Le Temps de la sorcière - Arni Thorarinsson
Editions Métailié - août 2007 – 332 pages
Points - octobre 2008 - 425 pages
traduit de l'islandais par Eric Boury
Présentation de l'éditeur
Muté dans le nord de l'Islande, Einar, le sarcastique reporter du Journal du soir, se meurt d'ennui. D'autant qu'il ne boit plus une goutte d'alcool! Tout ceci deviendrait vite monotone... si ce n'étaient ces étranges faits divers qui semblent se multiplier: un étudiant disparaît, des adolescents se suicident... Einar voit d'un autre œil cette microsociété gangrenée par la corruption et la drogue.
Biographie de l'auteur
Né à Reykjavik en 1950, Ami Thorarinsson a étudié la littérature à l'université de Norwich en Angleterre. Il travaille dans divers journaux islandais et participe à des jurys de festivals de cinéma. Il est également l'auteur de Dresseur d'insectes (Métailié).
Mon avis : (lu en février 2009)
J'ai pris ce livre un peu par erreur... en croyant prendre un livre d'Indridason. Mais je n'ai pas été déçu par cet autre auteur islandais. C'est différent d'Arnaldur Indridason, car l'essentiel n'est pas l'enquête policière faite par Einar un journaliste mais un description de la société islandaise aujourd'hui. Tout cela est très intéressant et se lit très bien même si le rythme du livre est lent. Les noms des personnages et des lieux sont un peu difficile à retenir mais j'ai bien aimé ce voyage dépaysant dans le nord islandais à Akureyri.
Extrait : (page 87)
Sur la table de la salle à manger est posé un message : 'Je suis partie retrouver tu c ki !J'espère qu'on se verra ce soir.' A côté, Joa a laissé un gâteau et une friandise qu'elle a achetés dans un magasin ouvert en cette sainte journée. Probablement dans une station-service. Dans mon enfance, les stations-service ne vendaient que du carburant pour véhicules. Il me semble bien qu'aujourd' hui elles font surtout commerce de carburant pour conducteurs.
Je décide de savourer ces douceurs,j'ouvre la porte-fenêtre de la salle à manger et m'installe devant la table en bois sur la petite terrasse avec une tasse et une clope pour me pourlécher les babines au soleil qui brille autant qu'hier. Les skieurs du domaine de Hlidarfjall auraient mieux fait de s'offrir un tour aux îles Canaries. Dans le jardin de la maison voisine, les gamins jouent au foot. Les ordinateurs et la technique n'ont pas encore réussi à détourner la jeune génération du jeu en plein air. Pas encore.
Extrait : (page 196)
Je n'ai jamais bien compris toutes ces coutumes inventées pour supplanter la mort. Ces oraisons et éloges que l'on publie dans les journaux à la mémoire des défunts, tout ça, c'est très bien. On fait ses adieux au défunt en lui rendant les honneurs, qu'ils les ait mérités ou non. Et les mises en bière ? Quelle sorte de sentiment de culpabilité ou de désir masochiste se cache derrière ces rendez-vous autour d'un cadavre ? Cela n'atteste-t-il pas d'un manque cruel d'imagination ? N'est-ce pas suffisant de dire adieu au défunt dans sa tête ? D'avoir une pensée pour lui et de le remercier pour les moments heureux ou pas si heureux passés avec lui, selon les cas.
Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je ne connais personne qui trouve utile d'assister à une mise en bière. Quant au cadavre, personne ne lui a demandé son avis.
Les petits garçons naissent aussi des étoiles – Emmanuel Dongala
Serpent A Plumes - février 1998
Edition du Rocher – septembre 2000 – 395 pages
Prix RFI-Témoin du monde en 1998
Résumé : A travers le regard de Matabari, le cadet des triplés de l'instituteur du village, Emmanuel Dongala retrace l'histoire politique et sociale d'un pays plus ou moins imaginaire, qui pourrait être le Congo, depuis l'indépendance.
Gouvernement de tutelle colonialiste, coup d'Etat militaire, " démocratie populaire " marxiste. , les régimes se succèdent mais les hommes ne changent guère et le narrateur observe, avec une admiration d'enfant et au grand dam de son père, humaniste incorruptible, l'ascension de son Tonton Boula-Boula, opportuniste séduisant et hâbleur, qui se taillera une place jusqu'à la tête du gouvernement. Dangala, avec la malice et la fausse candeur qu'il manie si bien, brosse un tableau plein d'ironie et de couleurs, mais aussi d'inquiétude et de colère, de l'état de la démocratie et de la situation économique et sociale des pays d'Afrique centrale.
Auteur : Né le 16 juillet 1941, figure du renouveau de la littérature africaine, Emmanuel Boundzéki Dongala est un écrivain d'origine congolaise, enseignant aux Etats-Unis. Chimiste de formation, c'est pourtant déjà vers la littérature et le théâtre qu'il consacre une grande partie de son temps en tant qu'animateur du célèbre théâtre de l'Eclair à Brazzaville. Exilé en Amérique après le début des conflits qui frappent son pays à la fin des années 1990, l'écrivain porte un regard désenchanté sur l'Afrique. Ainsi, 'Johnny Chien Méchant', son ouvrage le plus célèbre, dépeint de manière crue et cynique la tragédie des enfants soldats. Ecrivain réaliste en quête de vérité, Emmanuel Boundzéki Dongala a fait de la littérature un moyen privilégié pour mettre à jour les faces cachées du monde et de l'homme.
Mon avis : (lu en février 2006)
Cette vision du Congo est drôle et savoureuse. On découvre le Congo entre les traditions ancestrales et la modernité. Beaucoup d'anecdotes avec un humour grinçant qui sait mettre en exergue les défauts des uns et des autres. Le style est imagé, coloré et le narrateur n'hésite pas à nous interpeller. Matapari est très attachant, il est curieux et très clairvoyant.
Extrait : (page 102)
Pour recevoir cette délégation de haut niveau, le préfet avait déclaré la journée payée et chômée. J'étais très content parce que cela voulait dire pour nous une journée de vacances et je comptais jouer au football avec mes amis, puis aller me faire offrir du Coca-Cola chez Mâ Lolo et enfin aller voir une vidéo-cassette de clips chez tonton Boula Boula. Malheureusement c'était une fausse journée libre, puisqu'on nous a obligés à aller écouter sous le chaud soleil les discours de ces types envoyés par le dirigeant populaire, l'homme des masses et des actions concrètes. D'ailleurs, en plus des fonctionnaires, on notait également la présence des femmes et des hommes qui vendaient au marché, ceux qu'on appelait les larges masses populaires. Seul papa avait boudé la cérémonie parce que, disait-il, les élèves ne devaient pas être embrigadés dans un parti, fut-il parti unique et révolutionnaire. Il était resté chez lui dans ses lectures, certainement encore en train de déchiffrer une des énigmes du grand livre de l'univers.
Extrait : (page 185)
Comme vous le savez certainement tous, la première étape pour tuer quelqu'un, c'était d'être un dur. Je décidai d'être un dur.
D' abord, un dur ne se laissait pas bousculer. Aussi, quand maman ou mes frères m'appelaient, je ne répondais jamais la première fois,j'attendais qu'on répète mon nom deux ou trois fois avant de me manifester. Parfois, quand je savais que c'était l'heure du repas et que tout le monde m'attendait pour manger, je prolongeais délibérément ma promenade afin qu'ils puissent manger sans moi et que je prenne mon repas en solitaire tout comme je portais tout seul ma peine. Cela irritait souvent maman et plusieurs fois je me suis fait frotter les oreilles par elle qui répétait sans cesse : Seigneur, mais qu'est-ce qui arrive à cet enfant et, chose rare, papa m'avait même balancé des baffes une ou deux fois. Mais contrairement à ce qu'ils croyaient sans doute, leur exaspération m'enchantait, un dur doit être indépendant et libre.
Extrait : (page 333)
'La campagne électorale ?... La démarche était simple : il s'agissait d'une part de séduire les électeurs, de les convaincre qu'on était l'homme ou la femme qu'il fallait à la place qu'il faut, et d'autre part, disqualifier tous les autres candidats en les traitant d'incompétents, de menteurs, de salauds, de corrompus pourris indignes de tenir entre leurs mains les destinées de la nation. Evidemment, il ne fallait jamais oublier d'inclure dans ces discours les promesses les plus mirobolantes et, de temps en temps, distribuer un peu sinon beaucoup d'argent.