31 juillet 2010

Swap Scandinavia

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Un Swap Scandinavia est organisé par Isleene !

Avis à ceux qui veulent découvrir l'Europe du Nord, les fjords, les rennes, et spécialement la littérature scandinave…

inscription jusqu'au 31 juillet, c'est à dire ce soir... toutes les infos et renseignements ici.

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Nage libre – Nicola Keegan

nage_libre Éditions de l'Olivier - mai 2010 – 424 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Madeleine Nasalik

Quatrième de couverture :
Philomena n'est pas très à l'aise sur la terre ferme. Mais il lui suffit d'entrer dans l'eau pour se sentir à sa place. Quand elle nage, elle est puissante et libre. Lorsqu'un célèbre entraîneur la remarque dans une piscine du Kansas, une nouvelle vie commence pour elle. Philomena laisse place à "Pip", une jeune athlète promise à un avenir olympique. Une fois les médailles autour du cou, elle redevient fragile. Un autre défi l'attend. Parviendra-t-elle à le relever? Nage libre est bien plus qu'un récit initiatique sur une championne hors du commun. Ce texte atypique, porté par la voix étonnante de Pip, est une révélation. Nicola Keegan y imprime sa marque : un humour, une poésie et une énergie remarquables, salués dès sa sortie aux États-Unis.

Auteur : D'origine irlandaise, Nicola Keegan vit à Paris. Nage libre est son premier roman. Il est en cours de traduction dans une douzaine de pays.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Un livre plein d'émotions qui nous fait rire ou alors nous donne des larmes aux yeux.

Philomena est une drôle de fille. Le livre commence, elle est encore bébé et s'apprête à avoir son premier cours de bébés-nageurs. C'est l'instant où elle découvre que son élément c'est l'eau. Elle se réfugie à la piscine pour nager, nager, nager, sans réfléchir, sans penser... Elle oublie sa vie de tous les jours : la mort de sa sœur Bron, puis peu de temps après l'accident d'avion de son père. Elle oublie sa sœur Roxanne qui se drogue, son autre sœur Dot trop parfaite et sa mère devenue à moitié folle. Elle oublie ses complexes d'adolescente. Elle se sent libre et forte dans une piscine. Elle devient une championne, elle bat de nombreux records et gagne beaucoup de médaille. Mais malgré cela sa vie est difficile.

Philomena est à la fois touchante et parfois énervante. C'est une fille simple du Kansas qui a suivit un enseignement chez les sœurs, elle se sent en décalage avec ses camarades de classe ou de piscine. Elle est trop grande, sa famille est plutôt compliquée et Philomena est très lucide sur tout ce qu'elle vit... En résumé un très bon livre que je vous conseille de découvrir même si vous n'aimez pas aller à la piscine !

Extrait : (début du livre)
Assise dans les bras de Leonard, je lui saisis le nez. J'ai une frimousse préhistorique et je l'ignore encore, mon visage se fend d'un sourire béant, bouche grande ouverte, qui repousse un bourrelet sous mes yeux et me plonge momentanément dans le noir. Chaque fois que le monde s'obscurcit, je crie. La nature m'a dotée de sourcils étonnamment mobiles : quand je crie, ils crient avec moi. Leonard me tapote le dos, me fait sauter sur ses genoux ; il a les traits tirés, l'air hagard, le teint du même vert pomme que celui avec lequel les bonnes sœurs badigeonnent le rebord des fenêtres. Je me console en une fraction de seconde, j'appuie sur son gros nez de toutes mes forces sans soupçonner qu'une copie identique pointera au beau milieu de ma figure.

J'ai sept mentons aux dimensions et volumes divers , sept crevasses dans lesquelles se terrent des miettes que ma mère doit extirper avec minutie après le bain. Nous avons nos rituels : il ne se passe pas une matinée sans qu'elle se penche sur moi, un coton imbibé d'huile d'amande douce à la main et deux valises violettes sous les yeux, et sans que j'envoie valser, d'un mouvement de karatéka, la bouteille d'huile débouchée qu'elle tient de l'autre. Aujourd'hui, elle a éclaté en sanglots lorsque le flacon a projeté un jet d'huile luisante à travers la chambre après lui avoir frôlé l'oreille. Par solidarité, j'ai joint mes vagissements à ses larmes ; la graisse qui enrobe mes chevilles clapotait sur mes pieds monstrueux, tels des collants trop larges.

Je mène une vie simple : si quelque chose me déplaît, je crie tant que le problème n'est pas résolu. Je n'aime pas fermer les yeux car à l'intérieur de ma tête, la musique, les lumières et les gens que je connais s'échappent. Je n'aime pas rester seule, je n'aime pas rester seule avec Bron, je n'aime pas me retrouver seule dans mon lit ni me réveiller dans le siège-auto sans personne autour. Je n'aime pas sentir le silence autour de moi. Les fois où je m'endors bercée par les battements du cœur de ma mère, calquant le rythme de mon souffle sur le sien, et que je me réveille couchée sur le dos entre les barreaux de ma prison pastel, je me sens trompée, trahie. Je gémis, mes intestins vibrent sous l'effet de la rage et j'attends qu'on vienne s'occuper de moi ; c'est ma mère qui arrive généralement, inquiète et stupéfaite que sa deuxième petite soit l'antithèse absolue de la première, celle au nez en trompette et au sommeil de plomb. Jour, nuit, du pareil au même pour moi. Leonard essaie de réfléchir ; c'est peine perdue.

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Le rêve de Castro – Lucy Wadham

le_r_ve_de_castro Gallimard – avril 2005 – 350 pages

traduit de l'anglais par Patrice Carrer

Quatrième de couverture :
Astrid et Lola, deux sœurs vivant en exil à Paris, sont inextricablement mêlées aux luttes séparatistes basques qui font rage dans leur pays d'origine. Elles attendent la libération de Mikel, l'amant de Lola, qui vient de passer vingt ans en prison pour actes de terrorisme. Mais Mikel, à peine libéré, disparaît. Chacune de leurs côtés, les deux sœurs partent à sa recherche en Espagne...

Auteur : Née à Londres, Lucy Wadham vit aujourd'hui à Paris comme journaliste indépendante. Après L'île du silence (Série Noire n° 2649), dont les droits cinématographiques ont été achetés par John Malkovitch, Le rêve de Castro est son deuxième roman à paraître à la Série Noire.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
J'ai pris un peu par hasard ce livre à la bibliothèque en lisant la quatrième de couverture. Il était question de Pays-Basque et connaissant un peu la partie française, j'ai décidé de découvrir ce livre écrit par une anglaise vivant à Paris...
Astrid et Lola sont deux sœurs ayant une relation complexe. Astrid est une chirurgienne brillante qui se donne beaucoup dans son travail. Lola est prof de danse, elle attend des nouvelles de Mikel son petit ami qui a passé vingt ans en prison à la suite d'actes de terrorisme au Pays Basque. Mais Mikel veut oublier son passé et il ne veut pas renouer avec Lola... Celle-ci revient au Pays-Basque espagnol pour le rechercher. Astrid a caché à sa sœur qu'elle avait reçu ses dernières années des lettres de Mikel. Voulant fuir pour un temps sa vie parisienne, Astrid va rejoindre Lola dans leur maison natale durant son voyage en voiture elle va rencontrer Kader qui fuit lui aussi Paris et qui est blessé.
Ce livre se lit assez facilement, une histoire assez palpitante, beaucoup de questions se posent autour des différents personnages rencontrés : Astrid, Kader, Mikel, Lola, Txéma, Itxua et sur ce qui s'est vraiment passé lors de l'arrestation de Mikel. Je me suis également demandée plusieurs fois pendant ma lecture, pourquoi ce livre fait partie de la collection « série noire » et j'ai eu la réponse dans les toutes dernières pages...

Extrait : (page 19)
Étendue sur le côté droit, Lola surveillait les chiffres rouges du réveil ; et pourtant la sonnerie, quand elle retentit, vint percer son propre cœur. Elle sortit un bras de dessous le drap, pour interrompre ce vacarme. Le cœur de Lola était son point faible. D'après Astrid, il émettait un bruit de souffle et, de ce fait, ne serait jamais parfaitement fiable. Astrid lui avait fait cette remarque tout en maintenant le froid stéthoscope contre sa poitrine constellée de taches de rousseur, et Lola avait baissé les yeux vers les longs cils sombres de sa sœur, avec un demi-sourire. C'était le premier diagnostic d'Astrid et Lola était fière de son aînée, même si on ne lui apprenait rien en lui annonçant que son cœur était plus faible que fiable.

Oui, c'est un souffle au cœur, avait repris Astrid, en éloignant son visage de la poitrine de Lola et en enroulant son stéthoscope flambant neuf autour de sa main. Ne t'en fais pas, Lolita. C'est à surveiller, mais ce n'est pas grave.

Et Lola, après avoir reboutonné son chemisier, était allée chercher des bières dans le réfrigérateur, et elles avaient trinqué avec les bouteilles comme pour célébrer l'inauguration de leur nouvelle tâche commune, la surveillance de cœur.

Le réveil indiquait 06:31.

Mikel était libre depuis maintenant une minute. Il lui avait bien fallu ça, rien que pour découvrir le grand ciel de l'aube, le bleu d'un papillon exotique voletant au-dessus de sa tête, pour se retourner vers l'horizon d'une blondeur de bière, pour sortir un paquet de cigarettes de sa poche et tirer une bouffée en homme libre, la première depuis vingt ans.

En fermant les yeux, Lola aperçut son bien-aimé qui se tenait debout sur cette plaine aride, là-bas, le dos tourné aux grands murs de la prison, les jambes écartées, comme toujours. Comme si la terre risquait de se mettre à trembler sous ses pieds à tout moment.

Fume ta cigarette, Mikel. Aspire, l'approuva-t-elle à voix haute. Et elle se retourna sur le ventre et enfouit son large sourire dans l'oreiller.

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