29 juillet 2010

Echo – Ingrid Desjours

Livre lu dans le cadre du Partenariat avec Blog-O-Book et Pocket

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Plon – février 2009 – 310 pages

Pocket – juin 2010 – 347 pages

Quatrième de couverture :
Ils étaient beaux, riches et pervers. Leur émission pulvérisait l'audimat ; les invités en sortaient humiliés, insultés, blacklistés. Petite lucarne et jeux du cirque... Aujourd'hui, les Frères Vaillant ne sont plus. Et la scène de crime n'est pas belle à voir. En arrivant sur les lieux, le commandant Vivier constate l'horreur des mutilations. Les deux pantins semblent figés en un tableau grotesque, d'un effroyable sadisme. Et l'avis de Garance Hermosa, sexo-criminologue au profil incendiaire, confirme ce premier diagnostic. Certes, les jumeaux ne manquaient pas d'ennemis, mais ce degré de violence rituelle laisse deviner un véritable monstre... Pour le démasquer, le flic et l'experte devront se voir en son miroir sans entrer dans son jeu. Car le crime, comme l'écho, se répète...

Auteur : Née en 1976, Ingrid Desjours est psychologue spécialisée en psychocriminologie. Après quelques années de pratique en Belgique, notamment auprès de criminels sexuels (bilan psychologique et thérapie), elle décide d’exercer dans divers pays d'Europe, les fonctions de consultante en formation. Parisienne, elle propose avec Echo, un thriller psychologique novateur, angoissant et fascinant.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Le livre commence par le début d'un journal intime écrit par un enfant de huit ans. Puis nous découvrons le crime sordide de deux frères jumeaux animateurs de télévision dont l'émission pulvérisait l'audimat et qui savaient « casser » leurs invités. L'auteur va alterner des extraits du journal intime qui se prolonge jusqu'à nos jours et l'enquête que mènent conjointement Patrick Vivier, commandant de police, et Garance Hermosa, psychologue spécialisée en sexo-criminologie.
Le personnage de Garance est plutôt spéciale : elle a 25 ans, elle est très féminine, attirante et jolie. Elle est à la fois attachante et parfois froide et antipathique. Elle ne laisse pas indifférente et elle semble cacher un secret. Patrick est un flic de 50 ans, un peu bourru et blasé qui voudrait protéger Garance comme un père pour sa fille. Il est pourtant sous son charme. L'intrigue nous propose de nombreuses pistes et c'est seulement à la fin que l'on découvrira qui est l'auteur de ce journal intime et quel est le lien avec le crime. Pour ma part, je n'ai rien vu venir...

Merci à Blog-O-Book et aux éditions Pocket pour m'avoir permis de découvrir ce livre qui m'a fait passer un très bon moment sur la plage malgré quelques passages assez glauques...

Extrait : (page 17)
Patrick sortit de sa BMW cabossée, et claqua la portière sans prendre le soin de la verrouiller. Personne ne s'aventurerait à voler une telle épave, a fortiori celle d'un flic. L'air glacial de janvier et la pollution de Paris lui piquèrent les yeux. Il avait dormi trois heures, et petit-déjeuné d'un café et d'un cigarillo. Il avait sûrement une haleine de chacal, mais s'en foutait comme de sa première chemise. L'affaire était sérieuse, et l'odeur qui baignait la scène de crime devait être bien pire que celle de sa langue. Il marchait vite et atteignit l'immeuble rapidement. Il gravit les marches moquettées de rouge, deux par deux, jusqu'au cinquième étage, et pesta contre les propriétaires qui n'avaient même pas fait installer l'ascenseur. Les riches étaient souvent les plus radins. Il reprit son souffle sur le palier, frotta ses mains l'une contre l'autre et souffla dessus pour les réchauffer. Il avait perdu ses gants et ignorait s'il devait les chercher dans son tiroir à chaussettes ou bien au commissariat, mais comme ce genre d'investigation n'était pas son fort, il passerait sûrement l'hiver avec les doigts gourds et rougeauds. Il salua les gardiens de la paix postés à l'entrée, appliqua du baume du tigre sous son nez, et pénétra dans l'appartement des frères Vaillant.

Les frères Vaillant étaient les stars incontestées du PAF depuis bientôt cinq ans. Séduisants jumeaux d'une trentaine d'années, ils étaient apparus à l'occasion d'une émission musicale pour adolescents. Leur pugnacité et le ton acerbe sur lequel ils s'adressaient à des célébrités ou autres chanteurs, habitués à tous les égards, avaient fait décoller en moins de deux ans l'audimat de la chaîne. La maison de production leur donna par conséquent carte blanche pour préparer et animer une émission corrosive en prime time.

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La Chorale des maîtres bouchers – Louise Erdrich

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

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Albin Michel – janvier 2005 – 480 pages

LGF – mai 2007 – 568 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez

Quatrième de couverture :
1918. De retour du front, Fidelis Waldvogel, un jeune soldat allemand, tente sa chance en Amérique. Avec pour seul bagage une valise pleine de couteaux et de saucisses, il s'arrête à Argus, dans le Dakota du Nord où, bientôt rejoint par sa femme et son fils, il décide d'ouvrir une boucherie et de fonder une chorale, en souvenir de celle des maîtres bouchers où chantait son père. Des années 1920 aux années 1950, entre l'Europe et l'Amérique, ce roman à la fois épique et intime retrace le destin d'une famille confrontée au tumulte du monde.

Auteur : Née dans le Dakota en 1954, Louise Erdrich est, avec Sherman Alexie, l'une des grandes voix de la nouvelle littérature indienne d'outre-Atlantique. Si elle écrit, c'est pour réinventer la mémoire déchirée de ces communautés qui, aux confins des Etats-Unis, vivent sur les décombres d'un passé mythique. Mais l'auteur de L'Epouse antilope n'est pas seulement une ravaudeuse de légendes. Elle sait aussi marcher sur les brisées de ses illustres aînés, Faulkner ou Toni Morrison.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Ce livre est une magnifique histoire d'amour.
Entre Europe et Amérique des années 20 au années 50, on suit l'histoire de Fidelis Waldvogel un jeune soldat qui part pour l'Amérique après la Première Guerre Mondiale avec sa valise de couteaux et de de saucisses. Il est issu d'une famille de maîtres bouchers. Il va s'installer à Argus, une petite ville du Dakota Nord. Sa femme Eva et son petit garçon Franz viendront le rejoindre, ensemble ils ouvrirent une boucherie et Fidelis créera une chorale avec quelques hommes du village. Ensuite ils eurent trois autres garçons, Markus et les jumeaux Emil et Erich. Mais la grande aventure des Waldvoogel ne va également commencer avec leur rencontre avec un couple improbable : Delphine et Cyprian...

Un livre plein d'émotion et de tendresse, on y croise de nombreux personnages qui sont souvent attachants, parfois surprenants. On découvre le Dakota du Nord à travers de belles descriptions de paysages. Et à travers ces histoires poignantes, l'auteur évoque de nombreux thèmes comme l'amour, l'amitié, la mort, l'intégration, les racines, la maternité, le non-dit et l'absurdité des guerres. Une très belle lecture et je vous conseille de découvrir ce livre.

Extrait : (page 29)
Les saucisses lui firent traverser Minneapolis et un paysage d'ondulantes prairies, entrer dans la brusque étendue de plaines, de ciel immense, entrer dans le Dakota du Nord, où il vendit le dernier chapelet. Il quitta le train et longea le bord du quai de chemin de fer d'une petite ville. La bourgade était un entassement de joyeux bâtiments trapus, certains encadrés de fausses façades en demi-étage au-dessus de bannes et de vitrines, un ou deux en pierre calcaire et trois au moins en briques solides. Contre l'épouvantable absence de relief, l'endroit tout entier paraissait désarmé et ridicule, se dit-il, totalement ouvert à l'attaque et, étant adossé à une rivière, privé de voie de fuite. Il avait le sentiment d'un lieu provisoire, presque un campement, qu'une grande tempête ou une guerre pourrait niveler. Il lut le panneau ARGUS à voix haute et en retint le son. Il décrivit un cercle pour se repérer, épousseta le costume de son père, évalua qu'il était arrivé avec trente-cinq cents et une valise, désormais vidée de ses saucisses, contenant six couteaux, un aiguisoir et des pierres à aiguiser graduées. A l'ouest s'étendait l'horizon, et au sud, l'horizon. Au nord, c'était des rues plantées d'arbres à mi-croissance et des maisons d'aspect solide. Dans la rue principale, une banque neuve en pierre calcaire et un pâté de magasins en briques richement décorées s'étiraient vers l'est. Autour de lui, le vent ronflait avec une vaste indifférence qu'il trouva à la fois insupportable et réconfortante.

Il ignorait qu'il ne repartirait jamais. Il pensa simplement qu'il lui faudrait rester là, et travailler là, usant des instruments de sa profession, jusqu'à ce qu'il ait gagné suffisamment d'argent pour rejoindre la destination qu'il avait choisie en raison du caractère rigoureux de son pain. Puis il se demanda où, dans cette bourgade, on fabriquait le pain, d'où pouvait venir la bière, où l'on gardait frais le lait et le beurre, où les saucisses étaient préparées, les côtes de porc découpées et tranchées et la viande abattue. Rien ne lui fournit d'indice. Toutes les directions se ressemblaient. Alors il enfonça le chapeau de son père sur sa tête, fit redescendre d'une secousse les revers de son pantalon, et empoigna la valise.

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