27 février 2009

Les autres – Alice Ferney

les_autres_Ferney     les_autres  Actes Sud – août 2006 – 531 pages

Présentation de l'éditeur
Théo fête ce soir ses vingt ans et rien ne devrait troubler ce moment de convivialité et de réjouissance. Rien sinon le jeu de société que son frère aîné lui offre, qui révélera à chaque participant la façon dont les autres le perçoivent, menaçant de remettre en cause l'idée qu'il se faisait de lui-même et des sentiments réciproques l'attachant à ses proches. Au fil de la partie, le jeu devient le révélateur de secrets de famille jusque-là soigneusement occultés par la honte, la déception ou la souffrance... et nul ne sortira indemne de la soirée. Evoquant les liens de la fratrie, de l'amitié ou de l'amour naissant, Les Autres est aux relations affectives ce que La Conversation amoureuse est à l'amour : un accomplissement romanesque d'une remarquable maîtrise polyphonique.

Biographie de l'auteur
L'œuvre romanesque d'Alice Ferney est publiée chez Actes Sud : Le Ventre de la fée (1993), L'Elégance des veuves (1995), Grâce et dénuement (1997, prix Culture et bibliothèques pour tous), La Conversation amoureuse (2000), Dans la guerre (2003).

Mon avis : (lu en octobre 2006)
Ce livre d'Alice Ferney est original et très intéressant. Original, car il raconte 3 fois la même histoire mais sous trois angles différents : tout d'abord les pensées des personnages (choses pensées), ensuite on assiste à des échanges verbaux (choses dites) et enfin la version du narrateur (choses rapportées). C'est l'histoire d'une soirée de 8 personnes autour d'un jeu de la vérité. Peu à peu, on apprend à mieux connaître les différents personnages. Ce roman, nous fait réfléchir sur le fait que les personnes que nous côtoyons nous perçoivent différemment. Faut-il connaître les images que les autres ont de nous ? Est-ce que cela nous aide à mieux nous connaître ? Ce n'ai pas le livre d'Alice Ferney que j'ai préféré mais il est très bien écrit et se lit facilement car on est pris par le jeu...

Extrait : (choses pensées - page 99)
Nous sommes tellement remplis de mots qu'il nous faut absolument parler : comme s'ils étaient des oiseaux à libérer, comme s'il fallait faire le vide avant de laisser venir en nous d'autres mots. Nous parlons, nous parlons : les uns aux autres, les uns contre les autres, les uns des autres. Les mots s'agitent inutilement entre nous. Ceux que nous osons dire, Ceux que nous gardons pour nous. Ils sont tous là. Nous les avons sur le bout de la langue, au bord des lèvres, derrière la paroi du front, dans la tête. Souvent nous les avons déjà dits et nous les répétons. Ils ne s'usent pas, ils gardent leur pouvoir de transformer, de blesser, ou d'illuminer.

Extrait : (choses rapportées - page 413)
Fleur comprenait, il y a des souffrances qu'il ne faut surtout pas livrer, et l'on ne peut s'en aller vers les autres que dans les bavardages. Lorsqu'on se sent déchue de soi-même, terrassée et piteuse, trop docile, portant le deuil de sa fierté, on ne parle pas de soi-même. Oui, la mère conseillait le vide : souriante la mère, et sourde, et muette, et acquiescante. Tout sauf une mère, tout sauf nourricière, sauf protectrice. Il y avait une loi sacrée et des gestes interdits, le père transgressait la loi et commettait les gestes, obscènes caresses qui devaient ne pas recevoir de nom. Ils devraient être le silence du corps blessé. Quelle tristesse d'avoir un jardin sans oiseaux ! Je ne comprends déjà plus rien ! Claude ne pense pas ce qu'il dit ! Fleur parlait. Il y a des effusions qui sont des silences.

Posté par aproposdelivres à 17:26 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :


Chicago – Alaa El Aswany

Chicago Actes Sud – septembre 2007 – 459 pages

traduit de l'égyptien par Gilles Gauthier

Présentation de l'éditeur
Après son formidable récit autour d'un immeuble du Caire, L'Immeuble Yacoubian, Alaa El Aswany nous entraîne vers un nouvel univers romanesque en déplaçant son regard jusqu'à Chicago. C'est en effet dans cette ville mythique et sulfureuse qu'il a choisi de recréer une Little Egypt en exil, s'inspirant d'un département de l'université de Chicago qu'il a lui-même bien connu lors de ses années de formation américaines. Avec son art de camper de multiples personnages et de susciter des intrigues palpitantes, El Aswany compose un magnifique roman polyphonique. D'un chapitre à l'autre, il entrecroise des vies qui se cherchent et se perdent dans les méandres du monde contemporain, des existences meurtries d'avoir été transplantées dans un univers à la fois étrange et étranger, quel que soit le désir parfois de s'identifier à l'american way of life. L'Egypte est là, en plein cœur d'une Amérique traumatisée par les attentats terroristes du 11 Septembre. Alors que la visite officielle du président égyptien à Chicago est annoncée, le système policier de l'ambassade se met en branle, orchestré par le redoutable Safouat Chaker, qui contrôle et surveille tous les Egyptiens vivant en Amérique. Complot, manipulation, protestation de liberté et soumission au pouvoir, bravoure et lâcheté... - le livre prend, avec cette dimension politique, l'ampleur d'un ambitieux roman exprimant le monde dans la douceur de ses rêves comme dans la violence de ses contradictions. Alaa El Aswany confirme ainsi son talent et s'affirme comme un des grands écrivains arabes contemporains.

Biographie de l'auteur
Né en 1957, Alaa El Aswany exerce le métier de dentiste dans le centre du Caire. Son roman L'Immeuble Yacoubian, porté à l'écran par Marwan Hamed et publié en France par Actes Sud (2006), a connu dans le monde entier un succès phénoménal.

Mon avis : (lu en décembre 2007)
J'avais beaucoup aimé L'immeuble de Yacoubian et la lecture de Chicago ne m'a pas déçue. On découvre ici la réalité des étudiants égyptiens aux Etats-Unis dans le contexte de l'après 11 septembre 2001. Les personnages viennent tous d'Egypte, ils sont issus de milieux différents, ils se retrouvent à Chicago pour faire des études histologie : chacun va évoluer dans un contexte américain mais avec des principes d'égyptien. Le récit est plein de vie et d'humanité. A découvrir sans tarder !

J'ai vu qu'un nouveau livre de cet auteur est paru début février "J'aurais voulu être égyptien". A suivre donc quand j'aurai l'occasion de le découvrir !

Extrait : (page 80)
Mon Dieu, pourquoi était-il aussi attiré par elle ? Ce n'était qu'une campagnarde, moyennement belle, comme des dizaines de filles qu'il voyait tous les jours au Caire. Qu'est-ce qui la rendait différente ? C'est vrai qu'elle avait des lèvres pulpeuses et appétissantes dont on pouvait attendre des délices. Sa tunique flottante se collait parfois malgré elle à son corps et laissait entrevoir deux seins aux aguets, qui n'étaient pas à dédaigner. Pourtant, on ne pouvait absolument pas la comparer aux étudiantes américaines de l'université, ni aux jeunes filles égyptiennes à qui il avait fait des offres de fiançailles, et ce n'était pas non plus la peine d'en parler à côté des séductrices nues qui allumaient son désir dans les films pornographiques.

Posté par aproposdelivres à 14:16 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : ,

L’immeuble Yacoubian – Alaa El Aswany

l_immeuble_Yacoubian Actes Sud – janvier 2006 – 327 pages

traduit de l'égyptien par Gilles Gauthier

Présentation de l'éditeur
Connaissez-vous Alaa El Aswany ? C'est un véritable phénomène, avec cent mille exemplaires de L'Immeuble Yacoubian vendus en quelques mois, un film en cours de tournage avec une grande mobilisation de moyens et d'acteurs célèbres. Très vite,
poussé par la rumeur, le livre s'est répandu dans le monde arabe, a été traduit en anglais, et le voici aujourd'hui en français.
L'auteur est un vrai Egyptien, enraciné dans la terre noire du Nil, de la même veine que Naguib Mahfouz. Il pose un regard tendre, affectueux, plein de pitié et de compréhension sur ses personnages qui se débattent tous, riches et pauvres, bons et méchants, dans le même piège. Il ne juge pas, mais préfère nous montrer les espoirs puis la révolte de Taha, le jeune islamiste qui rêvait de devenir policier ; l'amertume et le mal de vivre de Hatem, homosexuel dans une société qui lui permet de jouir mais lui interdit le respect de l'amour ; il nous fait partager la nostalgie d'un passé révolu du vieil aristocrate Zaki ; l'affairisme louche mêlé de bigoterie et de
lubricité d'Azzam ; la dérive de la belle et pauvre Boussaïna, tout cela à l'ombre inquiétante du Grand Homme, de ses polices et de ses sbires de haut vol comme l'apparatchik El-Fawli, et à celle non moins inquiétante d'un islam de combat, qui semble être la seule issue pour une jeunesse à qui l'on n'a laissé aucun autre espoir. Alaa El Aswany ne cherche pas le scandale. Il nous dit simplement que le roi est nu. Il nous montre ce que chacun peut voir autour de lui mais que seule la littérature rend vraiment visible. Nous comprenons un peu mieux comment va l'Egypte, certes, mais aussi comment va le monde et - peut-être également - pourquoi explosent les bombes...

Biographie de l'auteur
Fils d'Abbas El Aswany, avocat et écrivain, Alaa El Aswany est né en 1957. Il parle français, anglais et espagnol. Il a publié en 1990 et en 1998 deux recueils de nouvelles.

Mon avis : (lu en novembre 2006)
Grâce à ce livre, on découvre la société égyptienne aujourd'hui dans son quotidien. L'auteur dénonce la corruption, la pauvreté, l'islamisme et l'hypocrisie religieuse, l'homosexualité cachée, l'intolérance à travers une galerie de personnages attachants qui se battent pour survivre. Ce livre est très bien écrit et on y apprend beaucoup sur ce qui se passe au Moyen-Orient. A lire absolument !

l_immeuble_yacoubian_film

Un film égyptien a été réalisé à partir de ce livre par Marwan Hamed avec Adel Imam, Nour El-Sherif, Youssra et sortie en France en août 2006. J'ai eu l'occasion de voir ce film en DVD, mais je l'ai trouvé un peu long et je n'ai pas été aussi touchée que par le livre.

Posté par aproposdelivres à 14:13 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :