Entre ciel et terre - Jón Kalman Stefánsson
Gallimard – février 2010 – 237 pages
Folio – mars 2011 – 260 pages
traduit de l’islandais par Éric Boury
Titre original : Himnaríki og helvíti, 2007
Quatrième de couverture :
"Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d'autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts ". Parfois les mots font que l'on meurt de froid. Cela arrive à Bàrôur, pêcheur à la morue parti en mer sans sa vareuse. Trop occupé à retenir les vers du Paradis perdu du grand poète anglais Milton, il n'a pensé ni aux préparatifs de son équipage ni à se protéger du mauvais temps. Quand, de retour sur la terre ferme, ses camarades sortent du bateau son cadavre gelé, son meilleur ami, qui n'est pas parvenu à le sauver, entame un périlleux voyage à travers l'île pour rendre à son propriétaire, un vieux capitaine devenu aveugle, ce livre dans lequel Bàrôur s'était fatalement plongé, et pour savoir s'il a encore la force et l'envie de continuer à vivre. Par la grâce d'une narration où chaque mot est à sa place, nous accompagnons dans son voyage initiatique un jeune pêcheur islandais qui pleure son meilleur ami : sa douleur devient la nôtre, puis son espoir aussi. Entre ciel et terre, d'une force hypnotique, nous offre une de ces lectures trop rares dont on ne sort pas indemne. Une révélation...
Auteur : Jón Kalman Stefánsson, né à Reykjavik en 1963, est poète, romancier et traducteur. Son oeuvre a reçu les plus hautes distinctions littéraires de son pays, où il figure parmi les auteurs islandais actuels les plus importants. Entre ciel et terre est son premier roman traduit en français.
Mon avis : (lu en juillet 2011)
Cela faisait quelques temps que je voulais lire ce livre... En particulier après un partenariat raté, livre promis mais finalement aucun envoi n'a été fait pour les heureux sélectionnés. La déception a été de courte durée, sachant qu'il était à la Bibliothèque.
Ce livre est un dépaysement total, l'auteur nous raconte la vie difficile des marins islandais. Le climat, la mer et le travail sont rudes. Ils partent pêcher la morue sur des barques à six rames.
Dès les premières lignes, le décor est planté : « Mois de mars, un monde blanc de neige, toutefois pas entièrement. Ici la blancheur n'est jamais absolue, peu importe combien les flocons se déversent, que le froid et le gel collent le ciel à la mer et que le frimas s'infiltre au plus profond du cœur où les rêves élisent domicile, jamais le blanc ne remporte la victoire. Les ceintures rocheuses des montagnes s'en délestent aussitôt et affleurent, noires comme le charbon, à la surface de cet univers immaculé. »
Puis nous rencontrons Bárður et le gamin qui sont en chemin vers les baraquements des pêcheurs. Ils attendront là le départ de l'équipage. Bárður se plonge dans la lecture du "Paradis perdu" de John Milton. Mais au moment de partir pour la pêche, tellement occupé à retenir certains des poèmes, Bárður en oublie sa vareuse. Il s'en rend compte en pêche, alors qu'une tempête s'est levée, il ne va pas pouvoir résister au froid et il va mourir. « Il est mort de froid parce qu'il a lu un poème.
Certains poèmes nous conduisent en des lieux que nuls mots n'atteignent, nulle pensée, ils vous guident jusqu'à l'essence même, la vie s'immobilise l'espace d'un instant et devient belle, limpide de regrets ou de bonheur. Il est des poèmes qui changent votre journée, votre nuit, votre vie. » Le gamin, son ami, ne veut plus aller sur la mer et il s'enfuit du village pour rendre le livre à son propriétaire, le capitaine aveugle Kolbeinn. Le gamin va se poser des questions sur la vie et la mort, faire des rencontres...
Voilà un livre poignant et dépaysant, les descriptions de cette Islande grise et sombre où la terre, la mer se confondent avec le ciel sont sublimes. Les personnages de cette histoire sont attachants et touchants. J'ai beaucoup aimé ce voyage dépaysant, hors du temps et empreint de beaucoup de poésie.
Extrait : (début du livre)
C'était en ces années où, probablement, nous étions encore vivants. Mois de mars, un monde blanc de neige, toutefois pas entièrement. Ici la blancheur n'est jamais absolue, peu importe combien les flocons se déversent, que le froid et le gel collent le ciel à la mer et que le frimas s'infiltre au plus profond du cœur où les rêves élisent domicile, jamais le blanc ne remporte la victoire. Les ceintures rocheuses des montagnes s'en délestent aussitôt et affleurent, noires comme le charbon, à la surface de cet univers immaculé. Elles s'avancent, saillantes et sombres, au-dessus de la tête de Bárður et du gamin au moment où ceux-ci s'éloignent du Village de pêcheurs, notre commencement et notre fin, le centre de ce monde. Et ce centre du monde est dérisoire et fier. Ils avancent à vive allure - juvéniles jambes, feu qui flambe -, livrant également contre les ténèbres une course tout à fait bienvenue puisque l'existence humaine se résume à une course contre la noirceur du monde, les traîtrises, la cruauté, la lâcheté, une course qui paraît si souvent tellement désespérée, mais que nous livrons tout de même tant que l'espoir subsiste. C'est pourtant d'une simple marche que Bárður et le gamin ont l'intention de se délester des ténèbres ou de l'obscurité du ciel pour arriver avant elles aux baraquements des pêcheurs. Parfois, ils marchent de front et c'est beaucoup mieux parce que des traces de pas posées les unes à côté des autres sont preuve de connivence et qu'alors la vie n'est pas aussi solitaire. Pourtant la route se résume bien souvent tout juste à un étroit sentier qui ondule comme un serpent gelé dans la neige, et alors le gamin doit fixer son regard sur l'arrière des chaussures de Bárður, le havresac en cuir qu'il porte sur son dos, sa touffe de cheveux noirs et sa tête solidement posée sur ses larges épaules. Par moments, ils traversent des rives rocheuses, s'avancent à petits pas sur des routes suspendues tout au bord des falaises, mais le pire est l'Ófæra, l'Infranchissable : une corde fixée à la roche, la pente glissante et friable de la montagne en surplomb, la paroi fuyante au-dessous d'eux et la mer verdâtre qui te happe et t'aspire : une chute de trente mètres. L'à-pic de la montagne s'élève à plus de six cents mètres et son sommet se perd dans les nuages. D'un côté, la mer, de l'autre, des montagnes vertigineuses comme le ciel : voilà toute notre histoire. Les autorités et les marchands règlent peut-être nos misérables jours, mais ce sont les montagnes et la mer qui règnent sur nos vies. Elles sont notre destin, tout du moins c'est ainsi que nous pensons parfois, et c'est évidemment aussi ce que tu ressentirais si tu t'étais réveillé et endormi des dizaines d'années durant au pied de ces mêmes montagnes, si ta poitrine s'était élevée et affaissée au rythme du souffle de la mer sur nos barques fragiles. Il est peu de choses aussi belles que la mer par une magnifique journée ou par une nuit limpide, quand elle rêve et que le clair de lune est la somme de ses rêves. Pourtant, la mer n'a nulle beauté et nous la haïssons plus que tout quand elle élève ses vagues à des dizaines de mètres au-dessus de la barque, au moment où la déferlante la submerge et nous noie comme de misérables chiots, peu importe à quel point nous agitons nos bras, implorons Dieu et Jésus-Christ, elle nous noie comme de misérables chiots. Et là, tous sont égaux. Les crapules et les justes, les colosses et les mauviettes, les bienheureux et les affligés. On entend quelques cris, quelques mains s'agitent désespérément, puis c'est comme si nous n'avions jamais existé, le corps sans vie coule, le sang se refroidit à l'intérieur, les souvenirs s'effacent, des poissons viennent se coller à ces lèvres qui, embrassées hier, prononçaient les paroles essentielles ; ils effleurent ces épaules qui portaient le benjamin et les yeux ne contemplent plus rien, posés au fond de l'eau. La mer est d'un bleu froid et jamais calme, un monstre gigantesque qui inspire, nous porte la plupart du temps, mais parfois se dérobe et alors, nous sombrons : l'histoire de l'homme n'est pas si complexe que cela.
Nous sortirons sûrement cette nuit, observe Bárður.
Ils viennent juste de dépasser l'Infranchissable, la corde ne s'est pas rompue, la montagne ne les a pas tués de ses jets de pierres. Ils regardent tous les deux la mer, lèvent leurs yeux vers le ciel d'où vient l'obscurité, la couleur bleue ne l'est plus tout à fait. Dans l'air, un soupçon de soir, la rive d'en face est devenue plus floue, comme si elle avait reculé, qu'elle sombrait dans le lointain, cette rive presque entièrement blanche et qui doit son nom à la neige.
Lu dans le cadre du Défi Scandinavie blanche
Islande
Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
Islande
Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Le Mystère de la Chambre Jaune - Gaston Leroux
Hachette – 1947 – 2 volumes
Livre de Poche – 1961
Livre de Poche – novembre 1974 – 446 pages
Livre de Poche –1976 – 446 pages
Folio junior – septembre 1997 – 350 pages
Livre de Poche Jeunesse – février 1999 – 380 pages
Milan Junior – janvier 2000 – 320 pages
Maxi-livres – 2001 – 258 pages
Magnard – juillet 2001 – 381 pages
Magnard – juillet 2001 – 362 pages
Livre de Poche Jeunesse – octobre 2002 – 384 pages
Flammarion – avril 2003 – 353 pages
J’ai Lu – mai 2003 – 249 pages
Folio Plus – septembre 2003 – 348 pages
Folio Junior – septembre 2006 – 352 pages
Livre de Poche Jeunesse – août 2007 – 412 pages
Folio Junior – août 2007 – 376 pages
Livre de Poche – mars 2008 – 347 pages
Livre de Poche – mars 2008 – 347 pages
Flammarion – avril 2008 – 342 pages
Quatrième de couverture :
La porte de la chambre fermée à clef "de l'intérieur", les volets de l'unique fenêtre fermés, eux aussi, "de l'intérieur", pas de cheminée... Qui a tenté de tuer Mlle Stangerson et, surtout, par où l'assassin a-t-il pu fuir de la chambre jaune ? C'est le jeune reporter Rouletabille, limier surdoué et raisonnant par "le bon bout de la raison, ce bon bout que l'on reconnaît à ce que rien ne peut le faire craquer", qui va trouver la solution de cet affolant problème, au terme d'une enquête fertile en aventures et en rebondissements. Tenant en haleine le lecteur de la première à la dernière page, Le Mystère de la chambre jaune est devenu un classique du roman criminel.
Auteur : Né à Paris le 6 mai 1868, fils aîné d´une famille de quatre enfants, Gaston Leroux obtient un bac littéraire et une licence en droit à Paris en 1889. Le texte fictif 'Le Petit marchand de pommes de terre frites' est publié dès 1887 dans le quotidien 'La République Française'. Sa carrière d'avocat cède la place au journalisme, inauguré par L'Echo de Paris en 1887. Son article sur la condamnation du terroriste Roger Vaillant le conduit au poste de chroniqueur judiciaire pour le quotidien réputé Le Matin, en 1894. Opposé à la peine de mort, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur pour ses chroniques. Parallèlement il écrit des fictions : 'La Double vie de Théophraste Longuet' apparaîtra dans 'Le Matin' sous forme de feuilletons de 1903 à 1924. Sa pièce de théâtre 'La Maison des juges' échoue. 'Le Mystère de la chambre jaune' est le premier épisode des 'Aventures extraordinaires du reporter Joseph Joséphin' dit 'Boitabille', qui devient 'Rouletabille' suite à une plainte. Vingt-six volumes sont édités chez Pierre Laffitte, entre 1908 et 1924. Du Sud de la France, il dédie 'Le Fantôme de l'Opéra' à son frère Joseph en 1910. Léon Blum salue une de ses pièces. Le personnage 'Chéri Bibi' est repris dans les seize épisodes filmiques de 'La Nouvelle aurore', écrits en 1918 par l´auteur lui-même. Le directeur de la nouvelle Société des Cinéromans produit six scénarios, dont l'adaptation 'L´Homme qui revient de loin' en 1916. Brillant journaliste, Gaston Leroux est une figure majeure du roman policier. Décédé à Nice le 15 avril 1927.
Mon avis : (lu en juillet 2011)
Je n'avais pas encore eu l'occasion de lire ce classique de la littérature policière de Gaston Leroux, Il a été publié la première fois sous forme de feuilleton dans le supplément littéraire de l'Illustration du 7 septembre au 30 novembre 1907. Puis il a été publié sous forme de livre en 1908.
Dans la maison du célèbre scientifique Stangerson, sa fille Mathilde est la victime d'une tentative d'assassinat dans des conditions plutôt spéciales. En effet, elle était enfermée à double tour dans sa chambre, toutes fenêtres closes. Comment le meurtrier a-t-il pu commettre son agression et s'enfuir alors que quatre personnes étaient présentes derrière la porte attirées par les cris de la victime ? Le talentueux policier Frédéric Larsan est l'enquêteur officiel mais le jeune journaliste reporter Joseph Rouletabille a également son idée sur la solution de l'énigme...
C'est la première aventure du célèbre Rouletabille. L'intrigue est parfaitement construite et l'enquête nous est révélée pas à pas, les hypothèses, les indices, les déductions nous sont décrits avec beaucoup de détails. Il y a du suspens, des rebondissements, des fausses pistes. L'histoire est palpitante de la première à la dernière page et la révélation finale est étonnante.
Plusieurs adaptations cinématographiques du livre ont été réalisées.
En 1913, film de 0h30, réalisé par Maurice Tourneur avec avec Marcel Simon (Rouletabille), Paul Escoffier, Laurence Duluc
En 1930, film de 1h48 réalisé par Marcel L'Herbier avec Roland Toutain (Rouletabille), Huguette Duflos, Léon Belières, Edmond Van Daële, Marcel Vibert, Maxime Desjardins, Pierre Juvenet, Marcel Vallée, Georges Tréville
En 1949, film de 1h25 réalisé par Henri Aisner avec Janine Darcey, Arthur Devère, Marcel Herrand, Gaston Modot, Lucien Nat, Hélène Perdrière (Mathilde), Serge Reggiani (Joseph Rouletabille), Pierre Renoir, Arthur Devère, Léonce Corne, Madeleine Barbulée
En 2003, film 1h58 réalisé par Bruno Podalydès avec Denis Podalydès, Sabine Azéma, Olivier Gourmet, Jean-Noël Brouté, Pierre Arditi, Michael Lonsdale, Bruno Podalydès, Isabelle Candelier, Claude Rich, Julos Beaucarne
Ainsi qu'à la télévision en 1965 avec le téléfilm réalisé par Jean Kerchbron avec Avec Claude Brasseur, Catherine Rouvel, Lucien Nat, Sylvie Bréal, Marika Green, François Maistre, Serge Marquand, Margo Lion, Jean Champion, Jean Ozenne
Extrait : (début du livre)
Ce n’est pas sans une certaine émotion que je commence à raconter ici les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-ci, jusqu’à ce jour, s’y était si formellement opposé que j’avais fini par désespérer de ne publier jamais l’histoire policière la plus curieuse de ces quinze dernières années. J’imagine même que le public n’aurait jamais connu toute la vérité sur la prodigieuse affaire dite de la «Chambre Jaune», génératrice de tant de mystérieux et cruels et sensationnels drames, et à laquelle mon ami fut si intimement mêlé, si, à propos de la nomination récente de l’illustre Stangerson au grade de grand-croix de la Légion d’honneur, un journal du soir, dans un article misérable d’ignorance ou d’audacieuse perfidie, n’avait ressuscité une terrible aventure que Joseph Rouletabille eût voulu savoir, me disait-il, oubliée pour toujours.
La «Chambre Jaune» ! Qui donc se souvenait de cette affaire qui fit couler tant d’encre, il y a une quinzaine d’années ? On oublie si vite à Paris. N’a-t-on pas oublié le nom même du procès de Nayves et la tragique histoire de la mort du petit Menaldo ? Et cependant l’attention publique était à cette époque si tendue vers les débats, qu’une crise ministérielle, qui éclata sur ces entrefaites, passa complètement inaperçue. Or, le procès de la «Chambre Jaune», qui précéda l’affaire de Nayves de quelques années, eut plus de retentissement encore. Le monde entier fut penché pendant des mois sur ce problème obscur, – le plus obscur à ma connaissance qui ait jamais été proposé à la perspicacité de notre police, qui ait jamais été posé à la conscience de nos juges. La solution de ce problème affolant, chacun la chercha. Ce fut comme un dramatique rébus sur lequel s’acharnèrent la vieille Europe et la jeune Amérique. C’est qu’en vérité – il m’est permis de le dire « puisqu’il ne saurait y avoir en tout ceci aucun amour-propre d’auteur » et que je ne fais que transcrire des faits sur lesquels une documentation exceptionnelle me permet d’apporter une lumière nouvelle – c’est qu’en vérité, je ne sache pas que, dans le domaine de la réalité ou de l’imagination, même chez l’auteur du Double assassinat, rue Morgue, même dans les inventions des sous-Edgar Poe et des truculents Conan-Doyle, on puisse retenir quelque chose de comparable, QUANT AU MYSTÈRE, « au naturel mystère de la Chambre Jaune».
Ce que personne ne put découvrir, le jeune Joseph Rouletabille, âgé de dix-huit ans, alors petit reporter dans un grand journal, le trouva ! Mais, lorsqu’en cour d’assises il apporta la clef de toute l’affaire, il ne dit pas toute la vérité. Il n’en laissa apparaître que ce qu’il fallait pour expliquer l’inexplicable et pour faire acquitter un innocent. Les raisons qu’il avait de se taire ont disparu aujourd’hui. Bien mieux, mon ami doit parler. Vous allez donc tout savoir ; et, sans plus ample préambule, je vais poser devant vos yeux le problème de la «Chambre Jaune», tel qu’il le fut aux yeux du monde entier, au lendemain du drame du château du Glandier.
Le 25 octobre 1892, la note suivante paraissait en dernière heure du Temps :
« Un crime affreux vient d’être commis au Glandier, sur la lisière de la forêt de Sainte-Geneviève, au-dessus d’Épinay-sur-Orge, chez le professeur Stangerson. Cette nuit, pendant que le maître travaillait dans son laboratoire, on a tenté d’assassiner Mlle Stangerson, qui reposait dans une chambre attenante à ce laboratoire. Les médecins ne répondent pas de la vie de Mlle Stangerson. »
Vous imaginez l’émotion qui s’empara de Paris. Déjà, à cette époque, le monde savant était extrêmement intéressé par les travaux du professeur Stangerson et de sa fille. Ces travaux, les premiers qui furent tentés sur la radiographie, devaient conduire plus tard M. et Mme Curie à la découverte du radium. On était, du reste, dans l’attente d’un mémoire sensationnel que le professeur Stangerson allait lire, à l’académie des sciences, sur sa nouvelle théorie : La Dissociation de la Matière. Théorie destinée à ébranler sur sa base toute la science officielle qui repose depuis si longtemps sur le principe : rien ne se perd, rien ne se crée.
Lu pour le Baby Challenge - Polar organisé par Livraddict
Livre 14/20 Médaille de bronze
A l'ouest – Olivier Adam
Lu dans le cadre Swap à 2 PAL Lecture commune avec Mrs Pepys
Édition de l'Olivier – mars 2001 – 140 pages
Pocket – septembre 2002 – 140 pages
Pocket – octobre 2007 – 140 pages
Quatrième de couverture :
Antoine a presque dix-neuf ans. Fragile, rêveur, indocile, il sèche le lycée, erre dans le centre commercial de son quartier, et ne fait rien de sa vie. Il cherche l'amour... et les coups. ...
Camille veille sur son grand frère autant qu'elle le peut, et calme ses angoisses en se réfugiant dans la prière. Quant à Marie, leur mère, elle fait ce qu'elle peut. Mais c'est elle, qui, un beau matin, déclenche l'explosion et les conduit à l'ouest. Pas le point cardinal, non, mais cet état second où rien n'a plus vraiment d'importance...
Auteur : Olivier Adam est né en 1974. Après avoir grandi en banlieue et vécu à Paris, il s’est installé à Saint-Malo. Il est l’auteur de nombreux livres dont Passer l’hiver (Goncourt de la nouvelle 2004), Falaises, À l’abri de rien (prix France Télévisons 2007 et prix Jean-Amila-Meckert 2008), Des vents contraires (Prix RTL/Lire 2009).
Mon avis : (lu en juillet 2011)
Dans ce livre nous suivons la vie d'une famille à la dérive : Marie vit dans banlieue parisienne avec ses deux enfants, Antoine et Camille. Antoine a bientôt dix-neuf ans, il fume des joint, boit de l'alcool et sèche les cours du lycée, le soir il traîne dans le quartier. Il voudrait trouver l'amour, mais ne gagne que des coups. Camille a quatre ans de moins que son frère, et elle se fait du soucis pour lui et pour sa mère. Elle se réfugie dans la prière. Au collège, elle est silencieuse, elle s'isole, elle se fait discrète pour ne pas se faire remarquer. Marie est épuisée par sa vie monotone et terne qui se résume à métro, boulot, dodo... Un jour, où ses enfants sont partis un week-end chez leur père, Marie décide sur un coup de tête, de quitter son quotidien pour la maison de son enfance, au bord de la mer...
Comme souvent, Olivier Adam nous raconte une histoire de désespérance. Ici c'est l'histoire de trois personnages qui se sentent perdus, qui ne savent plus où ils en sont. Il se dégage du livre un certain malaise et beaucoup de mélancolie. Ces trois personnages sont attachants et touchants, ils ont chacun leurs problèmes, leurs angoisses. Ils se sont isolés malgré eux.
Ce n'est peut-être pas le meilleur livre d'Olivier Adam que j'ai lu mais j'y ai retrouvé avec plaisir son style et l'atmosphère des bords de mer qu'il sait si bien décrire.
Et maintenant, allons voir ce que Mrs Pepys a pensé de ce livre.
Extrait : (début du livre)
Tout est noir dans la chambre. Les volets sont clos, les rideaux tirés. On ne voit pas le désordre. Les bouteilles, les cendres sur la moquette, les disques éparpillés. Le radio-réveil clignote. Les chiffres s'affichent en vert. Tout à l'heure, comme chaque matin, Marie se tenait derrière la porte. La radio s'est mise en route. Elle a fait demi-tour, rassurée. Antoine a entendu les pas de sa mère dans les escaliers. La porte a claqué. Puis au-dehors, le bruit encore flou de ses talons qui s'éloignent. Antoine a grogné, a envoyé valdinguer l'appareil. Il s'est retourné, enroulé dans ses draps. S'est rendormi.
Maintenant, le silence est tout à fait installé. A peine, au loin, le moteur des voitures, le bus qui ralentit, s'immobilise, ouvre et referme ses portes, repart, le cri des enfants traînant des cartables trop lourds, portant des tenues trop chaudes, la voix d'une femme (Kevin fais attention tu vas te salir), une poubelle que l'on rentre et dont les roues claquent contre le trottoir. La vie du lotissement. Tout ça très menu dans la douleur du crâne.
Antoine se frotte les yeux, s'étire, repousse les draps. Il tend la main vers la droite, tâtonne et rencontre un paquet de cigarettes. Il l'écarte, cherche du bout des doigts le petit cône de papier, le briquet. Joint du matin, chagrin. Joint du soir, espoir. Il l'allume, tire une bouffée. Il reste ainsi à fumer dans le noir quelques minutes. Il se gratte les cheveux, s'étire, enfile un tee-shirt qui sent la sueur. Écrase son mégot au fond d'un verre. Se lève et gagne la salle de bains. Il pisse, puis passe de l'eau sur son visage et sur ses cheveux. Il se regarde dans la glace, tente un sourire. Essaie de détailler les diverses imperfections de sa peau. Ses yeux s'égarent dans la blancheur des murs carrelés. Ses mains tiennent le lavabo. Il se dandine d'avant en arrière. Il ne regarde rien, ne pense à rien. Il reste là cinq minutes. Puis semble revenir à lui, d'un bref clignement de paupière.
Déjà lu du même auteur : A l'abri de rien
Falaises
Des vents contraires
Je vais bien, ne t'en fais pas
Un cœur régulier
Kyoto Limited Express
Opération Fantômette - Georges Chaulet
Hachette – 1966 – 183 pages
Hachette – 1980 -
Hachette – 1983 –
Hachette – 1988 –
Hachette - novembre 1998 – 189 pages
Hachette - novembre 2007 – 121 pages
Quatrième de couverture :
Pourquoi le bateau a-t-il des jambes ?
Pourquoi le prince d'Alpaga accroche-t-il un énorme tube en fer à sa ligne de pêche ?
Pourquoi ne peut-on jouer au cerf-volant sur la Côte Basque ? Et que fait cette girafe sur la place, entre un lion et un serpent de mer ?
Fantômette devra mener une enquête pour trouver une réponse à ces bizarres questions. Mais si elle se doutait de ce qui l'attend, elle ne se lancerait sûrement pas dans une aventure aussi dangereuse !
Auteur : Né, à Paris en 1931, d'une mère commerçante et d'un père ingénieur des Ponts et Chaussées, Georges Chaulet écrit très tôt ses premiers romans policiers. Une fois son bac en poche, il s'inscrit à l'école des Beaux-Arts de Paris, mais en 1952, il part faire son service militaire en Allemagne. Son rejet absolu de l'autorité transforme son séjour en cauchemar. Il se réforme grâce à l'écriture. Il décide à cette époque de faire de l'écriture son métier. C'est en 1960, avec le personnage de Fantômette que Georges Chaulet devient vraiment célèbre. Il a écrit plus de cent cinquante romans pour la jeunesse dont la célèbre série Fantômette et est aussi scénariste de la série de bande dessinée Les 4 as, dessinée par François Craenhals.
Mon avis : (relu en juillet 2011)
Cet épisode de Fantômette a toujours été mon préféré. Peut-être parce que c'est le premier titre où Fantômette quitte la région de Framboisy pour une région réelle de France, le Pays Basque. En effet, Françoise, Ficelle et Boulotte sont en vacances au Pays Basque. Fantômette constate que le Furet et ses deux complices Bulldozer et le prince d'Alpaga sont également en séjour sur la Côte Basque. Fantômette se doute bien qu'ils ne sont pas là pour prendre des vacances et elle va ouvrir l'œil...
Ficelle va nous faire bien rire en inventant un scaphandre, en partant à l'aventure sur son canot pneumatique Splendeur des Océans, en procédant au lancement spatial de son cerf-volant dragon et enfin en participant au concours de sable...
Et nous allons assister à l'une des évasions des plus spectaculaires de Fantômette lorsqu'elle saute depuis le haut de la falaise en se servant de sa cape comme d'un parachute...
La magie continue à opérer... Je dévore chaque semaine mon livre de la bibliothèque rose !
Déjà lu du même auteur :
Fantômette et l'île de la sorcière
Pas de vacances pour Fantômette
C'est lundi ! Que lisez-vous ? [39]
C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane
Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?
Le Club des Cinq contre-attaque - Enid Blyton
Le gang des mégères inapprivoisées – Tom Sharpe
Comme personne - Hugo Hamilton
Je n’ai pas dansé depuis longtemps – Hugo Boris
Qu'est-ce que je lis en ce moment ?
A l'ouest - Olivier Adam (LC - Swap à 2 PAL avec mrs pepys)
Que lirai-je cette semaine ?
Le mystère de la chambre jaune - Gaston Leroux
Entre ciel et terre - Jón Kalman Stefánsson
Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !
Je n’ai pas dansé depuis longtemps – Hugo Boris
Lu dans le cadre du partenariat et Pocket
Belfond – janvier 2010 – 391 pages
Pocket – juillet 2011 – 448 pages
Quatrième de couverture :
Pour Ivan, le soleil se lève et se couche seize fois par jour. Quatre cent jours en orbite, à bord de la station Mir. Un record. Il sera bientôt un héros aux yeux de l'Union soviétique et de sa famille.
Mais sous l'effet de l'apesanteur, son corps change. Avec ses compagnons de bord, il est à fleur de peau. Dans cet environnement où la moindre erreur est fatale, il se met à désirer la Terre plus que tout.
L'Empire soviétique s'effondre. Il ne sait plus s'il pourra rentrer. Depuis combien de temps n'a-t-il pas dansé avec Oksana ?
Auteur : Hugo Boris est né à Paris en 1979. Son premier roman, Le baiser dans la nuque (2005), a été récompensé par le festival de Chambéry et par le prix Emmanuel-Roblès, remis par les membres du jury Goncourt. La délégation norvégienne, son deuxième roman (2007), a reçu le premier prix littéraire des Hebdos en Région. Je n'ai pas dansé depuis longtemps, paru en 2010, a été distingué par le prix Amerigo Vespucci. Diplômé de sciences politiques et de l'École nationale supérieure Louis-Lumière, il travaille dans une école de cinéma le jour et écrit la nuit.
Mon avis : (lu en juillet 2011)
Tout commence en février 1991, à la veille du départ d'Ivan pour un long séjour à bord de la station MIR. Avant de quitter sa famille, sa femme Oksana et ses fils Pacha et Guennadi pour Baïkonour, Ivan s'occupe de passer en revue tout l'appartement pour éviter à sa femme des problèmes domestiques en son absence. En effet, il part pour 400 jours en orbite dans la station MIR, pour réaliser le record du plus long séjour en apesanteur. Nous allons embarquer avec Ivan dans Soyouz et l'accompagner pour ce voyage et ce séjour peu ordinaire. Il partagera cette aventure pendant six mois avec Viktor et Nikolaï, puis avec Georgyi et Nikita et enfin avec Sacha et Bogdan. Ivan aura par moment des instants de cafards, de peurs, de doutes...
L'auteur décrit avec beaucoup de précision la vie à bord de la station MIR, les réactions physiologiques du corps des cosmonautes, les réactions psychologiques liées à ce huis clos... Et sur Terre, l'Histoire de l'Union Soviétique s'écrit...
En marge du livre, nous décomptons au fil des pages les presque sept mille orbites réalisées par Ivan. Cette histoire est passionnante et palpitante et pas un instant je ne me suis ennuyée... Il se passe toujours quelque chose à près de 400 kilomètres d'altitude autour de la Terre !
Merci à New Books et aux éditions Pocket pour m’avoir permis de découvrir ce livre.
Extrait : (page 286)
Il ne la regardait plus que distraitement, comme il aurait regardé sans le voir un visage familier. Il la contemple enfin, cette corne africaine couleur de sang caillé. L'aplat de latérite rouge affronté au bleu profond de la mer. Les miettes de nuages là-dessus, leurs ombres jetés par milliers de mille. Depuis combien de temps fixait-il le gravillon pris dans l'épaisseur du hublot au lieu de regarder à travers la vitre ?
Son œil glisse sur les filaments de plancton, les barres sableuses, les circonvolutions brunes des déserts salés.
Le dessin éphémère de l'eau dans les forêts d'Amérique du Sud lui serre lecœur. Le Soleil dévoile les fleuves et leurs bras morts en les faisant étinceler. Leur surface brille un instant, puis s'éteint, aussitôt relayée par d'autres nappes d'argent bruni, d'autres lacets, d'autres chemins d'eau jusqu'alors invisibles.
Il la dévisage d'un regard oblique, comme s'il venait d'ailleurs et l'observait pour la première fois. Alors c'est cela, ma planète ? Le mot vibre bizarrement, comme l'un de ceux dont il a perdu le sens et dont il n'entend plus que la creuse sonorité.
Comme personne - Hugo Hamilton
Lu dans le cadre du partenariat et Points
Phébus - janvier 2010 – 336 pages
Points – mars 2011 – 315 pages
Libra Diffusio – janvier 2011 – Grands Caractères
traduit de l'anglais (Irlande) par Joseph Antoine
Titre original : Disguise, 2008
Quatrième de couverture :
L'Allemagne nazie vit ses derniers jours. Maria fuit la capitale, tombeau de son fils Gregor. Dans la foule des réfugiés, sa main saisit celle d'un petit garçon : elle nommera l'orphelin du nom de son enfant défunt. Cet héritage va hanter le garçon sa vie durant et le jeter sur les routes de l'Europe. Persuadé d'être juif, il quitte sa famille adoptive, en quête de ses véritables origines...
Auteur : Hugo Hamilton est né à Dublin en 1953. Auteur du sulfureux Berlin sous la Baltique (2005) et de polars Déjanté (2006), et Triste flic (2003), il rencontre avec Sang impur un succès international (Prix Femina étranger 2004). Hugo Hamilton s'affirme une fois de plus comme l'auteur des enfances perdues, de la quête obsédante des origines et confirme ici qu'il est un des plus importants écrivains irlandais contemporains.
Mon avis : (lu en juillet 2011)
Lorsque Bibliofolie a proposé ce partenariat, je n’ai pas hésité et j’ai été ravie d’avoir été choisie pour ce premier partenariat. En effet, j’ai déjà lu "Sang impur" du même auteur, un livre autobiographique très touchant sur son enfance à Dublin dans les années 50.
Dans « Comme personne », Hugo Hamilton nous raconte l'histoire de Gregor, petit rescapé de la Seconde Guerre Mondiale, il a été adopté par Maria Liedmann qui fuyait Berlin après avoir perdu son fils âgé de trois ans dans un bombardement. « Il venait de trouver sa mère, et elle avait retrouvé le fils qu'elle avait perdu. » Mais Maria a promis à son père, Emil de ne jamais révéler à quiconque qu’il n’est pas son fils. Pas même à son mari encore sur le front.
Gregor a peu de souvenirs de l'époque, seulement quelques images. Il s'est toujours interrogé sur son passé, il a toujours eu le sentiment d'être juif et que Maria n'était pas sa vrai mère...
Soixante ans plus tard, Gregor a été invité par son ex-femme à la campagne pour participer à la cueillette des pommes avec des amis et son fils. Alternativement, le lecteur va suivre l'histoire de Gregor depuis son arrivée dans la famille Liedmann à l’âge de trois ans et le récit du week-end paisible à la campagne.
Gregor est touchant, toute sa vie, il a été déstabilisé par ce passé plein de mensonges et de non-dits. Il est toujours hanté par la quête de ses origines. Il ne sait toujours pas qui il est.
Une histoire belle et bouleversante.
Un Grand Merci à Bibliofolie et aux éditions Points pour m’avoir permis de découvrir ce livre.
Extrait : (début du livre)
Ils avaient dû être fous de terreur. Ils s’étaient précipités dans les caves en se tenant par la main, hurlant, encore à moitié endormis, se bousculant dans le noir. Les enfants pouvaient percevoir les tremblements des adultes. Ils pouvaient entendre la panique dans leurs voix. Ils pouvaient entendre les hurlements des sirènes traverser les immeubles et le bourdonnement profond de la musique des orgues autour de la ville, lorsque les avions la survolaient.
Quand la première bombe siffla dans les airs, ils se blottirent les uns contre les autres et prièrent.
- c’est notre tour. Que Dieu nous aide.
Ils avaient si peur qu’ils en perdaient leur personnalité. Certains marquaient à la craie les nuits de bombardement sur les murs des caves. Créatures sans défense réfugiées sous terre, se bouchant les oreilles tandis qu’au-dessus d’eux les sombres escadrilles traversaient le ciel nocturne. Par vagues successives entrecoupées de silences mortels. Ils suivaient la chute de chacune des bombes, essayant d’évaluer à quelle distance elle se trouvait. Ils sentaient chaque fois tressaillir la terre, ils sentaient la force de l’explosion dans leurs cheveux, le long de leur crâne. Une explosion qui faisait voler les fenêtres en éclats et aspirait l’ardoise des toitures. Qui fendait les immeubles et les ouvrait en deux, laissant voir une maison de poupée en plan de coupe, révélant le quotidien des habitants, leurs intérieurs bien tenus, leurs lits, leurs commodes, leurs tables et leurs services à thé. Certains périssaient chez eux parce qu’ils avaient tardé à se réfugier dans les caves, ou parce qu’ils avaient décidé de rester et d’ignorer leur peur, se réconfortant avec un dernier verre de vin et leur vain humour noir pendant que le ciel, tel un sapin de Noël, lâchait des pluies d’étincelles. Le phosphore se répandait dans les escaliers, les salles à manger et les chambres où il scintillait le long des murs jusqu’à ce que tout s’enflamme.
Gregor Liedmann dormait dans on lit et jamais il ne se réveilla. Il avait presque trois ans et passa de son rêve à la mort, entouré de ses crayons, du carnet, et du navire en bois que son grand père Emil avait fabriqué pour lui. Sa mère disait qu’il était doué avec les mots. Il avait appris à parler très tôt, savait déjà compter et écrire. De grandes lettres dégringolant vers le coin de la page. Voilà comment il se couchait chaque soir : le carnet sous l’oreiller, entouré des crayons bien taillés que sa mère serait obligée d’enlever avec beaucoup de précaution, comme des baguettes de Mikado, pour ne pas le réveiller.
Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
Irlande
Déjà lu du même auteur :
Le gang des mégères inapprivoisées – Tom Sharpe
Belfond – février 2010 – 231 pages
10/18 – février 2011 – 224 pages
traduit de l'anglais par Daphné Bernard
Titre original : The Gropes, 2009
Quatrième de couverture :
Dans le Northumberland, depuis des générations, les dames Grope font régner la terreur autour d'elles. Signes distinctifs : un physique ingrat, une nature antipathique et des pulsions castratrices inversement proportionnelles à leur volonté de se reproduire. Qu'à cela ne tienne ! Chez les Grope, on kidnappe les hommes de mère en fille. Une coutume familiale dont le jeune Esmond Burnes va faire les frais... Forcé de se réfugier chez son oncle suite à une agression alcoolisée de son père, l'innocent garçon va tomber entre les griffes de sa tante Belinda, née Grope, épouse frustrée et ménagère forcenée... Disparitions suspectes, soûleries aggravées et torrides accès de folie... Même la police va perdre le fil. Par l'un des maîtres de l'humour british, une nouvelle farce échevelée, explosive et hilarante.
Auteur : Tom Sharpe, le bien nommé (sharp signifie « futé » en anglais), est né en 1928 en Angleterre. Après des études à Cambridge, il sert dans les marines avant de s'installer en 1951 en Afrique du Sud. Travailleur social puis professeur, il dirige également un studio de photographie. Dix ans plus tard, Tom Sharpe est expulsé pour avoir écrit et monté une pièce contre le régime de l'apartheid. De 1963 à 1972, il enseigne l'histoire au College of Art and Technology de Cambridge. Reconnu depuis Wilt 1 comme l'un des plus grands humoristes anglais contemporains, Tom Sharpe a reçu en 1986 le Grand Prix de l'humour noir pour l'ensemble de son œuvre. Tom Sharpe s'est aujourd'hui installé en Catalogne, pour fuir le système de santé britannique, comme il se plaît à le dire.
Mon avis : (lu en juillet 2011)
J’ai lu ce livre car il était signalé comme un coup de cœur de la Bibliothèque. Je n’irai pas jusque là, pour ma part, c’est un livre original et amusant.
C’est la première fois que je lis cet auteur qui serait, d’après la quatrième de couverture, « l’un des maîtres de l’humour bristish ».
Le livre commence par l’histoire de la famille Grope, c’est une lignée de femmes dont l’origine remonte à un Viking danois Awgard le Pâle qui avait le mal de mer. Ce dernier a abandonné ses compagnons, rencontré Ursula Grope et ensemble ils s’installèrent dans le comté de Northumberland en Angleterre. La dynastie des Gropes sont des femmes autoritaires, antipathiques et au physique disgracieux… Elles sont les chefs de famille et n’hésitent pas enlever leur futur mari qui ne servira qu’à leur donner une descendance féminine…
Belinda est une demoiselle Grope, mais son mari Albert n’a jamais pu lui donner d’héritière. Celui-ci a une sœur Vera et un beau-frère Horace qui ont un fils unique Esmond. Ce dernier est venu passer quelques jours chez son oncle et sa tante pour fuir son père qui le menaçait de mort. Cela va donner des idées à Belinda et pour suivre les traditions familiales des Grope, elle va kidnapper Esmond…
Voilà une histoire totalement farfelue et rocambolesque à la limite de la caricature dont la fin m’a semblée un peu bâclée… Je me suis bien amusée à lire ce livre !
Extrait : (début du livre)
C’est une des particularités les plus surprenantes de la vieille Angleterre : des familles entières vivent dans des maisons construites par leurs ancêtres des siècles auparavant, sur des domaines qui étaient déjà les leurs avant la conquête normande. Les Grope de Grope Hall sont l’une d’entre elles.
Ni riches, ni anoblis et n’ayant jamais été jalousés par des voisins plus puissants ou plus influents, les Grope ont gardé un profil bas, cultivant leur terres qui portent les mêmes noms qu’au XIIe siècle, s’occupant de leurs petites affaires sans s’intéresser le moins du monde à la politique, à la religion ou à quelque sujet susceptible de leur créer des ennuis. La plupart du temps, ce n’était pas de propos délibéré. Cette attitude relevait au contraire d’une bonne dose d’inertie et de la volonté de ne pas être pressurés par une progéniture ambitieuse et énergétique.
Les Grope de Grope Hall peuvent être localisés dans le comté du Northumberland. Ils font remonter leurs origines à un Viking danois, un certain Awgard le Pâle, qui, malade comme un chien pendant la traversée de la mer du Nord, abandonna ses compagnons de raid au beau milieu de la mise à sac du couvent d’Elnmouth. Au lieu de violer quelques nonnes, comme c’était la règle, il se jeta aux pieds de la sœur servante, qu’il avait croisée dans le fournil et qui se demandait si elle avait envie ou non de se faire violer. Pas belle pour un sou et ayant déjà été laissée pour compte lors de deux précédents raids vikings, Ursula Grope fut ravie d’être choisie par le bel Awgard ; elle l’emmena loin de l’orgie dégoûtante qui se déroulait dans le couvent et le conduisit dans la vallée solitaire de Mosedale, à la cabane en tourbe dans laquelle elle était née. Le retour de sa fille, dont il espérait être débarrassé à jamais – et en compagnie de l’immense Awgard le Pâle -, terrifia si fort son simple porcher de père qu’il n’attendit pas de vérifier les intensions réelles du Viking et prit ses jambes à son cou. La dernière fois qu’on l’aperçut, il vendait des marrons chauds près de York. Forte d’avoir épargné à Awgard les horreurs d’une traversée de retour, Ursula insista pour qu’il sauve son honneur de religieuse inviolée et fasse son devoir. C’est, dit-on, l’origine de la maison Grope.
Awgard changea son nom en Grope. Les quelques habitants de Mosedale furent tellement terrorisés par sa taille et ses accès de mélancolie qu’Ursula, désormais Mme Grope, eut l’occasion de mettre la main sur des milliers d’hectares de landes désertées. Avant de fonder la dynastie des Grope.
Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
Grande-Bretagne
Le Club des Cinq contre-attaque - Enid Blyton
Hachette – janvier 1955 -
Hachette – mars 1966 – 191 pages
1982 – 181 pages
Hachette – janvier 1984 – 156 pages
Hachette – janvier 1993 – 220 pages
Hachette – août 2004 – 219 pages
Hachette – mars 2006 – 215 pages
traduit par Arlette Silvain
Illustrations Simone Baudoin
Titre original : Five Run Away Together, 1944
Quatrième de couverture :
Voici les vacances revenues, à la grande joie du « Club des Cinq ». De nouveau les quatre amis et leur chien Dagobert se retrouvent au bord de la mer, à Kernach, et, cette fois, l'on décide d'aller camper sur une île située dans la baie. Les ruines d'un vieux château s'y dressent encore, sinistres, hantées par des corneilles.
Dans cet ancien repaire de corsaires, les Cinq feront découverte sur découverte : oubliettes, grottes et souterrains. Mais tout y est si étrange, parfois même si inquiétant que les enfants s'interrogent : cette île que l'on dit déserte, ne serait-elle pas habitée ? Mais par qui ?...
Énigme passionnante qui vaudra aux Cinq une nouvelle série d'aventures plus extraordinaires et plus dramatiques encore que toutes celles qu'ils ont déjà vécues.
Auteur : Enid Mary Blyton est une romancière britannique, spécialisée dans la littérature pour enfants, née le 11 août 1897 dans le faubourg d'East Dulwich, à Londres et morte le 28 novembre 1968 à Hampstead, dans la banlieue nord de Londres. On lui doit entre autres Le Club des Cinq (the Famous Five en anglais), Le Clan des Sept (The Secret Seven), Oui-Oui (Noddy). Ses romans, connus dans le monde entier, ont été vendus à plus de quatre cents millions d'exemplaires, traduits dans plus de quarante langues différentes.
Mon avis : (relu en juillet 2011)
Le Club des Cinq est ravi de se retrouver à Kernach pour les vacances d'été. Malheureusement, tante Cécile est malade et Maria, la formidable cuisinière, est partie soigner sa sœur. Oncle Henri a du accompagner sa femme à l'hôpital. Les Cinq vont devoir affronter l'antipathique Madame Friot, son vilain fils Emile et l'affreux chien Théo surnommé Fléaux. La situation est devenue intenable et le Club des Cinq décide de se réfugier sur l'île de Kernach pour passer des vacances agréables... Évidement, le séjour sur l'île ne se passera pas comme prévu !
Je me suis encore bien amusée en relisant ce Club des Cinq. Le face à face Dagobert et Fléaux est formidable !
Extrait : (page 32)
« Oh ! mon Dieu ! » soupira Annie qui se doutait de l'état d'esprit de sa cousine, sachant que Claude adorait sa mère. Elle qui ne pleurait jamais avait pour une fois les larmes aux yeux. C'est qu'il est terrible de rentrer de promenade pour trouver une maison vide, sans père ni mère; rien qu'une Mme Friol et son Emile.
« C'est affreux », gémit soudain Claude en enfouissant sa tête dans les coussins. « Elle... elle ne reviendra peut-être jamais...
- Ne dis pas de sottises, répliqua François en s'asseyant près d'elle et en l'entourant de son bras. Pourquoi ne reviendrait-elle pas ? Voyons, ton père a dit qu'il resterait avec elle jusqu'à ce qu'elle se rétablisse et il t'explique que ce sera l'affare d'une semaine au plus. Du courage, ma vieille. Ça ne te ressemble pas de te laisser aller comme ça.
- Mais je ne lui ai as dit au revoir, murmura Claude entre deux sanglots, et je l'ai ennuyée avec cette histoire de sandwiches au lieu de m'en occuper. Je veux la rejoindre pour avoir de ses nouvelles tout de suite.
- Tu ne sais même pas où on l'a transportée, et même si tu le savais, tu n'aurais probablement pas l'autorisation d'entrer, dit Mick gentiment. Ecoutez, nous devrions goûter, cela nous remettrait d'aplomb.
- Je suis incapable d'avaler une bouchée », rétorqua Claude sauvagement. Dagobert avança le museau pour essayer de lécher ses mains qu'elle tenait enfouies sous sa tête. Il gémit.
« Pauvre Dago, il ne comprend rien à ce qui arrive. Il est bouleversé parce que tu pleures, Claude », murmura Annie.
Claude se redressa ausitôt. Elle se frotta les yeux, et Dago lui donna un bon coup de langue. Il parut surpris du goût salé des larmes et tenta de se hisser sur ses genoux.
« Pauvre vieux Dag, dit Claude d'une voix redevenue plus normale, allons, calme-toi. J'ai eu un choc, voilà tout, mais je vais mieux maintenant. Ne gémis pas comme ça, bêta, je suis saine et sauve. »
Mais Dagobert restait persuadé que pour pleurer de cette manière Claude devait être blessée ou malade, et il continua à geindre et à la caresser avec sa patte en s'efforçant de monter sur le canapé.
François se dirigea vers la porte.
« Je vais dire à Mme Friol que nous voulons goûter », déclara-t-il en sortant. Les autres le suivirent d'un regard admiratif. Affronter Mme Friol témoignait d'un vrai courage.
Quand François pénétra dans la cuisine, il y trouva Emile, une joue plus rouge que l'autre grâce à la vivacité de Claude, et Mme Friol dont le front était loin d'être serein.
« Si cette gamine touche encore à mon Emile, elle aura de mes nouvelles, déclara-t-elle menaçante.
Déjà lu du même auteur :
C'est lundi ! Que lisez-vous ? [38]
C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane
Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?
Brooklyn – Colm Tóibín (Irlande)
Chienne de vie - Helle Helle (Danemark)
Le bleu est une couleur chaude - Julie Maroh (BD)
Esteban : tome 3 La survie – Matthieu Bonhomme (BD)
L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S.Spivet - Reif Larsen (États-Unis)
Qu'est-ce que je lis en ce moment ?
Comme personne - Hugo Hamilton (partenariat Bibliofolie / Points)
Que lirai-je cette semaine ?
Je n'ai pas dansé depuis longtemps - Hugo Boris (partenariat NewBook /Pocket)
Le gang des mégères inapprivoisées – Tom Sharpe
A l'ouest - Olivier Adam (LC - Swap à 2 PAL avec mrs pepys)
Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !