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A propos de livres...
7 janvier 2009

Mort d'un super héros – Anthony McCarten

mort_d_un_superheros_ Editions Jacqueline Chambon – septembre 2008 – 332 pages

traduit de l'anglais par Oristelle Bonis

Quatrième de couverture : Bienvenue dans le monde de Donald Delpe, quatorze ans, la peau sur les os, des épaules en portemanteau.
L'air bizarre. Pas de sourcils, pas de poils nulle part. Une tronche de patate pelée. Il enfile les rues du nord de Londres dans ses baskets taille 45, le bonnet tiré bas sur le front, le casque sur les oreilles, son Ipod à fond. Aucun succès avec les fil-les. Et pour couronner le tout, des parents qui l'énervent. Mais pire que tout ça : il a un cancer, et ça ne s'arrange pas. Le monde serait vraiment atroce s'il n'y avait. Miracle Man, l'indomptable, l'invincible superhéros inventé par Donald et dont les aventures remplissent ses carnets - des aventures qui le mettent aux prises avec son ennemi de toujours, Le gant, un docteur fou. Le temps est compté. Donald ne sait pas combien il lui reste à vivre, mais ce qu'il sait, c'est qu'il ne veut pas mourir vierge. C'est son rêve. Miracle Man a Rachel, même le Gant a une infirmière hyper sexy. Mais Donald ? C'est un temps pour les superhéros, qui ont l'habitude de faire leur apparition au moment où on les attend le moins. Mais, à l'inverse des superhéros de BD avec leurs costumes incroyables recouverts d'étranges symboles, les héros, dans la vraie vie, ont l'air tout à fait normaux. La chance de Donald, c'est d'être aidé par plein de superhéros humains. Mais est-ce que ça suffira à le sauver ?

Auteur : né en 1961 à New Plymouth en Nouvelle-Zélande, Anthony McCarten a écrit douze pièces de théâtre, dont Ladies Night, qui a obtenu le Molière de la meilleure pièce comique en 2001, et trois romans. Mort d’un superhéros est le premier à être traduit en français. 

Mon avis : (lu en janvier 2009)

Mort d’un super héros, une tragédie-comédie anglaise drôle et explosive avec au cœur du récit un adolescent malade condamné, amateur et dessinateur de comics. Il est plutôt solitaire. Ses parents le font suivre par un psychiatre pour qu’il retrouve goût à la vie et se batte contre le cancer. Mais l'histoire n'est pas si simple...

On reconnaît l'auteur de pièces de théâtre dans l'écriture de ce livre : il y a 3 actes, les chapitres sont remplacés par des plans séquences, eux-mêmes entrecoupés par des scènes entières d’une bande dessinée écrite quotidiennement par Donald.

Le récit est rythmé, à la lecture on imagine facilement les images qui défilent : les phrases sont courtes et imagées, il y a aussi beaucoup d'humour et l'ensemble est à l'image des 14 ans du héros.

On se retrouve plongé dans une histoire riche en émotions et bouleversante.

Extrait : « Elle confie son Coca à une des filles et file aux toilettes. Est-ce une invitation ? Donald nage en pleine confusion. L'attitude de Shelly appelle mille et une interprétations. Dont une seule l'engage à rester planté là. Les copines de Shelly le regarde, à son tour il leur confie son Coca et se lance à la poursuite de sa nana - sa nana (il peut le dire, enfin), la première sur Dieu-sait-combien à lui avoir offert ses lèvres, la fille dont il chérira le souvenir aussi longtemps qu'il vivra, le songe éveillé de sa vieillesse, s'il lui est donné de vivre vieux, l'étoile à jamais associée au succès inattendu de son scénar à petit budget, sa comédie romantique qui, au lieu du flop prévu, fait un tabac, crève le plafond de son box-office personnel, se démultiplie à l'infini : Shelly ; Shelly 2 : Suite ; Shelly 3: Le Jugement dernier ; Shelly 4 : Résurrection ; Shelly 5, 6, 7... jusqu'à la fin des temps dans le rôle taillé sur mesure pour elle. Oh, Dieu de bonté, laissez-la le jouer, ce rôle, encore et encore. » (p.151)

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7 janvier 2009

Léon – Leon Walter Tillage

L_on Ecole des Loisirs – mars 1999 - 93 pages

traduit de l'américain par Alice Ormière et Nadia Butaud - Illustrations de Susan L. Roth

Mot de l’éditeur :
Leon Walter Tillage est né en 1936, en Caroline du Nord. Son arrière-grand-mère était esclave, son père, métayer. Métayer, alors, cela voulait dire travailler toute l'année pour payer les dettes de l'année précédente, et ne jamais rien posséder soi-même. Être noir, dans les années quarante et cinquante, cela signifiait qu'on pouvait entrer dans certains magasins, mais par la porte de derrière, et qu'on entendait l'employé demander aux clients blancs : " Est-ce qu'il vous dérange ? Cela vous ennuie-t-il qu'il reste là ? Voulez-vous que je le mette dehors ? " Cela signifiait surtout qu'on pouvait perdre la vie, sans raison et sans espoir de justice. Le père de Leon est mort sous les yeux de sa femme et de ses enfants, écrasé par une voiture conduite par de jeunes Blancs. Ils lui ont foncé dessus à deux reprises, pour s'amuser. Leon avait tout juste quinze ans. Il se souvient d'avoir longtemps fait sept kilomètres à pied pour aller à l'école. Il se souvient que le conducteur du bus scolaire des Blancs arrêtait son véhicule pour que ses petits passagers puissent aller jeter des pierres aux écoliers noirs. De l'angoisse des siens les soirs où ils savaient que les membres du Ku Klux Klan allaient sortir. Il se souvient aussi que ses parents disaient : " Ça été voulu comme ça. C'est comme ça que ça doit être. Vous n'obtiendrez jamais d'être les égaux des Blancs ", et qu'il a refusé de les croire. Il a préféré écouter les paroles de Martin Luther King et risquer sa vie en participant à des marches pacifiques. Et un jour, enfin, les premières victoires sont venues. 

Mon avis : 5/5 (lu en juillet 2004)
Ce livre est autobiographique. Il est très touchant et bouleversant car l'auteur nous raconte son histoire simplement, sans haine et sans rancune. On a un peu oublié ce qu’était la ségrégation aux Etats-Unis dans les années 50, à une époque où il existe des lois racistes et restrictives pour les droits des Noirs. C’est un vrai témoignage de vie. On est très touché par l'histoire de Leon, la ségrégation devient plus parlante et l'injustice aussi. A lire absolument !

5 janvier 2009

La maladie de Sachs – Martin Winkler

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POL – janvier 1998 – 474 pages

J'ai lu - novembre 1999 - 632 pages

prix du Livre Inter 1999

Quatrième de couverture
" Pourquoi venez-vous me voir, ce soir ? Parce que je ne sais plus quoi faire. Parce que ça fait trop longtemps que ça dure. Parce que ça ne peut plus durer. Parce que je n'ai pas trop le choix, si ça ne dépendait que de moi, vous savez, les médecins, moi, moins j'en vois, mieux je me porte... " Dans la salle d'attente du docteur Bruno Sachs, les patients souffrent en silence. Dans le cabinet du docteur Sachs, les plaintes se dévident les douleurs se répandent. Sur des feuilles et des cahiers, Bruno Sachs déverse le trop-plaint de ceux qu'il soigne. Mais qui soigne la maladie de Sachs ?

Résumé :

Etant entendu que la maladie de Sachs c’est, très certainement, additionnées à longueur d’année, celles de ses patients, parents, amis. Personne, bien sûr, ne peut soigner ça. Alors Martin Winckler, qui connaît la question de très près, va tenter cette gageure d’une description qui serait aussi une proposition de thérapie. Décrire tout à la fois le quotidien des patients et celui du médecin, dans le même mouvement, au même rythme, comprendre celui qui soigne comme lui-même comprend ses malades au point de vivre leurs souffrances réelles ou imaginaires - mais il n’est pas de souffrances imaginaires.

Ce roman est un étrange objet littéraire : indéniablement roman, avec toutes les ressources du genre, tous les registres, jusqu’au quasi policier, c’est aussi un document sur l’état de la médecine en France aujourd’hui, du côté du médecin comme de celui de ses malades et aussi une réflexion, un pamphlet, un portrait, une comédie humaine riche et contrastée.

Le procédé narratif, très simple, est d’une grande efficacité : le héros du livre, le docteur Sachs, nous est décrit par ses clients, ses amis, ses proches - de sa femme de ménage à ses collègues -, ses parents. De lui, directement, nous n’aurons que de rares documents rédigés dans sa jeunesse, par exemple, ou arrachés à ses carnets, par lesquels il essaie d’exister indépendamment du regard que l’on porte sur lui.

Mon avis : (lu en 1998)

Le docteur Sachs a de la patience, il écoute ses patients, il les rassure de leurs angoisses, il écoute leurs mots pour mieux soigner leurs maux. Ce livre est une succession de récits qui semblent anodins mais qui se rejoignent et se complètent et qui vont trouver un sens. En tant que lecteur, on se reconnaît soi-même en partie ou on reconnaît un proche dans un des patients. On est proche des situations décrites dans le livre. Ce livre nous met face à la maladie, les traitements, la mort. Nous sommes face à un médecin humain qui sait écouter ses patients pour les soigner. J’ai beaucoup aimé ce livre et j’ai trouvé le docteur Sachs très attachant et très touchant.

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Une adaptation cinématographique de ce livre a été faite en 1999, par Michel Deville avec Albert Dupontel. Mais c'est difficile de vouloir faire un film d'un livre de presque 500 pages. Pour ma part j'ai été un peu déçue et je suis restée sur ma faim...

Extrait :

3. UNE CONSULTATION

- Eh bien, je ne sais pas par où commencer...

Tu hoches la tête, Mmmhh. Tu pivotes vers les étagères, tu fouilles dans une des boîtes grises. Tu en sors une enveloppe brune. Tandis que je t'explique le motif de ma venue, tu sors de l'enveloppe un bristol quadrillé au format carte postale et tu le poses sur le plateau de bois peint ; tu tires un stylo plume noir de la poche de poitrine de ta blouse, tu dévisses le capuchon, tu l'ajustes sur le corps du stylo, tu tires un trait sur le bristol, tu marques la date près du bord gauche.

- Eh bien, voilà...

Penché sur le bristol quadrillé, tu écris.

*

Quand tu écris, tu te tiens voûté au-dessus du plateau de bois peint. Derrière toi, à travers les rideaux de voile jaunissants et les feuilles de plastique opaque mais translucide qui recouvrent les vitres, la grande fenêtre déverse une vive clarté. Sans lâcher ton stylo, tu tournes la tête vers moi. Les verres de tes lunettes sont légèrement teintés, je ne sais si tu regardes ma bouche ou mes yeux. De temps à autre, tu baisses les yeux vers le bristol quadrillé et tu traces quelques mots. Tu interromps parfois mon récit pour poser des questions :

- Quand est-ce que ça a commencé ? C'était la première fois ? Tous les jours ? Pendant ou entre les repas ? Y a-t-il des jours où vous ne sentez plus rien ? Et la nuit ? Et aujourd'hui, par exemple ? Est-ce que vous avez pris quelque chose contre la douleur ?

Tu commentes mes réponses d'un Mmmhh, ou d'un Je vois. Tu écris sur le bristol quadrillé, tu hoches la tête, Oui, ce doit être très pénible... Finalement, tu reposes le stylo.

Tu tournes le dos au plateau de bois peint et tu désignes le lit bas placé à deux mètres de nous, contre la cloison qui sépare le cabinet médical de la salle d'attente.

- Eh bien nous allons voir ça. Je vais vous demander de vous déshabiller et de vous allonger, si vous le voulez bien.

*

Pendant que j'enlève mes chaussures, tu traverses la pièce. De l'autre côté de la pièce, au-delà du grand rayonnage bardé de livres qui sert de paravent, j'aperçois un petit évier surmonté d'un chauffe-eau électrique, une table roulante portant des instruments divers et l'extrémité d'une table d'examen à tubulures chromées. Contre le mur, face à la porte, un pèse-bébé trône au sommet d'un meuble en pin verni.

Tu fais couler l'eau, tu verses du savon liquide dans le creux de tes mains, tu les savonnes.

- Avez-vous bon appétit ?

- Euh. c'est moyen.

Je pose mes vêtements (ma chemisette ou mon chemisier, mon short ou ma jupe) sur la chaise placée sous la fenêtre, entre le lit bas et les étagères. Tu te rinces les mains et tu les essuies avec des serviettes en papier que tu jettes dans une petite poubelle métallique à pédale. Je reste debout, en sous-vêtements. Tu reviens vers moi. Tu me désignes le lit bas.

- Installez-vous, je vous en prie.

Je fais deux pas, je m'allonge sur le drap blanc, un peu froid, un peu rêche. Ma tête s'enfonce dans un traversin un peu trop mou. Allongé le long de la cloison, j'entends des voix bruire dans la salle d'attente. Tu retires mes vêtements du dossier de la chaise, tu les reposes sur le siège que j'occupais il y a quelques instants et tu rapproches la chaise du lit bas.

Tu t'assieds près de moi.

*

Sur un petit meuble à tiroirs placé à la tête du lit bas, tu prends l'appareil à tension, je te tends le bras droit, tu l'entoures du brassard gris. Tu prends le stéthoscope, tu ajustes les écouteurs à tes oreilles, tu poses le pavillon à la saignée de mon coude, tu saisis la poire en caoutchouc de l'appareil à tension, tu visses la molette et tu te mets à gonfler. Ça serre. Du bout des doigts, tu dévisses doucement la molette. Ça siffle.

- Treize-huit, c'est bien.

Tu défais le brassard et tu le reposes sur le petit meuble à tiroirs. Brandissant le pavillon du stéthoscope, tu te penches vers moi et tu l'appliques sous mon mamelon gauche. C'est froid. De l'autre main, délicatement, tu me prends le pouls.

Tu écoutes.

- Vous avez un cœur bien régulier. Respirez profondément.

Entre deux inspirations, tu déplaces l'instrument de part et d'autre de ma poitrine, de haut en bas, puis plus à gauche.

- Bien. Asseyez-vous.

Je me redresse.

- Penchez-vous en avant.

Je m'incline. Tu fais passer le pavillon du stéthoscope dans ta main gauche, tu poses délicatement ta main droite sur mon épaule.


5 janvier 2009

Le passage - Louis Sachar

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Ecole des loisirs – mars 2000 – 278 pages

Résumé :

Méfiez-vous. Ce livre va vous donner envie de croquer des oignons crus. De creuser des trous de 1 mètre 50 de diamètre et de profondeur. D'escalader une montagne. De respirer vos vieilles baskets. De mettre du rouge à lèvres avant de partir à la poursuite de vos ennemis. De tout savoir sur l'existence oubliée de votre arrière-arrière-arrière-grand-mère. Et ce, même si vous haïssez les liliacées, même si vous détestez l'alpinisme et les travaux forcés, même si vous avez les cosmétiques en horreur autant que les odeurs de pieds, et même si la généalogie et les histoires de famille vous indifférent profondément. Maintenant, pour échapper à tout cela, c'est simple. Il vous suffit de ne pas imiter les centaines de milliers d'adolescents américains qui ont déjà plébiscité ce livre, et de ne jamais l'ouvrir. Western, amour fou, chasse au trésor, polar, aventures, roman d'apprentissage, pour la jeunesse, pour la vieillesse, bref: un livre total.

Auteur : Louis Sachar est né le 20 mars 1954 à East Meadow (New York). Il fait des études d'économie et de droit. Il finit par obtenir son diplôme d'avocat en 1980. Dès lors, il plaide le jour et écrit la nuit. Peu après, voyant le succès de ses livres, il décide d'écrire à plein temps. En 1985, il épouse Carla, conseillère d'éducation dans une école primaire. Elle lui a inspiré un des personnages de "Il y a un garçon dans les toilettes des filles". Deux ans après, Sherre, leur fille naît. Son chef-d'ouvre est sans doute "Le Passage". Ce roman, destiné à la jeunesse, a été traduit dans le monde entier et adapté au cinéma sous le titre de "La morsure du lézard" (2003). Aux États-Unis, "Le Passage" a remporté de nombreux prix, dont la médaille Newbery, le National Book Award, le Pacific Northwest Young Readers Choice Award. Il a été sélectionné par la "New York Times Book Review" et par "Publisher's Weekly" parmi les meilleurs livres pour enfants ou jeunes adultes de l'année. En France, il a reçu le prix "Millepages de Vincennes" 2000, le prix "Lecture Jeunesse" 2000, le prix "Sorcière" 2001 et le prix "Ado-Lisant" 2002.Mon avis :

Le héros Stanley Yelnats est injustement envoyé dans un centre d'éducation pour délinquants juvéniles au Texas (au "Camp du Lac vert") après avoir reçu des baskets de grande valeur sur la tête, et arrêté pour vol.

Les activités du camp se résume en une seule : creuser un trou par jour au beau milieu du désert. Stanley et un de ses copains vont tenter de s'échapper de ces travaux forcés, bravant tous les dangers : les lézards à tâches jaunes, la colère du directeur, la canicule, la soif, la mort. Découvrira-t-il le mystère qui plane sur le Lac vert, asséché depuis cent dix ans et dépeuplé des gens qui y habitaient ?

Ce livre est vraiment très original, surprenant et captivant. C'est une grande bouffée de fraîcheur, ce livre est drôle et plein d'amitié. Je conseille ce livre à ceux, adulte ou adolescent, qui veulent du dépaysement et de l'aventure !

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Une coproduction américaine et canadienne a été tiré du livre sous le nom de La morsure du lézard réalisé par Andrew Davis avec Sigourney Weaver, Jon Voight, Shia LaBeouf, Patricia Arquette.

Extrait :

"Être mordu par un serpent à sonnette ou piqué par un scorpion n’est pas la pire chose qui puisse vous arriver. On n’en meurt pas. En principe. Parfois, un campeur essaie de se faire piquer par un scorpion ou même mordre par un petit serpent à sonnette. Comme ça, il passera un ou deux jours à se reposer dans sa tente au lieu d’être obligé de creuser des trous dans le lac.
En revanche, personne n’a envie de se faire mordre par un lézard à tâches jaunes. Ça, c’est la pire chose qui puisse vous arriver. On en meurt dans de longues et terribles souffrances.
Quand on se fait mordre par un lézard à taches jaunes, il vaut encore mieux aller s’allonger dans le hamac, à l’ombre des chênes.
Parce que personne ne pourra plus rien faire pour vous."

4 janvier 2009

Philippe Claudel – La petite fille de Monsieur Linh

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Stock – août 2005 – 160 pages

Livre de Poche - août 2007 - 183 pages

Présentation de l’éditeur
Monsieur Linh est un vieil homme. Il a quitté son village dévasté par la guerre, n’emportant avec lui qu’une petite valise contenant quelques vêtements usagés, une photo jaunie, une poignée de terre de son pays. Dans ses bras, repose un nouveau-né. Les parents de l’enfant sont morts et Monsieur Linh a décidé de partir avec Sang Diû, sa petite fille. Après un long voyage en bateau, ils débarquent dans une ville froide et grise, avec des centaines de réfugiés.
Monsieur Linh a tout perdu. Il partage désormais un dortoir avec d’autres exilés qui se moquent de sa maladresse. Dans cette ville inconnue où les gens s’ignorent, il va pourtant se faire un ami, Monsieur Bark, un gros homme solitaire. Ils ne parlent pas la même langue, mais ils comprennent la musique des mots et la pudeur des gestes. Monsieur Linh est un cœur simple, brisé par les guerres et les deuils, qui ne vit plus que pour sa petite fille. Philippe Claudel accompagne ses personnages avec respect et délicatesse. Il célèbre les thèmes universels de l’amitié et de la compassion. Ce roman possède la grâce et la limpidité des grands classiques.

Biographie de l'auteur
Philippe Claudel est né en 1962. Son roman Les âmes grises (prix Renaudot 2003, Grand prix littéraire des lectrices de Elle en 2004, consacré meilleur livre de l'année 2003 par le magazine Lire) a été traduit dans vingt-deux pays.

Mon avis : 5/5 (coup de coeur)

J'ai adoré ce livre, c'est un roman touchant et bouleversant.

Monsieur Linh quitte son pays avec une petite valise et sa petite-fille dans les bras, seuls trésors rescapés de son pays en guerre. Il n'a plus rien. Il arrive en France, reste dans un dortoir avec deux familles de son pays, mais il est seul avec sa petite fille. Il sort prendre l'air avec la petite et fait connaissance avec Mr Bark. Les deux hommes ne se comprennent pas, ne parlent pas la même langue, mais un sincère lien d'amitié les unit...

 

Ce livre est écrit avec beaucoup de simplicité mais les thèmes abordés sont très forts : l'exil, la solitude, le courage, l'amour et l'amitié. C'est presque un conte philosophique.

Dans l'écriture de Philippe Claudel, il y a beaucoup de sensibilité, de poésie, d'humanisme.

La fin du livre surprenante et inattendue donne au récit toute sa force, toute sa puissance. Et pour ma part, dès les dernières lignes lu, j'ai recommencé le livre pour mieux le savourer et le comprendre.

Extrait :
"C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir qu’il s’appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui.

Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.

Le voyage dure longtemps. Des jours et des jours. Et tout ce temps, le vieil homme le passe à l’arrière du bateau, les yeux dans le sillage blanc qui finit par s’unir au ciel, à fouiller le lointain pour y chercher encore les rivages anéantis.

Quand on veut le faire entrer dans sa cabine, il se laisse guider sans rien dire, mais on le retrouve un peu plus tard, sur le pont arrière, une main tenant le bastingage, l’autre serrant l’enfant, la petite valise de cuir bouilli posée à ses pieds.

Une sangle entoure la valise afin qu’elle ne puisse pas s’ouvrir, comme si à l’intérieur se trouvaient des biens précieux. En vérité, elle ne contient que des vêtements usagés, une photographie que la lumière du soleil a presque entièrement effacée, et un sac de toile dans lequel le vieil homme a glissé une poignée de terre. C’est là tout ce qu’il a pu emporter. Et l’enfant bien sûr.

L’enfant est sage. C’est une fille. Elle avait six semaines lorsque Monsieur Linh est monté à bord avec un nombre infini d’autres gens semblables à lui, des hommes et des femmes qui ont tout perdu, que l’on a regroupés à la hâte et qui se sont laissé faire.

Six semaines. C’est le temps que dure le voyage. Si bien que lorsque le bateau arrive à destination, la petite fille a déjà doublé le temps de sa vie. Quant au vieil homme, il a l’impression d’avoir vieilli d’un siècle.

Parfois, il murmure une chanson à la petite, toujours la même, et il voit les yeux du nourrisson s’ouvrir et sa bouche aussi. Il la regarde, et il aperçoit davantage que le visage d’une très jeune enfant. Il voit des paysages, des matins lumineux, la marche lente et paisible des buffles dans les rizières, l’ombre ployée des grands banians à l’entrée de son village, la brume bleue qui descend des montagnes vers le soir, à la façon d’un châle qui glisse doucement sur des épaules.

Le lait qu’il donne à l’enfant coule sur le bord de ses lèvres. Monsieur Linh n’a pas l’habitude encore. Il est maladroit. Mais la petite fille ne pleure pas. Elle retourne au sommeil, et lui, il revient vers l’horizon, l’écume du sillage et le lointain dans lequel, depuis bien longtemps déjà, il ne distingue plus rien."

Déjà lu du même auteur : 

les_ames_grises Les âmes grises

 

 

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4 janvier 2009

Philippe Claudel – les âmes grises

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Stock - août 2003 – 284 pages

Livre de Poche - mars 2006 - 279 pages

Prix des Lectrices de Elle 2004 et Prix Renaudot 2003

Présentation de l'éditeur : A l’hiver 1917, dans un village du nord de la France tout près duquel les combats font rage, une fillette d’une dizaine d’années est retrouvée morte, assassinée sur le bord d’un petit cours d’eau.
Des années plus tard, retraité, le policier qui a mené l’enquête raconte ce qui a suivi. Qui a tué Belle ? Un maraudeur de passage ? Le petit soldat breton déserteur ? La solidarité de classe n’aurait-elle pas épargné le coupable en la personne du procureur Destinat, personnage impitoyable et glacé ? Et comment expliquer le suicide de la jeune institutrice, Lysia, si pleine de vie ?
A partir d’une énigme à la Simenon, Philippe Claudel a construit un roman puissant, à la progression dramatique impressionnante, tableau saisissant d’une France provinciale plongée dans le cauchemar de la guerre. Il a aussi analysé, avec une lucidité et une finesse psychologique sans faille, les rapports troubles que le bien et le mal entretiennent en chacun de nous, faisant à jamais de nos âmes des « âmes grises ».

Auteur : Philippe Claudel est né en 1962. Son roman Les âmes grises (prix Renaudot 2003, Grand prix littéraire des lectrices de Elle en 2004, consacré meilleur livre de l'année 2003 par le magazine Lire) a été traduit dans vingt-deux pays.

Mon avis : (lu en février 2004)
L'histoire est terrible, celle de cette petite fille retrouvée étranglée au bord d'une rivière, l'histoire de la noirceur de l'âme des hommes, dans le Nord de la France, pendant la première guerre mondiale.
Un livre captivant, avec un très bon suspense. Une histoire belle et touchante. L'atmosphère, créé par l'auteur, est remplie d'une mélancolie infinie, est extrêmement touchante et prenante. Les personnages sont ni tout blanc, ni tout noir mais simplement gris !

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Un film tiré de ce livre est sortie en 2005, réalisé par Yves Angelo avec Jean-Pierre Marielle, Jacques Villeret, Marina Hands, Joséphine Japy, Cyrille Thouvenin, Denis Podalydès.

 

 

3 janvier 2009

La jeune fille à la perle - Tracy Chevalier

la_jeune_fille___la_perle Table ronde - février 2004 – 280 pages

traduit par Marie-Odile Fortier-Masek

Girl with a Pearl Earring, New York: Dutton, 1999

Quatrième de couverture
La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives.

Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...

Un roman envoûtant sur la corruption de l'innocence, l'histoire d'un cœur simple sacrifié au bûcher du génie.

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Biographie de l'auteur
Tracy Chevalier est américaine. Elle vit à Londres depuis 1984 avec son mari et son fils. Elle est l'auteur de quatre romans dont La Jeune Fille à la perle, qui a connu un succès mondial

Mon avis : (lu en mars 2004)

L'inspiration du livre vient du célèbre tableau de Vermeer, La jeune fille à la perle. Ce tableau (huile sur toile, 45 × 40 cm), peint vers 1665-1666, exposé au Mauritshuis de La Haye reste une énigme pour les spécialistes de Vermeer : on ignore en effet, qui est la mystérieuse jeune fille. La romancière Tracy Chevalier s'est extrêmement documentée, et a élaboré sa trame à partir des quelques informations qu'elle a pu glaner. L'histoire racontée par Tracy Chevalier correspond en tout point à ce que nous savons du peintre, de sa maison, de sa famille, de ses soucis d'argent...

J'ai beaucoup aimé ce livre dont l'histoire tourne autour de la peinture. Ce récit à la première personne nous emmène à Delft au 17eme siècle, nous pénétrons dans l'intimité du peintre Vermeer et de sa famille. J'ai trouvé très intéressante la conception du tableau de « La jeune fille à la perle ». J'ai été touchée par le personnage de Griet. L'ambiance austère et authentique de l'époque est très bien décrite.

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J'ai également vu le film tiré de ce livre et réalisé par Peter Webber avec Colin Firth - Scarlett Johansson - Tom Wilkinson - Judy Parfitt - Cillian Murphy, sortie en 2004. Je l'ai beaucoup aimé car j'y ai très bien retrouvé l'atmosphère du livre.

3 janvier 2009

Un brillant avenir - Catherine Cusset

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Gallimard – août 2008 – 369 pages

Folio – février 2010 – 370 pages

Prix Goncourt des lycéens 2008

Le Mot de l'éditeur :
Elena, une jeune Roumaine née en Bessarabie et ballottée par l'Histoire, rencontre à un bal en 1958 un homme dont elle tombe passionnément amoureuse. Il est juif, et ses parents s'opposent au mariage. Elena finit par épouser Jacob et par réaliser son rêve : quitter la Roumanie communiste et antisémite de Ceauescu. Émigrer aux États-Unis. Elle devient américaine, et se fait appeler Helen. Elle a rompu avec le passé, mais l'avenir n'est plus un rêve. Helen est maintenant confrontée à une réalité qui lui échappe : la maladie et la dépression de son mari ; l'indépendance de ce fils à qui elle a tout sacrifié, et qui épouse une Française malgré l'opposition de ses parents. Cette jeune femme égoïste, arrogante, imbue d'un sentiment de supériorité presque national, Helen ne l'aime pas. Cette belle-mère dont le silence recèle une hostilité croissante, Marie en a peur. Pourtant, entre ces deux femmes que tout oppose – leur origine, leurs valeurs et leur attachement au même homme –, quelque chose grandit qui ressemble à de l'amour.

Auteur : Catherine Cusset vit à New York depuis vingt ans. Elle a déjà publié huit romans. 

Mon avis : (lu en déc 2008)
C'est le premier livre que je lisais de Catherine Cusset, et il me donne envie d'en lire d'autres. L'auteur nous livre l'histoire d'Elena-Helen née en Roumanie puis émigrée à New-York et en parallèle la relation difficile qu'elle entretient avec sa belle-fille française. C'est également un beau portrait de femme. L'histoire est prenante et l'écriture très agréable à lire.

Extrait : 2003 – Juste le silence
« Alors qu'Helen déplie le matelas gonflable, elle entend Jacob tirer la chasse et ouvrir la porte de la salle de bains. Elle lève les yeux et voit son mari dans son pyjama gris à rayures blanches qui la dévisage, debout à l'entrée du salon. Elle en est agacée. Non parce qu'il ne propose pas son aide - ce n'est pas difficile de gonfler le matelas, et Jacob est devenu si maladroit qu'il vaut mieux se débrouiller sans lui - mais parce qu'il ne pose pas la question qui le tracasse de toute évidence : pourquoi sa femme couche-t-elle dans le salon? Elle décide de garder le silence. Il peut encore articuler trois mots.

Elle ne lui demande pas non plus s'il a pris les médicaments qu'elle a laissés sur le bar de la cuisine avec un verre d'eau. S'il saute une dose, tant pis. Il n'en mourra pas. Parfois elle n'en peut plus de penser, parler, agir pour deux. C'est elle qui sort de leur emballage les vingt-quatre cachets quotidiens, et elle doit lui rappeler de les avaler. Aujourd'hui il a encore oublié de ramasser le courrier. Elle a patiemment attendu trois jours, multipliant les allusions aux factures qu'il fallait payer. En vain. Comme la boîte aux lettres était pleine, elle a fini par le lui dire. Il s'est excusé, mais ça ne change rien. Ce n'est pas seulement la maladie, ni l'âge. Soixante-douze ans n'est pas si vieux. Mais il ne fait plus aucun effort. Et ce sera de pire en pire. Elle n'a pas envie d'y penser. C'est trop triste.

Elle appuie sur le bouton et le lit se gonfle lentement avec un grondement de moteur. Les épaules tombantes, les bras pendant le long du corps, Jacob la regarde toujours, figé comme une statue de sel. Il croit peut-être qu'elle est fâchée à cause du courrier ou parce qu'il l'a empêchée de dormir la nuit dernière en allant dix fois aux toilettes. Ou il se demande ce qu'il a bien pu oublier d'autre. Un peu d'inquiétude secouera ses neurones et ne lui fera pas de mal. D'ailleurs, s'il veut savoir, il n'a qu'à demander: « Lenoush, pourquoi dors-tu ici ce soir? » Elle lui répondra aussitôt, gentiment, et il verra que ce n'est pas à cause de lui. Elle n'est pas fâchée contre lui. Ce n'est pas sa faute s'il est malade, bien sûr. Elle voudrait juste qu'il fasse un petit effort. Un tout petit, tout petit effort.

Quand elle lève les yeux.jacob n'est plus là. Il s'est retiré en silence. À moins qu'elle ne l'ait pas entendu dire bonne nuit. La porte de la salle de bains se referme. La chasse d'eau résonne, pour la deuxième fois en moins de dix minutes. Elle finit de gonfler le matelas, met les draps et la couverture, puis sort sur la terrasse.

À travers le rideau, elle peut voir que la lumière dans la chambre est éteinte. Jacob doit dormir. Il n'a aucun problème pour s'endormir. Elle s'appuie contre la balustrade, allume une cigarette et regarde le miroir noir de l'Hudson entre les tours Tromp. C'est une belle nuit claire de la miseptembre, pleine d'étoiles. Elle aspire sur la cigarette, tire de profondes bouffées, rejette la fumée. La terrasse est son royaume, où elle ne dérange personne, où personne n'est là pour la juger. C'est pour la terrasse et sa vue éblouissante sur la rivière, les tours de Midtown et les falaises du New Jersey qu'elle a choisi cet appartement quand ils ont emménagé à Manhattan il y a sept ans. Elle recule, s'assoit sur la chaise en plastique blanc, éteint sa cigarette et en allume une autre. À la télévision ce soir, elle a entendu dire que le vent soufflerait fort mercredi. Il faudra transporter les plantes à l'intérieur demain matin. Demain soir, Camille sera là et elle n'aura pas le temps. Elle boit un peu de Pepsi et se lève, enfonçant le mégot dans le cendrier plein. Juste avant de quitter la terrasse, elle va chercher sur l'étagère dans le coin la sirène en plastique bleu et rose qui fait des bulles automatiquement. Elle la pose près du cendrier. Camille adore les bulles.

Son bébé chéri. Mais ce n'est plus un bébé. Une grande fille de quatre ans. Pendant l'été son petitventre a fondu, et depuis qu'elle est rentrée de France, elle n'utilise plus la poussette. Elle était si mignonne, dimanche, quand elle a pris la main de son grand-père et lui a dit en français: « Toi aussi, Dada : danse! » Elle aime tant son grand-père! Le silence de Jacob ne lui fait pas peur. Elle a sans cesse des choses à lui raconter. C'est vraiment une enfant spéciale -un gracieux et joyeux petit elfe.

Helen rentre dans l'appartement, marche droit jusqu'à la cuisine et appuie sur l'interrupteur. Rien sur le plan de travail. Pas de cachet ni de papier argenté. Elle ouvre le placard sous l'évier et vérifie la poubelle. Les emballages des médicaments s'y trouvent. Il n'a pas oublié. Elle soupire de soulagement, et un sourire éclaire son visage. Il y a donc encore de l'espoir. Elle aurait dû être plus gentille ce soir. Elle le félicitera demain matin. »

Challenge Prix Goncourt des Lycéens

2008

Challenge Goncourt des Lycéens
goncourt_lyceen_enna
2 janvier 2009

Dialogue avec mon jardinier – Henri Cueco

Dialogue_avec_mon_jardinier Seuil – juin 2004 – 221 pages

Présentation de l'éditeur
L’un, dans le jardin, ramasse des noix, cultive des patates, fauche l’herbe. L’autre, dans l’atelier, dessine des noix, des patates, de l’herbe. Après le travail, ils parlent (ils disent « batailler »).
L’un est le patron, l’autre l’employé. Mais ils sont pays et tous deux s’interrogent sur le beau (« Ah ! une belle salade ! – Ah ! un beau tableau ! – Dis, c’est quoi, pour toi, une belle salade ? »).
Au début, ils s’apprennent : le contact est un peu laborieux, et puis ça vient tout seul. Un sujet en amène un autre : les carottes, la vie, les citrouille, la mort, les poireaux, la jalousie, les haricots, l’art, les petits pois, la maladie, les groseilliers, les voyages. Ils cultivent leur jardin, au propre et au figuré. Le lecteur grappille un légume ou un fruit défendu à chaque page.
C'est un dialogue allègre, inattendu, taquin, simple et vrai. Il évolue - comme l'amitié - d'une certaine raideur à une tendresse confiante, à un abandon mutuel assez déchirant. Sous prétexte de parler des salades (" ah ! une belle salade "), des poireaux (" si je les arrose pas, je vais les trouver avec un pompon au bout de la tige "), des citrouilles (" les citrouilles, pour moi, c'est le plaisir de les voir venir "), ils parlent de la vie, de la mort, de la jalousie, de l'art, de la maladie, du bonheur, des voyages, de l'argent des rêves et des peurs. Ça coule de source. C'est bienfaisant, réjouissant et plein de malice.

Mon avis : (lu en novembre 2004)

J'avais pris ce livre à la bibliothèque vraiment par hasard un peu à cause de la couverture...

Et j'ai pris beaucoup plaisir avec ce livre. C'est une histoire d’amitié attachante et simple.

Les sujets de discussion sont sans prétention, anodins : le thé, le pinard, la salade, la citrouille, un couteau et un bout de ficelle, un poisson...

Les personnages du peintre et du jardinier discutent de leurs observations sur la nature et la vie tout simplement. Beaucoup d'émotions se dégagent de ce livre : une belle leçon de vie.

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En juin 2007, un film a été réalisé par Jean Becker avec Daniel Auteuil et Jean-pierre Darroussin. J'ai beaucoup aimé le film car j'y ai retrouvé toute la poésie du livre.

dialogue_avec_mon_peintre

dialogue_avec_mon_jardinier_21820

Extrait :

« Par contre, tiens, regarde, moi aussi j'en fais, du beau. Regarde un peu celle-là.
-C'est quoi, ça ?
-Une salade.
-Ça, une salade ?
Il rit
-Tu vois, y a pas que toi qui fais des belles choses. Ça, c'est mon travail.
-Ah, elle est belle !
-Elle est pour toi, je te la donne. J'en ai un plein carreau, je peux pas toute la manger, et la semaine prochaine elle va monter.
-Merci.
-Je te la pose là.
-Elle est vraiment belle.
-Ce qui est beau, c'est ce qui fait plaisir à voir, voilà, c'est simple... Mais bien sûr, toi, c'est plus compliqué qu'une salade, peut-être.
-C'est peut-être pas aussi beau.
-Moi, je trouve que c'est plus beau que la salade, même si on sait pas pourquoi. La salade, c'est parce qu'elle est blanche, parce qu'il y a du rendement. Tandis que ton truc, là...
Un long temps.
-Je vais à la soupe. A demain. Porte-toi bien.
-Merci encore pour la salade.
»

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