Les yeux au ciel - Karine Reysset
Lecture Commune
avec Enna, Sandrine et Géraldine
Editions de l'Olivier – mars 2011 -
Pocket – avril 2012 – 188 pages
Quatrième de couverture :
À l'occasion de l'anniversaire du grand-père, toute la famille se retrouve dans la vieille demeure située au bord de la mer, en Bretagne. Six jours durant, les conflits et les angoisses de chacun vont ressurgir: Lena, l'aînée ne parvient plus à s'occuper de ses enfants ; Merlin que personne ne considère comme un adulte ; ou encore Achille, le demi-frère, jamais vraiment accepté dans la famille... Petit à petit, un drame enfoui se révèle : une fillette disparue il y a plus de trente ans.
Auteur : Karine Reysset est née en 1974. Elle est l'auteur de Comme une mère (Points, 2009). Les Yeux au ciel est son cinquième roman.
Mon avis : (lu en décembre 2012)
Tout d'abord, je remercie Clara chez qui j'ai gagné ce livre en partenariat avec Pocket. Et j'ai profité de la proposition de Lecture Commune d'Enna pour le sortir de ma PAL perso.
En ce mois de décembre, c'est plutôt agréable de se projeter en plein été, en Bretagne au bord de la mer dans une maison de famille... Voilà le cadre de cette histoire, toute une famille se retrouve pour les 70 ans de Noé le grand-père, il y a Marianne, sa seconde épouse ses quatre enfants et ses six petits-enfants.
Tour à tour, chaque membre de la famille est narrateur du livre, se dévoile et laisse parler ses sentiments profonds.
Il y a Achille le fils aîné, fruit du premier mariage de Noé, il sent qu'il n'a jamais été accepté par la famille, il est venu des États-Unis avec ses triplés. Léna est fatiguée par sa vie de couple, ses deux enfants en bas âge Zoé et Théo. Merlin éternel adolescent, ancien drogué, il aspire à créer une famille où il voudrait intégrer sa fille Scarlett, jeune adolescente, qui a été élevée par ses grands-parents. Enfin Stella la cadette, homosexuelle, elle est hésitante face à la grossesse de sa compagne.
L'écriture est agréable, l'intention de cette histoire est intéressante malheureusement je suis restée un peu sur ma faim. Cette réunion de famille a fait ressortir certains non dits, certaines blessures... mais sans résoudre quoi que ce soit, l'auteur nous laisse un peu en plan sans envisager un semblant de solution ou d'espoir.
Et maintenant, allons voir ce qu'en ont pensé Enna, Sandrine et Géraldine
Extrait : (début du livre)
Michael Jackson venait de mourir, et ça ne lui faisait rien. Derrière la fenêtre à petits carreaux entrouverte, le cèdre bleu effleurait le toit, les fils électriques. Il faudrait l’élaguer. Il y avait tant de choses à faire, toujours, des choses ordinaires. Assise sur son lit, Lena tenait un body d’une main, une robe à pois de l’autre. Autour d’elle, des piles plus ou moins droites de vêtements, quatre exactement. Une pour Zoé, une pour Théo, une pour Vincent, et une pour elle, évidemment. Il ne fallait pas qu’elle s’oublie. Cela ne risquait pas avec les pensées qui l’assaillaient, des mauvaises pensées. S’il n’y avait eu que ça. Ces derniers mois, elle avait des bouffées, des pulsions, des crises, elle ne savait comment les nommer. Puis elle avait envie de pleurer – souvent même elle pleurait – et de sauter par la fenêtre. Pourtant, elle n’était pas malheureuse, n’avait aucune raison de l’être.
Lena consulta sa liste. Elle tenait ça de Marianne. Comment sa mère s’en était-elle sortie ? Ils étaient trois à la maison, plus Achille l’été, les cousins cousines, les copains les copines qu’elle prenait en vacances. Avec seulement deux enfants, Lena avait l’impression de se noyer dans un verre d’eau. Elle sombrait, et personne ne s’en rendait compte. Elle devait courir après le petit, il bravait le danger à chaque seconde comme s’il cherchait à user ses nerfs, éprouver sa terreur. Elle ne le quittait pas des yeux, et avec sa fille, c’était pareil.
Vincent l’appela (elle se sentit prise en faute, les bagages étaient-ils prêts ?). Il préférait rouler de nuit, c’était plus pratique avec les enfants. Elle lui répondit « oui, presque » d’une voix faussement enjouée.
Un jour ou l’autre, un malheur arriverait, il ne faudrait pas s’étonner. Quelquefois elle s’imaginait lâcher son dernier-né dans l’escalier, le laisser se noyer dans son bain. Marianne, elle, ne râlait jamais, jamais elle n’avait ne serait-ce que soupiré. Lena s’entendait parfois crier, et après elle se griffait les bras, elle les aimait tellement. « Vous me tuez, mes amours, à petit feu », chuchota-t-elle. Son mari voyait quelqu’un, elle en était convaincue. Dans un sens, ça l’arrangeait. Elle avait installé un futon à côté du lit à barreaux de Théo. Son corps éprouvé requérait du repos, ses plaies devaient cicatriser. Elles se nichaient surtout dans sa tête, elle en avait conscience.
Elle avait été soulagée d’avoir un fils. Contrairement à Vincent, elle ne voulait pas de troisième enfant. « On ne fait pas un élevage », l’avait-elle prévenu. Elle songeait à prendre rendez-vous afin que sa décision soit irréversible. Mais elle était velléitaire, et pour l’instant elle n’avait rien fait (ni pour le cèdre, ni pour le reste).
Il allait lui falloir déplacer des montagnes pour gagner la mer. Elle testerait le point où sa résistance céderait, où ses nerfs menaceraient de lâcher comme des élastiques trop usés. Mais son père était âgé, elle devait prendre soin de lui.
Dix minutes plus tard, le ciel virait au rose. La tempête était passée, elle pouvait se remettre au travail.
Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
"Partie du corps"
C'est Lundi que lisez-vous ? [104]

(c) Galleane
C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane
Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?
Magasin général, tome 8 : Les femmes – Régis Loisel et Jean-Louis Tripp (BD)
Cher Gabriel - Halfdan W. Freihow (Norvège)
En silence - Audrey Spiry (BD)
Les yeux au ciel - Karine Reysset (LC - 10 décembre)
Qu'est-ce que je lis en ce moment ?
Gains - Richard Powers (partenariat PriceMinister)
Le cercle - Bernard Minier (partenariat XO édition)
Que lirai-je cette semaine ?
Avenue des Géants - Marc Dugain (Grand Prix des Lectrices de Elle)
Furioso - Carin Bartosch Edström (partenariat JC Lattès)
L'Interprétation des peurs - Wulf Dorn (Grand Prix des Lectrices de Elle)
La décapotable rouge - Louise Erdrich (partenariat Albin Michel)
Bonne semaine et bonne lecture.