Zulu – Caryl Férey
Gallimard – avril 2008 – 391 pages
Folio – avril 2010 -
Grand Prix des Lectrices de ELLE 2009
Présentation de l'éditeur :
Enfant, Ali Neuman a fui le bantoustan du KwaZulu pour échapper aux milices de l'Inkatha, en guerre contre l'ANC, alors clandestin. Même sa mère, seule rescapée de la famille, ne sait pas ce qu'elles lui ont fait... Aujourd'hui chef de la police criminelle de Cape Town, vitrine de l'Afrique du Sud, Neuman doit composer avec deux fléaux majeurs : la violence et le sida, dont le pays, première démocratie d'Afrique, bat tous les records. Les choses s'enveniment lorsqu'on retrouve la fille d'un ancien champion du monde de rugby cruellement assassinée dans le jardin botanique de Kirstenbosch. Une drogue à la composition inconnue semble être la cause du massacre. Neuman qui, suite à l'agression de sa mère, enquête en parallèle dans les townships, envoie son bras droit, Brian Epkeen, et le jeune Fletcher sur la piste du tueur, sans savoir où ils mettent les pieds... Si l'apartheid a disparu de la scène politique, de vieux ennemis agissent toujours dans l'ombre de la réconciliation nationale...
Auteur : Né en 1967, à Caen, remarqué lors de la parution de son troisième roman 'Haka', Caryl Férey s'inscrit rapidement parmi les figures importantes du polar à la française. La singularité de ses oeuvres : le dépaysement. Grand voyageur, l'écrivain situe ses romans noirs, parmi lesquels 'Zulu' ou 'Utu', aux quatre coins de la planète, de la Nouvelle-Zélande, où il a vécu, au Maroc en passant par la France ou l'Afrique du Sud. Inspiré par la culture rock, on lui doit des titres comme 'La Jambe gauche de Joe Strummer', référence directe à sa passion pour les Clash, ou 'D'amour et dope fraîche', qui constitue un nouvel épisode des aventures du Poulpe. Férey distille également son talent en direction d'un public plus jeune avec des livres comme 'Jour de colère' ou 'Ma langue de fer'. Lui qui a débuté auprès d'une petite maison d'édition rennaise, La Balle d'Argent, fait désormais partie des valeurs sûres de la prestigieuse Série noire.
Mon avis : (lu en mars 2010)
Dans ce livre, Caryl Ferey s'est beaucoup documenté sur l'Afrique du Sud et il dépeint la société sud-africaine après l'apartheid.
Ali Neuman est un personnage attachant, il est chef de la police criminelle Cap Town, il spécialiste de la question zoulou. Il est hanté par des démons du passé, enfant, il a vu son père pendu et son frère mourir sous la torture, il a été lui-même meurtri. Le corps d’une jeune femme blanche a été retrouvé sauvagement assassinée dans le jardin botanique. Avec l’aide de deux collègues blancs, Brian Epkeen et Dan Fletcher, Ali va mener l'enquête chez la "jet set" sud-africaine, chez les miliciens afrikaners, chez les gangs mafieux des bidonvilles ou encore chez les militants de la condition noire.
A travers une intrigue policière très bien construite, l’auteur dénonce le nouvel « apartheid social » dont sont victimes les plus pauvres, les plus faibles. Il nous dresse un portrait de l'Afrique du Sud sombre et violent. Les descriptions des paysages sont superbes mais la misère des townships, les traditions ancestrales, la drogue, le sida, la violence bestiale rendent ce livre parfois difficile à supporter. Un livre à la fois terrifiant et bouleversant ! A lire !
Extrait : (page 67)
"Le Jardin Botanique était vide à cette heure, l'aube encore un souvenir. Neuman marcha sur la pelouse taillée à l'anglaise, ses chaussures à la main. L'herbe était tendre et fraîche sous ses pieds. Les feuillages des acacias frémissaient dans l'oscurité. Neuman rabattit les pans de sa veste et s'agenouilla près des fleurs.
"Wilde iris (Dictes grandiflora)", disait l'affichette. Il y avait encore les rubans de la police, qui battaient dans la brise...
On n'avait pas retrouvé le sac de Nicole sur les lieux du crime. Le tueur l'avait emporté. Pourquoi ? L'argent ? Qu'est-ce qu'une étudiante pouvait avoir dans son sac à main ? Il leva les yeux vers les nuages affolés qui filaient sous la lune. Le pressentiment était toujours là, omniprésent, qui lui comprimait la poitrine."