Lucie ou la vocation - Maëlle Guillaud
Éditions Héloïse d’Ormesson - août 2016 - 208 pages
Points - septembre 2017 - 216 pages
Quatrième de couverture :
Que sa volonté soit faite.
Lucie est amoureuse. Éperdument. Mais pour imposer celui qu'elle a choisi, elle va devoir se battre. Ne pas céder face aux larmes de sa mère, à l'incompréhension de sa grand-mère, et à la colère de Juliette, sa meilleure amie. Malgré les humiliations quotidiennes, les renoncements, l'isolement et l'ascèse. Elle résiste et rêve d'absolu. Un jour pourtant, le sacrifice qu'elle a durement payé est violemment ébranlé par la découverte d'un secret. S'est-elle fourvoyée ou est-elle victime d'une manipulation?
Avec une sensibilité et une justesse infinie, L. ou la vocation nous entraîne dans les coulisses d'un monde fermé, soumis aux règles impénétrables d'une congrégation vouée au divin. Subtilement le roman dévoile ce processus d'abnégation jusqu'à ce que le doute s'immisce. Une histoire en étroite résonance avec nos problématiques sociétales, et qui permet peut-être de saisir avec plus d'acuité la violence que le sacrifice impose et surtout sa puissance à tout exiger de vous.
Auteur : Née en 1974, Maëlle Guillaud est éditrice. Lucie ou la vocation est son premier roman.
Mon avis : (lu en août 2017)
C'est l'histoire d'une jeune fille qui choisit de consacrer sa vie à Dieu en entrant dans les ordres.
En classes préparatoires, Lucie décide d'abandonner ses études pour « se marier avec Dieu », chez ses proches, c'est l'incompréhension. Son amie Juliette va tout tenter pour la raisonner, sa grand-mère comprend qu'elle va partir pour toujours et sa mère est triste de savoir que sa fille ne lui donnera jamais de petits-enfants. Et Lucie tient bon, elle devient sœur Marie Lucie, et prononce ses vœux : de pauvreté, de silence et d'obéissance. La vie dans la communauté n'est pas aussi facile et aussi belle qu'annoncée... au fil du temps, les questions de la jeune fille sur sa Foi et sur son engagement auprès de Dieu vont se transformer en une enquête sur ce qu'il se passe vraiment dans ce couvent...
J'ai trouvé ce roman dérangeant. Et pourtant, jeune adulte, j'ai eu l'occasion de passer quelques jours dans plusieurs monastères (sans jamais eu envie de m'y engager). Dans cette histoire, j'ai trouvé que les méthodes pour attirer Lucie au couvent étaient très proches de celles de sectes... J'ai été surprise par le ton du livre qui commence comme un roman documentaire qui questionne sur la vocation religieuse et puis qui devient un roman policier autour du secret de couvent... Ce mélange des genres est troublant.
Extrait :
La ville pullule de touristes aux tenues criardes et au regard de bête traquée. C’est à ça qu’on les reconnaît, à cette étrange crainte qui les habite, loin de leurs bases, se dit Lucie. La jeune femme gravit les marches d’un pas léger. Elle emprunte la ruelle qui contourne la basilique. Au bout, une grille s’ouvre sur une cour pavée nimbée de lumière.
Depuis plusieurs mois, elle vient ici en secret avec Mathilde. Son amie est différente des autres élèves de la khâgne. Elle a tout vu, tout vécu, même la rue. Et à dix-neuf ans à peine, elle a étudié la théologie.
Mathilde se glisse dans d’autres sphères, quand Lucie cherche encore quel sens donner à sa vie. Longtemps, elle a rêvé de passion fusionnelle et de brillante carrière, comme celle de son père. Depuis peu, elle n’a que des doutes.
Lucie pousse la porte. Ici, elle est à l’abri du bruit et de la poussière de la rue. Ici, l’amour l’enivre, même si elle ignore les effets de l’ivresse. Elle est portée par une force plus grande qu’elle, douce et enveloppante. Quand elle en a parlé à Mathilde, cette dernière a souri. Il suffit, d’après Mathilde, d’accepter que cette vague d’amour vous submerge.
Lucie aperçoit son amie, les cheveux bruns tirés en queue-de-cheval serrée, qui est assise un peu plus loin. Elle la rejoint et lui serre discrètement le bras en saluant d’un sourire les femmes qui l’entourent.
Toutes ferment les yeux. Autour d’elle, tout n’est qu’amour. À cet instant, elle est sereine.