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A propos de livres...

19 avril 2011

Jamais contente : Le journal d'Aurore - Marie Desplechin

Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

jamais_contente École des loisirs - avril 2006 - 180 pages

Quatrième de couverture :
12 février.
On peut ruiner sa vie en moins de dix secondes. Je le sais. Je viens de le faire. Là, juste à l'instant. J'arrive à la porte de l'immeuble, une modeste baguette dans la main et la modeste monnaie dans l'autre, quand Merveille-Sans-Nom surgit devant moi. Inopinément. A moins de cinq centimètres (il est en train de sortir et je m'apprête à entrer, pour un peu on s'explose le crâne, front contre front). Il pose sereinement sur moi ses yeux
sublimes. Je baisse les miens illico, autant dire que je les jette quasiment sous terre, bien profond, entre la conduite d'égout et le tuyau du gaz. Sa voix amicale résonne dans l'air du soir :
- Tiens ! Aurore ! Tu vas bien ?
Je reste la bouche ouverte pendant environ deux
millions de secondes, avant de me décider et de lui hurler à la figure :
- Voua ! Merdi !

Auteur : Née à Roubaix en 1959, après des études de Lettres, Marie Despleschin devient journaliste free-lance avant de se consacrer presque exclusivement à son rêve : l'écriture de roman et de nouvelles pour adultes et enfants. C'est Geneviève Brisac qui la remarque et qui l'encourage à se lancer pleinement dans l'écriture. Après 'Le Sac à dos d'Alphonse' et 'Rude samedi pour Angèle', la romancière débutante publie en 1995 un recueil de nouvelles très remarqué et intitulé 'Trop sensibles'. Son premier roman pour adulte, 'Sans moi', connaît un vif succès. Dans ses livres, elle aborde avec humour des sujets variés : les relations mère-fille dans 'Verte', le monde de l'imaginaire dans 'Dragons' en 2003 ou l'éducation d'une jeune fille au XIXe siècle dans 'Satin grenadine'. En parallèle, elle travaille avec Lydie Violet, son amie et attachée de presse aux éditions de l'Olivier, et accouche de 'La Vie sauve', une œuvre qui remporte en novembre 2005 le prix Médicis dans la catégorie 'essais'. Participant également à des recueils collectifs – 'Naissances', '100 jours sans', 'Penser/Rêver'... -, elle contribue encore à des projets innovants - 'Beaucoup plus que de l'amour' - ou aux publications de la nouvelle maison d'édition l'Estuaire. Par ailleurs membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de la non-violence, Marie Desplechin publie régulièrement des articles dans L' Express depuis 2006. Elle est encore l'auteur des ouvrages 'Je me souviens de Bruxelles', 'L'Album vert' ou 'Bobigny, centre-ville'. Marie Desplechin consacre également sa plume à la littérature jeunesse, notamment à l'Ecole des Loisirs. Elle vit à Paris, elle a trois enfants.

Mon avis : (lu en avril 2011)
C'est à l'occasion de la Semaine Marie Desplechin  du 18 au 24 avril 2011 organisée par Stephie (blog Mille et une pages) que j'ai emprunté un peu par hasard ce livre à la bibliothèque. J'avais déjà dans ma PAL le livre Danbé de Aya Cissoko et Marie Desplechin, mais je voulais lire également un livre où elle était la seule auteure.
Je réalise que je n'avais encore jamais lu de livres de Marie Desplechin.

Ce livre se lit très facilement, c'est léger, drôle. Aurore est une jeune adolescente de 15 ans qui a travers son journal raconte sa vie au collège, en famille. Elle est cynique et très critique vis à vis de ses parents et de ses sœurs Jessica (18 ans) et Sophie (12 ans). Elle nous raconte ses malheurs au collège, elle ne travaille pas beaucoup et sa petite sœur qui vient de rentrer en 6ème lui fait de l'ombre en ayant des trop bonnes notes... Elle est copine avec Lola dont les parents sont divorcés et Samira qui a six frères...

J'ai trouvé très amusant et intéressant de découvrir les pensées d'une adolescente de notre époque, j'ai les même ados à la maison (mais en version garçons), j'étais donc plutôt sur une autre planète et moi qui vient d'une famille de 3 filles, les choses ont beaucoup changées depuis mon adolescence...

Extrait : (début du livre)
1er octobre, avant dîner
Tous les gnomes de la planète comptent leurs sous. Le plus grand magicien de tous les temps va passer pour sa quête annuelle; J'ai nommé Harry Potter, le type qui transforme le papier en or massif. Sophie-la-Parfaite, dite aussi Sœur-Cadette-Ingrate, se prépare activement à célébrer. Elle sera la première à acheter le bouquin. La première à le lire. La première à dire qu'il est encore mieux que celui de l'année dernière. Dommage qu'elle entre juste en sixième, elle n'a pas assez de vocabulaire pour se le taper en anglais. Pas grave, Sophie, ce sera pour la rentrée prochaine. Et il sera encore mieux que celui de cette année. Moi, franchement, il faudrait me payer pour que j'aille faire la queue juste pour acheter un bouquin. Surtout un bouquin que tout le monde a lu. Je me demande ce que ma sœur préfère : faire la queue ou lire le livre. Je crois que c'est faire la queue. Si elle aimait lire, on verrait autre chose que Titeuf sur son étagère.
Le temps que les gens perdent à lire des livres, ça me tue. C'est le genre de réflexion que je me fais en cours de maths. Il faut que je m'occupe la tête si je ne veux pas devenir dingue. Bref, la question s'est posée à moi entre deux équations, la seule, la vraie, l'unique : pourquoi me pourrir la vie à lire alors que je peux écrire ?
Justement, j'avais un cahier en train de moisir. Un vieux cadeau de l'anniversaire de mes douze ans. L'authentique présent effroyable : une large couverture en carton, un million de pages blanches, et MON JOURNAL INTIME marqué dessus, histoire de rendre la chose publique dans le monde entier. Tellement intime que la couverture est fermée par un cadenas ridicule avec clé dorée, le genre de truc qui donne une envie mortelle de lire en cachette.
« Tu vas écrire ton journal et ce sera le début d'une nouvelle vie », voilà ce que je me disais quand la fin de l'heure a sonné. J'ai arrêté de penser. Direct. J'ai ramassé mes affaires et j'ai foncé vers la sortie. La vérité, c'est que je suis faite pour l'action.

semaine_marie_desplechin
 Semaine Marie Desplechin  du 18 au 24 avril 2011

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18 avril 2011

Danbé – Aya Cissoko et Marie Desplechin

Lu en partenariat avec Blog-O-Book et Calmann-Lévy

Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

danb_ Calmann-Lévy – février 2011 – 192 pages

Quatrième de couverture :
« J’aimerais que celle ou celui qui lira ce petit livre mesure ce qu’il a de déchirant. Il est mon au revoir à ceux que je laisse sur le quai. (…) Il est mon au revoir à mon enfance de petite fille noire en collants verts, qui dévale en criant les jardins de Ménilmontant. »

Quand Marie Desplechin rencontre Aya Cissoko, elle est touchée par la singularité de son histoire. Née de parents maliens, Aya a connu une petite enfance habitée de souvenirs délicieux, qui prend fin avec la disparition de son père et de sa petite sœur dans un incendie. Élevée par sa mère dans le respect du danbé, la dignité en malinké, Aya apprend à surmonter les épreuves et trouve dans la boxe un refuge.

Auteurs : Aya Cissoko, trente et un ans, championne du monde de boxe anglaise en 2006, est aujourd’hui étudiante à l’Institut d’études politiques de Paris.
Marie Desplechin a écrit une trentaine de livres pour la jeunesse, et une dizaine pour les plus grands. Elle a publié avec Lydie Violet un récit intitulé La Vie sauve, qui a reçu en 2005 le prix Médicis Essai.

Mon avis : (lu en avril 2011)
Ce livre est un récit autobiographique qu'Aya Cissoko a écrit avec Marie Desplechin.
Dès le début du livre Aya nous parle de son père Sagui venu du Mali en France pour travailler puis de sa mère Massiré arrivée en France à l'âge de 20 ans. Le couple aura bientôt quatre enfants : Issa, le fils aîné, puis deux filles Aya et Moussa et un dernier garçon Massou. La vie n'est pas facile, Sagui n'a pas toujours de travail mais la joie règne dans cette famille. Et survient le drame, dans la nuit du 27 au 28 novembre 1986, un incendie ravage l'immeuble, Sagui, le père, et Moussa, la petite sœur, vont mourir. « le feu a  été allumé pour tuer ».
Massiré refuse de repartir vivre au pays comme lui demande la communauté malienne de Paris, et elle s’installe avec ses trois enfants au 140 rue de Ménilmontant. C’est là que Massou, le petit dernier, mourra à son tour, d’une méningite soignée au Doliprane par les médecins moins d'un an après son père et sa sœur. Aya a neuf ans, elle écrit « je suis dans une solitude désespérée » .
Aya est une bonne élève et lorsque sa mère l'inscrira dans un club de sport, elle choisira la boxe. Elle va trouver dans la boxe un refuge et malgré quelques mauvaises fréquentations, elle va tracer sa route : elle devient championne du monde de boxe française en 1999 puis en 2003. En 2006, elle gagne le Championnat du monde de boxe anglaise. Une grave blessure la contraint à abandonner sa carrière sportive et Aya se lance un nouveau défi, reprendre des études. Elle obtient alors une bourse pour suivre une formation à l'Institut d'études politiques de Paris.

Le titre du livre danbé signifie « dignité » en malinké. C'est le code de conduite que Massiré apprend à Aya à respecter pour aller de l'avant dans son existence. Cette mère est admirable et Aya est battante et courageuse.

Voilà un livre plein d'espoir, plein d'amour, un témoignage fort et poignant. J'ai lu ce livre facilement et d'une traite, j'ai été émue par ce beau récit, Aya est une très belle personne.
Merci à Marie Desplechin d'avoir accompagnée Aya Cissoko dans l'écriture de ce livre.

Un grand merci à Blog-O-Book et Calmann-Lévy pour ce partenariat.

Extrait : (page 20)
Quand elle suit son mari tout neuf, Massiré Dansira est donc l'une des premières à quitter le village. Elle y acquiert le statut prestigieux d'aînée. Ma mère, l'aînée, ne parlera jamais à ses proches autrement qu'en bambara. Elle ne s'habillera jamais autrement qu'en jupe longue de wax. Et elle ne laissera plus jamais à quiconque le soin de décider de sa vie. Mais pour le moment, officiellement, elle a vingt ans. Elle vient d'arriver en France. On est en 1976. Au calendrier grégorien. Au village, c'est l'an 1354 de l'Hégire.

Je garde la nostalgie des journées qui n'en finissent pas, de leur matière légère, cotonneuse, des jeux de cache-cache dans les terrains vagues. Mon enfance est une période d'une extrême douceur. Un an après son mariage, Massiré a donné naissance à son premier fils, Issa. Je suis née un an après, en 1978. La petite fille qui me suit, en 1981, porte le nom de Massou. Deux ans plus tard naît un petit garçon, Moussa. Nous vivons tous les six dans quinze mètres carrés, peut-être vingt, au 22 de la rue de Tlemcen à Paris, à proximité du cimetière du Père-Lachaise. Notre immeuble compte sept étages et cinquante-cinq studios. Huit logements par palier, répartis autour de la cage d'un escalier de bois. Nous, c'est le studio 45, au sixième. Même s'ils le voulaient, les habitants du 22 sont trop à l'étroit pour s'ignorer. Personne ne ferme sa porte. Les enfants passent d'un appartement à un autre. Quand Massiré ne peut pas s'occuper de nous, c'est la voisine du cinquième qui nous donne à manger, ou alors celle du premier.
La pièce que nous habitons est meublée d'un grand lit à deux places, d'un petit lit pliable, et d'un lit à barreaux où peut dormir un bébé. Je dors avec Moussa et mes parents dans le grand lit. Massou est dans le lit à barreaux. La nuit tombée, on ouvre pour Issa le lit pliant qu'on place contre la porte. L'espace est si petit, si encombré, que les enfants doivent se percher quand mon père fait sa prière. Sagui garde un lien très étroit à la religion, il fait ses ablutions et prie cinq fois par jour. Il sort alors son tapis de prières et nous grimpons sur le lit. Les prières ne durent pas très longtemps. Il a tôt fait de ranger son tapis et nous pouvons redescendre.

 

 semaine_marie_desplechin
 Semaine Marie Desplechin  du 18 au 24 avril 2011

 

 

18 avril 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [25]

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C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

racines_russes_p sang_chaud__nerfs_d_acier haute_fidelit__1999

Racines russes - Reggie Nadelson (partenariat Livraddict)
Sang chaud, nerfs d'acier – Arto Paasilinna
Haute fidélité - Nick Hornby

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Automne - Mons Kallentoft

Que lirai-je cette semaine ?

Le policier qui rit - Maj Sjöwall et Per Wahlöö
La Terre Fredonne en si bémol - Mari Strachan (partenariat Bob)

Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !

17 avril 2011

Haute fidélité – Nick Hornby

 

 haute_fidelit_  haute_fidelit__1999 haute_fidelit__2004
haute_fidelit__2006 haute_fidelit__10_18

Plon – mai 1998 – 252 pages

10/18 – mars 1999 – 252 pages

10/18 – mai 2004 – 252 pages

10/18 – mai 2006 – 315 pages

10/18 – mai 2010 – 315 pages

traduit de l'anglais par Gilles Lergen

Quatrième de couverture :
"Un roman hilarant, voilà l'événement ! [...] II y a de quoi faire dans cette histoire destinée aux individus coincés et mal coincés entre la trentaine et tout ce qui suit. Rob, bientôt trente-six ans, est mal en point : "Qu'ai-je fait de ma vie ?" se demande ce sempiternel adolescent qui craint de vieillir (même bien), au lendemain d'une rupture, en contemplant les bacs de son magasin de disques pop paumé dans une ruelle de Londres. [...] Pour notre plus grand plaisir, Rob, qui se demande in fine s'il ne serait pas un nul, décide d'entamer la falaise. II récapitule ses amours, depuis le premier, à douze ans, qui dura trois fois deux heures, jusqu'au dernier, une nuit correcte avec une chanteuse américaine, et dresse un inventaire hilarant de ses états d'âme. [...] Tous ceux qui considèrent comme vertige nécessaire le fait de savoir à un moment donné faire durer une relation monogame, se délecteront à la lecture de ce roman post-mélancolique qui célèbre les vertus du rire." Catherine Argand, Lire

Auteur : Nick Hornby est né en 1957. Il est devenu un auteur culte outre-Manche avec ses romans : Haute fidélité, A propos d'un gamin, La Bonté : mode d'emploi, Vous descendez ? (finaliste pour le Whitbread Award), Slam et Juliet, Naked. Il a également écrit des ouvrages de non-fiction, Carton jaune, qui obtient le William Hill Sports Book of the Year Award, et 31 songs, finaliste pour le National book Critics Circle Award. En 1999, Nick Hornby s'est vu remettre l'E.M. Forster Award de l'Académie américaine des Arts et Lettres et remporte en 2002 le W.H. Smith Award For Fiction. Il a signé récemment le scénario du film Une Education, réalisé par Lone Sherfig et nominé aux Oscars. Nick Hornby vit et travaille à Highbury, au nord de Londres.

Mon avis : (lu en avril 2011)
Rob Gordon tient une boutique de disques vinyls pour des amateurs d'albums rares des années soixante et soixante-dix. Toute sa vie est dédiée à la musique, elle l'aide a affronter le quotidien et elle donne du sens à son existence. Laura, sa dernière compagne, vient de le quitter. Rob se met donc à faire le bilan de sa vie, il veut comprendre pourquoi il n'arrive pas à construire quelque chose de durable avec une femme...
Rob aime faire des Top 5 musicaux ou autres... Aussi le livre commence par la liste des cinq ruptures inoubliables de Rob. Après sa rupture avec Laura, il va chercher à contacter ses ex pour comprendre ses échecs sentimentaux...
Au début, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans cette histoire car dans ce livre la musique à une grande importance, et malheureusement pour moi ma culture musicale des années soixante et soixante-dix est totalement nulle... Ainsi les discussions entre Rob et ses deux employés à la boutique Championship Vinyl avec beaucoup de références musicales étaient pour moi plutôt obscures. J'ai donc commencé à voir le film tiré du livre et même si je n'étais pas sensible à la musique, cela m'a aidé à comprendre l'ambiance de l'histoire et j'ai mieux apprécié la fin de l'histoire de Rob et Laura. (Et j'ai terminé de regarder le film après avoir fini de lire le livre).

 

high_fidelity_film2 High_Fidelity_film

Le Film : Une adaptation de ce livre a été réalisée au cinéma en 2000 par Stephen Frears avec John Cusack, Iben Hjejle, Todd Louiso, Jack Black, Lisa Bonet.
Le film est fidèle au roman sauf que l'action du livre se situe à Londres, alors que dans le film, elle a pour cadre Chicago.
Pour en savoir plus sur le film voir l'article de wikipedia, qui est très complet et qui, par exemple, recense les très nombreux morceaux de musique présents dans le film.

Extrait : (page 35)
Laura part à la première heure lundi matin, avec un panier et un sac de voyage. Ça remet les idées en place de voir le peu de choses qu'elle emporte, cette femme qui aime tant ses affaires, ses théières, ses livres, ses gravures et la petite sculpture qu'elle a achetée en Inde. Je regarde le sac et je me dis : Bon Dieu, elle veut me quitter à ce point !

On s'embrasse devant la porte, elle pleure un peu.
« Je sais pas très bien ce que je fais, dit-elle.
- Je m'en rends bien compte, dis-je à moitié en plaisantant. Tu es pas obligée de partir tout de suite. Tu peux rester autant que tu veux.
- Merci. Mais on a fait le plus dur. Je ferais mieux de...
- Alors reste au moins jusqu'à demain. »
Mais elle fait juste la grimace et tend la main vers la poignée.
Ce n'est pas ce qu'on appelle une sortie élégante. Elle n'a pas une main libre, essaie d'ouvrir la porte quand même, n'y arrive pas, alors je l'aide, mais je la gêne, il faut que je sorte sur le palier pour la laisser passer, elle doit laisser la porte ouverte parce que je n'ai pas la clé, je dois me précipiter derrière elle pour attraper la porte avant qu'elle se referme. Et c'est tout.

J'ai le regret de dire qu'une sensation exaltante, de liberté et d'excitation nerveuse à la fois, pénètre en moi par les orteils et me submerge comme une grande vague. J'ai déjà ressenti ça, et je sais que ça ne signifie pas grand-chose – bizarrement, ça ne signifie pas que je vais être au sommet du bonheur pendant plusieurs semaines, par exemple. Mais je sais que j'ai intérêt à en profiter, à en jouir tant que ça dure.
Voilà comment je célèbre mon retour au royaume du Célibataire : je m'assieds dans mon fauteuil, celui qui ne va jamais me quitter, et j'arrache des brins de laine de son bras ; j'allume une cigarette, bien qu'il soit encore très tôt et que je n'en aie aucune envie, simplement parce que j'ai maintenant le droit de fumer dans cet appart quand je veux, sans attendre mon tour ; je me demande si j'ai déjà rencontré la prochaine femme avec qui je vais coucher, ou s'il s'agira d'une inconnue ; je me demande à quoi elle ressemble, si on va le faire ici ou chez elle, et à quoi ça ressemblera chez elle ; je décide de faire peindre le logo des disques Chess sur le mur du salon. (Il y avait un magasin à Camden qui les avait tous – Chess, Stax, Motown, Trojan – décalqués sur le mur de brique derrière l'entrée, et c'était très chouette. Peut-être que je pourrais dénicher le type qui a fait le boulot et lui demander de la refaire en petit ici.) Je me sens mal. Ça va bien. Je vais travailler.

Lu dans le cadre du Nick Hornby's Challenge
Nick_Hornby_s_challenge

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Grande-Bretagne

Déjà lu du même auteur :

Slam Slam juliet__naked Juliet, Naked

16 avril 2011

Sang chaud, nerfs d'acier – Arto Paasilinna

Lu (en partie) durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

sang_chaud__nerfs_d_acier Éditions Denoël – mai 2010 – 217 pages

traduit du finnois par Anne Colin du Terrail

Quatrième de couverture : Linnea Lindeman - une forte femme, poissonnière, chasseuse de phoques et accoucheuse un peu chamane - a une vision : Antti Kokkoluoto, héros aux nerfs d'acier mais au sang chaud, naîtra en 1918, au moment même où la Finlande tout juste indépendante plongera dans la guerre civile, et s'éteindra un beau jour de 1990. Entre-temps, Antti mènera une vie épique, comme seul Paasilinna sait les concocter : plongé tout jeune dans les secrets du métier de commerçant et de maquignon, mais aussi de la contrebande d'alcool, on le verra tour à tour endosser l'habit d'entrepreneur, de père de famille, d'homme politique, et même de champion olympique de tir au pistolet ! La crise de 1929, les affrontements récurrents entre fascistes et communistes, la Seconde Guerre mondiale viendront ponctuer cette truculente saga portée par l'imagination de Paasilinna, qui réussit le pari d'initier le lecteur à l'histoire de la Finlande sans jamais rien perdre de son humour et de sa fantaisie.

Auteur : Arto Paasilinna est né en Laponie finlandaise en 1942. Successivement bûcheron, ouvrier agricole, journaliste et poète, il est l'auteur d'une vingtaine de livres, pour la plupart traduits en français et publiés chez Denoël où ils ont toujours rencontré un grand succès. Citons entre autres Le Meunier hurlant, Le Lièvre de Vatanen, Petits suicides entre amis ou encore Un homme heureux. 

 

Mon avis : (lu en avril 2011)
J'avais des réticences à lire le dernier livre de Paasilina car j'avais vraiment été très déçue par le précédent «Les dix femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi », sans compter la couverture du livre peu attirante et que je n'ai toujours pas compris... Mais au Salon du Livre de Paris, sur le stand des Lettres Nordiques j'ai eu l'occasion de discuter avec quelqu'un qui l'avait lu et cela m'a donné envie de l'emprunter à la bibliothèque. Et je ne l'ai pas regretté.
Avec ce livre Arto Paasalinna nous raconte l'histoire de la Finlande, bien sûr à sa manière, de 1917 à nos jours. Tout commence par le personnage haut en couleur de Linnea Lindeman, qui est à la fois chasseuse de phoques, accoucheuse et chamane. A quelques jours de la naissance de Antti Kokkoluoto en 1917, elle lui prédit de vivre jusqu'à l'été 1990. Cette prédiction va aider Antti et sa famille à survivre aux difficultés d'abord de la Crise puis de la Guerre qui frappera la Finlande.
Ce livre nous raconte donc toutes les péripéties dont certaines sont plutôt drôles de la longue vie d'Antti.

Avec ce livre, j'ai retrouvé le côté loufoque et décalé des premiers livres de Paasalinna et j'ai beaucoup aimé découvrir l'Histoire de la Finlande au XXème siècle.
Fin 1917, la Finlande obtient son indépendance vis à vis de la Russie. En 1939, la Finlande est attaqué par l'Union Soviétique. En 1941, la Finlande devient, malgré elle, une alliée de l'Allemagne contre l'Union Soviétique. En 1947, la Finlande sort ruinée et ravagée de la guerre, elle est contrainte de payer des lourdes réparations. La Finlande conserve cependant son indépendance. Durant la Guerre Froide, la Finlande adopte une politique de neutralité.

Extrait : (début du livre)
Quand une chamane entre en transe sur une mer en furie, le monde est pris de vertige. Les mouettes heurtent les vagues et les sternes sanglotent.
En cette venteuse journée d'automne de 1917, la harengère, accoucheuse et devineresse Linnea Lindeman relevait ses nasses dans la baie de Botnie. Avec ses trois verveux et sa chaloupe phoquière de trente pieds, elle pêchait en général sur les hauts-fonds de Trullögrundet, à six milles au nord d'Ykspihlaja. Elle avait pris la mer de bon matin. Au fil de la journée, le vent avait forci, mais Linnea n'avait pas peur du gros temps, elle aimait les puissantes tempêtes d'équinoxe. Sur le chemin du retour, elle posa les rames et laissa sa barque dériver vers son port d'attache, vent en poupe, sur les vagues crêtées d'écume.
Soudain son corps robuste fut pris de tremblements. Elle ferma les yeux et entra en contact avec la face cachée de la réalité. Telle la lumière d'un phare, son esprit balaya l'étrange océan secret de la clairvoyance. Une certitude la frappa, issue des hauteurs insondables du ciel, jaillie des nuées d'orage sous les traits d'une orfraie, d'un immense aigle de mer bicéphale ! L'oiseau était porteur d'un envoûtant message, avec deux dates précises. Le 8 janvier suivant, Linnea aiderait à mettre au monde un garçon. Et ce garçon ne mourrait qu'à l'été 1990. Quand une chamane s'endort, son cerveau reste en éveil.

Déjà lu du même auteur :

le_lievre_de_Vatanen  Le lièvre de Vatanen  prisonnier_paradis Prisonniers du paradis

la_cavale_du_g_om_tre La cavale du géomètre  un_homme_heureux Un homme heureux  

la_douce_empoisonneuse_2 La douce empoisonneuse Petits_suicides_entre_amis_2 Petits suicides entre amis 

le_meunier_hurlant Le meunier hurlant

 le_bestial_serviteur Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen

le_cantique_de_l_apocalypse Le Cantique de l'apocalypse joyeuse  

les_dix_femmes_de_l_ing_nieur Les dix femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi 
 

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie blanche
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Finlande

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Finlande

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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15 avril 2011

Des étoiles au plafond - Johanna Thydell

 Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

des__toiles_au_plafond Thierry Magnier – septembre 2010 – 325 pages

traduit du suédois par Agneta Ségol

Quatrième de lecture :
Tout allait bien pour Jenna, quand sa mère est tombée malade. Et franchement gérer le quotidien, les courses, les repas, le ménage, ça n'a rien de drôle. Heureusement il y a Susanna, sa meilleure amie, celle avec qui elle peut fantasmer sur Sakki et partager sa haine pour sa voisine Pénélope, pourtant adulée par tous au collège. Chaque jour, la santé de sa mère se dégrade, Jenna grandit, change, elle comprend que la grande liberté de Pénélope cache quelque chose. Comment rester insensible à l'histoire de cette toute jeune fille qui continue sa vie de pré-ado en affrontant un chagrin trop grand ? Premier roman d'une jeune auteure suédoise, traduit en dix-sept langues, joué au théâtre et adapté en long métrage.

Auteur : Née en 1968 à Göteborg, Johanna Thydell a étudié le cinéma et la mise en scène à Stockholm. Son premier court-métrage reçoit un prix en République tchèque. Elle vit ensuite pendant deux ans à New York comme scénariste et réalisatrice et travaille également pour la télévision.

Mon avis : (lu en avril 2011)
Le livre s'ouvre sur ce poème que Jenna a fait lors d'un cours de suédois :

Si tu meurs, maman, je me ferai mourir.
Oui.
Je me ferai mourir.
Non, on ne dit pas se faire mourir.
On dit se donner la mort.
Ou se suicider.
Donc.
Si tu meurs, maman, je me suiciderai.

Jenna est une adolescente dont la mère est en train de mourir d'un cancer du sein. Et même si elle a honte de le penser, elle a honte de sa mère malade. Jenna ne veut pas faire pitié et elle évite que cela se sache. C'est son secret. Aussi elle vit plusieurs vies à la fois, celle de l'adolescente qui grandit et qui se cherche, celle qui s'occupe de la maison et doit aider sa mère pour faire les courses et les tâches du quotidien, celle de la petite fille qui a du chagrin et qui a peur de l'avenir sans sa maman...
En tant qu'ado, comme sa meilleure amie Susanna, elle se sent moche et totalement fade. Jenna déteste Pénélope, la fille la plus glamour de l'école, qui habite juste au-dessus chez d'elle et qui organise les plus belles soirées du collège où elle n'est jamais invitée. Elle aimerai que Sakki, le garçon qu'elle admire, la remarque.
Le quotidien s'est les séjours de sa maman à l'hôpital et ses grands-parents qui débarquent dans l'appartement et bouleverse son chez-soi.
La petite fille espère un miracle, et se rappelle des souvenirs d'avant la maladie en regardant les étoiles au plafond de sa chambre.
Un jour Pénélope découvre son secret et l'inattendue se produit...

Ce livre est très beau, il raconte une histoire triste et bouleversante qui m'a donné les larmes aux yeux mais qui m'a également fait rire. Jenna est une adolescente formidable et très courageuse. Sa maman, très discrète dans l'histoire est une belle personne.
Ce livre est vraiment un beau message d'espoir et de courage !

Extrait : (page 33 - Chapitre 4)
G&G (C'est comme ça que Jenna appelle grand-mère et grand-père) habitent un trou paumé où il n'y a rien qu'une banque, un kiosque à journaux et un tas de dames qui saluent tous ceux qu'elles croisent. Il faut vingt minutes pour s'y rendre en car.
Mais Jenna et maman ne s'y rendent plus en car.
Elles utilisent le transport communal pour handicapés.
Jenna déteste ça. Mais elle sait à quel point c'est fatiguant pour maman de monter et de descendre du car lors des changements. C'est particulièrement fatigant les jours où elle a mal et surtout quand elle est obligée de se déplacer avec ses béquilles. Au début, maman n'aimait pas le transport communal pour handicapés, elle non plus, mais on s'habitue à presque tout.
Surtout quand on n'a pas le choix.
Jenna a à peine le temps de descendre de la voiture que grand-mère lui saute dessus dans un nuage de noix de coco.
- Bienvenue ! Je ne voudrais pas vous tacher avec mon huile solaire ! hurle grand-mère en les serrant dans ses bras.
- On n'en mourra pas, rit maman.
- Il faut faire attention à soi, dit grand-mère sur un ton indigné en secouant ses cheveux roux et bouclés aux racines grises.
Et elle se met à parler de la couche d'ozone, de l'effet de serre et de tout ce qui a changé, de la chaleur exceptionnelle même en septembre, mais oh comme je suis heureuse que vous soyez là !
Grand-mère ouvre la porte. Une fois dans l'entrée, elle crie tellement fort que Jenna a peur que le miroir (toujours sans taches de doigts) se décroche et s'écrase par terre.
- Aaaalbin, hurle-t-elle. Albin, elles sont là !
Jenna entend des grincements et des craquements dans le salon. Le bruit vient d'un canapé Mes petites mignonnettes ! Vous allez bien ? Ça n'a pas été trop compliqué de venir jusqu'ici ?
Grand-père fait remarquer que maman n'a pas ses béquilles et maman lui adresse un sourire triomphant, il pose quelques questions sur son prochain rendez-vous à l'hôpital et Jenna se dépêche de se glisser entre son gros ventre et maman pour se réfugier dans la cuisine.
Où tout est aussi parfait que d'habitude.
Pas de poussière dans les coins, pas d'objets inutiles qui traînent (en revanche, ils sont nombreux sur les étagères), pas de sac-poubelle oublié sur le palier. Les franges des tapis bien peignées. La vaisselle rincée et soigneusement rangée dans le lave-vaisselle.
Bienvenue chez G&G !
- Maintenant on va prendre le café, annonce grand-mère qui trouve que grand-père et maman s'attarde trop dans l'entrée.
Tout le monde s'installe, tout le monde admire la belle crème fouettée sur le gâteau fait maison, tout le monde prend café pendant une éternité.
- Ça se passe bien au collège, Jenna ? demande grand-mère après avoir discuté tringles à rideaux avec maman.
Grand-mère pose toujours la même question. Et elle veut toujours entendre la même réponse. Que ça se passe bien.
- Oui, ça se passe bien, répond donc Jenna.
- Tu es une bonne petite, Jenna-Penna, dit grand-père tout en mâchant bruyamment du gâteau.
- Oh oui, dit grand-mère. Et tu t'occupes bien de maman quand vous êtes chez vous, n'est-ce pas ? Tu l'aides quand elle a besoin de toi, n'est-ce pas ?
Les mots de grand-mère restent suspendus dans l'air. Un grand silence s'installe autour de la table. On entend l'horloge dans le salon. Dong dong dong. Jenna se dit que c'est un marteau qui tape sur la tête de grand-mère.
Grand-mère supporte mal le silence. Elle tripote et tourne les bracelets en or qu'elle a eus pour son anniversaire.
- Bien sûr qu'elle m'aide, dit maman tout en caressant les genoux de Jenna. Bien sûr.
Grand-mère hoche la tête, bien sûr qu'elle l'aide, bien sûr, et elle se met à parler de Gun la voisine qui a chargé de voiture, des Carlsson qui vont déménager, de la fille de Lasse à Svängen qui va avoir un bébé. Grand-père acquiesce et maman dit ah oui ? ah bon ? et ils sauvent ainsi la situation en se parlant de la vie des autres.
Jenna, elle, ne dit rien.
Il ne faut pas penser de mal de sa grand-mère. Mais parfois Jenna ne peut pas s'en empêcher. Il faut épauler maman, Jenna. Il faut aider maman, Jenna. Il faut penser à maman, Jenna. Ta mère est une battante, Jenna.
Comme si Jenna ne le savait pas ! Comme si Jenna ne voyait rien, ne s'apercevait de rien, ne se rendait pas compte des douleurs de maman, de ses difficultés à respirer, de sa soif, de sa fatigue, de ses nausées. Comme si Jenna vivait ailleurs que dans l'appartement avec maman.
Non.
Elle ne vit pas ailleurs.
Mais il lui arrive de le souhaiter.

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie blanche
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Suède : Johanna Thydell

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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Livre 39/42 pour le Challenge du 6% littéraire
1pourcent2010

14 avril 2011

Racines russes – Reggie Nadelson

Lu dans le cadre du partenariat Livraddict et Livre de Poche

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Le Masque – avril 2009 – 408 pages

Livre de Poche – février 2011 – 448 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch

Quatrième de couverture :
Soupçonné d'avoir tué un homme, Billy a été expédié dans un « centre thérapeutique » pour ados en Floride. Deux ans plus tard, le voici « en permission » à Brooklyn, sous la garde de son oncle Artie Cohen, à qui tout le monde crie : « Dégage ce gamin de là, on n'en veut pas dans le quartier. » Pourtant bon flic, Artie est aveugle quand il s'agit de Billy. Il veut le croire guéri. Le lecteur aussi, jusqu'à une première découverte macabre. La tension monte, le doute s'infiltre, lorsque Luda, une petite fille de la communauté russe, disparaît. Artie est alors contraint d'ouvrir les yeux… Un roman noir poignant sur l'amour et la confiance, la force des racines et les peurs ancestrales.

Auteur : Née à Greenwich Village, Reggie Nadelson a obtenu un diplôme de journalisme à Stanford et réalisé des reportages pour la BBC. Son documentaire consacré à Dean Reed, musicien américain devenu la plus grande star rock de l’ex-URSS, lui a inspiré un livre, Comrade Rockstar. Reggie Nadelson collabore au Vogue américain et à plusieurs quotidiens britanniques. Elle partage son temps entre Londres et New York.

Mon avis : (lu en avril 2011)
Ce livre est la suite du livre « Sous la menace » du même auteur que je n'ai pas lu.
Soupçonné d'avoir tué un homme, Billy a été enfermé dans un centre pour jeunes délinquants en Floride. Le livre « Racines russes » commence deux ans après, Billy est alors âgé de 14 ans, il a obtenu une permission et comme ses parents sont absents c'est son oncle Artie qui l'accueille. Artie est un flic d'origine russe, il aime son neveu Billy et il est persuadé que celui-ci est guéri. Ils vont passer ensemble quatre jours à Brooklyn. Avec Billy et Artie ont arpentent plusieurs quartiers new-yorkais, et l'on découvre une communauté russe de New-York haute en couleur.
Artie doit surveiller Billy mais en même temps il est sollicité par son travail et lorsqu'il doit s'absenter, il laisse Billy pour quelques heures à des proches. Le passé de Billy le rattrape, il n'est pas le bienvenue à New-York.
Dès les premières pages, le lecteur découvre Billy comme un adolescent plutôt mature, sympathique, il semble être rejeté par ses parents et il attend beaucoup de son oncle. Une forte tension psychologique, tourne autour du personnage de Billy. Rapidement, le lecteur ne sait pas comment cerner Billy.
Je n'ai pas été totalement conquise par le roman policier mais j'ai beaucoup aimé la ballade dans New-York, ville qui me fascine de plus en plus depuis le Swap in' Follie's auquel j'avais participé il y a un an.
Merci à Livraddict et au Livre de Poche de m'avoir fait découvrir un auteur et un livre que je ne connaissais pas.

 

Extrait : (début du livre)
Le bruit régulier du moteur au-dessus de ma tête se modifia. Je me redressai et ouvris les yeux, aveuglé par le soleil. Le petit avion qui transportait des touristes volait à basse altitude au-dessus de Coney Island. Il crachota en plein ciel et je retins mon souffle, dans l'attente du crash. A côté de moi, mon neveu Billy était allongé sur la plage. Dans une main, il tenait un poste de radio qui retransmettait un match des Yankees ; ses grands pieds d'adolescent, chaussés de baskets noires, lacets défaits, reposaient sur un carton de pizza de chez Totonno, vide.
L'avion disparut derrière des nuages qui se découpaient dans la lumière ; sans doute volait-il vers un aérodrome quelconque, non loin d'ici, où les touristes embarquaient pour voir la ville d'en haut.
On était mardi, c'était une douce journée de juillet, et seules quelques personnes, deux douzaines peut-être, étaient étendues sur le sable autour de moi, pour se faire bronzer. Deux vieux bonhommes assis sur des chaises en plastique vert jouaient au rami. Près d'eux, deux femmes, leurs épouses très certainement, vêtues de pantalons de survêtement en velours rose et bleu et de coupe-vent assortis, lisaient des journaux russes qui claquaient au vent. Une famille de Pakistanais avait apporté son déjeuner dans des petites boîtes en métal superposées ; ils bavardaient en urdu, probablement. Sans doute imaginaient-ils qu'ils étaient dans leur pays et profitaient d'un après-midi de congé sur une plage de Karachi. Il y avait à Midwood, au coeur de Brooklyn, à environ cinq kilomètres de Coney Island, une importante communauté pakistanaise. Je sentais l'odeur de la nourriture. Ça me donnait faim. 
 

13 avril 2011

Babelio lance un Masse Critique de Printemps !

 le retour de Masse Critique, lundi prochain 18 avril à partir de 08h30

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Rendez-vous lundi 18/04 à 8h30 à cette adresse :
http://www.babelio.com/massecritique.php

Pour plus de renseignement, c'est ici

13 avril 2011

Taxi – Khaled Al Khamissi

Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

taxi Actes Sud – août 2009 – 189 pages

traduit de l'arabe (Egypte) par Hussein Emara et Moïna Fauchier Delavigne

Quatrième de couverture :
Portant chacune sur un aspect particulier de la vie sociale, économique ou politique en Égypte, ces cinquante-huit conversations avec des chauffeurs de taxi du Caire composent un tableau fascinant de ce pays à un moment clé (avril 2005-mars 2006) du règne du président Hosni Moubarak – qui sollicitait alors un cinquième mandat. Tout y est, en effet : les difficultés quotidiennes de la grande majorité de la population, la corruption qui sévit à tous les échelons de l'administration, l'omniprésence et la brutalité des services de sécurité, le blocage du système poli-tique, les humiliations sans fin que la population subit en silence, les ravages du capitalisme sauvage... Consignés en dialecte égyptien avec un humour décapant et un admirable sens de la mise en scène, ces échanges librement reconstitués par l'auteur, sinon entièrement inventés par lui, relèvent à la fois de la création littéraire et de l'enquête de terrain. S'ils font connaître les griefs des « gens d'en bas », ils laissent aussi entrevoir les raisons pour lesquelles le pouvoir en place tient bon mal-gré sa décrépitude et son impopularité. C'est sans doute cette combinaison inédite de lucidité politique, de tendresse pour les plus faibles et d'humour qui explique la diffusion de Taxi, dans sa version originale, à plus de cent mille exemplaires.

Auteur : Né au Caire, Khaled Al Khamissi est producteur. réalisateur et journaliste. Diplômé de sciences politiques de l'université du Caire et de relations internationales de l'université de Paris-Sorbonne, il a publié en 2007 ce premier livre, devenu rapidement un best-seller et aussitôt traduit en plusieurs langues européennes. Son deuxième opus, Safinat Nûh (L'Arche de Noé), paraîtra au Caire à la fin de 2009.

Mon avis : (lu en avril 2011)
Voilà un livre qui se lit très facilement, il regroupe cinquante-huit courtes histoires qui racontent des conversations entre un chauffeur de taxi et son client dans la ville du Caire. C'est une façon très originale de découvrir l'Egypte d'aujourd'hui et sa capitale. Au cours de ses conversations, beaucoup de sujets sont abordés : la politique, la vie quotidienne, la corruption, le football, la culture... Ces conversations réelles ou imaginaires sont tour à tour drôles, émouvantes ou touchantes. Un voyage agréable et très instructif.

Extrait : (page 23)
- On se demande pourquoi l'économie est foutue ! s'est exclamé le taxi. Ce sont les gens qui la foutent en l'air. Vous y croyez, vous ? En Egypte, les gens paient plus de vingt milliards de livres chaque année en factures de téléphone. Vingt milliards de livres, ça veut dire que si on ne parlait pas pendant deux ou trois ans, l'Egypte serait transformée. Les Egyptiens sont tarés, je vous jure. Ils n'ont pas de quoi manger mais chacun se balade avec son téléphone portable et une cigarette à la bouche.
Les hommes sont censés être raisonnables mais ils dilapident tout leur argent dans le téléphone et les cigarettes. Quels fléaux ! Et après, ils vont se plaindre que le pays ne va pas bien.
L'argent de tous les Egyptiens atterrit dans les poches de quatre sociétés : Egypt Telecom, Mobinil, vodafone et Eastern Tobacco Company.
Et les pubs, malheur à elles, elles abrutissent les gens : « Abonnez-vous à Mobinil... Non... Abonnez-vous à Vodafone. » Le monde est fou. Il faut absolument interdire ces pubs. Nous vivons dans un univers de mensonges, ouvert jour et nuit. Tu marches dans la rue, tu vois des pubs, tu allumes la radio... des pubs... tu rentres à la maison, la télé est allumée... des pubs. Et elles sont toutes vulgaires et mensongères.
Les gens sont comme des animaux, à gober les pubs et à jeter leur argent par les fenêtres. Ensuite ils nous disent qu'il n'y a pas d'argent dans ce pays. Comment ça, pas d'argent ? Et les milliards dépensés en paroles, ils viennent d'où ?
Vous pensez pas qu'il faudrait mieux que cet argent serve d'abord à la nourriture, au logement, à l'éducation et à la santé ? Mais à qui on peut dire ça ? ! Si notre Premier ministre est le patron des téléphones, c'est lui qui est à la tête des bavardages.
Moi, si on me donnait les rênes de ce pays un seul jour, non, une seule minute, la seule décision que je prendrais serait d'interdire les pubs.
Avant, de mon temps, les pubs étaient au service de la société. Et il n'y en avait quasiment pas. Alors qu'aujourd'hui, les pubs sont faites pour détruire la société. Et elles vont effectivement la détruire et s'asseoir sur ses ruines. Vous pourrez dire qu'Abou Ismaïl vous avait prévenu.

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Métier"

12 avril 2011

Maria – Pierre Pelot

Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

maria Editions Héloïse d’Ormesson – janvier 2011 - 128 pages

Quatrième de couverture : 
Les Vosges, sous l’Occupation. Maria est institutrice. Un matin, les maquisards viennent la chercher devant sa classe. Jean, son mari, est collabo. Elle n’en savait rien. Pour avoir été la femme d’un traître, pour l’avoir aimé, Maria paiera. Marquée à vie par la cruauté de ceux que la France élève bientôt au rang de héros, elle ne révélera jamais le châtiment qui lui a été injustement infligé.
Soixante ans plus tard, un jeune homme arrive dans cette contrée, à la recherche d’une pensionnaire de la maison de retraite. Dans son périple l’accompagne la voix envoûtante d’une conteuse qui, sur les ondes de la radio locale, évoque l’histoire de ces terres où gèlent les eaux de la Moselle.
Avec Maria, Pierre Pelot revient à sa géographie intime, honorant, dans une langue percutante et sensible, une région rude et secrète.

Auteur : Né en 1945 à Saint-Maurice-sur-Moselle où il vit toujours, Pierre Pelot a signé plus d'une centaine de livres, du polar à la SF. Il est l'auteur notamment de L'Eté en pente douce, C'est ainsi que les hommes vivent (prix Erckmann-Chatrian), Méchamment dimanche (prix Marcel Pagnol), L'Ombre des voyageuses (prix Amerigo Vespucci) et La Montagne des boeufs sauvages.

 

Mon avis : (lu en avril 2011)
Après avoir vu la présentation de ce livre à la Grande Librairie, j'ai eu très envie de le découvrir.
« Méfiez-vous des apparences », c'est le sous-titre du livre, et il a son importance.
Tout commence de nos jours, sur une route, dans les Vosges, à la tombée de la nuit. Un jeune homme vient rendre visite à Maria, l'une des pensionnaires de la maison de retraite. Maria est également une conteuse, elle raconte chaque jour sur la radio associative locale l'Histoire des Vosges et des ses habitants depuis le Moyen-Age.
En parallèle, le lecteur découvre que Maria a été la victime d'un événement sous l'Occupation allemande en octobre 1944. Ces faits qui vont bouleverser sa vie à jamais.
Ce livre raconte l’histoire de Maria, une histoire émouvante, bouleversante, pleine d'humanité et qui va nous surprendre dans les toutes dernières pages par un rebondissement final inattendu.
Pierre Pelot a une très belle écriture et ses descriptions des Vosges sont pleine de poésie et d'amour pour sa terre et ses habitants.
Des longs passages racontant l'Histoire des Vosges entrecoupent l'histoire de Maria, j'avoue en avoir survolé certains passages car j'avais hâte de connaître la conclusion de cette courte histoire.
A découvrir !

Extrait : (début du livre)
Un peu de blanc dans beaucoup de pluie, la méchante neige s'était mise à tomber en même temps que la nuit, à la sortie de la ville illuminée.
Des nœuds de fatigue s'étaient serrés plus durs entre ses épaules, les ankyloses et les crampes dans ses cuisses et mollets. Il avait failli s'arrêter sur une aire de stationnement, puis dans un café en bord de rue du premier village traversé, après Remiremont, mais il avait résisté, se disant qu'il touchait au but, qu'il ne lui restait guère plus d'une vingtaine de kilomètres – une vingtaine de kilomètres, après plus de 700 -, et il avait pris la voie rapide au flanc de la vallée qui filait presque droit à l'écart des villages.
La neige pourrie s'était épaissie. Les flocons plaqués au pare-brise tenaient une seconde avant de fondre. Cette averse voltigeuse l'avait surpris. C'était peut-être un peu tôt dans la saison. Il y avait encore beaucoup de feuilles aux arbres, jaunes et flamboyantes, pareilles à des flammes durcies. La neige, en principe, tombait après la chute des feuilles, non ? Il l'avait toujours cru, en tout cas.
Mais en vérité il ne savait rien de l'hiver ici. Ni des températures de saison.

Il ne savait rien de la région. Ça ne lui était jamais vraiment venu à l'esprit qu'on pût y vivre. Son père qui en venait ne lui en avait jamais vraiment parlé. Ou alors si loin qu'il ne s'en souvenait plus, n'en gardait que des images brumeuses et vagues. Quelques clichés, bien sûr, à se mettre sous la dent, pas mieux. La ligne bleue des Vosges, les bûcherons vosgiens, la Bête des Vosges, l'affaire Grégory... Comme des sortes d'accrocs dans un paysage lisse de montagnes rondelettes couvertes de sapins.
Il les avait aperçues au loin, les montagnes, en cache dressé devant l'horizon, un peu avant que le ciel se change en encre boueuse et que la nuit mélangée à la fange céleste s'affale, écrabouille et noie tout cela dans la brume sale et la bouillasse de neige et de pluie.

 

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Prénom"

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