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A propos de livres...
30 avril 2010

Hommage à Denis Guedj

Denis Guedj est un auteur que j'ai découvert avec son célèbre Théorème du perroquet et j'ai également déjà lu Les Cheveux de Bérénice et Zéro ou les cinq vies d'Aémer (avant l'existence de ce blog).

Je vous propose de lui rendre hommage en découvrant son œuvre, en lisant au moins un livre de Denis Guedj durant les 2 mois prochains.

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L’écrivain et mathématicien Denis Guedj, professeur d’histoire et d’épistémologie des sciences mais aussi comédien et scénariste, est mort samedi à l’âge de 69 ans, a annoncé sa famille.

Né en 1940 à Sétif (Algérie), il est l’auteur de nombreux essais et romans mettant en scène les sciences, les mathématiques et leur histoire. Il a collaboré au quotidien Libération jusqu'à 1997, écrivant des chroniques qui ont été rassemblées dans l’ouvrage La gratuité ne vaut plus rien (Le Seuil 1997).

Denis Guedj a atteint la notoriété en 1998 avec la publication de son roman Le Théorème du perroquet (Seuil), une odyssée sur l’origine et la petite histoire des mathématiques. Dans ce livre entre récit d’aventure et polar, il fait revivre la naissance des mathématiques, les lieux où elles ont été créées. On y apprend par exemple que les «chiffres arabes», de 1 à 9, ne sont pas si arabes que cela…

Il a aussi publié en 2000 Le Mètre du monde (Seuil) dans lequel il raconte comment le système métrique décimal s’est imposé pendant la Révolution française.

En 2005, il a publié un roman sur l’invention du zéro, à travers la vie de cinq femmes, à cinq époques différentes dans Zéro (Robert Laffont), et en 2007, chez le même éditeur Villa des hommes dans lequel il fait se rencontrer en 1917 dans un hôpital psychiatrique un vieux mathématicien allemand célèbre et un jeune soldat français.

Au cinéma, il a notamment écrit et réalisé une fiction documentaire La vie, t’en as qu’une en 1978. Il était enseignant à l’université Paris VIII.

(Source AFP)

Bibliographie :

  • La Méridienne (1987)

  • La Révolution des savants (1988)

  • L'Empire des nombres (1996)

  • La Gratuité ne vaut plus rien et autres chroniques mathématiques (1997)

  • Le Théorème du Perroquet (1998)

  • Génis ou le Bambou parapluie (1999)

  • Le Mètre du monde (2000)

  • La Bela - Autobiographie d'une caravelle (2001)

  • One Zero Show - Du point à la ligne (2001)

  • Les Cheveux de Bérénice (2003)

  • Zéro ou les cinq vies d'Aémer (2005).

  • Villa des hommes (2007)

  • Les mathématiques expliquées à mes filles (2008)

Je me propose donc de recenser toutes vos lectures régulièrement, il vous suffira de venir les signaler ici ou en utilisant "Contacter l'auteur" de mon blog lors de la parution de vos billets.

J'espère que vous serez nombreux à vous joindre à cet hommage et à diffuser l'information autour de vous. Merci d'avance.

Voir le 1er bilan de cet hommage... je propose de prolonger l'hommage jusqu'à fin septembre

Déja lu du même auteur :  guedj_le_theoreme_ Le Théorème du perroquet    

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30 avril 2010

Les disparus de Dublin – Benjamin Black

les_disparus_de_dublin Éditions Nil – janvier 2010 – 436 pages

traduit de l’anglais (Irlande) Michèle Albaret-Maatsch

Quatrième de couverture :
"Dans le service de médecine légale, il faisait toujours nuit. C'était un des trucs qui plaisaient à Quirke dans son boulot - avec cette impression d'y perpétuer des pratiques ancestrales, des techniques secrètes, une oeuvre trop sombre pour être accomplie en pleine lumière."
C'est là, dans son repaire, un soir d'ivresse, que le cadarvre d'une inconnue déclarée morte dans de troublantes circonstances va obliger Quirke à sortir de l'ombre - à se lancer dans une enquête que tous cherchent à lui faire abandonner. Car cette enquête, qui met en cause l'Eglise toute-puissante des années 1950, menace de dynamiter la haute société catholique, de Dublin à Boston. Et de gangréner l'âme de sa propre famille, en réveillant ses blessures les plus enfouies.

Il est médecin légiste, veuf, misanthrope, souvent soûl - bref, pas très catholique. Avec Quirke, John Banville a créé un héros que vous allez adorer.

Auteur : Benjamin Black, est le pseudonyme de John Banville. Né en 1945 à Wexford, en Irlande, John Banville vit à Dublin. Depuis son premier livre, Long Lankin (1970), son œuvre est saluée par la critique et récompensée par de nombreux grands prix littéraires. Ses derniers romans sont Éclipse (2002), Impostures (2003), Athena (2005) et La Mer (2007, couronné du prestigieux Booker Prize).

Mon avis : (lu en avril 2010)

Dublin dans les années 50, une atmosphère sombre, un anti-héros attachant, Quirke, médecin légiste veuf, alcoolique et solitaire. Au début, une infirmière quitte Dublin, elle prend en charge un bébé qu'elle doit confier à un orphelinat à Boston. Quirke surprend à la morgue son beau-frère Malachy, gynécologue, avec le dossier de Christine Falls. Où il a falsifié la cause de la mort. Pourquoi ? Mal refuse de donner des explications et Quirke va mener un enquête qui va impliquer sa propre famille et réveiller le passé...

L'intrigue n'est pas très surprenante mais c'est un roman noir qu'on ne lâche pas, « un page-turner » très bien écrit. Dans les dernières pages, le lecteur comprend qu'il a encore à apprendre sur le personnage de Quirke et son passé... J'attends donc de lire la suite des aventures de Quirke ! (trois volumes sont prévus...)

Extrait : (début du livre)
Elle était contente de prendre le paquebot-poste du soir, parce qu'elle avait l'impression qu'un départ matinal aurait été au-dessus de ses forces. A la fête, la veille, un des étudiants en médecine avait sorti un flacon d'alcool à 90° qu'il avait mélangé à de l'Orange Crush et elle s'était enfilé deux verres de ce breuvage, si bien qu'elle avait encore l'intérieur de la bouche irrité et qu'une sorte de tambour cognait derrière son front. Toujours dans le brouillard, elle avait passé la matinée au lit sans pouvoir fermer l'œil et en larmes la moitié du temps, un mouchoir sur les lèvres pour étouffer ses sanglots. Quand elle pensait à ce qu'elle avait à faire le jour même, à ce qu'elle devait entreprendre, elle avait peur. Oui, peur.

A Dun Laoghaire, trop énervée pour rester en place, elle fit les cent pas sur la jetée. Elle avait déposé son bagage dans sa cabine et était redescendue attendre sur le quai, comme on lui avait conseillé. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait accepté. Elle avait déjà cette proposition de boulot à Boston, alors bien sûr l'aspect financier avait joué mais elle avait dans l'idée que c'était plus lié à sa frousse de l'infirmière en chef, à sa frousse de dire non lorsque celle-ci lui avait demandé si elle voulait emmener l'enfant. Quand elle s'exprimait avec cette extrême douceur, l'infirmière en chef était particulièrement intimidante. « Maintenant, Brenda, avait-elle déclaré en la fixant de ses yeux saillants, je veux que vous réfléchissiez bien, parce que c'est une grosse responsabilité. » Tout lui paraissait bizarre, ses nausées, la brûlure de l'alcool dans sa bouche et le fait qu'elle ne portait pas son uniforme d'infirmière mais le tailleur en laine rose qu'elle avait acheté spécialement pour partir – son ensemble de voyage, comme si elle se mariait, alors qu'en fait de lune de miel elle allait se taper une semaine à s'occuper de ce bébé sans l'ombre d'un mari à proximité. « Vous êtes gentille, Brenda, avait affirmé l'infirmière en chef en se placardant un sourire plus effrayant qu'un de ses regards noirs, que Dieu soit avec vous. » Sûr que j'aurai besoin de Sa compagnie, songea-t-elle amèrement : il y aurait la nuit sur le bateau, puis le voyage en train jusqu'à Southampton le lendemain, puis cinq jours en mer, puis quoi ? Elle n'avait encore jamais quitté l'Irlande, sauf une fois, gamine, quand son père avait emmené toute la famille passer une journée à l'île de Man.

29 avril 2010

Tonton Clarinette – Nick Stone

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Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book et  Folio

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Gallimard – février 2008 – 605 pages

Folio – mars 2010 – 678 pages

traduit de l'anglais par Marie Ploux et Catherine Cheval

Ian Fleming Steel Dagger 2006

le Macavity Award 2007 du meilleur premier roman

Prix SNCF du polar européen 2009

Présentation de l'éditeur :

Sur l'île d'Haïti, l'héritage sanglant des Duvalier, père et fils, est encore vivace et des mères donnent aux enfants des pâtés de boue qu'ils mangent pour tromper la faim. Le vaudou domine les esprits. Dans la jungle ou les rues colorées et misérables des villes, des enfants disparaissent depuis des décennies. Et si la population invoque dans le secret des murmures un dieu charmeur et terrifiant qui hypnotiserait ses victimes en jouant de la flûte, Max Mingus, à la recherche d'un disparu, s'efforce avec de plus en plus de mal à rester rationnel. Tueur en série ? Voleur d'âmes ? Meurtres en famille, rites sacrificiels ou " prélèvements " pour les filtres des sorciers ?... En Haïti, ce sont les morts qui gouvernent. A trop l'oublier, on croise vite leur route...

Auteur : Nick Stone est né à Cambridge en 1966. Son père, Norman Stone, est historien et sa mère descend des Aubry, une des plus anciennes familles haïtiennes. Après avoir vécu ses premières années en Haïti, Nick est retourné en Angleterre en 1971 afin d'y achever ses études. C'est lors d'une année passée à Port-au-Prince, au milieu des années 1990, que l'intrigue de Tonton Clarinette a commencé à prendre forme. Nick Stone est marié et vit à Londres.

Mon avis : (lu en avril 2010)

Autrefois, Max Mingus était un policier de Miami spécialisé dans les disparitions d'enfants. Lors d'une enquête qui concernait la fille d'un de ses amis, Max tua de sang-froid les trois meurtriers et il fut condamné à une peine de sept ans de prison à New York. À sa sortie, de retour à Miami, Max fait la rencontre de Carver, un banquier haïtien qui veut l’engager pour retrouver son fils, Charlie, disparu depuis deux ans. Le banquier promet une récompense de plusieurs millions de dollars ! Pour oublier son passé et le souvenir de sa femme morte dans un accident juste avant sa libération, Max s’envole pour Port-au-Prince rencontrer la famille Carver et commencer son enquête. L'histoire se situe fin 1996, René Préval est président, l'île est ruinée et sous occupation de l’armée américaine et de l’ONU.

L'auteur n'est pas à proprement dit haïtien, mais il nous décrit magnifiquement l'île d'Haïti, terre de pauvreté et de misère, ses habitants, ses croyances et ses mœurs.

Ce livre n'est pas seulement un thriller mais un voyage à Haïti, on découvre l'ambiance d'un pays de tous les contrastes : celle du quartier de la Cité Soleil, immense bidonville de Port-au-Prince, l'importance de la religion vaudoue ou de la magie noire... L'auteur nous rappelle également la sanglante et accablante histoire politique de la république haïtienne.

Un excellent livre bien écrit, ensorcelant, à la fois un superbe roman policier avec son intrigue implacable, ses personnages hauts en couleurs et un voyage fascinant et fort bien documenté en Haïti. A découvrir !

Mais qui est donc Tonton Clarinette ? « Tonton Clarinette c'est une légende urbaine, une histoire que les parents racontent aux enfants pour leur faire peur. « Sois sage ou Tonton Clarinette va venir te chercher ! » Il fait comme le joueur de flûte d'Hamelin : avec sa musique, il ensorcelle les gamins, les entraîne à sa suite, et ils disparaissent à jamais. »

Un grand merci à Blog-O-Book et aux éditions Folio pour cette lecture magnifique.

Extrait : (page 117 et page 120)

Vu du ciel, Haïti ressemble à une pince de homard dont on aurait croqué le meilleur – le gros bout charnu. Après Cuba, si verdoyante, et toutes les autres petites Antilles qu'ils avaient survolées, l'île avait quelque chose de totalement incongru. A voir ses paysages arides et comme décapés à l'acide et ses sols couleur rouille rouillée, c'était à se demander s'il y poussait des arbres ou de l'herbe. Lorsque l'avion passa au-dessus de la zone frontalière avec la République dominicaine voisine, le tracé de la ligne frontière entre les deux États sauta aux yeux de Max, aussi net que sur une carte de géographie : d'un côté, un désert sec comme un vieil os, de l'autre, une oasis luxuriante. [...]

En émergeant de l'avion, Max fut saisi par la chaleur irrespirable qui se plaqua sur lui telle une couverture, si lourde que la petite brise qui soufflait était impuissante à la déloger ou même à la soulever. A côté de ça, les pires canicules de Floride paraissaient frisquettes.

Il descendit la passerelle sur les talons de Wendy, son gros sac de voyage à la main, les poumons envahis par ce qui était moins de l'air que de la buée, et se mit aussitôt à transpirer par tous les pores de sa peau.

Côte à côte, ils emboîtèrent le pas aux autres passagers qui se dirigeaient vers le terminal. Wendy remarqua le visage congestionné de Max et son front luisant de sueur.

« Félicitez-vous que ça ne soit pas l'été ! lui lança-t-elle. Imaginez-vous en Enfer en manteau de fourrure et vous aurez une idée de ce que c'est ici ! »

Répartis par groupes de dix sur les pistes, des marines, manches retroussées, chargeaient des caisses et des cartons dans des camions, relax, décontractés, prenant tout leur temps. L'île était à eux pour toute la durée qu'il leur plaisait.

Livre lu dans le cadre du partenariat logo_bob_partenariat et  folio_policier

28 avril 2010

Fille noire, fille blanche – Joyce Carol Oates

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

fille_noire__fille_blanche Philippe Rey – octobre 2009 – 380 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Claude Seban

Présentation de l'éditeur :

Elles se rencontrent au cœur des années soixante-dix, camarades de chambre dans un collège prestigieux où elles entament leur cursus universitaire. Genna Meade, descendante du fondateur du collège, est la fille d'un couple très " radical chic ", riche, vaguement hippie, opposant à la guerre du Vietnam et résolument à la marge. Minette Swift, fille de pasteur, est une boursière afro-américaine venue d'une école communale de Washington. Nourrie de platitudes libérales, refusant l'idée même du privilège et rongée de culpabilité, Genna essaye sans relâche de se faire pardonner son éducation élitiste et se donne pour devoir de protéger Minette du harassement sournois des autres étudiantes. En sa compagne elle voit moins la personne que la figure symbolique d'une fille noire issue d'un milieu modeste et affrontant l'oppression. Et ce, malgré l'attitude singulièrement déplaisante d'une Minette impérieuse, sarcastique et animée d'un certain fanatisme religieux. La seule religion de Genna, c'est la piété bien intentionnée et, au bout du compte inefficace, des radicaux de l'époque. Ce qui la rend aveugle à la réalité jusqu'à la tragédie finale. Une tragédie que quinze ans - et des vies détruites - plus tard, elle tente de s'expliquer, offrant ainsi une peinture intime et douloureuse des tensions raciales de l'Amérique.

Auteur : Née en 1938, Joyce Carol Oates a publié son premier roman en 1963. Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, professeur de littérature à Princeton, titulaire de multiples récompenses littéraires (dont le prix Femina étranger en 2005), Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place au premier rang des écrivains contemporains avec Blonde, Eux, Bellefleurs, Confessions d’un gang de filles, Nous étions les Mulvaney.

Mon avis : (lu en avril 2010)

Ce livre se passe aux États-Unis, à l'automne 1974, c'est la rentrée du Schuyler College. Deux étudiantes Minette, fille noire et Genna, fille blanche vont partager la même chambre de Haven Hall, une cité universitaire. La première, Minette Swift, est l’une des rares afro-américaines du campus, elle est d'origine modeste, fille d'un pasteur d'une église évangéliste de Washington. Elle a pu entrer à Schuyler School, grâce à une bourse d’étude, elle est la première de sa famille à faire des études supérieures. La seconde, Genna Meade, est l'arrière petite-fille du fondateur de la Schuyler School, elle est issue d’une famille aisée. Son père Max Meade est un célèbre avocat, défenseur des droits civiques. Elles sont toutes deux très différentes de caractère, Minette est disgracieuse, distante et froide, elle évite les contacts avec les autres élèves. Genna est élancée et elle est attentive à son prochain. Genna est déterminée à devenir l'amie de Minette, malgré le comportement de cette dernière qui l'ignore ou la repousse.

C'est Genna qui est la narratrice de ce «texte sans titre», revient, quinze après, sur sa première année d'université et son amitié ratée avec Minette. En effet, dès les premières lignes du livre, on sait que cette année se terminera par un drame. Et Genna se sent coupable de pas l'avoir empêchée. «Chaque jour de ma vie, depuis sa mort, j'ai pensé à Minette et au supplice de ses dernières minutes, car j'étais celle qui aurait pu la sauver, et je ne l'ai pas fait. Et personne ne l'a jamais su.» A travers ce livre on découvre les relations raciales qu'il existait à cette époque et l'on suit également les combats qui occupe Max Meade et le rend absent auprès de sa famille. Ces passages concernant Max Meade m'ont semblé brouiller un peu la cohérence du récit. Mais à part cette réserve, j'ai lu facilement et avec beaucoup d'intérêt ce livre. A découvrir !

Extrait : (page 203)

Nous étions camarades de chambre et amies. Peu à peu nous étions devenues amies. Mais Minette demeurait distante, réservée. On aurait pu dire que notre amitié était à sens unique, mais il me semblait que Minette m’aimait bien et m’acceptait. Son unique amie ! Son unique amie au Schuyler College.
Je fis sécher son gant en cachette. Lorsque je lui apportai, elle le regarda d’un air sceptique et me le prît avec lenteur. « Il est tout rétréci. »
Je lui expliquai que je l’avais trouvé dans le caniveau et que j’avais dû le laver. Minette l’enfila en forçant, plia les doigts. Parodiant l’accent des nègres du Sud, comme elle le faisait parfois pour produire un effet comique, elle dit : « Par-don, mais ce n’est pas mon gant.
- Quoi ? C’est ton gant. »
Mais je n’en étais plus si sûre. Minette était assise à son bureau, j’étais debout à côté d’elle. Nous examinâmes le gant sous toutes ses coutures, tandis qu’elle tournait lentement la main. « Non, ce n’est as le même. Un vieux machin jeté dans la rue, voilà ce que c’est.
- Où est l’autre gant, Minette ? On pourrait comparer.
- Pas besoin. Je t’ai dit que ce n’était pas le mien. »
Son visage s’était fermé. Elle était d’humeur irritable, je n’aurais pas dû l’interrompre : courbée sur sa table, elle travaillait à des problèmes de calcul en s’agitant et en soupirant. De temps en temps, elle ouvrait un tiroir pour y prendre des morceaux du crumble à la pêche que sa mère lui avait envoyé, arrosant de miettes ses papiers, ses vêtements et le sol.
« Si ce vieux machin te va, tu n’as qu’à le prendre », dit-elle en riant.
Elle retira le gant et me le jeta, à la façon d’une sœur aînée taquinant sa cadette. Je me dis que c’était un geste familier supposant une certaine affection ; je n’avais pas envie de penser qu’il supposait du mépris.

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

Déjà lu du même auteur : nous__tions_les_Mulvaney Nous étions les Mulvaney

27 avril 2010

Les tribulations d'une caissière – Anna Sam

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Stock – mars 2008 – 191 pages

Éditions de la Loupe - février 2009

Succès du livre éditions - février 2009

LGF – avril 2009 – 185 pages

Présentation de l’éditeur :

Que voit-on du monde et des gens quand on les voit du point de vue d’une caissière de grande surface ? Que sait-elle de nous en voyant ce que nous achetons, ce que nous disons, les questions que nous posons ? Le passage en caisse est en réalité un moment très particulier. À tort, nous pensons que tout est neutre dans cette opération et nous ne nous surveillons pas. La caissière est pour nous un regard aveugle, à la limite elle est elle-même une machine. Nous nous montrons donc comme nous sommes. Et lorsque la caissière s’appelle Anna Sam, qu’elle est titulaire d’une licence de lettres et qu’elle n’a pas les yeux dans la poche de sa blouse, elle saisit sur le vif nos petits mensonges, nos petites lâchetés, nos habitudes plus ou moins bizarres, et elle en fait un livre qui ne ressemble à aucun autre.

Auteur : Anna Sam a vingt-huit ans, elle est titulaire d’une licence de lettres modernes et a travaillé plusieurs années dans la grande distribution.

Mon avis : (lu en avril 2010)

Un livre qui se lit facilement et rapidement, c'est un blog qui a été repris dans un livre.

C'est un recueil d'anecdotes que vit une caissière à longueur de journées... C'est le style d'un blog avec beaucoup d'humour, on découvre la réalité du travail de caissière, les conditions de travail, les clients désagréables qui oublient que la caissière est aussi une personne !

Après cette lecture, au supermarché, je ne regarderai plus de la même façon la caissière et les autres clients...

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Une adaptation en bande dessinée a été faite par Akita et Wol.

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Extrait : (page 11)

Félicitations ! Vous avez enfin décroché un entretien et vous avez même été embauchée.

Bienvenue dans la belle famille de la grande distribution. Vous voici donc devenue caissière... pardon ! Hôtesse de caisse. Vous vous sentez tout de suite beaucoup plus sexy, non ? L'entretien d'embauche n'aura duré que quelques minutes histoire de vous faire répéter ce qu'il y a déjà sur votre CV et de vous demander un RIB.

Des tests psychotechniques ? Un peu de calcul mental ? Et puis quoi encore ? !... Pourquoi pas un test de graphologie ! Vous devenez caissière, pas notaire !

C'est votre premier jour...

et déjà il va falloir être rentable. Alors pas de temps à perdre. Formation sur-le-champ. Pas de panique. Une «ancienne» va vous prendre sous son aile au moins... un quart d'heure ou... une matinée, si c'est votre jour de chance, ou... deux jours, si vous avez un responsable sympa (ça existe encore, je vous le jure). Il n'y a aucune règle.

On commence par le tour du magasin (vite fait, hein, y a pas que ça à faire non plus). Vous allez découvrir les vestiaires, la salle de pause, la casse – ou la poubelle si vous préférez : tous les produits devenus invendables finissent là ; vous aurez la chance de vous y rendre souvent -, la caisse centrale où vous récupérez votre caisson et... et c'est tout.

Vous connaissez dorénavant suffisamment le magasin pour commencer à bosser. Pour découvrir votre lieu de travail ? Vous aurez tous vos temps de pause et cela agrémentera vos coupures de manière festive.

La première fois que vous traversez la ligne de caisse avec votre belle uniforme Chanel ou Dior... ou votre blouse super moche (tout dépend du magasin, du style de clientèle visée) et votre caisson sous le bras rempli de fric (l'équivalent de plusieurs jours de salaire quand même), il y a de grandes chances que vous soyez un peu intimidée.

Respirez un bon coup, ça va passer.

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26 avril 2010

Starvation Lake – Bryan Gruley

starvation_lake Le Cherche Midi – janvier 2010 – 471 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Benjamin Legrand

Présentation de l'éditeur :

L'État du Michigan, vaste étendue de la région des Grands Lacs à la frontière canadienne, connaît des hivers rigoureux, où l'ennui est souvent aussi mortel que le blizzard. C'est là, dans la ville de Starvation Lake où il est né et a grandi, que Gus Carpenter est revenu pour s'occuper du journal local après une brillante carrière dans un grand quotidien national. Cette petite communauté où tout le monde connaît tout le monde est en état de choc le jour où la motoneige de l'ancien entraîneur de hockey disparu vingt ans plus tôt refait surface au milieu d'un lac gelé, criblée d'impacts de balles. Ancien joueur de l'équipe, Gus va chercher à élucider ce mystère, qui le touche de près. Cette petite société qu'il croyait pourtant bien connaître ne va pas tarder à révéler des secrets tous plus sombres et sordides les uns que les autres. Alliant une efficacité propre au thriller américain et un sens de l'atmosphère et des personnages proche de certains romanciers nordiques comme Henning Mankell ou Arnaldur Idridason, Bryan Gruley nous offre, avec ce premier roman au suspense constant, salué par une critique unanime, un portrait sans concession d'une petite ville de province et de ses turpitudes.

Auteur : Bryan Gruley est originaire du Michigan. Il travaille aujourd'hui à Chicago pour le Wall Street Journal. Starvation Lake est son premier roman.

 

Mon avis : (lu en avril 2010)

Starvation Lake est une petite ville américaine située proche de la frontière canadienne où le hockey sur glace à permis son essor économique. Mais le 14 mars 1988, l'entraineur Jack Blackburn dit Coach disparaît lors d'un accident de motoneige.

Dix ans plus tard, la motoneige réapparaît au milieu d'un lac gelé, elle comporte un impact de balle et l'enquête sur la disparition de l'entraineur va être réouverte. C'est Gus Carpenter ancien joueur de hockey, qui est journaliste au Pilot, le journal local, qui va essayer de comprendre ce qui c'est réellement passé ce jour là. A cette époque, il était journaliste à Détroit. Au début, l'auteur nous présente les lieux, les personnages, le passé ainsi que le début de l'enquête. On découvre Gus Carpenter qui est un journaliste intègre et consciencieux. Puis l'histoire nous entraîne dans le monde du hockey sur glace, Gus était gardien dans l'équipe entraînée par Blackburn, dans le monde du journalisme et des affaires sans oublier l'ambiance des petites villes où les secrets sont nombreux.

Après un début un peu lent et des descriptions du jeu de hockey qui peuvent être rébarbatives mais qui pour ma part m'ont bien intéressée, le lecteur se laisse prendre par l'histoire curieux et pressé de connaître le dénouement. J'ai bien aimé ce roman policier et j'ai passé un bon moment à Starvation Lake en suivant l'enquête de Gus Carpenter.

Extrait : (page 21)

Mon pick-up descendait la deux-voies gelée qui serpentait entre les pins vers Walleye Lake. Je m'étais souvent demandé pourquoi on avait donné ce nom à ce lac car personne n'avait jamais attrapé la moindre perche dans ses eaux boueuses et saturées d'herbes. Une carpe, peut-être, ou une truite idiote. Mais jamais une perche.

J'avais grandi à quelques miles de là, sur les rives du lac de Starvation. Mon père était mort d'un cancer du côlon quand j'avais 7 ans, et donc j'avais grandi avec ma mère dans notre maison jaune en planches, sur la rive méridionale du lac. Nous avions un ponton délabré, un radeau plongeoir, et une barque de pêche avec un moteur hors-bord de 10 chevaux, tout ce dont un gamin a besoin pour adorer les étés sur un lac bleu et clair. Durant les longs hivers, je jouais goal, le petit mec à peine plus grand que le filet, avec l'équipe des jeunes de la ville, les Rivers Rats. J'étais le goal de l'équipe qui avait battu pour la première fois les très puissantes équipes de Détroit, alors que personne n'imaginait que c'était possible. Et j'étais aussi le gardien qui avait encaissé un but dans les prolongations, but qui avait coûté notre seule et unique chance de remporter le championnat d'État.

C'était un manque de veine vraiment extraordinaire, une faute stupide qui nous coûta le titre du Michigan dans notre propre patinoire, ici, dans notre ville, devant quasiment tous les gens vivant à 50 kilomètres à la ronde. Je ne pouvais pas vraiment les blâmer de ne pas me pardonner, de me traiter de «passoire», d'«entonnoir» et de «pylône» derrière mon dos, et parfois même en face, s'ils avaient assez picolé. Je m'étais rejoué mon erreur dans ma tête un million de fois. J'avais du mal à me la pardonner, moi aussi.

Bien évidemment, cela n'aurait pas dû avoir une telle importance. Nous n'étions que des gamins jouant au hockey. Mais quand les River Rats qui nous succédèrent échouèrent de nouveau au championnat d'État, de très peu, les gens du coin en conclurent que mon ratage avait jeté pour toujours une malédiction sur eux. Mon entraîneur, Jack Blackburn, semblait d'accord avec ça. Tout le monde l'appelait Coach, moi le premier. C'était le type qui m'avait appris à jouer goal quand je n'étais qu'un tout petit garçon à qui son papa manquait, qui était devenu ami avec ma mère et qui venait dîner le dimanche et nous régalait, maman et moi, d'histoires sur ses triomphes au hockey dans son pays natal, le Canada. Mais après cette défaite en finale d'État, mon entraîneur n'eut plus grand chose à dire. C'était comme s'il avait effacé de son cerveau et de son cœur tout ce qui me concernait. On se croisait encore à la patinoire ou dans la rue et il disait : «Salut, Gus», et je répondais : «Hé, Coach», et il poursuivait sa marche et je le regardais s'éloigner. Il avait arrêté de venir dîner aussi.

22 avril 2010

En pause...

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Je pars quelques jours de vacances, à très bientôt !

21 avril 2010

Le Prince des Marées – Pat Conroy

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (17/26)

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

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Belfond – juin 2002 – 588 pages

Pocket – juin 2004 – 1069 pages

traduit de l'américain par Françoise Cartano

conroy_prince Presse de la Renaissance - 1988

conroy_prince_1988_france_loisir France Loisir - 1988

le_prince_des_mar_es_j_ai_lu1_x le_prince_des_mar_es_j_ai_lu2_x J’ai lu – 1989 – 470 pages + 472 pages

le_prince_des_mar_es_1 Presse de la Renaissance - Mars 1998

le_prince_des_mar_es_j_ai_lu1 le_prince_des_mar_es_j_ai_lu2 J’ai lu – janvier 1999 – 469 pages

Quatrième de couverture

Il y avait le père, Henry Wingo, pêcheur de crevettes, violent buté. La mère, Lila, belle, ambitieuse, monstrueuse. Et les disputes, les cris, les coups... Luke, le fils aîné, Tom et Savannah, les jumeaux, auraient peut-être pu, malgré tout, sortir indemnes de leur enfance saccagée. Car ils avaient l'île Melrose, les marais, le parfum d'eau salée de la Caroline du Sud, l'or de ses lunes et de ses soleils... Peut-être auraient-ils échappé aux stigmates du passé, s'il n'y avait eu ce moment d'horreur absolue, un soir, dans la petite maison blanche. Et si leur mère ne leur avait pas imposé le silence, les condamnant ainsi à revivre le drame, jour après jour, nuit après nuit. Dans une Amérique actuelle et méconnue, au cœur du Sud profond, un roman bouleversant qui mêle humour et tragédie.

Auteur : Né à Atlanta en 1945, Pat Conroy publie son premier roman en 1972, mais c'est Le grand Santini (1989) qui le fait vraiment connaître du public. Il rencontre un succès international avec Le Prince des Marées, qui sera adapté au cinéma en 1991 par Barbara Streisand. Il publiera ensuite Beach music et Saison noire.

Mon avis : (lu en avril 2010)

J'avais entendu beaucoup de bien sur ce livre et j'avais très envie de le lire, j'ai profité du début des vacances pour m'y plonger... Et j'ai eu du mal à ne pas le lâcher...

Pour sauver sa sœur jumelle qui est dans un hôpital psychiatrique à la suite d'un suicide, et aider sa psychiatre à mieux comprendre Savannah Tom va lui raconter l'histoire de son enfance et de sa famille en dévoilant peu à peu les secrets qu'il avait enfoui au fond de sa mémoire. La famille Wingo vit en Caroline du Sud, sur l'île de Melrose. Le père est violent, la mère belle et ambitieuse ne supporte pas d'être l'épouse d'un simple pêcheur de crevettes. Les trois enfants Luke, Tom et Savannah sont solidaires et s'adorent pour supporter la vie que leurs imposent leurs parents. Tom nous raconte cette enfance dramatique avec un humour grinçant pour marquer un certain détachement avec ce qu'il a vécu.

Ce fut une lecture captivante, émouvante et magnifique ! Il y a de superbes descriptions du Sud profond des États-Unis, une histoire sombre, bouleversante qui tient le lecteur en haleine et des personnages hauts en couleur.

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Ce livre a également été adapté au cinéma dans un film américain réalisé en 1991 par Barbra Streisand , avec Barbra Streisand, Nick Nolte, Blythe Danner.

Extrait : (page 106 - Edition Presses de la Renaissance 1988)

Le samedi avant son départ pour la Corée, mon père nous emmena en voiture et nous quittâmes Atlanta avant l'aube; après avoir garé la voiture, il nous entraîna sur le chemin pédestre qui montait au sommet de Stone Mountain d'où nous regardâmes le soleil se lever dans le ciel de l'est. C'était la première montagne que nous eussions jamais vue, à plus forte raison gravie. Debout sur la crête de granité, avec la lumière qui nous arrivait de Géorgie, nous avions l'impression d'avoir le monde entier couché à nos pieds. Loin, très loin, nous voyions le modeste horizon d'Atlanta se dessiner dans le soleil. Sur le flanc de la montagne, les effigies à demi achevées de Robert E. Lee, Jefferson Davis et Stonewall Jackson étaient sculptées dans le roc, et ces cavaliers sans corps caracolaient dans le granité en une chevauchée intemporelle.

Ma mère avait préparé un pique-nique et elle étala une nappe blanche au sommet du plus grand morceau de granité visible au monde. C'était un jour clair et sans vent, et la nappe adhéra comme un timbre-poste au rocher. Nous, les enfants, nous chahutions gentiment avec notre père sur cette montagne que nous avions pour nous seuls. Ce fut au sommet de Stone Mountain que j'eus un premier aperçu de la véritable nature du caractère de mon père et de la façon dont mon enfance en serait affectée. Ce jour-là, j'eus la révélation soudaine et aiguë des dangers courus par notre famille.

– Pourquoi est-ce que tu dois retourner faire des guerres, papa ? demanda Savannah à mon père qui était couché à plat dos, la tête contre la pierre et le regard perdu dans le ciel bleu.

Les veines de ses avant-bras semblaient courir sur ses muscles comme les rouleaux de corde sur le pont d'un bateau.

– Ça, j'aimerais bien le savoir, mon ange, dit-il en la soulevant dans les airs.

Avec un regard panoramique sur les environs, Luke dit :

– Je veux retourner à Colleton. Y a pas de crevettes ici.

– Je ne serai parti qu'un an. Ensuite, on retournera à Colleton.

Ma mère sortit un festin de sandwiches au jambon, d'œufs à la diable, et de salade de pommes de terre, mais elle eut la surprise de voir une colonie de fourmis avancer en rangs serrés vers la nourriture.

– Mes bébés vont me manquer, dit mon père en la regardant. Je t'écrirai toutes les semaines et je mettrai des millions de baisers dans chacune de mes lettres. Mais pas pour vous, les garçons, vous n'en avez rien à faire des baisers, vous, n'est-ce pas ?

– Non, papa, répondîmes-nous simultanément, Luke et moi.

– Vous les garçons, je vous élève pour que vous soyez des durs. Exactement! Je ne veux pas que mes fils deviennent des jolis cœurs, dit-il en nous flanquant une taloche sans douceur derrière le crâne. Dites-moi que vous ne vous laisserez pas transformer en jolis cœurs par votre mère, pendant mon absence. Elle est trop tendre avec vous. Ne la laissez pas vous mettre des fanfreluches pour aller prendre le thé avec elle. Je veux que vous me promettiez une chose. Que pas un jour ne passera sans que vous ayez flanqué une raclée à un gars d'Atlanta, un chacun. Je n'ai pas envie de trouver des gars de la ville qui se donnent des grands airs quand je reviendrai de Corée. D'accord ? N'oubliez pas, vous êtes des gars de la campagne, et les gars de la campagne, c'est toujours des durs.

– Non, dit ma mère avec une fermeté tranquille. Mes fils ne seront pas des brutes. Ils seront les garçons les plus adorables qu'on ait jamais vus. Si tu veux un dur, Henry, tu en as un là. Ma mère désigna Savannah.

– Ouais, papa, applaudit Savannah. Moi, je suis un vrai dur. Je bats Tom quand je veux. Et j'arrive presque à battre Luke quand il se sert d'une seule main.

– Non, tu es une fille, toi. Les filles, ça doit être mignon. Je ne veux pas que tu te battes. Je veux que tu sois tout sucre tout miel, l'amour chéri de ton papa.

– Je n'ai pas envie d'être tout sucre tout miel, dit Savannah.

– Toi, dis-je. Tu en es loin.

Savannah, plus rapide et plus forte que moi, m'expédia un grand coup de poing dans l'estomac. Je me mis à pleurer et courus me réfugier dans les bras de ma mère qui m'ouvrit son aile protectrice.

– Savannah, tu cesses d'embêter Tom. Tu es toujours après lui, gronda ma mère.

– Tu as vu ? dit Savannah en se tournant pour défier mon père. Je suis une dure, je sais me battre.

– Tom, tu me fais honte, fils, dit mon père dont le regard passa au-dessus de Savannah, sans la voir, pour ne s'intéresser qu'à moi. Pleurer parce qu'une petite fille te tape. Quel scandale! Un garçon ne pleure pas. Jamais. Sous aucun prétexte.

– Il est sensible, Henry, dit ma mère en me caressant les cheveux doucement.

– Comme ça, il est sensible, ironisa mon père. Dans ce cas, je ne voudrais pas dire quoi que ce soit qui risque de choquer cette âme sensible. Mais tu ne verrais jamais Luke pleurer comme un bébé pour une raison pareille. J'ai corrigé Luke au ceinturon sans le voir verser une larme. Lui, c'est un homme depuis le jour de sa naissance. Tom, arrive ici et bats-toi avec ta sœur. Donne-lui une bonne leçon.

– Il n'a pas intérêt ou je recommence, dit Savannah, mais j'entendais au son de sa voix qu'elle regrettait bien ce qu'elle avait déclenché.

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (17/26)

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

20 avril 2010

Quelques jours d'été / Un îlot de bonheur – Chabouté

quelques_jours_d_ete Vents d'Ouest – avril 2009 – 160 pages

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Quelques jours d'été - Paquet – juillet 2004 – 32 pages

un_ilot_de_bonheur Un îlot de bonheur - Paquet – septembre 2001 – 124 pages

Quatrième de couverture :

Le chuchotement des rivières, petit homme ! N'oublie jamais !...

Présentation de l'éditeur :

Deux histoires tendres et sensibles, emplies d’un humanisme profond et rythmés par des regards et des silences…

Quelques jours d’été

Un petit garçon de la ville confié à des gens de la campagne... Un vieux monsieur taiseux dont l’épaisse carapace craquera pour ce petit bonhomme. Un tournant dans la vie d’un petit garçon. Une histoire simple et intimiste ou même les rivières chuchotent...

Un îlot de bonheur

La rencontre d’un enfant et d’un SDF. L’enfant aux portes de l’adolescence, le monsieur qui traîne ses souvenirs... Une amitié furtive. Deux personnages blessés par la vie qui viennent chercher dans un parc, un de ces îlots de bonheur que peu parviennent à saisir.

Auteur : Né en 1967, d’origine alsacienne, Christophe Chabouté suit les cours des Beaux-Arts d’Angoulême, puis de Strasbourg. Vents d’Ouest publie ses premières planches en 1993 dans "les Récits", un album collectif sur Arthur Rimbaud. Mais il faut attendre 1998 pour que ce graphiste free-lance se fasse un nom dans la bande dessinée en publiant coup sur coup "Sorcières" aux Editions du Téméraire et "Quelques jours d’été" aux Editions Paquet. Deux albums remarqués et primés, le premier au Festival d’Illzach, le second à Angoulême où Christophe Chabouté décroche l’Alph’Art Coup de Coeur. Avec "Zoé" paru en 1999, Chabouté prouve que son talent a atteint sa pleine maturité, ce qu’il démontre avec encore plus d’évidence dans "Pleine Lune". "Tout seul"(2008), "Terres Neuvas"(2009).

Mon avis : (lu en avril 2010)

Cette intégrale de Vents d’Ouest regroupe deux albums de Christophe Chabouté, initialement parus aux éditions Paquet en 1998 et 2001 : "Quelques jours d'été..." (Alph-Art coup de cœur au Festival d’Angoulême 1999) et "Un îlot de bonheur" (mention spéciale du jury au Festival d’Angoulême 2003).

La première histoire est celle d'un jeune garçon est envoyé chez ses grand-parents pour les vacances. Il découvre la vie à la campagne, la rivière qui chuchote...

La seconde histoire est celle d'un jeune adolescent qui préfère se réfugier dans un parc public pour fuir les éternels disputes de ses parents. Il va faire connaissance avec un sans domicile fixe.

Les dessins, en noir et blanc, et le texte sont simples, beaux et dépouillés. Deux histoires courtes pleine d'émotions et de sensibilité.

Extrait : 

Quelques jours d'été

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Un îlot de bonheur

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Déjà lu du même auteur : tout_seul Tout Seul

Terres_neuvas Terres Neuvas  construireunfeu Construire un feu

18 avril 2010

Pico Bogue tome 3 : Question d'équilibre – Dominique Roques et Alexis Dormal

pico_bogue_T3 Dargaud – novembre 2009 – 48 pagesPrésentation de l'éditeur :

Pico Bogue poursuit son exploration au petit bonheur la chance des grandes questions sur la vie et absolument tout le reste ! Ana Ana, sa petite soeur, met un point d'honneur à l'aider ou le contrarier selon les circonstances, ses parents passent du rire aux larmes, et les amis des parents apprennent à découvrir le charmant petit monstre. Une galerie de personnages, des histoires et des situations absolument irrésistibles !

Auteurs : Dominique Roques, mère d'Alexis Dormal, est née en 1948 à Casablanca. Elle a eu deux fils, dont l'un s'est mis à dessiner. Ainsi en 2005, après s'être intéressée aux dessins de son fils, elle écrit des scénarios.

Alexis Dormal, fils de Dominique Roques, né en 1977 à Bruxelles. Plus tard, diplômé d'une école belge de réalisation cinéma/télévision, il part étudier le dessin à l'école Émile Cohl, à Lyon. Maintenant, il dessine et sa maman écrit les bulles...

Mon avis : (lu en avril 2010)

Je viens de terminer le tome 2, et me voici plongée dans le tome 3 ! Je retrouve Pico, toujours très attachant et rigolo avec ses réflexions d'adulte et Ana Ana, elle aussi, aussi douée que son frère. Un nouveau personnage apparaît, Antoine, l'ami de la famille. C'est l'automne puis l'hiver, les nouvelles aventures tournent autour d'Halloween puis de la neige et enfin de Noël et de l'existence du Père Noël. A chaque fois, on découvre les réflexions surprenantes mais justes de Pico et Ana Ana. Je me suis régalée et j'ai ri de bon cœur ! Ne pas oublier de regarder également la deuxième et la troisième de couverture dont les dessins se répondent...

Extrait :

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