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A propos de livres...
16 janvier 2014

Le Joueur d'échecs - Stefan Zweig

Lu dans le cadre du Challenge
 "Ecoutons un livre"

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Audiolib - octobre 2010 - 2 heures - lu par Edouard Baer

Livre de Poche - janvier 2013 - 128 pages

Livre de Poche Jeunesse - avril 2013 - 128 pages

Folio bilingue - octobre 2013 - 192 pages

Fernand Nathan - octobre 2013 - 131 pages

Thélème - mars 2010 - Lu par Jacques Weber

Livre de Poche -

traduit de l'allemand par Jacqueline Des Gouttes, révisée par Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent

Titre original : Schachnovelle, 1943

Quatrième de couverture :
Qui est cet inconnu capable d'en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu'antipathique ? Peut-on croire, comme il l'affirme, qu'il n'a pas joué depuis plus de vingt ans ?
Les circonstances dans lesquelles l'homme a acquis sa science du jeu sont terribles. Elles renvoient aux expérimentations nazies sur les effets de l'isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.
Dans cette fable inquiétante parue parue en 1943, un an après son suicide, Zweig porte un regard désespéré sur une époque qui ne laisse comme alternative que la démence ou la mort.
Edouard Baer donne toute sa dimension à ce grand texte où l’angoisse est sans cesse à fleur de mots.

Auteur : Stefan Zweig est né en 1881 à Vienne, d’un père juif, riche industriel, et d’une mère issue d’une famille de banquiers italiens. Il étudie la philosophie, et l’histoire de la littérature. A l’âge de vingt-trois ans, il est reçu docteur en philosophie. Pacifiste et humaniste convaincu, sa vie est bouleversée par l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Il s’installe alors à Londres. En 1941, il fuit cette fois l’Europe pour le Brésil, où il espère trouver la paix de l’esprit. Mais en février 1942, il se donne la mort en compagnie de son épouse.

Lecteur : Comédien, auteur, metteur en scène, Edouard Baer marque ses succès de sa personnalité aux facettes changeantes, drôle, lunaire, féroce ou tendre. Sa lecture de Pedigree de Patrick Modiano, toute de finesse et d’émotion retenue, le place premier plan des très grandes voix françaises.

Mon avis : (lu en janvier 2014)
« Le joueur d'échecs » est la dernière nouvelle écrite par Stefan Zweig avant son suicide et publiée à titre posthume.
Sur un paquebot qui vogue vers l'Argentine, le narrateur croise Mirko Czentovic, le champion du monde d'échecs. Ce dernier est atypique, il est très doué pour les échecs, mais antipathique, inculte et assez prétentieux... Le narrateur, curieux de mieux connaitre Czentovic, il va tenter de nombreux stratagèmes pour obtenir une partie d'échecs avec lui. Alors qu'il est en train de se faire battre un mystérieux M.B  vient à son secours et le jeu s'achève sur partie nulle. Le narrateur va alors s'intéresser à son sauveur, âgé d'une quarantaine d'années, humble et sympathique, celui-ci lui raconte longuement dans quelle circonstance terrible, il s'est mis aux échecs. 
Mirko Czentovic et M.B vont faire une partie d'échecs qui va dévoiler au lecteur le caractère de chacun des deux joueurs que beaucoup de choses opposent...
Une courte histoire captivante, fascinante, mais aussi terrifiante. 
Je n'aime pas particulièrement les intonations de la voix d'Edouard Baer et je n'ai pas été sensible à son ton durant le début de la nouvelle mais je reconnais que son énergie dans la lecture de la seconde partie m'a fait changer d'avis. 

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Extrait : (début du livre)
Sur le grand paquebot qui à minuit devait quitter New York à destination de Buenos-Aires, régnait le va-et-vient habituel du dernier moment. Les passagers embarquaient, escortés d’une foule d’amis ; des porteurs de télégrammes, la casquette sur l’oreille, jetaient des noms à travers les salons ; on amenait des malles et des fleurs, des enfants curieux couraient du haut en bas du navire, pendant que l’orchestre accompagnait imperturbablement ce grand spectacle, sur le pont. Un peu à l’écart du mouvement, je m’entretenais avec un ami, sur le pont-promenade, lorsque deux ou trois éclairs jaillirent tout près de nous – apparemment, un personnage de marque que les reporters interviewaient et photographiaient encore, juste avant le départ. Mon compagnon regarda dans cette direction et sourit : « Vous avez à bord un oiseau rare : Czentovic. » Et, comme je n’avais pas vraiment l’air de comprendre ce qu’il voulait dire, il ajouta en guise d’explication : « Mirko Czentovic, le champion mondial des échecs. Il a traversé les États-Unis d’est en ouest, sortant vainqueur de tous les tournois, et maintenant il s’en va cueillir de nouveaux lauriers en Argentine. »
Je me souvins alors de ce jeune champion et de quelques particularités de sa fulgurante carrière. Mon ami, qui lisait les journaux mieux que moi, compléta mes souvenirs d’une quantité d’anecdotes.
Il y avait environ un an, Czentovic était devenu tout d’un coup l’égal des maîtres les plus célèbres de l’échiquier, comme Aljechin, Capablanca, Tartakower, Lasker ou Bogoljubow. Depuis qu’en 1922 Rzecewski, le jeune prodige de sept ans, s’était distingué au tournoi de New York, on n’avait vu personne d’aussi obscur attirer avec autant d’éclat l’attention du monde sur l’illustre confrérie des joueurs d’échecs. Car les facultés intellectuelles de Czentovic n’eussent permis en aucune façon de lui prédire un brillant avenir. D’abord tenu secret, le bruit courut bientôt que ce champion était incapable en privé d’écrire une phrase, même dans sa propre langue, sans faire des fautes d’orthographe, et que, selon la raillerie d’un partenaire rageur, « son inculture dans tous les domaines était universelle ». Czentovic était le fils d’un misérable batelier slave du Danube, dont la toute petite embarcation fut coulée une nuit par un vapeur chargé de blé. Son père mourut ; l’enfant qui avait alors douze ans, fut recueilli par le charitable curé de son village et l’excellent prêtre s’efforça honnêtement de faire répéter à ce garçon au large front, apathique et taciturne, les leçons qu’il n’arrivait pas à retenir à l’école. Mais ses tentatives demeurèrent vaines. Mirko fixait d’un oeil vide les caractères d’écriture qu’on lui avait déjà expliqués cent fois ; son cerveau fonctionnant avec effort était impuissant à assimiler, même les notions les plus élémentaires. À quatorze ans, il s’aidait encore de ses doigts pour compter et quelques années après, il ne lisait encore un livre ou un journal qu’au prix des plus grands efforts. On n’eût pu dire cependant qu’il y mettait de la mauvaise volonté ou de l’entêtement. Il faisait avec docilité ce qu’on lui ordonnait, portait l’eau, fendait le bois, travaillait aux champs, nettoyait la cuisine ; bref, il rendait consciencieusement, bien qu’avec une lenteur exaspérante, tous les services qu’on lui demandait. Mais ce qui chagrinait surtout le bon curé, c’était l’indifférence totale de son bizarre protégé. Il n’entreprenait rien de son propre chef, ne posait jamais une question, ne jouait pas avec les garçons de son âge et ne s’occupait jamais spontanément, si on ne lui demandait rien ; sitôt sa besogne finie, on voyait Mirko s’asseoir quelque part dans la chambre, avec cet air absent et vague des moutons au pâturage, sans prendre le moindre intérêt à ce qui se passait autour de lui. Le soir, le curé allumant sa longue pipe rustique, faisait avec le maréchal des logis ses trois parties d’échecs quotidiennes. L’adolescent approchait alors de la table sa tignasse blonde et fixait en silence l’échiquier, avec des yeux qu’on croyait endormis et indifférents sous leurs lourdes paupières.

Déjà lu du même auteur :

Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Objet" (2)

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Commentaires
C
Une lecture dont je me souviens parfaitement, j'aime Zweig , oui!!!!
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E
je garde un souvenir fort et en même temps vague de cette lecture et j'étais tentée par une relecture en audio mais je ne suis pas sure qu'Edourad Baer me plaise...ressaisirai sans doute un jour ;-)
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S
J'en garde un bon souvenir
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S
Je l'ai dans ma "pile à écouter" chouette !
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V
J'ai une vraie tendresse pour Edouard Baer que je sens être un acteur à fleur de peau.
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