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A propos de livres...
11 septembre 2013

D'acier - Silvia Avallone

Lu en partenariat avec les éditions J'ai Lu

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Liana Levi - avril 2011 - 387 pages

Liana Levi Piccolo - mai 2012 - 400 pages

J'ai Lu - mai 2013 - 411 pages

traduit de l'italien par Françoise Brun

Titre original : Acciaio, 2010

Prix des lecteurs de L'EXPRESS en 2011

Quatrième de couverture : 
Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlettes de la télévision. De quoi oublier les conditions de travail à l'aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires, le délitement environnant... Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d'évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.

Auteur : Silvia Avallone, avant d'étudier la philosophie à Bologne, a vécu en Toscane, à Piombino, la ville industrielle qui sert de toile de fond à D'acier. A 25 ans à peine, ce premier roman la propulse en tête des meilleures ventes en Italie (350 000 exemplaires). Célébré par la critique, traduit dans 12 pays. en cours d'adaptation au cinéma. D'acier a été finaliste du prix Strega et couronné par le prix Campiello Opera Prima.

Mon avis : (lu en septembre 2013) 
Cela fait longtemps que j'avais envie de lire ce livre et lorsque les éditions J'ai Lu me l'ont proposé en partenariat, j'étais ravie de pouvoir enfin le découvrir... 
Eté 2001, Piombino en Toscane en Italie, une cité industrielle italienne où les HLM ne sont pas loin de l'aciérie voisine qui crache des fumées noires, la mer n'est pas loin mais la plage ressemble plus à un terrain vague et en face, l'Ile d'Elbe inaccessible qui fait rêver Anna et Francesca âgées de quatorze ans. Adolescentes, elles sont les reines du quartier, elles jouent aux "grandes", se maquillent avec générosité, rêvent des garçons, tantôt innocentes, tantôt provoquantes... Elles sont inséparables, comme des sœurs. Mais à la maison, Anna et Francesca ont des relations difficiles avec leurs pères qu'elles surnomment "les babouins", Enrico est violent, Arturo est démissionnaire. Autour, d'elles gravitent d'autres personnages, Rosa et Sandra, les mères, Nino, Massi les garçons, une camarades de classe, Lisa et sa sœur Donata, Alessio le frère d'Anna... 

Le lecteur découvre qu'à Piombino, la vie n'est pas facile, le contexte social est difficile, le chômage crée la misère... C'est un roman réaliste, très prenant qui décrit avec beaucoup de précision le quotidien de cette cité ouvrière italienne. 

Une adaptation cinématographique a été réalisée en 2012 par Stefano Mordini avec Vittoria Puccini , Michele Riondino , Luca Guastini. Date de sortie en France: 05 juin 2013.

film_d_acier 

Merci Silvana et les éditions J'ai Lu pour m'avoir permis de découvrir ce livre très touchant.

Autres avis : Clara, Canel, Lecturissime

Note : ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Dans le cercle flou de la lentille, la silhouette bougeait à peine, sans tête. 

Une portion de peau zoomée à contre-jour. 
Ce corps, d'une année sur l'autre, avait changé, peu à peu, sous les vêtements. Et maintenant il explosait, dans les jumelles, dans l'été. 
De loin, l'oeil grignotait les détails : la bride du maillot, le triangle du bas, un filament d'algue sur la hanche. Les muscles tendus au-dessus du genou, la courbe du mollet, la cheville où le sable colle. L'oeil s'ouvrait plus grand, devenait rouge, à sonder cette lentille. 
Le corps adolescent bondit hors champ et se jeta dans l'eau. 
Un instant après, objectif repositionné, mise au point faite, il reparut, avec cette chevelure blonde magnifique. Et ce rire si violent que même à cette distance, même juste à le voir, ça t'électrisait. Comme si tu y pénétrais réellement, entre ces dents blanches. Et les fossettes sur les joues, et la cavité entre les omoplates, et le creux du nombril et tout le reste. 
Elle s'amusait comme à son âge, ignorant qu'on l'observait. Sa bouche était ouverte. Qu'est-ce qu'elle peut bien dire ? Et à qui ? Elle piqua une tête dans une vague, émergea de l'eau, le soutien-gorge tout de travers. Une piqûre de moustique sur l'épaule. La pupille de l'homme se rétrécissait, se dilatait, comme sous l'effet d'une drogue. 
Enrico regardait sa fille, tellement plus forte que lui. Du balcon, après le déjeuner, quand il n'était pas d'équipe chez Lucchini, il espionnait Francesca. Il la suivait, l'observait, à travers les lentilles de ses jumelles de pêche. Francesca trottinait avec sa copine Anna sur le sable mouillé, elles se poursuivaient, se touchaient, s'attrapaient par les cheveux, et lui, là-haut, figé, il transpirait, son cigare toscan à la main. Lui, le géant, en débardeur ruisselant de sueur, l'oeil écarquillé, planté là dans la chaleur effroyable. 
Il la surveillait, comme il disait, depuis qu'elle s'était mise à aller à la plage avec certains individus, des garçons plus âgés qui ne lui inspiraient aucune confiance. Ils fumaient, et des pétards aussi, sûrement. Quand il en parlait à sa femme, de ces marginaux que fréquentait sa fille, il se mettait à crier comme un malade. Ils fument des pétards, ils prennent de la cocaïne, ils revendent des médocs, sûrement qu'ils veulent s'envoyer ma fille! Ça, il ne le disait pas explicitement. Il tapait du poing sur la table ou dans le mur. 
Mais l'habitude d'espionner Francesca, il l'avait prise avant: depuis que le corps de sa petite s'était comme débarrassé de ses écailles pour acquérir peu à peu une peau et une odeur précises, nouvelles, primitives peut-être. Tout à coup, de la petite Francesca, avaient jailli un petit cul et une paire de nichons insolents. Le bassin s'était cambré, dessinant les galbes du buste et du ventre. De tout ça, il était le père. 
En ce moment il regardait sa fille se démener au bout de ses jumelles, se jeter en avant de toutes ses forces pour attraper un ballon. Ses cheveux trempés qui collaient à son dos et ses hanches, sa peau incrustée de sel. 
Les ados jouaient au volley en cercle, autour d'elle. Elle, Francesca, tout élan et mouvement, dans un même et unique tumulte de cris et d'éclaboussures à la lisière de l'eau. Mais Enrico ne s'intéressait pas au jeu. Enrico pensait au maillot de sa fille : nom de Dieu, on voit tout. Ça devrait être interdit, des maillots pareils. Si un seul de ces salauds se hasarde à me la tripoter, je descends sur la plage avec ma matraque. 
"Qu'est-ce que tu fais ?" 
Enrico se retourna vers sa femme qui, debout au milieu de la cuisine, le regardait avec une expression mortifiée. Oui, Rosa se sentait mortifiée, diminuée, de voir son mari ainsi, les jumelles à la main à trois heures de l'après-midi. 
"Je surveille ma fille, si tu permets." 
Ça n'était pas toujours facile non plus de soutenir le regard de cette femme. L'accusation constante, plantée là, dans les yeux de son épouse. Enrico fronça les sourcils, avala sa salive. 
"C'est le minimum quand même... 
- Tu es ridicule ", siffla-t-elle. 
Il regarda Rosa, comme un objet qui vous encombre et vous met en rogne, pas plus. 
"Tu trouves ridicule de garder un oeil sur ma fille, par les temps qui courent ? Tu vois pas avec qui elle traîne à la plage ? C'est qui, ces types, hein ?" 
Cet homme-là, quand il sortait de ses gonds - et c'était souvent -, son visage se congestionnait, les veines de son cou gonflaient à faire peur. 
Il n'avait pas autant de colère en lui, à vingt ans, avant de se laisser pousser la barbe et de prendre tous ces kilos. C'était un beau garçon, qui venait d'être engagé chez Lucchini, et qui depuis l'enfance s'était forgé les muscles à travailler la terre. Il s'était transformé en géant dans les champs de tomates, et plus tard à pelleter le charbon. Un homme comme tant d'autres, monté de la campagne à la ville, son baluchon sur l'épaule. 
"Tu vois pas ce qu'elle fait, à son âge... Et comment elle est fagotée, merde !" 

Challenge Voisins, voisines
 voisins_voisines_2013
Italie

   Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Couleur"

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Commentaires
P
j'ai adoré ce roman
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P
j'ai adoré ce roman
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S
J'ai beaucoup aimé également. Mon billet pour bientôt.
Répondre
G
Je le note, mais pour plus tard, j'ai envie d'un peu de légèreté !
Répondre
N
Un roman très réaliste, j'ai beaucoup aimé !
Répondre
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