Un safari arctique – Jørn Riel
Gaïa – mars 1994 – 216 pages
10/18 – juin 1999 – 157 pages
traduit du danois par Susanne Juul et Bernard Saint Bonnet
Titre original : En arktisk safari og andre skrøner, 1976
Quatrième de couverture :
" On n'écrit pas sur les confins de notre monde sans y avoir vécu. De même que Francisco Coloane a sillonné la Terre de Feu en se frottant à tous les métiers, le Danois Jorn Riel s'embarque dans les années 50 pour le nord-est du Groënland. De ce long séjour dans ces déserts arctiques naîtront une vingtaine de livres. Les personnages principaux sont toujours les mêmes trappeurs : Valfred, Mad Madsen, William le Noir... Tout à la fois hâbleurs ou mutiques, farceurs ou philosophes, ils meublent la solitude de la nuit polaire en sirotant un épouvantable tord-boyaux et en idéalisant un être cruellement absent de ces rudes contrées : la femme. Drôles, insolites et pleines de tendresse, ces histoires ont aussi une valeur ethnologique incontestable. Un hymne au Grand Nord, chaleureux à faire fondre la banquise. " Alexie Lorca, Lire
Auteur : Jørn Riel est né en 1931 au Danemark. En 1950, il s'engage dans les expéditions du Dr Lauge Koch pour le nord-est du Groenland et y reste seize ans. Il en rapporte une bonne vingtaine d'ouvrages parmi lesquels la série des « Racontars arctiques », et des trilogies :La Maison de mes pères et Le Chant pour celui qui désire vivre. Après un détour chez les Papous dans La Faille, Jørn Riel est revenu au Groenland avec Le Canon de Lasselille, La Circulaire et une nouvelle trilogie, Le Garçon qui voulait devenir un être humain (éditions Gaïa, 2002). Son dernier recueil de nouvelles, Le naufrage de la Vesle Mari : et autres racontars, a paru aux Editions Gaïa en 2009. Jørn Riel a reçu le Grand Prix de l'Académie danoise en 2010. Il vit aujourd'hui en Malaisie.
Mon avis : (lu en février 2012)
Ce livre est le deuxième opus des racontars, il regroupe six nouvelles : le bruant des neiges, la balle perdue, un petit détour, ce qu'il advint d'Emma par la suite, un safari arctique, le rat.
J'avais déjà lu la première nouvelle en Bande-Dessinée dans Le Roi Oscar et autres racontars. Anton, 19 ans, découvre la vraie vie de trappeur polaire. Il avait imaginé un monde arctique peuplé de héros polaires. Il découvre très vite que la réalité est très différente de ce qu'il avait imaginé...
La seconde nouvelle nous raconte la rencontre entre Siverts et un ours polaire sorti d'hibernation.
Dans la nouvelle suivante, Valfred et Hansen partent chasser le phoque en plein mer. Ensuite nous découvrons Emma compagne des trappeurs polaires qui passe de chasseurs en chasseurs en échange de cadeaux symboliques...
Toutes ces histoires sont hilarantes et surprenantes mettant en scène des personnages hauts en couleurs dans un environnement hostile et glaçant. A ne pas rater !
Un grand Merci à Pickwick qui m'a offert ce livre par lors du Swap Scandinavia organisé par Isleene
Extrait : (début du livre)
Être seul. Tout seul sur une côte, pratiquement dépourvue d'homme, isolé du reste du monde.
Ne dépendre que de sa propre, habileté, de sa propre volonté, être à la fois son seul maître et valet; tout cela n'était probablement pas tout à fait clair pour Anton Pederseen quand il avait postulé un emploi de chasseur au bureau de la Compagnie. Parce qu'Anton n'avait encore que dix-neuf ans et bien autre chose dans la tête. Son monde arctique à lui était peuplé de héros polaires, d'hommes indomptables dans des fourrures énormes, d'hommes qui s'acharnaient au péril de leur vie à remplir les nombreuses taches blanches sur les cartes. Son Groenland à lui, c'était de longs voyages derrière des chiens glapissants tirant le traîneau, de fabuleuses chasses à l'ours et au morse, des rencontres merveilleuses avec des Eskimos intacts et une camaraderie sans faille qui liait les hommes de l'expédition jusqu'aux frontières du pays de la mort. Anton souhaitait ardemment devenir un pionnier de cet envergure.
Le Groenland était grand. Il y restait encore des zones inexplorées. « Mais le temps presse, pensait Anton, et les taches blanches fondent à toute vitesse. » C'est pourquoi il lui tardait de partir. Toutefois, il n'avait rien d'autre à montrer qu'un baccalauréat fraîchement passé et quelques médailles d'argent d'une académie de chasse ; et c'est pourquoi il dut rapidement réaliser que, dans son cas à lui, seules deux routes pouvaient le mener en Arctique : soit il appareillait vers la côte ouest du Groenland avec la Royale de Commerce Groenlandais, soit il partait pour l'est du Groenland en tant que chasseur. A vrai dire, l'ouest ne le tentait pas tellement. Là, il pourrait, certes, trouver un emploi d'assistant commercial, mais l'aventure deviendrait une perspective lointaine. Le travail serait certainement aussi ennuyeux que le titre et, selon lui, presque humiliant pour un philosophe en herbe. Raison pour laquelle il choisit la Compagnie. En tant que chasseur, il pourrait sûrement mener une vraie vie de héros polaire. Il ferait de longues tournées de chasse en traîneau dans le grand désert blanc, et d'après ce que le directeur de la Compagnie lui avait fait comprendre, son existence prendrait à peu près l'allure de celle des anciens explorateurs. Anton Petersen devint donc chasseur. Il avait du courage, une bonne tête, et il était frais comme le dedans d'une noisette.
Du même auteur :
La Vierge froide et autres racontars
Le Roi Oscar et autres racontars
Challenge Voisins, voisines
Danemark
Lu dans le cadre du Défi Scandinavie blanche
Danemark