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A propos de livres...

16 mai 2012

35ème édition du Prix Relay des voyageurs

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« Lire, c'est voyager ; voyager, c'est lire » Victor Hugo


Cette année, les quatre finalistes de la sélection du Prix Relay des voyageurs sont :

en_lice_1_laTristesseDuSamourai  en_lice_2_uneAnneeStudieuse  en_lice_3_leChapeauDeMitterand  en_lice_4_lesReglesDuJeu

La tristesse du Samouraï de Victor Del Arbol
Une année studieuse de Anne Wiazemsky
Le chapeau de Mitterand de Antoine Laurain
Les règles du jeu de Amor Towles

Chaque voyageur lecteur est invité à voter pour son livre coup de cœur.

jevoteavant26juin

Sur les quatre livres, celui qui cumulera le plus de voix sera le livre lauréat.
Tous les voyageurs lecteurs qui auront voté pour le livre désigné lauréat, feront partie d'un tirage au sort.
Un an de lecture gratuite* sera offert au gagnant.


* (= 12 livres grand format) Voir règlement

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15 mai 2012

Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran – Éric-Emmanuel Schmitt

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Albin Michel - juin 2001 – 60 pages

Magnard – juillet 2004 – 110 pages

Livre de Poche – mars 2012 – 96 pages

Quatrième de couverture :
A treize ans, Momo se retrouve livré à lui-même. Il a un ami, un seul. Monsieur Ibrahim, l'épicier de la rue Bleue.
Mais les apparences sont trompeuses :
La rue Bleue n'est pas bleue.
L'Arabe n'est pas arabe.
Et la vie n'est peut-être pas forcément triste...

Auteur : Né en 1960, normalien, agrégé de philosophie, docteur, Éric-Emmanuel Schmitt s’est d’abord fait connaître au théâtre avec Le Visiteur, cette rencontre hypothétique entre Freud et peut-être Dieu, devenue un classique du répertoire international. Rapidement, d’autres succès ont suivi : Variations énigmatiques, Le Libertin, Hôtel des deux mondes, Petits crimes conjugaux, Mes Evangiles, La Tectonique des sentiments… Plébiscitées tant par le public que par la critique, ses pièces ont été récompensées par plusieurs Molière et le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. Son œuvre est désormais jouée dans plus de quarante pays.
Il écrit le Cycle de l’Invisible, quatre récits sur l’enfance et la spiritualité, qui rencontrent un immense succès aussi bien sur scène qu’en librairie : Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la dame rose et L'enfant de Noé. Une carrière de romancier, initiée par La Secte des égoïstes, absorbe une grande partie de son énergie depuis L’Evangile selon Pilate, livre lumineux dont La Part de l’autre se veut le côté sombre. Depuis, on lui doit Lorsque j’étais une œuvre d’art, une variation fantaisiste et contemporaine sur le mythe de Faust et une autofiction, Ma Vie avec Mozart, une correspondance intime et originale avec le compositeur de Vienne. S'en suivent deux recueils de nouvelles : Odette Toulemonde et autres histoires, 8 destins de femmes à la recherche du bonheur,  inspiré par son premier film, et la rêveuse d'Ostende, un bel hommage au pouvoir de l'imagination. Dans Ulysse from Bagdad, son dernier roman, il livre une épopée picaresque de notre temps et interroge la condition humaine. Encouragé par le succès international remporté par son premier film Odette Toulemonde, il adapte et réalise Oscar et la dame rose. 

Mon avis : (lu en mai 2012)
A douze ans, Moïse dit Momo est livré à lui-même. Son père qui l’élève n’est pas très présent. Momo habite la rue Bleue.
Monsieur Ibrahim est l'Arabe de la rue Bleue. Il est musulman et est originaire de Turquie,  « Arabe, ça veut dire ouvert la nuit et le dimanche, dans l’épicerie. » Toujours souriant, il devient comme  un père pour Momo. C’est la rencontre d’un enfant et d’un adulte, d’un juif avec un musulman. Ce livre qui se lit d’une traite est une leçon de tolérance, de sagesse. C’est à la fois grave et plein d’humour, léger et profond.
Cette belle histoire m’a également fait penser à « La vie devant soi » de Romain Gary.

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Le roman a été adapté en 2003 pour le cinéma par le réalisateur François Dupeyron avec Omar Sharif, Pierre Boulanger, Jérémy Sitbon, Éric Caravaca, Gilbert Melki, Isabelle Renauld, Lola Naymark, Anne Suarez, Mata Gabin, Céline Samie, Isabelle Adjani.
Omar Sharif a reçu le César du meilleur acteur en 2004 pour le rôle de monsieur Ibrahim.

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Depuis le 12 avril et jusqu’au 1er juillet 2012, la pièce Mr Ibrahim et les fleurs du Coran est à l’affiche du Théâtre Rive Gauche, interprété par Francis Lalanne.
Éric-Emmanuel Schmitt en personne le remplacera pour 9 dates exceptionnelles les 27 avril, 10, 11, 12 et 31 mai et 1, 2, 8 et 9 juin.


Extrait : (début du livre)

À onze ans, j’ai cassé mon cochon et je suis allé voir les putes.
Mon cochon, c’était une tirelire en porcelaine vernie, couleur de vomi, avec une fente qui permettait à la pièce d’entrer mais pas de sortir. Mon père l’avait choisie, cette tirelire à sens unique, parce qu’elle correspondait à sa conception de la vie : l’argent est fait pour être gardé, pas dépensé.
Il y avait deux cents francs dans les entrailles du cochon. Quatre mois de travail.
Un matin, avant de partir au lycée, mon père m’avait dit :
— Moïse, je ne comprends pas… Il manque de l’argent… désormais, tu inscriras sur le cahier de la cuisine tout ce que tu dépenses lorsque tu fais les courses.
Donc, ce n’était pas suffisant de me faire engueuler au lycée comme à la maison, de laver, d’étudier, de cuisiner, de porter les commissions, pas suffisant de vivre seul dans un grand appartement noir, vide et sans amour, d’être l’esclave plutôt que le fils d’un avocat sans affaires et sans femme, il fallait aussi que je passe pour un voleur !
Puisque j’étais déjà soupçonné de voler, autant le faire.
Il y avait donc deux cents francs dans les entrailles du cochon. Deux cents francs, c’était le prix d’une fille, rue de Paradis.
C’était le prix de l’âge d’homme.
Les premières, elles m’ont demandé ma carte d’identité. Malgré ma voix, malgré mon poids – j’étais gros comme un sac de sucreries –, elles doutaient des seize ans que j’annonçais, elles avaient dû me voir passer et grandir, toutes ces dernières années, accroché à mon filet de légumes.
Au bout de la rue, sous le porche, il y avait une nouvelle. Elle était ronde, belle comme un dessin. Je lui ai montré mon argent. Elle a souri.
— Tu as seize ans, toi ?
— Ben ouais, depuis ce matin.
On est montés. J’y croyais à peine, elle avait vingt-deux ans, c’était une vieille et elle était toute pour moi. Elle m’a expliqué comment on se lavait, puis comment on devait faire l’amour…
Évidemment, je savais déjà mais je la laissais dire, pour qu’elle se sente plus à l’aise, et puis j’aimais bien sa voix, un peu boudeuse, un peu chagrinée. Tout le long, j’ai failli m’évanouir. À la fin, elle m’a caressé les cheveux, gentiment, et elle a dit :
— Il faudra revenir, et me faire un petit cadeau.
Ça a presque gâché ma joie : j’avais oublié le petit cadeau. Ça y est, j’étais un homme, j’avais été baptisé entre les cuisses d’une femme, je tenais à peine sur mes pieds tant mes jambes tremblaient encore et les ennuis commençaient : j’avais oublié le fameux petit cadeau.
Je suis rentré en courant à l’appartement, je me suis rué dans ma chambre, j’ai regardé autour de moi ce que je pouvais offrir de plus précieux, puis j’ai recouru dare-dare rue de Paradis. La fille était toujours sous le porche. Je lui ai donné mon ours en peluche.
C’est à peu près au même moment que j’ai connu monsieur Ibrahim.

Monsieur Ibrahim avait toujours été vieux. Unanimement, de mémoire de rue Bleue et de rue du Faubourg-Poissonnière, on avait toujours vu monsieur Ibrahim dans son épicerie, de huit heures du matin au milieu de la nuit, arc-bouté entre sa caisse et les produits d’entretien, une jambe dans l’allée, l’autre sous les boîtes d’allumettes, une blouse grise sur une chemise blanche, des dents en ivoire sous une moustache sèche, et des yeux en pistache, verts et marron, plus clairs que sa peau brune tachée par la sagesse.

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Déjà lu du même auteur :

oscar_et_la_dame_rose Oscar et la dame rose odette_toulemonde Odette Toulemonde et autres histoires

la_reveuse_d_ostende La rêveuse d'Ostende ulysse_from_Bagdad Ulysse from Bagdad

le_sumo_qui_ne_voulait_pas_grossir Le sumo qui ne pouvait pas grossir l_enfant_de_no__p L'enfant de Noé

quand_je_pense_que_Beethoven Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... 

 

Challenge Eric Emmanuel Schmitt
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Challenge Paris
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 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Végétal"

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14 mai 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [77]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane 

Billets publiés la semaine dernière ?

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L'écrivain de la famille - Grégoire Delacourt  
Harjunpäa et l’homme-oiseau – Matti Yrjänä Joensuu (Finlande)
Les revenants – Laura Kasischke (LC avec Enna et Mrs B)
L'année où tout a changé - Jill Hucklesby (Grande-Bretagne) 
Quand vous lirez ce livre... - Sally Nicholls (Grande-Bretagne) 

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

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Le tapis du salon - Annie Saumont
L'été de l'ours - Bella Pollen (billet à venir)

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Nouvelles à ne pas y croire - Fabien Maréchal

Que lirai-je cette semaine ?

Au lieu-dit Noir-Étang... - Thomas H. Cook
Chroniques de l'asphalte (1/5) - Samuel Benchetrit
Il faut qu'on parle de Kevin - Lionel Shriver

Bonne semaine et bonne lecture.

13 mai 2012

Quand vous lirez ce livre... - Sally Nicholls

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Fleuve Noir - octobre 2008 – 272 pages

Pocket jeunesse - - octobre 2008 – 272 pages

Pocket – août 2010 – 242 pages

traduit de l'anglais par Xavier d'Almeida

Titre original : Ways to live forever, 2008

Quatrième de couverture :
Sam aime les dirigeables, les loups et le jeu Warhammer. Il veut être scientifique quand il sera grand. Sain est un garçon de 11 ans comme les autres. Ou presque. Car Sam a une leucémie. Alors pour savourer chaque moment de son existence, il décide d'écrire un livre. Un journal intime dans lequel il raconte son quotidien et dresse la liste des huit choses qu'il veut faire. Huit rêves à réaliser absolument avant que la maladie ne gagne la partie. Huit souhaits extravagants qui retiennent le jeune garçon sur le chemin de la vie...

Auteur : Sally Nicholls est née à Stockton, en Angleterre. Après une licence de lettre et philosophie, elle obtient une maîtrise en littérature jeunesse à l'université de Bath, où elle remporte le prix de l'écrivain le plus prometteur. Sally a 23 ans.

Mon avis : (lu en mai 2012)
Sam a 11 ans, il est atteint d'une leucémie et se bat contre sa maladie. Un jour, sa professeur lui propose ainsi qu'à son ami Félix d'écrire un livre sur lui, sur sa vie. Sam se prend au jeu et décide d'écrire son journal. Il y note des questions, des listes et des histoires vraies... C'est son histoire.

Parmi ces listes, Sam fait celle de 8 choses à faire avant de mourir : 

« 1 – Devenir un scientifique célèbre
2 – Battre un record du monde. Pas un record sportif, bien sûr, un record inutile et un peu idiot.
3 – Regarder tous les films d'horreur que je n'ai pas droit de voir. Ceux interdits aux moins de 16 ans, et même ceux interdits aux moins de 18 ans.
4 – Monter et descendre les escalators à l'envers.
5 – Voir un fantôme.
6 – Etre adolescent et faire ce que font tous les adolescents comme boire des bières, fumer et avoir une copine.
7 – Conduire un dirigeable
8 – Monter dans une navette spatiale et regarder la Terre depuis l'espace. »

Avec l'aide de son ami Félix, de sa professeur, puis de ses proches, Sam va tenter de réaliser quelques uns de ses vœux.
Une très belle histoire touchante sur l'amitié, la maladie, la mort. Le sujet est délicat mais il est abordé avec beaucoup de justesse, de sensibilité et même de l'humour.
Sam est un petit garçon merveilleux, extrêmement touchant et courageux. L'émotion est présente à chaque page et j'avoue avoir versé souvent des larmes...

Un Grand Merci à Hérisson08 qui m'a offert ce livre lors du Swap Encre noire sur page blanche organisé par Valérie 

Extrait : (début du livre)
Je m'appelle Sam.
J'ai 11 ans.
Je collectionne les histoires et les objets incroyables.
J'ai une leucémie.
Quand vous lirez ce livre, je ne serai peut-être plus là.

Le 7 Janvier
Un livre sur nous

Aujourd'hui, c'était notre premier jour d'école depuis les vacances de Noël. On n'a classe que trois jours par semaine : le lundi, le mercredi et le vendredi, dans le salon. Et nous sommes seulement deux élèves : Félix et moi. Félix ne voit pas pourquoi il devrait apprendre quoi que ce soit.
La première fois qu'il est arrivé chez moi, il a demandé : «À quoi ça sert d'être malade si on doit quand même apprendre les maths ?» Mademoiselle Willis, notre professeur, n'a rien dit. Si Félix ne veut pas travailler, elle n'en fait pas toute une histoire. Elle le laisse tranquille, affalé sur sa chaise à critiquer ce que je suis en train de faire :
«C'est pas comme ça qu'on écrit "ammonium" ! J'ai jamais vu "ammonium" écrit comme ça dans mon école ! »
« Il y a bien une planète qui s'appelle Hercule, n'est-ce pas, Mademoiselle Willis ? »
« Mais pourquoi est-ce que tu fais ça, Sam ? »
De toute façon, si Félix vient à l'école, c'est seulement pour me voir et pour laisser souffler sa mère.
Ces derniers temps, Mademoiselle Willis a cherché un truc pour l'intéresser. Vous voyez le genre : elle nous fait construire des volcans qui ont de vraies éruptions, elle nous apprend à cuisiner comme les Romains ou à faire du feu avec une loupe. Il n'y a que Maman qui n'a pas trop aimé ce dernier TP parce qu'on avait accidentellement fait un trou de brûlure dans la table du salon. Enfin... c'était un accident un peu volontaire...
Pourtant, aujourd'hui, Mademoiselle Willis nous a seulement proposé : « Et si on écrivait un peu ? » Alors on a tous les deux râlé, parce qu'on espérait avoir au moins droit à du feu ou mieux, à une nouvelle explosion. Mais elle a insisté : « Allons, un petit effort. J'ai pensé que vous pourriez écrire quelques choses sur vous. Je sais que vous aimez lire tous les deux. »
Félix a levé les yeux. Il était en train de jouer avec deux de mes figurines d'orcs du jeu Warhammer. Il les faisait combattre l'une contre l'autre en grognant « Grrrrah. »
Et il a répondu : « C'est qu'il n'y a rien d'autre à faire à l'hôpital. »
Félix et moi, on est des experts de l'hôpital. C'est là qu'on s'est rencontrés l'année dernière.  

 Challenge Objectif PAL Swap
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8/25

Challenge Voisins, voisines
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Grande-Bretagne

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Objet"

Challenge le nez dans les livres
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La reine des lectrices 8/6

Challenge God Save The Livre
 Challenge_anglais

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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12 mai 2012

Le tapis du salon – Annie Saumont

le_tapis_du_salon Julliard – février 2012 – 190 pages

Quatrième de couverture :
Une promesse de jeunesse non tenue, un coucher de soleil, la mort d'un poisson rouge, l'envoi d'une lettre anonyme ou une simple tache sur un tapis, tout est prétexte à Annie Saumont pour creuser les failles d'une humanité à la dérive. En orfèvre de l'écriture, elle scrute notre quotidien, s'attache aux situations qui dérapent, aux manifestations de trouble, jusque dans le langage, miroir de tous les dérèglements affectifs et sociaux. Chacune de ses nouvelles ajoute  un détail au tableau qu’elle compose depuis ses premiers écrits, peinture de société sombre, implacable et poignante. Du très grand art ! 

Auteur : Annie Saumont a d'abord été traductrice de littérature anglo-saxonne, notamment de J. D. Salinger. Puis elle s'est consacrée à l'écriture de nouvelles, art dans lequel elle a acquis un exceptionnel savoir-faire en même temps qu'une grande notoriété. Désignée comme la sœur française de Raymond Carver, elle est unanimement saluée par la critique. Son œuvre, étudiée dans les universités américaines, est traduite dans le monde entier.

Mon avis : (lu en mai 2012)
J'avais vu cette auteur et son livre à La Grande Librairie, et même je ne suis pas une grande fan de nouvelles comme le livre était sur le présentoir des nouveautés, je me suis laissée tenter.
Le livre est composé de 18 nouvelles d'une dizaine de pages chacune qui se lisent assez facilement.
L'auteur part d'un fait divers ou d'une anecdote, elle y rajoute un ou plusieurs personnages souvent anonyme ou silencieux et il se passe alors un événement inattendu.
J'ai aimé quelques unes des nouvelles, d'autres moins, pour une ou deux je n'ai pas compris la chute... Vu l'enthousiasme de François Busnel à la télévision, j'ai été globalement un peu déçu par ces nouvelles. Sinon, c'est très bien écrit, toujours sombre et parfois un peu surréaliste...  

Extrait : (début du livre)
Le scarabée est dans le verre. Un gobelet à whisky. Vide. Le scarabée tente de grimper le long du verre. Puis retombe.
L'homme qui l'observe - on devrait dire l'homme qui le voit, ne semble pas le regarder mais simplement comme malgré lui enregistrer une image imposée à sa rétine - l'homme demeure un moment immobile. Le scarabée est sur le dos agitant les pattes.
L'homme d'un geste bref, peut-être machinal, introduit un doigt dans le verre, retourne l'insecte qui après un instant d'hésitation recommence ses efforts d'escalade.

Le téléphone sonne. L'homme laisse sonner. La sonnerie s'arrête puis reprend. Cette fois il décroche l'appareil, le haut-parleur est branché. Allô, c'est moi, dit la voix. Je t'ai déjà signalé, remarque l'homme, que t'annoncer par un C'est moi n'a pas de sens. Dans cette foutue ville cinq cent mille mecs pourraient dire, C'est moi. On n'en saurait pas plus.

Un soupir. Et puis, Tu n'as pas reconnu ton vieux Charley ?
Évite de prononcer ton nom, utilise le mot de passe. Un rire dans le haut-parleur.
Accompagné d'un sifflement aigu. Et la voix, Si ça te plaît de jouer les agents secrets -
L'homme tapote, agacé, le bois de la console, Écoute, dans la situation où je me trouve -
Mais voyons, dit Charley (le haut-parleur grésille), où est le drame ? La petite est tranquille.
Elle va jouer cinq minutes, dit l'homme, et puis se mettre à bavasser. Pourquoi ci et pourquoi ça. On n'a pas de temps à perdre. T'as l'accord de ta meuf ?
Le haut-parleur ronfle, Elle a gueulé sévère. Elle n'est pas restée sans enfant pour s'embarrasser d'une chieuse.
C'est seulement deux ou trois jours. Au plus une semaine. Secoue-toi bon Dieu, braille l'homme, la gosse m'encombre. Il pose violemment le téléphone sur son socle.
Et la fillette, Comment tu t'appelles ?
Disons Jevo.

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  Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Objet"

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11 mai 2012

L'année où tout a changé - Jill Hucklesby

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traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Maïca Sanconie

Titre original : Deeper than blue, 2007

Quatrième de couverture :
A 13 ans, Amy est championne de natation. Quand elle ne s'entraîne pas, elle adore danser sur son lit en chantant, une brosse à cheveux en guise de micro. Selon elle, un smoothie à la fraise est ce qui se rapproche le plus du paradis. Surtout quand elle le partage avec sa meilleure amie, Sophie. Mais un samedi matin, alors qu'Amy fait du shopping, sa vie bascule en une seconde. Dès lors, elle devra se battre pour tout réapprendre nager, rire, et même aimer...
Un roman coup de poing, entre rire et larmes, légèreté et gravité.  

Auteur : Jill Hucklesby est auteure pour la jeunesse. Son premier roman L'année où tout a changé (Deeper than blue) a remporté le 1066 Schools Book Award en 2008 et figurait sur la liste d'honneur du Cumbrian Spellbinding Award et le Bolton Children's Book Award.

Mon avis : (lu en mai 2012)
Amy est une adolescente avec une vie idéale. Elle a comme grande passion la natation. Sa vie tourne autour des entraînements, des médailles... Sa famille la soutient. Voilà qu'un samedi la piscine est fermée, et Amy pouvoir faire du shopping avec sa meilleure amie, Sophie. Et c’est le drame. Les deux amies sont victimes d'un chauffard qui les renverse sur un passage piétons. Sophie meurt, Amy a la jambe droite amputée. Elle, dont l'avenir de championne de natation était tout tracé voit sa vie détruite ! Elle se retrouve à l'hôpital et fait la connaissance d'Harry un jeune garçon malade mais qui refuse de se plaindre, son caractère, son humour va aider Amy a faire face, à reprendre goût à la vie, à prendre en main sa nouvelle vie.

Cette histoire touchante et poignante traite de l'handicap avec beaucoup de justesse, de sobriété et de sensibilité. Le lecteur assiste aux différentes étapes de la convalescence d'Amy, elle nous livre ses états d'âme, sa colère, sa peur, son découragement. On voit également évoluer d'autres personnages comme ses parents, sa grande sœur, la famille de Sophie, le personnel hospitalier...
Un roman bouleversant mais plein d'espoir.

Extrait :(début du livre)
Je suis debout devant le plot de départ, dans la piscine de mon quartier, à Nottingham. La tête entre mes bras pointés en avant, en position de torpille et tous les muscles tendus, j'attends le coup de sifflet.
Pour cette compétition – le deux cents mètres nage libre des filles de moins de quatorze ans -, je me suis entraînée chaque jour depuis trois mois. C'est Mel James, la concurrente à ma droite, qui détient le dernier record. Elle est stupéfiante. J'ai regardé une vidéo qui la montrait en train de nager, et j'ai analysé ses mouvements de bras à l'affût de ses points faibles.
Mon entraîneur, Danny Dodgy (un surnom qui lui vient de sa Dodge, une vieille voiture de sport déglinguée), dit que c'est dans les virages que je peux gagner la fraction de seconde cruciale, celle qui fera la différence entre la première place et la deuxième.
Mon cœur cogne dans ma poitrine. La foule est silencieuse, comme si elle retenait sa respiration. Les deux prochaines minutes vont déterminer si je représenterai le comté au championnat national du Crystal Palace de Londres, cette année. Papa est assis dans la tribune, probablement occupé à se gratter l'oreille (il fait toujours ça quand il est inquiet).
Maman est immobile – une vraie statue – et se mord la lèvre inférieure. Même Caz, ma grande sœur, est là quelque part, avec Dennis-le-Chien, ma peluche porte-bonheur (sauf que, telle que je la connais, elle téléphone sûrement à un garçon sur son portable).
Je respire trop vite. Il est temps que je me fasse un petit récapitulatif... Inspire par le nez, Amy ; remplis lentement tes poumons. Reste concentrée. Ne relâche pas ton attention. Je vois mon reflet dans l'eau. J'ai l'air d'un insecte, avec mon corps maigre dans son maillot bigarré, et ma tête noire et luisante. 

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Challenge Voisins, voisines
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Grande-Bretagne

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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 Challenge 7% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
44/49 

Challenge God Save The Livre
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10 mai 2012

Les revenants – Laura Kasischke

Lecture Commune 
lecture_commune 
avec Enna et Mrs B

les_revenants Christian Bourgeois éditions – septembre 2011 – 587 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Chédaille

Titre original : The Raising, 2011

Quatrième couverture :
« Les Revenants est une perle rare: un roman littéraire servi par une prose splendide, aussi efficace que les grandes fresques que l'on dévore d'une traite, un défilé de créatures et de situations angoissantes. C'est comme si Les raisins de la colère avaient été réécrits par H.P. Lovecraft. » Chicago Tribune

« L'écriture de Kasischke agit comme celle d'un bon poème : elle nous laisse entrevoir la possibilité d'un autre monde et nous y transporte... Ses mots nous projettent sur une autre facette de l'existence, tout en reflets. » New York Times Book Review

« La menace plane sur chacune de ses histoires, sans que l'issue soit jamais celle que l'on pressentait. À coups de symboles discrets, de descriptions à l'acuité troublante, Laura Kasischke épand du rouge sang sur la blancheur immaculée des apparences, et la tension monte, sans que l'on puisse jamais la conjurer. » Sabine Audrerie, La Croix

Auteur : Laura Kasischke a étudié à l'Université du Michigan, elle a gagné de nombreux prix littéraires pour ses ouvrages de poésie ainsi que le Hopwood Awards ; elle a également reçu la Bourse MacDowell.
Ses romans La Vie devant ses yeux et A suspicious river ont été adaptés au cinéma. 
Elle vit dans le Michigan, et enseigne l'art du roman au collège de Ann Arbor.  

Mon avis : (lu en avril 2012)
J'ai reçu ce livre offert par Sophie lors du Swap Yello(w)range exotic organisé par  Valérie et celle-ci ayant offert ce même livre à Enna lors de l'inoubliable Swap Eros & Thanatos organisé par Canel... Une lecture commune s'imposait !
Cette histoire se déroule sur le campus universitaire de Godwin Honors Hall dans le Michigan. Nicole Werner, une étudiante, est morte dans un accident de voiture alors que son petit ami Craig était au volant.
Un an après ce drame, Craig revient à l’Université, il est tenu responsable de cet accident mais faute de preuves, il n’a pas été condamné. Malgré cela, Craig est toujours perturbé et fragile, il n’arrive plus à se souvenir du moment du drame et par moment il a l’impression de voir le fantôme de Nicole.
Dès le début du livre, le lecteur découvre de nombreux personnages dont les portraits que nous présente Laura Kasischke vont évoluer durant le l’histoire, ils sont tous plus ou moins liés et nous le découvrirons peu à peu au fil des pages. Il y a Perry, un garçon sympathique, le camarade de chambre de Craig, venant du même lycée que Nicole. Shelly qui travaille au département musique de l'université. Elle est la première arrivée sur l'accident de voiture, elle a appelé les secours mais son témoignage ne correspond pas à la version officielle rapportée dans la presse. Mira est une jeune professeure d'anthropologie dont la spécialité est la mort. Josie était la camarade de chambre de Nicole, en plus de ses cours, elle travaille quelques heures pour Shelly.
L'originalité de ce livre est dans sa construction, ce sont de courts chapitres qui ne suivent pas un ordre chronologique, l'auteure passe d'un personnage à l'autre avant ou après le drame, l'intrigue se construit donc à la manière d'un puzzle. Laura Kasischke « ballade » le lecteur, les personnages cachent leur vraie nature, de nombreuses pistes s'offrent à nous... Nous découvrons l'univers spécial des communautés universitaires américaines, des bizutages...
On imagine assez facilement une adaptation cinématographique de ce livre.
J’ai lu ce livre en deux jours de vacances et j’avais vraiment du mal à le lâcher. J'ai vraiment été conquise par ce livre et cette auteure que je ne connaissais pas et dont je compte découvrir d'autres livres.

Un grand Merci à Sophie qui m'a offert ce livre lors du Swap Yello(w)range exotic organisé par Valérie

Allons voir maintenant les avis d'Enna et Mrs B.

Extrait : Prologue
La scène de l'accident était exempte de sang et empreinte d'une grande beauté.
Telle fut la première pensée qui vint à l'esprit de Shelly au moment où elle arrêtait sa voiture.
Une grande beauté.
La pleine lune était accrochée dans la ramure humide et nue d'un frêne. L'astre déversait ses rayons sur la fille, dont les cheveux blonds étaient déployés en éventail autour du visage. Elle gisait sur le côté, jambes jointes, genoux fléchis. On eût dit qu'elle avait sauté, peut-être de cet arbre en surplomb ou bien du haut du ciel, pour se poser au sol avec une grâce inconcevable. Sa robe noire était étendue autour d'elle comme une ombre. Le garçon, qui s'était extrait du véhicule accidenté, franchit un fossé rempli d'eau noire pour venir s'agenouiller à côté d'elle.
Il parut sur le point de la prendre dans ses bras. Il lui parlait, il dégageait les cheveux qui lui barraient les yeux, il la regardait. Selon Shelly, il n'avait pas l'air affolé. Il semblait stupéfait et transi d'amour. Il venait de glisser les bras sous elle, pour la serrer contre lui ou la soulever de terre, quand Shelly se ressaisit et actionna le klaxon de sa voiture. Deux fois. Trois fois. Trop loin pour l'entendre même si elle avait crié à tue-tête, il entendit cependant les coups d'avertisseur et releva la tête. Surpris. Désorienté. Comme s'il pensait que la fille et lui étaient les deux dernières créatures sur terre.
Bien qu'il fût fort éloigné de Shelly et séparé d'elle par le fossé rempli d'eau de pluie, il paraissait attendre qu'elle lui dît ce qu'il convenait de faire. Elle y parvint, comme s'ils pouvaient communiquer sans avoir à s'embarrasser de parler. Comme s'ils pouvaient lire dans leurs pensées respectives.
Par la suite, elle repenserait à cela. Peut-être ne lui avait-elle pas parlé du tout, ou bien peut-être avait-elle crié sans s'en rendre compte. Quoi qu'il en soit, elle parvint à lui signifier, posément, afin d'être bien comprise : « Si elle est blessée, il ne faut pas la déplacer. Il faut attendre les secours. »
C'était vraiment la seule chose qu'elle connaissait concernant accidents et blessures. Elle avait été mariée quelques années à un médecin. Ce détail lui était resté en mémoire.
« Les secours ? » interrogea le garçon. Dans le souvenir de Shelly, sa voix était parfaitement audible, toute proche. Comment cela aurait-il été possible ?
« Je les ai appelés, dit-elle. Avec mon portable. Dès que j'ai vu ce qui est arrivé. »
Il eut un hochement de tête. Il avait compris.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il. C'était qui ? Cette voiture tous phares éteints ? Pourquoi est-ce que...
- Je ne sais pas. Vous avez quitté la route.
- À l'aide », dit-il alors - un simple énoncé plutôt qu'une plainte, mais avec un accent à déchirer le cœur. Un nuage passa devant la lune, de sorte que Shelly ne le vit plus.
« Hé ! » appela-t-elle, mais il ne répondit pas.
Elle coupa le moteur, ouvrit sa portière. Ayant ôté ses chaussures, elle s'engagea prudemment dans le fossé.
« J'arrive, lança-t-elle. Restez là où vous êtes. Ne bougez pas votre amie. Ne bougez pas. »
L'eau était d'une tiédeur surprenante. La boue était molle sous la plante de ses pieds. Elle ne glissa qu'une fois, en remontant sur la rive opposée - et ce dut être à cet instant qu'elle se coupa la main sur un morceau de chrome arraché à la voiture accidentée, retournée à trois mètres de là sur la chaussée, ou bien sur un éclat de verre du pare-brise. Elle ne sentit rien sur le moment. Ce n'est qu'après que les deux ambulances furent reparties, sirènes et gyrophares en marche, qu'elle remarqua du sang sur ses mains et comprit que c'était le sien.
Quand elle parvint en haut du talus et arriva auprès des deux jeunes gens, le nuage était passé et elle put les distinguer de nouveau clairement.
Le garçon était maintenant allongé à côté de la fille, un bras passé autour de sa taille, la tête reposant sur la blonde chevelure, et le clair de lune les avait changés en statues.
Deux marbres. Parfaits. Lavés par la pluie. Classiques.
Shelly resta quelques instants à les contempler, ainsi étendus à ses pieds. Elle avait le sentiment d'être tombée par hasard sur quelque chose de très secret, sur elle ne savait quel symbole onirique, un arcane du subconscient subitement révélé, quelque rite sacré nullement destiné à des yeux humains, mais auquel elle eût été mystérieusement conviée.

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 Challenge 7% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
43/49 

 Challenge Objectif PAL Swap
logo_challenge_obj_pal_swap
7/25

50__tats
22/50 : Michigan

 star_4

9 mai 2012

Concours Stop Talking And Read (4ème édition) : c'est fini !

Bilan de ma première participation au 
Concours Stop Talking And Read (4ème édition),
organisé par Liyah

star_4

Total  : 6816 pages 

l_homme_qui_souriait_p 5507 aral juste_avant deux_jours___tuer jours_sans_faim ocean_noir_folio le_prince_de_la_brume_ le_chien_des_baskerville_ldpj_2002 si_je_reste_p haka_p  Bon_r_tablissement la_fille_tomb_e_du_ciel D_autres_vies_que_la_mienne_folio banquises les_revenants  le_petit_bonzi mon_doudou_divin confidences___Allah_jl l__crivain_de_la_famille le_vieil_homme_et_la_mer_folioj_1999 quand_vous_lirez_ce_livre_p  5518 l_ann_e_o__tout_a_chang_ mr_ibrahim_ldp_2012 le_tapis_du_salon

24 livres + 2 en partie

Très belle expérience qui m'a permis de bien faire diminuer ma PAL !


Pour voir les résultats de tous les participants

9 mai 2012

Harjunpäa et l’homme-oiseau – Matti Yrjänä Joensuu

harjunpaa 5518

Gallimard – novembre 2000 – 430 pages

Folio – septembre 2003 – 431 pages

Titre original : Harjunpäa ja rakkauden nälkä, 1993

Quatrième de couverture : 
Comme son surnom le laisse entendre, Titi se prend pour un oiseau. Il vole au-dessus des serrures et des toits, jusque dans la chambre d'inconnues qu'il caresse dans leur sommeil... Harjunpää, lui, est un flic fatigué, lourd comme le crime et la misère qui lui fournissent chaque jour leur lot de cadavres et de pleurs... La folie n'est pas loin. La Finlande et sa police sont bien au-delà de l'idée que l'on pourrait s'en faire... Sous les frimas aussi, l'ambivalence humaine draine son lot d'amour, de corruptions et de plaies... Titi, de simple volatile, pourrait devenir aigle... Harjunpää, à force d'amertume, risque de sortir les crocs. Surtout s'il joue sa place…

Auteur : Né en 1948, Matti Yrjänä Joensuu occupe depuis 1986 le poste d'inspecteur divisionnaire au sein de la brigade criminelle d'Helsinki. Il s'est également fait connaître en écrivant des romans policiers dont le héros, l'inspecteur Harjunpää, s'est imposé par son spleen désabusé pétri d'humanité.

Mon avis : (lu en mai 2012)
C'est en recherchant un livre d'un auteur finlandais que je suis tombée sur « Harjunpäa et l’homme-oiseau » de Matti Yrjänä Joensuu. Un auteur dont je n'avais jamais entendu parler, c'est un inspecteur de police à Helsinki, c'est pour cela que les descriptions du commissariat et des états d'âme de l'inspecteur Harjunpää sont parfaitement précises et crédibles.
Le lecteur suit en parallèle les vies d'un délinquant à la personnalité très étrange et de l'inspecteur Timo Harjunpää qui est las, fatigué, mais toujours rempli d'humanité. Il subit aussi bien sa vie privée que sa vie professionnelle. Il fait au mieux pour exercer son métier malgré une hiérarchie inefficace et peut-être corrompue, il doit faire face à des cadavres, des braquages mais aussi aux dysfonctionnements de la police finlandaise. Il est tellement pris par son travail qu'il délaisse un peu trop sa famille, femme, enfants, parents.
L’homme-oiseau c’est Asko Leinonen, ou Titi son double nocturne. Le jour Asko est cordonnier dans une galerie marchande d’Helsinki. La nuit Titi suit les couples où les femmes sont belles et jeunes jusque dans leur chambre. Il les observe et parfois il caresse la femme. Souvent, il revient voir les femmes quand elles sont seules et endormies. Asko fait également partie d'une famille de truands, tous pensent que leur petit frère est un demeuré, malgré cela ils lui reconnaissent un don, quand il est Titi, il sait rentrer n’importe où sans laisser de traces et sans se faire voir.

Le récit est assez classique, l'action se déroule lentement, il n'y aucun rebondissement tout est dans l'atmosphère et la conclusion du livre un peu surprenante. Dans cette histoire assez sombre j'ai découvert deux personnages très attachants. Une découverte plutôt réussite.

Extrait : (début du livre)
Un son très doux provenait de la nuit, ou bien une senteur à peine perceptible flottait dans l’obscurité. Quelque chose d’apaisant, semblable à l’odeur qui se dégage des barques et du bois des pontons humides. Même si Titi ne pouvait pas préciser la sensation, il percevait son effet. C’était comme si l’on déverrouillait quelque chose en lui ou si l’on ouvrait une trappe cadenassée au fond de sa conscience. Et il réalisa en un éclair que la faim était toujours là.
Elle bouillonnait à l’intérieur de son corps. Dans son bas-ventre, dans ses mollets. Mais elle se lovait surtout dans sa poitrine, s’y étendait tel un être vivant – un chat, ou alors un oiseau, un de ces oiseaux aux reflets d’argent qui déploient leurs ailes sur les écussons. Elle le faisait palpiter. C’était presque mieux que ce qu’il ressentait chez la Boucanée ou ce qu’avaient éveillé en lui les guêpières de la Biche, ou encore la Rouquine de la rue du Temple avec ses bas en Nylon noir et son petit abricot rasé aussi luisant que de la porcelaine. Malgré tout, Titi ne bougea pas d’un pouce. Il demeura impassible et s’efforça de son mieux de ne pas penser à la chose.
Titi savait ce qu’il faisait – il ne fallait pas penser à la faim. C’était interdit. Un peu comme le rire. Et ça n’avait pas été interdit par n’importe quel lampiste, mais par Dieu lui-même. Il était d’ailleurs plus sage de ne pas chercher à savoir pourquoi.
Et si malgré tout il pensait à la faim, cela équivalait à ouvrir la porte à l’horreur. Les terreurs d’enfance étaient de retour : les dents des mangeurs de quéquette grinçaient dans le noir, il était tout à coup persuadé que le cancer rongeait ses os, certain d’avoir attrapé le sida parce qu’il n’avait pas eu le temps  de traverser la rue pendant que le feu était vert ; ou alors il lui venait à l’esprit que Reino ou Douce Mère allaient mourir, qu’il allait les tuer d’une manière ou une autre, malgré lui. Pire que l’enfer. C’était la punition quand il pensait à la faim. Car la faim devait être punie, et lui aussi. Et quand la punition explosait dans son cerveau, adieu la faim ! La femme la plus splendide du monde aurait pu trotter devant lui, ivre morte, la houppe et les seins offerts, il aurait été inutile d’envisager quoi que ce soit. 

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Challenge Voisins, voisines
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Finlande

 Défi Scandinavie noire 2012
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Finlande

 Challenge Viking Lit' 
Viking_Lit

Challenge Littératures Nordiques
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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Animaux"

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8 mai 2012

L'écrivain de la famille – Grégoire Delacourt

l__crivain_de_la_famille JC Lattès – janvier 2011 – 265 pages

Quatrième de couverture :
Je venais d'avoir le bac de justesse. Ma soeur avait quatorze ans, elle écoutait Sheila chanter Hôtel de la plage avec les B. Devotion, allongée sur son lit. Il y avait des posters de Richard Gere et de Thierry Lhermitte sur les murs. Elle croyait au prince charmant. Elle avait peur de coucher avec un garçon, à moins qu'il ne fût le prince. Elle m'avait demandé si ça avait été bien ma première fois et j'avais répondu, d'une voix douce, oui, oui, je crois que c'était bien, et elle avait eu envie qu'on dise ça d'elle un jour, juste ça, oui, oui, c'était bien.
Et puis notre frère était entré dans la chambre, il nous avait couverts de ses ailes et nos enfances avaient disparu.

À sept ans, Edouard écrit son premier poème. Trois rimes pauvres qui vont le porter aux nues et faire de lui l'écrivain de la famille. Mais le destin que les autres vous choisissent n'est jamais tout à fait le bon...
Avec grâce et délicatesse, Grégoire Delacourt nous conte une histoire simple, familiale, drôle et bouleversante. 

Auteur : Né en 1960 à Valencienne, Grégoire Delacourt est publicitaire et signe avec L’Écrivain de la famille son premier roman.

 

Mon avis : (lu en mai 2012)
Parce qu'à l'âge de sept ans, Édouard a écrit un petit poème, il devient pour les siens « L'écrivain de la famille ». Quelle responsabilité pour un si jeune garçon… D’autant plus que jamais plus il ne n’arrivera à rééditer cet « exploit », les mots le fuient et avec le temps, il assiste sans pouvoir rien faire à l’éclatement de sa famille. Est-ce parce qu’il n’a jamais pu écrire le livre que l’on attendait de lui ?
Édouard est très touchant, il vit très mal les échecs qui l’entourent, la fin de l’unité de sa famille, l’échec de sa vie amoureuse, l’échec de sa vocation d’écrivain… Et pourtant, il ne baissera pas les bras et plein d’amour pour les siens il finira par écrire leur histoire avec beaucoup de drôlerie mais aussi de poésie et de sensibilité.
Grégoire Delacourt a une très belle écriture, il nous décrit des personnages incroyables et touchants comme le père devenu sourd, le frère-oiseau, la sœur dont le cœur est devenu dur comme de la pierre… 
C’est également un joli voyage dans le temps car l’auteur évoque beaucoup de références des années 70, 80 et 90 : évènements, musique, écrivains, film, sans oublier la publicité…

Extrait : (début du livre)
A sept ans, j’écrivis des rimes.

Maman
T’es pas du Zan.
Papa
Tu fais des grands pas.
Mamie
T’es douce comme de la mie.
Papy
Tout le monde fait pipi.

A sept ans, je connus mon premier succès littéraire. La maman en question me serra dans ses bras. Le papa, la mamie et le papy applaudirent.
Les compliments fusèrent. Les verres trinquèrent. Des mots importants furent prononcés. Un don. Il le tient de son grand-père Pierre, celui qui a écrit cette si jolie lettre de Mauthausen, en 1941. Un poète. Un Rimbaud de sept ans.
Il y a eu une larme aussi, sur la joue de mon père ; lente et lourde. Du mercure.

Les regards changèrent. Les sourires s’allongèrent. En quatre rimes pauvres, j’étais devenu l’écrivain de la famille.
A huit ans, je n’eus plus rien à écrire.
La grâce des homonymes appris au CM1 me permit un temps de faire illusion. Je me revois dans la cuisine jaune pâle de notre maison de Valenciennes sortir de ma poche une feuille pliée dans laquelle mes parents émerveillés (qui rime avec pliée) attendaient la confirmation de la poésie du génie.

Je suis allé vers la chaire
J’ai trouvé quelqu’un de cher
Qui voulait manger ma chair

Ma sœur se mit à crier. Mon frère s’envola jusqu’au faîte du bahut. Ma mère bondit vers les escalopes qui brûlaient.
Mon père, lui ne bougea pas. Une lueur étrange irradiait ses yeux verts. Il hocha imperceptiblement la tête. Je sais aujourd’hui que mes mots s’y bousculaient.
Plus tard, alors que j’étais au lit, il me demanda si je connaissais celui-ci, extraordinaire, que seuls quelques hommes savent prononcer sans trébucher. Ce mot qui sépare le vulgum pecus du poète :
- Transsubstantiation.
Je restai coi.
- C’est le terme qui désigne la transformation d’une substance en une autre. La chair de ton poème, c’est l’amour de Dieu. Je le sais, à cause de chaire qui dit église et de cher qui dit amour. Comment as-tu trouvé ça ?
- Je ne sais pas papa, c’est venu tout seul.
Il posa un baiser sur mon front.
- Alors continue. Laisse les choses s’écrire.

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Déjà lu du même auteur : 

5505 La liste de mes envies


Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
d_fi_du_1er_roman

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Métier"

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