L’homme qui souriait – Henning Mankell
Seuil – février 2005 – 361 pages
Points – avril 2006 – 422 pages
Livraphone CD – juin 2011
traduit du suédois par Anna Gibson
Titre original : Mannen som log, 1994
Quatrième de couverture :
Le brouillard est épais en cette nuit automnale. Le vieil avocat Gustaf Torstensson est au volant. Soudain, une étrange silhouette surgit au milieu de la route : c’est un mannequin de taille humaine, assis sur une chaise. Torstensson freine brutalement, sort de sa voiture. On ne le reverra jamais vivant. Son fils fait appel au commissaire Wallander. Celui-ci va découvrir un réseau criminel derrière lequel se profile un homme singulier, élégant et sûr de lui. Un homme qui sourit toujours.
Auteur : Henning Mankell, né en 1948, partage sa vie entre le Mozambique et la Suède. Ecrivain multiforme - auteur de théâtre, d'ouvrages pour la jeunesse, d'essais et de contes philosophiques - il est célèbre dans le monde entier pour sa série d'enquêtes policières menées par l'inspecteur Wallander.
Mon avis : (lu en avril 2012)
C'est le quatrième épisode de la série du Commissaire Wallander. Gustav Torstensson, avocat, roule au volant de sa voiture par un brouillard épais lorsqu'il aperçoit au milieu de la route un mannequin assis sur une chaise. Intrigué, il sort de sa voiture et se fait mortellement agresser par derrière.
En pleine déprime, Kurt Wallander est parti se reposer sur l'île de Jylland au Danemark. Il songe même à quitter la police. Il est en train de se promener sur la plage lorsqu'il voit arriver son ami l'avocat Sten Torstensson. Il vient lui demander de l'aide pour enquêter sur l'accident de voiture qui a tué son père. Sten ne croit pas à l'accident. Kurt refuse de l'aider, il a décidé de quitter la police.
A son retour à Ystad, Kurt apprend que Sten Torstensson a été tué par balle, il abandonne son idée de démission, il est bien décidé à mener l'enquête...
Nous voici plongé dans une enquête sombre et complexe mais passionnante autour des milieux du pouvoir et de l'argent. Il est également question de trafics d'organes. Wallander est un personnage vraiment attachant, il est secondé par l'équipe des policiers d'Ystad avec une petite nouvelle plutôt douée en la personne d'Ann-Britt.
En 2010, ce livre a été adapté par la BBC dans la série télévisée Wallander (saison 2 – épisode 2) réalisé par Andy Wilson avec Kenneth Branagh, Benedict Taylor, David Sibley, Roland Hedlund, Rupert Graves. Cette adaptation très réussie est assez proche du livre et nous permet de découvrir de très beaux paysages de Suède.
Extrait : (début du livre)
Le Brouillard.
Comme l'approche d'un prédateur silencieux.
Je ne m'y habituerai jamais, pensa-t-il. Bien que j'aie vécu toute ma vie en Scanie, où la brume entoure constamment les gens d'invisibilité.
Vingt et une heure, le 11 octobre 1993.
La nappe de brouillard avançait très vite, du coté de la mer. Il serait bientôt rentré à Ystad. Il venait de dépasser les collines de Brösarp lorsque sa voiture entra tout droit dans la blancheur.
Son angoisse devint immense.
Pourquoi ai-je peur du brouillard ? Je devrais plutôt craindre l'homme que je viens de quitter à Farnholm. Le châtelain aimable aux collaborateurs effrayants toujours discrètement postés dans l'ombre. Je devrais penser à lui et à ce qui se cache derrière son sourire, son intégrité de citoyen au-dessus de tout soupçon. C’est lui qui devrait me faire peur, pas le brouillard montant de la baie de Hanö. Maintenant que je sais qu’il n’hésite même pas à tuer ceux qui se mettent en travers de son chemin.
Il fit fonctionner les essuie-glaces pour chasser l'humidité collé au pare-brise. Il n'aimait pas conduire la nuit. Le reflet des phares l'empêchait de distinguer les lièvres sur la route.
Déjà lu du même auteur :
Tea-Bag Les chaussures italiennes
Meurtriers sans visage Les chiens de Riga
L'homme inquiet Le Retour du professeur de danse
La lionne blanche Profondeurs Le Chinois
Challenge Voisins, voisines
Suède
Défi Scandinavie noire 2012
Suède : Henning Mankell
Challenge Thriller
catégorie "Même pas peur" : 15/8
Swap Anniversaire
Cette année, grâce à Hérisson08, je participe au Swap Anniversaire :
avec Achille49, Aproposdelivres, Annette, Azilis, Hebelit et Missbouquinaix
Je suis un peu en retard pour fêter l'Anniversaire d'Azilis... le 5 Avril !
Mais nous avons pris un peu plus de temps pour préparer nos colis
car Azilis est en plein déménagement... Mon colis est prêt et sera envoyé ce matin
Joyeux Anniversaire !
La liste de mes envies – Grégoire Delacourt
JC Lattès – février 2012 – 186 pages
Présentation de l'éditeur :
Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.
Auteur : Né en 1960 à Valenciennes, Grégoire Delacourt est publicitaire. Très remarqué pour L’Écrivain de la famille, son premier roman, on lui doit aussi de fameuses campagnes pour Cœur de Lion, EDF, Apple, Lutti (« Un Lutti d’offert, c'est un Lutti de perdu »).
Mon avis : (lu en avril 2012)
La première fois que j'ai entendu parler de ce livre, c'est sur le blog de Sandrine, puis il a été présenté au Café Lecture de la Bibliothèque. J'avais donc très envie de le lire... Et j'ai beaucoup aimé !
Jocelyne est mercière à Arras, elle mène une existence tranquille entre son commerce et son blog dixdoigtsdor où elle écrit « chaque matin à propos du bonheur du tricot, de la broderie, de la couture. » Elle est mariée à Jocelyn, ils ont trois enfants Romain, Nadine et Nadège. Cette dernière est « un ange », car le jour de la naissance de Nadège est aussi celui de sa mort. Ce jour là, quelque chose s'est cassée entre Jocelyn et Jocelyne. Pourtant, ils sont restés ensemble.
Lorsque le livre commence, Jocelyne a 47 ans et finalement elle se satisfait de sa vie, elle a mis ses rêves de côté. Or un jour, poussée par ses copines les jumelles Danièle et Françoise, elle joue exceptionnellement à l'Euro Million et elle gagne plus de dix-huit millions d'euros. C'est le choc et Jocelyne préfère ne rien dire à personne. Discrètement, elle va chercher son chèque, mais préfère le cacher plutôt que l'encaisser tout de suite. Elle veut auparavant réfléchir à ce qu'elle pourrait faire de cette fortune. Elle commence par faire une liste de ses besoins, puis une liste de ses folies...
Jocelyne est un personnage si attachant, elle est simple, sincère avec beaucoup de bon sens. Doit-elle oui ou non profiter de son gain ? Cela ne risque-t-il pas de tout bousculer dans sa vie ? Dans sa relation avec les autres ?
Une très jolie histoire émouvante et pleine de poésie autour de l'argent, du bonheur, de l'amour, de l'amitié.
Autres avis : Sandrine, Canel, Leiloona
Extrait : (début du livre)
On se ment toujours.
Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n’ai pas des yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu’on plonge les sauver. Je n’ai pas la taille mannequin ; je suis du genre pulpeuse, enrobée même. Du genre qui occupe une place et demie. J'ai un corps dont les bras d’un homme de taille moyenne ne peuvent pas tout à fait faire le tour. Je n’ai pas la grâce de celles à qui l’on murmure de longues phrases, avec des soupirs en guise de ponctuation ; non. J’appelle plutôt la phrase courte. La formule brutale. L’os du désir, sans la couenne ; sans le gras confortable.
Je sais tout ça.
Et pourtant, lorsque Jo n’est pas encore rentré, il m’arrive de monter dans notre chambre et de me planter devant le miroir de notre armoire-penderie – il faut que je lui rappelle de la fixer au mur avant qu’un de ces jours, elle ne m’écrabouille pendant ma contemplation.
Je ferme alors les yeux et je me déshabille doucement, comme personne ne m’a jamais déshabillée. J’ai chaque fois un peu froid ; je frissonne. Quand je suis tout à faie nue, j’attends un peu avant d’ouvrir les yeux. Je savoure. Je vagabonde. Je rêve. Je revois les corps émouvants alanguis dans les livres de peinture qui traînaient chez nous ; plus tard, les corps plus crus des magazines.
Puis je relève doucement les paupières, comme au ralenti.
Je regarde mon corps, mes yeux noirs, mes seins petits, ma bouée de chair, ma forêt de poils sombre et je me trouve belle et je vous jure qu’à cet instant, je suis belle, très belle même.
Cette beauté me rend profondément heureuse. Terriblement forte.
Elle me fait oublier les choses vilaines. La mercerie un peu ennuyeuse. Les parlottes et le loto de Danièle et Françoise – les jumelles qui tiennent le salon Coiff’Esthétique voisin de la mercerie. Elle me fait oublier les choses immobiles, cette beauté. Comme une vie sans histoires. Comme cette ville épouvantable, sans aéroport ; cette ville grise d’où l’on ne peut pas s’enfuir et où personne n’arrive jamais, aucun voleur de cœur, aucun chevalier blanc sur un cheval blanc.
Arras. 42000 habitants, 4 hypermarchés, 11 supermarchés, 4 fast-foods, quelques rues médiévales, une plaque rue du Miroir-de-Venise qui indique aux passants et aux oublieux qu’ici est né Eugène-François Vidocq le 24 juillet 1775. Et puis ma mercerie.
Nue, si belle devant le miroir, il me semble qu’il suffirait juste de battre des bras pour que je m’envole, légère, gracieuse. Que mon corps rejoigne ceux des livres d’art qui traînaient dans la maison de mon enfance. Il serait alors aussi beau qu’eux ; définitivement.
Mais je n’ose jamais.
Semaine du développement durable : 1 au 7 avril
Le métro est un sport collectif – Bertrand Guillot
Rue Fromentin – janvier 2012 - 176 pages
Présentation de l'éditeur :
Le métro, sa grisaille, ses retards, sa déprime… Les clichés ont la peau dure. Mais il est parfois possible de leur tanner le cuir et de voir au travers. Pour Bertrand Guillot, le métro est avant tout une scène sur laquelle nous défilons tous à tour de rôle (et le prix de la place défie toute concurrence). La comédie n’est pas exclue, la romance non plus, le drame pointe parfois… Bref, aujourd'hui, le romanesque est dans le métro, bien plus que dans les séries ou la télé-réalité.
C’est aussi l’un des derniers lieux du « lien social », où les frontières et les séparations si solides en surface s’évanouissent subitement sur les quais. Tout est permis. Dans le métro, il n’y a plus de première classe depuis longtemps. Dans la vie « à l’air libre », c’est un peu différent… Paradoxalement, on étouffe là-haut.
Mon avis : (lu en avril 2012)
Un livre sympathique et amusant pour ceux qui connaissent les transports en communs et en particulier le métro. A travers des petites chroniques, l'auteur nous raconte des anecdotes dont il a été témoin ou les pensées que lui évoquent ses trajets quotidiens en métro.
Cette lecture facile m'a remémorée mes propres voyages en métro ou en train. En effet, si je ne profitais pas de mes voyages pour me plonger dans un livre, je pourrai remplir beaucoup de pages d'anecdotes ou d'observations faites durant mes voyages quotidiens...
A découvrir pour les habitués des transports en communs (parisiens ou non...) ou pour ceux qui ne connaissent pas ce monde là...
Et merci à ma collègue de travail qui m'a fait découvrir ce livre en me le prêtant.
Autres avis : Clara, Leiloona, Emily
Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
"Sport / Loisirs"
(Re)play – Jean-Philippe Blondel
Actes Sud Junior – mars 2011 – 125 pages
Quatrième de couverture :
La fièvre s'est emparée du lycée à l'annonce de la visite d'un célèbre critique rock. Des groupes de l'établissement pourront lui faire écouter un ou deux morceaux. Mais celui de Benjamin n'existe plus, il a explosé... comme son amitié avec Mathieu. Et si c'était l'occasion de "rejouer" le passé ?
Auteur : Jean-Philippe Blondel est né en 1964, il est marié, il a deux enfants et il enseigne l'anglais au lycée de Sainte-Savine (Aube) depuis vingt ans. Il a aussi un vice – il aime lire. Pire encore, il aime écrire. Il a publié plusieurs romans comme Accès direct à la plage (2003), 1979 (2003), Juke-box (2004), Un minuscule inventaire(2005), Passage du gué (2006), This is not a love song (2007), Le baby-sitter (2010), G229 (2011). Il est également auteur de livre pour la jeunesse avec Un endroit pour vivre (2007), Au rebond (2009), Blog (2010), (R)eplay (2011).
Mon avis : (lu en avril 2012)
Jean-Philippe Blondel connaît bien les lycéens et sait raconter les histoires. Dans ce roman destiné aux adolescents mais qui se lit très bien par un adulte, il nous raconte l’histoire de Benjamin élève de terminale. Il sait qu’il est à un tournant de sa vie, il est dans une période du passage de l’adolescence à l’âge adulte.
Au lycée, tout est en effervescence, le célèbre critique et spécialiste du rock en France, Franck Ménard doit venir donner une conférence. Il a même accepté d’écouter un ou deux morceaux de chaque groupe de musique du lycée. C’est dommage pour Benjamin et son groupe des Frontlights ils se sont séparés l’année passée. Il y avait Benjamin et Mathieu à la guitare, Max à la batterie et la belle Clara comme chanteuse. La prochaine venue de Franck Ménard sera l’occasion de renouer avec son ami Mathieu et de recréer un groupe Les Revenants… Benjamin va utiliser la musique et l’écriture pour exprimer ses sentiments de colère, ses doutes et il va mûrir et regarder vers l’avenir plutôt que ressasser le passé.
Une belle histoire très bien écrite qui m’a fait passer un bon moment… Je suis en train de devenir une inconditionnelle de Jean-Philippe Blondel…
Extrait :(début du livre)
CLÉMENT S'EST PENCHÉ VERS MOI en sortant du cours de maths. Il m'a lancé :
- Tiens, au fait, j'ai parlé avec le documentaliste ce matin. Tu sais quoi ? Il paraît que Franck Ménard va venir au lycée donner une conférence sur l'état de la presse rock en France.
Je n'ai rien répondu. J'ai fait semblant de ne pas être intéressé. C'est là qu'il a lancé l'estocade.
- Il paraît que ça se finira par un concert. Enfin, il écoutera quelques morceaux des deux ou trois groupes de l'établissement, quoi. Dommage que les Frontlights se soient séparés.
Il m'a adressé un clin d'oeil et il est parti avec un sourire en coin. Je crois que je n'ai jamais détesté quelqu'un autant que Clément, à ce moment-là. Mais bon, ce n'est pas un scoop non plus. Je hais Clément. Sa gueule de petit minet avec sa frange sur le devant, son regard clair, ses fringues qui puent le fric, sa façon d'inviter cent personnes aux soirées qu'il donne quand ses parents ne sont pas là, et le fait que tout le monde s'y précipite parce qu'il y a une piscine. Ses guitares dernier cri et tout le matos dans sa cave reconvertie en studio capitonné, pour que le fiston s'éclate. Son gang de bobos, les Jigsaws, qui se la jouent rebelle en reprenant des morceaux des Babyshambles.
Tout ce que je méprise.
J'ai haussé les épaules. Je n'en ai rien à cirer. Je suis bien au-dessus de tout ça. J'étais sûr de toute façon que ce n'était que du flan. Franck Ménard ne se déplacerait jamais dans un bahut de province - il a bien d'autres chats à fouetter. C'est le rédacteur en chef du magazine de musique le plus lu en France. C'est aussi le producteur de deux des groupes les plus en vue du moment. Et accessoirement, il a fait des ravages au sein du jury d'une émission de télé à la mode. Un mec comme ça, se déplacer ici, en Champagne, dans un lycée anonyme ? Une rumeur qui va disparaître comme elle était venue - comme celle qui racontait, l'année dernière, que le proviseur s'était fait casser la gueule par un interne. La rumeur, c'est un des fondamentaux de la vie de lycéen. Ça commence dès huit heures du mat, avec les ragots du style "il paraît que la prof de SVT est absente", et ça continue toute l'après-midi avec les pseudo-histoires d'amour et les fausses ruptures. Au début de la seconde, quand on arrive, on y croit. En terminale, on est blindé.
J'ai retrouvé le sourire en imaginant la tête de Clément quand il apprendrait que ça ne se basait sur rien, son histoire. Même de croiser Mathieu dans les couloirs, ça ne m'a rien fait - enfin presque. Disons que j'ai feint de ne pas le voir, comme toujours, mais vu qu'il rase les murs, ces temps-ci, ça n'a pas été difficile. J'avais récupéré la pêche quand je suis entré au CDI. Je voulais y retrouver Louison. Elle devait me redonner ma fiche de lecture de philo, qu'elle avait dû recopier in extenso, comme d'hab.
Mais là-dedans, c'était l'émeute. Une bonne vingtaine de lycéennes en folie, entourant le vieux Francis, qui n'avait pas été pareillement à la fête depuis des années. Et que ça te lançait des petits cris suraigus, et que ça te trépignait partout en serrant ses petits poings. Lamentable. J'ai pris un air goguenard et j'ai demandé ce qui se passait. Et Francis, fier comme un coq, de répondre :
- Franck Ménard vient au lycée.
- Il a que ça à faire ?
- Eh bien dis donc, quelle agressivité ! Je pensais que ça t'intéresserait, toi qui te prétends passionné par le rock.
- Justement. Ménard, c'est un has been.
Francis s'est mis à rire. Il n'est pas facile à mettre en colère, Francis. Il a passé des années dans son CDI et les réactions des élèves lui glissent dessus comme de l'eau sur les plumes d'un canard. Il a juste ajouté que valait quand même mieux être un has been qu'un has never been. Il a aussi précisé que Ménard faisait le déplacement pour pas grand-chose - remboursement des billets de train et cinquante euros de cachet - par pure amitié. Là, j'ai carrément tiqué.
- Amitié pour qui ? j'ai demandé.
- Pour moi.
- Hein ?
- Eh ouais, mon pote. Ménard et moi, on était voisins quand on était mômes. Et en fait, on ne s'est jamais vraiment perdus de vue.
- Tu ne nous l'as jamais raconté, ça !
- Il y a beaucoup de choses que je ne raconte pas. Par exemple, je ne t'ai jamais dit que j'étais plutôt client de la musique que tu faisais avec tes copains, l'année dernière.
- Mmh. Merci.
- De rien. D'ailleurs, Ménard, il a envie de savoir ce que les gamins ont dans le ventre. Il prendra du temps pour écouter les différents groupes du lycée.
- On est séparés.
- Il paraît, oui. Mais c'est l'occasion de se reformer,
non ?
- M'étonnerait.
- Des problèmes d'ego surdimensionnés ?
- Non. Oui. C'est trop compliqué.
- Bon, alors je t'inscris pour la conférence ou pas ?
Parce que le nombre de places est limité et que les demoiselles, là, elles viennent déjà de remplir un tiers de la salle.
- Mmh.
- C'est pas une réponse, ça.
- Oui.
C'était un tout petit "oui". Un truc fragile et discret, entre le grommellement et l'acquiescement - mais j'ai vu Francis qui ajoutait mon nom sur la liste et qui souriait.
Déjà lu du même auteur :
C'est lundi ! Que lisez-vous ? [71]
(c) Galleane
C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane
Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?
De bons voisins – Ryan David Jahn
Les oreilles de Buster – Maria Ernestam
Les contes de la lune - Elisabeth Delaigle
Tout est sous contrôle – Hugh Laurie
Qu'est-ce que je lis en ce moment ?
(Re)play ! - Jean-Philippe Blondel
Le métro est un sport collectif - Bertrand Guillot
Que lirai-je cette semaine ?
L'homme qui souriait - Henning Mankell (Suède)
Aral - Cécile Ladjali
La liste des envies - Grégoire Delacourt
Bonne semaine et bonne lecture.
Tout est sous contrôle – Hugh Laurie
Sonatine - janvier 2009 – 380 pages
Points – mai 2010 – 425 pages
Pointdeux – avril 2011 - 630 pages
traduit de l'anglais par Jean-Luc Piningre
Titre original : The Gun Seller, 1996
Quatrième de couverture :
Depuis qu'il a refusé 100 000 dollars pour liquider un homme d'affaires, la vie de Thomas Lang est un enfer. La morale est sauve, mais les conséquences seront lourdes ! Tout est sous contrôle est le premier roman de Hugh Laurie, acteur mondialement célèbre pour sa prestation dans la série Dr House.
Auteur : Scénariste et comédien, Hugh Laurie est né en 1959 à Oxford. Les droits d'adaptation de Tout est sous contrôle ont été achetés par la MGM.
Mon avis : (lu en mars 2012)
Hugh Laurie a écrit ce thriller avant le succès du Dr House.
Thomas Lang est un ancien militaire d'élite, on lui propose un contrat de 100 000 dollars pour tuer Mr. Woolf, un riche homme d'affaire londonien. Thomas refuse le « travail » et s'empresse de contacter la future victime pour la prévenir que sa tête est mise à prix. Et l'aventure commence...
C'est un roman d'espionnage parsemé de répliques où se mêlent l'ironie, le cynisme et un humour très british.
Tout comme dans la série Dr House je trouve plus amusant les frasques du cher Docteur plus que la résolution des énigmes médicales, dans ce livre ce sont les frasques et les réflexions décalées de Thomas Lang qui m'ont plu, le côté roman d'espionnage m'a, je l'avoue, un peu ennuyé...
En effet, les bons mots de Thomas Lang deviennent vite des digressions qui parasitent l'intrigue et j'ai souvent perdu le fil de l'histoire...
Extrait : (début du livre)
Imaginez que vous deviez casser le bras de quelqu'un.
Le gauche ou le droit, aucune importance, la question étant de passer à l'acte, faute de quoi... enfin, qu'importe également. Disons seulement que, sinon, ça risque d'aller mal.
Le problème est en réalité le suivant : allez-vous au plus vite — crac ! oh, désolé, laissez-moilaissez-moi vous mettre une attelle, monsieur — ou faites-vous traîner l'affaire pendant huit bonnes minutes, en procédant par minuscules poussées, certes de plus en plus fortes, jusqu'à ce que la douleur devienne verte et rose, glacée, brûlante, et finalement insupportable au point de le faire gueuler comme un veau ?
Eh oui, bien sûr. C'est évident. La chose à faire, la seule chose à faire, c'est d'en finir le plus rapidement possible. Cassez-moi ce bras, payez la tournée, soyez un bon citoyen.
À moins que.
Que, que, que...
Et si vous détestiez la personne au bout dudit bras ? Ou, plus précisément : si vous la haïssiez grave ?
Je devais maintenant y réfléchir.
Je dis maintenant, mais en réalité je veux parler d'un moment passé ; le moment situé une fraction de seconde — quelle fraction, cependant ! — avant que mon poignet arrive aux environs de ma nuque, et que mon humérus gauche se brise en deux éléments plus ou moins faciles à recoller. Deux, voire beaucoup plus.
Parce que le bras dont on discute, voyez, c'est le mien. Pas le bras abstrait de quelque philosophe. L'os, la peau, les poils, la petite cicatrice blanche à la pointe du coude, cadeau d'un radiateur à accumulation de l'école primaire de Gateshill — tout ça, c'est à moi. C'est aussi le moment où je me demande si cet homme dans mon dos, qui me serre le poignet et le pousse avec un zèle quasi érotique en haut de ma colonne vertébrale... eh bien, si cet homme ne me haïrait pas. S'il ne me hait pas carrément.
Car il n'en finit pas.
Challenge Voisins, voisines
Grande-Bretagne
Challenge God Save The Livre
Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
Les contes de la lune - Elisabeth Delaigle
Persée - novembre 2011 - 93 pages
Présentation éditeur :
Vue de la terre, la lune, par sa rondeur et sa bonhomie incite à toutes les rêveries... Inaccessible et pourtant si proche, elle peuple l'imaginaire des hommes pressés de la conquérir, et enflamme le monde depuis la nuit des temps avec son lot de légendes et de mystères. Dans Les contes de la lune, les enfants sont transportés dans des univers très différents, au gré de récits qui ont tous la lune comme déclencheur de situations insolites : que ses rayons éclairent l'aigle blessé, la princesse désespérée, les souris affamées, le boxeur conquérant, le vieux chat jaloux, l'ourson espiègle ou les deux enfants perdus en forêt, elle les pousse à faire de petites bêtises ou de grandes choses !
Auteur : Elisabeth Delaigle site de l'auteur
Mon avis : (lu en mars 2012)
Elisabeth Delaigle m'a gentiment proposée de découvrir son livre de contes pour enfant sous forme numérique. Je préfère de beaucoup lire des livres papier, car utilisant pratiquement 100% de mon temps un ordinateur pour le travail et je trouve cela plus reposant... J'ai cependant accepté ce partenariat car c'est un livre court divisé en sept contes de 5 à 10 pages et je les ai lu un par un pendant plusieurs jours.
Le titre du livre est suffisamment explicite pour comprendre que le point commun de ces contes c'est la « lune ». Ainsi chaque conte a lui-même le mot « lune » dans son titre.
Au fil des histoires, le lecteur découvre un jeune indien qui recueille un petit aiglon, une princesse à laquelle une sorcière jette un sort, des souris qui veulent attraper la lune, l'apprentissage d'un jeune boxeur, la rencontre de deux chats, deux jumeaux partis chasser la lune et un ourson apprenant à pêcher...
Je n'ai pas pu tester les contes sur des enfants, les miens ayant passés depuis longtemps l'âge de l'histoire du soir avant de dormir. Quelques années plus tôt, j'aurai vraiment pu leur lire ces contes variés et originaux avec fin heureuse.
Quelques très belles illustrations accompagnent chaque conte.
Voilà de jolies histoires à raconter aux enfants, très bien écrit avec un vocabulaire riche mais adapté et qui se lit avec plaisir même en tant qu'adulte.
Merci Elisabeth pour cette jolie découverte.