Concours Stop Talking And Read (4ème édition) : c'est fini !
Concours Stop Talking And Read (4ème édition),
organisé par Liyah
Total : 6816 pages
24 livres + 2 en partie
Très belle expérience qui m'a permis de bien faire diminuer ma PAL !
Harjunpäa et l’homme-oiseau – Matti Yrjänä Joensuu
Gallimard – novembre 2000 – 430 pages
Folio – septembre 2003 – 431 pages
Titre original : Harjunpäa ja rakkauden nälkä, 1993
Quatrième de couverture :
Comme son surnom le laisse entendre, Titi se prend pour un oiseau. Il vole au-dessus des serrures et des toits, jusque dans la chambre d'inconnues qu'il caresse dans leur sommeil... Harjunpää, lui, est un flic fatigué, lourd comme le crime et la misère qui lui fournissent chaque jour leur lot de cadavres et de pleurs... La folie n'est pas loin. La Finlande et sa police sont bien au-delà de l'idée que l'on pourrait s'en faire... Sous les frimas aussi, l'ambivalence humaine draine son lot d'amour, de corruptions et de plaies... Titi, de simple volatile, pourrait devenir aigle... Harjunpää, à force d'amertume, risque de sortir les crocs. Surtout s'il joue sa place…
Auteur : Né en 1948, Matti Yrjänä Joensuu occupe depuis 1986 le poste d'inspecteur divisionnaire au sein de la brigade criminelle d'Helsinki. Il s'est également fait connaître en écrivant des romans policiers dont le héros, l'inspecteur Harjunpää, s'est imposé par son spleen désabusé pétri d'humanité.
Mon avis : (lu en mai 2012)
C'est en recherchant un livre d'un auteur finlandais que je suis tombée sur « Harjunpäa et l’homme-oiseau » de Matti Yrjänä Joensuu. Un auteur dont je n'avais jamais entendu parler, c'est un inspecteur de police à Helsinki, c'est pour cela que les descriptions du commissariat et des états d'âme de l'inspecteur Harjunpää sont parfaitement précises et crédibles.
Le lecteur suit en parallèle les vies d'un délinquant à la personnalité très étrange et de l'inspecteur Timo Harjunpää qui est las, fatigué, mais toujours rempli d'humanité. Il subit aussi bien sa vie privée que sa vie professionnelle. Il fait au mieux pour exercer son métier malgré une hiérarchie inefficace et peut-être corrompue, il doit faire face à des cadavres, des braquages mais aussi aux dysfonctionnements de la police finlandaise. Il est tellement pris par son travail qu'il délaisse un peu trop sa famille, femme, enfants, parents.
L’homme-oiseau c’est Asko Leinonen, ou Titi son double nocturne. Le jour Asko est cordonnier dans une galerie marchande d’Helsinki. La nuit Titi suit les couples où les femmes sont belles et jeunes jusque dans leur chambre. Il les observe et parfois il caresse la femme. Souvent, il revient voir les femmes quand elles sont seules et endormies. Asko fait également partie d'une famille de truands, tous pensent que leur petit frère est un demeuré, malgré cela ils lui reconnaissent un don, quand il est Titi, il sait rentrer n’importe où sans laisser de traces et sans se faire voir.
Le récit est assez classique, l'action se déroule lentement, il n'y aucun rebondissement tout est dans l'atmosphère et la conclusion du livre un peu surprenante. Dans cette histoire assez sombre j'ai découvert deux personnages très attachants. Une découverte plutôt réussite.
Extrait : (début du livre)
Un son très doux provenait de la nuit, ou bien une senteur à peine perceptible flottait dans l’obscurité. Quelque chose d’apaisant, semblable à l’odeur qui se dégage des barques et du bois des pontons humides. Même si Titi ne pouvait pas préciser la sensation, il percevait son effet. C’était comme si l’on déverrouillait quelque chose en lui ou si l’on ouvrait une trappe cadenassée au fond de sa conscience. Et il réalisa en un éclair que la faim était toujours là.
Elle bouillonnait à l’intérieur de son corps. Dans son bas-ventre, dans ses mollets. Mais elle se lovait surtout dans sa poitrine, s’y étendait tel un être vivant – un chat, ou alors un oiseau, un de ces oiseaux aux reflets d’argent qui déploient leurs ailes sur les écussons. Elle le faisait palpiter. C’était presque mieux que ce qu’il ressentait chez la Boucanée ou ce qu’avaient éveillé en lui les guêpières de la Biche, ou encore la Rouquine de la rue du Temple avec ses bas en Nylon noir et son petit abricot rasé aussi luisant que de la porcelaine. Malgré tout, Titi ne bougea pas d’un pouce. Il demeura impassible et s’efforça de son mieux de ne pas penser à la chose.
Titi savait ce qu’il faisait – il ne fallait pas penser à la faim. C’était interdit. Un peu comme le rire. Et ça n’avait pas été interdit par n’importe quel lampiste, mais par Dieu lui-même. Il était d’ailleurs plus sage de ne pas chercher à savoir pourquoi.
Et si malgré tout il pensait à la faim, cela équivalait à ouvrir la porte à l’horreur. Les terreurs d’enfance étaient de retour : les dents des mangeurs de quéquette grinçaient dans le noir, il était tout à coup persuadé que le cancer rongeait ses os, certain d’avoir attrapé le sida parce qu’il n’avait pas eu le temps de traverser la rue pendant que le feu était vert ; ou alors il lui venait à l’esprit que Reino ou Douce Mère allaient mourir, qu’il allait les tuer d’une manière ou une autre, malgré lui. Pire que l’enfer. C’était la punition quand il pensait à la faim. Car la faim devait être punie, et lui aussi. Et quand la punition explosait dans son cerveau, adieu la faim ! La femme la plus splendide du monde aurait pu trotter devant lui, ivre morte, la houppe et les seins offerts, il aurait été inutile d’envisager quoi que ce soit.
Challenge Voisins, voisines
Finlande
Défi Scandinavie noire 2012
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Challenge Littératures Nordiques
Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
"Animaux"