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A propos de livres...
18 octobre 2011

Les vaches de Staline – Sofi Oksanen

Lu en partenariat dans le cadre des
Matchs de la Rentrée Littéraire de Priceminister
les matchs de la rentrée littéraire

les_vaches_de_Staline Stock – septembre 2011 – 528 pages

traduit du finnois par Sébastien Cagnoli

Titre original : Stalinin lehmät, 2003

Quatrième de couverture :
Les « vaches de Staline », c’est ainsi que les Estoniens déportés désignèrent les maigres chèvres qu’ils trouvèrent sur les terres de Sibérie, dans une sorte de pied de nez adressé à la propagande soviétique qui affirmait que ce régime produisait des vaches exceptionnelles. C’est aussi le titre du premier roman de Sofi Oksanen, dont l’héroïne, Anna, est une jeune Finlandaise née dans les années 1970, qui souffre de troubles alimentaires profonds. La mère de celle-ci est estonienne, et afin d’être acceptée, cette femme a tenté d’effacer toute trace de ses origines, et de taire les peurs et les souffrances vécues sous l’ère soviétique.
Sofi Oksanen décrit avec une grande puissance d’évocation les obsessions de ces deux femmes : Anna ne pense qu'à contrôler l'image de son corps, tandis que sa mère raconte sa rencontre avec « le Finlandais », à Tallinn, dans les années 1970, avec une sorte de distance glaçante, comme si sous ce régime de surveillance, la peur s'infiltrait jusque dans les rapports de séduction. Ne serait-ce pas ce passé qui hante encore le corps de sa fille ? 

Auteur : Sofi Oksanen est née en Finlande en 1977, d’une mère estonienne et d’un père finlandais. Elle est devenue en trois romans et quelques pièces de théâtre un personnage incontournable de la scène littéraire finlandaise. Purge a marqué la consécration de l’auteur, qui a reçu en 2008 l’ensemble des prix littéraires du pays, mais le roman a également enrichi le débat historiographique sur cette période de l’occupation soviétique.

Mon avis : (lu en octobre 2011)
Ce livre est le premier roman de Sofi Oksanen, publié en 2003 en Finlande.
Comme dans Purge, Sofi Oksanen revient sur l'histoire de l'Estonie de la deuxième guerre mondiale à aujourd'hui. Une mère Katariina et une fille Anna, deux époques, les années 70 et de nos jours, deux pays l'Estonie et la Finlande.
Anna, la narratrice, nous décrit sa maladie, sa "boulimarexie", elle est à la fois boulimique et anorexique. Elle nous décrit longuement et sans nous épargner aucun détail ses habitudes obsessionnelles autour de la nourriture, un travail à plein temps pour réussir à se maintenir à 45 kg. Un comportement qui a commencé alors qu'elle avait dix ans et qui dure depuis quinze ans...
Pour expliquer le comportement d'Anna, Sofi Oksanen revient (à la 3ème personne du singulier) sur le passé, d'abord dans les années 70, Katariina, jeune ingénieur estonienne se marie avec un Finlandais et après de nombreuses démarches administratives quitte l'Estonie pour la Finlande. A cette époque, après l'invasion allemande en 1939, puis soviétique en 1944, l'Estonie est devenue une république socialiste intégrée dans l'URSS. Katariina est la mère d'Anna. Dès son installation en Finlande, elle va tout faire pour gommer son origine estonienne. Elle interdit à Anna, née en Finlande, de parler estonien et d'avouer son origine estonienne, elle l'encourage à être une vraie finlandaise. Mais pourtant tous les étés, Katariina et Anna prennent le bateau pour Tallinn, et se rendent à la campagne, là où vit Sofi la grand-mère d'Anna.
Au milieu du livre, Sofi Oksanen remonte encore plus le temps, elle revient dans les années 40 et l'enfance de Katariina avec l'occupation allemande, puis soviétique, les déportations en Sibérie...

Ce livre est composé de chapitres courts qui se lisent plutôt facilement même si j'ai eu une impression d'un livre fourre-tout car il accumule beaucoup d'anecdotes qui nous révèlent les réalités de l'Estonie durant cette longue période de la Seconde Guerre Mondiale à nos jours. Le livre alterne le présent et les passés, on repère assez bien la période dont il est question car le passé est toujours daté.
Ce côté brouillon et fourre-tout du livre reflète parfaitement l'état d'esprit d'Anna et sa difficulté identitaire. Tout se bouscule autour d'elle, elle se sent pas totalement Finlandaise, elle se sent Estonienne mais n'ose pas se l'avouer et surtout l'avouer aux autres. L'Estonie a été longtemps soviétique malgré elle, Anna est Finlandaise malgré elle. Le refus de son origine estonienne imposé par sa mère est, pour elle, impossible à avaler...

J'ai trouvé très savoureuse l'explication du titre de ce livre : Les vaches de Staline, c’est comme cela que les Estoniens déportés en Sibérie appelaient les chèvres maigres qui se trouvaient là-bas. Ils se moquaient ainsi de la propagande soviétique qui racontait que le régime produisait des vaches exceptionnelles. Anna est aussi maigre qu'une vache de Staline.

Merci à Priceminister pour ce partenariat, qui m'a permis de découvrir ce livre très intéressant et touchant qui ne laisse pas indifférent.

Extrait : (début du livre)
MA
PREMIÈRE
FOIS, c’était différent. Je croyais que ce serait atroce, compliqué, sale et gluant. Je croyais que mes entrailles cracheraient du sang et que j’aurais deux fois plus mal au ventre. Je croyais que je n’y arriverais jamais, que je ne pourrais pas, que je ne voudrais pas, mais quand les premiers craquements de mes abdominaux me sont parvenus aux oreilles, mon corps  en a décidé pour moi. Il n’y avait pas d’alternative.
C’était divin.
La flamme du briquet a fait scintiller mes yeux à l’éclat fatigué. Ma première cigarette après ma première fois. Ça aussi, c’était divin. Tout était divin.
La seule chose qui l’emportait, c’était la satisfaction et le triomphe. J’avais peut-être la voix un peu rocailleuse et éraillée, mais bon.
Et j’ai su qu’il y aurait une deuxième fois. Une troisième. Une centième. A chaque fois, bien sûr, ça ne se passerait pas comme ça. Pour certains, la première fois reste la dernière, mais pas pour ceux qui sont bons à ça et bons pour ça.
Moi, j’ai été bonne à ça tout de suite.
Certes, mon inexpérience m’a fait vomir dans le lavabo, la première fois. La deuxième fois encore. Peut-être que la lunette des WC était un peu trop basse, humiliante.

Déjà lu du même auteur : purge_prixfemina_etranger Purge

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Commentaires
A
Tu peux ajouter le logo Premier Roman, si tu veux bien (un de plus... ;-) ) A part ça, faut-il lire les deux ou Purge suffit à bien découvrir l'univers de l'auteur ? (Purge étant, bien entendu, encore dans ma PAL...)
Répondre
L
mon billet cette nuit !
Répondre
V
c'est étrange, je n'arrive pas à avoir envie de lire cette auteure.
Répondre
A
@Manu : Je pense que c'est mieux de lire Purge avant Les vaches de Staline. Purge est mieux construit.
Répondre
M
J'ai très envie de découvrir cette romancière. Quel titre conseilles-tu en premier ?
Répondre
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