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A propos de livres...

28 avril 2012

D'autres vies que la mienne – Emmanuel Carrère

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POL – mars 2009 – 309 pages

Folio – septembre 2010 – 352 pages

Quatrième de couverture :
«À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari. 
Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire? C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère). 
Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est vrai.»

Auteur : Emmanuel Carrère est né en 1957. D'abord journaliste, il a publié un essai sur le cinéaste Werner Herzog en 1982, puis L'Amie du jaguar, Bravoure (prix Passion 1984, prix de la Vocation 1985), Le Détroit de Behring, essai sur l'Histoire imaginaire (prix Valery Larbaud et Grand Prix de la science-fiction française 1986), Hors d'atteinte ? et une biographie du romancier Philip K Dick, je suis vivant et vous êtes morts. La Classe de neige, prix Femina 1995, a été porté à l'écran par Claude Miller, et L'Adversaire par Nicole Garcia. En 2003, Emmanuel Carrère réalise un documentaire, Retour à Kotelnitch, et adapte lui-même en 2004 La Moustache, coécrit avec Jérôme Beaujour, interprété par Vincent Lindon et Emmanuelle Devos. Il a depuis écrit Un roman russe et D'autres vies que la mienne. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues.  

Mon avis : (lu en avril 2012)
J'avais raté ma première rencontre avec Emmanuel Carrère et Un roman russe et celle-ci est vraiment réussie.
Emmanuel Carrère nous raconte deux drames dont il a été témoin. Le premier c'est la mort de la petite Juliette au Sri Lanka lors du tsunami de 2004 et les parents qui sont à la recherche du corps de leur enfant. La grande dignité de ces parents face à la mort de leur enfant est bouleversante. Peu de temps après, le deuxième drame touche la belle-sœur de l'auteur, Juliette âgée de 33 ans, mère de trois jeunes enfants, elle meurt prématurément rongée par le cancer. Emmanuel Carrère revient avec beaucoup de précision sur la personnalité de Juliette à travers les témoignages de son mari, de ses parents et de son meilleur ami et collègue de travail Etienne magistrat, comme elle.
Emmanuel Carrère réussi à décrire le réel avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Son écriture est sobre mais précise, c'est émouvant, jamais larmoyant. Le lecteur ne peut être que touché et j'avoue que plusieurs fois durant cette lecture j'ai versé des larmes...
Ce livre bouleversant, plein d'émotions et de sensibilité m'a touché en plein cœur, c'est une formidable et inoubliable leçon de vie.  

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"D'autres vies que la mienne" d'Emmanuel Carrère a été librement adapté dans le film "Toutes nos envies" réalisé par Philippe Lioret, sorti 2011, avec Marie Gillain et Vincent Lindon. Je n'ai pas en vu ce film.

Extrait : (début du livre)
La nuit d'avant la vague, je me rappelle qu'Hélène et moi avons parlé de nous séparer. Ce n'était pas compliqué : nous n'habitions pas sous le même toit, n'avions pas d'enfant ensemble, nous pouvions même envisager de rester amis ; pourtant c'était triste. Nous gardions en mémoire une autre nuit, juste après notre rencontre, passée tout entière à nous répéter que nous nous étions trouvés, que nous allions vivre le reste de notre vie ensemble, vieillir ensemble, et même que nous aurions une petite fille. Plus tard nous avons eu une petite fille, à l'heure où j'écris nous espérons toujours vieillir ensemble et nous aimons penser que nous avions dès le début tout compris. 

Mais il s'était écoulé depuis ce début une année compliquée, chaotique, et ce qui nous paraissait certain à l'automne 2003, dans l'émerveillement du coup de foudre amoureux, ce qui nous paraît certain, en tout cas désirable, cinq ans plus tard, ne nous paraissait plus certain du tout, ni désirable, cette nuit de Noël 2004, dans notre bungalow de l'hôtel Eva Lanka. Nous étions certains au contraire que ces vacances étaient les dernières que nous passions ensemble et que malgré notre bonne volonté elles étaient une erreur. Allongés l'un contre l'autre, nous n'osions pas parier de la première fois, de cette promesse à laquelle nous avions tous les deux cru avec tant de ferveur et qui, de toute évidence, ne serait pas tenue. Il n'y avait pas entre nous d'hostilité, nous nous regardions seulement nous éloigner l'un de l'autre avec regret : c'était dommage. 

Je ressassais mon impuissance à aimer, d'autant plus criante qu'Hélène est vraiment quelqu'un d'aimable. Je pensais que j'allais vieillir seul. Hélène, elle, pensait à autre chose : à sa s?ur Juliette qui, juste avant notre départ, avait été hospitalisée pour une embolie pulmonaire. Elle avait peur qu'elle tombe gravement malade, peur qu'elle meure. J'objectais que cette peur n'était pas rationnelle mais elle a bientôt pris toute la place dans l'esprit d'Hélène et je lui en ai voulu de se laisser absorber par quelque chose à quoi je n'avais aucune part. Elle est allée fumer une cigarette sur la terrasse du bungalow. Je l'ai attendue, couché sur le lit, en me disant : si elle revient bientôt, si nous faisons l'amour, peut-être que nous ne nous séparerons pas, peut-être que nous vieillirons ensemble. Mais elle n'est pas revenue, elle est restée seule sur la terrasse à regarder le ciel s'éclaircir peu à peu, à écouter les premiers chants d'oiseaux, et je me suis endormi de mon côté, seul et triste, persuadé que ma vie allait tourner de plus en plus mal.

Nous étions inscrits tous les quatre, Hélène et son fils, moi et le mien, pour une leçon de plongée sous-marine au petit club du village voisin. Mais Jean-Baptiste depuis la leçon précédente avait mal à une oreille et ne voulait pas replonger, nous étions quant à nous fatigués par notre nuit presque blanche et avons décidé d'annuler. Rodrigue, le seul qui avait vraiment envie d'y aller, était déçu. Tu n'as qu'à te baigner dans la piscine, lui disait Hélène. Il en avait assez, de se baigner dans la piscine. Il aurait voulu qu'au moins quelqu'un l'accompagne à la plage, en contrebas de l'hôtel, où il n'avait pas le droit d'aller seul parce qu'il y avait des courants dangereux. Mais personne n'a voulu l'accompagner, ni sa mère, ni moi, ni Jean-Baptiste qui préférait lire dans le bungalow. 

Jean-Baptiste avait alors treize ans, je lui avais plus ou moins imposé ces vacances exotiques en compagnie d'une femme qu'il connaissait peu et d'un garçon beaucoup plus jeune que lui, depuis le début du séjour il s'ennuyait et nous le faisait sentir en restant dans son coin. Quand, agacé, je lui demandais s'il n'était pas content d'être là, au Sri Lanka, il répondait de mauvaise grâce que si, il était content, mais qu'il faisait trop chaud et que là où il se sentait encore le mieux, c'est dans le bungalow, à lire ou jouer à la Game Boy. C'était un préadolescent typique, en somme, et moi un père typique de préadolescent, me surprenant à lui faire, au mot près, les remarques qui quand j'avais son âge m'exaspéraient tellement dans la bouche de mes propres parents : tu devrais sortir, être curieux, c'est bien la peine de t'emmener si loin... Peine perdue. 

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27 avril 2012

Concours STAR - 4ème édition : bilan semaine 3

Voilà un petit bilan de ma troisième semaine de participation 
au Concours Stop Talking And Read (4ème édition), organisé par Liyah

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Compteur (au 27/04/2012 00:00) : 4100 pages 

 

Bilan semaine 1 : 1113 pages

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L'homme qui souriait - Henning Mankell (de la page 115 à la page 422 = 308 pages)
Ouvrière - Franck Magloire (184 pages)
Aral – Cécile Ladjali (252 pages)
Juste avant – Fanny Saintenoy (119 pages)
Deux jours à tuer – François d’Epenoux (250 pages)

§ § §

Bilan semaine 2 : 1153 pages

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Jours sans faim – Delphine de Vigan (124 pages)
Noir océan – Stefán Máni (543 pages)
Le Prince de la Brume - Carlos Ruiz Zafón (210 pages) 
Le Chien des Baskerville - Arthur Conan Doyle (282 pages)
Si je reste - Gayle Forman (118/187 pages) 

§ § §

Bilan semaine 3 : 1834 pages

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Si je reste – Gayle Forman (69/187 pages) 
Un livre pour le Challenge Destination proposé par evertkhorus (435 pages) 
Bon rétablissement - Marie-Sabine Roger (205 pages)
La fille tombée du ciel - Heidi W. Durrow (274 pages)
D'autres vies que la mienne – Emmanuel Carrère (352 pages)
Banquises - Véronique Goby (247 pages)
Les revenants - Laura Kasischke (LC avec Enna pour le 10/05) (252/588 pages)

Une belle 3ème semaine pour le Concours STAR :
les vacances + un temps pluvieux = beaucoup de livres lus !

26 avril 2012

La fille tombée du ciel - Heidi W. Durrow

la_fille_tomb_e_du_ciel Éditions Anne Carrière – août 2011 – 274 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie de Prémonville

Titre original : The girl who fail from the sky : A novel, 2010

Quatrième de couverture :
A onze ans, Rachel Morse, fille d'une mère danoise et d'un père GI noir américain, voit sa vie basculer : un drame dont elle est la seule survivante lui arrache sa famille. Recueillie par sa grand-mère paternelle, une femme aussi aimante qu'intransigeante, Rachel découvre bientôt la difficulté d'être métisse dans une société qui donne trop d'importance à la couleur de peau. Des voix se mêlent à son récit pour dévoiler la véritable nature de la tragédie qui s'est déroulée, un triste jour d'été, sur un toit de Chicago. La plus vibrante d'entre elles est celle de Brick, un jeune voisin qui a assisté à sa chute et qui se retrouve, bien malgré lui, dépositaire du seul fragment de vérité susceptible de libérer Rachel des ombres de son passé. Heidi W. Durrow signe ici l'histoire d'un être trop doué et trop démuni à la fois. Dans ce roman d'apprentissage moderne et poétique, elle décrit l'envol d'un personnage inoubliable.

Auteur : Heidi W. Durrow est la fille d’une mère danoise et d’un père afro-américain travaillant pour l’US Air Force. Elle a grandi en Turquie, en Allemagne et au Danemark, puis a fait ses études supérieures à l’école de journalisme de l’université de Columbia, ainsi qu’un cursus de droit à Yale. Elle est aujourd’hui directrice de festivals culturels. Elle a 42 ans et vit à New York. Son premier roman, La Fille tombée du ciel, a reçu le prix Barbara Kingslover Bellwether en 2008.

 

Mon avis : (lu en avril 2012)
Après le drame qui a tué sa mère et ses frère et sœur à Chicago, Rachel âgée de 11 ans a été recueillie par sa grand-mère à Portland. Rachel est une fillette, blanche par sa mère Danoise et noire par son père GI américain. Elle a hérité de magnifiques yeux bleus de sa mère et des cheveux crépus de son père. Dans sa nouvelle vie, Rachel découvre les difficultés d'avoir une couleur différente. Rachel grandit avec des souvenirs vagues du jour de 1982 où tout à basculé...
Ce jour là, Jamie a été le témoin de l'accident survenu à la famille de Rachel. Plus tard, il a rencontré Roger le père de la fillette et celui-ci l'a donné un message pour sa fille. Jamie décide de remplir cette mission et il va mettre plusieurs années pour traverser les États-Unis et enfin rejoindre Rachel.
Dans ce livre le lecteur découvre en parallèle plusieurs récits, celui de Rachel, celui de Jamie mais aussi des passages du journal intime de Nella, la mère de Rachel et également le témoignage de Laronne, la patronne de Nella.
J'ai beaucoup aimé cette histoire émouvante et touchante. Rachel est une petite fille puis une adolescente forte et courageuse qui se pose de nombreuses questions, Jamie est également un personnage touchant plein de naïveté et de poésie. C'est un très beau livre plein d'humanité.

 

Extrait :(début du livre)
« Mon petit porte-bonheur », dit grand-mère.
Elle est venue me chercher à l'hôpital, et on a marché jusqu'à l'arrêt de bus, sa main autour de la mienne, comme une laisse.
On est à l'automne 1982, et il pleut sur Portland. J'ai éclaboussé mes nouvelles chaussures dans les flaques. Je me sens déjà moins la petite-fille-dans-sa-robe-neuve. Je ne suis déjà plus cette fille-là.
Grand-mère ne lâche ma main que pour chercher des pièces dans un porte-monnaie noir en cuir verni.
« Eh bien, voilà les plus jolis yeux bleus et la plus jolie petite fille que j'aie jamais vus », lance la conductrice, quand on monte à bord de son bus. Je redeviens la fille-toute-neuve, et je lui souris.
« C'est ma petite-fille, mon bébé. Elle vient vivre avec moi. » Grand-mère n'arrive pas à se défaire de son accent du Texas.
« Merci, madame. » Je surveille mes manières, en présence d'inconnus, et grand-mère est encore une inconnue, pour moi.
Je ne sais pas grand-chose d'elle. Elle jardine. Elle a les mains douces et elle sent la lavande.
Avant, chaque Noël, elle nous envoyait toujours une carte, à Robbie et moi, avec un billet de 10 dollars tout neuf emballé dans du papier d'aluminium. Au dos de l'enveloppe, là où elle avait appuyé très fort, l'encre qu'elle avait sur les doigts avait un peu bavé. La carte sentait la lotion à la lavande qu'elle utilise pour avoir les mains douces.
Grand-mère n'a pas une seule ride, nulle part. Elle a la peau sombre, couleur aubergine, aussi lisse qu'une assiette en porcelaine, tout ça grâce à cette lotion qu'elle se fait envoyer spécialement du Sud. « Ils ont des racines plus fortes, là-bas – meilleure terre, meilleures racines. » Elle a un corps en balle de fusil. Elle est large et de petite taille. Elle tire ses cheveux en arrière et elle les recouvre d'un bonnet en plastique.
« Eh bien, quelle chance tu as d'avoir une mamie aussi extraordinaire, me dit la conductrice. Jolie et chanceuse. »      

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Challenge 6% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
41/42
 

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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20/50 : Illinois

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25 avril 2012

Bon rétablissement - Marie-Sabine Roger

Bon_r_tablissement Éditions du Rouergue – mars 2012 – 205 pages

Quatrième de couverture :
« Depuis que je suis là, le monde entier me souhaite bon rétablissement, par téléphone, mail, courrier, personnes interposées. Par pigeons voyageurs, ça ne saurait tarder. Bon rétablissement. Quelle formule à la con ! »

« Veuf, sans enfants ni chien », Jean-Pierre est un vieil ours bourru et solitaire, à la retraite depuis sept ans. Suite à un accident bien étrange, le voilà immobilisé pendant des semaines à l'hôpital. Il ne pouvait pas imaginer pire.
Et pourtant, depuis son lit, il va faire des rencontres inattendues qui bousculeront son égoïsme...
Avec sa verve habituelle et son humanisme, Marie-Sabine Roger nous offre une nouvelle fois une galerie de portraits hauts en couleur. C'est un tableau doux-amer qu'elle peint de l'hôpital, avec l'humour et le sens de la formule qui la caractérisent, et qui ont fait le succès de ses deux précédents romans, La tête en friche et Vivement l'avenir.

Auteur : Née en 1957 près de Bordeaux, Marie-Sabine Roger vit actuellement au Québec. Depuis quinze ans, elle se consacre entièrement à l'écriture. Auteur jeunesse important, avec plus d'une centaine de livres à son actif, elle accède à la notoriété en littérature générale avec « La Tête en friche », publié en 2008, adapté au cinéma par Jean Becker, avec Gérard Depardieu dans le rôle principal (près de 70 000 exemplaires vendus). Son deuxième titre, « Vivement l'avenir » (2010), a obtenu le prix des Hebdos en région et le prix Handi-livres.

Mon avis : (lu en avril 2012)
Ayant beaucoup aimé son dernier livre Vivement l’avenir et l'ayant trouvé très sympathique lors du dernier Salon du Livre de Paris, j'avais très envie de découvrir ce livre que j'ai lu très facilement en quelques heures.
A la suite de circonstances dont il n'a gardé aucun souvenir, Jean-Pierre a été miraculeusement repêché après une chute dans la Seine. A l’hôpital, il est devenu "le bassin de la chambre 28" et cloué dans son lit, il nous décrit son quotidien avec humour et lucidité. Il revient sur sa vie passée, mais nous raconte aussi ceux qui gravitent  autour de lui : le personnel médical ou non de l'hôpital, ses quelques visiteurs comme Maxime, le jeune flic chargé de l'enquête sur sa chute, Camille, le prostitué et étudiant qui lui a sauvé la vie, une jeune fille ronde qui vient squatter son ordinateur...
Âgé de 67 ans, veuf, sans enfant, Jean-Pierre a toujours été quelqu'un de solitaire et bourru, son long séjour à l'hôpital et ses rencontres vont le faire évoluer, il va apprendre à s'ouvrir aux autres.
Marie-Sabine Roger nous propose avec beaucoup d'humour une description de la vie à l'hôpital très réaliste et décapante. C'est l'occasion de réfléchir sur plusieurs sujets de société comme la place réservée aux troisième âge, à la solitude des anciens...
Une jolie histoire tendre et émouvante.

Autre avis : un coup de coeur pour Clara

Extrait : (début du livre)
Sans me vanter, vers les six ou sept ans, j’avais déjà tâté pas mal de choses, pour ce qui est des délits interdits par la loi. Vol à l’arraché, viol, extorsion de fonds…
Question viol, j’avais roulé une pelle à Marie-José Blanc. Elle serrait les dents, je n’étais pas allé loin. C’est l’intention qui compte.
Le vol à l’arraché, c’était le samedi après le match de rugby : je taxais le goûter des plus petits que moi. Je les baffais, peinard, au chaud dans les vestiaires. J’en épargnais un, quelquefois. J’ai un côté Robin des Bois.
Pour l’extorsion, demandez à mon frère. Il me citait toujours comme exemple pourri à ses gamins, quand ils étaient petits, Devenez pas comme votre oncle, ou vous aurez affaire à moi. Pour ma défense, je dirais que s’il n’avait rien eu à se reprocher, il n’aurait pas raqué toute sa tirelire. Pour faire chanter les gens, il faut une partition.

On m’appelait « la Terreur ». Je trouvais ça génial.
Je me sentais promis à un grand avenir.

À l’époque, dans la maison, on était cinq et des poussières : mes parents, mon frangin et moi, pépé Jean, feu mémé Ginou.
Mes grands-parents paternels étaient morts bêtement, lorsque mon père avait huit ans, pour un refus de priorité causé par ma grand-mère, qui ne voyait pas trop l’utilité des stops.
Mon père avait été élevé par ses grands-parents du côté de sa mère : pépé Jean, encore très présent à l’époque dont je vous parle, et feu mémé Ginou, dans son urne, au garage.
J’avais du mal à me représenter ce qu’il avait pu ressentir, en rentrant de l’école, le jour de l’accident, lorsqu’il avait compris que ses parents n’allaient pas revenir. Sur le moment, il s’était peut-être dit qu’il pourrait enfin vivre en toute liberté : plus de claquage de beignet à la moindre bêtise. Tranquille.
Tranquille, oui.
Mais à l’entendre parler de ses années d’enfance, je sentais bien que certaines tranquillités foutent une vie en l’air plus sûrement que pas mal de contraintes. Du coup, ça ne me tentait pas, devenir orphelin. Je tenais à mes parents, même si c’était des parents, avec tous les défauts que ça peut sous-entendre, question autorité et interdictions. Je tenais à mon père, surtout. Je le trouvais balèze, pas seulement pour ses biceps plus épais que des cuisses. Il était fort, vraiment. Droit planté dans ses bottes. Riche de convictions, à défaut d’autre chose. Un gueulard, un sanguin, mais qui trempait ses mouchoirs aux mariages, aux baptêmes, appelait ma mère Mon p’tit bouchon d’amour, en se foutant pas mal du ridicule, et n’avait jamais peur de lui dire Je t’aime.
L’homme que j’aurais sûrement bien aimé devenir.

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Déjà lu du même auteur :

la_tete_en_friche La tête en friche  vivement_l_avenir Vivement l’avenir

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24 avril 2012

Demain, demain : Nanterre, bidonville de la folie, 1962-1966 – Laurent Maffre

  Lu dans le cadre de Masse Critique Spécial BD
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Actes Sud et Arte éditions - mars 2012 – 160 pages

Présentation éditeur :
- Ça c'est pas une maison, ça c'est une cabane, dans une cabane il pleut, dans une cabane il fait froid ! À la croisée du documentaire et de la fiction, le destin d'une famille algérienne, du bidonville de Nanterre à son relogement.

1962, alors que la guerre d’Algérie prend fin, Soraya débarque, à Orly, avec ses deux enfants. Ils sont venus rejoindre Kader, le chef de famille, arrivé lui en France quelques années plus tôt pour contribuer par son travail, comme beaucoup d’autres immigrés, au miracle des Trente glorieuses.
Car la France des années 1950, en pleine relance économique liée à la reconstruction de l’après-guerre, favorisait à cette époque l’immigration des Portugais, des Espagnols et des Maghrébins pour fournir une main d’œuvre bon marché aux industries du bâtiment et de l’automobile.
Evidemment personne n’avait pensé à loger ces nouveaux prolétaires qui n’avaient d’autre alternative que de s’installer dans des baraquements en périphérie des grandes villes non loin des chantiers et des usines. Ainsi Kader habite le bidonville de La Folie à Nanterre et c’est là que la petite famille regroupée va s’installer.
Dans un récit très documenté, nourri de témoignages, Laurent Maffre va suivre sur quatre ans les tribulations, le quotidien de cette famille, leurs conditions de vie, leurs espoirs et leurs désillusions. Si tous se souviennent encore ici de la manifestation du 17 octobre 1961, la vie continue avec pour priorité la quête d’un logement décent. Mais c’est sans compter sur les obstacles que l’administration française de l’époque lève face à eux.
Un album particulièrement actuel alors que la xénophobie est aujourd’hui devenue le fond de commerce de politiciens dévoyés.

Auteur : Laurent Maffre a 35 ans, professeur agrégé, il enseigne les arts-appliqués à Paris. Il a publié une adaptation, sélectionnée à Angoulême en 2007, de L’Homme qui s’évada d’Albert Londres. Ensuite Chambres du cerveau, d’après une nouvelle de Stevenson, toutes les deux aux éditions Actes Sud BD. Pour réaliser ce roman graphique époustouflant de précisions historiques, Laurent Maffre s’est appuyé sur les photos, les plans et autres documents inédits collectés à l’époque par Monique Hervo, auteur de Chroniques du bidonville (Seuil).

Mon avis : (lu en avril 2012)
Cette bande dessinée est l'occasion de découvrir un pan de notre histoire rarement évoqué, l'immigration.

Ici, Laurent Maffre nous raconte le parcours d'une petite famille immigrée cela commence le 1er octobre 1962, le jour de l'arrivée de Soraya et de ses deux enfants, Samia et Ali en provenance d’Algérie, elle vient rejoindre en France son mari Kader. Soraya va vite découvrir la réalité de la vie dans un bidonville, la difficulté pour obtenir un logement décent. Vu d'Algérie, la vie en France a une image idyllique que les émigrés se gardent bien de démentir... Le bidonville de La Folie rue de la Garenne à Nanterre, c'est la boue, la corvée d'eau, l'absence d'électricité, des baraques faites de bric et de broc avec des planches, parfois des parpaings avec un toit de tôle qui laisse souvent passer la pluie... Le bidonville est comme une ville dans la ville, heureusement la solidarité est présente entre les habitants.
Dans une deuxième partie de l'histoire, petit flash-back avec l'indépendance de l'Algérie qui s'invite dans la vie du bidonville...
L'auteur s'est beaucoup documenté pour décrire cette réalité, il a en particulier utilisé les archives de Monique Hervo qui a vécu dans ce bidonville de Nanterre de 1959 à 1971. On retrouve en fin de la bande dessinée des photos et le témoignage de Monique Hervo. C'est très fort.
Il faut également aller voir en complément de la lecture de cette bande dessinée, la fresque sonore qui nous permet d'entendre des témoignages d'époque recueillis par Monique Hervo.
Une bande-dessinée qui m'a beaucoup touchée et beaucoup d'intéressée.

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud BD et Arte éditions.


Demain, demain par Laurent Maffre
tous les livres sur Babelio.com

Extrait : ici

 

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Géographie"

 

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23 avril 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [74]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

 ocean_noir_folio le_prince_de_la_brume_ le_chien_des_baskerville_ldpj_2002 si_je_reste_p

Noir océan – Stefán Máni 
Le Prince de la Brume - Carlos Ruiz Zafón 
Le Chien des Baskerville - Arthur Conan Doyle 
Si je reste – Gayle Forman

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Un livre pour le Challenge Destination proposé par evertkhorus (Nouvelle-Zélande)

Que lirai-je cette semaine ?

Banquises - Valentine Goby
La fille tombée du ciel - Heidi W. Durrow
Les revenants - Laura Kasischke (LC avec Enna pour le 10/05)

Bonne semaine et bonne lecture.

21 avril 2012

Si je reste – Gayle Forman

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Oh ! Éditions – avril 2009 – 220 pages

Pocket – avril 2010 – 187 pages

Pocket Jeunesse – novembre 2011 – 196 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie-France Girod

Titre original : If I stay, 2009

Quatrième de couverture :
Mia a 17 ans. Un petit ami, rock star en herbe. Des parents excentriques. Des copains précieux. Un petit frère craquant. Beaucoup de talent et la vie devant elle.
Quand, un jour, tout s'arrête. Tous ses rêves, ses projets, ses amours. Là, dans un fossé, au bord de la route. Un banal accident de voiture...
Comme détaché, son esprit contemple son propre corps, brisé. Mia voit tout, entend tout. Transportée à l'hôpital, elle assiste à la ronde de ses proches, aux diagnostics des médecins. Entre rires et larmes, elle revoit sa vie d'avant, imagine sa vie d'après. Sortir du coma, d'accord, mais à quoi bon ? Partir, revenir ? Si je reste...

Auteur : Gayle Forman est une journaliste réputée, primée pour ses articles. Elle vit à Brooklyn avec son mari et leur fille. Si je reste est déjà un phénomène d'édition, avec une sortie mondiale dans plus de vingt pays et une adaptation cinématographique en cours par les producteurs de Twilight.

 

Mon avis : (lu en avril 2012)
Voilà un livre émouvant et poignant. C'est l'histoire de Mia, 17 ans elle vient d'avoir un terrible accident de voiture avec ses parents et son petit frère Teddy. Elle est gravement blessée et est tombée dans le coma. Pourtant, elle se retrouve comme en dehors de son corps spectatrice de ce qui lui arrive. Elle est dans un état critique , dans un état où elle seule a le choix entre vivre et mourir. Une décision très difficile à prendre car elle a compris que ses parents étaient morts sur le coup et que son petit-frère avait lui aussi fini par mourir quelques heures après l'accident. 
Elle voit et elle entend tout se qui se passe autour d'elle et le roman alterne entre les pensées de Mia qui erre dans l'hôpital autour de son corps dans le coma et ses souvenirs de sa vie avant l'accident.
La musique tient une grande place dans ce roman, Mia est une brillante violoniste et son petit ami Adam fait parti d'un groupe de rock. Il y a une opposition et une complémentarité entre les différents types de musique. L'auteur cite de nombreuses références de morceaux classiques, rock n'roll, punk, jazz tout au long du livre.
Les personnages de Mia et Adam sont très attachants et touchants.
L'histoire est très prenante et lorsque j'ai commencé ce livre, je n'avais pas du tout envie de le lâcher avant de l'avoir terminé.
Mon seul bémol, c'est le bandeau publicitaire sur la version poche : « Le livre le plus émouvant depuis Twilight », à mon avis, cela donne du livre une idée fausse et très réductrice...

Un grand Merci à Azilis qui m'a offert ce livre lors du Swap Anniversaire organisé par Hérisson.

Extrait : (début du livre)
S'il n'avait pas neigé, sans doute ne serait-il rien arrivé.
Ce matin, à mon réveil, une fine couche blanche recouvre le gazon devant la maison et de légers flocons tombent sans relâche.
Dans la région de l'Oregon où nous vivons, quelques centimètres de neige suffisent à paralyser l'activité du comté pendant que l'unique chasse-neige dégage les routes. Il n'y aura donc pas classe aujourd'hui. Teddy, mon petit frère, pousse un cri de joie en entendant l'annonce à la radio. « On va faire un bonhomme de neige, papa ! » s'exclame-t-il.
Mon père tapote sa pipe. Il est dans sa période années 1950 et fumer la pipe en fait partie, avec le port du noeud papillon. Je ne sais si c'est une façon de montrer qu'il est rentré dans le rang, en tant qu'ancien punk, ou s'il s'est vraiment assagi en devenant professeur d'anglais. Toujours est-il que j'adore l'odeur de son tabac, un arôme à la fois doux et épicé, qui me rappelle l'hiver et les feux de bois.
« Avec cette neige molle, le résultat ressemblera à une amibe, j'en ai peur », répond-il en souriant à Teddy.
Il n'est pas mécontent que tous les établissements scolaires du comté soient fermés, y compris mon lycée et le collège où il enseigne, car il bénéficie d'une journée de congé inattendue, lui aussi.

 Challenge Objectif PAL Swap
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6/25

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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19/50 : Orégon

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20 avril 2012

Le Chien des Baskerville - Arthur Conan Doyle

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traduit de l'anglais

Hachette – janvier 1907

J'ai Lu – 1961

J'ai Lu – 1964

Livre de Poche – 1966 – 256 pages

Livre de poche – septembre 1967 – 256 pages

Gallimard – janvier 1976

Pocket – janvier 1981 – 191 pages

Livre de poche – janvier 1988 – 256 pages

Pocket – septembre 1988 – 190 pages

Pocket – juillet 1995 – 190 pages

Livre de poche Jeunesse - 1994 – 316 pages

Nathan – octobre 1998 – 194 pages

Flammarion - avril 1999 – 270 pages

Folio junior - avril 1999 – 300 pages

Librio – mai 1999 – 187 pages

Gallimard – juin 2001 – 349 pages

Folio jeunesse - novembre 2001 –

Livre de poche Jeunesse – février 2002 – 282 pages

Pocket – février 2002 – 191 pages

Librio – juin 2003 -

Librio – juin 2003 – 187 pages

Hachette éducation – février 2004 -

Pocket – novembre 2004 – 191 pages

Litté Geo Ado - octobre 2006 -

Livre de poche Jeunesse - décembre 2007 – 316 pages

Folio jeunesse - janvier 2008 – 264 pages

Dodo Press – janvier 2009 – 216 pages

Larousse – septembre 2011 -

traduit de l'anglais par Bernard Tourville

Titre original : The Hound of the Baskervilles, 1902

Quatrième de couverture : 
Un chien diabolique parcourt une lande désolée du Devonshire et Sir Henry, dernier héritier des Baskerville, commence à croire qu’il va subir le sort tragique de ses ancêtres, victimes d’une étrange malédiction. Sherlock Holmes, toujours rationnel, ne croit pas aux mystères et il envoie son ami Watson observer le pays et ses habitants. Il découvre des serviteurs silencieux, un criminel en fuite, un chasseur de papillons et d’autres personnages étonnants. Le célèbre détective devra finalement affronter un ennemi d’une intelligence redoutable.

Auteur : Sir Arthur Ignatius Conan Doyle, né le 22 mai 1859 à Édimbourg et mort le 7 juillet 1930 à Crowborough, dans le Sussex, est un écrivain et médecin écossais. Il doit sa célébrité à ses romans mettant en scène le détective Sherlock Holmes, considérés comme une innovation majeure du roman policier, et les aventures du professeur Challenger. Cet écrivain prolifique a également été l'auteur de livres de science-fiction, de romans historiques, de pièces de théâtre, de poésies et d'œuvres historiques. Conan Doyle était lié à l'écrivain J. M. Barrie. Il a été fait Chevalier par le roi Édouard VII le 24 octobre 1922.

 

Mon avis : (relu en avril 2012)
J’ai déjà lu ce livre lorsque j’étais adolescente mais je n’en avais plus aucun souvenir. C’est l’enquête la plus célèbre de Sherlock Holmes.
Dans le Devonshire, une terrible malédiction pèse sur la famille de Baskerville. Depuis des générations, « un chien de l'enfer » serait la cause des morts et des membres de la famille. La mort de Sir Charles Baskerville dans des circonstances troubles, ravive cette légende. Le seul héritier Sir Henry est lui-même averti par une lettre anonyme qu'il est menacé d'un très grave danger. Sherlock Holmes et le Docteur Watson vont mener une enquête efficace et pleine de suspense. Le lecteur suit pas à pas l'enquête, les observations puis les déductions de Sherlock Holmes. Le cadre de l'enquête dans cette lande mystérieuse et brumeuse rend encore plus forte l'atmosphère pesante du lieu.
C'est une réussite totale que j'ai relu avec beaucoup de plaisir.

 

J’ai eu l’occasion, il y a quelques semaines de voir à la télévision l’adaptation très réussite de cette enquête dans la série policière britannique Sherlock (2ème épisode de la saison 2) créée par Mark Gatiss et Steven Moffat et diffusée depuis le 25 juillet 2010 sur BBC One avec comme acteurs Benedict Cumberbatch et Martin Freeman.  

Extrait : (début du livre)
Ce matin-là, M. Sherlock Holmes qui, sauf les cas assez fréquents où il passait les nuits, se levait tard, était assis devant la table de la salle à manger. Je me tenais près de la cheminée, examinant la canne que notre visiteur de la veille avait oubliée. C’était un joli bâton, solide, terminé par une boule — ce qu’on est convenu d'appeler « une permission de minuit ».

Immédiatement au-dessous de la pomme, un cercle d’or, large de deux centimètres, portait l’inscription et la date suivantes : « À M. James Mortimer, ses amis du C. C. H. — 1884 ».
Cette canne, digne, grave, rassurante, ressemblait à celles dont se servent les médecins « vieux jeu ». « Eh bien, Watson, me dit Holmes, quelles conclusions en tirez-vous ? »
Holmes me tournait le dos et rien ne pouvait lui indiquer mon genre d’occupation.
« Comment savez-vous ce que je fais ? Je crois vraiment que vous avez des yeux derrière la tête.
— Non ; mais j’ai, en face de moi, une cafetière en argent, polie comme un miroir. Allons, Watson, communiquez-moi les réflexions que vous suggère l’examen de cette canne. Nous avons eu la malchance de manquer hier son propriétaire et, puisque nous ignorons le but de sa visite, ce morceau de bois acquiert une certaine importance.
— Je pense, répondis-je, suivant de mon mieux la méthode de mon compagnon, que le docteur Mortimer doit être quelque vieux médecin, très occupé et très estimé, puisque ceux qui le connaissent lui ont donné ce témoignage de sympathie.
— Bien, approuva Holmes… très bien !
— Je pense également qu’il y a de grandes probabilités pour que le docteur Mortimer soit un médecin de campagne qui visite la plupart du temps ses malades à pied.
— Pourquoi ?
— Parce que cette canne, fort jolie quand elle était neuve, m’apparaît tellement usée que je ne la vois pas entre les mains d’un médecin de ville. L’usure du bout en fer témoigne de longs services.
— Parfaitement exact ! approuva Holmes.
— Et puis, il y a encore ces mots : « Ses amis du C. C. H. ». Je devine qu’il s’agit d’une société de chasse…. Le docteur aura soigné quelques-uns de ses membres qui en reconnaissance, lui auront offert ce petit cadeau.
— En vérité, Watson, vous vous surpassez, fit Holmes, en reculant sa chaise pour allumer une cigarette. Je dois avouer que, dans tous les rapports que vous avez bien voulu rédiger sur mes humbles travaux, vous ne vous êtes pas assez rendu justice. Vous n’êtes peut-être pas lumineux par vous-même ; mais je vous tiens pour un excellent conducteur de lumière. Il existe des gens qui, sans avoir du génie, possèdent le talent de le stimuler chez autrui. Je confesse, mon cher ami, que je suis votre obligé. »

Auparavant, Holmes ne m’avait jamais parlé ainsi. Ces paroles me firent le plus grand plaisir, car, jusqu’alors, son indifférence aussi bien pour mon admiration que pour mes efforts tentés en vue de vulgariser ses méthodes, m’avait vexé. De plus, j’étais fier de m’être assimilé son système au point de mériter son approbation quand il m’arrivait de l’appliquer.
Holmes me prit la canne des mains et l’examina à son tour pendant quelques minutes. Puis, soudainement intéressé, il posa sa cigarette, se rapprocha de la fenêtre et la regarda de nouveau avec une loupe.

« Intéressant, quoique élémentaire, fit-il, en retournant s’asseoir sur le canapé, dans son coin de prédilection. J’aperçois sur cette canne une ou deux indications qui nous conduisent à des inductions. 
— Quelque chose m’aurait-il échappé ? dis-je d’un air important. Je ne crois pas avoir négligé de détail essentiel.
— Je crains, mon cher Watson, que la plupart de vos conclusions ne soient erronées. Quand je prétendais que vous me stimuliez, cela signifiait qu’en relevant vos erreurs j’étais accidentellement amené à découvrir la vérité…. Oh ! dans l’espèce, vous ne vous trompez pas complètement. L’homme est certainement un médecin de campagne… et il marche beaucoup.
— J’avais donc raison.
— Oui, pour cela.
— Mais c’est tout ?
— Non, non, mon cher Watson… pas tout – tant s’en faut. J’estime, par exemple, qu’un cadeau fait à un docteur s’explique mieux venant d’un hôpital que d’une société de chasse. Aussi, lorsque les initiales « C. C. » sont placées avant celle désignant cet hôpital, les mots « Charing Cross » s’imposent tout naturellement.
— Peut-être.
— Des probabilités sont en faveur de mon explication. Et, si nous acceptons cette hypothèse, nous avons une nouvelle base qui nous permet de reconstituer la personnalité de notre visiteur inconnu.
— Alors, en supposant que C. C. H. signifie « Charing Cross Hospital », quelles autres conséquences en déduirons-nous ?
— Vous ne les trouvez-pas ?… Vous connaissez ma méthode…. Appliquez-la ! 
— La seule conclusion évidente est que notre homme pratiquait la médecine à la ville avant de l’exercer à la campagne.

Baby Challenge Polar - Livr@ddict 2012
polar
Médaille de Bronze à 14/20

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Animaux"

Challenge God Save The Livre
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20 avril 2012

Concours STAR - 4ème édition : bilan semaine 2


Voilà un petit bilan de ma deuxième semaine de participation 
au Concours Stop Talking And Read (4ème édition), organisé par Liyah

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Compteur (au 20/04/2012 00:00) : 2266 pages 

 

Bilan semaine 1 : 1113 pages

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L'homme qui souriait - Henning Mankell (de la page 115 à la page 422 = 308 pages)
Ouvrière - Franck Magloire (184 pages)
Aral – Cécile Ladjali (252 pages)
Juste avant – Fanny Saintenoy (119 pages)
Deux jours à tuer – François d’Epenoux (250 pages)

§ § §

Bilan semaine 2 : 1153 pages

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Jours sans faim – Delphine de Vigan (124 pages)
Noir océan – Stefán Máni (543 pages)
Le Prince de la Brume - Carlos Ruiz Zafón (210 pages) 
Le Chien des Baskerville - Arthur Conan Doyle (282 pages)
Si je reste - Gayle Forman (118/187 pages) 

§ § §

19 avril 2012

Le Prince de la Brume - Carlos Ruiz Zafón

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Pocket Jeunesse - novembre 2011 - 205 pages

Robert Laffont – novembre 2011 – 210 pages

traduit de l'espagnol par François Maspero

Titre original : El principe de la niebla, 1993

Quatrième de couverture :
1943. Pour fuir la guerre, la famille Carver s'installe dans un village perdu sur la côte. Mais, à peine franchie la porte de la maison, des événements étranges se produisent... Avec leur nouvel ami Roland, Alicia et Max Carver vont peu à peu percer les secrets de la vieille demeure et apprendre l'existence d'un certain Caïn, surnommé le Prince de la Brume. Un personnage diabolique revenu s'acquitter d'une dette très ancienne... Voilà les trois enfants lancés à la découverte d'épaves mystérieuses, de statuettes enchantées, de gamins ensorcelés... 

Une aventure extraordinaire qui changera leur vie à jamais...

Auteur : Né en 1964 et vivant à Los Angeles, Carlos Ruiz Zafón est l'un des romanciers européens les plus lus à travers le monde. En 1993, L'Ombre du vent (Grasset, 2004) emballa la planète entière. En 2009 et 2010, les Éditions Robert Laffont publient Le Jeu de l'ange et Marina, dont le succès ne se dément pas. L'œuvre de Carlos Ruiz Zafón, traduite dans plus de quarante langues et publiée dans plus de cinquante pays, a été couronnée de nombreux prix prestigieux.

Mon avis : (lu en avril 2012)
Ce premier roman de Carlos Ruiz Zafón a été écrit en 1993, il ne paraît que maintenant en France.
C'est le premier épisode de la Trilogie de la brume, un livre destiné à la jeunesse mais qui se lit très bien pour un adulte. L'auteur a situé ce livre en 1943, en Angleterre. Pour échapper aux risques de la guerre en ville, la famille Carver s'installe dans un village de bord de mer. Il y a trois enfants, Max, Alicia et Irene. Leur nouvelle maison appartenait avant à un riche couple. Ils l'ont quitté après la mort de leur fils unique Jacob, alors âgé de 7 ans. Dès leur installation, il se passe de drôle de choses dans cette maison... Durant cet été, Max rencontre Roland, un adolescent du village, ce dernier l'entraîne plonger autour d'un cargo échoué dans la baie après une forte tempête plus de vingt ans plus tôt. Beaucoup de mystères entourent ces lieux, la maison, l'épave... Des ombres inquiétantes rodent... Max, Roland et Alicia vont découvrir des secrets du passé...

Voilà un livre qui se lit facilement avec une intrigue pleine d'imagination plutôt bien construite avec un certain suspens, mais peut-être pas si originale que cela car tout au long de ma lecture j'avais des impressions de déjà lu... Une lecture distrayante qui m'a fait passer un bon moment, à l'occasion je lirai peut-être la suite de la Trilogie avec Le Palais de minuit et Les Lumières de septembre.

Extrait : (début du livre)
Jamais, malgré le passage des ans, Max n'oublia cet été où, presque par hasard, il découvrit la magie et ses maléfices. C'était en 1943, et les vents de la guerre dévastaient impitoyablement le monde. A la mi-juin, le jour même où Max fêtait ses treize ans, son père, horloger et aussi inventeur à ses moments perdus, réunit tous les membres de sa famille dans le salon et leur annonça que ce jour était le dernier qu'ils passaient dans ce qui avait été leur domicile durant les dix dernières années. La famille allait déménager sur la côte, loin de la ville et de la guerre, dans une maison au bord de la plage d'une petite localité sur le rivage de l'Atlantique. 
La décision était irrévocable : ils partiraient dès le lendemain matin. En attendant, ils devaient empaqueter tous leurs biens et se préparer pour un long voyage jusqu'à leur nouveau foyer. 
La famille reçut la nouvelle sans surprise. Tous avaient déjà compris que l'idée de quitter la ville pour un endroit plus habitable trottait dans la tête de Maximilian Carver depuis longtemps - tous, à l'exception d'un seul : Max. Pour lui, cette annonce eut le même effet qu'une locomotive en folie traversant un magasin de porcelaines chinoises. Frappé de plein fouet, il en resta bouche bée et le regard absent. Durant ce court instant s'imposa à son esprit la terrible certitude que tout son univers, y compris ses amis de collège, la bande de sa rue et la boutique de journaux illustrés du coin, était sur le point de disparaître à jamais. Rayé d'un seul trait de plume. Tandis que le reste de la famille, la mine résignée, se dispersait pour préparer les bagages, Max demeura immobile en fixant son père. Le bon horloger s'agenouilla devant son fils et posa les mains sur ses épaules. Pas besoin d'un livre pour comprendre ce qu'exprimait le regard de Max. 
- Aujourd'hui, ça te paraît la fin du monde, Max. Mais je te promets que le lieu où nous allons te plaira. Tu verras, tu te feras de nouveaux amis. 
- Est-ce que c'est à cause de la guerre ? Est-ce que c'est pour ça qu'on doit partir ? 
Maximilian Carver serra son fils dans ses bras, puis, sans cesser de lui sourire, il tira de la poche de sa veste un objet brillant qui pendait au bout d'une chaîne et le lui mit dans les mains. Une montre de gousset. 
- Je l'ai faite pour toi. Bon anniversaire, Max. 
Max ouvrit la montre, qui était en argent. A l'intérieur, chaque heure était marquée par le dessin d'une lune qui croissait et décroissait en suivant la marche des aiguilles, elles-mêmes formées par les rayons d'un soleil qui souriait au coeur du cadran. Sur le couvercle, gravés dans une belle calligraphie, figuraient ces mots : La machine du temps de Max. 
Ce jour-là, sans le savoir, tandis qu'il observait la famille affairée à monter et à descendre, chargée de valises, et qu'il tenait dans sa main la montre que lui avait donnée son père, Max cessa d'un seul coup d'être un enfant. 
La nuit de son anniversaire, Max ne ferma pas l'oeil. Pendant que les autres dormaient, il attendit la venue de ce matin fatal qui devait marquer les adieux définitifs au petit univers qu'il s'était composé au long des ans. Il laissa passer les heures en silence, couché dans son lit, le regard perdu dans les ombres bleues qui dansaient au plafond de sa chambre, comme s'il espérait y découvrir un oracle capable de dessiner son destin à partir de ce jour. Il tenait toujours la montre que son père avait fabriquée pour lui. Les lunes souriantes du cadran brillaient dans la pénombre nocturne. Elles connaissaient peut-être la réponse à toutes les questions que Max avait commencé à collectionner depuis l'après-midi. 
Les premières lueurs de l'aube finirent par pointer sur l'horizon bleu. Max sauta du lit et se dirigea vers le salon. Maximilian Carver était installé tout habillé dans un fauteuil près d'une lampe, avec un livre. Max vit qu'il n'était pas le seul à avoir passé la nuit sans dormir. L'horloger lui sourit et ferma le livre. 
- Qu'est-ce que tu lis ? questionna Max en indiquant l'épais volume. 
- Un livre sur Copernic. Sais-tu qui est Copernic ? 
- Je vais au collège, papa. 
Le père avait l'habitude de poser des questions à son fils comme si celui-ci venait tout juste de dégringoler de son arbre. 
- Et que sais-tu de lui ? insista-t-il. 
- Il a découvert que la Terre tourne autour du Soleil, et non l'inverse. 
- C'est plus ou moins ça. Et sais-tu ce que cela signifie ? 
- Des problèmes, répliqua Max. 
L'horloger eut un large sourire et lui tendit le gros livre. 
- Tiens. Il est à toi. Lis-le. 
Max inspecta le mystérieux volume relié en cuir. Il semblait avoir mille ans et servir de séjour à quelque vieux génie retenu prisonnier dans ses pages par un sortilège séculaire. 
- Bon, ajouta son père. Et maintenant, qui va réveiller tes soeurs ? 
Max, sans lever les yeux du livre, fit un signe de tête pour indiquer qu'il lui cédait volontiers l'honneur de tirer Alicia et Irina, ses soeurs âgées respectivement de quinze et huit ans, de leur profond sommeil. 
Puis, pendant que son père s'en allait claironner le réveil pour toute la famille, Max prit sa place dans le fauteuil, ouvrit grand le livre et se mit à lire. Une demi-heure plus tard, la famille au grand complet franchissait pour la dernière fois le seuil de la maison, vers une nouvelle vie. L'été venait de commencer. 

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Déjà lu du même auteur : 

 l_ombre_du_vent L'ombre du vent le_jeu_de_l_Ange Le jeu de l'Ange

marina Marina – Carlos Ruiz Zafon


Challenge Voisins, voisines
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Espagne

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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