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A propos de livres...
16 juillet 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [86]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

Brise glace – Jean-Philippe Blondel 
Les Filles de l’ouragan – Joyce Maynard 
La fille de l'hiver - Eowyn Ivey

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Comme un miroir - Gunnar Staalesen (Babelio)
L'insoutenable légèreté de l'être - Milan Kundera

Que lirai-je cette semaine ?

Au lieu-dit Noir-Étang... - Thomas H. Cook
et...

Bonne semaine et bonne lecture. 

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15 juillet 2012

La fille de l'hiver - Eowyn Ivey

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
un_mot_des_titres 

Le mot : FILLE

La_fille_de_l_hiver Fleuve Noir – janvier 2012 - 432 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman

Titre original : The Snow Child, 2012

Quatrième de couverture :
L’Alaska, ses forêts impénétrables, ses étendues enneigées. Son silence. Sa solitude. 
Depuis la mort de leur bébé, le mariage de Mabel et Jack n'a plus jamais été le même. Partir vivre sur ces terres inhospitalières paraissait alors une bonne idée. Seulement, le chagrin et le désir d'enfant les ont suivis là-bas et la rudesse du climat, le travail éreintant aux champs les enferment chacun dans leur douleur. 
Jusqu'à ce soir de début d'hiver où, dans un moment d'insouciance, le couple sculpte un bonhomme de neige à qui ils donnent les traits d'une petite fille. Le lendemain matin, celui-ci a fondu et de minuscules empreintes de pas partent en direction de la forêt… 
Peu de temps après, une petite fille apparaît près de leur cabane, parfois suivie d'un renard roux tout aussi farouche qu'elle. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Est-elle une hallucination ou un miracle ? Et si cette petite fille était la clé de ce bonheur qu'ils n'attendaient plus ? 
Inspiré d'un conte traditionnel russe, La fille de l'hiver est un roman à la fois moderne et intemporel où le réalisme des descriptions n'enlève rien à la poésie d'une histoire merveilleuse… dans tous les sens du terme.

Auteur : Eowyn Ivey a grandi en Alaska où elle vit toujours avec son mari et leurs deux filles. Cette ancienne journaliste, devenue libraire, aime à se définir comme une entremetteuse, qui présente des livres aux lecteurs. La fille de l'hiver est son premier roman, inspiré d'un conte russe, mais aussi de ses expériences personnelles et de son cadre de vie.

 

Mon avis : (lu en juillet 2012)
L’auteur s’est inspiré d’un conte traditionnel russe pour écrire cette belle histoire. Après la perte d'un enfant à la naissance et l'impossibilité de donner la vie, Mabel et Jack sont partis s'installer en Alaska. Leur douleur les incite à se réfugier dans le travail et la solitude.
Pourtant aux premiers jours de l’hiver, un jour de première neige, le couple s'amuse à faire un bonhomme de neige au forme d'une petite fille. Le lendemain, tout a fondu, les moufles et l'écharpe ont disparu... Peu temps après, ils leur semble apercevoir une petite fille à la lisière de la forêt... Où est le rêve ? Où est la réalité ? Cette histoire est vraiment troublante... Je n'en dévoilerai pas plus...
Mabel et Jack ont également des voisins qui veillent sur eux, dans cet endroit hostile, la solidarité est importante. George et Ester sont parents de trois grands garçons, ils sont exubérants et originaux .
J'ai beaucoup aimé les superbes descriptions en toutes saisons des grands espaces et des paysages de l'Alaska. Elles sont si précises et évocatrices que je n'avais aucun mal à les imaginer.
Une très belle découverte !

 

Autres avis : Valérie, Kathel, ClaraEmmyne

Extrait : (début du livre)
Mabel avait su d'avance ce qui l'attendrait. C'était le but recherché après tout. Aucune voix d'enfant, ni cris de joie ni pleurs. Aucun bruit de jeux en provenance de la rue, aucun frottement de petits pieds sur le bois de marches polies par les ans, aucun cliquetis de jouets traînant sur le carrelage de la cuisine. Tous ces échos retentissants de son échec et de ses regrets, elle les avait volontairement laissés loin derrière elle, pour mieux embrasser le silence.
Un silence qu'elle avait imaginé aussi paisible en Alaska que la neige soufflant dans l'immensité d'une nuit pleine de promesses. Hélas, ce n'était pas ce qu'elle avait trouvé. Quand elle faisait le ménage, les crins de son balai crissaient sur le plancher telles les dents pointues d'une furie qui lui grignoterait le cœur. Quand elle faisait la vaisselle, les assiettes et les bols s'entrechoquaient comme s'ils allaient se briser. Le seul son qui n'émana pas d'elle fut un brusque «croa croa» provenant du dehors. Mabel essora sa lavette et regarda par la fenêtre juste à temps pour voir un corbeau voleter de branche en branche dans les bouleaux dépouillés de leurs feuilles. Il n'y avait pas d'enfants jouant à se poursuivre sur le tapis d'automne en s'appelant à tue-tête ; il n'y avait même pas d'enfant solitaire sur une balançoire.

*

Il y en avait eu un. Une toute petite chose, née immobile et silencieuse. Dix années s'étaient écoulées depuis, mais aujourd'hui encore il lui arrivait de revivre ce moment et de regretter de ne pas avoir posé sa main sur le bras de Jack, de ne pas l'avoir arrêté. Si seulement... Elle aurait pris la tête du bébé dans le creux de sa main et coupé quelques mèches de ses minuscules cheveux afin de les conserver dans un médaillon autour de son cou. Elle aurait contemplé son petit visage et su si c'était un garçon ou une fille, puis elle se serait tenue au côté de Jack pendant qu'il l'inhumait dans la terre hivernale de Pennsylvanie. Elle aurait marqué sa tombe... Si seulement elle s'était autorisé ce deuil.
C'était un enfant, après tout, même s'il ressemblait davantage à un petit être échangé par une fée. Visage chiffonné, menton miniature, oreilles pointues ; elle en avait vu assez pour le pleurer ; elle aurait pu l'aimer tel qu'il était.

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50__tats
29/50 : Alaska (2)

 

15 juillet 2012

Les Filles de l’ouragan – Joyce Maynard

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
un_mot_des_titres 

Le mot : FILLE

les_filles_de_l_ouragan Philippe Rey – janvier 2012 – 330 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Simone Arous

Titre original : The good daughters, 2010

Quatrième de couverture :
Elles sont nées le même jour, dans le même hôpital, dans des familles on ne peut plus différentes. Ruth est une artiste, une romantique, avec une vie imaginative riche et passionnée. Dana est une scientifique, une réaliste, qui ne croit que ce qu’elle voit, entend ou touche. Et pourtant ces deux femmes si dissemblables se battent de la même manière pour exister dans un monde auquel elles ne se sentent pas vraiment appartenir. Situé dans le New Hampshire rural et raconté alternativement par Ruth et Dana, Les Filles de l’ouragan suit les itinéraires personnels de deux « sœurs de naissance », des années 1950 à aujourd’hui. Avec la virtuosité qu’on lui connaît, Joyce Maynard raconte les voies étranges où s’entrecroisent les vies de ces deux femmes, de l’enfance et l’adolescence à l’âge adulte - les premières amours, la découverte du sexe, le mariage et la maternité, la mort des parents, le divorce, la perte d’un foyer et celle d’un être aimé - et jusqu’au moment inéluctable où un secret longtemps enfoui se révèle et bouleverse leur existence. C’est un roman sur la culture des fraises et la conscription pour le Vietnam ; sur l’élevage des chèvres et les rêves vains de fortune vite gagnée ; sur l’amour de la terre et l’amour d’un père ; sur des individus qui, sans cesser de se chérir, peuvent soudain se blesser profondément. Les Filles de l’ouragan est surtout une histoire sur les liens qui constituent une famille, un foyer, sur la force dévastatrice de l’amour qui s’achève, et l’apaisement qu’apporte le pardon.

Auteur de plusieurs romans et essais (dont Long week-end), collaboratrice de multiples journaux, radios et magazines, Joyce Maynard, 57 ans, vit désormais entre la Californie et le Guatemala. Surnommée lors de ses débuts fracassants en 1972 la Françoise Sagan américaine, elle est également connue pour sa relation avec J.D. Salinger alors qu’elle avait 18 ans, relation douloureuse sur laquelle elle est revenue dans son autobiographie vingt ans plus tard (Et devant moi, le monde).

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Au cœur d’une Amérique rurale, des années 50 à nos jours, c’est l’histoire de Ruth et Dana des « sœurs d’anniversaire ». Elles sont nées toutes les deux un 4 Juillet 1950 dans un petit village du New Hampshire. Et elles appartiennent à deux familles très différentes.
Ruth est la dernière d’une famille de cinq filles, ses parents sont agriculteurs  depuis plusieurs générations. Très tôt, elle se découvre un sens artistique et un attachement sans faille  pour la terre familiale. Sa mère est plutôt distante avec elle, contrairement à son père dont elle est très proche.Dana vit dans une famille bohème. Sa mère est artiste peintre, son père fourmille d’idée et enchaîne projets sur projets dans l’espoir de faire fortune. Leurs vies très différentes ne vont cesser de se croiser durant toutes ses années.
Le lecteur comprend assez vite le secret qui entoure Ruth et Dana et c’est parfois énervant de voir que ni l’une ou ni l’autre ne l’ont pas compris plus tôt !
Une lecture très agréable avec des personnages aussi attachants qu’originaux. Une belle découverte de l'Amérique rurale.

Extrait : (page 17)
Ruth
La Grande Perche

Mon père me disait que j'étais un bébé de l'ouragan. Cela ne signifiait pas que j'étais née au cours d'un ouragan. Le jour de ma naissance, le 4 juillet 1950, se situe bien avant la saison des ouragans.
Il voulait dire que j'avais été conçue pendant un ouragan. Ou dans son sillage.
« Arrête ça, Edwin », intervenait ma mère chaque fois qu'elle le surprenait à me raconter cette histoire. Pour ma mère, Connie, tout ce qui avait à voir avec le sexe ou ses conséquences (à savoir ma naissance, ou du moins le fait de relier ma naissance à l'acte sexuel) ne pouvait être un sujet de discussion.
Mais quand elle n'était pas là, il me racontait cette nuit où il avait été appelé pour dégager la route d'un arbre abattu par la tempête, il me décrivait la pluie battante, le vent impétueux. «Je n'ai pas été comme mes frères faire la guerre en France, disait-il, mais j'ai eu l'impression de livrer une bataille, en luttant contre ces bourrasques qui soufflaient à cent cinquante kilomètres à l'heure. Et là il se passe une chose bizarre. Craint-on vraiment pour sa vie dans des moments pareils ? Mais c'est à de tels moments que l'on se sait vivant.»
Il me racontait cette pluie qui s'abattait si violemment sur la cabine du camion qu'il n'y voyait plus rien, comme son cœur battait fort alors qu'il progressait dans l'obscurité, et ensuite - exposé au déluge, il coupait l'arbre et dégageait les grosses branches sur le bord de la route, ses bottes lourdes de pluie s'enfonçaient dans la boue, ses bras tremblaient.
« Le bruit du vent avait quelque chose d'humain, se souvenait-il, comme le gémissement d'une femme. »
Plus tard, me remémorant la façon dont mon père me racontait cette histoire, je me rendis compte que les mots qu'il utilisait pour décrire la tempête auraient aussi bien pu évoquer un couple faisant l'amour. Il imitait le bruit du vent, et je me jetais contre sa poitrine pour qu'il me protège de ses bras puissants. Je frémissais rien qu'à l'idée de ce qu'avait dû être cette nuit.
Pour une raison que j'ignorais, mon père se plaisait à me la raconter - pas à mes sœurs ni à notre mère, mais à moi, son unique public. Bon, il y avait peut-être une raison. J'étais sa fille de l'ouragan. Sans la tempête, aimait-il à dire, je ne serais pas là.
J'étais née neuf mois plus tard, au jour près, à la maternité du Bellersville Hospital, en pleine Fête nationale, juste après la fin des premières moissons et alors que les fraises étaient à leur apogée.

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Déjà lu du même auteur :

 long_week_end Long week-end 

50__tats
29/50 : New Hampshire (2)

14 juillet 2012

Un été au Cap-Ferret de Fabienne Legrand + concours

Stéphie organise un concours sur son blog :

Mille et une pages

été cap ferret

à gagner 

Répondre avant le mardi 17 juillet à minuit 

    Renseignement ici

 

13 juillet 2012

En pause...

Avant les vraies vacances au mois d'août,
pour fêter un anniversaire... 

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Nous partons en couple pour un week-end touristique !

 A très bientôt !

 

En mon absence, j'ai cependant planifié  plusieurs billets pour les jours prochains... 

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12 juillet 2012

Trois enterrements (Film)

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Film hispano-américain réalisé par Tommy Lee Jones en 2005.

Titre original : Los tres entierros de Melquiades Estrada

Titre anglais : Three Burials of Melquiades Estrada

Synopsis :
Le corps de Melquiades Estrada, paysan mexicain, est retrouvé en plein désert, où il a été rapidement enterré après son assassinat. Par qui ? Pete Perkins, contremaître de la région et meilleur ami de Melquiades va mener lui-même l’enquête que les autorités locales refusent d’assumer. Seul garant, dans cette étrange région du Texas, d’une réelle humanité, il va découvrir le meurtrier, lui faire déterrer le corps et offrir à son ami le plus beau voyage de sa vie, vers une sépulture honorable dans son Eldorado natal, le Mexique.

Acteurs : Melissa Leo, Tommy Lee Jones, Barry Pepper, Vanessa Bauche, Dwight Yoakam, January Jones, Mel Rodriguez, Julio César Cedillo

Mon avis : (film vu en mai 2012 sur Arte)
Un très beau road-movie, un voyage initiatique et expiatoire dans de superbes paysages semi-désertiques entre États-Unis et Mexique. Une histoire très originale pas toujours réaliste, mais cela fonctionne très bien, le rythme est lent, les personnages sont formidables, la chaleur est écrasante...

Récompensé au Festival de Cannes 2005 avec Prix d'interprétation masculine (Tommy Lee Jones) et prix du scénario (Guillermo Arriaga)

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29/50 : Texas

10 juillet 2012

Brise glace – Jean-Philippe Blondel

brise_glace Actes Sud Junior – septembre 2011 – 106 pages

Présentation éditeur :
Aurélien est nouveau dans son lycée. Il a déménagé. Ce n'est pas la première fois qu'il déménage. Pas facile de se faire des amis dans ces conditions. Mais justement, des amis, Aurélien semble ne pas en vouloir. Il est du genre solitaire ; parfois il voudrait juste pouvoir se fondre dans le décor pour qu'on lui fiche la paix. Pourtant, un garçon de sa classe, Thibaud, semble s'intéresser particulièrement à lui ; il parvient même à convaincre Aurélien de participer à une soirée slam. Dans la pulsation des mots, dans la chaleur de cette amitié naissante, Aurélien arrive enfin à faire craquer la glace qui l'enserre et commence à se libérer du poids du secret, celui du deuil.

Auteur : Jean-Philippe Blondel enseigne l’anglais dans un lycée près de Troyes depuis une vingtaine d’années. Il mène en parallèle une carrière d’écrivain, en littérature générale dont G229 et Et rester vivant (2011) comme en jeunesse chez Actes Sud Junior : Au rebond, Un endroit pour vivre, Blog (prix NRP littérature jeunesse), (Re)Play et Brise glace.  

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Aurélien est un adolescent qui fait tout pour passer inaperçu et se fondre dans la masse. Il porte un lourd secret. Arrivé dans un nouveau lycée, il rencontre Thibaud un élève très populaire et ce dernier est bien décidé à gagner la confiance d'Aurélien et à le sortir de sa solitude. Il va lui faire découvrir sa passion pour le slam et briser la glace qui, depuis quatre ans, empêche Aurélien de se tourner vers l'avenir. Dans ce texte d'une grande sensibilité, Jean-Philippe Blondel nous offre une jolie histoire d'amitié poignante et touchante.

Extrait : (début du livre)
Je regarde par la fenêtre la pluie qui s'abat sur la cour du lycée. Je soupire.
Je suis dans la salle G124, bâtiment G, 1er étage. C'est la salle dans laquelle ont lieu tous les contrôles de plus d'une heure - que des tables individuelles, pour décourager les tentatives de pompe.
Aujourd'hui, c'est devoir de français. Quatre heures. Je jette un coup d'oeil à mes camarades, les premières L. On est mardi après-midi. En novembre. Tout est gris. Presque aussi gris que sur la photocopie du tableau que j'ai devant moi - tableau qui est censé servir de tremplin à une expression écrite. Le travail d'invention, ça s'appelle : on te colle une image et tu dois te baser dessus pour raconter une histoire. L'intitulé est très clair : "En vous inspirant de l'atmosphère du tableau de Friedrich, imaginez le voyage dont rêve le personnage. Vous utiliserez la première personne et un registre au choix parmi les quatre proposés : lyrique, épique, tragique et fantastique."
À côté, la reproduction dudit tableau. Le nom de l'artiste et ses dates de naissance et de mort : Caspar David Friedrich (1774-1840). Le titre : Voyageur contemplant une mer de nuages. 1818, peinture, 74,8 x 94,8 (Kunsthalle, Hambourg).

Je sais où se trouve Hambourg. 
Mon père y est allé une fois, pour son travail. Il y avait un Salon de jenesaisquoi. Mon père se rend souvent dans des lieux improbables pour assister à des salons encore plus improbables, genre le "Salon du verrou" ou le "Salon de la protection individuelle". Il est représentant pour une entreprise qui joue sur les peurs des habitants des quartiers résidentiels. Il fournit à ses clients toute une panoplie censée empêcher les intrus de pénétrer chez eux. C'est un marché en pleine expansion dans une société où tout le monde a peur de tout.
Si je devais décrire la vie de mon père, j'hésiterais entre l'épique et le tragique. Je n'opterais en aucun cas pour le lyrique. Et surtout pas pour le fantastique.
De Hambourg, il m'a rapporté un nouveau type decadenas pour mon scooter - le top du top avec fermeture à distance et code secret évolutif.
Il n'a jamais marché.

Un raclement de gorge.
Je reviens à la salle. Je n'ai toujours pas écrit une ligne. J'aperçois F. X. qui mâchouille son crayon de papier, Florent qui dessine sur une feuille blanche depuis le début de l'épreuve, et Gladys qui bâille sans grâce.
Évidemment, je ne suis pas le seul à être bloqué. Mais je suis sans doute le seul à être bloqué à cause du trop-plein.

Je me souviens, quand j'étais plus petit, mon livre préféré, c'était Les Mots doux, l'histoire de Lola, une petite marmotte qui se réveille un matin avec des mots doux à distribuer parce que c'est un de ces jours où elle aime tout le monde, mais personne n'a le temps de l'entendre, ses parents la houspillent, la maîtresse s'occupe de quelqu'un d'autre, son amoureux joue l'indifférence et ses copines l'excluent. Alors, ses mots doux se calent dans sa gorge et ne veulent plus sortir, jusqu'au repas du soir, où tout le monde s'inquiète tout à coup, parce que Lola ne va pas très fort.
Je ne vais pas très fort.
Mais ce ne sont pas des mots doux qui se terrent dans ma gorge.
C'est de la glace.

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Challenge 7% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
46/49 

Déjà lu du même auteur :

juke_box Juke Box  au_rebond Au rebond

le_baby_sitter  Le Baby-sitter G229 G229  blog Blog

5317 Et rester vivant replay (Re)play

 

 

9 juillet 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [85]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

la_sir_ne Nos_vies_d_saccord_es Journal_d_un_corps

La Sirène - Camilla Läckberg 
Nos vies désaccordées – Gaëlle Josse
Journal d’un corps – Daniel Pennac

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Brise glace - Jean-Philippe Blondel 

Que lirai-je cette semaine ?

Au lieu-dit Noir-Étang... - Thomas H. Cook
Comme un miroir - Gunnar Staalesen (Babelio)


Bonne semaine et bonne lecture.

8 juillet 2012

Journal d’un corps – Daniel Pennac

Journal_d_un_corps Gallimard – février 2012 – 396 pages

Quatrième de couverture :
13 ans, 1 mois, 8 jours                                    Mercredi 18 novembre 1936 
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose. 

50 ans et 3 mois                                              Jeudi 10 janvier 1974 
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe. 

86 ans, 9 mois, 16 jours                                  Lundi 26 juillet 2010 
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté. 

De 13 à 87 ans, âge de sa mort, le narrateur a tenu le journal de son corps. Nous qui nous sentons parfois si seuls dans le nôtre nous découvrons peu à peu que ce jardin secret est un territoire commun. Tout ce que nous taisions est là, noir sur blanc, et ce qui nous faisait si peur devient souvent matière à rire.

Auteur : Daniel Pennac, de son vrai nom Daniel Pennacchioni, est né le 1er décembre 1944 à Casablanca, au Maroc. Il est le quatrième et dernier d'une tribu de garçons. Son père est militaire. La famille le suit dans ses déplacements à l'étranger -Afrique, Asie, Europe- et en France, notamment dans le village de La Colle-sur-Loup, dans les Alpes-Maritimes. Daniel passe une partie de sa scolarité en internat, ne rentrant chez lui qu'en fin de trimestre. De ses années d'école il raconte : "Moi, j'étais un mauvais élève, persuadé que je n'aurais jamais le bac." Toutefois, grâce à ses années d'internat, il a pris goût à la lecture. Ses études de lettres le mènent à l'enseignement, de 1969 à 1995, en collège puis en lycée, à Soissons et à Paris. Son premier livre, écrit en 1973 après son service militaire, est un pamphlet qui s'attaque aux grands mythes constituant l'essentiel du service national : l'égalité, la virilité, la maturité. Il devient alors Daniel Pennac, changeant son nom pour ne pas porter préjudice à son père. En 1979, Daniel Pennac fait un séjour de deux ans au Brésil, qui sera la source d'un roman publié vingt-trois ans plus tard: "Le Dictateur et le hamac". Dans la Série Noire, il publie en 1985, "Au bonheur des ogres", premier volet de la saga de la tribu des Malaussène. Daniel Pennac continue sa tétralogie avec "La Fée Carabine" puis "La petite marchande de prose" et "Monsieur Malaussène" (il y a ajouté depuis "Aux fruits de la passion"). Il diversifie son public avec une autre tétralogie pour les enfants, mettant en scène des héros proches de l'univers enfantin, préoccupé par l'école et l'amitié : "Kamo, l'agence Babel", "Kamo et moi", "L'évasion de Kamo" et "Kamo, l'idée du siècle". Ces romans sont-ils le fruit de souvenirs personnels ? "Kamo, c'est l'école métamorphosée en rêve d'école, ou en école de rêve, au choix." À ces fictions s'ajoutent d'autres types d'ouvrages : un essai sur la lecture, "Comme un roman", deux ouvrages en collaboration avec le photographe Robert Doisneau et "La débauche", une bande dessinée, avec Jacques Tardi. Il a mis fin en 1995 à son métier d'enseignant pour se consacrer entièrement à la littérature. Toutefois, il continue d'avoir un contact avec les élèves en se rendant régulièrement dans les classes.

Mon avis : (lu en juillet 2012)
La première fois que j'ai entendu parler de ce livre, je n'avais pas spécialement envie de le découvrir... C'est le Café Lecture de la Bibliothèque et la blogosphère qui m'ont vraiment incité à le découvrir et je ne le regrette pas !

Voilà une idée très originale à l'âge de 13 ans de commencer un journal de son corps plutôt qu'un journal intime... Un journal où seront décrites toutes les manifestations de son corps de l'âge de 13 ans à celui de 87 ans.
Si le sujet est original, il est également risqué... car l'histoire d'un homme à travers la description de son corps peut vite devenir répétitif et ennuyeux. Daniel Pennac a su avec beaucoup de talent raconter cette histoire avec de l'émotion, mais aussi de la tendresse et de l'humour.

Cette lecture est passionnante à plusieurs titres, tout d'abord en tant que femme, en tant que maman de plusieurs garçons... Cela permet de comprendre certaines choses typiquement masculines mais chacun peut se retrouver dans les manifestations universelles que sont la souffrance, la peur ou la maladie. A lire sans hésiter !

Autres avis : Valérie, Canel

Extrait : (début du livre)

64 ans, 2 mois, 18 jours                                                Lundi 28 décembre 1987

Une blague stupide faite par Grégoire et son copain Philippe à la petite Fanny m'a rappelé la scène originelle de ce journal, le trauma qui l'a fait naître.
Mona, qui aime faire le vide, a ordonné un grand feu de vieilleries dont la plupart dataient du temps de Manès : Chaises bancales, sommiers moisis, une charrette vermoulue, des pneus hors d'usage, autant dire un autodafé gigantesque et pestilentiel. (Ce qui, à tout prendre, est moins sinistre qu'un vide-greniers.) Elle en a chargé les garçons qui ont décidé de rejouer le procès de Jeanne d'Arc. J'ai été tiré de mon travail par les hurlements de la petite Fanny, recrutée pour tenir le rôle de la sainte. Pendant toute la journée, Grégoire et Philippe lui ont vanté les mérites de Jeanne dont Fanny, du haut de ses six ans, n'avait jamais entendu parler. Ils lui ont tant fait miroiter les avantages du paradis qu'elle battait des mains en sautant de joie à l'approche du sacrifice. Mais quand elle a vu le brasier dans lequel on se proposait de la jeter toute vivante, elle s'est précipitée chez moi en hurlant. (Mona, Lison et Marguerite étaient en ville.) Ses petites mains m'ont agrippé avec une terreur de serres. Grand-père ! Grand-père ! J'ai tenté de la consoler avec des « là, là », des « c'est fini », des « ce n'est rien » (ce n'était pas rien, c'était même assez grave, mais je n'étais pas au courant de ce projet de canonisation). Je l'ai prise sur mes genoux et j'ai senti qu'elle était humide. Plus que cela, même, elle avait fait dans sa culotte, elle s'était souillée de terreur. Son cœur battait à un rythme effrayant, elle respirait à coups minuscules. Ses mâchoires étaient à ce point soudées que j'ai craint une crise de tétanie. Je l'ai plongée dans un bain chaud. C'est là qu'elle m'a raconté, par bribes, entre deux restes de sanglot, le destin que ces deux abrutis lui avaient réservé.
Et me voilà renvoyé à la création de ce journal. Septembre 1936. J'ai douze ans, bientôt treize. Je suis scout. Avant, j'étais louveteau, affublé d'un de ces noms d'animaux mis en vogue par Le Livre de la jungle. Je suis scout, donc, c'est important, je ne suis plus louveteau, je ne suis plus petit, je suis grand, je suis un grand. C'est la fin des grandes vacances. Je participe à un camp scout quelque part dans les Alpes. Nous sommes en guerre contre une autre troupe qui nous a volé notre fanion. Il faut aller le récupérer. La règle du jeu est simple. Chacun de nous porte son foulard dans le dos, coincé dans la ceinture de son short. Nos adversaires aussi. On appelle ce foulard une vie. Non seulement il nous faut revenir de ce raid avec notre fanion, mais en rapportant le plus de vies possible. Nous les appelons aussi des scalps et nous les suspendons à nos ceintures. Celui qui en rapporte le plus grand nombre est un guerrier redoutable, il est un « as de la chasse », comme ces aviateurs de la Grande Guerre dont les carlingues s'ornaient de croix allemandes à proportion du nombre d'avions abattus. Bref, nous jouons à la guerre. Comme je ne suis pas bien costaud, je perds ma vie dès le début des hostilités. Je suis tombé dans une embuscade. Plaqué à terre par deux ennemis, ma vie arrachée par un troisième. Ils me ligotent à un arbre pour que je ne sois pas tenté, même mort, de reprendre le combat. Et ils m'abandonnent là. En pleine forêt. Attaché à un pin dont la résine colle à mes jambes et à mes bras nus. Mes ennemis s'éclipsent. Le front s'éloigne, j'entends sporadiquement des éclats de voix de plus en plus ténus, puis, plus rien. Le grand silence des bois s'abat sur mon imagination. Ce silence de la forêt qui bruit de tous les possibles : les craquements, les frôlements, les soupirs, les gloussements, le vent dans la futaie... Je me dis que les bêtes, dérangées par nos jeux, vont maintenant réapparaître. Pas les loups, bien sûr, je suis un grand, je ne crois plus aux loups mangeurs d'hommes, non, pas les loups, mais les sangliers par exemple. Que fait un sanglier à un garçon attaché à un arbre ? Sans doute rien, il lui fiche la paix. Mais si c'est une laie, accompagnée de ses petits ? Pourtant, je n'ai pas peur. Je me pose juste le genre de questions qui viennent dans une situation où tout est à explorer. Plus je fais des efforts pour me libérer, plus les liens se resserrent et plus la résine colle à ma peau. Va-t-elle durcir ? Une chose est sûre, je ne me débarrasserai pas de mes liens, les scouts s'y connaissent en nœuds indénouables. Je me sens bien seul mais je ne me dis pas qu'on ne me retrouvera jamais. Je sais que c'est une forêt fréquentée, nous y rencontrons assez souvent des cueilleurs de myrtilles et de framboises. Je sais qu'une fois finies les hostilités quelqu'un viendra me détacher. Même si mes adversaires m'oublient, ma patrouille notera mon absence, un adulte sera prévenu et je serai libéré. Donc je n'ai pas peur. Je prends mon mal en patience. Mon raisonnement maîtrise sans difficulté tout ce que la situation propose à mon imagination. Une fourmi grimpe sur ma chaussure, puis sur ma jambe nue qu'elle chatouille un peu. Cette fourmi solitaire n'aura pas raison de ma raison. En elle-même, je la juge inoffensive. Même si elle me pique, même si elle entre dans mon short, puis dans mon slip, ce n'est pas un drame, je saurai supporter cette douleur. Il n'est pas rare de se faire mordre par les fourmis en forêt, c'est une douleur connue, maîtrisable, elle est acide et passagère. Tel est mon état d'esprit, tranquillement entomologiste, jusqu'à ce que mes yeux tombent sur la fourmilière proprement dite, à deux ou trois mètres de mon arbre, au pied d'un autre pin : un gigantesque tumulus d'épines de pin grouillant d'une vie noire et fauve, un monstrueux grouillement immobile. C'est quand je vois la deuxième fourmi grimper sur ma sandale que je perds le contrôle de mon imagination. Il n'est plus question de piqûres à présent, je vais être recouvert par ces fourmis, dévoré vif. Mon imagination ne me représente pas la chose dans son détail, je ne me dis pas que les fourmis vont grimper le long de mes jambes, qu'elles vont me dévorer le sexe et l'anus ou s'introduire en moi par mes orbites, mes oreilles, mes narines, qu'elles vont me manger de l'intérieur en cheminant par mes intestins et mes sinus, je ne me vois pas en fourmilière humaine ligotée à ce pin et vomissant par une bouche morte des colonnes de travailleuses occupées à me transporter miette par miette dans l'effroyable estomac qui grouille sur lui-même à trois mètres de moi, je ne me représente pas ces supplices, mais ils sont tous dans le hurlement de terreur que je pousse maintenant, les yeux fermés, la bouche immense. C'est un appel au secours qui doit couvrir la forêt, et le monde au-delà d'elle, une stridence où ma voix se brise en mille aiguilles, et c'est tout mon corps qui hurle par cette voix de petit garçon redevenu, mes sphincters hurlent aussi démesurément que ma bouche, je me vide le long de mes jambes, je le sens, mon short se remplit et je coule, la diarrhée se mêle à la résine, et cela redouble ma terreur car l'odeur, me dis-je, l'odeur va enivrer les fourmis, attirer d'autres bêtes, et mes poumons s'éparpillent dans mes appels à l'aide, je suis couvert de larmes, de bave, de morve, de résine et de merde. Pourtant, je vois bien que la fourmilière ne se soucie pas de moi, qu'elle demeure à travailler pesamment sur elle-même, à s'occuper de ses innombrables petites affaires, qu'à part ces deux fourmis vagabondes les autres, qui sont sans doute des millions, m'ignorent complètement, je le vois, je le perçois, je le comprends même, mais c'est trop tard, l'effroi est le plus fort, ce qui s'est emparé de moi ne tient plus aucun compte de la réalité, c'est mon corps tout entier qui exprime la terreur d'être dévoré vif, terreur conçue par mon esprit seul, sans la complicité des fourmis, je sais confusément tout cela bien sûr, et plus tard quand l'abbé Chapelier – il s'appelait Chapelier – me demandera si je croyais sérieusement que les fourmis allaient me dévorer, je répondrai non, et quand il me demandera d'avouer que je me suis joué la comédie, je répondrai oui, et quand il me demandera si ça m'a amusé de terroriser par mes hurlements les promeneurs qui m'ont finalement détaché je répondrai je ne sais pas, et n'as-tu pas honte d'avoir été ramené tout merdeux comme un bébé devant tes camarades, je répondrai si, toutes questions qu'il me pose en me nettoyant au jet, en enlevant le plus gros au jet, sans même ôter mes vêtements, qui sont un uniforme je te le rappelle, l'uniforme des scouts je te le rappelle, et t'es-tu demandé une seconde ce qu'allait penser des scouts ce couple de promeneurs ? Non, pardon, non, je n'y ai pas pensé. Mais, dis-moi la vérité, cette comédie t'a fait plaisir tout de même, non ? Ne mens pas, ne me dis pas que tu n'y as pas pris du plaisir ! Tu y as pris plaisir, n'est-ce pas ? Et je ne pense pas avoir su répondre à cette question car je n'étais pas encore entré dans ce journal qui pendant toute la vie qui allait suivre s'est proposé de distinguer le corps de l'esprit, de protéger dorénavant mon corps contre les assauts de mon imagination, et mon imagination contre les manifestations intempestives de mon corps. Et que va dire ta mère ? As-tu pensé à ce que va dire ta mère ? Non, non, je n'ai pas pensé à maman et comme il me posait cette question je me suis même dit que la seule personne que je n'avais pas appelée pendant que je criais, c'était maman, maman était la seule que je n'avais pas appelée.
Je fus renvoyé. Maman vint me chercher. Le lendemain, je commençais ce journal en écrivant : Je n'aurai plus peur, je n'aurai plus peur, je n'aurai plus peur, je n'aurai plus peur, je n'aurai plus jamais peur.

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Déjà lu du même auteur :

au_bonheur_des_ogres_p88_x  Au bonheur des ogres 

  Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Partie du corps"

 Challenge le nez dans les livres
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La reine des lectrices : 9/6

 

7 juillet 2012

Nos vies désaccordées – Gaëlle Josse

Nos_vies_d_saccord_es Éditions Autrement – mars 2012 – 141 pages

Quatrième de couverture :
« Avec Sophie, j'ai tout reçu, et tout perdu. Je me suis cru invincible. Je nous ai crus invincibles. Jamais je n'ai été aussi désarmé qu'aujourd'hui, ni plus serein peut-être. »

François Vallier, jeune pianiste célèbre, découvre un jour que Sophie, qu'il a aimée passionnément puis abandonnée dans des circonstances dramatiques, est internée depuis plusieurs années. Il quitte tout pour la retrouver.
Confronté à un univers inconnu, il va devoir se dépouiller de son personnage, se regarder en face. Dans ce temps suspendu, il va revivre son histoire avec Sophie, une artiste fragile et imprévisible, jusqu'au basculement.
La musique de nos vies parfois nous échappe. Comment la retrouver ?

Auteur : Gaëlle Josse est née en 1960. Après des études de droit, de journalisme, de psychologie et quelques années passées en Nouvelle-Calédonie, elle travaille à Paris comme rédactrice dans un magazine. Elle vit en région parisienne. Elle a publié des poèmes dans de nombreuses revues et est l’auteure de plusieurs recueils de poésie. Les heures silencieuses (2011)  est son premier roman, une révélation littéraire, un coup de cœur des lecteurs et de la presse.

Mon avis : (lu en juillet 2012)
J'ai lu ce livre sur le conseil d'une collègue de bureau.
François Vallier est un pianiste célèbre il découvre grâce à un message d'un de ses admirateurs sur son site internet que Sophie son grand amour disparu depuis trois ans, est internée dans un hôpital psychiatrique. Sans hésitation, il laisse de côté sa carrière et traverse la France pour retrouver Sophie... Je n'en raconterai pas plus car le livre est assez court et je ne veux pas tout dévoiler.

Une histoire très touchante avec une écriture simple et musicale qui décrit avec beaucoup de force les rapports entre deux personnes d'un même couple qui ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde. Une très belle découverte qui me donne envie de lire le premier roman de Gaëlle Josse "Les heures silencieuses".

Extrait : (début du livre)
À l’heure dite, je suis venu chercher les clés. Je n’avais pas changé d’avis, c’était l’essentiel, mais en laissant derrière moi cette agence immobilière assoupie dans son décor de publicités champêtres, j’ai dû m’arrêter quelques instants. Vertige.
Devant mes yeux, les passants, les terrasses des cafés et les affiches des cinémas se sont rejoints en une valse lente, et le mouvement s’est accéléré. Je me suis assis à la table la plus proche. La valse a ralenti.
Je dois dire que depuis quelques mois, ma vie ressemble à un manège dont les nacelles, figées entre ciel et terre, auraient perdu tout espoir d’en redescendre un jour.
Il est vrai que de Carnegie Hall à Paris, et de Paris à cette bergerie perdue des Pyrénées, tout est allé vite. Pas assez à mon goût, mais le fait est làÞ: me voici arrivé à un embranchement imprévu.
Imprévu ? Allons, pas totalement, soyons honnêtes. Il serait d’ailleurs temps de repenser un peu à ce qui m’arrive. D’autant que maintenant les choses ne font que commencer.
Depuis que Bogovski, mon agent, a lancé un site Internet à ma gloire, je reçois chaque jour une quantité impressionnante de messages. Je ne vais certes pas m’en plaindre. Le contact avec le public, c’est important, et je suis comme tout le monde, sensible aux témoignages d’admiration et de sympathie. J’en suis même étonné, et toujours ému. Sait-on réellement ce que l’on donne ? Mais il faut répondre et je me montre là très maladroit.
J’ai du mal à trouver la juste distance entre la réponse polie, convenue, décevante pour celui qui a pris la peine de m’écrire, qui a peut-être longtemps hésité à le faire, et celle qui m’entraînerait à confier à un ou une inconnue des propos trop personnels qui ne lui sont pas réellement destinés, simplement parce que le message reçu me tend son miroir.
En fin de compte, cet exercice ne m’amuse pas beau- coup. C’est ainsi. Tout ce que j’ai à dire se trouve dans mes enregistrements.
C’était il y a deux mois, trois mois, ou davantage, je ne sais plus. J’ai reçu ce message :
« Bonsoir Monsieur Vallier, 
Je visite souvent votre site et je me permets aujourd’hui de venir vous y témoigner ma reconnaissance. Grâce à vous, la musique fait partie de ma vie et je tenais à vous le dire. J’espère avoir la chance de vous entendre un jour en concert.
Bien sincèrement,
Philippe Margeret »
Jusque-là, rien que de très classique. La bombe a explosé un peu plus loin.
« P.-S. : La façon dont j’ai découvert vos enregistrements vous surprendra peut-être : je suis infirmier psychiatrique à Valmezan dans les Hautes-Pyrénées et l’une de nos jeunes patientes écoute vos CD à longueur de journée, ceux de Schumann en particulier, et j’ai eu envie de les acheter. »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai effectivement été surpris. Abasourdi, tétanisé, devrais-je dire. Trois ans que j’attendais cette information. Que je l’espérais, ou la redoutais. Comment savoir, maintenant ?
Pendant un temps infini, j’ai fixé l’ordinateur et le texte affiché à l’écran, sans bouger. Puis j’ai répondu quelques lignes banales, « très touché merci… », et j’ai supprimé le message. Retour à la page d’accueil, quitter, fermer la session, éteindre. Transpercé, la gorge sèche, j’ai continué à scruter l’écran noir.
Sophie.
Sophie était donc chez les dingues, dans un lieu dont j’ignorais jusqu’à l’existence, et c’était là-bas que je devais aller la chercher. Orphée avait retrouvé et perdu son Eurydice, mais un homme averti en vaut deux, paraît-il. L’occasion m’était offerte de vérifier la justesse de cette affirmation et, arrivé aux Enfers, il resterait à éviter l’erreur fatale. En tout cas, c’était bien mon intention.

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