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Grasset – 1982 - 549 pages

LGF – mai 2002 – 640 pages

Traduit par Jean-Noël Schifano

Prix Médicis étranger en 1982.

Présentation de l'éditeur
1327, Guillaume de Baskerville, moine franciscain, ex-inquisiteur et représentant du Saint-Empire, se rend dans une abbaye située aux confins de la Provence et de la Ligurie, afin de découvrir comment est mort l’un des moines, retrouvé défenestré.
Commence alors une incroyable enquête, où l’on va de découvertes en découvertes, dans le monde médiéval et monacal où les superstitions, les croyances et l’ignorance ne rendent pas facile la tâche de l’enquêteur.
Un roman admirable, mythique, où se côtoient une trame policière très bien montée et des enseignements précieux sur le monde médiéval.

Auteur : Umberto Eco, né le 5 janvier 1932 à Alexandrie (Alessandria), Piémont (Italie), est l'auteur mondialement connu de nombreux essais universitaires sur la sémiotique, l'esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique et la philosophie. Il est surtout connu du grand public pour ses œuvres romanesques. Titulaire de la chaire de sémiotique et directeur de l'École supérieure des sciences humaines à l'Université de Bologne, il en est professeur émérite depuis 2008. Son premier roman, Le Nom de la rose (1980) connaît un succès mondial avec 16 millions d'exemplaires vendus à ce jour et des traductions en vingt-six langues, son deuxième roman, Le Pendule de Foucault (1988) connaît également un énorme succès.

Mon avis : (lu en 1992)

Ce livre est un roman policier médiéval. Le Nom de la rose est une histoire en sept chapitres, chiffre symbolique qui représente le nombre de jours, de morts et d'étapes de l'enquête.

Nous sommes en 1327, dans une abbaye d'Italie du Nord. Un moine franciscain Guillaume de Baskerville et son jeune second Adso de Melk enquêtent sur une série de meurtres mystérieux qui impliquent l'Église. Les bénédictins y vivant sont mystérieux, l'ambiance du monastère est inquiétante. Umberto Eco n'est pas seulement un romancier, c'est surtout un érudit. Il entraîne le lecteur dans une histoire originale en huit-clos dans un monastère qui nous entraîne dans un aventure à la fois philosophique et policière avec un rythme effréné, le tout enveloppé de mystères. Certains passages sont en latin (non traduits !), cela semble surprenant, mais on comprendra mieux l'utilité au moment du dénouement. Le livre est très richement documenté. Et cela m'a passionnée.

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Une adaptation de ce livre a été réalisé en 1986 par Jean-Jacques Annaud avec Sean Connery, Michael Lonsdale, Christian Slater, Valentina Vargas. Le réalisateur n'a retenu que l'ambiance, les personnages et le fil conducteur du roman, et malgré cela le film est très bon.

Si vous avez aimé le film, je vous invite vraiment à lire le livre.

Extrait : "Telle était la situation quand – déjà novice bénédictin au monastère de Melk -je fus arraché à la tranquillité du cloître par mon père, qui se battait dans la suite de Louis, non le moindre d'entre ses barons, et qui trouva sage de m'emmener avec lui pour que je connusse les merveilles d'Italie et fusse présent quand l'empereur serait couronné à Rome. Mais le siège de Pise l'absorba tout entier dans des préoccupations militaires. J'en tirai avantage en circulant, mi par oisiveté, mi par désir d'apprendre, dans les villes de la Toscane, mais cette vie libre et sans règle ne seyait point, pensèrent mes parents, à un adolescent voué à la vie contemplative. Et suivant le conseil de Marsile, qui s'était pris d'affection pour moi, ils décidèrent de me placer auprès d'un docte franciscain, frère Guillaume de Baskerville ; ce dernier allait entreprendre une mission qui devait le conduire jusqu'à des villes célèbres et des abbayes très anciennes. C'est ainsi que je devins son secrétaire en même temps que son disciple ; je n'eus pas à m'en repentir car je fus avec lui le témoin d'événements dignes d'être consignés, tel qu'à présent je le fais, et confiés à la mémoire de ceux qui viendront après moi.

Alors je ne savais pas ce que frère Guillaume cherchait, et à vrai dire je ne le sais toujours pas aujourd'hui, et je présume que lui-même ne le savait pas, mû qu'il était par l'unique désir de la vérité, et par le soupçon – que je lui vis toujours nourrir- que la vérité n'était pas ce qu'elle lui paraissait dans le moment présent. Et, en ces années-là, il était sans doute distrait de ses chères études par les devoirs impérieux du siècle. La mission dont Guillaume était chargé me restera inconnue tout au long du voyage, autrement dit il ne m'en parla pas. Ce fut plutôt en écoutant des bribes de conversations, qu'il eut avec les abbés des monastères où au fur et à mesure nous nous arrêtâmes, que je me fis quelque idée sur la nature de sa tâche. Cependant je ne la compris pas pleinement tant que nous ne parvînmes pas à notre but, comme je le dirai ensuite. Nous avions pris la direction du septentrion, mais notre voyage ne suivit pas une ligne droite et nous nous arrêtâmes dans plusieurs abbayes. Il arriva ainsi que nous virâmes vers l'occident tandis que notre destination dernière se trouvait à l'orient, comme pour longer la ligne montueuse qui depuis Pise mène dans la direction des chemins de saint Jacques, en faisant halte sur une terre que les terribles événements qui s'y passèrent me dissuadent de mieux identifier, mais dont les seigneurs étaient fidèles à l'empire et où les abbés de notre ordre d'un commun accord s'opposaient au pape hérétique et corrompu. Notre voyage dura deux semaines entrecoupées de moult vicissitudes, et dans ce laps de temps j'eus la possibilité de connaître (pas suffisamment, loin de là, comme j'en suis toujours convaincu) mon nouveau maître."