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A propos de livres...

18 novembre 2011

Love Medecine - Louise Erdrich

Lu dans le cadre du partenariat Livraddict et Livre de Poche

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Albin Michel – novembre 2008 – 400 pages

Livre de Poche – octobre 2011 – 512 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez

Titre original : Love Medecine, 1984

Quatrième de couverture :
De 1934 à nos jours, Love Medicine retrace les destins entrelacés de deux familles indiennes, isolées sur leur réserve du Dakota, à qui les Blancs ont non seulement volé leur terre mais ont aussi tenté de voler leur âme. Mêlant comédie et tragédie, puisant aux sources d'un univers imaginaire riche et poétique qui marque tous ses livres, de Derniers rapports à Little No Horse à ce qui a dévoré nos cœurs, ce roman est présenté ici dans sa version définitive, reprise et augmentée par l'auteur.

Auteur :  Karen Louis Erdrich est née le 7 juillet 1954 à Little Falls, dans le Minnesota, d'une mère ojibura (famille des Chippewa), donc amérindienne, et d'un père germano-américain. Elle grandit dans le Dakota du Nord, aux États-Unis, où ses parents travaillaient au Bureau des Affaires Indiennes.
Louise Erdrich est, avec Sherman Alexie, l'une des grandes voix de la nouvelle littérature indienne d'outre-Atlantique. Si elle écrit, c'est pour réinventer la mémoire déchirée de ces communautés qui, aux confins des Etats-Unis, vivent sur les décombres d'un passé mythique. Louise Erdrich vit aujourd’hui dans le Minnesota.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Tout d'abord, la photo de la couverture est très belle, un superbe ciel au ton rosé, quelques maisons, une pompe à essence...
Ce livre est le premier de Louise Erdrich. Il a été écrit en 1984 et n'avait jamais été traduit en français avant. Louise Erdrich nous fait découvrir l'Amérique vue du côté des indiens du Dakota de 1934 à 1983. Nous suivons sur plusieurs générations l'histoire deux familles : les Lamartine et les Kashpaw, avec leurs conflits, leurs alliances, leurs secrets. Le roman commence en 1981 avec la mort de June dans d'une tempête de neige. Le soir de son enterrement, ses proches évoquent sa mémoire à travers des souvenirs et anecdotes... J’ai pris mon temps pour lire ce livre qui est comme une série de nouvelles car chacun des chapitres pourrait presque être lu indépendamment. Il y a différents narrateurs et donc différents points de vue pour une chronique sociale. La vie des peuples indiens est difficile, il y a la guerre, le chômage l'alcoolisme. Mais malgré la misère et l'indifférence des blancs, ils persistent à survivre avec fierté, en aimant leur famille, leurs enfants. Ils doivent résister aux attraits de la vie moderne pour préserver les coutumes du clan. La nature environnante et les paysages de forêts et de lacs sont à la fois leur seul richesse et le symbole de leur liberté rêvée.
Tout au long du livre, je me suis très souvent référée à l'arbre généalogie présent au début du livre pour comprendre plus facilement les liens entre les différents personnages. J'ai trouvé ce livre très intéressant à lire pour mieux connaître la conditions des Indiens Chippewa, à travers son écriture pleine de poésie l'auteur sait nous transmette beaucoup d'émotions.
Merci à Livraddict et aux éditions du Livre de Poche pour m'avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (début du livre)
Le matin précédant le dimanche de Pâques, pour tuer le temps avant l'arrivée du car de midi qui la ramènerait chez elle, June Kashpaw descendait la grande rue encombrée de Williston, un petit bourg pétrolier en pleine expansion du Dakota du Nord. C'était une Chippewa aux longues jambes, usée en tout par l'âge, sauf dans sa façon de bouger. C'est probablement cette façon de bouger, avec l'aisance d'une gamine sur des jambes minces et fermes, qui attira l'oeil de l'homme qui l'appela en toquant à la vitrine depuis l'intérieur du Rigger Bar. Elle avait l'impression de le connaître des tas de gens. Elle en avait vu passer tellement. Il replia le bras, l'invitant à entrer, ce qu'elle fit sans hésiter, en pensant simplement qu'elle allait écluser quelques verres avec lui avant de récupérer ses sacs et de prendre le car. Elle voulait, au moins, voir si elle le connaissait vraiment. Même derrière le carreau humide, elle se rendait compte qu'il n'était pas si vieux que ça et que son torse était généreusement matelassé de nylon rouge foncé et de duvet coûteux.
Il y avait des boîtes d'œufs colorés sur le comptoir, chacun miroitant tel un bijou dans son enveloppe de cellophane. Quand elle franchit la porte, le type en écalait un, bleu ciel comme celui d'un merle, en le tenant au creux de sa main pendant que du pouce il écartait la coquille. Le temps avait beau être couvert, la neige réfléchissait une telle lumière qu'elle fut momentanément aveuglée. C'était comme de plonger sous l'eau. Ce vers quoi elle s'avança plus que toute autre chose, ce fut cet œuf bleu au creux de la main blanche, un fanal dans l'air obscurci.
Le type lui commanda une bière, une Blue Ribbon, en assurant qu'elle méritait une récompense parce qu'elle était ce qu'il avait vu de mieux depuis bien longtemps. Il lui écala un œuf, un rose, en remarquant qu'il était assorti à son col roulé. On appelait ces machins-là des pulls chaussette. Il dit que si c'était une chaussette, il lui baiserait volontiers les pieds, et puis avant de lui tendre l'œuf nu, il fit un petit sourire au barman.

Challenge 100 ans de littérature américaine 2011
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50__tats
10/50 : Dakota du Nord

Déjà lu du même auteur :

la_chorale_des_maitres_bouchers_p La Chorale des maîtres bouchers la_mal_diction_des_colombes La malédiction des colombes

omakayas Omakayas

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16 novembre 2011

Retour à Killybegs - Sorj Chalandon

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Retour___Killybegs Grasset – août 2011 – 336 pages

Grand Prix du roman de l’Académie Française 2011

Quatrième de couverture : 
« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence. »

                         Killybegs, le 24 décembre 2006
                                              Tyrone Meehan

Auteur : Sorj Chalandon, né en 1952, a été longtemps journaliste à Libération avant de rejoindre Le Canard Enchaîné. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le Prix Albert-Londres en 1988. Il a publié Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis), Mon Traître (2008) et La Légende de nos pères (2009).

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Je n'ai pas lu « Mon Traître » avant de lire « Retour à Killybegs » (je le lirai certainement dès que le livre sera disponible à la bibliothèque !). Les billets sur les lectures ou les rencontres avec l'auteur de Valérie, Canel, Sandrine m'ont vraiment donnée envie de lire sans tarder ce livre...
Et c'est un coup de cœur pour moi !
Dans ce livre, Sorj Chalandon donne la parole à son « traître », à travers le personnage de Tyrone Meehan, il imagine sa version des faits, une explication plausible à cette trahison.
Nous suivons en alternance la voix de Tyrone depuis son enfance et son engagement comme jeune républicain et celle de Tyrone durant ses derniers jours, il a quatre-vingt un ans, sa trahison vient d'être dévoilée. Il est retourné à Killybegs en République Irlandaise dans la maison de son père, il sait que ses jours sont comptés.
L'histoire du jeune Tyrone Meeghan commence, avec la mort de son père Pat Meehan devenu alcoolique. Pat était un ancien de l'Armée Républicaine Irlandaise qui avait participé en 1921 à la guerre d'indépendance contre les Britanniques. En 1936, il voulait s'engager aux côté des Républicains Espagnols, contre Franco. Mais sa femme lui a fait entendre raison, sa famille (neuf enfants) a besoin de lui. Pourtant, « Pat Meehan est mort des cailloux plein les poches. C'est comme ça qu'on a su qu'il avait voulu en finir avec la vie. Il nous a laissés seuls en décembre 1940. » C'est alors la misère pour toute la famille. Quelques mois plus tard, son oncle Lawrence les accueille tous chez lui à Belfast, il faut donc quitter Killybegs et la République d'Irlande pour l'Ulster. Ils vont habiter au nord de Belfast dans un ghetto catholique cerné par des quartiers protestants. C'est là que Tyrone rencontre Tom Williams auprès duquel il s'engage dans la lutte.
En suivant les différents épisodes de la vie de Tyrone, le lecteur découvre les difficultés d'être catholique et irlandais en Irlande du Nord, la haine vis à vis de l'occupant britannique, le combat au sein de l'IRA, les conditions inhumaines des prisons...
Par omission, pour ne pas avoir avoué un grosse faute, Tyrone se trouve au centre d'un processus qui va l'entraîner à trahir malgré lui, il s'est piégé lui-même. Tout au long du livre, l'auteur fait allusion à d'autres trahisons, la plus célèbre étant celle de Judas.
Tyrone est malgré tout un personnage magnifique auquel je me suis attachée. J'ai découvert également l'histoire de la guerre civile irlandaise.
Voilà livre très fort, qui m'a bouleversée...

D'autres avis Clara, Constance93

Extrait : (page 13)
Quand mon père me battait il criait en anglais, comme s'il ne voulait pas mêler notre langue à ça. Il frappait bouche tordue, en hurlant des mots de soldat. Quand mon père me battait il n'était plus mon père, seulement Patraig Meehan. Gueule cassée, regard glace, Meehan vent mauvais qu'on évitait en changeant de trottoir. Quand mon père avait bu il cognait le sol, déchirait l'air, blessait les mots. Lorsqu'il entrait dans ma chambre, la nuit sursautait. Il n'allumait pas la bougie. Il soufflait en vieil animal et j'attendais ses poings.
Quand mon père avait bu, il occupait l'Irlande comme le faisait notre ennemi. Il était partout hostile. Sous notre toit, sur son seuil, dans les chemins de Killybegs, dans la lande, en lisière de forêt, le jour, la nuit. Partout, il s'emparait des lieux avec des mouvements brusques. On le voyait de loin. On l'entendait de loin. Il titubait des phrases et des gestes. Au Mullin's, le pub de notre village, il glissait de son tabouret, s'approchait des tables et claquait ses mains à plat entre les verres. Il n'était pas d'accord ? Il répondait comme ça. Sans un mot, les doigts dans la bière et son regard. Les autres se taisaient, casquettes basses et les yeux dérobés. Alors il se redressait, défiait la salle, bras croisés. Il attendait la réplique. Quand mon père avait bu, il faisait peur.
Un jour, sur le chemin du port, il a donné un coup de poing à George, l'âne du vieux McGarrigle. Le charbonnier avait appelé son animal comme le roi d'Angleterre pour pouvoir lui botter les fesses. J'étais là, je suivais mon père. Il marchait à pas heurtés, chancelant de griserie matinale, et moi je trottais derrière. A un angle de rue, face à l'église, le vieux McGarrigle peinait. Il tirait son baudet immobile, une main sur le bât, l'autre sur le licol, en le menaçant de tous les saints. Mon père s'est arrêté. Il a regardé le vieil homme, son animal cabré, le désarroi de l'un, l'entêtement de l'autre, et il a traversé la rue. Il a poussé McGarrigle, s'est mis face à l'âne, l'a menacé rudement, comme s'il parlait au souverain britannique. Il lui a demandé s'il savait qui était Patraig Meehan. S'il imaginait seulement à quel homme il tenait tête. Il était penché sur lui, front contre front, menaçant, attendant une réponse de l'animal, un geste, sa reddition. Et puis il l'a frappé, un coup terrible entre l'œil et le naseau. George a vacillé, s'est couché sur le flanc et la charrette a versé ses galets de houille.
- Éirinn go Brách ! a crié mon père.
Puis il m'a tiré par le bras.
- Parler gaélique, c'est résister, a-t-il encore murmuré. Et nous avons continué notre chemin.

Challenge 4%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
22/28

15 novembre 2011

Bon Anniversaire !

   Mon blog fête aujourd'hui ses 3 ans !

Je continue vraiment beaucoup de plaisir à faire vivre ce blog.
Je ne résiste pas à participer à de nombreux challenges, swaps et partenariats

challenge_2011
 

 « Mes découvertes, mes voyages et mes émotions au pays des livres... »
Voilà la description courte que j'ai faite de mon blog il y a trois ans.

Et c'est vrai qu'en trois ans j'ai fait un grand tour du monde : J'ai lu des livres dont les auteurs viennent de :

19 pays d'Europe : France, Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grande-Bretagne, Groenland, Irlande, Islande, Italie, Norvège, Pays-Bas, République Tchèque, Suède, Suisse, Ukraine

Europe

7 pays d'Amérique du Nord ou du Sud : Brésil, Canada, Chili, Colombie, Cuba, États-Unis, Haïti

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11 pays d'Asie :  Afghanistan, Bangladesh, Bouthan, Chine, Corée du Sud, Inde, Iran, Israël, Japon, Pakistan, Vietnam,

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9 pays d'Afrique : Afrique du Sud, Algérie, Botswana, Congo, Côte d'Ivoire, Égypte, Ile Maurice, Maroc, Nigéria

Afrique

1 pays d'Océanie : Nouvelle-Zélande
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Et les histoires m'ont fait explorer encore plus de destinations : Alaska, Argentine, Australie, Bosnie, Cambodge, Caucase, Djibouti, Éthiopie, Grèce, Guernesey, Hongrie, Irak, Jamaïque, Kenya, Mali, Paraguay, Pérou, Pologne, Roumanie, Serbie, Soudan, Russie...

Moi qui suis très attachée à la géographie, j'ai encore beaucoup de destinations à explorer et c'est tant mieux !

Merci à toutes et tous de participer à la vie de A propos de livres...

Et c'est reparti pour une nouvelle année !

14 novembre 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [52]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

Printemps - Mons Kallentoft
Un cadavre dans la bibliothèque – Agatha Christie
Eux sur la photo - Hélène Gestern
Du domaine des Murmures - Carole Mart
inez

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Retour à Killybegs - Sorj Chalandon

Que lirai-je cette semaine ?

Love Medecine - Louise Erdrich
Un cercle de lecteurs autour d'une poêlée de châtaignes - Jean-Pierre Otte
Profondeurs - Henning Mankell

Bonne semaine et bonne lecture.

12 novembre 2011

Du domaine des Murmures - Carole Martinez

du_domaine_des_murmures Gallimard - août 2011 – 208 pages

Prix Goncourt des Lycéens 2011

Quatrième de couverture :
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s’offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et son souffle parcourra le monde jusqu'en Terre sainte.
Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d’une sensualité prenante.

Auteur : Carole Martinez, née en 1966, a été comédienne avant de devenir enseignante. Son premier roman, Le cœur cousu (2007) a connu un grand succès de librairie et a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix Renaudot des lycéens et le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
J'avais beaucoup aimé son livre précédent "Le cœur cousu". J'ai pu emprunter celui-ci à la bibliothèque le vendredi précédent l'annonce du Prix Goncourt des Lycéens... J'avais également entendu Carole Martinez à la Grande Librairie raconter la naissance de ce livre.
Cette histoire se déroule à la fin du XIIe siècle, en Franche-Comté, au domaine des Murmures. Esclarmonde est une jeune fille de quinze ans qui ose dire « non ». Esclarmonde ne veut pas épouser l'homme que son père lui destine. Elle trouve Lothaire violent, « gorgé de rage et d'ambition ». Le jour des fiançailles officielles, Esclarmonde refuse de dire « oui ».
« Jamais fille d'ici n'avait osé pareil affront. 
Et, sachant qu'un tel acte ne me serait pas pardonné, j'ai sorti le petit couteau que je tenais caché sous ma robe d'apparat et, prenant pour modèle Ode, la future sanctifiée, je me suis tranché l'oreille. M'adressant alors à l'archevêque, j'ai déclaré que je m'étais déjà offerte au Christ, mais que personne jusqu'ici n'avait voulu l'entendre, tant il est dur pour une fille d'être écoutée même d'un père juste et aimant. »
C'est la première fois, qu'Esclarmonde dit non à l'évêque, à son père, à son futur fiancé.
Elle demande alors à devenir une recluse dans le château de son père.
« J'ai ajouté que Christ voulait que ma dot servît à lever une chapelle en pierre aux Murmures et qu'on aménageât, contre ses murs, un réduit où l'on m'enfermerait à jamais. Dieu avait d'autres projets pour moi que ces noces avec Lothaire. La chapelle, une fois construite, serait dédiée à Sainte Agnès et, depuis ma tombe, je prierais, à la fois vivante et morte, pour tous ceux que je venais par mon refus d'offenser. »
La construction de la chapelle, puis de son tombeau dureront deux ans. Et c'est le jour pour Esclarmonde de rentrer dans sa tombe. « Qu'il faisait doux au matin de ma mort ! », voilà comment elle évoque le jour de son enfermement. 
Après une célébration, la bénédiction de l'évêque, Esclarmonde est conduite et enfermée dans sa cellule. Ensuite la porte est murée. Après quatre jours de jeûne et d'obscurité, Esclarmonde sera autorisée à ouvrir le volet de sa fenestrelle grillée, ouverture lui permettant d'être nourrie et de parler avec ceux qui viennent la rencontrer.
Et contrairement à ce qu'elle avait imaginé ce n'est pas la solitude qui occupe sa vit de recluse... Beaucoup de voyageurs font le détour pour venir la rencontrer et Esclarmonde découvre le monde à travers toutes ces rencontres...
A travers cette histoire de recluse,
Carole Martinez évoque des thèmes variés comme celui de la femme, de la religion, des croyances populaires, des Croisades, de l'amour d'un père pour sa fille...
Cette histoire se lit comme un conte, l'écriture est superbe, pleine de poésie et de beauté, je me suis laissée porter par la narration d'Esclarmonde.

Elles ont également aimé ce livre, Canel, Clara, Isabelle, Aifelle, Gambadou, Sandrine.

Extrait : (page 17)
Je suis l'ombre qui cause.
Je suis celle qui s'est volontairement clôturée pour tenter d'exister.
Je suis la vierge des Murmures.
A toi qui peux entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dire l'espoir des emmurées.

En cet an 1187, Esclarmonde, Damoiselle des Murmures,
prend le party de vivre en recluse à Hautepierre, enfermée
jusqu'à sa mort dans la petite cellule scellée aménagée pour elle
par son père contre les murs de la Chapelle qu'il a bâtie sur
ses terres en l'honneur de sainte Agnès, morte en martyre à
treize ans de n'avoir pas accepté d'autres époux que le Christ.

J'ai tenté d'acquérir la force spirituelle, j'ai rêvé de ne plus être qu'une prière et d'observer mon temps à travers un judas, ouverture grillée par où l'on m'a passé ma pitance durant des années. Cette bouche de pierre est devenue la mienne, mon unique orifice. C'est grâce à elle que j'ai pu parler enfin, murmurer à l'oreille des hommes et les pousser à faire ce que jamais mes lèvres n'auraient pu obtenir, même dans le plus doux des baisers.
Ma bouche de pierre m'a offert la puissance de la sainte. J'ai soufflé ma volonté depuis la fenestrelle et mon souffle a parcouru le monde jusqu'au portes de Jérusalem. Mes yeux, dans la tombe entrouverte, ont suivi les croisés en route vers Saint-Jean-d'Acre, jadis nommée Ptolémaïs.
Mais ma voix a déplu, on me l'a arrachée. Et les phrases avalées, les mots mort-nés m'étouffent. La foule des peines souterraines me tourmente.

Déjà lu de cette auteur :
coeur_cousu Le cœur cousu

Challenge 3%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
21/21

Challenge Prix Goncourt des Lycéens2011

Challenge Goncourt des Lycéens
goncourt_lyceen_enna
chez Enna

 

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10 novembre 2011

Eux sur la photo - Hélène Gestern

eux_sur_la_photo1 Arléa – août 2011 – 273 pages

Quatrième de couverture :
Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Ses indices : deux noms et une photographie retrouvée dans des papiers de famille, qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu’Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane a reconnu son père.
Commence alors une longue correspondance, parsemée de détails, d’abord ténus, puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant des archives cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu’on leur avait dit.
Avec
Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur le secret de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie.

Auteur : Hélène Gestern vit et travaille à Nancy. Eux sur la photo est son premier roman.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Hélène n'a jamais vraiment connu sa mère qui est morte alors qu'Hélène avait trois ans. Plus de trente ans plus tard, son père étant mort depuis quelques années, elle trouve une photo où deux noms sont mentionnés. Alors, comme une bouteille à la mer, Hélène publie une petite annonce dans le journal pour en savoir un peu plus sur sa mère. Quelques temps plus tard, elle obtiendra une réponse de Stéphane, il a reconnu son père sur la photographie. Ainsi commence une longue correspondance entre Stéphane et Hélène, peu à peu leur enquête progresse et de photographies en photographies le lecteur découvre l'histoire d'une famille avec ses non-dits, ses secrets.
Dès le début de cette lecture, j'ai pensé au livre La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan Coe où l'héroïne s'appuie sur la descriptions de photos pour raconter ses souvenirs.
C'est une histoire émouvante, construite avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité. Un premier roman à découvrir que j'ai beaucoup aimé !

Extrait : (début du livre)
La photographie a fixé pour toujours trois silhouettes en plein soleil, deux hommes et une femme. Ils sont tout de blanc vêtus et tiennent une raquette à la main. La jeune femme se trouve au milieu : l’homme qui est à sa droite, assez grand, est penché vers elle, comme s’il était sur le point de lui dire quelque chose. Le deuxième homme, à sa gauche, se tient un peu en retrait, une jambe fléchie, et prend appui sur sa raquette, dans une posture humoristique à la Charlie Chaplin. Tous trois ont l’air d’avoir environ trente ans, mais peu être le plus grand est-il un peu plus âgé. Le paysage en arrière-plan, que masquent en partie les volumes d’une installation sportive, est à la fois alpin et sylvestre : un massif, encore blanc à son sommet, ferme la perspective en imprimant sur la scène une allure irréelle de carte postale.
Tout, dans ce portrait de groupe, respire la légèreté et l’insouciance mondaine. Pourtant, la jeune femme ne s'est pas départie d'un soupçon de gravité, que ne démentent pas tout à fait son sourire et la lumière malicieuse de son regard. Elle est grande, elle aussi, moins que l'homme qui lui parle, mais suffisamment pour donner l'impression d'une harmonie dans leurs allures. Son corps est élancé, sa beauté un peu austère, avec son visage allongé et ses pommettes hautes et rondes. Le creux des joues est balayé par des cheveux épais, courts, coupés au carré. Et un chapeau blanc, posé de côté, fit de rappeler les élégantes des photographies des Séeberger.

 Challenge 3%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
20/21

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Objet"

Challenge des Agents Littéraires
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Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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9 novembre 2011

Un cadavre dans la bibliothèque – Agatha Christie

un_cadavre_dans_la_bibli_LCE_1967 un_cadavre_dans_la_bibli_M_1974 un_cadavre_dans_la_bibli_ES_1982 un_cadavre_dans_la_bibli_LP_1982 un_cadavre_dans_la_bibli_M_1983 un_cadavre_dans_la_bibli_M_1994 un_cadavre_dans_la_bibli_LP_2001 un_cadavre_dans_la_bibli_HJ_2007 un_cadavre_dans_la_bibli_LPJ_2007 un_cadavre_dans_la_bibli_LP_2007 un_cadavre_dans_la_bibli_M_2011

Librairie des Champs-Elysées - janvier 1967 – 185 pages

Le Masque – 1974

Edito-Service SA – 1982 – 144 pages

Livre de Poche – 1982 -

Editions du Masque – janvier 1983 – 184 pages

Le Masque – octobre 1994 – 190 pages

Livre de Poche – novembre 2001 – 190 pages

Hachette Jeunesse – février 2007 – 284 pages

Livre de Poche Jeunesse – septembre 2007 – 284 pages

Livre de Poche – décembre 2007 – 218 pages

Le Masque – juin 2011 – 192 pages

traduit de l’anglais par Louis Postif

Titre original : The body in the library, 1942

Quatrième de couverture :
Le colonel Bantry est contrarié : on l'a tiré de son sommeil pour lui faire constater un fait particulièrement vexant : une jeune femme, inconnue de lui, a été retrouvée étranglée dans sa bibliothèque...  Venir ainsi se faire assassiner chez les gens ! Surtout que la jeune personne est vêtue d'une toilette tape-à-l'œil - du satin bon marché et paillettes ! Tout à fait déplacé dans la bibliothèque aristocratique du manoir...
Cruelle énigme pour la police. Heureusement, le manoir des Bantry est voisin de Saint-Mary-Mead, le village de miss Marple. C'est le bon sens de cette sympathique vieille dame qui, une fois de plus, permettra de trouver la solution...

Auteur :  Agatha Christie (1890-1976) est la reine incontestée et inégalée du roman policier classique. Née à Torquay, son premier roman La mystérieuse affaire de Styles est publié en 1920 et voit la naissance d’un écrivain et d’un personnage : Hercule Poirot. Très vite, sa renommée est mondiale. Elle est à la tête d’une prodigieuse production littéraire et reste aujourd’hui l’un des auteurs les plus lus à travers le monde, toutes générations confondues.

Mon avis : (lu ou relu en novembre 2011)
J’ai voulu lire ou relire cet Agatha Christie après avoir vu à la télévision son adaptation « Un cadavre sur l'oreiller » dans la série Les Petits Meurtres d'Agatha Christie, avec Antoine Duléry et Marius Colucci. Lorsque j’étais ado, j’ai lu beaucoup d’Agatha Christie dont j’ai oublié la plupart des titres.
C'est la troisième enquête où Miss Marple apparaît.
Le roman commence lorsqu’une jeune fille en tenue légère est retrouvée étranglée dans la bibliothèque du manoir des Bantry. Qui est cette inconnue ? Pourquoi est-elle dans la bibliothèque du respectable colonel Bantry et de son épouse ? Mrs Bantry s’empresse alors de contacter sa voisine Miss Marple pour résoudre cette énigme…
Dans ce roman policier paru en 1942, Agatha Christie, comme d’habitude, déborde d'ingéniosité pour nous concocter une intrigue avec fausses pistes et rebondissements... L’histoire est prenante, et le suspense nous fait tourner pages après pages pour découvrir la résolution de l’énigme. Une lecture divertissante et amusante.

Ce livre a été adapté plusieurs fois à la télévision :

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En 1984, dans le cadre de la première série télévisée britannique Miss Marple (en anglais : Agatha Christie's Miss Marple)», produite par la BBC.

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En 2004, dans le cadre la seconde série télévisée britannique Miss Marple (en anglais : Marple), avec Geraldine McEwan dans le rôle de la vieille dame. C'est le premier épisode de la Saison 1.

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En 2011, sur France 2, dans la série Les Petits Meurtres d'Agatha Christie, avec Antoine Duléry et Marius Colucci. Épisode 9 : Un cadavre sur l'oreiller.

 

Extrait : (début du livre)
Mrs Bantry rêvait : ses pois de senteur avaient obtenu le premier prix à l’exposition florale. Le pasteur, revêtu de son surplis, distribuait les récompenses à l’église et sa femme, en costume de bain, le suivait. Fort heureusement, ce n’était qu’un rêve, sans quoi cette tenue irrévérencieuse eût soulevé la désapprobation de tous les fidèles.
Mrs Bantry savourait cette douce torpeur du matin qui se terminait d’ordinaire par l’apparition de la servante apportant le thé. Elle percevait vaguement les multiples bruits familiers de la maison qui s’éveille : le glissement des rideaux de la fenêtre de l’escalier, tirés par la femme de chambre, le frottement du balai de la bonne à tout faire dans le couloir, et, en bas, le grincement du verrou de la porte d’entrée qu’on ouvre.
Une nouvelle journée commençait. En attendant le réveil la dormeuse s’efforçait de tirer le plus de plaisir possible de l’Exposition florale, car déjà elle avait peur d’un insuccès.
Dans le salon, au-dessous d’elle, on poussait bruyamment les volets de bois. Ce bruit ne l’éveilla pas et, pendant une demi-heure encore, le va-et-vient de la maisonnée au travail se poursuivrait, discret, étouffé, trop habituel pour troubler sa rêverie. Ce remue-ménage atteindrait son point culminant et final lorsque se produiraient dans le couloir une rapide succession de pas, le froissement d’une robe de percale, le cliquetis sourd des tasses de porcelaine sur le plateau, puis un petit coup frappé à sa porte et l’entrée de Mary allant ouvrir les rideaux.
Dans son demi-sommeil, Mrs Bantry fronça le sourcil. Quelque chose d’insolite venait de frapper son subconscient : dans l’escalier, un bruit de pas trop précipités et en avance sur l’heure habituelle. Son oreille chercha le léger heurt des objets en porcelaine, mais en vain : ce matin-là, elle ne l’entendit point.
Cependant le coup fut donné sur la porte et, automatiquement, des profondeurs de sa rêverie, Mrs Bantry dit :
- Entrez !
La porte s’ouvrit, les anneaux allaient glisser aux fenêtres.
Pas du tout. Dans la lumière diffuse de la chambre, la voix de Mary s’éleva, haletante et affolée :
- Madame ! Madame ! Il y a un cadavre dans la bibliothèque !
Puis, avec un sanglot nerveux, la femme de chambre sortit.
Mrs Bantry se dressa sur son séant.
Son rêve prenait-il un tour extravagant, ou Mary s’était vraiment précipitée dans la pièce en criant cette phrase incroyable, fantastique ! « Madame, il y a un cadavre dans la bibliothèque » ? 

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Grande-Bretagne

Lu dans le cadre du Challenge Agatha Christie
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Challenge le nez dans les livres
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Le Liseur : 3/4

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Objet"

 

8 novembre 2011

Printemps - Mons Kallentoft

C'est le 700ème livres chroniqués...

printemps Le Serpent à Plumes – septembre 2011 – 549 pages

traduit du suédois par Frédéric Fourreau

Titre original : Vårlik, 2010

Quatrième de couverture :
C'est l'affolement en ville. Une bombe vient d'exploser en plein centre de Linköping, tuant deux fillettes et blessant grièvement leur mère, Hanna Vigerö. Pour les enquêteurs, les pistes sont multiples. Acte terroriste ? Guerre des gangs ? L'investigation piétine. Et si l'attentat visait en fait la famille Vigerö ? Pour Malin Fors, il s'agirait d'une affaire plus personnelle.
Malin aussi a ses problèmes. Elle lutte pour ne pas replonger dans l'alcool, sa mère vient de mourir. Et quand son père rentre de Ténérife, le secret que lui cachaient ses parents depuis toutes ces années fait enfin surface.

Auteur : Mons Kallentoft est né en 1968 en Suède. Journaliste et auteur, il a déjà publié cinq romans qui ont reçu de nombreux prix. Hiver, Été et Automne se sont vendus à plus de 50 000 exemplaires en France et ont été traduits dans 19 pays.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Après, Hiver, Eté, Automne voilà avec Printemps le quatrième tome de la série. Les saisons sont peut-être dans le désordre, mais il faut les lire dans cet ordre là. En effet, tout au long des épisodes en parallèle des enquêtes criminelles nous suivons la vie personnelle de l’héroïne Malin Fors, commissaire et mère célibataire.
J’avais été déçue par “Automne”, Malin Fors était en pleine dépression, l’intrigue policière avait mis beaucoup de temps à s’installer, l’histoire était brouillonne… Dans Printemps c’est l’inverse, dès les premières pages Mons Kallentoft plonge le lecteur dans l’intrigue policière, en effet une bombe explose en plein centre de Linköping, tuant deux fillettes et blessant grièvement leur mère.  Toute l’équipe de Malin est sur le pont pour découvrir l’origine de cet attentat, les pistes sont multiples, peu à peu l’enquête s’enlise… C’est sans compter sur le don de Malin, celle-ci est capable de capter les voix des morts, ici les deux fillettes, (paragraphes en italiques) donnant ainsi des indices en avant première au lecteur.
Dans sa vie personnelle, Malin vient de perdre sa mère, son père revient vivre en Suède et Malin va enfin découvrir le secret que lui cachaient ses parents depuis toujours…
Dans cette épisode « printanier », j’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Malin en forme, mais encore fragile et une intrigue très bien construite avec rebondissements et surprises.
J’ai découvert sur la blogosphère que Printemps ne serait pas le dernier de la série car l'auteur serait occupé à écrire un nouvel épisode où Malin devrait enfin résoudre une affaire non élucidée qui la hante depuis le premier tome. Cela me réjouie beaucoup car c’est difficile d’abandonner une héroïne si attachante !

Extrait : (page 15)
On pourrait presque voir son reflet dans le ciel tant son bleu est lumineux.
Il est de la couleur des flammes des fers à souder, se dit la maman en déambulant sur les pavés de la Grand-Place, tassés par les pas des milliers de personnes qui les ont foulés.
Le soleil est bas, ses rayons irradient l’atmosphère comme des javelots, avant de brûler le visage des gens assis sous les immenses parasols déployés aux terrasses de l’hôtel Mörner et du Grand Hôtel. Une chaleur perfide abrite un soleil qui reste froid.
En tournant le regard vers l’agence immobilière, la maman distingue les annonces désespérées qui recouvrent la vitrine. Elle remarque qu’il n’y a personne au distributeur automatique et lève les yeux sur l’horloge située sous le toit.
Dix heures et quart.
Tout autour de la place, ce ne sont que vitrines vides, boutiques et cafés fermés à cause de la crise. Des affichettes de soldes et de liquidations totales semblent implorer les passants, tandis que le pollen flotte dans l’air.
Il y a étonnamment peu de gens dehors, aujourd’hui, se dit-elle. Aucun stand sur la place, aucun paysan pour proposer ses légumes bio, aucun immigré pour tenter de vendre des fruits à la sauvette, aucun brocanteur pour exiger des sommes scandaleusement élevées pour des babioles qui auraient dû atterrir à la décharge depuis bien longtemps.

Le marchand de saucisses, en revanche, est bien là, dans un angle. Accroupi sous son parasol orange, jaune et rouge, il attend les estomacs affamés qui, à l’heure du déjeuner, ne manqueront pas de venir profiter de ses tarifs modérés.
Dix couronnes la saucisse. Le fleuriste est là, également, avec des tulipes roses, jaunes, rouges et orange.
Ses enfants, des jumelles, courent devant elle, vers le distributeur automatique de la SEB, là où elle retire de l’argent avant d’aller faire ses courses. Elles portent la même veste rose, le même jean, les mêmes chaussures de sport ornées de quatre bandes rouges.
Bien qu’elles soient deux, elles vivent, se déplacent et parlent comme une seule. Souvent, les gens sont incapables de les différencier, et ils sont enchantés par la joie de vivre et la beauté que dégagent les fillettes, comme si toute leur existence n’était qu’un hommage au monde et à la vie. 
Leurs cheveux blonds sont ébouriffés par le vent, leurs mouvements sont souples, mais toujours maladroits, signe qu’elles ont encore énormément de progrès à faire pour maîtriser leur corps, puis le vaste monde qui, à cet instant, sur cette place, dans cette petite ville de province, s’offre à elles.
La maman respire l’air printanier.
Elle perçoit le parfum des tulipes fraîchement écloses, un parfum éphémère. Profitez de l’instant présent, pense la maman en posant son regard sur ses filles, rien n’est acquis, tout à une fin, je le sais.

 

 

Déjà lu du même auteur :

hiver Hiver    _t_ Été automne Automne

 

Challenge 3%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
19/21

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie noire
dc3a9fi_scandinavie_noire

Suède : Mons Kallentoft

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

Challenge des Agents Littéraires
challenge_rentr_C3_A9e_litt_C3_A9raire_2011

Challenge Thriller 
Challenge_Thriller
 catégorie "Même pas peur" : 7/8

7 novembre 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [51]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

le_chat_du_rabbin3_ avec_cette_neige_grise_et_sale le_chat_du_rabbin4 d_solations portes_ouvertes
Le Chat du Rabbin - tome 3 : L'Exode - Joann Sfar

Avec cette neige grise et sale – Yun Ch'oe
Le Chat du Rabbin - tome 4 : Le Paradis terrestre - Joann Sfar
Désolation – David Vann
Portes ouvertes – Ian Rankin (partenariat News Book)

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Printemps - Mons Kallentoft
Un cadavre dans la bibliothèque - Agatha Christie

Que lirai-je cette semaine ?

Eux sur la photo - Hélène Gestern
Du domaine des murmures - Carole Martinez
Retour à Killybegs - Sorj Chalandon

Bonne semaine et bonne lecture.

6 novembre 2011

Portes ouvertes – Ian Rankin

Lu dans le cadre du partenariat Logo_News_Book et des Éditions Du Masque 

portes_ouvertes Éditions du Masque – septembre 2011 – 450 pages

traduit de l’anglais (Écosse) par Stéphane Carn

Titre original : Doors Open, 2008 

Quatrième de couverture :
Trois compères décident de voler des tableaux à l'occasion de la journée Portes ouvertes de la National Gallery d'Édimbourg. Mike, 37 ans, a fait fortune en créant des logiciels informatiques et veut mettre un peu de piment dans sa vie. Robert Gissing, directeur de l'Institut d'art, va bientôt prendre sa retraite et a envie d'un cadeau de départ plus substantiel qu'une montre en or. Quant au banquier de la bande, Allan, il rêve d'accrocher chez lui deux œuvres qu'il a toujours aimées. Seulement voilà : monter un casse requiert des compétences, pas seulement de la matière grise. Et pour la logistique, des relations dans le milieu. Tout se complique très vite, surtout s'il faut louer les services d'un étudiant pour réaliser des copies... L'engrenage se révèle infernal, mais le trio a de la ressource. Polar hautement divertissant, retors et filant bon train, Portes ouvertes apporte la preuve qu'être voleur, ça ne s'improvise pas ! Rankin mène avec éclat cette fable pas très morale et nous surprend en alliant l'humour un rien cynique du Westlake de la série Dortmunder à l'efficacité trépidante d'un film comme Ocean's Twelve.

Auteur : Né en 1960 dans le comté de Fife, Ian Rankin est l’auteur de polars le plus célèbre de Grande-Bretagne et l’un des plus lus du monde grâce à la série de l'inspecteur Rebus. Il a obtenu toutes les récompenses imaginables, dont un Edgar Award et le Diamond Dagger pour l’ensemble de son œuvre, qui est traduite en vingt-deux langues. Il vit en famille à Edimbourg.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Je connaissais le nom de cet auteur mais je ne l'avais jamais lu, alors lorsque son nouveau livre a été proposé en partenariat par New Books, je n'ai pas hésité.
Trois gentlemen écossais, amateurs d'art ont une vie bien rangée où ils s'ennuient un peu. Il y a Mike Mackenzie, 37 ans, ayant fait fortune dans l'informatique, Allan Cruikshank presque 50ans, chargé de la gestion des grands comptes à la First Caledonian Bank et Robert Gissing, directeur de l’Institut d’Art, bientôt à la retraite. Ce dernier a un jour l'idée de profiter de la journée « Portes ouvertes » de la National Gallery d’Edimbourg pour dérober quelques tableaux oubliés dans un entrepôt où sont les réserves du musée. « Aider ces malheureux tableaux emprisonnés à s'évader. » Il propose à ses deux amis que réaliser avec lui le braquage parfait. Le plan imaginé fait appel à étudiant des Beaux Arts capable de réaliser des copies des tableaux et de substituer les faux tableaux aux vrais... Mais bien sûr, cela ne se passera pas tout à fait comme prévu...
Voilà un roman policier très plaisant à lire, le lecteur suit la préparation, la réalisation et les suites du braquage avec des retournements de situations et des surprises...

Merci à News Book et aux Éditions Du Masque pour m'avoir de permis de découvrir ce livre.

Extrait : (page 9)
Mike les avait repérées. Deux portes jumelles, dont l’une, en s’ouvrant, faisait se refermer l’autre. Chaque fois qu’un serveur en livrée poussait la première pour apporter les plateaux de petits-fours dans la salle des ventes, l’effet était le même : elle s’ouvrait à la volée sur son passage, tandis que sa voisine se refermait doucement. Ce qui en disait long sur la qualité des œuvres exposées, songea Mike. Il s’intéressait davantage aux réactions des portes de l’office… Mais non. En toute honnêteté, l’expo n’y était pour rien. C’était plutôt de lui qu’il s’agissait.
Mike Mackenzie avait trente-sept ans, il était riche et s’ennuyait ferme. A en croire les pages financières des journaux spécialisés, il était le type même du self-made man, un de ces jeunes « rois de l’informatique » dorés sur tranche – sauf qu’il ne régnait plus sur grand-chose depuis que sa boîte avait été revendue clés en main à un consortium d’investissement. Selon certaines rumeurs, peut-être fondées, Mike était même un cas typique de dépression professionnelle. Fraîchement émoulus de la fac, lui et son copain Gerry Pearson avaient lancé leur start-up. Gerry avait le génie de la programmation, mais ni l'étoffe ni le culot d'un directeur commercial, et Mike s'était vite retrouvé aux commandes du secteur relations extérieures de leur petite entreprise. Après le rachat de la boîte, ils avaient partagé entre eux le produit de la vente puis, sans crier gare, Pearson lui avait annoncé qu'il déménageait pour l'Australie.

Challenge 3%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
18/21

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Grande-Bretagne / Écosse

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