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A propos de livres...

22 octobre 2012

C'est Lundi que lisez-vous ? [97]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

la_reine_de_la_baltique 5600 la_vie_sans_fards

La Reine de la Baltique – Viveca Sten 
La nuit tombée – Antoine Choplin 
La vie sans fards - Maryse Condé (Grand Prix Elle)

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

La mer, le matin - Margaret Mazzantini
Discordance - Anna Jörgensdotter (partenariat Livraddict)

Que lirai-je cette semaine ?

Freezing - Clea Koff (Grand Prix Elle)
Les Lisières - Olivier Adam
La déesse des petites victoires - Yannick  Grannec (Grand Prix Elle)


Bonne semaine et bonne lecture. 

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20 octobre 2012

La vie sans fards - Maryse Condé

la_vie_sans_fards JC Lattès - août 2012 - 334 pages

Quatrième de couverture : 
« La Vie sans fards répond à une double ambition. D’abord je me suis toujours demandé pourquoi toute tentative de se raconter aboutissait à un fatras de demi-vérités. Trop souvent les autobiographies et les mémoires deviennent des constructions de fantaisie. Il semble que l’être humain soit tellement désireux de se peindre une existence différente de celle qu’il a vécue, qu’il l’embellit, souvent malgré lui. Il faut donc considérer La Vie sans fards comme une tentative de parler vrai, de rejeter les mythes et les idéalisations flatteuses et faciles. 
C’est aussi une tentative de décrire la naissance d’une vocation mystérieuse qui est celle de l’écrivain. Est-ce vraiment un métier ? Y gagne-t-on sa vie ? Pourquoi inventer des existences, pourquoi inventer des personnages sans rapport direct avec la réalité ? Une existence ne pèse-t-elle pas d’un poids déjà trop lourd sur les épaules de celui ou celle qui la subit ? 
"La Vie sans fards est peut-être le plus universel de mes livres. J’emploie ce mot universel à dessein bien qu’il déplaise fortement à certains." En dépit du contexte très précis et des références locales, il ne s’agit pas seulement d’une Guadeloupéenne tentant de découvrir son identité en Afrique. Il s’agit d’abord et avant tout d’une femmeaux prises avec les difficultés de la vie. Elle est confrontée à ce choix capital et toujours actuel : être mère ou exister pour soi seule. 
Je pense que La Vie sans fards est surtout la réflexion d’un être humain cherchant à se réaliser pleinement. Mon premier roman s’intitulait En attendant le bonheur : Heremakhonon, ce livre affirme : il finira par arriver. »

Auteur : Née à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, Maryse Condé est l’auteur d’une œuvre considérable et maintes fois primée : Ségou, La vie scélérate, Traversée de la mangrove, Moi, Tituba, sorcière noire de Salem, Les Belles Ténébreuses, En attendant la montée des eaux… Après avoir longtemps enseigné à l’université de Columbia, elle se partage aujourd’hui entre Paris et New York.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
« Pourquoi faut-il que toute tentative de se raconter aboutisse à un fatras de demi-vérités ? » voilà la première phrase de ce livre. Le ton est donné, Maryse Condé a décidé de tout dire dans cette autobiographie, sans rien trahir, même si cela doit choquer son entourage ou ses lecteurs, même si cela risque de ternir son image d'écrivain. Elle se dévoile totalement.
Maryse est née dans le milieu aisé des « grands nègres » de Guadeloupe, étudiante à Paris, enceinte, elle se marie sans amour et décide de partir à la recherche de ses racines, en Afrique. Elle enseignera tour à tour en Côte d'Ivoire, puis en Guinée, au Ghana, et au Sénégal...
Ce livre est passionnant, elle raconte le quotidien d'une femme qui se bat pour faire vivre sa famille de quatre enfant dans des contextes politiques et économiques difficiles. Elle parle de ses rencontres politiques, professionnelles, amicales, amoureuses. Elle décrit les pays, les villes où elle a vécu.
J'ai beaucoup appris sur les relations entre les Antillais et l'Afrique. Ce continent peut les fasciner et également les décevoir. J'ai beaucoup aimé le ton de l'auteur franc et direct, avec des touches d'humour pour tout raconter avec lucidité et sans aucune concession.
Son œuvre littéraire est parsemée de ses expériences ou souvenirs personnels. Elle parle de son travail d'écrivain. Et moi qui n'ai lu de Maryse Condé seulement Ségou et En attendant la montée des eaux, je serai curieuse de découvrir d'autres livres d'elle.

Extrait : (page 30)
Je ne garde aucun souvenir de la cour au pas de charge que me fit Condé. Premier baiser, première étreinte, premier plaisir partagé. Rien. Je n'ai pas non plus souvenir d'une conversation, d'un échange sérieux entre nous sur quelque sujet que ce fût. Pour des raisons différentes, nous étions également pressés de passer devant le maire. J'espérais grâce à ce mariage retrouver un rang dans la société. Condé avait hâte d'exhiber cette épousée universitaire, visiblement de bonne famille et qui parlait le français comme une vraie Parisienne. Condé était un personnage assez complexe, doté d'une gouaille que je trouvais souvent commune, presque vulgaire, mais qui était efficace. Je tentai vainement de le façonner à mon goût. Il repoussait mes diverses tentatives avec une détermination qui témoignait de sa liberté d'esprit. Ainsi, je prétendis l'habiller d'une parka, vêtement à la mode en ces années-là.
« Trop jeune ! Beaucoup trop jeune pour moi ! » assurait-il de sa voix nasale.
Je tentai de lui communiquer ma passion pour les cinéastes de la Nouvelle Vague, les réalisateurs italiens, Antonioni, Fellini, Visconti, ou pour Carl Dreyer et Ingmar Bergman. Il s'endormit si profondément pendant la projection des Quatre Cents Coups de François Truffaut (1958) que j'eus du mal à le réveiller en fin de séance sous les regards narquois des spectateurs. Il m'infligea mon échec le plus cuisant quand je tentai de l'initier aux poètes de la Négritude que j'avais découverts quelques années auparavant quand j'étais élève d'hypokhâgne. Un jour, Françoise, une camarade de classe, qui se piquait de militantisme, m'apporta un mince opuscule qui portait en titre : Discours sur le colonialisme. Je ne savais rien de son auteur. Pourtant, sa lecture me bouleversa tellement que le lendemain, je me précipitai à la librairie Présence africaine. J'achetai tout ce que je trouvai d'Aimé Césaire. Pour faire bonne mesure j'achetai aussi les poèmes de Léopold Sédar Senghor et de Léon-Gontran Damas.
Condé ouvrait au hasard l'ouvrage de celui qui était devenu mon écrivain favori, le Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire, et déclamait moqueusement :
« Que 2 et 2 font 5
Que la forêt miaule
Que l'arbre tire les marrons du feu
Que le cil se lisse la barbe
Et cetera et cetera... »
« Qu'est-ce que cela veut dire ? s'exclamait-il. Pour qui écrit-il ? Certainement pas pour moi qui ne le comprends pas. » À la rigueur, il tolérait Léon-Gontran Damas dont le style lui semblait plus simple et direct.
Cette époque-là ne ressemblait nullement à celle que nous vivons aujourd'hui.
Cependant, ce qui me paraît incroyable, c'est que je ne lui révélai jamais l'existence de Denis. Je ne fus même pas tentée de l'avouer, car je savais que cette révélation rendrait tout projet de mariage impossible. Cette époque-là ne ressemblait nullement à celle que nous vivons aujourd'hui. Si la virginité chez une femme n'était plus tout à fait de rigueur, la libération sexuelle était loin de s'amorcer. La loi Simone Veil ne devait être votée qu'environ quinze ans plus tard. Avoir un enfant « naturel » ne s'avouait pas aisément.
Condé ne fit pas l'unanimité auprès des rares personnes à qui je le présentai. « Quel est son niveau d'études ? » demanda avec arrogance Jean, le mari de Gillette, quand je l'emmenai déjeuner à Saint-Denis.
Ena, qui nous avait hâtivement reçus dans un bar de la place des Abbesses, téléphona à Gillette pour lui indiquer qu'en trente minutes d'entrevue, il avait ingurgité six bières et deux verres de vin rouge. Sûrement, c'était un ivrogne. Yvane et Eddy se plaignaient :
« On ne comprend pas quand il parle. »
Moi-même, je voyais bien que ce n'était pas l'homme dont j'avais rêvé. Mais celui dont j'avais rêvé m'avait laidement trahie. Nous nous mariâmes un matin du mois d'août 1958 par un éclatant soleil à la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris. Les platanes verdoyaient. Si Ena ne prit pas la peine de se déplacer, Gillette assista à la cérémonie, accompagnée de sa fille Dominique qui n'arrêta pas de bouder parce que cela ne ressemblait pas à un « vrai mariage », se plaignit-elle. Nous prîmes un verre de Cinzano rouge au café du coin, puis nous emménageâmes dans un meublé des environs où Condé avait loué un deux pièces.
D'une certaine manière, j'avais obtenu ce que je voulais. Je m'appelais Madame et je portais une alliance à l'annulaire de la main gauche.
Moins de trois mois plus tard, nous étions séparés. Nous ne nous disputions pas. Simplement, nous ne pouvions supporter d'être longtemps ensemble. Tout ce que l'un de nous faisait ou disait irritait l'autre. Parfois, pour servir de tampon, nous faisions appel à quelques invités, mais je détestais ses amis autant qu'il détestait Yvane et Eddy. Au cours de l'année qui suivit, quand je m'aperçus que j'étais enceinte, nous fîmes plusieurs tentatives pour reprendre la vie commune. Puis, il fallut nous résigner à la rupture. Je ne souffris pas de ce qui pouvait sembler un nouveau déboire amoureux. D'une certaine manière, j'avais obtenu ce que je voulais. Je m'appelais Madame et je portais une alliance à l'annulaire de la main gauche. Ce mariage avait « relevé ma honte ». Jean Dominique m'avait insufflé la peur et la méfiance des hommes antillais. Condé était un « Africain ». Non pas un « Guinéen » comme je l'ai prétendu par la suite, impliquant menteusement que Sékou Touré et l'indépendance de 1958 avaient joué quelque rôle dans ce mariage. Répétons que je n'étais pas encore suffisamment « politisée » pour cela. Je croyais que si j'abordais au continent chanté par mon poète favori, je pourrais renaître. Redevenir vierge. Tous les espoirs me seraient à nouveau permis. N'y flotterait pas le souvenir malfaisant de celui qui m'avait fait tant de mal. Pas étonnant si mon mariage n'avait pas duré : j'avais posé sur les épaules de Condé un poids d'attentes et d'imagination né de mes déceptions. Cette charge était trop lourde pour lui.
Je perçois aujourd'hui avec une lucidité cruelle à quel point cette union fut un marché de dupes. L'amour, le désir n'y tenaient que peu de place. À travers moi, il cherchait ce qui lui manquait : l'instruction et l'appartenance à un solide milieu familial. Le mari de Gillette avait eu raison de s'interroger sur son niveau d'études. Condé possédait tout juste le certificat d'études primaires. Son père étant mort alors qu'il était très jeune, il avait été élevé à Siguiri par une pauvresse de mère qui vendait de la pacotille sur les marchés. Il devait découvrir que ce métier de comédien qu'il avait choisi, sans vocation véritable, pour quitter la Guinée et se parer du beau nom « d'étudiant », ne l'auréolait d'aucun prestige. Ne bénéficiant d'aucun appui dans la société, ses ambitions « d'être quelqu'un », pour parler comme Marlon Brando dans Sur les quais, n'avaient aucune chance de se réaliser. 

 

 Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Jury JANVIER
Document

Challenge 1% Littéraire 2012

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13/14

18 octobre 2012

La nuit tombée – Antoine Choplin

5600 La fosse aux ours – août 2012 – 128 pages

Quatrième de couverture :
Un homme sur une moto, à laquelle est accrochée une remorque bringuebalante, traverse la campagne ukrainienne. Il veut se rendre dans la zone interdite autour de Tchernobyl. Il a une mission. Le voyage de Gouri est l'occasion pour lui de retrouver ceux qui sont restés là et d'évoquer un monde à jamais disparu où ce qui a survécu au désastre tient à quelques lueurs d'humanité.

Auteur : Né en 1962, Antoine Choplin vit près de Grenoble, où il partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Il est directeur de « Scènes obliques », dont la vocation est d’organiser des spectacles vivants dans les lieux inattendus, des sites de montagne. Il est aussi l’animateur depuis 1996 du Festival de l’Arpenteur (Isère), qui chaque mois de juillet programme des rencontres inhabituelles entre des créateurs (notamment des écrivains) et le public. Il s’est fait connaître en 2003 lors de la publication de son roman, Radeau, (2003), qui a connu un vrai succès populaire (Prix des librairies « Initiales », Prix du Conseil Général du Rhône). Parmi ses derniers titres : Léger Fracas du Monde (2005), L’impasse (2006), Cairns (2007), et de Apnées (2009), Cour Nord (2010).

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Quel beau roman à la fois effrayant et plein de poésie.
Deux ans après le drame de Tchernobyl, Gouri vient de Kiev, il revient seul à moto à Pripiat dans son ancien logement  pour y rechercher un « souvenir ». En chemin, il s'arrête  à Chevtchenko, chez ses amis Iakov et Vera, le village proche de la zone interdite a été contaminé et déserté.
Dans cette histoire, le nom de Tchernobyl n'est jamais directement évoqué. L’auteur nous décrit des lieux vides, un no man’s land où règne un silence pesant, les maisons sont abandonnées, il n’y a plus que quelques rares habitants et il y règne une atmosphère irréelle…
Je n’en raconterai pas plus pour ne pas en dévoiler trop.
J’ai beaucoup aimé ce livre dont il se dégage beaucoup d’humanité et de fraternité dans un paysage d’apocalypse.
Un très beau roman à découvrir sans hésiter !

Extrait : (début du livre)
Après les derniers faubourgs de Kiev, Gouri s’est arrêté sur le bas-côté de la route pour vérifier l’attache de la remorque. Avec force, il essaie de la faire jouer dans un sens puis l’autre et, comme rien ne bouge, il finit par se frotter les mains paume contre paume, l’air satisfait.
Une voiture le dépasse en klaxonnant et il adresse sans savoir un petit signe de la main dans sa direction. Il tire sur les pans de sa veste de cuir, referme jusqu’au menton la fermeture éclair. Après quoi, il enfourche sa moto et redémarre.
Il roule tranquillement, attentif aux reliefs inégaux de la chaussée. Parfois, il donne un coup de guidon pour éviter un nid de poule et, derrière lui, son attelage vide se met à brinquebaler méchamment avant de se recaler comme il faut dans son sillage.
La lumière est douce, tamisée par les bois de bouleaux et de résineux qui encadrent la route. Un semblant de voile, moins qu’une brume, paraît ainsi jeté sur le paysage, et on peut en distinguer le grain dans l’air. Il est plus de quatre heures, il ne tardera pas à faire froid. Gouri devrait rejoindre Chevtchenko avant la nuit.

Cela fait bientôt deux ans qu’il n’est pas revenu ici et forcément son regard balaye les espaces avec gourmandise. Il éprouve à nouveau l’attrait que la forêt a toujours exercé sur lui, ses odeurs, ses bruissements, ses sols tendres. Il se souvient des pique-niques et des parties de football entre les arbres.

Déjà lu du même auteur :

le_h_ron_de_guernica Le héron de Guernica

Challenge 1% Littéraire 2012

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12/14

16 octobre 2012

La Reine de la Baltique – Viveca Sten

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France Loisirs – août 2012 – 412 pages

Albin Michel - août 2013 - 400 pages

Livre de Poche - août 2014 - 480 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : I de lugnaste vatten, 2008

Quatrième de couverture :
Archipel de Stockholm, en pleine saison estivale : les cadavres s'accumulent, la population s'affole...
Un corps est retrouvé sur une plage de l''île de Sandhamn. L'inspecteur Thomas Andreasson est chargé de l'enquête. Habitué des lieux pour y passer toutes ses vacances, il va se voir proposé une aide bien inattendue : celle de Nora, son amie d'enfance, jeune femme d'une perspicacité redoutable.
L'été vire au cauchemar quand un second cadavre est découvert dans une chambre d'hôtel. Et si, désormais, plus personne n'était à l'abri ? 
Thomas croyait tout savoir de sa petite île paradisiaque. Il n'est pourtant pas au bout de ses lugubres découvertes...

Auteur : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s'est lancée dans l'écriture. Sa série mettant en scène Thomas Andreasson et Nora Linde sur l'île de Sandhamn a connu un succès phénoménal en Suède et dans une douzaine de pays, et a été adapté à la télévision. Comme ses héros, l'auteur possède une vieille maison familiale sur l'île et y a passé tous les étés de sa jeunesse.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque attirée par la couverture et l'auteur suédoise...
En Suède, ce roman a remporté un formidable succès et il a même été adapté à la télévision.
L'inspecteur Thomas Andreasson et son amie d'enfance Nora Linde mènent l'enquête sur l'île de Sandhamn. Tout commence avec la découverte sur la plage d'un corps rejeté par la mer. Un homme vivant à Stockholm, inconnu à Sandhamn. Est-ce un accident ? Un suicide ? Un meurtre ? C'est la saison estivale, dans cette station balnéaire sans histoire. Le lecteur découvre en parallèle l'enquête de police et la vie quotidienne de cette île et ses habitants.
Une intrigue bien construite, une enquête avec du suspens, des fausses pistes et des personnages très attachants. Un peu dans le même esprit que Camilla Läckberg. Une belle découverte.
C'est le premier livre de cette auteur traduit en français et paru en avant-première chez France Loisirs, d'autres livres de cette série ont déjà été publiés en suédois, j'espère qu'ils le seront prochainement également en français. J'ai très envie que retourner sur cette si sympathique petite île suédoise...

Extrait : (début du livre)
Tout était absolument silencieux, paisible comme l'archipel l'est seulement en hiver, quand il appartient encore aux insulaires, avant que la foule bruyante des estivants prenne les îles d'assaut.
La surface de l'eau était lisse et sombre, écrasée par le froid hivernal. Sur les rocher, quelques touches de neige qui n'avait pas encore fondu. Quelques canards ponctuaient le ciel où le soleil était encore bas. 
« Aidez-moi ! cria-t-il. Aidez-moi, pour l'amour du ciel ! »
L'amarre qu'on lui lança formait une boucle. Dans l'eau glaciale, il se la passa gauchement autour du corps.
« Remontez-moi ! » haleta-t-il en s'agrippant au bord du bateau de ses doigts déjà gourds.
Quand l'ancre attachée à l'autre bout de la corde fut jetée par-dessus bord, il eut surtout l'air étonné, comme s'il n'avait pas compris que son poids allait bientôt l'entraîner par le fond.
Qu'il n'avait plus que quelques secondes à vivre avant que son corps suive la lourde masse d'acier.
La dernière chose qu'on vit de lui fut sa main qui battit la surface, emmêlée dans le filet. Puis l'eau se referma sur lui avec un imperceptible bruit de succion.
On n'entendit plus que le bruit du moteur tandis que, lentement, le bateau faisait demi-tour et reprenait la direction du port.

Challenge 1% Littéraire 2012

 logochallenge2 
11/14

Challenge Voisins, voisines

voisin_voisines2012
Suède

 Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie noire

dc3a9fi_scandinavie_noire
Suède

 Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique

Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
catégorie "Même pas peur" : 9/12

15 octobre 2012

La belle amour humaine - Lyonel Trouillot

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
un_mot_des_titres 

Le mot : BELLE, BEAU

la_belle_amour_humaine Actes Sud – août 2011 – 169 pages

Quatrième de couverture :
A bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d’Haïti où elle espère retrouver les traces d’un père qu’elle a à peine connu et éclaircir l’énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu’il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour faire l’expérience, dans ce village de pêcheurs dont il est lui-même issu, d’un véritable territoire de l’altérité où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux, et où l’humaine condition se réinvente sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d’Anaïse et de son complice en exactions, le “colonel” – tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie –, cherchent à s’octroyer un monde qui appartient à tous.

Dans ce roman qui prône un exercice inédit de la justice et une fraternité sensible entre les hommes sous l’égide de la question : “Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?”, Lyonel Trouillot, au sommet de son art, interroge le hasard des destinées qui vous font naître blanc ou noir, puissant ou misérable, ici ou ailleurs – au Nord ou au Sud. S’il est vrai qu’on est toujours “l’autre de quelqu’un”, comment et avec qui se lier, comment construire son vivre-ensemble sinon par le geste – plus que jamais indispensable en des temps égarés – d’accueillir, de comprendre ?

Auteur : Romancier et poète, intellectuel engagé, acteur passionné de la scène francophone mondiale, Lyonel Trouillot est né en 1956 dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où il vit toujours aujourd’hui. Chez Actes Sud, il a publié Rue des Pas-Perdus (1998), Thérèse en mille morceaux (2000), Les Enfants des héros (2002), Bicentenaire (2004) et L’Amour avant que j’oublie (2007), Yanvalou pour Charlie (2009).

Mon avis : (lu en octobre 2012)
C’est un livre que je voulais lire depuis un an et le Challenge Un mot, des Titres a été l’occasion de le sortir de ma LAL…

Anaïse, une jeune femme est venue à Haïti sur les traces de son père. Thomas, un chauffeur de taxi autochtone l'emmène de  Port-au-Prince jusqu'au petit village côtier de l'Anse-à-Fôleur. Durant le voyage, Thomas raconte Haïti, l'histoire du village et de la famille d'Anaïse... Il est question également de deux hommes, un colonel à la retraite violent et un homme d'affaires (le grand-père de la jeune fille). Ils étaient différents des habitants d'Anse-à-Fôleur, ils avaient faire construire deux maisons jumelles qui dépareillaient dans ce village de pêcheurs. Un soir, les maisons et leurs occupants ont été incendiés et l'on a jamais su qui était le coupable...

Voilà une magnifique histoire pleine de poésie, de couleurs, d'odeurs et de sons qui enchantent le lecteur et le fait réfléchir sur le vrai sens de la vie.

Extrait : (début du livre)
La mer avait été plus généreuse que d’ordinaire, et les pêcheurs avaient fait dans la journée une telle provision de sardes et de langoustes que, le soir venu, de retour au village, après avoir rangé leurs barques et rassuré leurs compagnes, ils consacrèrent leur temps à des chansons de mer, et, le regard levé vers les constellations, ils ne virent pas brûler les flammes de l’incendie. De mémoire de villageois, jamais ils ne vécurent meilleur matin ni meilleure nuit, et, n’était le souvenir charnel des mets et des baisers, ils pourraient croire avoir rêvé. Voilà ce que les hommes te diront. Les femmes ajouteront pour leur part qu’il ventait ce soir-là un air de parfum frais, mélange de petit baume, de jasmin et d’ilang-ilang. Heureuses, elles redevinrent petites filles et s’endormirent fenêtres ouvertes en rêvant de beaux capitaines. De mémoire de femmes de marins, jamais elles ne voyagèrent aussi 
loin, ne touchèrent plus beaux paysages, ne partagèrent plus tendres étreintes et ne firent plus belles rencontres. Nulle odeur de brûlé ne vint troubler leurs songes. Voilà ce qu’elles te diront. S’il faut aller dans le détail de ce que firent ceux qui ne sont ni marins ni femmes de marins, ni réductibles à cette première fonction, le métier de marin n’interdisant point d’être par ailleurs tambourineur, joueur de dés ou philosophe, tu apprendras que Justin, le législateur bénévole et autodidacte, avait travaillé jusqu’à l’aurore sur son code des nouvelles lois usuelles au service du bonheur, au chapitre essentiel portant sur l’union libre, le don, la réciprocité et autres vertus quotidiennes. Tout excité et fier de ses propositions, il avait installé sa chaise devant la mer pour attendre le lever du jour en buvant du thé de corossol, et ne fut témoin que d’une chose : le feu doux du soleil levant. Le peintre Frantz Jacob, son neveu et Solène, la jeune fille à la beauté sauvage, avaient passé une partie de la nuit à parler de peinture, des forces et des faiblesses des lignes et des couleurs, de leur pouvoir et de leur impuissance à rendre les choses à la fois telles qu’elles sont et telles qu’elles ne sont pas, et, passant de l’art à la vie, la conversation porta sur l’arrogance de celui ou de celle prétendant pouvoir établir en toutes circonstances la différence entre l’action et la pensée, le rêve et la réalité, le mensonge et la vérité.
Les oiseaux de nuit avaient beaucoup chanté, improvisant à l’occasion, ajoutant ainsi leur quote-part à la conversation. S’il faut revenir au général, tenter de décrire l’atmosphère et donner une vision d’ensemble, tu sauras que l’eau était calme, les esprits apaisés, aucun signe d’agitation, ni migraine ni rage de dents, n’était venu troubler le sommeil des enfants, qui laissèrent leurs mères à leurs rêves et attendirent le matin pour formuler leurs demandes de tendresse et de lait. Malgré la pauvreté et l’isolement, la ville côtière d’Anse-à-Fôleur avait vécu un jour et une nuit au plus près de la perfection, et nul ne pouvait apporter le moindre renseignement sur les causes et les circonstances de l’incendie. Le lendemain du drame, si drame il y eut, à huit heures, après avoir bu le café préparé par sa compagne et embrassé sa chérie en signe de remerciement, un rituel invariable en vingt ans de concubinage, le chef de section, l’unique représentant de la force publique dans le village, constata en effectuant sa ronde que l’emplacement des maisons était vide, mis à part deux petits tas de cendres identiques, et que le colonel et l’homme d’affaires ne s’adonnaient pas à leur habituelle marche triomphale sur la plage. Sans consulter sa concubine – elle n’eût pas manqué de lui déconseiller d’entreprendre une démarche ne présentant nul intérêt pour la communauté, et de le mettre en garde contre tout appel à des forces extérieures pour résoudre un problème local –, il s’en alla alors à vélo au village voisin, attendit une heure pour avoir une ligne avec la capitale et avisa les autorités.

Déjà lu du même auteur :

yanvalou_pour_Charlie Yanvalou pour Charlie

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15 octobre 2012

C'est Lundi que lisez-vous ? [96]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

une_partie_de_chasse la_guerre_d_Alan r_animation la_ville_des_serpents_d_eau la_belle_amour_humaine

Une partie de chasse - Agnès Desarthe (Grand Prix Elle)
La Guerre d'Alan - Emmanuel Guibert 
Réanimation - Cécile Guilbert (Grand Prix Elle)
La ville des serpents d’eau - Brigitte Aubert (Grand Prix Elle)
La belle amour humaine - Lyonel Trouillot

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

La reine de la Baltique - Viveca Sten

Que lirai-je cette semaine ?

La déesse des petites victoires - Yannick  Grannec (Grand Prix Elle)
La vie sans fards - Maryse Condé (Grand Prix Elle)
Freezing - Clea Koff (Grand Prix Elle)
Les Lisières - Olivier Adam
La nuit tombée – Antoine Choplin
Discordance - Anna Jörgensdotter (partenariat Livraddict)

Bonne semaine et bonne lecture. 

 

 

13 octobre 2012

La ville des serpents d’eau - Brigitte Aubert

la_ville_des_serpents_d_eau Seuil - septembre 2012 - 285 pages

Quatrième de couverture :
Ennatown, la ville des serpents d'eau : sans histoire, avec son club interconfessionnel, sa bonne conscience, son lot de mâles chasseurs si conventionnels, et leurs épouses qui s'ennuient à mourir, genre Desperate Housewives. Une sérieuse ombre au tableau, toutefois : l'un des leurs, forcément un des leurs, a enlevé cinq gamines il y a plus de dix ans. Quatre ont été retrouvées au fond d'un lac ou d'une rivière. D'où le surnom du mystérieux criminel : le Noyeur. La dernière n'a jamais refaitsurface...
Et voici justement que surgit de nulle part, sous la neige à la veille de Noël, une petite créature crasseuse en survêtement rose maculé, muette et terrifiée, qui aussitôt s'enfuit avec le citoyen le moins fréquentable d'Ennatown: Black Dog, géant noir un peu demeuré et SDF. Qui est-elle?
Trop jeune pour être la disparue... alors? Le fantasme collectif repart de plus belle : c'est Black Dog, le Noyeur, évidemment... Et la chasse à l'homme de démarrer. Seul Limonta, ex-flic alcoolo à la conscience chargée, s'étonne que personne n'ait signalé la disparition d'une enfant de cinq ans...
Auteur : Née en 1956 à Cannes, Brigitte Aubert a développé son goût pour le polar dans la pénombre du cinéma familial. Parmi ses nombreux romans publiés et traduits dans plus de 20 pays, l’on retiendra Les Quatre fils du Dr March, La Mort des bois (Grand Prix de Littérature policière 1996), Transfixions (adapté au cinéma sous le titre “Mauvais Genres), Funérarium… Elle est la reine du thriller à humour grinçant.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Ennatown est une petite ville d’Amérique du Nord, c'est la veille de Noël. Dès la première page de ce livre, le lecteur est plongé dans une histoire sordide... Une fillette a été séquestrée durant des années dans une cave, elle est devenue femme, puis mère. Elle est au bout du rouleau et elle pense avoir trouvé une solution pour faire sortir sa fille Amy âgée de cinq ans qui pourrait devenir la proie de son kidnappeur surnommé Daddy.
Treize ans plus tôt, dans cette même petite ville, plusieurs fillettes âgées de six ans ont été enlevées et retrouvées noyées dans un étang. Vera Miles, l'une des fillettes, n’est jamais réapparue et l'affaire n'a jamais été résolue.
Il fait nuit, Amy vient de s'échapper du lieu de séquestration qu'elle n'a jamais quitté depuis sa naissance, elle est muette et elle a en sa possession un message d'au secours écrit par sa mère. La première personne qu'elle rencontre, c'est Black Dog un géant noir, marginal, sdf et illettré. Elle va naïvement lui faire totalement confiance et lui comprend instinctivement qu'il doit la protéger.
A Ennatown, il y a également Vince Limonta, un ancien flic de New York, exclu de la police à la suite d’une bavure. Il est revenu dans sa ville natale et grâce au prêtre Roland O’Brien, il travaille comme jardinier. Vince a retrouvé un ami, Michael McDanie, un ancien rappeur noir connu sous le pseudo de Snake T. et devenu handicapé à la suite d'un accident. Lorsque le journal locale ressort l’histoire des fillettes enlevées, Snake T. incite Vince à s’intéresser à l’affaire.

Voilà une intrigue bien construite où l'innocence et la monstruosité se côtoient, d'un côté un fillette et un simple d'esprit de l'autre une atmosphère glaçante, un monstre rodant dans cette communauté, un monsieur Tout-le-monde insaisissable. Le suspens et la tension sont présents tout au long du livre et les pistes sont multiples... Un roman policier captivant et efficace, une belle découverte.

Autre avis : Canel

Extrait : (début du livre)
Je suis morte il y a treize ans.
J'avais 6 ans.
On m'a retrouvée noyée dans le lac, sous la glace, pas très loin de la maison. Les poches de ma robe étaient bourrées de pierres.
Les poissons avaient dévoré mes doigts et mon visage. On m'a identifiée à ma taille et à mes vêtements.
Mon joli anorak rose. Mon sac à dos Scooby-Doo.
On m'a enterrée un après-midi de janvier. Il neigeait.
Sur ma tombe, il y a gravé "Susan Lawson 1992-1998 A notre cher petit ange".
Quand le cercueil est descendu dans le trou, ma mère s'est mise à hurler. Mon père s'est évanoui.
Moi, j'ai essayé de me boucher les oreilles pour ne plus entendre rire Daddy.
Mais la chaîne était trop courte. Je n'ai pu que crier, les poignets entravés.
Je suis morte il y a treize ans.
Vera Miles avait 6 ans, elle aussi. Elle avait disparu un mois plus tôt. Elle, on ne l'a jamais retrouvée.
Moi, je croupis dans ce trou noir.
Au début, il n'allumait que quand il venait.
Le reste du temps, c'était la nuit. Et toujours la peur.
La douleur.
La folie.

 Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Jury JANVIER
Policier

Challenge 1% Littéraire 2012

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10/14

 Challenge Thriller 

challenge_thriller_polars
catégorie "Même pas peur" : 8/12

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Animal"

 

 

12 octobre 2012

Réanimation - Cécile Guilbert

r_animation Grasset - août 2012 - 272 pages

Quatrième de couverture :
« Blaise vient de fêter ses cinquante printemps. Quelque chose en lui refuse-t-il de naître ? De céder ? De s’ouvrir ? Une délivrance ? Une douleur ? Un remords ? Peut-être. Car soudain tonne le canon qui abat tout, renverse tout, démolit tout. »
La narratrice et Blaise, mariés, vivent comme des adolescents, des Robinson parisiens, artistes accrochés l’un à l’autre, insouciants. Jusqu’au jour où Blaise est atteint d’une maladie rare, la « cellulite cervicale », forme de nécrose parfois mortelle des tissus du cou. Hospitalisé d’urgence à Lariboisière, Blaise se mue du jour au lendemain en « homme-machine » plongé dans le coma. Alors la peur s'installe. De le perdre. De voir le bonheur disparaître. S'installe aussi la curiosité fascinée de la narratrice pour ce service spécial – la « réa » – tandis que son existence se détraque et se ranime elle aussi...
Récit intelligent et sensible, exercice de mise à distance du malheur, méditation d'une grande douceur sur le temps et l'espérance, les pouvoirs de l'art et de la médecine, les pièges de l'image et les sortilèges de l'imagination, le livre de Cécile Guilbert, traversé de mythes et de contes, et aussi – surtout ? – une lettre d'amour à Blaise.

Auteur : Romancière et essayiste, Cécile Guilbert est l’auteur de Warhol Spirit (2007), Prix Médicis de l’essai et de Animaux and Cie (2010), avec Nicolas Guilbert.  

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Le sujet de ce livre n'avait rien d'attirant pour moi et je ne l'aurai jamais lu en dehors du Grand Prix des lectrices Elle. J'ai personnellement une relation difficile avec l'hôpital, je n'aime pas les odeurs, les bruits, je suis jamais à l'aise lorsqu'il faut que je m'y rende que ce soit pour consulter ou pour rendre visite à quelqu'un...
A cinquante ans, Blaise le mari de la narratrice est opéré d'urgence pour une infection rare appelé cellulite cervicale. Après l'opération, sa femme vient lui rendre visite et elle découvre avec surprise que son mari est dans le service Réanimation post-opératoire et traumatologique, il a été plongé dans un coma artificiel pour quelques semaines.
Elle réalise alors que pour la première fois de sa vie elle se trouve séparé de Blaise et d'une manière qu'elle n'avait jamais imaginé, ni envisagé...
Elle se met alors à écrire au jour le jour, ses pensées, ses impressions dans un journal intime. Elle se retrouve seule à la maison, tout autour d'elle lui rappelle Blaise, elle se souvient du passé, elle a des craintes quand à l'avenir... Elle se raccroche à ces lectures, aux contes, à la mythologie, à l'Art... Elle se rend à l’hôpital, elle observe le service de Réanimation, son homme endormi, livré aux médecins et personnel soignant.
Ce livre est bien écrit, l'auteur a su décrire en détail l'atmosphère de l'hôpital et du service de Réanimation. Cette longue attente forcée va petit à petit conduire Blaise et la narratrice vers une réanimation médicale et spirituelle.
Le sujet est vraiment trop angoissant pour moi pour que j'apprécie pleinement ce livre, j'y ai également trouvé quelques longueurs. C'est malgré tout, une belle déclaration d'amour.

Extrait : (page 13)
Cette année-là, dans les derniers jours de mars, nuits et jours sont de même longueur et quelque chose a lieu.
Est-ce une buée passagère ? un fourmillement sans conséquence ?
La maladie est juste un mauvais rêve, le cauchemar favori des hommes tentés secrètement par la Faucheuse bien qu'ils la redoutent chaque nuit dans leur sommeil, enroulés dans leur drap comme dans leur linceul, étendus sans conscience comme s'ils étaient morts.

Blaise n'est pas de ce bois dont on fait les cercueils.
Dût-il demeurer longtemps alité, jamais ne lui viendrait la tentation de s'halluciner en cadavre. Pas plus qu'il n'aurait, mourant, l'idée de se photographier en gisant pour contempler son image durant son agonie. 
Y croit-il seulement, à la mort ?

Vous vivez ensemble depuis vingt ans.
Tu l'as aimé au premier regard, lumière du coup de foudre.
Tu aimes sa générosité, son espièglerie ; tu aimes son humour et par-dessus tout sa grande santé, qui ne vient pas du corps mais de l'appétit de vivre, et son élasticité joueuse, et son énergie.
Cet été-là, des feux d'artifice déchirent le ciel, Paris fait la fête, le Bicentenaire bat son plein mais la Révolution, c'est vous.
Davantage qu'à sa forte tête, trop souvent belliqueuse, tu fais confiance à son corps vif et viril de trente ans. Animé d'une gestuelle si déliée qu'il semble voltiger dans l'espace comme un papillon ivre, un ludion enfourchant l'univers dans sa ruée, tu sais d'instinct que sa vitalité supplantera toutes les baisses de tension (il y en aura), vaincra tous les chagrins.
Quand Aphrodite frappe, l'amour devient l'autre nom de la foi : brusque, soudaine, sans raison ni limites. Puisque Biaise saura être ton frère, ton fils, ton père, ton complice inégalé, et parce que vous y voyez l'occasion de sceller symboliquement l'exception dont n'ont pu se réclamer tous ceux et celles qui jadis et naguère ont fait battre vos cœurs et fondre vos corps, vous vous mariez. Bien décidés à n'avoir jamais d'enfants puisque vous en êtes. Que d'ailleurs Biaise a déjà un fils de six ans et Robert Louis Stevenson raison : les parents qui s'aiment n'engendrent que des orphelins.  

  Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Jury JANVIER
Document

Challenge 1% Littéraire 2012

  logochallenge2 
9/14

10 octobre 2012

La Guerre d'Alan - Emmanuel Guibert

la_guerre_d_Alan L'Association - juin 2012 - 298 pages

Quatrième de couverture :
Lorsque Emmanuel Guibert rencontre Alan I. Cope sur les plages de l'île de Ré, il ne se doute pas qu’il consacrera douze ans de sa vie à cet homme extraordinaire et humble, qui, comme nombre de jeunes américains de son époque, fut enrôlé dans l'armée et traversa l'Europe pour y faire la guerre. Emmanuel Guibert a patiemment enregistré Alan lui racontant son périple, la vie de soldat et les à-côtés de la guerre, loin de la violence des combats. On le suit au gré de ses voyages en France et en Allemagne, de ses rencontres, amicales et littéraires qui auront une influence déterminante sur sa vie d'adulte.

Auteur : Emmanuel Guibert est un dessinateur et scénariste de bande dessinée, né en 1964 à Paris.  

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Dans la préface de cette Bande Dessinée, Emmanuel Guibert raconte le hasard de sa rencontre avec Alan Cope sur l'Ile de Ré, ce dernier a 69 ans et une amitié se noue entre eux.

Ce livre nous raconte la vie d'un jeune GI qui a été appelé à 18 ans par l'Armée Américaine, qui est venu en Europe pour faire la guerre et libérer la France. C'est un anonyme parmi les anonymes, et nous suivons son quotidien. Cela commence par l'entraînement aux États-Unis, puis son arrivée en Europe le jour de son vingtième anniversaire jusqu'à l'après-guerre. Alan traversera la France, l'Allemagne et ira jusqu'en Tchécoslovaquie.
Loin des récits habituels d'une guerre héroïque, ce témoignage nous montre la guerre sous un angle différent. Un quotidien détaillé, proche de la réalité. Les absurdités de la guerre côtoient les belles rencontres. Un voyage dans le temps, riche et émouvant en noir et blanc.

Autres avis : Mimipinson, Mo

Extrait : 

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 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Prénom"

9 octobre 2012

Une partie de chasse - Agnès Desarthe

une_partie_de_chasse L'Olivier – août 2012 - 152 pages

Quatrième de couverture :
Au cours d’une partie de chasse, un homme tombe dans une galerie souterraine. Tristan est désigné pour rester sur les lieux tandis que les autres iront chercher du renfort. Mais les secours n’arrivent pas et la tempête se lève. Une longue attente commence. Tout en essayant de soutenir moralement celui qui s’est blessé en tombant (et dont il se sent si loin), Tristan se remémore la suite des événements. Il revit sa rencontre avec sa femme Emma, l’évolution de leur relation. C’est elle qui l’a convaincu de partir chasser, pour que les autres l’acceptent dans le cercle des hommes. Il repense aussi à sa mère malade dont l’image le hante encore aujourd’hui, au petit garçon docile qu’il était alors à son chevet. Et lui, qui a toujours plié sous la volonté des femmes, interroge enfin la place de son propre désir.
Tristan s’abrite de la tempête comme on se terre au fond d’un terrier, dialoguant en cachette avec un animal rescapé de la partie de chasse, quand les voix des humains ne lui parviennent plus. La nature se déchaîne alors dans une colère salutaire. Et peut-être le déluge, qui emporte tout sur son passage, obéit-il au rêve de Tristan de faire table rase.

Avec Une partie de chasse, Agnès Desarthe signe un roman violent et énigmatique. Il nous parle d'un monde que les dieux auraient abandonné, laissant la place aux pulsions les plus secrètes qui dorment dans le cœur des hommes.

Auteur : Agnès Desarthe est née en 1966 à Paris. Romancière, elle a notamment publié Un secret sans importance (prix du Livre Inter 1996), Mangez-moi (2006), Le Remplaçant (prix Virgin-Femina 2009) et Dans la nuit brune (Prix Renaudot des lycéens 2010). Agrégée d’anglais, traductrice, elle a cosigné avec Geneviève Brisac un essai sur Virginia Woolf, VW ou le mélange des genres. Elle est également l’auteur de nombreux livres pour la jeunesse.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Un livre assez étonnant et déroutant....

Cela commence avec comme narrateur un lapin au fond de son terrier qui a besoin d'en sortir pour se nourrir et pourtant il sait que c'est risqué... Malgré tout il jailli du terrier et se fait cueillir par un plomb. Le tireur c'est Tristan, il a accepté de participer à une partie de chasse avec Dumestre, Peretti et Farnèse trois chasseurs expérimentés à la demande de sa compagne Emma pour s'intégrer. Et pourtant, au fond lui, la chasse le répugne, en saisissant le lapin qu'il vient de tirer, il s'aperçoit qu'il est seulement blessé et rapidement, il le cache dans sa gibecière.
La partie de chasse continue et Tristan suit le mouvement tout en protégeant son lapin.

Tout à coup un incident survient, Dumestre tombe dans un trou et se blesse. Tristan reste sur place avec lui et les deux autres partent chercher du secours. Une longue attente commence. Pour passer le temps Tristan revient sur son passé, son enfance avec sa mère malade, sa rencontre avec Emma...

En cachette, Tristan dialogue également avec le lapin qui est bon conseiller en particulier lorsqu'une violente tempête se lève et pour se protéger avec le blessé, Tristan creuse un terrier.

Je l'ai lu très facilement mais il m'a un peu dérouté, cette histoire a un côté surréaliste et par moment, j'ai eu du mal à suivre cette histoire qui mêle le passé et le présent, le réel et l'imaginaire. Je suis seulement restée spectatrice de cette histoire.

Remarque : Il est question de lapin dans cette histoire et la couverture est illustrée par la reproduction d'une aquarelle d'Albrecht Dürer représentant un lièvre...

Autres avis : Canel, Clara

Extrait : (début du livre)
J'aimerais mourir de mort naturelle. Je voudrais vieillir. Personne ne vieillit chez nous. Nous partons dans la fleur de l'âge.
J'aimerais avoir le temps de sortir de l'enfance. Connaître la nostalgie poignante qui étreint le cœur des adolescents. Quelque chose en eux pleure l'enfant qu'ils ne sont plus, et c'est un chagrin magnifique et muet.
Je voudrais m'ennuyer, connaître le dégoût. Profiter, ensuite, du soulagement de la maturité.
Je voudrais avoir le temps de connaître l'amour, et le luxe infini du désamour.
« Je ne t'aime plus, c'est fini, ça fait trop longtemps qu'on se fréquente, tu ne me fais plus aucun effet. »
Souvent, pour me faire du mal, pour éprouver jusqu'au bout la cruauté de mon sort, je me joue cette scène impossible, je répète cette réplique que je ne prononcerai jamais.
J'ai beaucoup d'imagination. Il paraît que c'est rare dans notre lignée. Ma mère me l'a dit. Elle me trouvait plus intelligent que les autres. Elle disait qu'elle ne me comprenait pas entièrement. Elle penchait la tête en prononçant ces mots, et le soleil, un instant captif de son iris, me transperçait la rétine.
Elle est morte, bien sûr. Très vite. Elle m'a peu parlé. Nous n'avons le temps de rien, nous autres. Mais elle m'a dit ça quand même, que j'avais beaucoup d'imagination, et sans doute un cerveau plus gros que celui de mes frères, de mes cousins, de mes ancêtres, alors je m'en sers. Je fais semblant d'être vieux.
Vieux, vieille, vieillard, vieillarde, ces mots me font frissonner de douleur et de joie. Ce sont les mots les plus beaux, les plus effroyables et les plus doux de notre langue. J'ose les prononcer. Je sais le risque que je prends. Mon coeur pourrait lâcher par excès de volupté. Mais je parie sur l'excellence de mon coeur, je n'ai pas le choix. Je parie sur l'excellence de chacun de mes organes et de mes muscles. Je suis fait pour durer, pour endurer, pour survivre. Je vais y arriver. Je serai peut-être le seul, mais qui sait ? Une fois mûr et usé, quand les dents me manqueront et que mon sang voyagera moins prestement dans mes veines, je pourrai enseigner aux autres, prendre quelques jeunes sous ma protection et leur confier mes secrets, mes ruses, leur expliquer que c'est possible. « Regardez-moi ! Voyez mes oreilles tombantes et lasses, ma paupière paresseuse qui couvre à moitié mon oeil droit. La bosse sur mon dos. Mes moustaches fatiguées. »
Je serai leur prophète, je trouverai un territoire, j'organiserai la résistance. Trop longtemps nous avons subi, trop longtemps nous nous sommes plies à la fatalité.

 Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Jury JANVIER
Roman

Challenge 1% Littéraire 2012

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8/14

 

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Sport/Loisirs"

 

 

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