Notre prison est un royaume – Gilbert Cesbron
Éditions de la Jeune Parque – 1948
Livre de Poche – 1955 – 316 pages
Prix Sainte-Beuve
Résumé : François, Pascal, Hardrier, Fauchier-Delmas, tels sont les quatre mousquetaires qui règnent sur la part de rêves et de détresses secrètement entretenue dans le monde clos d'un lycée parisien. Parce que Pascal s'est donné la mort, le chahut quotidien prend pour les trois camarades l'allure d'une enquête à la fois dérisoire et pathétique. Sous le jeu des plaisanteries d'écoliers, de généreuses illusions se dissipent et les exploits saugrenus des lycéens en révolte se teintent de mélancolie. Quand François découvrira la réponse à sa question « pourquoi Pascal s'est-il suicidé ? » il tournera la page de l'insouciance et de la frivolité poétiques.
Dans une fresque, souvent haute en couleur, Cesbron évoque avec la verve d'un véritable conteur les anecdotes émouvantes ou cocasses qui forment la vie d'un lycée. Élèves turbulents, professeurs graves et ridicules, autorités solennelles et méprisées composent un monde qui possède ses propres lois et s'érige aux frontières du merveilleux et du sordide.
Auteur : Ancien élève de l'École des Sciences Politiques, Gilbert Cesbron est né à Paris le 13 janvier 1913. Dès 1934, il publie un recueil de Poèmes, Torrent. Son premier roman paraît en Suisse : Les Innocents de Paris (1944). Sa notoriété s'affirme avec Notre Prison est un royaume (1948) - Prix Sainte-Beuve - et la pièce : Il est minuit, docteur Schweitzer (1950).
Romancier, essayiste, auteur dramatique, il s'attaque à des thèmes d'actualité : les prêtres ouvriers (Les Saints vont en enfer, 1952), la jeunesse délinquante (Chiens perdus sans collier, 1954), l'euthanasie (Il est plus tard que tu ne penses, 1958), la violence (Entre chiens et loups, 1962), etc. Il exerce un second métier dans une société de production radiophonique.
Gilbert Cesbron est décédé en août 1979.
Mon avis : (lu dans les années 80 et relu en août 2009)
C’est un livre que j’ai lu des multitudes de fois lorsque j’étais moi-même au lycée. Cela ne raconte pas mon lycée, mais un lycée d’une autre époque. Il traite du thème de l’adolescence avec son mal de vivre, le suicide et les amitiés.
En effet, l’histoire se situe dans les années 30, quelques jours avant la rentrée. Les personnages principaux sont 4 amis qui surnomment eux-mêmes les 4 mousquetaires : François Voisin (Athos), Pascal Delange (Aramis), Jean-Jacques Hardrier (Porthos) et Alain Fauchier-Delmas ( D'Artagnan) . Le jour de la rentrée, les amis se retrouvent et reprennent leurs petites habitudes des années passées, pourtant, l’un des 4 Mousquetaires manque à l’appel, c’est Pascal Delange. Le jour même, ils apprennent que leur ami Pascal vient de mourir. Le jour de l’enterrement, François apprend par la bonne que son meilleur ami n’a pas eu un accident, mais qu’il s’est suicidé. C’est le choc. Avec ses amis, François décide découvrir ce qui a poussé Pascal à se suicider. La vie au lycée continue malgré ces événements difficiles, et l’on retrouve des chahuts, des rivalités et l’ambiance potache… Cette recherche, va faire grandir François, il va passer de l’enfance à l’âge adulte.
Le style est poétique ce qui donne une dimension terriblement mélancolique au livre. Après l’avoir relu, mon opinion n’a pas changée, j’ai pris le même plaisir qu’il y a 25 ans, j’ai été touchée par cette histoire comme lors de ma première lecture.
Extrait : (début du livre)
« Le premier marron qui tombe, pensa François, cette fois, c'est fois, c'est la Rentrée... »
De cette cime d'arbre où il jouait à la vigie, à l'aviateur, à l'ascension de l'Himalaya (Oh, François ! À ton âge), il regarda le marron qui venait de s'écraser dans l'allée. On distinguait dans la coque éclatée le précieux tissu blanc, culotte de maréchal d'Empire, et le fruit verni, ciré, tout neuf. « La Rentrée... Plus une minute à perdre ! A terre ! »
Ses pieds connaissaient bien les branches de descente, l'appui solide qu'offrait chacune et cet espace entre elles qui, de vacances en vacances, lui paraissait plus petit. C'était son arbre. Suspendu à bout de bras à la plus basse branche, on fermait les yeux, on s'imaginait au-dessus d'un abîme, on lâchait prise... Mais, cette année, plus besoin d'ouvrir les mains : les pieds touchaient déjà terre. Une date dans l'histoire des vacances !
Il faisait tiède au sortir de l'arbre obscur, et François frissonna de bien-être comme un chat. « La Rentrée... Quel dommage ! » Deux minutes plus tôt, il pensait le contraire : que les vacances se fanaient, que Pascal Delange lui manquait et qu'au fond on ne riait bien qu'en classe... « Ce cochon de Pascal, il tout de même pu m'écrire ! Les autres, je m'en moque ; mais Pascal... Pas même une carte ! »