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A propos de livres...
13 octobre 2012

La ville des serpents d’eau - Brigitte Aubert

la_ville_des_serpents_d_eau Seuil - septembre 2012 - 285 pages

Quatrième de couverture :
Ennatown, la ville des serpents d'eau : sans histoire, avec son club interconfessionnel, sa bonne conscience, son lot de mâles chasseurs si conventionnels, et leurs épouses qui s'ennuient à mourir, genre Desperate Housewives. Une sérieuse ombre au tableau, toutefois : l'un des leurs, forcément un des leurs, a enlevé cinq gamines il y a plus de dix ans. Quatre ont été retrouvées au fond d'un lac ou d'une rivière. D'où le surnom du mystérieux criminel : le Noyeur. La dernière n'a jamais refaitsurface...
Et voici justement que surgit de nulle part, sous la neige à la veille de Noël, une petite créature crasseuse en survêtement rose maculé, muette et terrifiée, qui aussitôt s'enfuit avec le citoyen le moins fréquentable d'Ennatown: Black Dog, géant noir un peu demeuré et SDF. Qui est-elle?
Trop jeune pour être la disparue... alors? Le fantasme collectif repart de plus belle : c'est Black Dog, le Noyeur, évidemment... Et la chasse à l'homme de démarrer. Seul Limonta, ex-flic alcoolo à la conscience chargée, s'étonne que personne n'ait signalé la disparition d'une enfant de cinq ans...
Auteur : Née en 1956 à Cannes, Brigitte Aubert a développé son goût pour le polar dans la pénombre du cinéma familial. Parmi ses nombreux romans publiés et traduits dans plus de 20 pays, l’on retiendra Les Quatre fils du Dr March, La Mort des bois (Grand Prix de Littérature policière 1996), Transfixions (adapté au cinéma sous le titre “Mauvais Genres), Funérarium… Elle est la reine du thriller à humour grinçant.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Ennatown est une petite ville d’Amérique du Nord, c'est la veille de Noël. Dès la première page de ce livre, le lecteur est plongé dans une histoire sordide... Une fillette a été séquestrée durant des années dans une cave, elle est devenue femme, puis mère. Elle est au bout du rouleau et elle pense avoir trouvé une solution pour faire sortir sa fille Amy âgée de cinq ans qui pourrait devenir la proie de son kidnappeur surnommé Daddy.
Treize ans plus tôt, dans cette même petite ville, plusieurs fillettes âgées de six ans ont été enlevées et retrouvées noyées dans un étang. Vera Miles, l'une des fillettes, n’est jamais réapparue et l'affaire n'a jamais été résolue.
Il fait nuit, Amy vient de s'échapper du lieu de séquestration qu'elle n'a jamais quitté depuis sa naissance, elle est muette et elle a en sa possession un message d'au secours écrit par sa mère. La première personne qu'elle rencontre, c'est Black Dog un géant noir, marginal, sdf et illettré. Elle va naïvement lui faire totalement confiance et lui comprend instinctivement qu'il doit la protéger.
A Ennatown, il y a également Vince Limonta, un ancien flic de New York, exclu de la police à la suite d’une bavure. Il est revenu dans sa ville natale et grâce au prêtre Roland O’Brien, il travaille comme jardinier. Vince a retrouvé un ami, Michael McDanie, un ancien rappeur noir connu sous le pseudo de Snake T. et devenu handicapé à la suite d'un accident. Lorsque le journal locale ressort l’histoire des fillettes enlevées, Snake T. incite Vince à s’intéresser à l’affaire.

Voilà une intrigue bien construite où l'innocence et la monstruosité se côtoient, d'un côté un fillette et un simple d'esprit de l'autre une atmosphère glaçante, un monstre rodant dans cette communauté, un monsieur Tout-le-monde insaisissable. Le suspens et la tension sont présents tout au long du livre et les pistes sont multiples... Un roman policier captivant et efficace, une belle découverte.

Autre avis : Canel

Extrait : (début du livre)
Je suis morte il y a treize ans.
J'avais 6 ans.
On m'a retrouvée noyée dans le lac, sous la glace, pas très loin de la maison. Les poches de ma robe étaient bourrées de pierres.
Les poissons avaient dévoré mes doigts et mon visage. On m'a identifiée à ma taille et à mes vêtements.
Mon joli anorak rose. Mon sac à dos Scooby-Doo.
On m'a enterrée un après-midi de janvier. Il neigeait.
Sur ma tombe, il y a gravé "Susan Lawson 1992-1998 A notre cher petit ange".
Quand le cercueil est descendu dans le trou, ma mère s'est mise à hurler. Mon père s'est évanoui.
Moi, j'ai essayé de me boucher les oreilles pour ne plus entendre rire Daddy.
Mais la chaîne était trop courte. Je n'ai pu que crier, les poignets entravés.
Je suis morte il y a treize ans.
Vera Miles avait 6 ans, elle aussi. Elle avait disparu un mois plus tôt. Elle, on ne l'a jamais retrouvée.
Moi, je croupis dans ce trou noir.
Au début, il n'allumait que quand il venait.
Le reste du temps, c'était la nuit. Et toujours la peur.
La douleur.
La folie.

 Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Jury JANVIER
Policier

Challenge 1% Littéraire 2012

  logochallenge2 
10/14

 Challenge Thriller 

challenge_thriller_polars
catégorie "Même pas peur" : 8/12

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

logo_Petit_BAC_2012

"Animal"

 

 

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12 octobre 2012

Réanimation - Cécile Guilbert

r_animation Grasset - août 2012 - 272 pages

Quatrième de couverture :
« Blaise vient de fêter ses cinquante printemps. Quelque chose en lui refuse-t-il de naître ? De céder ? De s’ouvrir ? Une délivrance ? Une douleur ? Un remords ? Peut-être. Car soudain tonne le canon qui abat tout, renverse tout, démolit tout. »
La narratrice et Blaise, mariés, vivent comme des adolescents, des Robinson parisiens, artistes accrochés l’un à l’autre, insouciants. Jusqu’au jour où Blaise est atteint d’une maladie rare, la « cellulite cervicale », forme de nécrose parfois mortelle des tissus du cou. Hospitalisé d’urgence à Lariboisière, Blaise se mue du jour au lendemain en « homme-machine » plongé dans le coma. Alors la peur s'installe. De le perdre. De voir le bonheur disparaître. S'installe aussi la curiosité fascinée de la narratrice pour ce service spécial – la « réa » – tandis que son existence se détraque et se ranime elle aussi...
Récit intelligent et sensible, exercice de mise à distance du malheur, méditation d'une grande douceur sur le temps et l'espérance, les pouvoirs de l'art et de la médecine, les pièges de l'image et les sortilèges de l'imagination, le livre de Cécile Guilbert, traversé de mythes et de contes, et aussi – surtout ? – une lettre d'amour à Blaise.

Auteur : Romancière et essayiste, Cécile Guilbert est l’auteur de Warhol Spirit (2007), Prix Médicis de l’essai et de Animaux and Cie (2010), avec Nicolas Guilbert.  

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Le sujet de ce livre n'avait rien d'attirant pour moi et je ne l'aurai jamais lu en dehors du Grand Prix des lectrices Elle. J'ai personnellement une relation difficile avec l'hôpital, je n'aime pas les odeurs, les bruits, je suis jamais à l'aise lorsqu'il faut que je m'y rende que ce soit pour consulter ou pour rendre visite à quelqu'un...
A cinquante ans, Blaise le mari de la narratrice est opéré d'urgence pour une infection rare appelé cellulite cervicale. Après l'opération, sa femme vient lui rendre visite et elle découvre avec surprise que son mari est dans le service Réanimation post-opératoire et traumatologique, il a été plongé dans un coma artificiel pour quelques semaines.
Elle réalise alors que pour la première fois de sa vie elle se trouve séparé de Blaise et d'une manière qu'elle n'avait jamais imaginé, ni envisagé...
Elle se met alors à écrire au jour le jour, ses pensées, ses impressions dans un journal intime. Elle se retrouve seule à la maison, tout autour d'elle lui rappelle Blaise, elle se souvient du passé, elle a des craintes quand à l'avenir... Elle se raccroche à ces lectures, aux contes, à la mythologie, à l'Art... Elle se rend à l’hôpital, elle observe le service de Réanimation, son homme endormi, livré aux médecins et personnel soignant.
Ce livre est bien écrit, l'auteur a su décrire en détail l'atmosphère de l'hôpital et du service de Réanimation. Cette longue attente forcée va petit à petit conduire Blaise et la narratrice vers une réanimation médicale et spirituelle.
Le sujet est vraiment trop angoissant pour moi pour que j'apprécie pleinement ce livre, j'y ai également trouvé quelques longueurs. C'est malgré tout, une belle déclaration d'amour.

Extrait : (page 13)
Cette année-là, dans les derniers jours de mars, nuits et jours sont de même longueur et quelque chose a lieu.
Est-ce une buée passagère ? un fourmillement sans conséquence ?
La maladie est juste un mauvais rêve, le cauchemar favori des hommes tentés secrètement par la Faucheuse bien qu'ils la redoutent chaque nuit dans leur sommeil, enroulés dans leur drap comme dans leur linceul, étendus sans conscience comme s'ils étaient morts.

Blaise n'est pas de ce bois dont on fait les cercueils.
Dût-il demeurer longtemps alité, jamais ne lui viendrait la tentation de s'halluciner en cadavre. Pas plus qu'il n'aurait, mourant, l'idée de se photographier en gisant pour contempler son image durant son agonie. 
Y croit-il seulement, à la mort ?

Vous vivez ensemble depuis vingt ans.
Tu l'as aimé au premier regard, lumière du coup de foudre.
Tu aimes sa générosité, son espièglerie ; tu aimes son humour et par-dessus tout sa grande santé, qui ne vient pas du corps mais de l'appétit de vivre, et son élasticité joueuse, et son énergie.
Cet été-là, des feux d'artifice déchirent le ciel, Paris fait la fête, le Bicentenaire bat son plein mais la Révolution, c'est vous.
Davantage qu'à sa forte tête, trop souvent belliqueuse, tu fais confiance à son corps vif et viril de trente ans. Animé d'une gestuelle si déliée qu'il semble voltiger dans l'espace comme un papillon ivre, un ludion enfourchant l'univers dans sa ruée, tu sais d'instinct que sa vitalité supplantera toutes les baisses de tension (il y en aura), vaincra tous les chagrins.
Quand Aphrodite frappe, l'amour devient l'autre nom de la foi : brusque, soudaine, sans raison ni limites. Puisque Biaise saura être ton frère, ton fils, ton père, ton complice inégalé, et parce que vous y voyez l'occasion de sceller symboliquement l'exception dont n'ont pu se réclamer tous ceux et celles qui jadis et naguère ont fait battre vos cœurs et fondre vos corps, vous vous mariez. Bien décidés à n'avoir jamais d'enfants puisque vous en êtes. Que d'ailleurs Biaise a déjà un fils de six ans et Robert Louis Stevenson raison : les parents qui s'aiment n'engendrent que des orphelins.  

  Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Jury JANVIER
Document

Challenge 1% Littéraire 2012

  logochallenge2 
9/14

10 octobre 2012

La Guerre d'Alan - Emmanuel Guibert

la_guerre_d_Alan L'Association - juin 2012 - 298 pages

Quatrième de couverture :
Lorsque Emmanuel Guibert rencontre Alan I. Cope sur les plages de l'île de Ré, il ne se doute pas qu’il consacrera douze ans de sa vie à cet homme extraordinaire et humble, qui, comme nombre de jeunes américains de son époque, fut enrôlé dans l'armée et traversa l'Europe pour y faire la guerre. Emmanuel Guibert a patiemment enregistré Alan lui racontant son périple, la vie de soldat et les à-côtés de la guerre, loin de la violence des combats. On le suit au gré de ses voyages en France et en Allemagne, de ses rencontres, amicales et littéraires qui auront une influence déterminante sur sa vie d'adulte.

Auteur : Emmanuel Guibert est un dessinateur et scénariste de bande dessinée, né en 1964 à Paris.  

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Dans la préface de cette Bande Dessinée, Emmanuel Guibert raconte le hasard de sa rencontre avec Alan Cope sur l'Ile de Ré, ce dernier a 69 ans et une amitié se noue entre eux.

Ce livre nous raconte la vie d'un jeune GI qui a été appelé à 18 ans par l'Armée Américaine, qui est venu en Europe pour faire la guerre et libérer la France. C'est un anonyme parmi les anonymes, et nous suivons son quotidien. Cela commence par l'entraînement aux États-Unis, puis son arrivée en Europe le jour de son vingtième anniversaire jusqu'à l'après-guerre. Alan traversera la France, l'Allemagne et ira jusqu'en Tchécoslovaquie.
Loin des récits habituels d'une guerre héroïque, ce témoignage nous montre la guerre sous un angle différent. Un quotidien détaillé, proche de la réalité. Les absurdités de la guerre côtoient les belles rencontres. Un voyage dans le temps, riche et émouvant en noir et blanc.

Autres avis : Mimipinson, Mo

Extrait : 

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 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

logo_Petit_BAC_2012
"Prénom"

9 octobre 2012

Une partie de chasse - Agnès Desarthe

une_partie_de_chasse L'Olivier – août 2012 - 152 pages

Quatrième de couverture :
Au cours d’une partie de chasse, un homme tombe dans une galerie souterraine. Tristan est désigné pour rester sur les lieux tandis que les autres iront chercher du renfort. Mais les secours n’arrivent pas et la tempête se lève. Une longue attente commence. Tout en essayant de soutenir moralement celui qui s’est blessé en tombant (et dont il se sent si loin), Tristan se remémore la suite des événements. Il revit sa rencontre avec sa femme Emma, l’évolution de leur relation. C’est elle qui l’a convaincu de partir chasser, pour que les autres l’acceptent dans le cercle des hommes. Il repense aussi à sa mère malade dont l’image le hante encore aujourd’hui, au petit garçon docile qu’il était alors à son chevet. Et lui, qui a toujours plié sous la volonté des femmes, interroge enfin la place de son propre désir.
Tristan s’abrite de la tempête comme on se terre au fond d’un terrier, dialoguant en cachette avec un animal rescapé de la partie de chasse, quand les voix des humains ne lui parviennent plus. La nature se déchaîne alors dans une colère salutaire. Et peut-être le déluge, qui emporte tout sur son passage, obéit-il au rêve de Tristan de faire table rase.

Avec Une partie de chasse, Agnès Desarthe signe un roman violent et énigmatique. Il nous parle d'un monde que les dieux auraient abandonné, laissant la place aux pulsions les plus secrètes qui dorment dans le cœur des hommes.

Auteur : Agnès Desarthe est née en 1966 à Paris. Romancière, elle a notamment publié Un secret sans importance (prix du Livre Inter 1996), Mangez-moi (2006), Le Remplaçant (prix Virgin-Femina 2009) et Dans la nuit brune (Prix Renaudot des lycéens 2010). Agrégée d’anglais, traductrice, elle a cosigné avec Geneviève Brisac un essai sur Virginia Woolf, VW ou le mélange des genres. Elle est également l’auteur de nombreux livres pour la jeunesse.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Un livre assez étonnant et déroutant....

Cela commence avec comme narrateur un lapin au fond de son terrier qui a besoin d'en sortir pour se nourrir et pourtant il sait que c'est risqué... Malgré tout il jailli du terrier et se fait cueillir par un plomb. Le tireur c'est Tristan, il a accepté de participer à une partie de chasse avec Dumestre, Peretti et Farnèse trois chasseurs expérimentés à la demande de sa compagne Emma pour s'intégrer. Et pourtant, au fond lui, la chasse le répugne, en saisissant le lapin qu'il vient de tirer, il s'aperçoit qu'il est seulement blessé et rapidement, il le cache dans sa gibecière.
La partie de chasse continue et Tristan suit le mouvement tout en protégeant son lapin.

Tout à coup un incident survient, Dumestre tombe dans un trou et se blesse. Tristan reste sur place avec lui et les deux autres partent chercher du secours. Une longue attente commence. Pour passer le temps Tristan revient sur son passé, son enfance avec sa mère malade, sa rencontre avec Emma...

En cachette, Tristan dialogue également avec le lapin qui est bon conseiller en particulier lorsqu'une violente tempête se lève et pour se protéger avec le blessé, Tristan creuse un terrier.

Je l'ai lu très facilement mais il m'a un peu dérouté, cette histoire a un côté surréaliste et par moment, j'ai eu du mal à suivre cette histoire qui mêle le passé et le présent, le réel et l'imaginaire. Je suis seulement restée spectatrice de cette histoire.

Remarque : Il est question de lapin dans cette histoire et la couverture est illustrée par la reproduction d'une aquarelle d'Albrecht Dürer représentant un lièvre...

Autres avis : Canel, Clara

Extrait : (début du livre)
J'aimerais mourir de mort naturelle. Je voudrais vieillir. Personne ne vieillit chez nous. Nous partons dans la fleur de l'âge.
J'aimerais avoir le temps de sortir de l'enfance. Connaître la nostalgie poignante qui étreint le cœur des adolescents. Quelque chose en eux pleure l'enfant qu'ils ne sont plus, et c'est un chagrin magnifique et muet.
Je voudrais m'ennuyer, connaître le dégoût. Profiter, ensuite, du soulagement de la maturité.
Je voudrais avoir le temps de connaître l'amour, et le luxe infini du désamour.
« Je ne t'aime plus, c'est fini, ça fait trop longtemps qu'on se fréquente, tu ne me fais plus aucun effet. »
Souvent, pour me faire du mal, pour éprouver jusqu'au bout la cruauté de mon sort, je me joue cette scène impossible, je répète cette réplique que je ne prononcerai jamais.
J'ai beaucoup d'imagination. Il paraît que c'est rare dans notre lignée. Ma mère me l'a dit. Elle me trouvait plus intelligent que les autres. Elle disait qu'elle ne me comprenait pas entièrement. Elle penchait la tête en prononçant ces mots, et le soleil, un instant captif de son iris, me transperçait la rétine.
Elle est morte, bien sûr. Très vite. Elle m'a peu parlé. Nous n'avons le temps de rien, nous autres. Mais elle m'a dit ça quand même, que j'avais beaucoup d'imagination, et sans doute un cerveau plus gros que celui de mes frères, de mes cousins, de mes ancêtres, alors je m'en sers. Je fais semblant d'être vieux.
Vieux, vieille, vieillard, vieillarde, ces mots me font frissonner de douleur et de joie. Ce sont les mots les plus beaux, les plus effroyables et les plus doux de notre langue. J'ose les prononcer. Je sais le risque que je prends. Mon coeur pourrait lâcher par excès de volupté. Mais je parie sur l'excellence de mon coeur, je n'ai pas le choix. Je parie sur l'excellence de chacun de mes organes et de mes muscles. Je suis fait pour durer, pour endurer, pour survivre. Je vais y arriver. Je serai peut-être le seul, mais qui sait ? Une fois mûr et usé, quand les dents me manqueront et que mon sang voyagera moins prestement dans mes veines, je pourrai enseigner aux autres, prendre quelques jeunes sous ma protection et leur confier mes secrets, mes ruses, leur expliquer que c'est possible. « Regardez-moi ! Voyez mes oreilles tombantes et lasses, ma paupière paresseuse qui couvre à moitié mon oeil droit. La bosse sur mon dos. Mes moustaches fatiguées. »
Je serai leur prophète, je trouverai un territoire, j'organiserai la résistance. Trop longtemps nous avons subi, trop longtemps nous nous sommes plies à la fatalité.

 Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Jury JANVIER
Roman

Challenge 1% Littéraire 2012

  logochallenge2 
8/14

 

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

logo_Petit_BAC_2012
"Sport/Loisirs"

 

 

8 octobre 2012

C'est Lundi que lisez-vous ? [95]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

certaines_n_avaient_jamais_vu_la_mer acc_s_direct___la_plage l_embellie 

Certaines n’avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka 
Accès direct à la plage – Jean-Philippe Blondel 
L'Embellie - Auður Ava Ólafsdóttir

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Une partie de chasse - Agnès Desarthe (Grand Prix Elle) 
Un livre pour le Challenge Un mot, Des titres avec le mot : BEAU ou BELLE
La Guerre d'Alan - Emmanuel Guibert (BD)

Que lirai-je cette semaine ?

La déesse des petites victoires - Yannick  Grannec (Grand Prix Elle)
La vie sans fards - Maryse Condé (Grand Prix Elle)
Réanimation - Cécile Guilbert (Grand Prix Elle)
La ville des serpents d’eau - Brigitte Aubert (Grand Prix Elle)
Freezing - Clea Koff (Grand Prix Elle)
Les Lisières - Olivier Adam
La nuit tombée – Antoine Choplin
La reine de la Baltique - Viveca Sten

Le vendeur de saris - Rupa Bajwa

Bonne semaine et bonne lecture. 

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6 octobre 2012

L'Embellie - Auður Ava Ólafsdóttir

l_embellie Zulma - août 2012 - 395 pages

traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson

Titre original : Ringing í nóvember, 2004

Quatrième de couverture : 
C’est la belle histoire d’une femme libre et d’un enfant prêté, le temps d’une équipée hivernale autour de l’Islande.
En ce ténébreux mois de novembre, la narratrice voit son mari la quitter sans préavis et sa meilleure amie lui confier son fils de quatre ans. Qu'à cela ne tienne, elle partira pour un tour de son île noire, seule avec Tumi, étrange petit bonhomme, presque sourd, avec de grosses loupes en guise de lunettes.
Avec un humour fantasque et une drôlerie décapante, l’Embellie ne cesse de nous enchanter par cette relation cocasse, de plus en plus attentive, émouvante entre la voyageuse et son minuscule passager. Ainsi que par sa façon incroyablement libre et allègre de prendre les fugaces, burlesques et parfois dramatiques péripéties de la vie, et de la vie amoureuse, sur fond de blessure originelle. Et l’on se glisse dans l’Embellie avec le même bonheur immense que dans Rosa candida, en une sorte d’exultation complice qui ne nous quitte plus.

Auteur : Auður Ava Ólafsdóttir est née en 1958 à Reykjavík. Après l’immense succès de Rosa candida, elle nous offre l’Embellie, traduit pour la première fois en français.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
J'ai beaucoup aimé Rosa Candida et lorsque j'ai appris qu'un nouveau livre d'Auður Ava Ólafsdóttir était traduit en français, j'étais impatiente de le découvrir.
En Islandais le livre se nomme « Pluie de novembre », en effet dans ce roman écrit avant Rosa Candida, il fait chaud pour la saison et l’Islande est sous la pluie, elle subit même des inondations.
La narratrice a trente-trois ans, elle parle onze langues différentes et travaille comme traductrice et correctrice, elle est indépendante, immature et originale. Son mari la quitte car elle repousse l'idée de devenir mère... Elle décide alors de partir en vacances d'été en novembre et de quitter Reykjavík pour l'est de Islande. Juste avant son départ, elle se voit confier par sa meilleure amie Audur Tumi, son fils âgé de quatre ans. Ce petit bonhomme est sourd et très myope. N'ayant pas l'habitude des enfants, elle va s'occuper de Tumi à l’instinct « il existe un monde au-delà des mots ». Et au fil des kilomètres une belle complicité va se créer entre eux deux. Tumi apporte des joies simples, le voyage est joyeux plein de péripéties et de rencontres surprenantes. Au cours de cette histoire, s'entremêlent quelques passages en italique qui reviennent sur une douleur ancienne de la narratrice et cela donne à ce voyage autour de l'Islande un sens plus profond.
J'ai beaucoup aimé cette lecture que je n'avais pas envie de terminer, j'ai aimé découvrir cette Islande profonde et déserte sous cette pluie de novembre. L'humour est très présent  dans ce livre et de nombreuses situations cocasses ou improbables m'ont fait penser à Arto Paasilinna.
En bonus, à la fin du roman, sont rassemblées « Quarante-sept recettes de cuisine et une de tricot », plus ou moins fantaisistes, souvenirs de la délicieuse complicité en l'enfant et la jeune femme et de leur voyage autour de l'Islande. Une très belle découverte.

Autre avis : Canel 

Extrait : (début du livre)
Quand je regarde en arrière, sans vraiment respecter à cent pour cent la chronologie, nous sommes là, serrés l’un contre l’autre, au milieu de la photo. Je le tiens par les épaules et il m’attrape quelque part, plus bas par la force des choses ; une mèche châtain foncé barre mon front très pâle ; il affiche un grand sourire et tient quelque chose dans son poing tendu.
Ses oreilles décollent un peu de sa grosse tête, ses prothèses auditives, curieusement démodées, ressemblent à des récepteurs pour ondes radio intersidérales. Et ses yeux démesurément agrandis par ses verres de lunettes lui donnent un look très spécial. D’ailleurs les gens dans la rue se retournent sur notre passage; ils considèrent le petit, puis après m’avoir brièvement dévisagée, ne le lâchent plus du regard, tandis que nous traversons le terrain de jeux, la main dans la main, jusqu’à ce que je referme la grille de fer derrière lui. Quand je l’aide à grimper dans le siège pour enfant et que je boucle sa ceinture de sécurité, je constate qu’on nous observe encore depuis les autres voitures.
Dans le fond de la photo, on voit mon ancienne voiture, à boîte de vitesses manuelle. Les trois poissons rouges flottent dans le coffre – il n’en sait rien encore – sur le sac de couchage bleu pour deux personnes qui s’est mué en éponge. Je ne tarderai pas à acheter deux édredons neufs à la Coopérative car il ne convient pas qu’une femme de trente-trois ans partage son sac de couchage avec un garçonnet qui ne lui est rien – ça ne se fait pas. Un tel achat ne devrait pas poser problème car la boîte à gants déborde de billets tout frais sortis de la banque. Aucun méfait n’a pourtant été commis, à moins que ça n’en soit un que de coucher avec trois hommes sur une distance de trois cents kilomètres de route circulaire, non asphaltée pour l’essentiel, là où la bande côtière est la plus étroite entre le glacier et la grève et où abondent les ponts à voie unique.
Rien ne se présente comme à l’accoutumée, en cet ultime jour de novembre – un jour ténébreux sur l’île ; nous portons tous les deux un pull-over, le mien est blanc à col roulé, le sien est neuf, vert menthe, tricoté main, avec un motif à torsades et une capuche. La température est comparable à celle de Lisbonne le jour précédent, à ce que dit la radio, et l’on prévoit encore de la pluie et un réchauffement. C’est pourquoi une femme seule avec enfant ne devrait pas se trouver sans raison valable sur les routes, dans des zones sombres et inhabitées, et encore moins au voisinage de ponts à voie unique, les routes étant souvent inondées.
Je ne suis pas présomptueuse au point de m’attendre à voir surgir un nouvel amant à chaque pont à voie unique, sans vouloir toutefois exclure totalement une telle éventualité. À mieux considérer la photo, on distingue au second plan, à quelques pas du petit et de moi, un jeune homme d’environ dix-sept ans au visage un peu flou. Il a les traits plutôt délicats sous son bonnet et on dirait que son acné commence tout juste à s’arranger. L’air ensommeillé, yeux mi-clos, il s’appuie contre la pompe à essence.
Si l’on examine la photo de vraiment près, je ne serais pas étonnée que l’on distingue des plumes sur les pneus et même des taches de sang sur les enjoliveurs, bien que trois semaines se soient écoulées depuis que mon mari est parti avec le matelas ergonomique du lit conjugal, le matériel de camping et dix cartons de livres – tel fut l’enchaînement. Mais gardons à l’esprit que les apparences sont parfois trompeuses et que contrairement à une photo, la réalité, elle, grouille de sens.

Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection roman 
Jury Février

Déjà lu du même auteur : 

Rosa_candida Rosa Candida

Challenge 1% Littéraire 2012

 logochallenge2 
7/7

Challenge Voisins, voisines

voisin_voisines2012
Islande

 Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche

dc3a9fi_scandinavie_blanche
Islande

 Challenge Viking Lit' 

Viking_Lit

Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique

 

5 octobre 2012

Accès direct à la plage – Jean-Philippe Blondel

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Delphine Montalant - mars 2003 – 112 pages

Pocket – aout 2004 – 120 pages

Pocket – janvier 2012 – 120 pages

Quatrième de couverture :
Rien ne relierait ses personnages s'ils n'avaient le goût des locations à la mer. Ils se sont croisés dans l'épice particulière des soirs d'été. Les couples, les familles, les célibataires qui nous ont précédés. Ceux d'avant. Le lecteur, avec Jean-Philippe Blondel, éprouve lui aussi le sentiment d'être à la suite de quelqu'un. Il reste une empreinte qui s'attarde...

Auteur : Né en 1964, Jean-Philippe Blondel est professeur d'anglais dans un lycée à côté de Troyes. Après son premier roman, Accès direct à la plage (2003), qui a rencontré un vif succès, il a publié plusieurs romans, This is not a love song (2007), Le baby-sitter (2010), G229 (2011) et récemment Et rester vivant (2011). Il a écrit aussi des romans pour adolescents, comme Blog (2010) et (Re)play ! (2011).

Mon avis : (lu en août 2012)
Depuis que j'ai découvert Jean-Philippe Blondel, j'avais très envie de lire son premier roman "Accès direct à la plage" or il était indisponible jusqu'à début 2012 où il a été réédité.
Ce court livre est très original, Jean-Philippe Blondel nous entraîne de 1972 à 2002 dans quatre stations balnéaires françaises Capbreton, Arromanches, Hyères et Perros-Guirrec avec une galerie d'une vingtaine de personnages. Ce sont des couples, des familles ou des solitaires qui sont en séjour au bord de la mer. Ce sont des histoires qui s'entrecroisent dans l'espace et dans le temps.
La narration se fait à la première personne, et à chaque chapitre c'est un personnage différent qui s'exprime. Les vacances sont propices aux ambiances joyeuses et légères et pourtant on découvre dans ce livre des sujets graves comme l'infidélité, l'homosexualité et même le viol.
Ce n'est pas mon livre préféré de Jean-Philippe Blondel mais j'ai aimé découvrir ces séjours à la plage. 

Extrait : 
Tous les matins, je passe devant le club Mickey.
Au club Mickey, ils ont des balançoires, des toboggans, des monos bronzés en tee-shirt, et surtout ils ont une piscine.
Ma mère dit que c'est ridicule, une piscine sur le bord de mer.
Moi, je ne trouve pas.
Puis, j'entends leurs voix. Ils crient, ils rient, ils s'amusent, eux.
Parfois on en voix un qui dépasse.
C'est quand ils montent tout en haut du toboggan qui se jette dans la piscine.
Quand j'aurais des enfants, ils seront tous inscrits au Club Mickey.

Déjà lu du même auteur :

juke_box Juke Box  au_rebond Au rebond

le_baby_sitter  Le Baby-sitter G229 G229  blog Blog

5317 Et rester vivant replay (Re)play  brise_glace Brise glace

 

 Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

logo_Petit_BAC_2012
"Sport/Loisirs"

4 octobre 2012

Le tag où je me livre(s)

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Il y a quelques jours, j'ai été taggué par InColdBlog et
hier soir c'est Anna Blume qui me taggue à son tour... 

 

Le livre que j’ai particulièrement aimé :

lesd_ferlantes Je vais choisir Les déferlantes – Claudie Gallay car c'est un des premiers livres que j'ai commenté dans mon blog, un livre que j'avais pris par hasard à la bibliothèque attiré par le phare de la couverture.
Ce livre est un coup de coeur et il m'a permis de découvrir une auteur que j'aime beaucoup !

Le livre qui ne m’a pas plu

J'ai découvert Paulo Coelho avec L'Alchimiste que j'ai beaucoup aimé et il y a un an, accepté de lire Aleph le dernier livre de Paulo Coelho et j'ai été très déçue...

De même Belle Famille - Arthur Dreyfus lu dans le cadre du Grand Prix Elle 2013 ne m'a pas plu.

aleph belle_famille 

Le livre qui est dans ma PAL

Je n'ai pas un livre dans ma PAL mais de très nombreux... J'ai même plusieurs PAL, celle de mes livres personnels, celle des livres prêtés et celle des livres des Bibliothèques

Actuellement, emprunté à la Bibliothèque, j'ai dans ma PAL :

Les Lisières d'Olivier Adam
La nuit tombée – Antoine Choplin
La reine de la Baltique - Viveca Sten

les_lisi_res 5600 la_reine_de_la_baltique

Le livre qui est dans ma wish-list

Il y a une longue liste dans ma LAL... Le chagrin et la grâce – Wally Lamb et Mississipi - Hillary Jordan sont peut-être ceux que je mettrai en tête de liste...

Le livre auquel je tiens :

Je tiens à beaucoup de livres que j'ai dans ma bibliothèque...
Si j'en choisissais un en particulier, ce serait un Atlas de Géographie Moderne datant de 1896, je l'ai retrouvé délaissé dans un grenier lorsque j'avais une quinzaine d'années. A l 'époque, je l'ai beaucoup feuilleté cela me faisait voyager aussi bien dans l'espace que dans le temps...

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Le livre que je voudrais vendre ou troquer :

Je ne vends pas mes livres... J'en garde beaucoup ou alors je les donne soit à la bibliothèque soit pour une Association créé au travail pour financer des projets pour les enfants malades. Trois fois par an, l'Association vend les livres donnés 1 ou 2 euros.
Le dernier livre donné, Belle famille - Arthur Dreyfus

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Le livre que je n’ai pas réussi à terminer

Sans hésiter, Les Bienveillantes c'est rare que je ne termine pas un livre mais pour celui-ci, je l'ai abandonné au bout de 120 pages tellement ce qui y est décrit me donnait mal au cœur au sens propre comme au sens figuré...

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Le livre dont je n’ai pas encore parlé sur mon blog

Beaucoup de livres lus avant l'ouverture de mon blog (il y a presque 4 ans)...
Ceux que j'ai beaucoup aimé, je les relis et fait alors un billet pour mon blog. 
Celui que je suis en train de lire : L'Embellie - Auður Ava Ólafsdóttir

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Le livre que je vais lire en lecture commune

Je n'ai pas de véritable Lecture Commune en prévision.
Mais, je participe au Grand Prix Elle 2013 et actuellement je lis avec Canel, Theoma et Anna Blume 

une_partie_de_chasse la_d_esse_des_petites certaines_n_avaient_jamais_vu_la_mer la_vie_sans_fards r_animation la_ville_des_serpents_d_eau freezing

Une partie de chasse - Agnès Desarthe 
La déesse des petites victoires - Yannick  Grannec
Certaines n’avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka

La vie sans fards - Maryse Condé 
Réanimation - Cécile Guilbert
La ville des serpents d'eau - Brigitte Aubert
Freezing - Clea Koff 

 

Je propose ce tag à mrs pepys, Anne et Mirontaine...

2 octobre 2012

Certaines n’avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka

certaines_n_avaient_jamais_vu_la_mer Phébus - août 2012 - 144 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau

Titre original : The Buddha in the Attic, 2011

Prix Femina roman étranger 2012

Quatrième de couverture : 
L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi. 
C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leur futur mari. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir. 
À la façon d’un chœur antique, leurs voix s’élèvent et racontent leurs misérables vies d’exilées… leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l’humiliation des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli.

Auteur : Julie Otsuka est née en 1962 en Californie. Diplômée en art, elle abandonne une carrière de peintre (elle a étudié cette discipline à l'université de Yale) pour l'écriture. Elle publie son premier roman en 2002, Quand l'empereur était un dieu  largement inspiré de la vie de ses grands-parents. Son deuxième roman, Certaines n'avaient jamais vu la mer (2012) a été considéré aux États-Unis, dès sa sortie, comme un chef-d'oeuvre.

Mon avis : (lu en septembre 2012)
C'est un livre que j'avais très envie de découvrir avant de recevoir la sélection Elle du Jury de Janvier, j'ai donc très rapidement commencé à lire ce livre court mais d'une grande force.
La citation de L'Écclésiaste qui ouvre le livre résume parfaitement l'histoire vraie que raconte ce livre :

Certains d'entre eux laissèrent un nom
qu'on cite encore avec éloge.
D'autres n'ont laissé aucun souvenir
et ont disparu comme s'ils n'avaient pas existé.
Ils sont comme n'ayant jamais été,
Et de même leurs enfants après eux.

Un fait historique que je ne connaissais pas : en 1919, des femmes venant de toutes les régions du Japon, des campagnes comme des villes ont été mariées à distance à des américains qu'elles ne connaissaient que par des lettres et des photos. Ces femmes vont faire la traversée en bateau du Japon vers les États-Unis, elles partent pour trouver le bonheur et une vie meilleure, mais la réalité sera autre...

Chaque chapitre aborde les différents moments de cette histoire, le voyage sur l'océan Pacifique dans des conditions difficiles, puis la rencontre avec les maris très différents de la photo reçue, la difficulté de s'adapter à un pays différent par sa culture, par sa langue, le racisme dont elles sont victimes, ensuite il y a la naissance des enfants, l'éducation à l'américaine et leurs enfants qui rejettent leurs racines japonaises et pour finir, dès le début de la Seconde Guerre Mondiale le Japonais devient suspect...

La grande force du livre, c'est son style : l'auteur utilise le « nous » et c'est un chœur de femmes et dans une longue litanie qu'est décrit l'histoire de ces femmes japonaises venues émigrer aux États-Unis. Elles sont nombreuses, anonymes, elles auront des destins différents, une vie de souffrance, de labeur, de joie parfois et cette narration collective renforce les émotions, le lecteur est multiplement touché.

L'écriture n'est jamais larmoyante, avec poésie et délicatesse Julie Otsuka nous donne un roman terrible et poignant. Une très belle découverte.

Autre avis : Canel

Extrait : (début du livre)
Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements, mais la plupart d'entre nous venaient de la campagne, et nous portions pour le voyage le même vieux kimono que nous avions toujours porté - hérité de nos soeurs, passé, rapiécé, et bien des fois reteint. Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, sauf en image, certaines étaient filles de pêcheur et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l'océan nous avait pris un frère, un père, ou un fiancé, parfois une personne que nous aimions s'était jetée à l'eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent, de partir à notre tour. 

Sur le bateau, la première chose que nous avons faite - avant de décider qui nous aimerions et qui nous n'aimerions pas, avant de nous dire les unes aux autres de quelle île nous venions et pourquoi nous la quittions, avant même de prendre la peine de faire les présentations -, c'est comparer les portraits de nos fiancés. C'étaient de beaux jeunes gens aux yeux sombres, à la chevelure touffue, à la peau lisse et sans défaut. Au menton affirmé. Au nez haut et droit. A la posture impeccable. Ils ressemblaient à nos frères, à nos pères restés là-bas, mais en mieux habillés, avec leurs redingotes grises et leurs élégants costumes trois-pièces à l'occidentale. Certains d'entre eux étaient photographiés sur le trottoir, devant une maison en bois au toit pointu, à la pelouse impeccable, enclose derrière une barrière de piquets blancs, d'autres dans l'allée du garage, appuyés contre une Ford T. Certains avaient posé dans un studio sur une chaise au dossier haut, les mains croisées avec soin, regard braqué sur l'objectif, comme s'ils étaient prêts à conquérir le monde. Tous avaient promis de nous attendre à San Francisco, à notre arrivée au port. 

Sur le bateau, nous nous interrogions souvent : nous plairaient-ils ? Les aimerions-nous ? Les reconnaîtrions- nous d'après leur portrait quand nous les verrions sur le quai ? 

Sur le bateau nous dormions en bas, à l'entrepont, espace noir et crasseux. Nos lits consistaient en d'étroites couchettes de métal empilées les unes sur les autres, aux rudes matelas trop fins, jaunis par les taches d'autres voyages, d'autres vies. Nos oreillers étaient garnis de paille séchée. Entre les couchettes, des miettes de nourriture jonchaient le sol, humide et glissant. Il y avait un hublot et, le soir, lorsqu'il était fermé, l'obscurité s'emplissait de murmures. Est-ce que ça va faire mal ? Les corps se tournaient et se retournaient sous les couvertures. La mer s'élevait, s'abaissait. L'atmosphère humide était suffocante. La nuit nous rêvions de nos maris. De nouvelles sandales de bois, d'infinis rouleaux de soie indigo, de vivre dans une maison avec une cheminée. Nous rêvions que nous étions grandes et belles. Que nous étions de retour dans les rizières que nous voulions si désespérément fuir. Ces rêves de rizières étaient toujours des cauchemars. Nous rêvions aussi de nos sœurs, plus âgées, plus jolies, que nos pères avaient vendues comme geishas pour nourrir le reste de la famille, et nous nous réveillions en suffoquant. Pendant un instant, j'ai cru que j'étais à sa place. 

Les premiers jours sur le bateau nous étions malades, notre estomac ne gardait rien, et nous étions sans cesse obligées de courir jusqu'au bastingage. Certaines d'entre nous étaient prises de vertiges, au point de ne plus pouvoir se lever, et demeuraient sur leur couchette dans une morne torpeur, incapables de se souvenir de leur nom sans parler de celui de leur futur mari. Rappelle-moi encore une fois, je suis Mrs Qui, déjà ? Certaines se tenaient le ventre et priaient à haute voix Kannon, la déesse de la miséricorde - Où es-tu ? - tandis que d'autres préféraient verdir en silence. Souvent au beau milieu de la nuit nous étions réveillées par le mouvement violent de la houle, et l'espace d'un instant nous ne savions plus où nous étions, pourquoi nos lits ne cessaient de bouger, ni pourquoi nos cœurs cognaient si fort d'effroi. 

Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Jury JANVIER
Roman

 50__tats

34/50 : Californie

Challenge 1% Littéraire 2012

  logochallenge2 
6/7

 

1 octobre 2012

C'est Lundi que lisez-vous ? [94]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

le_ciel_tout_autour Anne_Frank_LdP_2008 bois_sauvage

Le ciel tout autour – Amanda Eyre Ward
Le Journal d'Anne Frank
Bois sauvage – Jesmyn Ward

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Certaines n’avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka 

Que lirai-je cette semaine ?

L'Embellie - Audur Ava Ólafsdóttir 

Une partie de chasse - Agnès Desarthe (Grand Prix Elle)
La déesse des petites victoires - Yannick  Grannec (Grand Prix Elle)
La vie sans fards - Maryse Condé (Grand Prix Elle)
Réanimation - Cécile Guilbert (Grand Prix Elle)
La ville des serpents d’eau - Brigitte Aubert (Grand Prix Elle)
Freezing - Clea Koff (Grand Prix Elle)

 

Le vendeur de saris - Rupa Bajwa

Bonne semaine et bonne lecture. 

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