Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A propos de livres...
24 janvier 2013

La vallée des masques - Tarun Tejpal

la_vall_e_des_masques_j Albin Michel - août 2012 - 464 pages

traduit de l'anglais (Inde) par Dominique Vitalyos

Titre original : The valley of masks, 2011

Quatrième de couverture :
« J'ai été, un jour, un homme de convictions, volontaire et déterminé. Les autres venaient me consulter pour retrouver un ancrage solide quand leurs coeurs et leurs âmes vacillaient. Un jour...Aujourd'hui, c'est à l'urgence que je dois faire face. »

Au cours d'une longue nuit où il attend ses assassins, d'anciens frères d'armes, un homme raconte son histoire, celle d'une communauté recluse dans une vallée inaccessible de l'Inde, selon les préceptes d'un gourou légendaire, Aum, le pur des purs...
Figure majeure de la littérature indienne contemporaine, auteur de Loin de Chandigarh, Prix des libraires 2007, Tarun Tejpal explore la société des hommes dans son « inhumanité » et entraîne le lecteur dans une fable philosophique et politique puissante, qui s'impose d'ores et déjà comme une lecture incontournable.

Auteur : Fondateur et rédacteur en chef d'un magazine d'investigation réputé pour ses enquêtes sur la corruption, éditeur (Arundati Roy entre autres) et romancier, Tarun Tejpal est l'une des figures majeures de la littérature indienne contemporaine.
Immense succès dans le monde entier, son premier roman, Loin de Chandigarh, a reçu en France le prix des Libraires.

Mon avis : (lu en janvier 2013)
Tout d'abord je trouve la couverture du livre très belle, mystérieuse et tout à fait représentative de cette histoire. Entre science-fiction et conte philosophique ce livre est très surprenant.
Le narrateur est un homme qui sait qu'il va mourir, il attend ceux qui le recherchent et qui vont bientôt l'exécuter. Il profite de sa dernière nuit pour raconter son passé. Il est né au sein d'une communauté isolée dans une vallée lointaine.
Cette société est fascinante, c'est un monde cloisonné, hiérarchisé où les adeptes aspirent à la pureté, les préceptes sont dictés par Aum. L'égalité parfaite entre les individus est l'une des règles principales. Dès la naissance, l'enfant est offert à la communauté, il est élevé à la Maternité et aimé du même amour par toutes les femmes de la caste. Il passe ensuite par le Foyer puis la Caserne, il apprendra la discipline, à exercer son mental... A seize ans, il obtient son effigie, c'est à dire le masque qui lui permet de revêtir le même visage que les autres membres du clan. Notre narrateur aspire à devenir un Wafadar, c'est à dire un guerrier aux qualités physiques et morales exceptionnelles, une des castes les plus enviées...
Ce livre évoque le monde secret d'une secte qui persuade ses adeptes d'accéder à la vérité, cela rappelle également les régimes totalitaires. C'est effrayant de voir comment l'être humain peut être conditionné et perdre tout discernement. Certains passages du livre sont violents. Cette histoire est également l'occasion pour l'auteur de dénoncer les castes si présentes en Inde.
L'histoire est très bien écrite, passionnante et elle appelle le lecteur à réfléchir sur la nature humaine. 

Et un Grand Merci à Valérie grâce à qui j'ai gagné ce livre.

Extrait : (début du livre)
Voici mon histoire. Et l'histoire de mon peuple. 
Elle n'est pas très longue. Certains la racontaient le temps d'écluser un verre de Ferment aigre-doux. D'autres y apportaient tant de précision que les tonneaux étaient vides avant qu'ils aient terminé. Aujourd'hui, dans ma confusion, je me situe entre les deux. Pourtant j'ai été, un jour, un homme de convictions, volontaire et déterminé. Les autres venaient me consulter pour retrouver un ancrage solide quand leurs cœurs et leurs âmes vacillaient. Un jour. 
Aujourd'hui, je dois faire face à l'urgence. Le train de neuf heures vient de siffler et je sais que mon sablier sera bientôt vide. Le sifflet d'un train, comme c'est beau ! La première fois que je l'ai entendu, je l'ai pris pour le cri de l'oiseau le plus grand du monde. Puis j'ai vu la bête fabriquée par les hommes, je l'ai entendue bavarder et chanter, et je suis tombé amoureux de sa voix. Ces derniers mois, j'ai escaladé souvent sans me faire voir le remblai de la voie ferrée. Assis sur les cailloux pointus, je caressais les veines de fer, je posais mon oreille contre leur douceur lisse et fraîche afin de percevoir la pulsation de vie encore lointaine qui s'approchait. L'indifférence des hommes à la beauté de cette voix me stupéfie. Ils ne suspendent même pas leur conversation quand le sifflement qui fuse de la locomotive fait voler l'air en éclats. J'ai appris autre chose encore : tous les humains ne voient pas le beau partout où il se trouve. Et c'est peut-être mieux ainsi. 
Quelle facilité dans la digression ! A force de côtoyer les hommes chez qui je suis venu vivre, je finis par leur ressembler : distrait, séduit par tout ce qui se présente. Et c'est peut-être mieux ainsi. 
Mais aujourd'hui, quoi qu'il en soit, je dois me concentrer sur deux choses : ce que j'ai à dire et les mots pour le faire. Tels le marteau et le clou unis dans leur percussion opiniâtre et bruyante jusqu'au bout de leur tâche. 
Aujourd'hui, c'est à l'urgence que je dois faire face. 
Il sera minuit dans quelques heures et l'étau des Wafadar va bientôt se resserrer autour de moi. Ils doivent déjà se préparer à l'action, s'échauffer les muscles avec des tractions et des pompes, se faire les poings contre des murs récalcitrants, affûter leurs dagues à double lame sur la pierre humide. Ils s'apprêtent à dérouler leurs ceintures en peau de chèvre pour nettoyer le vénérable siontch. Ses onze aiguilles de bois dur sont capables de perforer une artère du geste le plus sobre et de vous vider de votre sang comme un tonneau qui fuit. Ils vont se raser le crâne, le faire reluire comme l'envers d'un pan d'écorce fraîchement arraché. Chacun d'eux s'oindra d'huile pour conférer à sa peau le lustre de l'aile du canard et le glissant de l'eau. Quand ils en auront terminé avec leurs préparatifs, les trois, quatre ou cinq individus (on ne les envoie jamais en plus grand nombre) s'assiéront en cercle par terre, boiront quelques gorgées de Ferment, puis se prendront par les mains, les yeux fermés, communiant dans leur pureté et la conscience de leur mission. 
En cet instant d'énergie contenue, ils sauront que rien, jamais, ne pourra échapper à leur poursuite ou à l'insertion fatale de leur arme consacrée. Ils doivent faire en sorte que la vie se retire lentement afin de laisser une porte ouverte au repentir. Les humains ont la capacité d'accorder ce don, contrairement aux animaux, dispensateurs d'oubli. La mort par le siontch est une marque de courtoisie d'homme à homme. 
Je sais tout cela. Ce processus m'est aussi familier que la paume de ma main. 
Je sais qu'ils me trouveront. Je sais qu'ils ne me manifesteront aucune pitié : la pitié est une forme de mollesse. Un Wafadar est capable à lui seul de venir à bout de quinze adversaires. Or, cette nuit, ils sont peut-être cinq contre moi, qui suis seul. Je sais que je ne verrai plus le jour se lever. Si ma dernière heure a déjà sonné, je n'entendrai plus jamais le sifflet d'un train. L'express en provenance de la capitale passe à deux heures, mais il n'est que minuit et les Wafadar ont largement le temps d'en finir avec moi. Pour peu qu'ils soient cinq, le tonneau se sera répandu en moins d'une minute comme un tamis éventré. 
Néanmoins je n'ai pas peur. La peur, je l'ai ressentie et je l'ai inspirée. C'était le papier sur lequel s'écrivait chaque jour de ma vie. Je ne la voyais pas, tout comme l’œil scrute la page sans voir en elle l'arbre qu'elle a été. A cette époque, je trouvais ma vie merveilleuse. Chaque fois que j'imaginais le Véritable et son regard qui ne cillait pas, j'étais soulevé de gratitude pour la grâce qui m'avait - qui nous avait - été accordée, pour le dessein qui nous avait été transmis. 
Je suis plus avisé à présent. 

Challenge le riz et la mousson
riz_et_mousson

 Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Objet"

 Challenge 5% Littéraire 2012

logochallenge2  
31/35

challenge_ma_premi_re_lecture_dun_auteur
Ma 1ère lecture
d'un auteur : 2/13

Challenge Pour Bookineurs En Couleurs
Logo_challenge_bookineurs_en_couleurs
PAL Noire

 

Publicité
Publicité
Commentaires
K
J'avais bien aimé Loin de Chandigarh, que certains ont trouvé long, toutefois... Je retenterais bien avec cette Vallée des masques, que tu trouves passionnante.
Répondre
B
D'accord avec tout ce que tu dis (tu en parles très bien) !<br /> <br /> Et ravie qu'il t'ait plu à toi aussi :).
Répondre
C
Un coup de coeur pour moi !
Répondre
V
Aj je suis contente qu'il t'ait plu. Comme tu le sais, ce fut un coup de coeur pour moi.
Répondre
A propos de livres...
Publicité
A propos de livres...
Newsletter
55 abonnés
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 1 376 518
Publicité