Gains - Richard Powers
Lu en partenariat dans le cadre des
Matchs de la Rentrée Littéraire de Priceminister
Le Cherche Midi – août 2012 – 630 pages
traduit de l'anglais (États-Unis) par Claude et Jean Demanuelli
Titre original : Gain, 1998
Quatrième de couverture :
1830. La famille Clare crée à Boston une petite entreprise de savon. Celle-ci va évoluer au rythme des Etats-Unis et devenir, un siècle et demi plus tard, une véritable multinationale. Des plantes médicinales aux cosmétiques, détergents et autres insecticides, des pionniers inventifs au règne de la communication et du libéralisme, le chemin sera long et impitoyable. 1998. Laura Bodey, 42 ans, divorcée, mère de deux enfants, travaille dans l'immobilier à Lacewood, Illinois, siège des usines de Clare Inc. Sa vie va basculer et son destin converger d'une façon inattendue avec celui de la multinationale, faisant d'elle une victime révoltée par l'idée de fatalité. Après Trois fermiers s'en vont au bal et Le Temps où nous chantions, Richard Powers ausculte l'influence du libéralisme sur la vie quotidienne et les destinées individuelles. Animé à la fois par une vision globale et une rare puissance émotive, il plonge le lecteur dans les contradictions de la société de consommation, et met en scène avec brio et tension les gains et les pertes auxquels est confronté l'humain.
Auteur : Richard Powers est né à Evanston, dans l'Illinois, en 1957. Paru aux États-Unis en 1998, Gains est son sixième roman publié en France.
Mon avis : (lu en décembre 2012)
Ayant déjà lu et aimé "Le temps où nous chantions" du même auteur, je n'ai pas hésité à choisir "Gains" le dernier livre de Richard Powers pour l'opération Matchs de la Rentrée Littéraire de Priceminister.
Ce livre raconte deux histoires : d'une part, celle de l'entreprise Clare qui naît en 1830 et qui petit à petit grandit jusqu'à devenir une multinationale et d'autre part celle de Laura, elle a 42 ans en 1998, mère divorcée de deux enfants, elle travaille dans l'immobilier à Lacewood. Le lecteur comprend assez vite que ces deux histoires sont liées. L'auteur met en parallèle la puissance économique et les crises financières avec le combat de Laura face à la maladie.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce livre, sans doute à cause de la forme du livre où il n'y a pas de chapitre, seules des lignes horizontales marquent les séparations entre les paragraphes évoquant Clare et ceux consacrés à Laura. Les parties sur l'entreprise Clare sont un peu rébarbatives et traînent en longueur, à un moment, j'ai même été tentée de les sauter, finalement, j'ai préféré les lire mais en les survolant... De beaucoup, j'ai préféré suivre l'histoire de Laura.
Ce livre, publié en 1998 aux Etats-Unis reste très actuel, il dénonce la société de consommation et les manipulations dont les plus petits sont les victimes.
Une histoire superbement écrite, poignante et humaine qui nous donne à réfléchir.
Un grand Merci à Oliver, à Priceminister et à Le Cherche Midi éditions pour ce partenariat.
Note : 16/20
Matchs de la rentrée littéraire 2012 - Bilan des blogueurs
Extrait : (début du livre)
Le jour avait une façon bien à lui d'éveiller Lacewood. La tapotant délicatement comme on le ferait d'un nouveau-né. Lui frictionnant les poignets pour la ramener à la vie. Lorsque la matinée était tiède, on se rappelait sans difficulté la raison pour laquelle on s'activait. Il fallait battre le fer pendant qu'il était chaud. Travailler ici et maintenant, précisément parce que là où on allait il n'y avait nulle part où travailler.
Mai donnait l'impression que cette ville n'avait jamais abrité de pêcheurs. Le printemps ouvrait grand les battants des fenêtres. La lumière débarrassait les chênes de leurs derniers doutes hivernaux, faisant naître de nouvelles pousses à partir de rien, vous laissant libre encore une fois de gagner votre pitance. Quand le soleil était de la partie à Lacewood, on pouvait enfin vivre.
La trace de Lacewood, on la retrouvait partout : à Londres, à Boston, aux îles Fidji, dans la baie de la Désillusion. Mais toutes les traces aboutissaient là, dans cette ville consacrée à la production. Certains matins, surtout les matins ensoleillés, l’histoire s’évanouissait. La longue route qui menait jusqu’à aujourd’hui disparaissait, se perdait dans le voyage encore à venir.
La ville avait d’abord subsisté grâce à la terre revue et corrigée. Les prairies aux herbes folles avaient cédé la place au grain, à une seule variété d’herbe comestible, qui, cultivée sur une grande échelle, faisait que même l’herbe pouvait rapporter. Plus tard, Lacewood s’était élevée grâce au génie humain : une série de transformations alchimiques lui avait apporté la prospérité. On l’avait nourrie d’argile schisteuse, engraissée à la cendre d’os et au guano. Les découvertes se succédaient aussi sûrement que mai suit avril.
Il avait dû exister une époque où, quand on parlait de Lacewood, on ne parlait pas forcément de Clare Incorporated. Mais personne ne s’en souvenait. Aucun de ceux qui étaient encore en vie n’était assez vieux pour cela. Impossible de prononcer un des deux noms sans aussitôt évoquer l’autre. C’est par le large canal de cette compagnie que s’écoulait toute la grâce jamais répandue sur Lacewood. Les grandes boîtes noires en bordure de la ville retiraient des pépites de la boue. Et Lacewood était devenue l’emblème des richesses qu’elle fabriquait.
Déjà lu du même auteur :
24/28