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A propos de livres...
28 février 2011

Les Lieux infidèles - Tana French

Lu dans le cadre du partenariat Livraddict et Calmann-Lévy

Lecture Commune avec Canel, Sophie et Valérie
lecture_commune

les_lieux_infid_les Calmann-Levy – janvier 2011 – 440 pages

traduit de l'anglais (Irlande) par François Thibaux

Quatrième de couverture :

Au cours d’une vie,
seuls quelques instants
sont décisifs.

L’existence de Frank Mackey bascula par une nuit de décembre 1983. Il avait dix-neuf ans et attendait Rosie Daly au bout de sa rue, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L’air était froid comme du verre, chargé d’un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guinness. Ils avaient prévu de fuir ensemble leur quartier natal dublinois, pour vivre d’amour et de musique à Londres. Mais cette nuit-là, Frank patienta en vain. Rosie ne le rejoignit pas.

Vingt-deux ans plus tard, devenu flic spécialisé dans les missions d’infiltration, Frank vit toujours à Dublin. Il a coupé les ponts avec sa famille et n’a jamais eu de nouvelles de son premier amour. Puis un jour, sa sœur l’appelle, affolée : on a retrouvé la valise de Rosie dans un immeuble désaffecté de Faithful Place. Forcé de revenir chez les siens, Frank revisite son passé, ses blessures de jeunesse, et toutes ses certitudes : Rosie est-elle jamais partie ?

Auteur : Tana French a grandi en Irlande, en Italie, aux États-Unis et au Malawi, et elle vit à Dublin depuis 1990. Elle a été formée comme une actrice professionnelle au Trinity College de Dublin, et a travaillé dans le théâtre, le cinéma. Tana French a fait des débuts fracassants dans la littérature policière avec La Mort dans les bois, couronné par le prix Edgar de la littérature policière, et Comme deux gouttes d’eau.

Mon avis : (lu en février 2011)
C'est pour moi le premier livre que je lis de cette auteur que j'étais curieuse de découvrir.
A l'âge de dix-neuf ans, Francis Mackey décide de fuir son quartier de Dublin avec sa petite amie Rosie pour aller vivre à Londres. Or le soir de leur fuite, Francis attend en vain Rosie, elle n'est pas là au rendez-vous, elle a laissé un mot « Je sais que ça va être un choc et j'en suis désolé. Jamais je n'ai eu l'intention d'être malhonnête. Simplement, j'y ai beaucoup réfléchi. C'est le seul moyen pour moi d'avoir une chance de mener l'existence que je veux. J'aimerais le faire sans blesser/désespérer/décevoir. Ce serait bien que la perspective de ma nouvelle vie en Angleterre adoucisse un peu le chagrin de mon départ. Mais si c'est impossible, je comprendrai. Je jure de revenir un jour. En attendant, mille et mille baisers, Rosie. » La mort dans l'âme, Francis a poursuivi ses projets seul : il a quitté sa famille et son quartier de Faithful Place, il est devenu policier, il s'est marié et a eu une petite fille Holly. Et voilà que vingt-deux ans plus tard, sa sœur Jackie lui téléphone car des ouvriers ont retrouvé la valise de Rosie lors de travaux dans une vieille maison abandonnée. Francis est donc obligé de retourner vers son passé pour découvrir la vérité. Lui qui était parti pour oublier ce passé et sa famille qui lui faisait honte et qu'il considère peu fréquentable, un père au chômage, violent et alcoolique, une mère autoritaire et ses frères et sœurs.
L'enquête est confié à un de ses collègues mais il va quand même mener son enquête en parallèle. Je n'en dirais pas plus long sur l'intrigue pour ne rien dévoiler...

A travers cette histoire nous découvrons une famille plutôt spéciale où les relations entre les membres sont assez compliquées. Nous découvrons également une atmosphère dublinoise dans ce quartier de Faithful Place à la fois pauvre, populaire et chaleureux où l'on boit parfois plus que de raison et où le silence est la règle...
L'intrigue est pleines de rebondissements, le lecteur se met à soupçonner tour à tour chacun des protagonistes de l'histoire. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman policier.

Un grand Merci à Livraddict et aux éditions Calmann-Lévy pour m'avoir permis de découvrir cette auteur dont je lirai sans aucun doute d'autres de ses livres.

Et maintenant, allons voir ce qu'en pense Canel, Sophie et Valérie.

Extrait : (début du livre)
Au cours d'une vie, seuls quelques instants sont décisifs. La plupart d'entre nous les oublient aussitôt, jusqu'à ce qu'ils ressurgissent sans crier gare bien des années plus tard et, avec le recul, prennent tout leur sens : celui où l'on a décidé ou non d'aborder cette fille, de ralentir dans ce virage sans visibilité, de s'arrêter pour acheter ce préservatif. Je peux dire que j'ai eu de la chance. Confronté à l'un d'eux, je l'ai reconnu pour ce qu'il était. J'ai su immédiatement que mon destin se jouait à ce moment précis, lors de cette nuit d'hiver, alors que je patientais dans l'ombre en haut de Faithful Place.
J'avais dix-neuf ans. J'étais assez mûr pour vouloir prendre le monde à bras-le-corps, assez jeune pour agir comme un imbécile. Cette nuit-là, dès que mes deux frères ont commencé à ronfler, je me suis glissé hors de notre chambre, mon sac à dos sur les épaules et mes Doc à la main. Une latte craqua. Dans la chambre des filles, l'une de mes sœurs murmura dans son sommeil. Mes les dieux étaient avec moi. Rien n'aurait pu m'arrêter. Mes parents ne se retournèrent même pas sur leur canapé-lit lorsque je traversai le salon, les touchant presque. Le feu mourait avec un petit bruit sec, projetait dans le noir une faible lueur rouge. J'avais fourré dans mon sac tout ce que je possédais : jeans, T-shirts, un transistor d'occasion, cent livres sterling et mon extrait de naissance. A l'époque, il n'en fallait pas davantage pour gagner l'Angleterre. Rosie avait les billets du ferry.
Je l'ai attendue au bout de la rue, dans l'obscurité, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère.

Lecture Commune avec Canel, Sophie et Valérie
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Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Irlande

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28 février 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [18]

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C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

indignez_vous faute_de_preuves les_lieux_infid_les Assassin_8a85c

Indignez-vous ! - Stéphane Hessel
Faute de preuves - Harlan Coben
Les lieux infidèles - Tana French (Partenariat Livraddict et LC pour le 28/02)
Assassin ! - Béatrice Nicodème

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Le confident - Hélène Grémillon

Que lirai-je cette semaine ?

L’homme de Kaboul - Cédric Bannel
Le syndrome [E] - Franck Thilliez

Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !

27 février 2011

Faute de preuves - Harlan Coben

En librairie : le 3 mars 2011

Lu en partenariat avec les éditions Belfond

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France Loisirs - septembre 2010

Belfond – mars 2011 – 378 pages

Quatrième de couverture :
Aux États-Unis, de nos jours. Bonne élève, sportive, les pieds sur terre, Haley McWaid, 17 ans, est la fille dont rêvent tous parents. D'où la surprise de sa mère quand elle découvre que sa fille aurait découché. Et son affolement quand elle ne parvient pas à la joindre. Et son désespoir quand, après trois mois, on est toujours sans nouvelles de la jeune fille. Wendy Tines a sa petite idée. Mère célibataire d'un ado, cette journaliste ambitieuse travaille de concert avec la police pour un programme télé chargé de débusquer les délinquants sexuels. Sa dernière prise, Dan Mercer, un éducateur pour enfants. Tandis que toute la ville est sur les dents, à la recherche d'un prédateur sexuel, Wendy va découvrir que l'affaire Mercer va l'entraîner beaucoup plus loin que tout ce qu'elle aurait pu imaginer... Traque sur internet, délinquance sexuelle, confréries malfaisantes, jeux adolescents qui tournent mal, vengeance... Le maître de nos nuits blanches a encore frappé.

Auteur :Harlan Coben est né et a grandi dans le New Jersey, où il vit avec sa femme et leurs quatre enfants. Ne le dis à personne... (2002), prix des Lectrices de Elle et adapté au cinéma par Guillaume Canet, Disparu à jamais (2003), Une chance de trop (2004), Juste un regard (2005), Innocent (2006), Promets-moi (2007), Dans les bois (2008), Sans un mot (2009), Sans laisser d'adresse (2010) et Sans un adieu (2010).

Mon avis : (lu en février 2011)
Une célèbre présentatrice de télévision, Wendy Tines, piège en direct les pédophiles dans son émission. A la suite de d'une dénonciation anonyme, elle piège Dan Mercer, un homme qui travaille avec des jeunes en difficultés. A la même époque, une jeune fille de 17 ans, Haley McWaid disparaît de chez elle. A-t-elle fugué ? A-t-elle été enlevée ? Trois mois plus tard, un indice trouvé accuse Dan de sa disparition. Pourtant, Wendy commence à douter de le culpabilité de Dan et se met à enquêter sur le passé de Dan.

Une histoire assez complexe qui ne nous laisse pas deviner où l'auteur veut nous conduire... Il y a du suspense, des fausses pistes et des rebondissements inattendus. Autour du thème de la vengeance et du pardon, Harlan Coben réussit un thriller haletant qui m'a fait passé un très bon moment de lecture.

Merci aux éditions Belfond pour m'avoir permis de découvrir ce livre en avant-première, sa sortie est prévue pour le 3 mars 2011. (Ce livre était déjà paru chez France-Loisirs en septembre 2010).

 

Extrait : (page 23)
— Jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ?
Wendy Tynes jura, s'assit et regarda autour d'elle. Elle avait l'impression d'être sur scène, sensation familière pour la journaliste de télévision qu'elle était, sauf que, cette fois, elle ne maîtrisait pas la situation. Derrière elle, les parents des victimes de Dan Mercer. Quatre couples. Ils venaient tous les jours au tribunal. Au début, ils brandissaient les photos de leurs enfants, ce que la juge avait fini par leur interdire, et maintenant ils restaient assis là, silencieux. En un sens, c'était encore plus intimidant.
La chaise était inconfortable. Wendy changea de position, croisa puis décroisa les jambes et attendit.
Flair Hickory, célèbre ténor du barreau, se leva, et pour la énième fois Wendy se demanda comment Dan Mercer avait pu se payer ses services. Flair portait son habituel costume gris strié de rose, une chemise et une cravate roses. Il traversa la salle d'une démarche que, par euphémisme, on aurait pu qualifier de « théâtrale ».
— Madame Tynes, commença-t-il avec un sourire cordial.
Cela faisait partie de son personnage. Flair était gay, certes, mais il en jouait au prétoire façon La Cage aux folles.
— Mon nom est Flair Hickory. Je vous souhaite le bonjour.
— Bonjour, répondit-elle.
— Vous animez une émission télé racoleuse intitulée Pris en flag, est-ce exact ?
L'avocat général, un dénommé Lee Portnoi, déclara :
— Objection. Juridiquement, le terme racoleur n'est pas approprié pour définir une émission de télévision.
Flair sourit.
— Vous en voulez, des « termes appropriés », monsieur Portnoi ?
— Ce ne sera pas nécessaire, intervint la juge Lori Howard.
Dans sa voix on devinait déjà la lassitude. Elle se tourna vers Wendy.
— Répondez à la question, je vous prie.
— Je n'anime plus cette émission, dit Wendy.
Flair feignit la surprise.
— C'est récent, n'est-ce pas ?
— Oui.
— Que s'est-il passé ?
— Elle a été interrompue.
— Taux d'audience trop faible ?
— Non.
— Alors pourquoi ?
— Votre honneur, s'insurgea Lee Portnoi, nous savons tous pourquoi.
Lori Howard hocha la tête.
— Continuez, maître Hickory.
— Connaissez vous mon client, Dan Mercer ?
— Oui.
— Vous vous êtes introduite chez lui, n'est-ce pas ?
Wendy s'efforça de soutenir son regard, en tâchant de ne pas avoir l'air coupable.
— Ce n'est pas tout à fait exact.
— Vraiment ? Eh bien, ma chère, faisons en sorte d'être aussi précis qu'il est humainement possible et revenons en arrière, voulez-vous ?
Il se promena à travers la salle comme s'il défilait sur un podium à Milan. Il eut même le culot de sourire aux familles des victimes. La plupart évitaient ostensiblement de poser les yeux sur lui, mais l'un des pères, Ed Grayson, le foudroya du regard. Flair ne broncha pas.
— Comment avez-vous rencontré mon client ?
— Dans un forum sur Internet.
Flair arqua les sourcils.
— Ah oui ?
Comme s'il s'agissait de la révélation du siècle.
— Quel genre de forum ?
— Un forum fréquenté par des enfants.
— Sur lequel vous étiez inscrite ?
— Oui.
— Vous n'êtes plus une enfant, madame Tynes. Je pourrais ajouter que, mais ne prenez pas cette remarque pour une tentative de séduction de ma part, vous êtes une pulpeuse créature.
— Objection !
La juge Howard poussa un soupir.
— Maître Hickory ?
Flair sourit, esquissa un petit geste de pseudo-contrition. Il était le seul à pouvoir se permettre ce genre d'incartade.
— Bien, madame Tynes. Sur ce forum, vous vous faisiez passer pour une mineure, est-ce vrai ?
— Oui.
— Après quoi vous engagiez des échanges via Internet avec des hommes afin de les inciter à vouloir coucher avec vous ?
— Non.
— Comment ça ?
— J'attendais qu'ils fassent le premier pas.
Flair secoua la tête.
— Tss-tss. Si on me donnait un dollar chaque fois que je dis ça...
Le public s'esclaffa.
— Nous avons les procès-verbaux, maître Hickory, intervint la juge, et nous sommes capables de nous forger une opinion à partir de leur lecture.
Wendy s'étonnait que Dan Mercer ne soit pas là, mais c'était logique puisque ces séances étaient destinées à auditionner les témoins. Flair Hickory espérait convaincre la juge de l'irrecevabilité du matériel effarant et révoltant découvert dans l'ordinateur de Mercer et disséminé un peu partout à son domicile. S'il y parvenait - et ce n'était pas gagné -, Dan Mercer mettrait probablement les voiles, et un prédateur psychopathe serait lâché dans la nature.

Déjà lu du même auteur :
Ne_le_dis___personne_ Ne le dis à personne sans_un_mot Sans un mot 
sans_laisser_d_adresse Sans laisser d'adresse innocent Innocent
sans_un_adieu Sans un adieu

26 février 2011

T'as vu ta PAL ?

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J'ai été taguée ce matin par Sandrine(SD49) pour dévoiler un peu de moi à travers des photos de ma PAL, de l'endroit où je blogue et des endroits où je lis...

J'ai deux PAL

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la PAL avec les livres empruntés à la Bibliothèque
(il y a deux bibliothèques : Bibli Municipale et celle de mon travail)
et ceux des partenariats que je lis en priorité...

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la PAL de mes livres personnels, ceux que l'on m'a offert où que je me suis achetée,
cette PAL a du mal à diminuer, certains livres y sont présents depuis des années ! ! !

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Je bloggue le plus souvent assis sur mon lit (j'ai un portable...) ou parfois devant la télévision.

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Je lis beaucoup dans le Transilien pour aller ou revenir du travail
et un peu dans le métro

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Mais mon endroit préféré c'est mon lit, dessus ou dessous la couette !

 

Et à mon tour, je dois taguer d'autres personnes...
Je propose donc à Canel, Stephie, Pimprenelle, mrs Pepys
de reprendre ce TAG (si elles le veulent bien)... ainsi que ceux qui veulent !

 

25 février 2011

Kyoto Limited Express - Olivier Adam

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Lecture commune avec Nymphette, Anne, achille49, mrs pepys, Sharon 

kyoto_limited_Express Points – octobre 2010 - 156 pages

Quatrième de couverture :
Pour Simon Steiner, revenir à Kyoto, c'est retrouver les lieux du bonheur enfui. Sa vie ne se ressemble plus, pourtant ici tout demeure inchangé. Il déambule, entre mélancolie et ravissement, dans la douceur apaisante des souvenirs et des paysages. Un pèlerinage japonais sur la trace des absentes, au fil des temples, des ruelles et des bars.

Auteur : Olivier Adam, né en 1974, est l'un des auteurs les plus doués de sa génération. Certains de ses romans ont été adaptés au cinéma. Passer l'hiver, Falaises, A l'abri de rien et Des vents contraires.

Photographies : Arnaud Auzouy est né en 1976. Après des études de cinéma, il devient caméraman. Passionné de photographie, il découvre le Japon en 2006. Il y séjourne à plusieurs reprises. Kyoto Limited Express est son premier livre.

Mon avis : (lu en février 2011)
Voilà roman inédit d’Olivier Adam en dialogue avec 76 photos en couleur d’Arnaud Auzouy. Le texte d'Olivier Adam en page de gauche, et les superbes photos d’Arnaud Auzouy en page de droite.
Olivier Adam nous raconte le retour à Kyoto de Simon Steiner. Trois ans auparavant, Simon y a vécu avec sa femme Marie et sa fille Chloé. Mais maintenant, tout est différent : Chloé a disparu avec « ses quatre ans pour toujours » et Marie l'a quitté.
L'écriture est belle, simple, puissante, pleine de poésie. Simon est plein de mélancolie. Les descriptions de Kyoto sont très belles, tout comme les photos qui subliment parfaitement le texte. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les pas de Simon pour découvrir la ville de Kyoto magnifique et envoûtante.
J'aime beaucoup l'auteur Olivier Adam et dans ce livre inédit il fait même un petit clin d'œil (page 109) à son dernier livre Un cœur régulier qui se passe également au Japon. Bonne lecture !

Et maintenant, aller voir les avis de Nymphette, Anne, achille49, mrs pepys

Extrait : (début du livre)
Depuis combien de temps suis-je ici ? Des jours, des semaines, des mois. Peu importe. Dans cette ville le temps s'écoule sans forme ni contour, les jours se mêlent jusqu'à se confondre, fluides et désarmés. Il y a trois ans, lors de mon premier séjour ici, dès les premiers instants j'avais été saisi. Un sentiment de familiarité. D'accord immédiat. De Kyoto je n'avais rien découvert. J'avais tout reconnu. Comme si la ville, sa géographie, sa lumière, la texture de l'air, l'écoulement du temps étaient inscrits en moi depuis longtemps, depuis toujours. Parfois, au pied des collines, se devinaient un temple ou un sanctuaire, gardés par des animaux, des esprits, toutes ces créatures qui avaient émerveillé Chloé à l'époque, lui avaient donné l'illusion d'évoluer dans un de ces films qu'elle adorait. Miyazaki, Takahata. Elle entendait respirer les camphriers immenses du Shoren-in, elle touchait leurs racines à fleur de terre et ils lui murmuraient des secrets bien gardés, des trucs d'enfant, merveilleux et un peu mièvres. Je les regardais avec elle et je ne pouvais pas m'empêcher de me dire à mon tour que quelque chose les habitait, aujourd'hui encore assis sur le bois du temple, contemplant l'un d'eux, veillant immense et frissonnant sur le jardin de mousse aux reflets roux, je crois le voir frémir, j'entends battre son cœur, profond et doux, accordé au mien, délivré tant que je le fixe.

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Site d'Arnaud Auzouy

Lecture commune avec Nymphette, Anne, achille49, mrs pepys, Sharon  
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Livre 35/35 pour le Challenge du 5% littéraire1pourcent2010

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Géographie"

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23 février 2011

Indignez-vous ! - Stéphane Hessel

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Indigène - octobre 2010 - 32 pages

Quatrième de couverture :
« 93 ans. La fin n'est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l'expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d'honneur !
Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus, à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu'aux acquis bradés de la Résistance retraites, Sécurité sociale... Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l'homme... en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu'il appelle à une « insurrection pacifique ».       Sylvie Crossman

Auteur : Stéphane Frédéric Hessel, né le 20 octobre 1917 à Berlin, est un diplomate et militant politique français. Combattant de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale, puis déporté à Buchenwald, il a été Secrétaire de la Commission ayant élaboré à l'ONU la Déclaration universelle des droits de l'homme. C'est également un écrivain et poète.

Mon avis : (lu en février 2011)
Ce livre est le best-seller de la fin 2010 et du début 2011, plus de 1 million d'exemplaires de ce livre a été vendu. C'est mon fils de 15 ans qui l'a emprunté à la bibliothèque et me l'a fait lire. J'avais vu et entendu de nombreuses fois Stéphane Hessel nous présenter son livre à la télévision ou à la radio, l'homme est admirable, son discours est clair, posé. Dans son très court texte (14 pages), il est intéressant de découvrir le point de vu d'un homme de 93 ans avec son passé et son vécu. Pour Stéphane Hessel le «motif de base de la Résistance, c’était l’indignation», de nos jours « Les raisons de s'indigner peuvent paraître aujourd'hui moins nettes ou le monde trop complexe. »
Il nous incite à ne pas nous résigner à l'indifférence et à chercher des raisons de nous indigner pour avancer dans la vie. Voilà un beau témoignage plein de vitalité et source d'espoir.
Mais les pages que j'ai trouvé les plus intéressantes sont les deux pages de notes qui complètent très bien le livre et les quelques pages de l'éditrice qui nous raconte la vie longue et passionnante de Stéphane Hessel. Ce livre se lit en à peine un quart d'heure, ce livre étant sans droit d'auteur, on trouve des versions pdf sur la toile.

Extrait :
« Je crois effectivement que la non violence détient l’avenir. La non-violence détient le progrès de l’humanité. La violence ne les détient pas, même si on ne peut éviter la violence et par conséquent la condamner.

Et là, je rejoins Sartre, on ne peut pas condamner les terroristes qui jettent des bombes, on  peut les comprendre. Sartre écrit en 1947 : « Je reconnais que la violence sous quelque forme qu’elle se manifeste est un échec. Mais c’est un échec inévitable parce que nous sommes dans un univers de violence. Et s’il est vrai que le recours à la violence reste la violence qui risque de la perpétuer, il est vrai aussi c’est l’unique moyen de la faire cesser. » A quoi j’ajouterais que la non-violence est un moyen plus sûr de la faire cesser. On ne peut pas soutenir les terroristes comme Sartre l’a fait au nom de ce principe pendant la guerre d’Algérie, ou lors de l’attentat des jeux de Munich, en 1972, commis contre des athlètes israéliens. Ce n’est pas efficace et Sartre lui-même finira par s’interroger à la fin de sa vie sur le sens du terrorisme et à douter de sa raison d’être. Se dire, la violence n’est pas efficace, ça, c’est bien plus important que de savoir si on doit condamner ou pas ceux qui s’y livrent. Le terrorisme n’est pas efficace. Dans la notion d’efficacité, il faut une espérance non violente. S’il existe une espérance violente, c’est dans la poésie de Verlaine : « Que l’espérance est violente » ; pas en politique. A nouveau, je cite Sartre, ses tout derniers mots en mars 1980, à trois semaines de sa mort : « Il faut essayer d’expliquer pourquoi le monde de maintenant, qui est horrible, n’est qu’un moment dans le long développement historique, que l’espoir a toujours été une des forces dominantes des révolutions et des insurrections, et comment je ressens encore l’espoir comme ma conception de l’avenir. »

Il faut comprendre que la violence tourne le dos à l’espoir. Il faut lui préférer l’espérance, l’espérance de la non violence. C’est le chemin que nous devons apprendre à suivre. Aussi bien du côté des oppresseurs que des opprimés, il faut arriver à une négociation pour faire disparaître l’oppression ; c’est ce qui permettra de ne plus avoir de violence terroriste. C’est pourquoi il ne faut pas laisser s’accumuler trop de haine. »

22 février 2011

La chambre des morts – Franck Thilliez

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Le Passage – septembre 2005 – 311 pages

Pocket – juillet 2006 – 341 pages

Quatrième de couverture :
Imaginez... Vous roulez en pleine nuit avec votre meilleur ami, tous feux éteints. Devant vous, un champ d'éoliennes désert. Soudain le choc, d'une violence inouïe. Un corps gît près de votre véhicule. A ses côtés, un sac de sport. Dedans, deux millions d'euros, à portée de la main. Que feriez-vous? Vigo et Sylvain, eux, ont choisi. L'amitié a parfois le goût du sang: désormais le pire de leur cauchemar a un nom... La Bête.

Auteur : Né en 1973 à Annecy, Franck Thilliez est ingénieur en nouvelles technologies. Son premier roman Train d'enfer pour ange rouge (2003) a été nominé au prix Polar SNCF en 2004. Il est également l'auteur de Deuils de miel (2006) et La Forêt des ombres (2006). La Chambre des morts (2005), classé à sa sortie dans la liste des meilleures ventes et salué par la critique, a reçu le prix des lecteurs Quais du Polar 2006. Franck Thilliez vit actuellement dans le Pas-de-Calais.

Mon avis : (lu en février 2011)
C'est pour participer au Rendez-vous de Pimprenelle que j'ai entrepris de lire du Franck Thilliez.
Je n'avais pas été convaincu par ma première expérience avec La forêt des ombres
et j'ai voulu tenter une nouvelle fois l'expérience.
Vigo et Sylvain ont été récemment licenciés, pour se venger, ils sont aller taguer les murs de leur ancienne entreprise, en repartant ils vont faire un dernier trip dans le champ d'éoliennes à grande vitesse et feux éteints. Et c'est le choc ! Ils retrouvent alors près de la voiture, le corps d'un homme et un sac de sport plein de billets de banque. Que faire ? Appeler la police ou se débarrasser du cadavre et garder l'argent ?
En parallèle, non loin de là, le cadavre d'une petite fille, victime d'un enlèvement est retrouvé. Une autre fillette a disparu...
J'ai retrouvé dans cette histoire le côté morbide et sanglant du premier livre lu, malgré cela, j'ai réussi à apprécier cette intrigue en lisant ce livre avec une certaine distance. Je m'explique, j'ai essayé de faire abstraction des passages horribles pour éviter l'écœurement.
Il y a quelques jours, j'ai quand même emprunté à la bibliothèque Le syndrome [E] que je n'ai pas eu le temps de lire avant le Rendez-vous de Pimprenelle, ce sera une de mes futures lectures...

Extrait : (début du livre)
Depuis la nuit dernière, l'odeur avait encore empiré. L'infection ne se contentait plus d'imprégner les draps ou les taies d'oreiller, elle se diluait dans toute la chambre, tenace et nauséeuse. Une fois son tee-shirt ôté, la fillette l'avait écrasé sur son nez avant de nouer les extrémités autour de sa tête. Stratagème inefficace. Malgré la barrière de tissu, les molécules olfactives distribuaient leur poison invisible. Il est des fois où l'on ne peut rien contre plus petit que soi.
A travers les fenêtres verrouillées, l'été déversait une moiteur grasse, les mouches bourdonnaient, agglutinées en losanges émeraude sur un trognon de pomme pourri. De plus en plus, l'enfant se sentait impuissante face aux hordes ailées. Les insectes se multipliaient à une vitesse prodigieuse et fondaient sur le lit, trompes en avant, à chaque fois que la petite relâchait son attention. Bientôt, épuisée, affamée, elle serait forcée de capituler.
Même pas neuf ans et pourtant, déjà, l'envie de mourir.

Prochain Rendez-vous avec Pimprenelle
Yasmina_khadra
Yasmina Khadra

21 février 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [17]

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C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

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Omakayas - Louise Erdrich
La rivière noire - Arnaldur Indridason
Le poète - Michael Connelly
un livre de Franck Thilliez pour Découvrons un auteur chez Pimprenelle (pour le 22/02)
Kyoto Limited Express - Olivier Adam et Arnaud Auzouy (LC pour le 25/02)

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Faute de preuves - Harlan Coben

Que lirai-je cette semaine ?

Les lieux infidèles - Tana French (Partenariat Livraddict et LC pour le 28/02)
L’homme de Kaboul - Cédric Bannel

Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !

19 février 2011

Le poète – Michael Connelly

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Seuil – mai 1997 – 477 pages

Points – juin 1998 - 540 pages

Points - juin 2004 – 541 pages

Résumé :
Le policier Sean McEvoy est retrouvé mort dans sa voiture. Chargé d'une affaire de meurtre abominable, son enquête n'avançait pas. Lorsqu'il apprend le suicide de son frère, Jack, son jumeau, journaliste de faits divers, refuse d'y croire. En cherchant à comprendre, il découvre d'autres cas de policiers apparemment poussés au suicide par des meurtres non résolus. Tous ont été retrouvés avec, à leur côté, des lettres d'adieu composées d'extraits de poèmes d'Edgar Poe. Un effrayant tableau d'ensemble commence à se dessiner. Jack fait pression sur les agents du FBI pour qu'une enquête soit ouverte sur ces suicides en série.

Auteur : Michael Connelly est né le 21 juillet 1956 à Philadelphie. Il déménage avec ses parents en Floride en 1968. Il se marie et a une fille en 1997. Il est diplômé de l'Université de Floride, avec un bachelors degree en journalisme en 1980. Il travaille ensuite comme journaliste à Daytona Beach et Fort Lauderdale (Floride). En 1986, il est le co-auteur d'un article sur les rescapés d'un crash d'avion, qui figure parmi les finalistes pour le Prix Pulitzer, ce qui lui permet de devenir chroniqueur judiciaire pour le Los Angeles Times. Ses reportages sur les émeutes de Los Angeles en 1992 sont également remarqués et reçoivent le Prix Pulitzer (qu'il partage avec d'autres journalistes associés à ses reportages).
Il se lance dans la carrière d'écrivain en 1992 avec Les Égouts de Los Angeles, son premier polar, où l'on découvre le personnage de Harry Bosch, inspecteur du LAPD, le héros récurrent de la plupart des romans suivants. Il reçoit pour ce livre le prix Edgar du meilleur premier roman policier. Il abandonne le journalisme en 1994. Il écrit par la suite environ un roman par an, en obtenant régulièrement un succès en librairie. Son roman Le poète reçoit le prix Mystère en 1998 et Créances de sang le grand prix de la littérature policière.
Parmi les romans ne mettant pas en scène Harry Bosch, Créance de sang est adapté au cinéma en 2002 par Clint Eastwood, qui y incarne Terry McCaleb, un ex-agent du FBI. Dans La Défense Lincoln, il aborde le roman procédural qui lui permet d'utiliser son expérience passée de chroniqueur judiciaire.
Ayant quitté Los Angeles, il vit depuis 2001 à Tampa, en Floride.

Mon avis : (lu en février 2011)
Lorsque son frère jumeau Sean est retrouvé mort au volant de sa voiture de police, Jack McEvoy est persuadé qu'il ne s'est pas suicidé. Étant journaliste, il décide de mener l'enquête et découvre plusieurs autres cas de flics "suicidés". Il va mettre les enquêteurs du FBI sur la piste d'un redoutable meurtrier appelé le Poète car il signe ses meurtres par une phrase d'un poème d'Edgar Allan Poe.
Ce roman policier est une vrai réussite, l'intrigue est bien construite, le rythme est soutenu, des fausses pistes, des rebondissements surprenants et une fin inattendue... Je me suis régalée !

Extrait : (début du livre)
La mort, c'est mon truc. C'est grâce à elle que je gagne ma vie. Que je bâtis ma réputation professionnelle. Je la traite avec la passion et la précision d'un entrepreneur de pompes funèbres, grave et compatissant quand je suis en présence des personnes en deuil, artisan habile quand je suis seul avec elle. J'ai toujours pensé que, pour s'occuper de la mort, le secret était de la tenir à distance. C'est la règle. Ne jamais la laisser vous souffler dans la figure.
Hélas, cette règle, la même, ne m'a pas protégé. Quand les deux inspecteurs sont venus me chercher et m'ont parlé de Sean, une sorte de paralysie glacée m'a aussitôt envahi. C'était comme si je me retrouvais de l'autre côté de la vitre d'un aquarium. J'avais l'impression d'évoluer sous l'eau – dans un sens, puis dans l'autre, encore et encore – et de contempler le monde extérieur à travers une paroi de verre. Assis sur la banquette à l'arrière de leur voiture, j'apercevais mes yeux dans le rétroviseur : ils lançaient un éclair chaque fois que nous passions sous un lampadaire. Je reconnus ce regard fixe et lointain, celui des toutes nouvelles veuves que j'avais interrogées pendant des années.

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Lu pour le Baby Challenge - Polar organisé par Livraddict
Livre 10/20 Médaille en chocolat

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Sport/Loisirs"

Challenge 100 ans de littérature américaine 2011
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17 février 2011

La rivière noire - Arnaldur Indridason

la_rivi_re_noire Éditions Métailié – février 2011 – 300 pages

traduit de l'islandais par Éric Boury

Quatrième de couverture :
Dans un appartement à proximité du centre de la ville, un jeune homme gît, mort, dans un bain de sang sans qu’il y ait le moindre signe d’effraction ou de lutte. Aucune arme du crime, rien que cette entaille en travers de la gorge de la victime, entaille que le médecin légiste qualifie de douce, presque féminine. Dans la poche de Runolfur, des cachets de Rohypnol, médicament également connu sous le nom de drogue du viol… Il semblerait que Runolfur ait violé une femme et que celle-ci se soit ensuite vengée de son agresseur. Un châle pourpre trouvé sous le lit dégage un parfum puissant et inhabituel d’épices, qui va mettre Elinborg, l’inspectrice, amateur de bonne cuisine, sur la piste d’une jeune femme. Mais celle-ci ne se souvient de rien, et bien qu’elle soit persuadée d’avoir commis ce meurtre rien ne permet vraiment de le prouver. La fiole de narcotiques trouvée parmi d’autres indices oriente les inspecteurs vers des violences secrètes et des sévices psychologiques. En l’absence du commissaire Erlendur, parti en vacances, toute l’équipe va s’employer à comprendre le fonctionnement de la violence sexuelle, de la souffrance devant des injustices qui ne seront jamais entièrement réparées, et découvrir la rivière noire qui coule au fond de chacun.

Auteur : Arnaldur INDRIDASON est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de 6 romans noirs, dont plusieurs sont des best-sellers internationaux. Il est l’auteur de La Cité des Jarres (2005), Prix "Cœur noir" et Prix "Mystère de la critique", de La Femme en vert (2006), Grand Prix des lectrices de Elle, de La Voix (2007), L’Homme du lac (2008), Prix polar européen du Point, Hiver arctique (2009) et Hypothermie (2010).

Mon avis : (lu en février 2011)
Erlendur est parti en vacances sur les traces de son passé et c'est son adjointe Elinborg qui prend le relais pour enquêter sur la mort violente d'un jeune homme. Tout laisse à penser qu'il s'agit d'une histoire de viol sous emprise de Rohypnol (la drogue des violeurs) et la victime se serait retournée contre son violeur. Peu d'indices sur le lieu du crime... un châle pourpre avec une forte odeur de cigarette et de tandoori. La police va chercher des réponses à ses questions en fouillant la psychologie et le passé de la victime : Elinborg quitte Reykjavik et les siens pour rejoindre quelques jours un village de l'Islande profonde, victime du chômage et de l'exode rural...
Voilà une nouvelle enquête palpitante avec beaucoup d'hypothèses, de fausses pistes menée avec un regard différent, un regard féminin. C'est l'occasion pour le lecteur de mieux connaître le personnage d'Elinborg mariée à Teddi mécanicien et mère de trois adolescents, ayant la cuisine comme hobbie, sa vie privée est plutôt simple même si ses enfants qui grandissent l'empêche parfois de dormir.
Avec cette enquête Arnaldur Indridason dénonce certaines dérives de la société islandaise comme la violence de plus en plus présente, l'augmentation du nombre des viols et la justice qui punit si peu les coupables que les victimes se sentent méprisées.
Comme d'habitude, j'ai dévoré avec beaucoup de plaisir cette nouvelle enquête d'Indridason, Erlendur m'a un peu manquée, mais son adjointe a mené cette enquête de main de maître ! Erlandur est également évoqué plusieurs fois durant cette histoire et nous promet une prochaine aventure... Que j'attends comme toujours avec impatience !

Extrait : (début du livre)
Il enfila un jeans noir, une chemise blanche et une veste confortable, mit ses chaussures les plus élégantes, achetées trois ans plus tôt, et réfléchit aux lieux de distraction que l’une de ces femmes avait évoqués.
Il se prépara deux cocktails assez forts qu’il but devant la télévision en attendant le moment adéquat pour descendre en ville. Il ne voulait pas sortir trop tôt. S’il s’attardait dans les bars encore presque vides, quelqu’un remarquerait sa présence. Il préférait ne pas courir ce risque. Le plus important c’était de se fondre dans la foule, il ne fallait pas que quelqu’un s’interroge ou s’étonne, il devait n’être qu’un client anonyme. Aucun détail de son apparence ne devait le rendre mémorable ; il voulait éviter de se distinguer des autres. Si, par le plus grand des hasards, on lui posait ensuite des questions, il répondrait simplement qu’il avait passé la soirée seul chez lui à regarder la télé. Si tout allait comme prévu, personne ne se rappellerait l’avoir croisé où que ce soit.

Le moment venu, il termina son deuxième verre puis sortit de chez lui, très légèrement éméché. Il habitait à deux pas du centre-ville. Marchant dans la nuit de l’automne, il se dirigea vers le premier bar. La ville grouillait déjà de gens venus chercher leur distraction de fin de semaine. Des files d’attente commençaient à se former devant les établissements les plus en vogue. Les videurs bombaient le torse et les gens les priaient de les laisser entrer. De la musique descendait jusque dans les rues. Les odeurs de cuisine des restaurants se mêlaient à celle de l’alcool qui coulait dans les bars. Certains étaient plus soûls que d’autres. Ceux-là lui donnaient la nausée.
Il entra dans le bar au terme d’une attente plutôt brève. L’endroit ne comptait pas parmi les plus courus, pourtant il aurait été difficile d’y faire entrer ne serait-ce que quelques clients supplémentaires ce soir-là. Cela lui convenait. Il se mit immédiatement à parcourir les lieux du regard à la recherche de jeunes filles ou de jeunes femmes, de préférence n’ayant pas dépassé la trentaine ; évidemment, légèrement alcoolisées. Il ne voulait pas qu’elles soient ivres, mais simplement un peu gaies.
Il s’efforçait de rester discret. Il tapota une fois encore la poche de sa veste afin de vérifier que le produit était bien là. Il l’avait plusieurs fois tâté tandis qu’il marchait et s’était dit qu’il se comportait comme ces cinglés qui se demandent perpétuel- lement s’ils ont bien fermé leur porte, n’ont pas oublié leurs clefs, sont certains d’avoir éteint la cafetière ou encore n’ont pas laissé la plaque électrique allumée dans la cuisine. Il était en proie à cette obsession dont il se souvenait avoir lu la des- cription dans un magazine féminin à la mode. Le même journal contenait un article sur un autre trouble compulsif dont il souffrait : il se lavait les mains vingt fois par jour.
La plupart des clients buvaient une grande bière. Il en commanda donc également une. Le serveur lui accorda à peine un regard. Il régla en liquide. Il lui était facile de se fondre dans la masse. La clientèle était principalement constituée de gens de son âge, accompagnés d’amis ou de collègues. Le bruit devenait assourdissant quand ils s’efforçaient de couvrir de leurs voix le vacarme criard du rap. Il scruta les lieux et remarqua quelques groupes de copines ainsi que quelques femmes, attablées avec des hommes qui semblaient être leurs maris, mais n’en repéra aucune seule. Il sortit sans même terminer son verre.
Dans le troisième bar, il aperçut une jeune femme qu’il connaissait de vue. Il se dit qu’elle devait être âgée d’une trentaine d’années ; elle avait l’air seule. Elle était assise à une table de l’espace fumeur où se trouvaient d’autres personnes, mais qui n’étaient sûrement pas avec elle. Elle but une margarita et fuma deux cigarettes tandis qu’il la surveillait de loin. Le bar était bondé, mais il semblait bien qu’elle n’était sortie s’amuser avec aucun de ceux qui tentaient d’engager la conversation avec elle. Deux hommes avaient tenté une approche ; elle leur avait répondu non de la tête et ils étaient repartis. Le troisième prétendant se tenait face à elle. Tout portait à croire qu’il n’avait pas l’intention de s’en laisser conter.
C’était une brune au visage plutôt fin, même si elle était un peu ronde ; ses épaules étaient recouvertes d’un joli châle, elle portait une jupe qui l’habillait avec goût ainsi qu’un t-shirt de couleur claire sur lequel on lisait l’inscription “San Francisco” : une minuscule fleur dépassait du F.
Elle parvint à éconduire l’importun. Il eut l’impression que l’homme éructait quelque chose à la face de la jeune femme. Il la laissa se remettre et attendit un moment avant de s’avancer.

— Vous y êtes déjà allée ? demanda-t-il.
La brune leva les yeux. Elle ne parvenait pas vraiment à se souvenir où elle l’avait vu.
— À San Francisco, précisa-t-il, son index pointé vers le t-shirt.
Elle baissa les yeux sur sa poitrine.
— Ah, c’est de ça que vous parlez, observa-t-elle.
— C’est une ville merveilleuse. Vous devriez aller y faire un tour, conseilla-t-il.
Elle le dévisagea, se demandant sans doute si elle devait lui ordonner de décamper comme elle l’avait fait avec les autres. Puis, elle sembla se rappeler l’avoir déjà croisé quelque part.
— Il se passe tellement de choses là-bas, à Frisco, il y a de quoi visiter, poursuivit-il. Elle consentit un sourire.
— Vous ici ? s’étonna-t-elle.
— Eh oui, charmé de vous y voir. Vous êtes seule ?
— Seule ? Oui.
— Sérieusement, pour Frisco, vous devriez vraiment y aller.
— Je sais, j’ai... Ses mots se perdirent dans le vacarme. Il passa sa main sur la poche de sa veste et se pencha vers elle.
— Le vol est un peu cher, concéda-t-il. Mais, je veux dire... j’y suis allé une fois, c’était superbe. C’est une ville merveilleuse.
Il choisissait ses mots à dessein. Elle leva les yeux vers lui et il s’imagina qu’elle était en train de compter sur les doigts d’une seule main le nombre de jeunes hommes qu’elle avait rencontrés et qui utilisaient des termes comme “merveilleux”.
— Je sais, j’y suis allée.
— Eh bien, me permettez-vous de m’asseoir à vos côtés ?
Elle hésita l’espace d’un instant, puis lui fit une place. Personne ne leur prêtait une attention particulière dans le bar et ce ne fut pas non plus le cas quand ils en sortirent, une bonne heure plus tard, pour aller chez lui, en empruntant des rues peu fréquentées. À ce moment-là, les effets du produit avaient déjà commencé à se faire sentir. Il lui avait offert une autre margarita. Alors qu’il revenait du comptoir avec la troisième consommation, il avait plongé sa main dans sa poche pour y prendre la drogue qu’il avait versée discrètement dans la boisson. Tout se passait pour le mieux entre eux, il savait qu’elle ne lui poserait aucun problème.
La Criminelle fut contactée par téléphone deux jours plus tard. Ce fut Elinborg qui reçut l’appel et prit les choses en main. Des agents de la circulation avaient déjà fermé cette rue du quartier de Thingholt quand elle arriva sur les lieux, en même temps que les gars de la Scientifique. Elle vit le médecin régional de Reykjavik qui descendait de sa voiture. La Scientifique était tout d’abord la seule habilitée à accéder à la scène de crime afin de procéder à ses relevés. Elinborg l’avait gelée, pour reprendre l’expression consacrée des professionnels.
Elle s’était occupée du reste en attendant patiemment leur feu vert pour entrer dans l’appartement. Des journalistes de la presse écrite, de la télévision et de la radio s’étaient rassemblés sur place et elle les observait en plein travail. Ils se montraient insistants, certains étaient même insultants envers les policiers qui leur barraient l’entrée du périmètre. Elle en avait reconnu deux ou trois qui travaillaient pour la télévision, un présentateur minable récemment promu journaliste et un autre qui animait une émission politique. Elle se demandait ce qu’il fabriquait en compagnie de cette clique. Elinborg se souvenait qu’à ses débuts, lorsqu’elle était l’une des rares femmes dans les rangs de la Criminelle, les journalistes étaient plus polis et, surtout, nettement moins nombreux. Elle préférait ceux des quotidiens. Les représentants de la presse écrite s’accordaient plus de temps, ils étaient plus discrets et moins présomptueux que ceux qui avaient leur caméra à l’épaule. Certains étaient même de bonnes plumes.

 

 

Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert 

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Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Islande

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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