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A propos de livres...
27 décembre 2011

La vie devant soi - Emile Ajar (Romain Gary)

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Mercure de France – septembre 1975 – 269 pages

France Loisirs - 1975 – 274 pages

Folio – mars 1982 – 273 pages

Belin - novembre 2002 -

Belin – août 2009 -

Prix Goncourt 1975

Quatrième de couverture :
Entre Madame Rosa et Momo, c'est un amour maternel qui ne passerait pas par les liens du sang, c'est l'amitié entre les peuples juif et arabe, c'est le poids de l'Histoire allégé par l'appétit de vivre. Le roman se passe à Belleville, vingtième arrondissement de Paris, sixième étage sans ascenseur. Momo a dix ans, peut-être quatorze en réalité. Cela fait beaucoup de chiffres pour un môme qui réinvente le dictionnaire et a le sens de la maxime : " Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux. " Lisez, vous serez touchés par les mots de Momo.

Auteur : Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, est un romancier français, d'origine juive ashkénaze, de langue française et de langue anglaise. Il naît le 8 mai 1914 à Vilnius (Lituanie), alors dans l'empire russe. Après la séparation de ses parents, il arrive avec sa mère en France, à Nice, à l'âge de 14 ans. Il étudie le droit à Paris. Naturalisé français en 1935, il est appelé au service militaire pour servir dans l'aviation où il est incorporé en 1938. Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres, durant la Seconde Guerre mondiale, Roman prend le pseudonyme de Gary comme nom de résistant. Décoré commandeur de la Légion d'honneur à la fin de la guerre, il embrasse la carrière diplomatique en 1945. Cette même année, paraît son premier roman L'Éducation européenne. Pendant sa carrière diplomatique, il écrit de nombreuses œuvres, dont le roman Les racines du ciel, pour lequel il reçoit le Prix Goncourt en 1956. Il quitte le Quai d'Orsay en 1961, après avoir représenté la France en Bulgarie, en Suisse, en Bolivie, aux États-Unis.
Désireux de surprendre et se renouveler, Romain Gary utilise, tôt dans sa carrière littéraire, des pseudonymes. Ainsi, publie-t-il L'Homme à la colombe, sous le nom de Fosco Sinibaldi, en 1958. Dans les années 1970, il utilise à la fois les noms de Romain Gary, de Shatan Bogat et d'Emile Ajar.
Cas unique dans l'histoire du Prix Goncourt, il en fut double récipiendaire, en 1956 pour Les Racines du ciel et en 1975 pour La vie devant soi sous le nom d’Émile Ajar.
Romain Gary se suicide et meurt le 2 décembre 1980 à Paris.

Mon avis : (relu en décembre 2011)
Le narrateur Momo est âgé d'une dizaine d'année, fils d'une prostituée, il a été accueilli par Madame Rosa, une vieille femme juive, ancienne prostituée, devenue nourrice pour enfants de prostituées.
Momo se sent de plus en plus impuissant devant la lente et pitoyable déchéance de Madame Rosa dont la santé décline. Avec l'aide les résidents du quartier, il va tout faire pour garder sa nounou en vie.
C'est une magnifique histoire d'amour racontée par Momo avec toute sa fraîcheur et sa simplicité d'enfant. Une histoire poignante qui nous fait découvrir les quartiers déshérités de Paris des années soixante et où se côtoient les difficultés économiques mais aussi la solidarité.
L'histoire est poignante et émouvante avec malgré tout de nombreux passages plein d'humour. A lire sans hésiter !

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Le roman a été adapté au cinéma par Moshé Mizrahi en 1977 avec Simone Signoret (César de la meilleure actrice en 1978) dans le rôle de Madame Rosa. Le film est très fidèle au livre et j'ai été beaucoup émue par l'un et l'autre.

Ce roman a été adapté au théâtre par Xavier Jaillard en 2008 dans une mise en scène de Didier Long et avec Myriam Boyer, Aymen Saïdi, Xavier Jaillard, et Magid Bouali dans les rôles principaux. Cette pièce de théâtre a été récompensée la même année du Molière de la comédienne, Molière du meilleur spectacle du théâtre privé et du Molière de la meilleure adaptation.

Extrait : (début du livre)
La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu'elle ne se plaignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur.
Je devais avoir trois ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la première fois. Avant, on n'a pas de mémoire et on vit dans l'ignorance. J'ai cessé d'ignorer à l'âge de trois ou quatre ans et parfois ça me manque.
Il y avait beaucoup d'autres Juifs, Arabes et Noirs à Belleville, mais Madame Rosa était obligée de grimper les six étages, seule. Elle disait qu'un jour elle allait mourir dans l'escalier, et tous les mômes se mettaient à pleurer parce que c'est ce qu'on fait toujours quand quelqu'un meurt. On était tantôt six ou sept tantôt même plus là-dedans.
Au début, je ne savais pas que Madame Rosa s'occupait de moi seulement pour toucher un mandat à la fin du mois. Quand je l'ai appris, j'avais déjà six ou sept ans et ça m'a fait un coup de savoir que j'étais payé. Je croyais que Madame Rosa m'aimait pour rien et qu'on était quelqu'un l'un pour l'autre. J'en ai pleuré toute une nuit et c'était mon premier grand chagrin.
Madame Rosa a bien vu que j'étais triste et elle m'a expliqué que la famille ça ne veut rien dire et qu'il y en a même qui partent en vacances en abandonnant leurs chiens attachés à des arbres et que chaque année il y a trois mille chiens qui meurent ainsi privés de l'affection des siens. Elle m'a pris sur ses genoux et elle m'a juré que j'étais ce qu'elle avait de plus cher au monde mais j'ai tout de suite pensé au mandat et je suis parti en pleurant. Je suis descendu au café de Monsieur Driss en bas et je m'assis en face de Monsieur Hamil qui était marchand de tapis ambulant en France et qui a tout vu.
Monsieur Hamil a de beaux yeux qui font du bien autour de lui. Il était déjà très vieux quand je l'ai connu et depuis il n'a fait que vieillir.
- Monsieur Hamil, pourquoi vous avez toujours le sourire ?
- Je remercie ainsi Dieu chaque jour pour ma bonne mémoire, mon petit Momo. Je m'appelle Mohammed mais tout le monde m'appelle Momo pour faire plus petit.
- Il y a soixante ans, quand j'étais jeune, j'ai rencontré une jeune femme qui m'a aimé et que j'ai aimée aussi. Ça a duré huit mois, après, elle a changé de maison, et je m'en souviens encore, soixante ans après. Je lui disais : je ne t'oublierai pas. Les années passaient, je ne l'oubliais pas. J'avais parfois peur car j'avais encore beaucoup de vie devant moi et quelle parole pouvais-je donner à moi-même, moi, pauvre homme, alors que c'est Dieu qui tient la gomme à effacer ? Mais maintenant, je suis tranquille. Je ne vais pas oublier Djamila. Il me reste très peu de temps, je vais mourir avant.
J'ai pensé à Madame Rosa, j'ai hésité un peu et puis j'ai demandé :
- Monsieur Hamil, est-ce qu'on peut vivre sans amour ?
Il n'a pas répondu. Il but un peu de thé de menthe qui est bon pour la santé. Monsieur Hamil portait toujours une jellaba grise, depuis quelque temps, pour ne pas être surpris en veston s'il était appelé. Il m'a regardé et a observé le silence. Il devait penser que j'étais encore interdit aux mineurs et qu'il y avait des choses que je ne devais pas savoir. En ce moment je devais avoir sept ans ou peut-être huit, je ne peux pas vous dire juste parce que je n'ai pas été daté, comme vous allez voir quand on se connaîtra mieux, si vous trouvez que ça vaut la peine.

Lu dans le cadre du Baby Challenge Contemporain 2011
baby_challenge_contemporain
Baby Challenge - Contemporain Livraddict :
14/20 déjà lus Médaille de bronze

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Commentaires
N
Je n'avais pas trop accroché à ce roman, le trouvant peu marquant. Question de goût!
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V
il faut que je le relise! J'avais adoré mais j'étais encore bien (trop?) jeune pour saisir toute la beauté de ce livre.
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