Réparer les vivants - Maylis de Kerangal
Il pleuvait des oiseaux - Jocelyne Saucier
Psycho investigateur - Erwan Courbier et Benoît Dahan
Physalis - juin 2013 - 144 pages
Quatrième de couverture :
Quand il manque des pièces au puzzle d'une enquête policière, il existe un étrange analyste qui possède la mystérieuse capacité de les retrouver. Examinant les témoins les plus improbables, Simon Radius pénètre la nébuleuse de leurs souvenirs enfouis...
Mais le Psycho-Investigateur auto-proclamé pourra-t-il compléter son propre puzzle, le plus impensable de tous ?
Auteurs : Erwan Courbier, scénariste, vit à Lyon. Il a commencé à raconter des histoires en inventant des jeux de rôle avant de se lancer dans le scénario de Simon Radius qu'il écrit en collaboration avec Benoît Dahan.
Benoît Dahan, scénariste, dessinateur et coloriste, vit à Paris. Après des études d'Arts Graphiques à l’ESAG, il se lance dans l’illustration de presse (Le Monde, Libération, Le Point, Science et vie junior...) et de livres jeunesse. Simon Radius est son premier album de bande dessinée qu'il réalise avec son ami Erwan Courbier.
Mon avis : (lu en avril 2014)
Cet album regroupe une trilogie, en 2005 le premier tome était paru sous le titre "Simon Radius" mais l'éditeur n'avait pas voulu poursuivre la série. Grâce à la persévérance des auteurs et les éditions Physalis, l’intégralité des trois tomes imaginés a pu enfin être édité.
Une bande dessinée très originale que j'ai découvert lors d'un Café Lecture de la Bibliothèque. Simon Radius est psycho-investigateur, sous hypnose, il arrive à pénétrer dans l'esprit des témoins, il traque les souvenirs oubliés, les traumatismes anciens... Ce sont des méthodes qui lui attirent moquerie et conflits avec ses confrères psychiatres et les enquêteurs de la police. A travers trois enquêtes le lecteur découvre les méthodes plutôt inattendues et surprenantes de notre psycho-investigateur. Simon est lui-même pleins de mystères et de secrets, il tente d'appliquer à lui-même ses méthodes d'investigation pour retrouver sa femme disparue...
Voilà une bande dessinée très réussie que l'on ne peut pas lâcher. Elle mêle intelligement enquête policière et étude psychologique. Le scénario est très réussi, tout comme la mise en page. La qualité du papier, de la couverture de l'album et son petit prix est également à signaler.
Une très belle découverte !
Note : ♥♥♥♥♥
Extrait :
La muraille invisible - Henning Mankell
Sixtrid - mars 2014 - 15h25 - Lu par Marc-Henri Boisse
Seuil - mars 2002 - 426 pages
Points - mars 2003 - 528 pages
traduit du suédois par Anne Gibson
Titre original : Brandvägg, 1998
Quatrième de couverture :
L'automne est revenu à Ystad. Tynnes Falk, consultant en informatique, s'écroule mort devant un distributeur bancaire. Au même moment, deux adolescentes tuent sauvagement un chauffeur de taxi. La plus âgée s'enfuit du commissariat. Son corps est retrouvé à l'intérieur d'un transformateur à haute tension. C'est alors que Wallander découvre le sanctuaire clandestin de Falk. L'univers qui se dévoile peu à peu aux enquêteurs - grâce à la complicité d'un jeune hacker surdoué - est vertigineux. L'ennemi se révèle à la fois omniprésent, omnipotent et invisible. A ceci près qu'il menace les centres financiers de la planète. Confronté à l'enquête la plus difficile de sa carrière, Wallander est plus seul que jamais. Peut-il encore se fier à ses collègues ? Qu'en est-il de la Suède où des adolescentes passent à l'acte à coups de marteau ? Et où ceux qui le peuvent cherchent à quitter le pays. Wallander, lui, n'a pas le choix. Il reste. Contre toute attente, une femme va croiser sa route...
Auteur : Henning Mankell, né en 1948, partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Lauréat de nombreux prix littéraires. Outre la célèbre « série Wallander », il est l'auteur de romans sur l'Afrique ou sur des questions de société, de pièces de théâtre et d’ouvrages pour la jeunesse.
Lecteur : Marc-Henri Boisse acteur et réalisateur.
Mon avis : (écouté en avril 2014)
Tynnes Falk, consultant en informatique, est retrouvé mort devant un distributeur bancaire. Au même moment, deux adolescentes tuent sauvagement un chauffeur de taxi. Toutes deux sont arrêtées et interrogées. Un peu plus tard dans la soirée, l'une des deux s'enfuit du commissariat...
Dans cet huitième enquête de Wallander, ce dernier n'est pas à la fête... Il souffre de la solitude et hésite à rencontrer quelqu'un grâce aux petites annonces. Il est l'objet d'une plainte à cause d'une gifle qu'il a donné à la plus jeune des deux ados qui allait frapper sa mère. Mais personne ne veut croire sa version des faits, en particulier sa hiérarchie, Wallander est dégoûté, prêt à démissionner. Mais sa conscience professionnelle lui fera poursuivre son travail.
Ecrite en 1998, l'intrigue nous entraîne sur la piste de piratage informatique autour de la finance mondiale. C'est donc très contemporain et très réaliste.
Je suis une inconditionnelle de Kurt Wallander, j'ai donc passé un très bon moment en écoutant ce livre audio. Malheureusement, il ne me reste plus qu'une seule aventure à découvrir... Mais je compte bien relire un jour les premières enquêtes.
En 2008, ce livre a été adapté par la BBC dans la série télévisée Wallander (saison 1 – épisode 2) réalisé par Andy Wilson avec Kenneth Branagh, Benedict Taylor, David Sibley, Roland Hedlund, Rupert Graves. Cette adaptation très réussie est assez proche du livre et nous permet de découvrir de très beaux paysages de Suède. Je compte regarder prochainement cet épisode.
Extrait : (page 28)
Wallander soupira et se força à redevenir policier. Il ouvrit le dossier et le parcourut en constatant comme d’habitude que Martinsson avait rédigé un rapport clair et succinct. Il s’enfonça dans son fauteuil et réfléchit à ce qu’il venait de lire.
Deux filles, âgées de dix-neuf et quatorze ans, avaient téléphoné d’un restaurant à vingt-deux heures le mardi soir pour commander un taxi. Elles avaient ensuite demandé à être conduites à Rydsgard. L’une des deux était montée à l’avant ; à la sortie de la ville, elle avait demandé au chauffeur de s’arrêter, disant qu’elle préférait tout compte fait voyager à l’arrière. Le taxi s’était arrêté au bord de la route. La fille assise à l’arrière avait alors brandi un marteau et frappé le chauffeur à la tête pendant que l’autre lui enfonçait un couteau dans la poitrine. Elles l’avaient dépouillé de son portefeuille et de son portable avant de prendre la fuite. Malgré ses blessures, le chauffeur – Johann Lundberg, soixante ans, dont quarante au volant de son taxi – avait réussi à donner l’alerte et à fournir un bon signalement des deux filles. Martinsson, qui s'était chargé de l'affaire ce soir-là, les avait identifiées sans trop de mal en interrogeant les clients du restaurant. Elles avaient été arrêtées à leur domicile. Celle de dix-neuf ans était restée en garde à vue. En raison de la gravité du crime, on avait décidé de retenir aussi la plus jeune. Johan Lundberg était conscient à son arrivée à l'hôpital ; puis son état s'était brusquement aggravé. Les médecins hésitaient à se prononcer. Selon Martinsson, les deux filles avaient justifié l'agression par un « besoin d'argent ».
Wallander fit la grimace. Il n’avait jamais de sa vie été confronté à une chose pareille : deux jeunes filles passant à l’acte avec une violence incontrôlée. D'après les notes de Martinsson, la plus jeune allait à l'école, c'était même une excellente élève. La plus âgée avait déjà travaillé comme réceptionniste dans un hôtel et comme jeune fille au pair à Londres, et s'apprêtait à entamer des études de langues. L'une et l'autre n'étaient connues ni de la police ni des services sociaux.
Déjà lu du même auteur : Tea-Bag
Les chaussures italiennes
Meurtriers sans visage
Les chiens de Riga
L'homme inquiet
Le Retour du professeur de danse
La lionne blanche
Profondeurs
Le Chinois
L’homme qui souriait
Le guerrier solitaire
La faille souterraine et autres enquêtes
La cinquième femme
Les morts de la Saint-Jean
Les chaussures italiennes
Challenge Voisins Voisines 2014
Suède
Challenge Petit Bac 2014
"Bâtiment" (3)
Challenge Trillers et Polars
catégorie "Même pas peur" : 27/25
C'est lundi, que lisez-vous ? [171]
(c) Galleane
C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane
Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?
Pour quelques milliards et une roupie - Vikas Swarup
Blast, tome 4 : Pourvu que les Bouddhistes se trompent - Manu Larcenet
Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre
Qu'est-ce que je lis en ce moment ?
Que lirai-je cette semaine ?
Le collier rouge - Jean-Christophe Rufin
La ronde des désirs impossibles - Paola Calvetti (partenariat Albin Michel)
Joyland - Stephen King (partenariat Albin Michel)
Bonne semaine, bonnes lectures !
Film : Last Days of summer - Jason Reitman
Date de sortie : 30 avril 2014
Réalisé par : Jason Reitman
Acteurs : Kate Winslet, Josh Brolin, Gattlin Griffith, Tobey Maguire
Titre original : Labor Day, 2013
Durée : 1h51
Adaptation du roman de Joyce Maynard, Long Week end
Synopsis : Lors du dernier week-end de l’été, Frank, un détenu évadé, condamné pour meurtre, oblige Adèle et son fils Henry à le cacher chez eux. Très vite, la relation entre le ravisseur et la jeune femme prend une tournure inattendue. Pendant ces quatre jours, ils vont révéler de lourds secrets et réapprendre à aimer...
Mon avis : (vu en avril 2014)
J'ai eu la chance de pouvoir découvrir en avant première ce film adapté du roman Long Week end de Joyce Maynard. J'ai lu ce livre en 2010 et je me rappelle avoir été touchée par cette histoire. L'adaptation cinématographique est très proche du livre, je ne me souvenais pas de certains détails mais le lendemain de la séance de cinéma, je me suis empressée de relire quelques passages du livre pour me rafraîchir la mémoire...
Frank est un détenu en fuite, il force Adèle et son fils Henry à le cacher dans leur maison durant le dernier week-end de l'été. Il compte attendre quelques jours pour se faire oublier par la police avant de poursuivre sa route. Ils vont passer tous les trois un week-end inoubliable...
En effet, cela commence par une prise d'otage, mais rapidement Frank devient protecteur, il a compris le mal-être d'Adele et le dévouement d'Henry pour sa mère. La scène de la confection de la tarte aux pêches est emblématique : beaucoup de douceur, de sensualité, un vrai moment de complicité entre Henry, Adele et Frank.
Durant ces 4 jours, chacun des personnages évoluent, Henry passe de l'enfance à l'adolescence. Adele sort de sa dépression, elle prend confiance en elle et sa rencontre avec Frank lui redonne goût à la vie. Frank, dur et brutal dans les premiers instants, devient vite protecteur et "père de famille" pour Adele et Henry.
J'ai beaucoup aimé les différentes atmosphères du film. Les décors et paysages sont superbes.
Les trois acteurs sont formidables : ils arrivent à exprimer leurs sentiments, leurs états d'âme sans utiliser les mots. On ressent la grande connexion entre les personnages qui se comprennent à travers de simples regards.
Seule petite réserve sur les flash back, je n'ai compris que vers la fin du film qu'ils concernaient le passé de Frank...
Un grand merci à Marie-Clémentine et Way to Blue pour l'invitation à la projection de ce film avec en bonus avant le film la dégustation d'une part de tarte à la pêche et un verre de cidre.
Comme une petite ressemblance n°9
Avec Canel nous avons pris rendez-vous pour un billet
Mes autres billets Comme Une Petite Ressemblance :
billet n°1, billet n°2, billet n°3, billet n°4, billet n°5, billet n°6, billet n°7, billet n°8
Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre
Albin Michel - août 2013 - 576 pages
Audiolib - mars 2014 - 16h57 - Lu par l'auteur
Prix Goncourt 2013
Prix du roman France Télévision 2013
Quatrième de couverture :
Sur les ruines du plus grand carnage du XXe siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.
Auteur : Né à Paris, Pierre Lemaitre a longtemps enseigné la littérature avant d’embrasser la carrière littéraire. Ses trois premiers romans, Travail soigné (prix du Premier roman de Cognac 2006), Robe de marié (prix du Meilleur polar francophone 2009) et Cadres Noirs (prix du Polar européen du Point 2010), lui ont valu un succès critique et public exceptionnel et l’ont révélé comme un maître du roman noir et du thriller. Ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues et plusieurs sont en cours d’adaptation cinématographique.
Mon avis : (lu en avril 2014)
Depuis la Rentrée littéraire de l'automne 2013, je voulais absolument lire ce livre de Pierre Lemaitre et c'est enfin fait ! J'en attendais beaucoup, et je n'ai pas été déçue. J'ai beaucoup aimé cette fresque de la France d'après la Première Guerre Mondiale.
Albert et Edouard sont deux rescapés de la Grande Guerre, Albert était un petit employé assez peureux, qui n'a plus rien, Edouard est un artiste devenu une « gueule cassée », il refuse de retourner dans sa famille et préfère se faire passer comme mort. Ayant échappé à la mort grâce à Edouard, Albert n'hésite pas à prendre en charge son compagnon. Le retour à la vie civile est difficile, rien n'a été prévu pour accueillir les survivants encore traumatisés.
Le troisième personnage de cette histoire est le lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle, faux héros de la guerre, opportuniste, sans scrupule.
Dans la construction de l'intrigue et l'imagination, on retrouve bien l'auteur de roman policier qui nous plonge dans cette après-guerre dure et impitoyable où se mêlent arnaques, impostures et vengeances...
J'ai lu ce livre en partie en audio, lu par l'auteur, en partie en livre papier. Les différents personnages sont décrits avec finesse et justesse. Edouard et Albert sont attachants malgré les petites combines dont ils sont coupables... A l'inverse Aulnay-Pradelle est un véritable "pourri" que le lecteur ne peut que détester !
En bonus de la version audio, l'entretien avec l'auteur est très intéressant, il nous révèle quelques détails du livre fort intéressants, ainsi l'auteur nous dévoile la partie historique et la partie imaginée de cette histoire incroyable.
Un très bon roman, qui mérite tout à fait son prix Goncourt !
Autre avis : Argali, Caro, Kathel, Keisha, MissAlfie, Sandrine
Note : ♥♥♥♥♥
Extrait : (début du livre)
Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu'à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande.
Il s'en rendait bien compte, son refus de croire à l'approche d'un armistice tenait surtout de la magie : plus on espère la paix, moins on donne de crédit aux nouvelles qui l'annoncent, manière de conjurer le mauvais sort. Sauf que, jour après jour, ces informations arrivèrent par vagues de plus en plus serrées et que, de partout, on se mit à répéter que la guerre allait vraiment prendre fin. On lut même des discours, c'était à peine croyable, sur la nécessité de démobiliser les soldats les plus vieux qui se traînaient sur le front depuis des années. Quand l'armistice devint enfin une perspective raisonnable, l'espoir d'en sortir vivant commença à tarauder les plus pessimistes. En conséquence de quoi, question offensive, plus personne ne fut très chaud. On disait que la 163 e DI allait tenter de passer en force de l'autre côté de la Meuse. Quelques-uns parlaient encore d'en découdre avec l'ennemi, mais globalement, vu
d'en bas, du côté d'Albert et de ses camarades, depuis la victoire des Alliés dans les Flandres, la libération de Lille, la déroute autrichienne et la capitulation des Turcs, on se sentait beaucoup moins frénétique que les officiers. La réussite de l'offensive italienne, les Anglais à Tournai, les Américains à Châtillon... on voyait qu'on tenait le bon bout. Le gros de l'unité se mit à jouer la montre et on discerna une ligne de partage très nette entre ceux qui, comme Albert, auraient volontiers attendu la fin de la guerre, assis là tranquillement avec lebarda, à fumer et à écrire des lettres, et ceux qui grillaient de profiter des derniers jours pour s'étriper encore un peu avec les Boches.
Cette ligne de démarcation correspondait exactement à celle qui séparait les officiers de tous les autres hommes. Rien de nouveau, se disait Albert. Les chefs veulent gagner le plus de terrain possible, histoire de se présenter en position de force à la table des négociations.
Pour un peu, ils vous soutiendraient que conquérir trente mètres peut réellement changer l'issue du conflit et que mourir aujourd'hui est encore plus utile que mourir la veille.
C'est à cette catégorie qu'appartenait le lieutenant d'Aulnay-Pradelle. Tout le monde, en parlant de lui, laissait tomber le prénom, la particule, le « Aulnay », le tiret et disait simplement « Pradelle », on savait que ça le foutait en pétard. On jouait sur du velours parce qu'il mettait un point d'honneur à ne jamais le montrer. Réflexe de classe. Albert ne l'aimait pas. Peut-être parce qu'il était beau. Un type grand, mince, élégant, avec beaucoup de cheveux ondulés d'un brun profond, un nez droit, des lèvres fines admirablement dessinées. Et des yeux d'un bleu foncé. Pour Albert, une vraie gueule d'empeigne. Avec ça, l'air toujours en colère. Un gars du genre impatient, qui n'avait pas de vitesse de croisière : il accélérait ou il freinait ; entre les deux, rien. Il avançait avec une épaule en avant comme s'il voulait pousser les meubles, il arrivait sur vous à toute vitesse et il s'asseyait brusquement, c'était son rythme ordinaire. C'était même curieux, ce mélange : avec son allure aristocratique, il semblait à la fois terriblement civilisé et foncièrement brutal. Un peu à l'image de cette guerre. C'est peut-être pour cela qu'il s'y trouvait aussi bien. Avec ça, une de ces carrures, l'aviron, sans doute, le tennis.
Déjà lu du même auteur :
Challenge Petit Bac 2014
"Verbe" (7)
Blast, tome 4 : Pourvu que les Bouddhistes se trompent - Manu Larcenet
Dargaud - mars 2014 - 200 pages
Quatrième de couverture :
Dernier tome du chef-d'oeuvre de Manu Larcenet, réussite artistique exemplaire, Blast ne peut laisser indifférent. De par sa forme d'abord, 4 albums denses, sombres, tragiques, bourrés jusqu'à la gueule d'une
humanité débordante et d'une sauvagerie fascinante. Mais aussi par ses qualités graphiques et narratives hors du commun qui en font un ovni éditorial. Ce 4e tome clôt avec une maestria scénaristique rare, le parcours d'un homme captivant. Une conclusion coup de poing qui vous laissera KO.
Auteur : Né le 6 mai 1969 à Issy-les-Moulineaux, après s'être lancé dans la BD à l'âge de dix ans, Manu Larcenet étudie le graphisme au lycée de Sèvres et obtient un BTS d'expression visuelle option 'images de communication' à l'Ecole des arts appliqués. Parallèlement, il multiplie les concerts avec un groupe punk fondé avec des amis de collège. Il fait son service militaire en 1991 et connaît alors le bataillon disciplinaire. A son retour, il emménage avec des amis musiciens et poursuit la scène et le graphisme : ses premiers dessins sont publiés dans des fanzines de rock et de bande dessinée. Il commence en 1994 une collaboration d'abord discrète avec le magazine Fluide glacial ; son premier récit, 'L' Expert-comptable de la jungle', est bientôt suivi de 'Soyons fous', 'La Loi des séries' et 'Bill Baroud espion'. Spirou, Dupuis, Glénat et Les Rêveurs de runes, une maison d'édition qu'il a fondée avec Nicolas Lebedel, publient depuis ses albums. Les improbables créatures ou les petits bonhommes ordinaires qui peuplent ses dessins font son succès. Il reçoit en 2003 le prix Jacques Lob, puis le prix du meilleur album à Angoulême en 2004 pour 'Le Combat ordinaire'. Mêlant autobiographie et réflexion, à l'instar de son 'Retour à la terre', cette série apparaît comme celle de la maturité. Changement de ton qui ne l'empêche pas, à l'occasion, de revenir, en 2006, à ses premières amours avec l'album 'Chez Francisque', scénarisé par Yan Lindingre. Artiste protéiforme, alternant séries potaches et récits plus profonds, Manu Larcenet compte désormais parmi les auteurs incontournables de la bande dessinée.
Mon avis : (lu en avril 2014)
Voilà l'album qui conclut la série Blast. C'est la fin de la garde à vue de Polza Mancini, il continue à raconter son histoire. A la fin de l'épisode précédent il avait déclaré que ce n'était pas lui mais Carole qui avait tué son père. Recherché par la police, Polza s'était réfugié chez Roland Oudinot qu'il avait rencontré dans un hôpital psychiatrique. Ce dernier vit avec sa fille Carole. C'est l'hiver et Polza préfère attendre le printemps avant de reprendre sa route. Pendant que Carole part travailler la journée, il reste toute la journée en compagnie de Roland qui occupe son temps à faire des dessins et des collages enfantins mais terribles. Il doit surveiller Roland, schizophrène, pour qu'il prenne bien ses médicaments...
Tous les morceaux du puzzle des différents épisodes se mettent en place et cette conclusion est aussi remarquable que toute la quadrilogie. Les dessins sont magnifiques en noir et blanc et par moment des dessins couleurs, un mélange des styles.
Une série étonnante, originale, cruelle, violente, noire et poétique qui ne laissera pas le lecteur indifférent.
Ce quatrième tome terminé, je n'ai qu'une seule envie : relire les premiers tomes...
Extrait :
Déjà lu du même auteur :
Le retour à la terre
Pour quelques milliards et une roupie - Vikas Swarup
Lu en partenariat avec Babelio et Belfond
Belfond - avril 2014 - 425 pages
traduit de l'anglais (Inde) par Roxane Azimi
Titre original : The accidental apprentice, 2013
Quatrième de couverture :
Vendeuse d’électroménager pour entretenir sa famille, harcelée chaque jour par sa sœur, starlette en devenir, son propriétaire pressé et son patron incompétent, Sapna Sinha voit s’éloigner toujours un peu plus ses rêves d’avenir. Mais voilà qu’un jour, le plus grand patron d’Inde lui offre sa fortune et son entreprise, à condition qu’elle passe sept mystérieuses épreuves. S’agit-il d’un jeu cruel ou se pourrait-il que ses prières soient enfin exaucées ? Embarquée malgré elle dans d’incroyables aventures auprès de stars désespérées, de jeunes fiancées suicidaires et d’enfants exploités, Sapna devra prouver sa vaillance, son empathie et son honnêteté afin de construire un avenir meilleur pour elle et sa famille.
Auteur : Né en 1963 à Allahabad, en Inde, Vikas Swarup est diplomate. Après avoir été en poste en Turquie, aux États-Unis, en Éthiopie, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud, il est actuellement consul général de l’Inde à Osaka, au Japon. Prix Grand Public du Salon du livre 2007, traduit dans quarante-deux langues, son premier roman, Les Fabuleuses Aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire (2006), a connu un immense succès international, avant d’être adapté au cinéma par Danny Boyle sous le titre Slumdog millionaire et de rafler huit oscars. Après Meurtre dans un jardin indien (2010), Pour quelques milliard et une roupie est son troisième livre traduit en français.
Mon avis : (lu en avril 2014)
Sapna Sinha est vendeuse d'électroménager, elle fait vivre sa mère malade et sa soeur étudiante qui rêve de devenir une star. Pas facile de gérer ce quotidien sans grande perspective... Et voilà qu'un jour, un inconnu lui propose un étonnant marché, devenir le PDG d'un empire financier d'une valeur de dix milliards de dollars. Où est le piège ? Pourquoi choisir une pauvre petite vendeuse d'électroménager pour lui faire une telle proposition ? Sapna ne croit pas au sérieux de cette proposition et la refuse. Mais finalement, poussée par des soucis d'argent et pour pouvoir garder leur logement elle finit par accepter ce marché incroyable. Pour réussir à devenir le PDG du groupe ABC, elle va devoir passer 7 épreuves pour prouver son aptitude à être chef d'entreprise...
La construction de l'intrigue a quelques ressemblances avec le premier succès de l'auteur "Les Fabuleuses Aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire" avec le principe des épreuves. L'histoire est rythmée, haletante. A travers les différentes épreuves, l'auteur a voulu traiter des sujets comme les mariages arrangés, le travail des enfants, la téléréalité... Le lecteur découvre une Inde où traditions et modernité se mêlent. Un livre qui se lit facilement et qui est dépaysant. Une belle découverte.
Merci Babelio et Belfond pour ce partenariat.
DANS LA VIE, on n'obtient jamais ce qu'on mérite ; on obtient ce qu'on a négocié.
Challenge Petit Bac 2014
"Objet" (7)
C'est lundi, que lisez-vous ? [170]
(c) Galleane
C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane
Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?
Là où naissent les nuages - Annelise Heurtier
Le quatrième mur - Sorj Chalandon
Une histoire d'hommes - Zep (BD)
Le Duel - Arnaldur Indridason
Qu'est-ce que je lis en ce moment ?
Pour quelques milliards et une roupie - Vikas Swarup (Masse Critique Babelio / Belfond)
Réparer les vivants - Maylis de Kerangal
Que lirai-je cette semaine ?
Premier appel du paradis - Mitch Albom (partenariat Kero)
La ronde des désirs impossibles - Paola Calvetti (partenariat Albin Michel)
Bonne semaine, bonnes lectures !
Le Duel - Arnaldur Indridason
Métailié - février 2014 - 308 pages
traduit de l'islandais par Eric Boury
Titre original : Einvígið, 2011
Quatrième de couverture :
Pendant l'été 1972, Reykjavík est envahi par les touristes venus assister au championnat du monde d'échecs qui oppose l'Américain Fischer et le Russe Spassky. L'Américain se conduit comme un enfant capricieux et a de multiples exigences, le Russe est accueilli en triomphe par le parti communiste islandais, le tout sur fond de guerre froide. Au même moment un jeune homme sans histoire est poignardé dans une salle de cinéma, le magnétophone dont il ne se séparait jamais a disparu. L'atmosphère de la ville est tendue, électrique. Le commissaire Marion Briem est chargé de l'enquête au cours de laquelle certains éléments vont faire ressurgir son enfance marquée par la tuberculose, les séjours en sanatorium et la violence de certains traitements de cette maladie, endémique à l'époque dans tout le pays. L'affaire tourne au roman d'espionnage et Marion, personnage complexe et ambigu, futur mentor d'Erlendur, est bien décidé à trouver le sens du duel entre la vie et la mort qui se joue là. Un nouveau roman d'Indridason qu'il est difficile de lâcher tant l'ambiance, l'épaisseur des personnages, la qualité d'écriture et l'intrigue sont prenantes.
Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans 37 pays.
Mon avis : (lu en avril 2014)
Voilà un nouveau roman d'Indridason qui se déroule en 1972, en pleine guerre froide lors d'un évènement historique et important qui s'est passé en Islande, la confrontation entre deux grands joueurs d’échecs l'Américain Fischer et le Russe Spassky.
Cela commence avec la mort mystérieuse d'un adolescent dans un cinéma, c'est Marion Briem, futur mentor d'Erlendur, qui va mener l'enquête. Une enquête palpitante qui va mêler politique et espionnage et en parallèle le lecteur est plongé dans l'enfance et à la jeunesse de Marion Briem, personnage mystérieux et ambigu.
Même si Erlendur est absent du livre (il n'apparaît que dans les toutes dernières lignes du livre), ce roman est passionnant à plusieurs niveaux, l'enquête intelligente et très bien construite, le contexte historique de cet été 1972 et le personnage de Marion Briem dont l'enfance a été marquée par la tuberculose, maladie qui a touchée à l'époque beaucoup d'Islandais.
Extrait : (début du livre)
À la fin du film, lorsque la lumière fut rallumée et que les spectateurs eurent quitté la salle, l'ouvreur découvrit le cadavre.
C'était une séance de cinq heures, en milieu de semaine. Comme d'habitude, la caisse avait ouvert soixante minutes avant la projection et le jeune homme avait été le premier à acheter son ticket. La caissière l'avait à peine remarqué. Âgée d'une trentaine d'années, ses cheveux permanentes ornés d'un ruban de soie bleue, sa cigarette posée dans le cendrier, elle était plongée dans un Modes et Travaux danois et avait tout juste levé les yeux lorsqu'il s'était présenté.
- Une entrée ? avait-elle demandé. Il s'était contenté de hocher la tête.
Elle lui avait tendu son billet, rendu sa monnaie et remis le programme avant de reprendre sa lecture. Il avait rangé l'argent dans l'une de ses poches et le ticket dans une autre avant de quitter les lieux.
Il préférait aller au cinéma seul et avait un faible pour la séance de fin d'après-midi. Il achetait toujours un sac de pop-corn et un soda. Il avait également un fauteuil de prédilection dans cette salle, comme dans toutes celles que comptait la ville. Ses places préférées étaient aussi diverses que les cinémas étaient nombreux. S'il allait, par exemple, au Haskolabio, il s'arrangeait pour être assis en haut à gauche. Le Haskolabio, le plus important de la ville, offrait l'écran le plus large. Il tenait à avoir assez de recul, ainsi aucun détail ne lui échappait. Cette distance le mettait également à l'abri d'images parfois choquantes ou trop envahissantes. Quand il optait pour le Nyja Bio, il montait au balcon et s'installait sur l'un des sièges qui longeaient l'allée. Les meilleurs fauteuils au Gamla Bio se trouvaient également au balcon, dans les rangées centrales. Lorsqu'il se rendait au Austurbaejarbio, dans le quartier est, il s'asseyait toujours sur la droite, trois rangs en contrebas de l'entrée. Au Tonabio, il préférait la rangée proche de l'entrée afin de pouvoir étendre ses jambes, à cet endroit l'écran était également à distance respectable. Il en allait de même pour le Laugarasbio.
Le Hafnarbio différait de tous les autres. Il lui avait fallu longtemps pour trouver son fauteuil de prédilection, le plus petit cinéma de la ville étant des plus Spartiates. On y entrait par un petit hall qui tenait plutôt d'un vestibule, et abritait un stand de confiseries placé entre les deux portes menant à la longue salle étroite au plafond voûté : le Hafnarbio était installé dans l'un de ces baraquements militaires datant de la guerre. Deux allées longeaient les rangées de sièges et on quittait la salle par les deux portes situées à l'autre extrémité du bâtiment, tout près de l'écran. Il s'était parfois assis dans les rangées du haut, parfois à gauche, sur le siège bordant l'allée. Puis, il avait fini par trouver sa place : en haut à droite, au plus près du bord.
Il restait encore un bon moment avant le début du film. Il descendit donc la rue Skulagata jusqu'au rivage et s'installa sur un gros bloc de pierre, au soleil de l'été. Vêtu d'un blouson vert et d'un pull-over blanc, il tenait à la main son cartable dans lequel il transportait un magnétophone presque neuf qu'il sortit pour le poser sur ses genoux. Il plaça dans le compartiment l'une des deux cassettes qu'il avait emportées dans ses poches, appuya sur le bouton rouge qui déclenchait l'enregistrement et orienta l'appareil vers la mer. Puis il l'éteignit, rembobina, enfonça la touche lecture et écouta le ressac sur la bande. Il rembobina une seconde fois, l'essai était terminé. Tout était prêt.
Il avait déjà inscrit le titre du film sur les cassettes.
Challenge Trillers et Polars
catégorie "Même pas peur" : 26/25
Challenge Voisins Voisines 2014
Islande
Déjà lu du même auteur :
La Cité des jarres
La Femme en vert
La Voix
L'Homme du lac
Hiver Arctique
Hypothermie
La rivière noire
Bettý