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A propos de livres...
17 janvier 2016

Terres amères - Joyce Carol Oates

Lu en partenariat avec les éditions Philippe Rey

livre_moyen_283 Philippe Rey - octobre 2015 - 480 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Christine Auché et Claude Seban

Titre original : Sourland, 2010

Quatrième de couverture : 
Seize nouvelles brutales et décapantes, parfois insoutenables. Certes, la prose de Joyce Carol Oates n'a jamais été conseillée en qualité de berceuse mais, en ce qui concerne ce recueil, les enfants auront intérêt à aller se coucher encore plus tôt car, très vite, Oates se montre sans pitié pour eux. Bien entendu, les véritables aficionados en redemanderont. La première tout comme la dernière nouvelle sont peut-être à éviter pour les âmes sensibles... s'il en existe encore. Oates a superbement disséqué le chagrin et le choc provoqués par la mort de son premier mari Ray Smith en 2008, et il n'est donc pas surprenant que la perte et le deuil soient les thèmes dominants de ce recueil rageur, dur et viscéralement dérangeant, écrit au lendemain du malheur. On y cherchera en vain la résignation de la veuve : Oates semble déterminée à nous convaincre que la femme en deuil est une sorte de coupable, une victime qui dans un sens mérite tout ce qui lui arrive (et ce n'est pas toujours tendre). Mais même si la démonstration pèche par un rien d'excès, quel bonheur de lecture que ces pages qui font tomber les idoles et les clichés avec une santé, une énergie - et une plume - d'une jeunesse éblouissante.

Auteur : Joyce Carol Oates est née en 1938 à l'ouest du lac Erié. Son père travaillait pour la General Motors. Elle passe une enfance solitaire face à sa soeur autiste et découvre, lorsqu'elle s'installe à Detroit au début des années 60, la violence des conflits sociaux et raciaux. Membre de l'Académie américaine des arts et des lettres depuis 2008, professeur de littérature anglaise à Princeton. Titulaire de multiples et prestigieuses récompenses littéraires (elle figure depuis des années sur la courte liste des Nobélisables), Joyce Carol Oates figure depuis longtemps au premier rang des écrivains contemporains. Elle a reçu le prix Femina étranger en 2005 pour Les Chutes.

Mon avis : (lu en décembre 2015 et janvier 2016)
J'ai mis beaucoup de temps à lire ces 16 nouvelles toujours sombres et souvent angoissantes, mettant en scènes le plus souvent des femmes et où la mort est souvent présente.
Je n'ai pas pu lire ce livre d'une traite, j'ai été obligée de lâcher périodiquement ma lecture pour y revenir quelques jours plus tard...
Dans « Tête de citrouille » Hadley, une veuve depuis peu, voit un homme, quel connaît à peine, s'inviter chez elle avec une citrouille et impossible de le faire repartir...
Dans « Chasseur de primes », il est question de la cruauté d'enfants. 
« Amputée » est une histoire d'amour particulière. Il a fallu que je m'y reprenne à deux fois pour lire cette nouvelle car dans le texte, les mots "et" ont tous été remplacés par le signe "&" et cela m'a vraiment perturbé.
« Bonobo Momma » met en scène une mère et une fille. Cette dernière se fait une joie de retrouver sa mère mais la rencontre ne va pas se dérouler comme elle l'espérait.
Dans «Correction » Madelyn, une jeune fille de quatorze ans, est à l'hôpital au chevet de son père, elle croise par hasard un ancien de ses professeurs...
C'est très bien écrit mais à éviter si votre état d'esprit est à la déprime ou le soir avant d'aller se coucher, les récits sont souvent cruels, quelques unes sont même glauques...

J'ai trouvé cette lecture exigente et parfois difficile. Les conclusions de certaines histoires sont parfois peu claires... 
Pour apprécier ce livre à sa juste valeur, je pense qu'il faut connaître et aimer l'auteur et également aimer les nouvelles.

Merci Arnaud et les éditions Philippe Rey pour cette découverte.

Extrait : (début du livre)
À la fin du mois de mars, une tempête de neige mouillée avait traversé la partie nord du centre du New Jersey. Son mari était mort quelques jours plus tôt. Il n’y avait aucun rapport entre les deux événements, elle le savait. Sauf que, depuis lors, elle s’était mise à remarquer un curieux scintillement dans l’air au crépuscule. Souvent, elle se retrouvait sur le seuil de sa maison, ou bien dehors – incapable de se rappeler comment elle était arrivée là. Pendant de longues minutes, elle observait, tandis que les couleurs s’estompaient peu à peu, la lumière blanchâtre qui surgissait du ciel et des pins sylvestres autour de la maison.
Pour elle, ce n’était pas une lumière naturelle, et dans ses moments de faiblesse, elle pensait C’est l’heure du passage. Elle regardait le phénomène sans être certaine de ce qu’elle pouvait bien voir. Elle se sentait excitée, vigilante. Elle se sentait pleine d’appréhension. Elle se demandait si cet étrange scintillement dans l’air avait toujours été là sans qu’elle l’ait remarqué dans sa vie protégée d’auparavant.

Ce soir d’octobre, alors que le soleil n’avait pas complètement disparu, elle aperçut la lumière des phares d’une voiture tournant dans l’allée, à quelque distance, près de la route. Elle sursauta, instantanément sur le qui-vive – ne sachant d’abord plus vraiment où elle était. Et puis elle se souvint qu’Anton Kruppe devait passer la voir à peu près à cette heure-là.
Je passerai, avait-il dit. Ou bien était-ce elle qui avait dit Pourquoi ne passeriez-vous pas ?
Elle n’arrivait pas à discerner ses traits. Apparemment, il conduisait un pick-up à la carrosserie marquée d’inscriptions blanches indistinctes. Après être descendu du siège conducteur surélevé, il avança vers elle d’une démarche chaloupée – haute silhouette masculine d’épouvantail avec, en guise de tête, une citrouille de Halloween difforme.

Quel choc ! Hadley recula, incapable de comprendre ce qu’elle voyait.
Cette tête de citrouille souriante posée sur des épaules d’homme, ces yeux découpés et malveillants qui n’étaient pas éclairés de l’intérieur comme ceux des citrouilles de Halloween, mais sombres, vitreux. Et cette voix qui parlait à travers la fente de la bouche souriante dans un anglais marqué d’un fort accent.

 

Déjà lu du même auteur : 

nous__tions_les_Mulvaney Nous étions les Mulvaney  fille_noire__fille_blanche Fille noire, fille blanche 

petite soeur, mon amour Petite sœur, mon amour mudwoman  Mudwoman 

le_myst_rieux_Mr_Kidder Le mystérieux Mr Kidder 107462735 Carthage

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Commentaires
G
Je vais attendre un peu plus de soleil avant de lire ce genre de livre !
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L
Je n'ai pas très envie d'une lecture difficile ...
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V
J'aime beaucoup les nouvelles mais j'ai été assez déçu par celles du recueil "Cher Epoux" du même auteur, du coup, j'hésite à me tourner vers celui-ci alors que la description que tu en fais (glauque, dur) m'attire pas mal :/
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