Lu dans le cadre du Challenge
 "Ecoutons un livre"

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Lire dans le noir – avril 2007 – lu par l'auteur

Albin Michel – février 2007 – 282 pages

Livre de Poche – mars 2009 – 247 pages

Prix Marcel Pagnol 2007

Quatrième de couverture :
Quels drames et quels enjeux faut-il pour qu'un enfant décide de gagner sa vie comme écrivain, à l'âge où l'on perd ses dents de lait ? En révélant ses rapports avec son père, Didier van Cauwelaert nous donne les clés de son œuvre et nous offre son plus beau personnage de roman. Un père à l'énergie démesurée, à l'humour sans bornes et aux détresses insondables, qui a passé sa vie à mourir et renaître sans cesse. Un père redresseur de torts et fauteur de troubles, qui réenchanta le monde par l'incroyable force de son destin, de ses talents et de ses folies au service des autres. Drôle, bouleversant, généreux et tonique, Le père adopté est à la fois un merveilleux récit des origines et un irrésistible appel à inventer sa vie en travaillant ses rêves.  

Auteur : Né en 1960 à Nice, Didier van Cauwelaert cumule, depuis ses débuts, prix littéraires et succès public : Prix Del Duca pour son premier roman en 1982 (Vingt ans et des poussières), prix Roger Nimier, prix Goncourt (Un aller simple, 1994), Molière 1997 du meilleur spectacle musical (Passe-Muraille), Grand Prix du théâtre à l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre, Grand Prix des lecteurs du Livre de Poche (La Vie interdite, 1999), Prix Femina Hebdo du Livre de Poche (La Demi-pensionnaire, 2001), etc.

Mon avis : (écouté en mars 2013)
Un beau récit hommage de Didier van Cauwelaert pour son père. A travers tout un ensemble d'anecdotes haute en couleurs il raconte sa forte complicité avec son père qui l'encourage dans sa vocation d'écrivain. Ce livre est tour à tour plein d'humour et d'émotions avec une très belle écriture.
J'ai eu cependant du mal à entrer dans le livre sans doute à cause de l’absence de chronologie du livre. L'auteur passe d'une anecdote à l'autre, elles concernent aussi bien son enfance que la vie de son père avant sa naissance, il évoque même avec beaucoup d'humour les derniers jours de son père avec ces mots en conclusion « Je ne pleure pas mon père, je le ris ». Il est plein de tendresse et d'affection pour son père. 

J'ai également beaucoup apprécié que le lecteur soit l'auteur. La voix de Didier van Cauwelaert est très agréable à écouter.  

Extrait : (début du livre)
La première fois que tu es mort, j'avais sept ans et demi. J'étais rentré plus tôt que prévu d'un anniversaire et j'avais entendu ta voix, dans votre chambre :
- De toute façon, le jour où je ne peux plus marcher, je me tire une balle dans la tête. Vous n'allez pas me pousser dans un fauteuil roulant, non ? Je ne veux pas infliger ça à Didier.
Tu ne tenais déjà quasiment plus debout, entre tes cannes anglaises. Et pourtant j'ai souri, dans la montée des larmes. C'était bien toi, ça. Le sacrifice égoïste. Tant qu'à faire, j'aurais préféré pousser un fauteuil roulant plutôt que marcher derrière un cercueil. Mais c'était ta vie, tu avais choisi. Et je connaissais ton caractère : ce n'était pas la peine de plaider ma cause. C'était toi, l'avocat.
J'ai pris le deuil, ce jour-là, en décidant de devenir écrivain. Tu m'avais déjà passé le virus de l'imaginaire, avec les feuilletons à dormir debout que tu me racontais chaque soir au coucher. Quel plus beau métier que de construire des histoires, bien tranquille dans sa chambre, sans patron ni collègues ni clients sur le dos ? La vie était mon premier terrain d'écriture : j'y testais mes fictions, les peaufinais, les adaptais en fonction des réactions suscitées. Pour préparer mes contemporains à devenir mes lecteurs, je les transformais tout d'abord en cobayes. Je mentais avec une rigueur extrême, je m'inventais selon mes interlocuteurs des vies différentes que je notais sur des fiches pour ne pas me tromper ; je confondais sciemment la création littéraire et la mythomanie. 
Mais là, d’un coup, il fallait que je me prépare à devenir chef de famille. Si tu te donnais la mort, il fallait que je gagne ma vie à ta place, que je rapporte à la maison des droits d’auteur avec ce que tu m’avais d’ores et déjà légué : l’envie de secouer les gens en les faisant rêver, de marier l’humour à l’émotion, l’absurde à l’évasion, de « faire rire en donnant de l’air », pour reprendre l’une de tes expressions favorites. Influencé par tes goûts, je me lançai alors dans un genre littéraire que je pensais, en toute simplicité, avoir inventé : le thriller psychologique et social à base de satire sexuelle. J’appelais ça « études de mœurs ». Un tiers Simenon, un tiers San-Antonio, un tiers toi. Pour me donner du courage, j’écrivais sur la première page de mon cahier, avec des guillemets, ce qu’en dirait la presse : « Très nouveau, excellent, commercial. »
Je savais bien que tu étais né pour être artiste, mais que les circonstances – orphelin de guerre, soutien de famille, victime de trahisons multiples – ne t’avaient pas permis de faire carrière avec ton imagination. Alors je reprenais le flambeau. J’essayais de réaliser ton rêve d’enfance, avant que tu te suicides, pour que tu partes content. Disons, avec un regret en moins. La certitude que tu allais me quitter très vite, la sensation raisonnée de t’avoir déjà perdu, à titre préventif, m’ont fait entrer en vie active à sept ans et demi. Arrêt des devoirs scolaires, dix pages par jour dans mon cahier à spirale ; un roman par semestre. Les perturbations de Mai 68 me permirent de respecter mon planning. Dans mes cauchemars apprivoisés, j’assistais une ou deux fois par semaine à tes funérailles avec, au lieu du traditionnel brassard noir, une bande rouge marquée « Prix Goncourt ».

 

Déjà lu du même auteur :

la_maison_des_lumi_re La maison des lumières