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A propos de livres...

18 janvier 2013

Cour Nord - Antoine Choplin

cour_nord Éditions du Rouergue – janvier 2010 – 130 pages

Quatrième de couverture :
Cela se passe au début des années 80. Cela pourrait se passer aujourd’hui.
Dans une petite ville du Nord, le personnel d’une usine menacée de fermeture est en grève. Le jour, Léo participe mollement à la lutte, aux côtés de son père, leader syndical. La nuit, il répète dans un quartet de jazz.
Autour d’un double portrait d’un père et de son fils, de ses variations et de ses dissonances, Antoine Choplin compose une mélodie sensible. Au moyen d'une écriture dépouillée, il frappe juste et bien. Plus qu’un roman social sur la fin d’un certain monde ouvrier, Cour Nord est un roman plein d’émotion retenue pour le désarroi et les mystères de ses personnages.

Auteur : Né en 1962, Antoine Choplin vit près de Grenoble, où il partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Il est directeur de « Scènes obliques », dont la vocation est d’organiser des spectacles vivants dans les lieux inattendus, des sites de montagne. Il est aussi l’animateur depuis 1996 du Festival de l’Arpenteur (Isère), qui chaque mois de juillet programme des rencontres inhabituelles entre des créateurs (notamment des écrivains) et le public. Il s’est fait connaître en 2003 lors de la publication de son roman, Radeau, (2003), qui a connu un vrai succès populaire (Prix des librairies « Initiales », Prix du Conseil Général du Rhône). Parmi ses derniers titres : Léger Fracas du Monde (2005), L’impasse (2006), Cairns (2007), et de Apnées (2009), Cour Nord (2010), Le héron de Guernica (2011), La nuit tombée (2012).

Mon avis : (lu en janvier 2012)
Après les avis positifs et unanimes sur les deux derniers livres d'Antoine Choplin (Le héron de Guernica et La nuit tombée) au Café Lecture de la Bibliothèque, l'une des participantes a demandé que la Bibliothèque fasse venir de la Médiathèque Départementale d'autres livres de l'auteur et elle les a gentiment partagé avec celles présentes. J'ai donc choisi de découvrir "Cour Nord".  
C'est l'histoire d'un père, Gildas, et son fils Léopold, dit Léo, le narrateur du livre. Ils vivent ensemble dans une petite ville du Nord, et travaillent tous dans une usine menacée de fermeture. Lorsque l'histoire commence c'est la grève, Gildas est très impliqué dans la lutte syndicale, Léo suit son père sans grande conviction. Sa tête est prise par la musique, il est membre d'un quartet de jazz et le soir il répète pour un futur concert. 
Cette histoire se passe au début des années 80, nous dit la quatrième de couverture mais elle est tout à fait actuelle, on découvre un père et un fils qui ont du mal à communiquer, un conflit social vu de l'intérieur, de belles descriptions des paysages du Nord et le jazz qui rythme l'ensemble...
Un roman plein d'émotion et d'humanité avec beaucoup de retenu, de pudeur et de poésie.

Extrait : (début du livre)
Depuis le début de la grève, on va à l'usine ensemble avec mon père. Ça dure depuis plus de deux semaines maintenant, sans compter les débrayages de septembre.
Ce matin encore, il est debout avant moi, vers les cinq heures et demie. Depuis mon lit, je l'entends quitter sa chambre, faire couler l'eau au lavabo du palier, s'asperger longuement le visage. Après, il frappe les deux coups secs à ma porte et descend à la cuisine. Il prépare le café et aussi quelque chose à mettre dans nos gamelles pour midi.
Quand je le rejoins, nous nous saluons d'un regard. Je soulève le couvercle des casseroles où cuisent des 
œufs et des lentilles au lard. J'expose mes paumes à la bonne chaleur du feu. Je demande à mon père s'il n'a pas eu trop froid durant la nuit, surtout avec ses douleurs aux articulations. Il ne répond rien.
Je sers le café dans les bols, dispose d'épaisses tranches de pain. Mon père en découpe une avec les doigts, en laisse tomber les morceaux dans le bol. Après, il les ramasse un par un avec une grande cuillère.  Recommence avec une deuxième tranche.
Le plus dur, c'est cette foutue humidité, dit-il en repliant sa serviette.
Je répartis le contenu des casseroles dans nos deux gamelles en fer-blanc tandis que mon père remplit la gourde de vin au cubitainer.
Pour ce qui est de la bière, on la boira chez Fanny avec les autres, il dit.
Dans l'étroit couloir de l'entrée, en évitant de trop nous heurter, nous attrapons nos sacs et nos manteaux.

Déjà lu du même auteur :

le_h_ron_de_guernica Le héron de Guernica 5600 La nuit tombée

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Lieu"

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17 janvier 2013

Les apparences – Gillian Flynn

les_apparences Sonatine – août 2012 – 573 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié

Titre original : Gone Girl, 2012

Quatrième de couverture :
Amy, une jolie jeune femme au foyer, et son mari, Nick, forment en apparence un couple modèle. Victimes de la crise financière, ils ont quitté Manhattan, leur vie aisée, leur travail dans la presse, pour s'installer dans la petite ville du Missouri où Nick a grandi. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, celui-ci découvre dans leur maison un chaos indescriptible : meubles renversés, cadres aux murs brisés, et aucune trace de sa femme. L'enquête qui s'ensuit prend vite une orientation inattendue : sous les yeux de la police, chaque petit secret entre époux et autres trahisons sans importance de la vie conjugale prennent une importance inimaginable et Nick devient bientôt un suspect idéal. Alors qu'il essaie désespérément de son côté de retrouver sa femme, celui-ci découvre qu'elle aussi lui dissimulait beaucoup de choses, certaines sans gravité, d'autres bien plus inquiétantes. Il serait criminel d'en dévoiler davantage tant l'intrigue que nous offre Gillian Flynn recèle de surprises et de retournements. Après Sur ma peau et Les Lieux sombres, la plus littéraire des auteurs de polars, qui dissèque ici d'une main de maître la vie conjugale et ses vicissitudes, nous offre en effet une véritable symphonie paranoïaque, dans un style viscéral dont l'intensité suscite une angoisse quasi inédite dans le monde du thriller.

Auteur : Gillian Flynn est née à Kansas City. Après Sur ma peau et Les Lieux sombres, Les Apparences est son troisième roman.

Mon avis : (lu en janvier 2013)
Il ne faut pas se fier aux apparences...
Nick et Amy semblent être un couple assez banal. Après avoir perdus l'un et l'autre leur travail, ils quittent New-York pour s'installer à North Carthage, petite ville du Missouri où Nick a passé son enfance. Avec Margot, dit Go, sa sœur jumelle, Nick tient Le Bar pendant qu'Amy est femme au foyer. Deux ans après leur arrivée dans le Missouri, le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, lorsque Nick rentre chez lui, il découvre une maison en désordre et Amy a disparu. Que s'est-il passé ?
La première partie du livre permet au lecteur de vraiment découvrir ce couple et ses petits secrets. Le lecteur suit au jour le jour, Nick et ses réactions pas toujours adéquates après la disparition de son épouse, et en alternance nous découvrons des pages du journal d'Amy depuis sa rencontre avec Nick, cinq ans plus tôt. J'ai trouvé cette première partie trop lente et trop longue.
Heureusement, le rythme de la deuxième partie la rend plus passionnante et pris par l'histoire je l'ai dévoré avec facilité ayant hâte de connaître le dénouement avec les parties trois et quatre.
Je n'ai pas été totalement convaincue par ce thriller psychologique et machiavélique. Nick et Amy ne sont pas sympathiques, ils m'ont souvent énervés, l'un comme l'autre et j'ai trouvé le dénouement peu crédible... Malgré tout, la construction du livre est formidable, le suspense est présent durant les 573 pages et les rebondissements sont multiples...
Je gardais un si bon souvenir du livre précédent de Gillian Flynn que pour celui-là, j'en attendais plus et j'ai donc été déçue.

Autres avis :  CanelClaraHélèneJosteinMimiNadael

Extrait : (début du livre)
Quand je pense à ma femme, je pense toujours à son crâne. A la forme de son crâne, pour commencer. La toute première fois que je l'ai vue, c'est l'arrière de son crâne que j'ai vu, et il s'en dégageait quelque chose d'adorable. Comme un épi de maïs dur, luisant, ou un fossile trouvé dans le lit d'une rivière. Elle avait ce que les Victoriens auraient appelé une tête bien faite. Il n'était pas difficile d'imaginer la forme de son crâne.
Je reconnaîtrais son crâne entre mille.
Et ce qu'il y a dedans. Je pense à ça, aussi : à son esprit. Son cerveau, toutes ses spires, et les pensées qui circulent dans ces spires tels des mille-pattes impétueux frappés de frénésie. Comme un enfant, je m'imagine en train d'ouvrir son crâne, de dérouler son cerveau et de le passer au crible afin de tenter d'attraper et de fixer ses pensées. A quoi tu penses, Amy ? La question que j'ai posée le plus souvent pendant notre mariage, même si ce n'était pas à haute voix, même si ce n'était pas à la personne qui aurait pu y répondre. Je suppose que ces questions jettent une ombre funeste sur tous les mariages : A quoi penses-tu ? Comment te sens-tu ? Qui es-tu ? Que nous sommes-nous fait l'un à l'autre ? Qu'allons-nous faire ?

Déjà lu du même auteur : 

les_lieux_sombres Les lieux sombres

Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection policier 
Jury Décembre

50__tats
39/50 : Kansas

 Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
catégorie "Même pas peur" : 21/12

 Challenge 5% Littéraire 2012

   logochallenge2  
30/35

 

16 janvier 2013

Alex - Pierre Lemaitre

Lu dans le cadre du Challenge
 "Ecoutons un livre"

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Alex_cd Alex_ Alex_ldp

AudioLib – mars 2011 – lu par Philippe Résimont

Albin Michel – février 2011 – 392 pages

Livre de Poche – mai 2012 – 408 pages

Quatrième de couverture :
Qui connaît vraiment Alex ? Elle est belle. Excitante. Est-ce pour cela qu'on l'a enlevée, séquestrée et livrée à l'inimaginable ? Mais quand le commissaire Verhoeven découvre enfin sa prison, Alex a disparu. Alex, plus intelligente que son bourreau. Alex qui ne pardonne rien, qui n'oublie rien, ni personne. Un thriller glaçant qui jongle avec les codes de la folie meurtrière, une mécanique diabolique et imprévisible où l'on retrouve le talent de l'auteur de Robe de marié. Pierre Lemaitre hisse le genre noir à une hauteur rarissime chez les écrivains français : celle où se tient la littérature.

Auteur : Né à Paris, Pierre Lemaitre a longtemps enseigné la littérature avant d’embrasser la carrière littéraire. Ses trois premiers romans, Travail soigné (prix du Premier roman de Cognac 2006), Robe de marié (prix du Meilleur polar francophone 2009) et Cadres Noirs (prix du Polar européen du Point 2010), lui ont valu un succès critique et public exceptionnel et l’ont révélé comme un maître du roman noir et du thriller. Ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues et plusieurs sont en cours d’adaptation cinématographique.

Lecteur : Philippe Résimont brûle les planches depuis plus de 20 ans dans des registres très différents (Cyrano de Bergerac, Le Misanthrope, Ladies Night, Littoral). Il participe également à quelques aventures cinématographiques (Les convoyeurs attendent, Maternelle, Une nuit).

Mon avis : (écouté en décembre 2012)
J'ai décidé d'écouter ce livre en premier lieu pour participer au Challenge "Ecoutons un livre" organisé par Valérie. Jusqu'à présent, mes expériences d'écoute de livre audio n'avaient pas été concluantes... Cette fois-ci, j'ai mis toutes mes chances de mon côté en suivant les conseils des adeptes... 
Et bien, j'y ai pris goût, ainsi depuis, Alex, j'ai écouté 3 autres livres audio et mon 4ème est en cours !
En commençant ce livre, je pensais écouter un livre destiné aux adolescents... C'est sans doute à cause de l'illustration de la couverture... Or il n'en est rien... Ce livre est un thriller noir parfaitement construit, divisé en trois parties. L'auteur arrive parfaitement à bousculer le lecteur dans ses certitudes en lui proposant différents points de vue... 

Alex est une jolie jeune femme, elle est brutalement enlevée et séquestrée dans des conditions extrêmes... Le Commissaire Camille Verhoeven dirige l'enquête qui s'annonce complexe et pleine de rebondissements...
Une histoire très noire, glaçante mais passionnante. Le suspense, frayeurs et émotions sont au rendez-vous de ce thriller époustouflant. A ne pas rater ! 
En bonus du livre audio, il y a un entretien de 30 minutes avec l'auteur très intéressant à surtout n'écouter qu'après l'audition du livre. 

Mes nouvelles impressions sur le livre-audio : Pour ce Challenge, j'avais choisi Alex car j'avais repéré que les chapitres sont assez courts et donc le risque de perdre le fil de l'histoire en court de chapitre est moins grande... Le plus dur, c'est le début, il faut entrer dans l'histoire et ainsi garder son esprit à l'écoute et ne pas papillonner... J'ai maintenant un appareil mp3 plus sophistiqué qui me permet d'avancer ou reculer au court d'un chapitre et pour les premiers chapitres ne n'hésitent pas à les écouter plusieurs fois... Ensuite, je suis impatiente de connaître la suite de l'histoire. Et à ma grande surprise, j'ai lu ou plutôt écouté "Alex" en moins d'une semaine... En faisant mes courses, en attendant à la Poste, en marchant et au lit... en particulier en vacances ou le week-end, avant de me lever, je suis souvent réveillée avant mon mari et je ne peux pas allumer pour lire un livre papier !
En commençant ma lecture, je me suis dit que j'emprunterai le livre pour compléter mon écoute (comme je l'avais fait pour les livres audio précédents) et finalement, c'est inutile !

Je participerai au prochain rendez-vous du 16 février avec : 
Enquêtes de Miss Marple T1 (lu par Michaël Lonsdale)

Extrait : (début du livre)
Alex adore ça. Il y a déjà près d’une heure qu’elle essaye, qu’elle hésite, qu’elle ressort, revient sur ses pas, essaye de nouveau. Perruques et postiches. Elle pourrait y passer des après-midi entiers.
Il y a trois ou quatre ans, par hasard, elle a découvert cette boutique, boulevard de Strasbourg. Elle n’a pas vraiment regardé, elle est entrée par curiosité. Elle a reçu un tel choc de se voir ainsi en rousse, tout en elle était transformé à un tel point qu’elle l’a aussitôt achetée, cette perruque.
Alex peut presque tout porter parce qu’elle est vraiment jolie. Ça n’a pas toujours été le cas, c’est venu à l’adolescence. Avant, elle a été une petite fille assez laide et terriblement  maigre. Mais quand ça s’est déclenché, ç’a été comme une lame de fond, le corps a mué presque d’un coup, on aurait dit du morphing en accéléré, en quelques mois, Alex était ravissante. Du coup, comme personne ne s’y attendait plus, à cette grâce soudaine, à commencer par elle, elle n’est jamais parvenue à y croire réellement. Aujourd’hui encore.

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Déjà lu du même auteur : 

 robe_de_mari__ Robe de marié

Lire sous la contrainte

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4ème session : Un seul mot

Challenge Pour Bookineurs En Couleurs

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PAL Noire

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2013
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"Prénom"

 Challenge Thriller 

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catégorie "Même pas peur" : 20/12

 

 

15 janvier 2013

Le jeu des ombres - Louise Erdrich

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
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Le mot : OMBRE

le_jeu_des_ombres Albin Michel - septembre 2012 - 253 pages

traduit de l'américain par Isabelle Reinharez

Titre original : Shadow tag, 2010

Quatrième de couverture : 
Rythmé à la manière d’un thriller sombre et tragique, le Jeu des ombres est un huis-clos hypnotique, sans doute le livre le plus personnel de Louise Erdrich. Portrait d’un mariage et d’une famille sur le point de voler en éclat, d’un homme et d’une femme en proie à la violence d’un face-à-face, c’est aussi une réflexion sur les cicatrices qu’une histoire collective douloureuse peut laisser sur les individus. 
Gil est un peintre reconnu qui doit son succès à Irene, sa femme, un écrivain qui a longtemps été son modèle. Quand elle découvre que son mari lit son journal intime, Irene décide d’en rédiger un autre, qu’elle met cette fois-ci en lieu sûr. Elle y livrera sa vérité, se servant du premier comme d’une arme pour manipuler son unique lecteur. Une guerre psychologique commence, qui va révéler le côté obscur de chacun des personnages. En faisant alterner les journaux d’Irene et un récit à la troisième personne, Louise Erdrich témoigne, une fois de plus, d’une prodigieuse maîtrise narrative.

Auteur :  Karen Louise Erdrich est née le 7 juillet 1954 à Little Falls, dans le Minnesota, d'une mère ojibura (famille des Chippewa), donc amérindienne, et d'un père germano-américain. Elle grandit dans le Dakota du Nord, aux États-Unis, où ses parents travaillaient au Bureau des Affaires Indiennes.
Louise Erdrich est, avec Sherman Alexie, l'une des grandes voix de la nouvelle littérature indienne d'outre-Atlantique. Si elle écrit, c'est pour réinventer la mémoire déchirée de ces communautés qui, aux confins des Etats-Unis, vivent sur les décombres d'un passé mythique. Louise Erdrich vit aujourd’hui dans le Minnesota. 

Mon avis : (lu en janvier 2013)
Le couple de Gil et Irène bat de l'aile. Gil est un artiste peintre possessif qui a depuis toujours comme seule modèle et sujet de ses toiles Irène sa femme. Irène est écrivain, elle a laissé sa carrière de côté pour élever leurs trois enfants, Florian, Riel et Stoney. Maintenant, elle étouffe, et lorsqu'elle découvre que son mari lit en secret son journal intime, elle décide de réagir à sa façon. Tout en continuant à écrire dans son carnet rouge, Irène commence en parallèle un carnet bleu qu'elle enferme dans un coffre à la banque. Le carnet bleu devient son vrai journal intime et elle utilise le rouge pour manipuler petit à petit son mari, elle utilise sa jalousie, elle glisse des détails insignifiants pour le faire douter, le rendre fou et l'obliger à la quitter...
Les extraits des deux carnets d'Irène alternent avec la narration à la troisième personne dont on connaîtra l'identité à la fin du livre. Le lecteur découvre petit à petit l'histoire du couple, de la famille, l'atmosphère est pesante, tendue. Les enfants sont des spectateurs impuissants et inquiets quand à l'issu du couple de leurs parents. Et le lecteur est impatient et curieux de connaître le dénouement de cette histoire...
J'ai aimé la construction du roman, les trois enfants du couple sont très attachants. Le personnage d'Irène est ambivalent, on comprend sa situation, mais sa manipulation est finalement assez cruelle...  

Extrait : (début du livre)
2 novembre 2007 
CARNET BLEU

Maintenant, j'ai deux agendas. Le numéro un, c'est le Mémento Journalier à couverture rouge et cartonnée, semblable à ceux dans lesquels j'écris depuis 1994, quand nous avons eu Florian. Tu m'as offert le premier pour que j'y consigne ma première année dans mon rôle de mère. C'était vraiment adorable de ta part. J'écris dans ce genre de carnets depuis ce temps-là. Ils sont tous cachés au fond d'un tiroir, dans mon bureau, sous un tas de bolducs et de papier cadeau. Le dernier en date, celui qui t'intéresse à présent, je le garde tout au fond d'un classeur métallique plein de vieux relevés bancaires, de chéquiers d'anciens comptes oubliés, le genre de choses que nous nous jurons chaque année de passer à la déchiqueteuse, mais que nous finissons par fourrer dans des dossiers. Après avoir pas mal cherché, je suppose, tu as trouvé mon agenda rouge. Tu t'es mis à le lire pour découvrir si je te trompais.
Le second, que l'on pourrait appeler mon véritable agenda, c'est celui dans lequel je suis en train d'écrire. Aujourd'hui, j'ai pris la voiture pour me rendre à l'agence bancaire de la Wells Fargo, installée dans les beaux quartiers de Minneapolis, sous le Sons of Norway Hall, le centre culturel norvégien. Je me suis garée sur le parking clients, je suis entrée, j'ai franchi deux doubles portes vitrées et descendu un escalier en colimaçon. J'ai tapé sur une clochette de comptoir et une certaine Janice est apparue. Elle m'a aidée à acquérir un coffre de taille moyenne. J'ai payé en liquide pour une année de location et apposé ma signature, trois fois pour vérification, sur la fiche. J'ai pris la clé que Janice m'a tendue. Elle s'est munie de celle qui fait la paire avec la mienne et m'a menée dans la salle des coffres. Une fois le mien extrait de son emplacement dans le mur, elle m'a ouvert un des trois petits cabinets privés, chacun ne contenant rien de plus qu'une étagère fixée à hauteur de bureau et une chaise. J'ai fermé la porte de ma salle privée et sorti ce carnet bleu du grand sac en cuir noir que tu m'as offert pour Noël. Dix ou quinze minutes se sont écoulées avant que je parvienne à commencer. J'avais le coeur qui battait tellement fort. J'étais incapable de dire si ce que je ressentais était de la panique, du chagrin, ou, allez savoir, de la joie.

Dès que le vrombissement de la voiture d'Irène fut englouti par le vacarme continu et assourdi de la ville, Gil se redressa. La serviette dont il se servait pour se protéger les yeux glissa. Il s'allongeait souvent sur le divan de son atelier quand il avait besoin de se reposer les yeux, et il lui arrivait de s'assoupir. Il pouvait dormir là une heure durant, mais le plus souvent il se réveillait en sursaut au bout d'une quinzaine de minutes, revigoré et très étonné, comme si on l'avait plongé dans la fraîcheur d'un ruisseau souterrain. Il s'assit en tâtonnant à la recherche de ses lunettes, qu'il posait parfois en équilibre sur sa poitrine. Les ovales métalliques avaient en effet fini par terre. Il les récupéra, les accrocha derrière ses oreilles. Ses cheveux drus étaient implantés bas sur son front et il les rabattit en arrière, lissa et rattacha sa courte queue de cheval grise. Il s'avança vers le tableau de sa femme et l'observa. Il avait des yeux rapprochés, froids, curieux et sombres. Il pressa la jointure d'un de ses doigts contre son menton. Ses joues maigres étaient mouchetées de peinture jaune.

Déjà lu du même auteur :

la_chorale_des_maitres_bouchers_p La Chorale des maîtres bouchers la_mal_diction_des_colombes La malédiction des colombes

omakayas Omakayas love_medecine_p Love Medecine la_d_capotable_rouge La décapotable rouge

Challenge 5% Littéraire 2012

  logochallenge2  
29/35

50__tats

38/50 : Dakota du Sud
Gil a passé son enfance à Rapid City

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Couleur"

 

14 janvier 2013

C'est Lundi que lisez-vous ? [109]

 BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

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Simon's cat se fait la belle - Simon Tofield 
Enfant 44 - Tom Rob Smith 
Un livre pour le Challenge Un mot, des titres organisé par Calypso avec le mot OMBRE

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Les apparences - Gillian Flynn (Grand Prix des Lectrices de Elle)

Que lirai-je cette semaine ?

Cour Nord - Antoine Choplin
Lame de fond - Linda Lê
L'Ange du matin - Arni Thorarinson
La vallée des masques - Tarun Tejpal


Bonne semaine et bonnes lectures.

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12 janvier 2013

Enfant 44 - Tom Rob Smith

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Audiolib - avril 2009 - lu par Frédéric Meaux

Belfond - février 2009 - 398 pages

Pocket - janvier 2010 - 522 pages

traduit de l'anglais par France Camus-Pichon

Titre original : Child 44, 2008

Quatrième de couverture :
Hiver 1953, Moscou. Le corps d'un petit garçon est retrouvé sur une voie ferrée.
Agent du MGB, la police d'État chargée du contre-espionnage, Leo est un officier particulièrement zélé. Alors que la famille de l'enfant croit à un assassinat, lui reste fidèle à la ligne du parti : le crime n'existe pas dans le parfait État socialiste, il s'agit d'un accident. L'affaire est classée mais le doute s'installe dans l'esprit de Leo.
Tombé en disgrâce, soupçonné de trahison, Leo est contraint à l'exil avec sa femme Raïssa, elle-même convaincue de dissidence. C'est là, dans une petite ville perdue des montagnes de l'Oural, qu'il va faire une troublante découverte : un autre enfant mort dans les mêmes conditions que l'« accident » de Moscou.
Prenant tous les risques, Leo et Raïssa vont se lancer dans une terrible traque, qui fera d'eux des ennemis du peuple…

Auteur : Tom Rob Smith est né à Londres en 1979, d'une mère suédoise et d'un père anglais. Diplômé de l'université de Cambridge, il a passé un an en Italie dans un atelier d'écriture. Il a ensuite travaillé comme scénariste pendant cinq ans. Tom Rob Smith vit à Londres. Après Enfant 44 (2009), Kolyma est son deuxième roman.

Lecteur : Originaire du Sud-ouest de la France, Frédéric Meaux a fait ses études de Comédien-Danseur à l'école des Arts du spectacle à Bruxelles. Il poursuit ensuite sa formation dans l'art clownesque et la Commedia dell'arte. Depuis plusieurs années, il prête sa voix pour la télévision et le cinéma. Il a déjà enregistré pour Audiolib Enfant 44  et Le jeu de l'ange.

Mon avis : (lu en décembre 2012)
Avant de commencer ce livre, je ne m'attendais pas à lire une histoire pareille, le titre est mystérieux et induit même à l'erreur, le chiffre 44 m'évoquait autre chose que l'Union Soviétique en 1953...

Léo est un agent du MGB (ancêtre du KGB), il obéit au système et n'hésite pas à participer à la terreur stalinienne. Pourtant, un jour Léo décide de mener seul une enquête autour de disparitions d'enfants. En désaccord avec la Parti il devient personna non grata et il est déplacé au fin fond de l'Oural... Malgré tout, il poursuivra son enquête et fera des découvertes surprenantes...
J'ai beaucoup aimé ce livre, avec cette histoire, j'ai découvert le monde soviétique d'après-guerre, son contexte politique, économique et social et en même temps l'une enquête autour de ses enfants disparus est palpitante. L'ambiance est oppressante, par moment effroyable et le lecteur est tenu en haleine du début à la fin.  

Extrait : (début du livre)
Puisque maria avait décidé de mourir, son chat n’aurait qu’à se débrouiller. Elle s’en était déjà occupée au-delà du raisonnable. Voilà belle lurette que les villageois avaient attrapé et mangé les rats et les souris. Les animaux de compagnie avaient suivi. Tous, sauf un : ce chat, son compagnon qu’elle tenait caché. Pourquoi ne l’avait-elle pas tué ? Pour garder une raison de vivre, quelque chose à protéger et à aimer – une raison de survivre. Elle s’était promis de continuer à le nourrir jusqu’à ce qu’elle-même n’ait plus rien à se mettre sous la dent. Ce jour était arrivé. Elle avait déjà découpé ses bottes de cuir en lanières, les avait fait bouillir avec des orties et des graines de betterave. Elle avait creusé le sol pour trouver des vers de terre, sucé des morceaux d’écorce. Ce matin encore, délirante de fièvre, elle avait rongé un pied du tabouret de la cuisine jusqu’à ce que ses gencives soient pleines d’échardes. A sa vue son chat avait filé se réfugier sous le lit, refusant de se montrer alors même qu’elle l’appelait à genoux, le suppliait de sortir de sa cachette. C’est à ce moment-là que Maria avait décidé de mourir, n’ayant  plus rien à manger ni à aimer.
Elle attendit la tombée de la nuit pour ouvrir la porte d’entrée. Dans l’obscurité, son chat aurait plus de chances d’atteindre les bois sans être vu. Si un habitant du village l’apercevait, il lui sauterait dessus. Même si près de mourir, elle ne supportait pas l’idée qu’on tue son chat. Elle se consolait en se disant qu’il profiterait de l’effet de surprise. Au sein d’une communauté où les hommes adultes mâchaient de la terre en espérant tomber sur des fourmis ou des œufs d’insectes, où les enfants cherchaient dans le crottin de cheval les grains d’avoine non digérés et où les femmes se battaient pour quelques os, personne, à coup sûr, n’imaginait qu’un chat ait pu avoir la vie sauve.

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 Challenge God Save The Livre 
Challenge_anglais

 Challenge Voisins, voisines

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Grande-Bretagne

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2013

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"Chiffre/Nombre"

 Challenge Thriller 

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catégorie "Même pas peur" : 19/12

 Défi 1er roman
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9 janvier 2013

Little Miss Sunshine (Film)

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Film américain réalisé par Jonathan Dayton et Valerie Faris en 2006.

Synopsis :
L'histoire des Hoover. Le père, Richard, tente désespérément de vendre son "Parcours vers le succès en 9 étapes". La mère, Sheryl, tente de dissimuler les travers de son frère, spécialiste suicidaire de Proust fraîchement sorti de l'hôpital après avoir été congédié par son amant.
Les enfants Hoover ne sont pas non plus dépourvus de rêves improbables : la fille de 7 ans, Olive, se rêve en reine de beauté, tandis que son frère Dwayne a fait voeu de silence jusqu'à son entrée à l'Air Force Academy.
Quand Olive décroche une invitation à concourir pour le titre très sélectif de Little Miss Sunshine en Californie, toute la famille décide de faire corps derrière elle. Les voilà donc entassés dans leur break Volkswagen rouillé : ils mettent le cap vers l'Ouest et entament un voyage tragi-comique de trois jours qui les mettra aux prises avec des événements inattendus...

Mon avis :
Une famille complètement déjantée, un combi presque hors d'usage et un voyage épique entre Albuquerque (Nouveau-Mexique) et la Californie. Olive Hoover est une petite fille de 7 ans terriblement attachante et pleine de vie, elle a été sélectionnée pour concourir au concours de beauté Little Miss Sunshine.Son père, Richard est coach de motivation, il espère arriver à vendre un livre sur sa technique. Dwayne est le demi-frère d'Olive, il admire Nietzsche. Il a fait vœu de silence depuis neuf mois afin d'entrer à l'Air Force Academy, il ne communique qu’avec un bloc-notes... Frank Ginsberg est le frère de Sheryl Hoover, la mère d'Olive et Dwayne, professeur d'université spécialiste de Marcel Proust, il est homosexuel. Après une tentative de suicide, il est contraint de s'installer chez sa sœur. Enfin, Edwin Hoover est un grand-père toxicomane, il entraîne sa petite-fille Olive, qu'il adore, pour le concours de Little Miss Sunshine. Il a un vocabulaire très fleuri... Une aventure inoubliable sur les routes américaines, pleine d'humour et d'émotions.
C'est également une critique des concours de Mini Miss...
Le film est passé à la télévision durant les fêtes et j'ai passé un très bon moment à le revoir.

Photos :

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37/50 : Nouveau-Mexique

8 janvier 2013

Simon's cat se fait la belle - Simon Tofield

simons_cat Fleuve Noir – novembre 2010 – 240 pages

Titre original : Simon's cat beyond the fence, 2010

Quatrième de couverture : 
Pour le chat de Simon, l'heure de l'émancipation a sonné. Inutile de le retenir, sa décision est prise. Aujourd'hui, il va franchir la barrière du jardin de son maître. À lui, l'indépendance ! Le temps de préparer son baluchon et vous pourrez le retrouver dans de nouvelles aventures félinement drôles.

Auteur : Né en 1971 en Grande-Bretagne, Simon Tofield est directeur commercial du studio d'animation Tandem Films. Son premier ouvrage, Simon's Cat, a connu un succès retentissant à travers le monde, où il a publié dans plus de vingt pays. Dans ce nouveau livre, il réunit, pour notre plus grand plaisir, son amour pour les chats et la campagne anglaise.

Mon avis : (lu en décembre 2012)
Aussi amusant que les vidéos vues sur internet... Simon's cat est hilarant, tellement réaliste et faisant bêtises sur bêtises... Après avoir mis sans dessus dessous la maison de Simon et lorsque ce dernier décide de lui donner une douche,  Simon's cat décide de quitter la maison. Il part donc à l’aventure dans la campagne anglaise et fait la rencontre de nombreux animaux, oiseaux, hérissons, lapins… Toujours affamé, l’aventure ne va pas être facile pour notre chat insupportable mais si attachant !

Extrait : 

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 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2013
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"Animal"

7 janvier 2013

C'est Lundi que lisez-vous ? [108]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

la_t_te___Toto gastoon chucho_folio1 la_r_paration 

La Tête à Toto - Sandra Kollender 
Gastoon, Tome 2 : Des vertes et des pas mûres ! - Jean et Simon Léturgie et Yann
Chucho – Grégoire Polet 
La réparation - Colombe Schneck
Un livre pour le 
Challenge Destination proposé par evertkhorus vers la Finlande

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Un livre pour le Challenge Un mot, des titres... organisé par Calypso avec le mot OMBRE

Que lirai-je cette semaine ?

Les apparences - Gillian Flynn (Grand Prix des Lectrices de Elle)
Lame de fond - Linda Lê
L'Ange du matin - Arni Thorarinson
La vallée des masques - Tarun Tejpal



Bonne semaine et bonnes lectures.

6 janvier 2013

La réparation - Colombe Schneck

la_r_paration Grasset – août 2012 – 224 pages

Quatrième de couverture :
« Je me suis d'abord trompée.
Je me disais c'est trop facile, tu portes des sandales dorées, tu te complais dans des histoires d'amour impossible, tu aimes les bains dans la Méditerranée et tu crois qu'une fille comme toi peut écrire sur la Shoah ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit. La petite Salomé, dont ma fille a hérité du beau prénom, mon arrière grand-mère, mes oncles et tantes, mes cousins, vivaient en Lituanie avant la guerre. Ils appartenaient à une communauté dont il ne reste rien. »

Que s'est-il vraiment passé dans le ghetto de Kovno en 1943 ? Et pourquoi cette volonté de vivre à tout prix ?
Dans ce roman-vrai, Colombe Schneck remonte le temps et fouille les mémoires. Jusqu'à la découverte d'une vérité bouleversante.

Auteur : Colombe Schneck, née en 1966, est journaliste et écrivain. La réparation est son cinquième roman.  

Mon avis : (lu en janvier 2013)
Si ce livre n’avait pas été dans la sélection Elle, je ne l’aurais certainement pas lu. En premier lieu, je ne comprends pas pourquoi il a été sélectionné dans la catégorie Roman et non dans la catégorie Document. Ce livre n’est pas un roman mais un témoignage.
Le prénom Salomé donné à sa fille est le déclic pour l’auteur pour s’intéresser à l’histoire de sa famille et en particulier à la mort de Salomé Berstein en 1943 à Auschwitz à l’âge de six ans. Salomé était la fille de Raya une sœur de Gila la grand-mère de Colombe. Les témoins de l’époque sont déjà tous morts et Colombe Schneck va aller aux Etats-Unis puis en Israël rencontrer tantes et oncles, les descendants des témoins. Plus tard, elle retournera à Kovno en Lituanie sur les traces de sa famille.
Ce livre raconte une histoire familiale touchante. Il est très documenté et j’ai appris beaucoup de choses sur la déportation en Lituanie et sur le ghetto de Kovno.
Malgré tout, j’ai été énervée par les trop nombreux « je, je, je » de l’auteur. Je regrette qu’elle  ne se soit pas plus effacée derrière l’histoire de sa famille. Ses sentiments et ses doutes quant à sa légitimité de faire ou non ce livre n’apporte rien de plus. Egalement, les allers-retours entre passé et présent font perdre le fil au lecteur, j’ai eu l’impression de certaines redites et j’ai été parfois perdue dans la généalogie familiale.
L’idée de ce témoignage était intéressante et importante mais la forme n’est pas à la hauteur. Dommage.

Extrait : (page 57)
En 1947, ma mère Hélène a quinze ans, elle se trouve trop grosse, elle a des boutons, elle s'ennuie dans son lycée pour filles. Ginda ne lui dit rien de sa grand-mère Mary, de ses cousins Salomé et Kalman. Ils sont morts, il n'y a rien à ajouter à cela. Ginda ne lui dit rien non plus de ce qui est arrivé à ses tantes Raya et Macha, à son oncle Nahum. Ginda ne lui dit rien du poids porté par Raya et Macha. Ce qui lui est arrivé à elle, Hélène, la peur, le passage de la ligne de démarcation, les humiliations subies, le couvent, on n'en parle pas non plus. Rien de grave. Elle est en vie, ses parents, son petit frère Pierre aussi, que veut-elle de plus ?
Elle a compris cela, elle est en vie, elle n'a pas le droit de se plaindre, d'être de mauvaise foi, de faire des caprices, d'avoir des mauvaises pensées. Elle doit être parfaite, se taire, bien travailler au lycée. Raya et Macha l'embrassent, la câlinent, s'extasient comme si elle était encore cette petite fille ravissante d'avant la guerre. Hélène n'a plus l'habitude de recevoir autant d'affection, de mots doux. On met cela sur le compte de l'adolescence. 
Hélène a quinze ans, elle ne possède qu'une jupe et un pull-over, elle croit la coquetterie interdite. Comment réclamer alors qu'elle possède l'essentiel ?
Elle est en vie. Elle admire l'élégance inaccessible de Raya et Macha. Ses tourments d'adolescente, elle en est persuadée, sont bien médiocres, pourtant ils envahissent tout. Elle a dix-sept ans, son père lui dit la veille des résultats de son bachot, « si tu avais travaillé un peu plus, tu l'aurais eu ». A l'annonce des résultats, il lui inflige « plus de chance que d'intelligence ». Elle répète les propos de son père en riant, elle sait qu'il s'agit de marques de tendresse. Simkha lui offre des ballerines de chez Carel. Elle est très heureuse puis se sent futile, ridicule, coupable, idiote. Comment a-t-elle pu avoir un désir aussi égoïste, porter une jolie paire de chaussures ? Sa cousine Salomé, son cousin, le bébé Kalman sont morts et il ne reste rien d'eux. Hélène souhaiterait des robes en vichy, des ceintures en élastique, danser, avoir des amoureux, trouver la vie belle. Elle suppose qu'après ce qui est arrivé à Raya et Macha et qu'elle a deviné, les plaisirs sont interdits. Tout chez Hélène est délicat, le nez, les oreilles, les poignets, les chevilles. Elle a pris cela chez son père Simkha.
Ginda est plus ronde, les yeux bleus, Ginda n'est pas belle. Ginda est la plus intelligente, la plus indépendante. Ginda possède une volonté douce à laquelle personne ne résiste.
La plus ravissante est sa soeur Raya. Raya joue au piano des concertos italiens de Bach, elle raconte son voyage de noces avec son premier mari avant la guerre, à l'hôtel d'Angleterre à Rome, les draps en coton égyptien, les caffè freddo dans le jardin, elle s'est offert chez un tailleur de la via Veneto une veste de lin parme. Raya porte au poignet droit de ses longues mains blanches, une minuscule montre en or comme seul bijou. Elle rit souvent et même après la guerre, elle continuera à rire. Il semble qu'elle ne se force pas car ses rires ont le même ton que des larmes Elle est aimante, tendre, très amoureuse de son deuxième mari Elie. Elle porte en elle la vie interrompue de sa fille Salomé. Elle continue à bercer le corps de sa fille devenu imaginaire. Raya s'y réfugie, s'adresse à elle comme de son vivant, elle est toujours émerveillée par la présence de sa fille. Elle sait que si elle perdait cette capacité de la croire toujours près d'elle, alors elle pourrait sombrer.



 Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection roman 
Jury Décembre

Challenge 4% Littéraire 2012
 logochallenge2 
28/28

 

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