avec son mari et leur fille, et travaille à l'écriture de son deuxième roman.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
Ce livre a été, pour moi, dès les premières pages de lecture, un grand coup de cœur !
Je suis rentrée dans ce livre très rapidement et j’ai été transportée à Jackson, petite ville du Mississipi dans les années 60. C’est un récit à 3 voix sur la condition des Noirs à cette époque, aux États-Unis. Elles sont trois femmes : Aibileen et Minny deux bonnes noires et Miss Steeker une jeune femme blanche. On découvre une ségrégation qui perdure malgré tout, car des lois continuent à séparer les deux populations. De la rencontre improbable entre Miss Steeker, jeune bourgeoise blanche et Aibileen et Minny va naître une amitié et surtout un livre racontant les histoires des bonnes noires au service des maîtres blancs. Elles évoquent les vexations, les colères contenues et leurs tendresses immenses pour les enfants qu'elles élèvent.

Une histoire simple avec des personnages très attachants qui fait passer le lecteur par toutes les émotions de la tristesse à la colère sans oublier le rire car certaines situations sont vraiment pleines d’humour…

J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir à lire ce livre, je l’ai savouré ne voulant pas le quitter trop vite. Un vrai grand coup de cœur !

Extrait : (début du livre)
AIBILEEN

Août 1962

Mae Mobley, elle est née de bonne heure un dimanche matin d'août 1960. Un bébé d'église, comme on dit. Moi je m'occupe des bébés des Blancs, voilà ce que je fais, et en plus, de tout le boulot de la cuisine et du ménage. J'en ai élevé dix-sept de ces petits, dans ma vie. Je sais comment les endormir, les calmer quand ils pleurent et les mettre sur le pot le matin, avant que les mamans aient seulement le temps de sortir du lit.
Mais un bébé qui hurle comme Mae Mobley Leefolt, ça j'en avais jamais vu. Le premier jour que je pousse la porte je la trouve toute chaude et toute rouge à éclater et qui braille et qui se bagarre avec son biberon comme si c'était un navet pourri. Miss Leefolt, elle a l'air terrifiée par son propre enfant. "Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Pourquoi je ne peux pas arrêter ça ?"
Ça ? Tout de suite, je me suis dit : il y a quelque chose qui cloche ici.
Alors j'ai pris ce bébé tout rouge et hurlant dans mes bras. Je l'ai un peu chahuté sur ma hanche pour faire sortir les gaz et il a pas fallu deux minutes pour que Baby Girl arrête de pleurer et me regarde avec son sourire comme elle sait faire. Mais Miss Leefolt, elle a plus pris son bébé de toute la journée. Des femmes qui attrapent le baby blues après l'accouchement, j'en avais déjà vu des tas. Je me suis dit que ça devait être ça.
Mais il y a une chose avec Miss Leefolt : c'est pas juste qu'elle fronce tout le temps les sourcils, en plus elle est toute maigre. Elle a des jambes tellement fines qu'on les dirait poussées de la semaine dernière. A l'âge de vingt-trois ans, la voilà efflanquée comme un gamin de quatorze. Même ses cheveux bruns sont tellement fins qu'on voit à travers. Elle essaie de les faire bouffer, mais ça les fait seulement paraître plus fins. Et sa figure, elle ressemble à celle du diable rouge sur la bonbonnière, avec le menton pointu et tout. Pour tout dire, elle a le corps tellement plein de pointes et de bosses qu'il faut pas s'étonner si elle arrive jamais à calmer ce bébé. Les bébés, ils aiment les grosses. Ils aiment fourrer la tête sous votre bras pour s'endormir. Ils aiment les grosses jambes, aussi. Ça, je peux vous le dire.
Mae Mobley, à un an, elle me suivait déjà partout où j'allais. Quand arrivait cinq heures elle se cramponnait à mes Scholl, elle se traînait par terre et elle bramait comme si j'allais jamais revenir. Après, Miss Leefolt me regardait de travers, à croire qu'il aurait pas fallu décrocher ce bébé qui criait à mes pieds. Je pense que c'est le risque qu'on prend, quand on laisse quelqu'un d'autre élever ses enfants.   

Livre 27/28 pour le Challenge du 4% littéraire 1pourcent2010

20 novembre 2010

Je me suis laissée tenter...

Ces derniers jours, je me suis laissée tenter par un Challenge et un Swap !

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Challenge Christmas - Défi Noël

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Ce Challenge est organisée par Evy, il s'agit de lire un livre (ou plus si vous en avez envie, le nombre n'est bien évidemment pas limité !) sur le thème de Noël et en écrire un petit billet sur votre lecture ! Tous les livres sont acceptés : polars, romans historiques, chick-lit, contes, classiques, etc. du moment qu'ils soient en rapport avec le thème de Noël ! Ce défi se terminera le 31 décembre 2010 !

  Swap Marque Page

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Ce Swap est organisé par Galleane sur le Forum de Livraddict

Le but est donc d'envoyer des marque pages à votre futur à une personne. Il s'agira d'en offrir 7 (un pour chaque jours de la semaine). Pour cela vous pouvez les acheter, les récupérer en librairie, les réaliser sur ordinateur bref vous faites comme vous le souhaitez.
En plus vous devrez réaliser un huitième et dernier MP entièrement fait main soit en le dessinant, en faisant un collage... Il n'a pas besoin d'être compliqué.

Les inscriptions se font à partir du 11/11/2010  et se terminerons le 20 novembre (c'est à dire aujourd'hui).
Vous aurez jusqu'au 15 décembre pour faire/acheter les MP et les envois se feront du 16 au 25 décembre
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19 novembre 2010

Dis oui, Ninon – Maud Lethielleux

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Stock – mars 2009 - 247 pages

J'ai lu - mai 2010 - 221 pages

Quatrième de couverture :
« - T'as passé une bonne semaine ? Je ne sais pas quoi dire. Si je dis oui, il va être triste, ça voudrait dire que je me passe bien de lui et que L'autre n'est pas si mal. Si je dis non, il sera très en colère contre Zélie et L'autre parce que je suis malheureuse à cause d'eux. Je dis : - Moyen. »
À neuf ans, Ninon observe le monde avec malice et se moque des idées toutes faites. Quand ses parents se séparent, elle choisit la vie de bohème avec son père, Fred. Ensemble, ils construisent une maison de bric et de broc, traient leurs chèvres, vendent leurs produits au marché, oublient l'école et Mme Kaffe, l'assistante sociale...

« Tout y est frais, naturel, juste... C'est un bonbon acidulé au goût d'enfance immémoriale. » ¤ Madame Figaro

« Ceux qui aiment les récits à la Pennac, et tous les grands enfants qui n'aiment pas grandir diront oui à Ninon ! » ¤ Elle

Auteur : Maud Lethielleux est musicienne et metteur en scène. Elle a parcouru le monde, de l'Asie à la Nouvelle-Zélande. Dis oui, Ninon est son premier roman.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
Ce livre est un très beau moment d'émotion. Ninon est une petite fille attachante, elle a 9 ans et beaucoup de candeur. Ses parents sont séparés, son père est un écologiste convaincu qui élèvent des chèvres. Sa vie n'est pas toujours agréable, mais elle a choisi de rester avec son père pour l'aider à construire sa maison. Sa maman, Zélie est partie avec « l'Autre » et Agathe sa petite sœur. C'est Ninon qui nous raconte sa drôle de vie entre une maman qui veut vivre normalement et un papa un peu marginal mais libre. Ninon dit ressembler à une guenon, elle voudrait devenir musicienne mais elle chante faux, elle sait traire les chèvres et fabriquer des fromages de chèvre. Ninon est pleine de sagesse, de poésie, de naïveté et d'humour. A découvrir !

En rendant ce livre à la bibliothèque, j'ai pu emprunter le deuxième roman de Maud Lethielleux "D'où je suis, je vois la lune" que je lirai prochainement...

Extrait : (page 15)
Le samedi après-midi, Zélie nous donnait le bain et nous mettait du sent bon. Une fois elle s’est maquillée mais Fred a dit quelque chose, elle a pleuré et le noir a coulé, alors elle a tout essuyé. Agathe voulait faire pareil. Moi j’ai dit comme Fred le mot rigolo qui fait le même son que quand on crache un noyau de cerise : Pute. Agathe a rigolé et elle a répété le mot en tournant sur elle-même. Moi aussi j’ai ri. J’aime bien les nouveaux mots. Ça me donne vraiment l’impression d’être une grande. Ce soir-là, Zélie était très triste. Quand elle est triste, elle pense à son père et elle dit que les hommes, c’est tous des pervers. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais je la laisse se défouler avec les mots et après, elle me sourit comme si j’étais sa meilleure copine.
Pendant les fêtes, Fred et Zélie ont commencé à ne plus rire ensemble. Ils riaient contre eux.  Zélie restait dans la cuisine avec ses copines et Fred fumait sur le canapé et il ne rigolait pas du tout sauf quand elle s’approchait. Là, il chuchotait un truc tellement drôle que ses copains s’écroulaient par terre ou lui demandaient de répéter parce qu’ils n’étaient pas sûrs d’avoir compris et ma mère retournait dans la cuisine. Ou alors, c’était le contraire. Mais les filles étaient plus messe basse, elles riaient dès qu’il avait le dos tourné. Après, elles parlaient avec un air très sérieux qui ne laissait rien présager de bon.

Un peu plus tard, tout le monde s’est mélangé à nouveau. Les copains de Fred aimaient beaucoup discuter avec ma mère. C’était peut-être à cause du maquillage qu’elle avait décidé d’assumer. Et Fred, il a commencé à chanter des chansons d’amour avec sa guitare, les filles venaient l’écouter. Il s’installait dans une chambre ou une petite pièce éclairée d’une bougie.  La mélancolie lui allait bien.

C’est comme ça que tout a dégénéré. Un jour, Fred n’a pas voulu rentrer à la maison. Zélie nous a ramenées avec la voiture qu’elle ne savait pas bien conduire, son maquillage avait coulé et je lui ai dit :
― T’es belle avec ton noir de pute.
Agathe a ajouté que oui, elle était trop trop belle, la plus belle du monde. Et elle a dit le mot en riant très fort. Zélie  a mis les essuie-glaces, je lui ai dit qu’il ne pleuvait pas, elle a essuyé sa joue toute peinturlurée et on est rentrées. Ce soir-là, il faisait froid (Fred avait encore oublié de bourrer le poêle). On s’est couchées toutes les trois ensembles dans le grand lit et Agathe a murmuré :
― C’est bien quand il est pas là, Fred.
Zélie a eu l’air d’accord, elle nous a fait un énorme câlin. Quand on s’est réveillées, Fred dormait par terre, sur le tapis au pied du lit.

Mes parents sont très équitables, alors le samedi d’après, on est rentrées à la maison toutes seules avec Fred. Il n’a pas voulu dormir avec nous. Il nous a laissé le grand lit et il s’est assis devant la cheminée en fumant une roulée.

Cette nuit-là, ma mère a rencontré l’amour qui dure. Et elle n’a plus jamais été la même.

18 novembre 2010

La Ballade de Lila K - Blandine Le Callet

la_ballade_de_lila_K Stock – septembre 2010 – 400 pages

Quatrième de couverture : La ballade de Lila K, c’est d’abord une voix : celle d’une jeune femme sensible et caustique, fragile et volontaire, qui raconte son histoire depuis le jour où des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en charge.
Surdouée, asociale, polytraumatisée, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Elle n’a qu’une obsession : retrouver sa mère, et sa mémoire perdue.
Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrangement décalé, où la sécurité semble désormais totalement assurée, mais où les livres n’ont plus droit de cité.
Au cours d’une enquête qui la mènera en marge de la légalité, Lila découvrira peu à peu son passé, et apprendra enfin ce qu’est devenue sa mère. Sa trajectoire croisera celle de nombreux personnages, parmi lesquels un maître érudit et provocateur, un éducateur aussi conventionnel que dévoué, une violoncelliste neurasthénique en mal d’enfant, une concierge vipérine, un jeune homme défiguré, un mystérieux bibliophile, un chat multicolore... Roman d’initiation où le suspense se mêle à une troublante histoire d’amour, La ballade de Lila K est aussi un livre qui s’interroge sur les évolutions et possibles dérives de notre société.

Auteur : Blandine Le Callet est née en 1969. Elle est maître de conférences à l’université Paris-XII et poursuit des recherches en philosophie ancienne et littérature latine sur les monstres dans la Rome antique (elle a publié un essai, Rome et ses monstres, paru en 2005 aux éditions J. Millon). Elle habite en région parisienne.
Son premier roman, Une pièce montée, a remporté un grand succès auprès de la critique et du public en 2006. Il a reçu le Prix des lecteurs du Livre de poche en 2007.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
J'ai depuis plus d'un an, le livre Une pièce montée de Blandine Le Callet dans ma PAL perso et lorsque j'ai vu son nouveau livre à la bibliothèque, j'ai eu envie de l'emprunter. A la dernière émission de La Grande Librairie de France 5, Blandine Le Callet était invitée et lorsqu'elle nous a parlé de La Ballade de Lila K, j'étais surprise et un peu inquiète lorsque le terme roman anticipation a été employé... Mais ce livre ne doit pas être classé en science-fiction, il évoque un monde futur par rapport au nôtre, mais finalement assez proche du monde d'aujourd'hui.
Lila a été enlevée à sa mère assez violemment lorsqu'elle avait trois ans, elle est ensuite élevée dans le Centre, un monde normalisé, aseptisé et sécurisé, jusqu'à ses 18 ans.
Lila n'a qu'une idée en tête, connaître son passé, retrouver sa mère dont elle a très peu de souvenirs.
Lila est très attachante et l'on suit sa quête initiatique avec beaucoup de d'émotions. Elle fera de nombreuses rencontres importantes pour son avenir.
L'écriture et le style fluide rende la lecture de ce livre très facile. Un très beau roman fascinant et poignant.

Extrait : (début du livre)
Le Centre
Quand je suis arrivée dans le Centre, je n'étais ni bien grande, ni bien grosse, ni en très bon état. Ils ont tout de suite cherché à me faire manger. Me faire manger, c'était leur obsession, mais c'était trop infect. Chaque fois qu'ils essayaient, je détournais la tête en serrant les mâchoires. Lorsqu'ils parvenaient malgré tout à me glisser une cuillerée dans la bouche, je la recrachais aussitôt. Plusieurs fois j'ai vomi, de la bile et du sang. C'est écrit dans le rapport.
Finalement, ils m'ont attachée sur mon lit, puis ils m'ont enfoncé une sonde dans le nez, et m'ont nourrie par là. On ne peut pas dire que c'était confortable, mais enfin, c'était mieux qu'avaler leurs immondices.
Je ne supportais pas le moindre contact. C'est écrit en page treize : Hurle dès qu'on la touche. Juste après : Sédation. Sédation, ça veut dire injections d'anxiolytiques, sangles, et musique douce pour enrober le tout d'un peu d'humanité.
Voilà comment ils sont parvenus à me faire tenir tranquille et à me trimbaler de service en service afin d'effectuer leurs batteries d'examens : ils m'ont palpée, auscultée, mesurée, pliée dans tous les sens. Ils m'ont planté des aiguilles dans le corps, ont branché sur moi des machines. Ils m'ont photographiée, aussi. Je pleurais sous les flashes. Alors ils m'ont donné des lunettes noires qui tenaient avec des élastiques, et je n'ai plus rien dit.
Ils m'ont opérée des mains peu après. Mes doigts ont été séparés sans problème. Je n'ai pas de séquelles, seulement des cicatrices, très fines et nacrées, que je prends soin de cacher en serrant bien les poings, pour éviter les questions indiscrètes.
Ils me gardaient la plupart du temps dans une pièce close maintenue dans la pénombre. Je flottais dans une sorte de torpeur, sans conscience du temps qui passe, et c'était aussi bien.
Dès que j'émergeais du brouillard, j'appelais ma mère. Je ne savais rien dire d'autre, ama, ama, ama, des heures durant, dans l'espoir que cette mélopée, poursuivie sans relâche, finirait par me la ramener.
Un monsieur est venu : Il faut que tu arrêtes d'appeler ta maman. Ta maman est partie. Est-ce que tu comprends ? J'ai fait oui de la tête. Tu es en sécurité ici. Tout ira bien, tu verras. Seulement, il faut que tu arrêtes d'appeler ta maman. Il parlait doucement, mais il y avait ses yeux, très froids, une sourde menace sous la douceur des mots.
J'ai senti qu'il valait mieux ne pas les contrarier. Ils risquaient de faire du mal à ma mère si je n'obéissais pas. Alors, j'ai obéi : j'ai cessé de l'appeler, pas de penser à elle. Il me fallait bien ça pour supporter les bruits.
Il en venait de partout, à l'assaut de ma chambre. Des chuchotements derrière la porte, et les gémissements des enfants enfermés dans les chambres voisines, comme des cafards sur mon visage, des mouches grignotant mes tympans. Même en remuant la tête, très fort de gauche à droite, je n'arrivais pas à m'en débarrasser. Ils s'accrochaient à moi, ils me mangeaient le crâne, sans jamais s'arrêter.
J'aurais voulu me plaquer les mains sur les oreilles et me réfugier sous le lit, roulée en boule bien compacte. Cela m'aurait peut-être aidée à retrouver ce silence dense, tissé de bruits feutrés, qui me protégeait autrefois, quand j'étais allongée dans mon cocon obscur. Mais j'étais attachée, et bien trop épuisée pour faire autre chose que miauler faiblement comme un chaton perdu.
Tous les après-midi, on me détachait du lit, et l'on me déposait dans un fauteuil roulant, que l'on poussait ensuite jusqu'à une grande cour, pour me faire prendre l'air. C'était terrible, à cause de la lumière qui me brûlait les yeux malgré mes lunettes noires, mais surtout à cause des hélicoptères. Ils patrouillaient en permanence au-dessus de la ville, à l'époque, vous vous souvenez sûrement. C'était quelques années après les événements ; le plan de sécurité était encore maintenu à son niveau extrême.
La première fois, j'ai paniqué. Ama, ama, ama. Ils m'ont rapatriée fissa à l'intérieur : Tu te souviens de ce qu'on t'a dit ? Tu ne dois plus appeler ta maman. Tu ne dois plus l'appeler ! Je sentais à leur voix qu'ils n'étaient pas contents. J'ai pensé au monsieur qui était venu me parler, aux menaces qu'il y avait dans ses yeux. Je me suis ratatinée dans mon fauteuil. Ama. J'avais peur pour elle, et c'était encore pire que les hélicoptères.
A partir de là, je me suis tenue à carreau. Dès que j'entendais au loin le bourdonnement sourd des gros frelons trapus, et leurs lourdes pales hachant l'air, je me bouchais les oreilles, et je me mordais la lèvre tout en fermant les yeux. Calme-toi, ce n'est rien. Ils nous protègent, tu sais. Ils vont bientôt partir. Je ne les écoutais pas. En secret, je priais ma mère, la seule à pouvoir étouffer le vacarme des monstres qui s'abattaient sur moi.
Ma mémoire s'est brouillée, peu à peu - sans doute à cause de tous les calmants qu'on me faisait avaler. Ils me chiffonnaient l'esprit, insidieusement, effaçaient mon passé. Je me souvenais bien du moment où les hommes en noir nous avaient séparées - ça oui, je m'en souvenais -, mais au-delà, tout devenait confus. Un fatras d'impressions sans aucune cohérence. Au milieu, émergeait une vision précise, une seule - allez savoir pourquoi -, celle d'un square, avec un tourniquet chargé d'enfants.
Je suis au milieu d'eux, bousculée par les grands. Je ris pourtant ; je m'amuse, emportée par le manège dont chaque tour me ramène l'image de ma mère, assise sur un banc avec d'autres femmes. Les autres femmes sont laides, la peau dévorée d'allergies, le sourire tout mangé de chicots. A côté d'elles, ma mère ressemble à une reine, un ange miraculeusement préservé de cette corruption.
Pour ne pas l'oublier, je convoquais sans arrêt cette scène, le square, le tourniquet et le visage intact de ma mère. Mais cela n'a pas suffi : les calmants n'ont cessé de ronger ma mémoire ; mon ange s'est envolé chaque jour un peu plus haut.
Tous les matins, quelqu'un venait me caresser, tantôt un homme, tantôt une femme. Durant plusieurs minutes, leurs doigts effleuraient le dessus de ma main, avant de glisser lentement vers ma paume sur laquelle ils se refermaient, sans serrer. Je me crispais dans mes sangles - c'était si dégoûtant. Mais je n'essayais pas de me débattre. Inutile de protester : j'étais à leur merci.
Après la main, ils sont passés aux bras, aux épaules et au cou. Puis aux pieds, aux chevilles, aux mollets, aux cuisses. Des caresses, des massages, tantôt doux, tantôt vigoureux, qui me mettaient au bord de l'évanouissement.

Livre 26/28 pour le Challenge du 4% littéraire 1pourcent2010

17 novembre 2010

Un été pourri – Maud Tabachnik

Lu dans le cadre de Découvrons un auteur chez Pimprenelle

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Viviane Hamy – mars 1994 – 290 pages

J'ai lu – juillet 2000 – 287 pages

Quatrième de couverture :
Le thermomètre s'est envolé. Boston suffoque sous la canicule. La nuit, quand les habitants aspirent à un peu de fraîcheur, un tueur en série rôde. Ses victimes ? Des hommes, qu'il égorge et émascule. Ni traces, ni témoins. La presse s'empare de l'affaire. Le maire, en pleine campagne électorale, fait pression : il faut trouver le coupable, et vite. Mais les flics patinent. Chargé du dossier, l'inspecteur Sam Goodman n'a aucune piste. Il avait déjà suffisamment de problèmes entre sa mamma juive et les femmes qui perturbent sa vie ! Une journaliste spécialisée dans les affaires criminelles, Sandra Khan, mène l'enquête de son côté. Avec, très rapidement, une longueur d'avance sur Sam. Comme si elle en savait beaucoup plus qu'elle ne voulait le dire... Que cherche-t-elle au juste ?


Auteur : Maud Tabachnik est née le 12 novembre 1938 à Paris. Elle entreprend des études secondaires générales et commerciales, mais, après le bac et quelques hésitations, elle se décide pour la kinésithérapie dont elle sera diplômée en 1963 et qu'elle exercera pendant dix-sept ans avec une spécialisation d'ostéopathie. Elle est passionnée de lecture, de cinéma, aime la nature et les villes et adore les bêtes.
En 1983, elle part vivre en Touraine où elle commencera d'écrire sans envisager d'abord la publication. Dix ans plus tard, elle revient dans la capitale et se consacre entièrement à l'écriture.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
Grâce au challenge Découvrons un auteur avec Pimprenelle, j’ai pu lire pour la première fois un livre de Maud Tabachnik. J’ai choisi un peu au hasard ce livre à la bibliothèque et j'ai découvert qu'il faisait parti de ses tous premiers romans.   
L’action se situe à Boston, c’est la canicule. En l’espace de quelques jours, deux hommes sont retrouvés égorgés et émasculés. C’est Sam Goodman qui va mener l’enquête mais aucune piste ne se présente, il est également sollicité par la presse en la personne de Sandra Khan, chroniqueuse judiciaire et  le journaliste Thomas Herman. Le tueur va encore frapper...
Dès le début du livre, le lecteur découvre plusieurs personnages qui vont finir par se croiser et avoir des liens communs. Le lecteur est conduit sur des fausses pistes et petit à petit il découvre une conclusion surprenante...
J’ai globalement bien aimé ce roman policier plutôt original. Certains passages avec descriptions précises «sexuelles» m’ont un peu gênée, car ils n’apportent rien de plus à l’intrigue… Après cette première lecture de Maud Tabachnik, je ne compte pas en rester là... et j'attends vos suggestions pour découvrir un nouveau livre !

Extrait : (début du livre)

— Ce gouvernement de merde devrait bien s'occuper de cette foutue canicule ! grinça Mort en tordant sa bouche vers le barman qui ne releva pas la tête de son comptoir.

Ce genre de boniments il en avait les oreilles cassées depuis le début de la semaine.

Exactement depuis mardi où le thermomètre était monté à 98° Fahrenheit.

Comme si les gens n'avaient pas d'autres soucis que le climat.

Pour le moment celui du barman était ses pieds qu'il ne savait plus comment chausser.

Quatorze heures debout derrière son zinc à remplir les verres et à subir les plaisanteries éculées des assoiffés du quartier.

Mort Newman commanda une, troisième bière que le loufiat, lui servit en le regardant de travers.

Il détestait ce genre de crado en tricot de corps douteux qui faisait fuir les bons clients.

C'était la climatisation qui les attirait dans son bar. Faut dire qu'elle marchait à fond.

Mort Newman avala sa bière et rota en rigolant vers son voisin. An, moment, où il glissait une pièce dans, le distributeur de cacahuètes son œil fut attiré, par une femme qui entrait.

Elle était fraîche et gracieuse et Mort la reconnut. Il la croisait parfois le matin quand il venait chercher son camion de nettoiement.

Elle était toujours seule et regardait droit devant elle. Elle avait une démarche de danseuse qui aurait un problème à la colonne vertébrale.

Mort la trouvait à son goût mais n'avait jamais osé l'aborder.

Depuis deux ans qu'il était à Boston il s'était contenté d'étreintes tarifées avec des filles bon marché.

Il n'avait jamais emmené personne dans son taudis.

Elle commanda une eau minérale et un jeton de téléphone et s'enferma dans la cabine.

Elle paraissait totalement indifférente aux regards des hommes qui la reluquaient.

Elle parla un court moment et ressortit en refermant soigneusement la porte derrière elle.

Elle partit sans toucher à son verre et en ignorant ostensiblement l'assemblée.

Mort se leva et la suivit en lançant une remarque salace à son voisin qui ricana en hochant la tête.

En passant devant une glace il ramena en arrière ses cheveux collés par la sueur et remonta son pantalon en tentant d'effacer son ventre.

La fille se dirigea vers le centre. Elle avait un dos de nageuse et des fesses fermes dans sa robe de cotonnade. Sa légère claudication n'ôtait rien à son charme et Mort se sentit bander. Sa silhouette faisait se retourner les hommes, mais elle ne s'en préoccupait pas. Il y avait comme une tension dans tous ses gestes.

Mort la rattrapa à un feu rouge sur Berkeley Street et son regard s'attarda sans vergogne sur sa poitrine tendue et le creux de son ventre.

L’un suivant l'autre, ils atteignirent des petites rues calmes que Mort savait mener vers les jardins publics de Boston.

Ils marchaient à présent dans le quartier des grossistes qui à cette heure étaient tous fermés.

Des entrepôts aux façades de briques rouge terne où grimpaient des escaliers de secours bordaient les .deux côtés de la rue.

Leurs pas décalés résonnaient sur le pavé et la fille avait déjà fait mine de jeter des coups d'œil derrière elle sans aller jusqu'au bout de son geste.

Mort s'amusait de sa nervosité et décida de l'aborder avant qu'elle ne soit trop inquiète.

Il accéléra, remontant encore une fois, son pantalon regrettant de ne pas avoir enfilé de chemise.

Il avait son baratin tout prêt

— Excusez, mademoiselle, commença-t-il, mais je crois qu'on se connaît.

Elle continua de marcher sans le regarder, mais sans précipiter son pas.

— Eh, je vous parle! je vous croise le matin quand vous partez travailler.

Elle s'arrêta et le fixa, et Mort put voir le dégoût qu'il lui inspirait:

— Oui et alors ?

Elle avait une voix froide, dépourvue d'émotion, et Mort comprit qu'il s'était trompé. Elle n'avait pas peur de lui.

— Ben, rien. J'vous ai vue entrer dans le bar .et j'me suis dit qu’j’pourrais bien vous faire un brin de causette. Vous travaillez où ? et comme elle ne répondait pas, il mentit. Moi je suis chef électricien, je vous vois presque tous les matins, toujours toute seule, et j'me suis dit qu'c'était bien triste une jolie fille comme ça qu'avait pas de galant. Là vous me voyez en négligé parce que je rentre du travail, mais je sais aussi faire le beau.

Il souriait avantageusement, bien qu'il se sentît mal à l'aise. Pendant tout son discours la fille l'avait écouté sans paraître le voir, et Mort était décontenancé. Il n'avait pas l'habitude de ce genre de fille et comprit qu'elle n'était pas sa pointure.

Cette frustration le mit en colère et il eut brusquement envie de la forcer. Il fit une dernière tentative.

— Alors, on va boire un verre quelque part?

Mais en le proposant il sut que c'était fichu. Jamais la fille ne lui céderait.

Sa fureur monta d'autant plus vite qu'elle était alimentée par les litres de bière ingurgités depuis

le mâtin. Il lui attrapa le bras mais elle se dégagea aussitôt.

— Lâchez-moi, espèce d'ivrogne!

C'était une injonction, rien d'autre, et ce ton de mépris rendit Mort fou furieux.

Cette pétasse la ramenait vraiment trop. Pourtant il était certain que comme les autres elle adorerait se faire ramoner.

— Dis donc, toi, grogna-t-il, t'arrêtes de faire ta mijaurée ?

Foutez-moi la paix, dit-elle la voix terne, VOUS puez! Vous me rencontrez peut-être, mais ça ne vous donne aucun droit sur moi.

Mort rigola. Évidemment, le fait qu'elle travaille dans le coin, il s'en tapait! Mais ça ne l'empêchait pas d'être bandante!

Il la colla brutalement contre le mur et ses mains s'accrochèrent à ses seins.

— Laisse-toi faire ma jolie, y'a personne dans c'te putain de rue, et t'as vraiment le plus joli cul qu'on puisse voir!

Elle se débattait en silence, l'expression tordue de dégoût, cherchant à échapper à la bouche malodorante, au sexe durci pressé contre le sien.

Elle le repoussa une fois, avec la seule force des bras, et Mort recula devant la .haine qui défigurait le visage si joli de la fille.

— Ben toi, ma salope, va falloir te mater ! gronda-t-il en l'immobilisant.

Mais elle se dégagea et le frappa violemment à la base du nez. Il en vit trente-six chandelles et perdit la tête.

Il se jeta sur elle les bras levés, décidé à la tabasser de ses lourds poings d'homme habitué aux durs travaux.

Elle esquiva d'un brusque retrait du buste, mais trébucha sur ses talons.

Il l'empoigna en l'insultant salement, hors de lui qu'une fille le frappe, lui qui dans sa jeunesse faisait plier les jarrets des jeunes taureaux.

Ses mains se rapprochèrent de la gorge de la fille et il crocha ses doigts autour de son cou, s'appuyant: de tout son poids sur elle pour l'empêcher d’atteindre avec ses genoux.

Ils se battaient comme deux, voyons, cherch.ant se faire le plus mal possible mais Mort sentit, qu’elle faiblissait sous l'étouffement.

Il accentuait sa pression quand il sentit sa tête tirée en arrière par les cheveux.

— La salope ! ragea-t-il. Je vais la tuer !

Soudain il ne pensa plus. Quelque chose venait de se passer dans sa gorge.

Un froid abominable, coupant et glacé qui le prit sous les mâchoires.

Il eut une fraction de seconde l'impression folle de tomber dans un vide si noir et si profond qu’il bascula sur le côté.

Il mourut sans savoir comment.

16 novembre 2010

Le voyage dans le passé - Stefan Zweig

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traduit de l'allemand par Baptiste Touverey, suivie du texte original en Allemand

Grasset & Fasquelle - octobre 2008 – 172 pages

Livre de Poche – mars 2010 – 177 pages

Quatrième de couverture :
Le voyage dans le passé est l'histoire des retrouvailles au goût amer entre un homme et une femme qui se sont aimés et qui croient s'aimer encore. Louis, jeune homme pauvre mû par une " volonté fanatique " tombe amoureux de la femme de son riche bienfaiteur, mais il est envoyé quelques mois au Mexique pour une mission de confiance. La Grande Guerre éclate. Ils ne se reverront que neuf ans plus tard. L'amour résiste t-il à tout ? A l'usure du temps, à la trahison, à une tragédie ? Dans ce texte bouleversant, jamais traduit en français jusqu'à ce jour, on retrouve le savoir-faire unique de Zweig, son génie de la psychologie, son art de suggérer par un geste, un regard, les tourments intérieurs, les arrières-pensées. les abîmes de l'inconscient.

Auteur : Né en Autriche en 1881, mort au Brésil en 1942, auteur de romans, de pièces de théâtre et de poèmes, Stefan Zweig excelle dans la nouvelle, l'essai et la biographie. Sont parus les biographies de Magellan, Marie-Stuart, Marie-Antoinette et Fouchet, ainsi que trois tomes de sa correspondance, couvrant d'abord les années 1897-1919, puis 1920-1931 et enfin 1932-1942. Le voyage dans le passé est dans la lignée des célèbres nouvelles : Brûlant secret et La peur.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
Voilà un auteur dont j'ai beaucoup entendu parler, entre autre dans la blogosphère, et je n'avais pas encore eu l'occasion de le lire. Voici donc le premier livre de Stefan Zweig que je lis.

Ce livre est en fait une nouvelle de 100 pages nous racontant un amour passé. Un jeune homme Louis tombe amoureux de la femme de son patron, ils vivent deux ans proche l'un de l'autre sans s'avouer cette amour interdit. Or un jour, Louis est envoyé en mission pour deux ans au Mexique, c'est alors qu'il ressent un déchirement de quitter cette femme mais il ne peut refuser cette superbe promotion. Mais lorsque ses deux ans de mission s'achèvent, la Première Guerre Mondiale éclate et il est impossible pour Louis de revenir en Europe. Et c'est seulement neuf années plus tard qu'ils pourront enfin se retrouver. Mais les sentiments peuvent-ils rester intacts durant tout ce temps ? Voilà la question qui est au centre de cette histoire.
J'ai beaucoup aimé cette lecture qui nous permet de ressentir l'atmosphère d'une autre époque, avec
des descriptions si précises des sentiments des personnages.
J'ai seulement feuilleté rapidement la version allemande... je n'ai même pas pris le temps d'essayer de lire quelques pages en VO... Aurai-je un jour le courage de le faire ?
Je compte bien après cette première expérience découvrir de nouveaux livres de Stefan Zweig.

Extrait : (page 44)
Les dix jours qui les séparaient du départ, ils les passèrent tous deux dans un état de continuelle et grisante frénésie. La soudaine explosion des sentiments qu'ils s'étaient avoués, par l'immense puissance de son souffle, avait fait voler en éclat toutes les digues et barrières, toutes les convenances et les précautions : comme des animaux, brûlants et avides, ils tombaient dans les bras l'un de l'autre quand ils se croisaient dans un couloir obscur, derrière une porte, dans un coin, profitant de deux minutes volées ; la main voulait sentir la main, la lèvre la lèvre, le sang inquiet sentir son frère, tout s'enfiévrait de tout, chaque nerf brûlait de sentir contre lui le pied, la main, la robe, une partie vivante, n'importe laquelle, d'un corps qui se languissait de lui. En même temps, ils étaient obligés de se maîtriser dans la maison, elle, de dissimuler sans cesse devant son mari, son fils, ses domestiques, la tendresse qui l'illuminait un instant auparavant, lui, de garder l'esprit en éveil pour les calculs, les conférences, les comptes dont il avait la responsabilité. Ils se contentaient à chaque fois d'attraper au vol des secondes, des secondes vibrantes, clandestines, guettées par le danger ; ce n'était que des mains, des lèvres, des regards, d'un baiser avidement dérobé, qu'ils parvenaient furtivement à se rapprocher, et la présence vaporeuse, voluptueuse de l'autre, grisé lui-même, les grisait. Mais ce n'était jamais assez, tous les deux le sentaient : jamais assez.

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (25/26)

15 novembre 2010

Aproposdelivres fête ses 2 ans !

Mon blog fête aujourd'hui ses 2 ans !

Que cela passe vite...

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Je prends vraiment beaucoup de plaisir à faire vivre ce blog.
Durant la première année, j'avais été plutôt spectatrice de la blogosphère...
Lors de cette deuxième année, j'ai participé à de nombreux Challenges (pas toujours facile de résister..., c'est l'occasion de faire des nouvelles lectures ! )

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et j'ai découvert les Swaps (expériences vraiment très sympas !).

swap_saint_patrick swap_in_follies swap_scandinavia Swap_Frissons_NB

Je suis toujours surprise de voir que je reçois des visites du monde entier.

Merci à toutes et tous de participer à la vie de A propos de livres...

Et c'est reparti pour une nouvelle année !

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